Anthropologie. → quelle construction d`un regard sur l`Autre

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Anthropologie.
→ quelle construction d'un regard sur l'Autre ? Quelle histoire du regard sur l'Autre ?
-Définition de l'anthropologie : pourquoi plusieurs thèmes, plusieurs approches et comment se sontelles construites ?
-La curiosité anthropologique : quel fut le regard sur l'autre avant l'anthropologie scientifique ?
-Les premiers grands courants de l'anthropologie classique : l'évolutionnisme et le diffusionnisme.
Quelle rupture pour distinguer les différents courants ?
-L’École française de sociologie : au début du XX ème siècle, c'est la seule à parler d'anthropologie.
Marcel Mauss, comme le premier grand anthropologue français. Il forme la première génération
d'anthropologues de terrains, ceux qui vont eux-même chercher les données. Les variations
saisonnières des sociétés Esquimau.
-L’École fonctionnaliste de Malinowski : question de l'échange avec les Trobriandais, les bases de
l'anthropologie de terrain.
-Claude Levi-Strauss et le structuralisme.
-Comment l'anthropologie appréhende le monde nouveau d’aujourd’hui ? L'Amérique noire de
Bastide : l'idée du mélange.
Définitions des termes.
Historiquement, la distinction entre sociologie et anthropologie se présente comme étant de nature.
La seule affirmation que l'on peut faire c'est qu'il y a une distinction historique.
La différence culturelle, l'Autre est le fil rouge de ces matières.
Les anthropologues sont confrontés à un problème : la possible disparition de leur objet traditionnel,
l'Autre. C'est à dire l'Autre appartenant à des cultures considérées comme « plus simples » que
d'autres. L'Autre est devenu avec le temps « l'exotique ». L'anthropologue va vers l'exotique, mais
aujourd'hui ce terme n'existe plus (pour certains), n'a pas lieu d'exister (pour certains) ou alors il est
mort avec l'Histoire et la fion du colonialisme (pour certains). Les anthropologues défendent l'idée
selon laquelle l'Autre n'est pas forcément loin, mais également « l'Autre c'est moi-même ».
→ l'objet même de l'anthropologie est remis en question. Les définitions sont donc très fluctuantes.
On a en réalité une multiplicité d'objet dans les domaines de l'anthropologie et de l'ethnologie.
I/ Histoire des termes et de leur histoire.
Le terme d'anthropologie est le plus englobant, qui veut dès les origines englober les sciences de
l'homme.
C'est le discours sur l'être humain : aux XVI ème et XVII ème, c'est l'étude de l'âme et du corps.
A partir de la fin du XVIII ème, le terme évolue et prends 2 sens :
-perspective naturaliste. Dans l'Encyclopédie, Diderot, définit l'anatomie comme l'anthropologie.
L'anthropologie s'intéresse au physique et à son évolution. On trouve également cette perspective
chez Blumenbach qui définit l'anthropologie comme une science naturelle.
→ l'anthropologie à quelque chose à voir avec les sciences naturelles. Au XIX ème, ce sens donne
naissance à l'anthropologie physique.
-un sens plus synthétique qui inclut l'ethnologie. Chavannes, théologien suisse, publie en 1786 un
ouvrage développant un point de vue plus synthétique de l'anthropologie. Idée étudiée également
par Kant. Enfin, les membres de la Société des observateurs de l'homme (1799-1804) utilisaient
également l'anthropologie comme synthétique, en gardant un sens anatomique. Dans le monde
anglo-saxon, le terme d'anthropologie concerne les sciences du passé et du présent de l'évolution de
l'homme (les sciences naturelles, l'archéologie, l'ethnologie). Ce n'est qu'à la fin du XIX ème que le
sens du terme anthropologie devient plus précis : anthropologie sociale (anglais) ou culturelle
(américain).
L'anthropologie sociale : on privilégie les formes de l'organisation sociale (systèmes de parentés,
structures juridiques...). Malinowski.
L'anthropologie culturelle : on privilégie l'étude des cultures, étude des producitons et des œuvres
de l'homme. Etude de son art, de ses systèmes de communication.
→ dans les 2 cas on étudie l'homme, mais c'est soit à travers ses institutions (anthropologie sociale)
soit à travers ses productions (anthropologie culturelle). Cela ne peut être qu'un simple effet
d'accentuation (Kroeber) : on étudie les mêmes choses en prenant l'un ou l'autre côté de la feuille.
2 points de vue dans la même discipline par Lévi-Strauss : l'homme est faiseur d'outils ou animal
social.
Radcliffe Brown écrit en 1952 : l'étude comparative des sociétés primitives est définie par l'étude de
l'anthropologie sociale.
Lévi-Strauss ramène en France dans les années 1950 une définition de l'anthropologie dans le sens
d'une science sociale et culturelle générale de l'homme.
Certaines personnes que l'on peut qualifier d'anthropologues, contemporain de Lévi-Strauss
(Balandier), se désignent comme des sociologues.
Depuis les années 1960, le terme d'ethnologie remplace celui d'anthropologie, même si en France,
les 2 termes existent toujours. L'anthropologie prend son sens de globalité, de science de l'homme.
Si ces 2 termes se maintiennent, c'est dû à notre histoire : Durkheim, dans sa conception de la
sociologie, incluait une « ethnologie ». La sociologie est la science de l'homme ici et maintenant et
l'ethnologie la science de l'homme exotique. Le terme d'ethnologie est lié à l'école durkheimienne,
développée par Mauss.
Quelles différences entre l'ethnologie et l'ethnographie ?
Ethnos = peuple, nation, culture ou race.
Ces termes apparaissent à la fin du XVIII ème, avec Chavannes qui propose le terme d'ethnologie.
En 1772, Schlüzer utilise le terme d'ethnographie. A partir de 1824, avec la publication de Balbi :
Atlas ethnographique du globe = description des faits.
Le terme d'ethnographie prend du contenu également : c'est une science qui reconstitue l'histoire des
peuples (pour les anglo-saxons, ce terme renvoie au moment où on a voulu reconstituer l'histoire
des peuples sur fond d’évolutionnisme, histoire des races les unes par rapport aux autres).
L'ethnologie renvoie à la volonté de classer rationnellement les races et les peuples.
II/ Une répartition dans l'espace et dans le temps.
Il existe une véritable séparation dans l'espace et dans le temps entre ethnologie et sociologie, dans
la deuxième moitié du XIX ème.
L'ethnologie et le domaine descriptif qui est l'ethnographie, va étudier les peuples lointains,
sauvages, primitifs ou archaïques. Curiosité de l'autre, que l'on étudie au XIX ème. On s'intéresse à
des peuples qui ne sont pas ceux qui au XIX ème construisent la modernité. Au moment où on fait
cette division, on se demande sur l'évolution des société : peut-on considérer ces peuples autres
comme nos propres sociétés il y a bien longtemps ?
Les sociétés développées, modernes, complexes, vont se regarder elles-mêmes en disant que c'est de
la sociologie (étude de la société des sociologues eux-mêmes). Les autres peuples seront étudiés par
l'ethnologie.
→ cette partition entre 2 sociétés est aussi vieille que le monde : Lévi-Strauss dit que l'étranger est
au départ celui qui n'est pas de la cité.
Comment distinguer les 2 types de sociétés ?
-du côté de la modernité on remarque des économies développées, des États, l'urbanisation...
-du côté de « l'archaïsme », on a une définition par le manque : on a certaines choses et les autres ne
les ont pas (peu ou pas d'agriculture surtout chez les nomades, peu ou pas d'élevage, pas d'industrie,
pas d’État, pas de ville). E sont des sociétés considérées comme simples ou élémentaires
(Durkheim).
L'ethnologie sera donc un discours oral ou écrit sur ces peuples différents. L'anthropologie va
devenir petit à petit ce qui comprend sociologie et ethnologie avec une visée comparatiste (LéviStrauss) : l'anthropologue sera celui qui est capable de parler de l'humain, celui qui sera capable de
prendre en compte toutes les cultures et d'en faire une comparaison pour donner une définition de
l'humain. On va se rendre compte qu'il y a des invariants culturels, dans toutes les sociétés.
On s'est aperçu qu'il existe un autre critère, un des rares que l'on peut garder : la présence ou
l'absence de l'écriture. On est toujours dans l'opposition avec des peuples possédant et d'autres
n'ayant pas la connaissance de l'écriture. Le seul critère qui peut rester est celui de société avec une
tradition orale et d'autres une tradition scripturale.
Au début du XX ème, tout un pan de notre culture (moderne) possède toujours une tradition orale et
certains ne connaissent même pas l'écrit. Qui va donc étudier ces gens ? Ceux qui vont régler ce
problème sont les folkloristes (Thoms est l'inventeur du terme, Ossian, Grimm pour ses contes, Van
Gennep)qui se sont attachés à récolter toute cette culture orale (deuxième moitié du XIX ème et
première moitié du XX ème). Ils vont étudier les savoirs, les traditions, les techniques transmises
par la voix ou l'observation. Les suite de cette étude folkloriste est l'ethnologie de la France et de
l'Europe, de l'Allemagne et de l'Europe...C'est un pan de notre culture qui va être étudier dans les
années 1970.
Georges Balandier part en Afrique juste après WW2 après avoir été formé à la sociologie, la
philosophie...il arrive en Afrique avec déjà un certain regard sur ces contrées, sur ces gens. Il
débarque tout d'abord dans une ville, pas vraiment différente de celle qu'il vient de quitter...cette
Afrique qu'il pensait trouver, il la cherche longtemps et il y donc en profiter pour montrer qu'il y a
une histoire de l'Afrique.
Il va donc se définir comme sociologue, car pour lui,ces peuples sont aussi avancés que nos sociétés
modernes. Il commence donc à déconstruire cette partition du monde. Il va reconfigurer les sciences
sociales. « L'autre c'est moi » Coppens. Cet autre peut venir des Antipodes, peut me ressembler, de
la même manière que mon voisin peut m'être totalement étranger.
S'il y a encore une partition à faire, ce serait la partition entre ceux qui travaillent sur ceux qui leur
ressemble (sociologues) et ceux qui travaillent sur ceux qui ne leur ressemble pas (ethnologues) :
critère de l'altérité avec l'exigence de la comparaison.
L'anthropologie selon Lévi-Strauss (Anthropologie structurale, p.388) : la connaissance globale de
l'homme dans toute son extension historique et géographique ; aspirant à une connaissance
applicable à l'ensemble du développement humain depuis les hominidés jusqu'aux races (terme
courant dans la tradition anglo-saxone : ce n'est pas un terme stigmatisant) modernes et tendant à
des conclusions positives ou négatives, mais valables pour toutes les sociétés humaines, depuis la
grande ville moderne jusqu'à la plus petite tribu mélanésienne.
III/ Que retenir ?
Objet de l'ethnologie est l'altérité.
Les méthodes : Malinowski et Mauss.
L'anthropologie spontanée ou une anthropologie sans anthropologues.
La curiosité anthropologique avant l'anthropologie scientifique. Comment l'homme en est-il venu à
se considérer comme objet de science ?
Pour s'interroger sur l'autre il faut d'abord le rencontrer (contact). De plus, il faut ajouter à la
rencontre une crise, un questionnement sur l'autre.
→ la rencontre qui nous fait poser des questions.
Dialectique du même et de l'autre : qu'est ce qui est différent ?
Cette rencontre et cette crise doit avoir également laissé des traces : il faut avoir relater cette
rencontre avec l'autre.
Il y a également un risque duquel il faut se prémunir : risque de ne considérer chez l'autre que ce qui
frappe l'esprit, ce qui choque, ce qui séduit. L'anthropologie c'est certes s'intéresser aux autres, mais
en remettant ce qui choque à sa place pour pouvoir atteindre cette autre culture. L'exceptionnel
existe mais doit être remis à sa place ; il faut aussi pouvoir s'intéresser au commun de la vie
ordinaire.
Le penchant, dont il est indispensable de se défaire pour faire de l'anthropologie, c'est de ne pas
comparer l'autre selon sa propre culture. Penchant anthropocentré = penchant à regarder l'autre à
travers sa propre culture. Il ne faut donc pas porter de jugement de valeur sur ce que l'on observe.
Jean Poirier.
Les traces écrites de l'Antiquité :
-Hésiode (dans Les travaux et les jours, il est questions des mythes des différents peuples), Diodore
de Sicile, Aristote, Tacite, Strabon (il décrit la pratique de la couvade : l'époux d'une femme
enceinte grossit pour prendre symboliquement la grossesse), Hérodote (description des guerres
Médiques : descriptions des mœurs, des croyances, des peuples, des barbares...), Pline l'Ancien
(informations sur la vie quotidienne, sur les mœurs des hommes de son temps. Histoire naturelle =
encyclopédie des sciences de son temps, description des techniques), César (dans La guerre des
Gaules, il fournit une description des druides)...
→ globalement, on a des descriptions anthropocentrées.
Les traces écrites du Moyen Âge (dans l'occident médiéval, on réfléchi moins sur l'autre que
sur Dieu) :
-dans le monde islamique : Al Biruni (traité sur l'Inde et ses habitants : description d'une culture
différente de la sienne), Ibn Batuta (ses écrits de voyage, notamment en Afrique : description des
mœurs, des coutumes, des mythes...), Ibn Khaldoum (précurseur d'une anthropologie quasicontemporaine, dans son Histoire des Berbères, descriptions à caractère ethnographique certain).
-dans le monde chinois et indiens : Hian-Tsang (moine bouddhiste, envoyé de Chine en Inde au VII
ème, il a relaté et écrit ce qu'il voyait : Mémoire sur les contrées occidentales), Yi-Tsing (moine qui
a écrit 2 mémoires : Relations sur le bouddhisme dans les mers du Sud), la première mention de
l'Afrique dans un texte chinois date du IX ème.
-dans l'occident chrétien : Plan Carpin, Guillaume de Rubroek, Marco Polo (il séjourne en extrêmeOrient pendant 25 ans : il a écrit sur ce qu'il a vu dans Le livre des merveilles du monde.
Les traces écrites du Nouveau Monde et de la Renaissance :
-1492 : les conséquences sur la nouvelle vision de l'autre. Lévi-Strauss a beaucoup insisté sur les
impacts de cette date : c'est probablement l'événement de civilisation le plus important à ses yeux et
il faudrait découvrir d'autres êtres dans le cosmos pour avoir une même découverte.
Une nouvelle ère s'ouvre, et les écrits foisonnent.
Eusèbe (dans sa Chronologie de 1512, il décrit un américain ramené à Rouen en 1509 : description
de leurs vêtements, de leurs armes, de leur canot...), Jacques Cartier/André Thevet/Villegagnon/Jean
de Léry (comptes rendus précis des diverses régions explorées, avec des dessins...).
Les premiers cabinets de curiosités : ces collections d'objets sont les embryons des futurs musées
d'ethnographie.
Hans Staden (Nus, féroces et anthropophages : il a été enlevé par des Tupinambas qui étaient
cannibales dans leurs pratiques guerrières), Diego de Landa (dans Relations des choses du Yucatan,
il raconte la civilisation Maya).
Les formes mythologiques de l'autre :
-le thème tératologique : la tératologie est la science des monstres. Ces hommes sont monstrueux
dans leurs mœurs et dans leur aspect. Vision de l'autre comme un monstre. L'autre est diabolisé et
c'est un regard dont on a hérité.
-le thème du « bon sauvage » : une image d'un état de Nature, proche du Paradis
-le thème de l'Âge d'Or : la recherche de l'El Dorado qui renforce la main-mise occidentale en
Amérique. En 1550, la controverse de Valladolid entre Sepulveda et Las Casas : qui sont ces
Indiens, sont-ils comme nous, ont-ils une âme ? Les résultats de cette controverse a de lourde
conséquence, quelque soit même ce résultat d'ailleurs.
La réflexion critique sur notre propre culture est produite par Montaigne (Essais) et Rabelais
(description des mœurs de son époque, de sa propre société).
Les XVII ème et XVIII ème : humanisme et évolutionnisme :
-Les nouveaux explorateurs : Bougainville, l'abbée Raynal, Cook, Forster : descriptions des
civilisations du Pacifique.
-Montesquieu, Rousseau (un des premiers à avoir utilisé les éléments de connaissance de ces autres
populations pour inventer un comparatisme : Discours sur l'origine et les fondement de l'inégalité
parmi les hommes).
-les scientifique et les comparatistes : Buffon (Histoire naturelle), Daubenton, Ferguson (History of
civil society) ; Meiners...
Les premiers pas de l'anthropologie : entre-deux siècle.
Les encyclopédistes et philosophes : l'homme antérieur, lointain et sauvage. L'homme n'a pas
toujours été comme il l'est aujourd'hui (Darwinisme).
Développement des techniques et des sciences de la nature. Quel est le chaînon manquant entre le
singe et l'homme ?
La Société des Observateurs de l'Homme (1799-1805) : Louis François Jauffret (il a une formation
de philosophie et zoologie et il donne un des tout premier cours d'ethnologie en France. Auteur en
1803 de Mémoire sur l'établissement d'un muséum anthropologique).
William Edwards préside à la session inaugurale, en 1839, de la Société ethnologique de Paris. Il a
étudié la médecine, la pathologie, l'hygiène et la linguistique : spécialisation assez particulière à
partir des sciences médicales et des sciences de la nature.
→ le mouvement de pensé qu'il tente de mettre en place est le glissement vers l'anthropologie
comme « histoire naturelle des hommes ».
Hommes fossiles et hommes sauvages :
-Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau, le 17 juin 1866, prononce au muséum la première
leçon d'anthropologie, ce qui inaugure également la chaire d'anthropologie au Muséum naturel. Il
est né dans une famille protestante, et apprend la médecine, la chimie et la zoologie (sciences de la
nature). Il écrit et dessine à la revue Des deux mondes et voyage beaucoup. Il s'oriente vers
l'anthropologie qu'il désigne comme « l'histoire naturelle de l'homme ». Auteur de Hommes fossiles
et hommes sauvages : rapprochement entre une réflexion sur l'homme antérieur et l'homme lointain.
Pas d'évolutionnisme, mais développement de thèses qui frôlent l'anthropologie : des thèses
raciologiques.
« Il ne suffit pas à l'anthropologie de reconnaître les caractères physiques, mais il faut prendre en
compte les caractères comme le langage, le degré de civilisation, les industries-techniques, les arts,
les mœurs, les pratiques religieuses... ». On pourra ainsi mesurer des différences et des
rapprochements entre des groupes humains très éloignés dans l'espace.
-Darwin en 1859 : théorie de l'évolution. L'homme est un lointain descendant d'un hominidé
sauvage, descendant du singe. Cela va à l'encontre d'une explication transcendante de la création de
l'homme. Cette théorie, qui ne parle pas d'anthropologie, influence l'anthropologie à venir. Bain
intellectuel au cours du XIX ème qui fait naître l'anthropologie.
-Paul Broca en 1876 : autre leçon inaugurale à l’École d'anthropologie de Paris. Il trace le
programme complet de la science anthropologique = « science de synthèse où prendront leurs sens
les résultats partiels de la raciologie, de la préhistoire, de la linguistique et de l'ethnographie... ».
Il fallait étudier les mœurs, l'anatomie, la physiologie, les différentes phases du développement
humain. Il étudie également le langage : ce qui différencie l'homme de l'animal selon lui.
En 1878, le musée d'ethnographie du Trocadéro est crée.
Figures des autres : sauvages, exotiques, cannibales... :
Au cours du XIX ème, avec l'anthropologie ou en dehors, des figures des autres apparaissent.
Parmi ces figures, il y a les usages scientifiques et savant qui produisent certaines figurent : on
classe ces autres (raciologie) par des caractéristiques physiques, des mesures.
Ces autres sont aussi des objets d'histoire : on les rapproche de nos anciens ancêtres. Ils
représenteraient une phase d'évolution de l'humanité qui pourrait être une image de ce que nous
aurions pu être.
Mouvement de rationalisation avec le positivisme : mobiliser les sciences naturelles pour penser
l'autre.
Usages commerciaux de l'Autre : exhibitions, zoos humains (jardin d'Acclimatation), commerce de
l'altérité corporelle et physique.
→ construction de regards racistes.
A partir du XVI ème où on ramenait des natifs dans les cours princières d'Europe, on continue de
ramener des hommes pour en faire les objets de spectacles. Cela dure en France jusqu'à l'exposition
coloniale de 1931 : on y montre la diversité de l'Empire colonial.
Ces figures des autres ont été développées par des visions « romantiques », à l'opposé de ce que l'on
vient de voir : réminiscence également du mythe du bon sauvage. Vision positive de la vie sauvage,
d'un moment où l'humanité aurait été meilleure qu'elle ne l'est aujourd'hui, la perte d'un monde
meilleur.
Aujourd'hui le mythe est dans celui de ces autres comme organisés en sociétés pure, traditionnelle et
simple.
Développement d'une nouvelle vision du sauvage : Corto Maltese, Tarzan...
Anthropologie classique : premiers courants.
I/ L'évolutionnisme.
Ces personnes admettent les théories de Darwin et commencent à se démarquer des préceptes
jusqu'alors importants : on préfère la culture à la physiologie (à partir des années 1860-1870).
Ces anthropologues travaillent à partir de documents transmis par d'autres personnes : les
missionnaires notamment dans le cadre de la colonisation. Marcel Mauss regrette que malgré le
nombre d'administrateurs dans les colonies, personnes ne soient capable de fournir des études
ethnologiques.
Une école influencée par le Darwinisme : une évolution par phase.
Cet évolutionnisme sera pourtant très rapidement critiqué, notamment par le diffusionnisme.
Quelques repères :
-Bachofen : Les droits de la mère, 1861. Il utilise des documents ethnographiques et des documents
de l'Antiquité pour étudier les mythes et la filiation.
-Mac Lennan : Primitive marriage en 1865, Studies in ancient history en 1876. Étude de la parenté
avec l'invention d'un vocabulaire et de plusieurs concepts restés dans l'anthropologie (endogamie et
exogamie par exemple).
-Bastian : L'homme dans l'Histoire, 1860. Il est à la charnière avec le Diffusionnisme. Il distingue
un ensemble de provinces géographiques : toutes les sociétés auraient eu un même bagage, que
chaque groupe aménage en fonction de ses besoins, du cadre dans lequel il vit. Il postule également
sur une loi générale du développement de l'humanité.
Pendant tout le XIX ème, les préoccupations évolutionnistes sont prédominantes, notamment dans
l'anthropologie. Développement d'une anthropologie sociale et culturelle : elle reste une discipline
de synthèse, les anthropologues ne vont pas encore sur le terrain.
L'esprit du temps favorise cet esprit évolutionniste avec la colonisation. La colonisation a permis
aux anthropologues d'aller sur le terrain et de revenir sur des théories racistes. L'anthropologie
accompagne et critique la colonisation.
La civilisation européenne, blanche, technicienne affirme sa suprématie.
L'évolutionnisme s'impose tout à la fin du XIX ème et après. Modèle de pensée pour rendre compte
de faits rapportés par les voyageurs et les gens de l'administration coloniale.
Tentative de dégager des lois dans l'ordre de succession des phénomènes sociaux et culturels. Les
singularités des cultures sont intéressante pas parce qu'elles proposent une vision nouvelle, mais
parce que l'on peut ainsi montrer que les européens sont plus avancés : notion de progrès.
Tentative de parallèle entre évolution biologique et sociale.
Cette théorie relève aussi du sens commun : on cherche à rapprocher nos peintures rupestres
préhistoriques avec des sociétés dites « primitives ».
→ tous ces auteurs ont été très critiqués, mais on leur doit aussi une préparation d'une autre face de
l'anthropologie actuelle. Ils recherchaient des séquences d'ordre général qui retraceraient l'évolution
des sociétés. Du côté de la biologie, on met en évidence l'évolution des hominidés vers l'homme, du
côté de l'anthropologie, on veut mettre en avant différentes séquences d'évolution des sociétés.
L'évolutionnisme se développe en parallèle avec le darwinisme.
Ces mêmes anthropologues ont affirmé une unité du psychisme humain, reconnaissance d'une unité
de l'homme, ce qui va à l'encontre des théories raciales. Selon Morgan, les primitifs ne sont pas le
produit d'une dégradation. Les opérations de l'intellect sont uniformes pour tous. Il y a unité du
cerveau humain.
Quelques postulats :
-existence d'un ordre immanent à l'histoire de l'humanité :
-les sociétés passent toutes par une série de phases comparables : chaque société humaine est
passée, passe ou passera par 3 grands temps. On imagine que certains groupes sont plus retardés
que d'autres, puisque la phase ultime de l'évolution est la société européenne. Certaines sociétés
seraient donc arrêtées à un moment de l'évolution.
-les sociétés sans écriture sont aussi sans histoire : sociétés anté-historique, elles arrêtent de se
développer avant d'entrer dans l'Histoire.
-les survivances autorisent à reconstruire des édifices culturels disparus : ces peuples dits primitifs
sont regardés comme étant une image de notre propre passé. C'est le chaînon entre le singe et
l'homme évolué.
-hypothèses d'étapes à franchir : G. Clem pense que l'humanité a commencé par une phase de
sauvagerie, puis une phase d'organisation en tribus avec des lois etc. D'autres imaginent que ces
hordes primitives vivaient sous les ordres des femmes : le matriarcat.
-croyance en un progrès de l'humanité : le présent dans la société occidentale est la plus belle
évolution de l'humanité.
Lewis Henry Morgan (1818-1881) : évolutionnisme unilinéaire (tout le monde va passer par ces
phases d'évolutions). La filiation organise toute la société. Il évoque également l'aspect technique.
Les groupes passent par des phases successives, voie unilinéaire. On peut comparer les groupes et
les classer selon le degré de retardement.
Selon lui, la technique est le moyen de distinguer ces phases : 3 grands moments (sauvagerie,
barbarie et civilisation). Subdivisés en 3 sous-ensemble (la sauvagerie ancienne, moyenne, récente
etc).
La sauvagerie ancienne est l'origine de l'humanité (les cueilleurs) avec l'apparition du langage et
l'absence d'outil. La phase suivante apparaît avec la maîtrise du feu, la pêche, la maîtrise des haches
et des lances (selon lui, cette phase se trouve chez certains peuples de Polynésie, ou chez les
Aborigènes en Australie). La phase récente correspond à l'apparition de la chasse et des flèches, des
pierres taillées...c'est le mode de vie de certaines tribus indiennes d'Amérique du Nord.
→ la poterie permet de passer à la phase de la barbarie, de même que les premiers habitats
sédentaires.
La barbarie moyenne correspond à l'apparition de l'élevage et de l'agriculture, puis la fabrication du
fer et la métallurgie avec la barbarie récente (les tribus grecques antiques).
→ l'écriture (alphabet phonétique) : on entre dans la civilisation et on sort dons de l'anthropologie.
La civilisation moyenne correspond à la boussole, la poudre, le papier...la civilisation récente
correspond à la vapeur, l'électricité et l'apparition de la notion d'évolution.
Tous les évolutionnistes ont tenté de reproduire des phases, ce qui permet de mettre des étiquettes
sur les groupes que l'on rencontre. Cela permet de mettre l'accent sur la nécessité d'étudier les
techniques comme élément culturel, ce qui est totalement nouveau !
Le but étant de démonter l'existence de ces phases, certains aspects ont été ajoutés dans certaines
cases de force.
De plus, certaines culturelles peuvent se trouver dans certains domaines dans une phase d'évolution
plus avancée que dans d'autres domaines.
Morgan se fonde sur des données ethnographiques pour étudier la conception de la famille :
-la promiscuité
-le mariage en groupe
-le mariage monogamique
F. Engels, reprend le travail de Morgan pour expliquer que au contraire, la monogamie est une
œuvre imposée par l’État bourgeois pour maintenir la propriété privée.
Edward Burnett Tylor (1832-1917) : il travaille sur la religion en terme de phases (animisme,
polythéisme, monothéisme). Les religions seraient nées d'un « traumatisme » (E. Morin in L'homme
et la mort) lié au surgissement de la mort et de l'existence d'une vie psychique (rêves et
cauchemars).
Pour lui, la culture, « dans son sens anthropologique le plus large, désigne tout complexe qui
comprend à la fois le savoir, les croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes, ou toutes
autres faculté ou habitude acquise par les être humains en tant que membres d'une société ».
Il est le premier à rédiger un « manuel » d'anthropologie en 1881 : Introduction à l'étude de
l'homme et de la civilisation.
Sir James Frazer : Le rameau d'or (grand succès de librairie en 1890). Les notions évolutionnistes
se diffsuent particulièrement bien.
SirJohn Lubbock : inventaire des temps préhistorique en ce qui concerne les religions (athéisme,
fétichisme, naturalisme, chamanisme, anthropomorphisme, déisme).
→ on a à faire à des Pères Fondateurs que l'on ne suivrait plus aujourd'hui. Ils ont fait découvrir les
relations systémiques des liens de parenté. Ils ont tenté d'élaborer des méthodes de recherches,
intéressent un large public. Ils sont à l'origine de l'analyse comparatiste en anthropologie.
Cette ethnographique développe une partie du colonialisme. Depuis les années 1960, un néoévolutionniste s'est développé, notamment dans le milieu universitaire Nord-américain : idée d'une
progression par mutation.
Les critiques : aujourd'hui, les archéologues ont montré que le développement technologique ne se
fait pas par étapes successives. Le développement technique doit beaucoup au milieu. Si une culture
ne connaît pas une technique, c'est peut être parce qu'elle n'est pas adaptée au mode de vie de ces
populations. De même, certains matériaux ne sont pas présents partout. Le point de vue nomade
également n'est pas forcément très adapté à la céramique.
Les cultures s'adaptent au milieu dans lequel elles vivent. Le milieu technique permet aussi de
développer aussi des techniques très astucieuses qui, pour un milieu donné, peuvent être très
différentes. Les cultures peuvent également faire des choix tout simplement !
Alain Gras a montré que les Incas n'utilisent pas la roue non pas parce qu'ils ne la connaisse pas
(des jouets avec des roulettes existent), mais parce qu'ils ne veulent pas.
→ à partir des techniques, on ne peut pas présager du degré de développement d'une civilisation. Il
n'y a pas d'idée de fatalité technique : il n'y a pas une ligne toute tracée, il y a seulement des choix
technologiques faits à un moment donné. De plus, certaines sociétés peuvent paraître stationnaire
sur certians points et extrêmement évoluées sur d'autres.
II/ Le travail de terrain à partir de 1920-1930.
Apparition de revues (diffusion donc de la discipline dans le cercle universitaire et au-delà) :
-Revue d'ethnographie en 1882.
-Anthropologie en 1890.
Le terrain = lieu + culture + problème(s).
Le terrain prend de la place dans le domaine de la recherche. Des équipes vont mener toutes les
étapes d'une recherche, des informations sur le terrain aux analyses. Ce sont des équipes
pluridisciplinaires, à l'inverse d'aujourd'hui, où l'anthropologue est solitaire.
C'est un lieu que l'on étudie, mais c'est surtout une culture, des gens qui vivent sur ce lieu. On se
pose des questions sur ces cultures, sur les observations que l'on peut faire.
Les premiers travaux de terrain : déplacements à but de recherche.
-Bastian.
-Tylor.
-Morgan.
-Summer-Maine.
-Mauss.
→ tous disent qu'il faut former des générations d'anthropologues qui iront sur le terrain. Mais pour
l'instant, l'enquête de terrain n'est qu'un accessoire qui ne produit pas de théorie : on va sur le terrain
pour confirmer une idée, comme illustration.
Les premières grandes expéditions de recherche :
-1887 : Franz Boas est le grand inspirateur de Lévi-Strauss et père fondateur du diffusionnisme.
Expédition dans l'arctique, il vit avec les Inuits pendants plusieurs mois (c'est le début de
l'« observation participante » selon les termes de Malinowski).
-1899 : Haddob (Seligman, Rivers) dans un détroit vers l'Australie, puis en Mélanésie. Descriptions
complètes de certaines cultures.
→ expédition à caractère anthropologique mais pas seulement et pas très longues.
Les premières expéditions subventionnées par les gouvernements en Indonésie, aux Philippines, aux
US (il y a encore des populations autochtones), en Russie...
La mission française Dakar-Djibouti en 1931 avec Marcel Griaule qui s'entoure d'une équipe
multidisciplinaire. Pour sa deuxième expédition il fera construire un « bâteau-laboratoire » pour
pouvoir remonter le fleuve en filmant.
III/ Le diffusionnisme.
Ce courant a des origines muséographiques : au XIX ème siècle, les cabinets de curiosités ont été
organisés. On avait des réserves pleines d'objet, venus de partout. On a troué des objets venant de
zones culturelles très éloignées mais se ressemblant au moins du point de vue esthétique. On se
pose donc la question de savoir si les cultures ne seraient pas allées chercher des idées chez d'autres
peuples. Idée de diffusion des objets et des idées. Les affinités de style cachent l'idée de la diffusion
culturelle.
→ les origines sont plus construites sur des emprunts que sur des inventions propres : les hommes
inventent peu mais empruntent beaucoup (vision très ouverte des cultures à l'échange). La distance
géographique ne compte pas : on doit pouvoir expliquer une diffusion d'un bout à l'autre du monde.
Les éléments d'une constellation culturelle voyagent ensemble : les techniques, les objets, les
institutions...
Ce courant a deux assises : l'Allemagne et les US, à partir des années 1880.
Notion d'acculturation : rencontre de plusieurs cultures qui peuvent créer une nouvelle culture, une
nouvelle religion.
En Allemagne :
-Friedrich Ratzel.
-Léo Viktor Frobenius : mise en relation de faits africains avec des cultures extrême-orientales sou
océaniennes. Invention de la notion d'« aire culturelle ».
-Robert Fritz et Graebner.
En France :
-Georges Montandon : il a participé ente:ps qu'anthropologue à l’élaboration et à l’application des
politiques anti-juives sous le régime de Vichy.
-Roger Bastide.
Aux US :
-Kroeber :
-Boas :
→ aux US, le diffusionnisme prend une tournure particulière : les américains se sont beaucoup
attachés à la quantification des choses. Ils vulgarisent le terme de « patern » : idée que la culture
fonctionne selon un schéma comme une couturière reproduit son « patron ». Très large audience,
aujourd'hui encore.
En Angleterre : à l'origine de l'humanité, il y aurait eu une bonne sauvagerie, née dans la vallée du
Nil = hyper-diffusionnisme (une seule origine de l'homme).
-Elliot-Smith.
-William James Perry.
Les critiques : c'est une école très dogmatique, on cherche souvent à démontrer des choses de
manière excessive. On a pu montrer qu'on emprunte plus facilement un objet qu'une institution et
certains contact ne sont pas possible à justifier (il y aurait donc plusieurs pôles de naissance de
l'humanité).
1925 : ouverture de l'Institut d'ethnologie de Paris (Mauss et Paul Rivet). Cet institut forme tous les
ethnologues du XX ème siècle.
1926 : premier certificat d'ethnologie à la Sorbonne.
1928 : Société du folklore français.
1937 : ouverture du Musée de l'Homme grâce aux diverses collections des cabinets de curiosités,
des collections des pasteurs et membres des colonies.
1943 : première chaire d'ethnologie générale à la Sorbonne.
1959 : création du Laboratoire d'Anthropologie Sociale par Lévi-Strauss.
1980 : création de la Mission du patrimoine ethnologie au sein du ministère de la Culture.
2006 : ouverture du Musée du Quai Branly.
Marcel Mauss et l’École française de sociologie et d'ethnologie.
I/ Le savant et le politique.
1872-1950 : étude de droit, agrégation de philosophie en 1895
Les trois « oncles » = Durkheim (qui est aussi son véritable oncle), Sylvain Lévi (enseignant de
l’École pratique des hautes études) et Jaurès (collaboration dans L'Humanité, Le Populaire :
réflexions atour des socialismes) mais aussi Auguste Comte et St Simon. Il travaille avec Durkheim,
notamment sur le suicide et l'Année sociologique (revue créée par Durkheim : compte rendu de tout
ce qui existe en anthropologie et sociologie). Mauss s'engage comme dreyfusard.
1899 : Essai sur la nature et le fonctionnement du sa sacrifice. En collaboration avec Durkheim.
1902 : Esquisse d'une théorie générale sur la magie. Inspire Lévi-Strauss.
1905 : Essai sur les variations saisonnières des sociétés Eskimos.
1924 : Essai sur le don. Marcel Mauss est reconnu internationalement.
1947 : Manuel d'ethnographie. Cette publication n'est pas de lui mais de Denise Paulme, une de ses
étudiante
A la fin de sa vie, il doit abandonner tous ses travaux à cause des lois du régime de Vichy.
Qu'est ce que Mauss garde de Durkheim ?
-La société doit être étudiée à partir des faits sociaux.
-Idée de la sociologie comme science positive (St Simon et Auguste Comte qui ont influencé
Durkheim).
-La sociologie comme science centrale englobant l'ethnologie.
-La sociologie comme science de l'Homme : le holisme (une société dominante impose un certain
nombre de choses aux individus).
-Affirmation de la sociologie comme science (reprise des idées de Durkheim qui tente d'imposer
cette science dans les études).
-Nécessité de construire les faits, de les étudier de l'extérieur, de les expliquer par d'autres faits
sociaux. -Importance de la quantification : il faut mesurer les faits sociaux (la statistique). On va
plutôt comparer et privilégier la monographie = la méthode du « seul cas bien étudié », prendre un
objet ou une société restreinte et en faire l'étude la plus exhaustive possible et généraliser à
l'ensemble des sociétés.
-La comparaison pour suppléer à l'impossible expérimentation. On tente de reconstituer la totalité
des société en analysant l'ensemble des éléments observables (la morphologie : espace, habitat,
démographie) jusqu'aux mentalités.
Les apports de Mauss : abandon de la distinction entre les sociétés simples/complexes
(évolutionnisme également développé par Durkheim).
Il observe et théorise les faits : empirisme.
« L'homme total » : les individus que doivent étudier les anthropologues doivent être considérés
dans une triple dimension (sociale, physiologique et individuelle). Nous avons à faire à des
hommes, il faut prendre en compte l'aspect physiologique (les techniques du corps) et le social
n'existe que de manière incarnée (sans l'individu, la société n'existe pas).
Mauss résonne en terme d'« attente » : le fait social permet de dire que les hommes attendent les uns
les autres dans le cadre de l'organisation en société.
II/Une anthropologie des Inuits : étude de morphologie sociale.
En 1999 : création du Nunavut, le pays des Eskimos au sens politique et administratif du terme. La
zone Inukophone (l'inuktitut) du Canada.
Le terme d'esquimau signifie « mangeur de viande crue ».
Inuit signifie « homme ».
Depuis les années 1850, des études existent.
Nelson travaille sur les Yupiit (1889).
Boas travaille sur les Eskimos de Baffin.
Diamond Jenness, explorateur de l'Arctique, il travaille sur le terrain et fait une lecture critique de
l'essai de Mauss qui ne s'est jamais rendu sur le terrain.
Les collaborateurs de Mauss : Henri Beuchat, René Chaillet, Stefan Czarnowski, Maxime David,
William Thalbitzer... l'équipe des étudiants de Mauss à l’École des hautes études.
En 1903, les Inuits font partis des groupes « primitifs » les mieux connus.
Mauss travaille aussi à partir de questionnaire qu'il transmet aux capitaines de navires qui mouillent
de le territoire Eskimo.
En 1094, la France est sur le point de laïciser l’État. Les Inuits deviennent « bons à penser » en
fonction de ce qu'ils proposent en terme de religion.
Manuel d'ethnographie (1947) : « Dire ce qu'on sait, tout ce qu'on sait, rien que ce qu'on sait ».
Plan d'étude d'une société : morphologie sociale (la société en tant que masse et sur son terrain :
techno-morphologie)/ Physiologie (les techniques, l'esthétique, l'économique = l'échange, le droit, la
religion et les sciences : les phénomènes en eux et dans leurs mouvements)/ Phénomènes généraux
(la langue, l’éthologie collective = les idéaux).
→ objectivité et exhaustivité. Faire d'un biographie « extensive et intensive » : voir le plus de
personnes possibles, s'intéresser de très près aux petites choses.
Dans cet essai, Mauss poursuit des réflexions amorcées avec Durkheim. Enjeu méthodologique :
l'étude exhaustive de particuliers permet de formuler des normes générales. Les variations
saisonnières : les Inuits ont 2 moments dans l'année, liés à 2 saisons (vie très sociale et vie très
regroupée sur le noyau familial).
Il s'appuie sur une bibliographie énorme en anglais, allemand et danois. Il mène dès le début du
texte une attaque en règle contre la thèse du géographe et anthropologue Ratzel (évolutionniste) : le
sol détermine la culture, un climat et un environnement particulier entraîne le développement d'un
certain type de culture.
Les Inuits occupent un très vaste territoire : de l'Alaska au Groenland. Sur ce territoire, les Iunits ne
vivent que sur les côtes. Peuple côtier et même de falaise.
Mauss étudie leur distribution sur cette surface (les Inuits sont-ils une tribu ?) : société flottante,
qui ne se distribue pas de manière régulière dans des unités définies. La langue est unique, ainsi
qu'un nom collectif pour tous les membres d'une tribu. Les frontières ne sont pas précises
→ pratiquement aucun élément permettant de définir les Inuits en tant que tribu traditionnelle.
Le settlement = l'établissement est la seul véritable unité territoriale. On y retrouve un nom
constant, les frontières sont nettes, unité linguistique, morale et religieuse.
Description morphologique générale : mortalité très importante notamment chez les hommes pour
25-30% d'entre eux (la chasse et le nomadisme), une émigration très forte (environ 1/3 des
effectifs), peu de vieillards, d'enfants ou de veuves, un territoire de chasse et de l'eau courante.
Description morphologique saisonnière : l'établissement peu changer de forme en fonction des
saisons (été et hiver). Description de l'habitat d'été = tente conique (tupik) qui n'est pas le même
que les Indiens qui vivent sous les mêmes latitudes (les Cree vivent sous la tente toute l'année),
puisqu'elle n'est pas ouverte au sommet. A chaque tente sa famille = structure familiale restreinte.
Description de l'habitat d'hiver = l'igloo ou la maison (glace, pierre, terre, bois, os de cétacé...) sont
fait pour durer et son plus grand que la tente parce que c'est un habitat collectif (de 6 à 9 familles,
donc environ 45 personnes maximum. Le kashim est un espace réservé aux hommes, une maison
collective dans laquelle on pratique certains rites, caractéristique de la vie hivernale. Les indiens
eux, ne vivent pas forcément en dur durant l'hiver et ils gardent toujours la même structure sociale.
Diversité des modes d'implantation des habitats dans le settlement : dispersé en été avec 1 homme
qui chasse pour sa famille, regroupé en hiver avec une chasse collective.
Quelles sont les causes de ces variations saisonnières ? Moss démontre que les indiens et les inuits
auraient pu échanger de nombreuses techniques, mais qu'ils ont tous des spécificités culturelles. Des
choix se font par les uns et les autres : le diffusionnisme ne permet donc pas d'expliquer ces
différences.
Quels sont les effets des variations saisonnières pour la société ?
-la vie religieuse : une religion d'été et une d'hiver. En été, la religion est privée et domestique. En
hiver, c'est une religion collective, on pratique les fêtes et les rites, on a de nombreuses naissances,
un communisme sexuelle.
-la vie juridique (le droit de la famille) : en été, la famille est individualisée et patriarcal. En hiver,
on a à faire à la vie d'un clan, le groupe prime, c'est une fraternité. La propriété de certaines choses
changent en été et en hiver. De même pour la chasse : en été l'animal chassé est une propriété
individuelle, à l'inverse de l'hiver.
→ il existe donc une double morphologie qui changent radicalement les relations entre les inuits en
été ou en hiver. Conclusion théorique contre le diffusionnisme : dans le même cadre de vie, la vie
sociale peut être différente ; ce sont les choix sociologiques des cultures qui comptent et non les
simples conditions matérielles.
L'anthropologie des inuits est reprise en France par les étudiants de Moss. La filière groenlandaise
orientale : Paul Émile Victor, Leroi-Gourhan, Jean Malaurie (géographe de formation)...en 1992, un
film : Nanouk l'esquimau de R. Plaherty (premier film à caractère anthropologique).
III/ Une anthropologie du don.
Formes et raisons de l'échange dans les sociétés archaïques (1924).
Essai sur le don (1925).
→ c'est le même texte.
Il s'agit d'analyser le don , le contre-don et les systèmes d'échange dans les « sociétés archaïques ».
Méthode comparative.
Quelle est la raison qui fait que le présent reçu est obligatoirement rendu ?
Les travaux préparatoires :
-les conditions fondamentales de toutes les sociétés sont la réciprocité et la solidarité : Psychologie
des sentiments de Th. Ribot.
-des formes de contrats spécifiques qui impliquent tout un clan et pas des individus isolés : The
Melanesians of British New Guinea.
-la définition du potlatch : L'extension du potlatch en Mélanésie (1920).
-des « systèmes de prestation totale » : Quelques faits concernant les faits archaïques de contrat
chez les Thraces (1921).
-la triple obligation de donner, rendre et recevoir : L'obligation de rendre les présents (1923).
-le lien magique : Gift, gift (1924). Gift = cadeau ou poison (un agrément et un désagrément).
→ tous ces aspects peuvent se retrouver dans nos sociétés contemporaines.
Concept du « fait social total » = le potlatch et certaines conclusions morales (la solidarité comme
principe de vie en société).Lien entre travail intellectuel et la réflexion politique : il va tenter de
mettre en place des coopératives répondant aux idées de solidarité.
Bronislaw Kaspar Malinowski – le fonctionnalisme britannique.
I/ Origines du fonctionnalisme.
Durkheim est le modèle et l'inspirateur de la future école d'anthropologie britannique : le
fonctionnalisme. Cette école est une des plus influente en anthropologie, sur le plan théorique et
méthodologique, avec Malinowski qui « invente » le travail de terrain.
Malinowski fonde ce courant, mais on trouve des origines en amont chez Auguste Comte ou
Herbert Spencer : l'idée d'incorporer à l'anthropologie une conception venant de la physiologie +
biologie. Le corps humain comme étant une totalité constituée d'organes ayant tous une fonction à
jouer dans la cohésion de l'ensemble.
Ils introduisent l'idée d'un système intégratif dans lequel tous les éléments contribuent à construire
et à maintenir la totalité d'un tout.
En l'appliquant à la société, on dira que le holisme méthodologique consiste à dire que tous les
éléments de la société sont nécessaire à son fonctionnement.
Durkheim (fonction = système de mouvements vitaux et les rapports entre ces mouvements et le
fonctionnement de l'organisme) n'adhérait pas au principe de la « nécessité fonctionnelle » que l'on
retrouve pourtant chez Malinowski. Il développe le concept de rapport entre besoin et fonction.
Malinowski reprend l'idée selon laquelle une fonction répond à une besoin : je mange parce que j'en
ai besoin pour vivre.
Les trois formes du fonctionnalisme :
-le fonctionnalisme « classique » : représenté par Malinowski dans les années 1930, il se développe
en anthropologie et s'intéresse aux sociétés dites primitives. On s'oppose à l'évolutionnisme et au
diffusionnisme (les sociétés comme des agrégats disparates). Les fonctionnalistes vont surestimer le
degré d'intégration des systèmes sociaux, ne laissant aucune place aux conflits sociaux.
-le structuro-fonctionnalisme : développé par Radcliffe-Brown et Parsons (en sociologie).
Orientation systémique. Identification de fonctions universelles.
-le fonctionnalisme relativisé : développé part le sociologue étasunien Merton. Il reproche le
« postulat de l'unité fonctionnelle » = l'universalisme fonctionnel et la nécessité fonctionnelle.
→ le fonctionnalisme reste l'école de pensée majeure jusque dans les années 1950 avec l'arrivée du
structuralisme de Lévi-Strauss.
II/ Le fonctionnalisme de Malinowski (1884-1942).
Né à Cracovie en Pologne, il vivra au Royaume-Uni puis aux US jusqu'à sa mort.
Études de maths et de physique (doctorat en 1908), puis ethnologie à Leipzig.
En 1910, il va au Royaume-Uni, à la London School of Economics, où il continue d'étudier
l'ethnologie.
Durant cette période, il est formé par plusieurs ethnologues : Seligman, Radcliffe-Brown et
Westermark.
-Sous l'influence de Westermark, il rédige un ouvrage en 1913 sur la famille en …....
-C'est avec Seligman qu'il effectue son premier voyage d'étude : en 1914, une première série de 3
mission en Nouvelle-Guinée, puis entre 1915 et 1918 dans les îles Trobriand.
-C'est avec Radcliffe-Brown que Malinowski découvre Durkheim.
A partir de 1920, il devient le responsable d'un centre d'étude africain.
1923 : il devient enseignant à la London School of Economics.
En 1927 : il obtient la première chaire d'anthropologie sociale créée à Londres.
A partir de 1938 : il s'installe à l'université de Yale.
Principaux ouvrages :
-1920 : La kula.
-1922-1935 : il rédige 7 monographies, toutes traitant de la culture trobriandaise.
-1922 : Les Argaunautes du Pacifique Occidental : dans l'introduction de cet ouvrage, il décrit
l'anthropologie de terrain et les méthodes à appliquer.
-1927 : La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives/ 1929 : La vie sexuelle des
sauvages de Mélanésie → idée du complexe d’œdipe qui ne serait pas universel à l'inverse de ce
que dit Freud.
-1935 : Les jardins de corail : les indigènes considèrent leur jardin comme une œuvre d'art.
-1944 (œuvre posthume) : Une théorie scientifique de la culture : la société comme réponse à des
besoins primaires et secondaires.
-1967 : Journal d'ethnographe : qu'est ce qu'un anthropologue sur le terrain ?
Éléments essentiels :
-le terrain : les techniques intensives de recherche sur le terrain depuis son expérience sur les îles
Trobriand. Introduire en anthropologue une base expérimentale.
-l'observation participante : Malinowski est le premier à planter sa tente chez des indigènes, faire un
séjour prolongé et parler la langue vernaculaire (on n'a plus de traducteur au bout d'un certain
temps). L'installation de l'ethnographe au village est devenu depuis Malinowski une sorte de
passage obligé. Il s'agit de professionnaliser ce qui est entrain de devenir un métier.
-la totalité fonctionnelle : tous les faits observés doivent prendre un sens en regard des uns des
autres. L'anthropologie devient une tentative de construction permanente entre des données isolées :
il faut reconstruire un tout.
Pour Malinowski, ce qui fonde l'identité disciplinaire de l'anthropologie est la participation sur le
terrain, « l'enquête scientifique de plein air » : la démarche anthropologique trouve un résultat sur
l'enquête exhaustive d'une société singulière (idée reprise par Mauss). Par nécessité de méthode,
cette étude ne peut se faire que sur une société de petite dimension.
Il faut s'isoler de sa propre société (l'anthropologue doit s'acculturer, devenir autre), s'immerger dans
celle qu'on étudie (se comporter bien selon les normes de la culture étudiée), vivre comme eux,
apprendre leur langue, participer à toute les activités 'saisir le point de vue des indigènes, comment
raisonnent-ils)...
→ il s'agit de réaliser des monographies, des analyses les plus complètes possible d'un groupe
humain. Il faut reconstituer des ensemble et donc en examiner tous les organes. La difficulté va être
de ne pas partir du principe que certains faits sont « banals et ternes » et d'autres « extraordinaires ».
L'anthropologue doit être capable de parler d'absolument tous les aspects développés par la société
étudiée.
Il ne suffit pas d'énumérer quelques exemple,mais épuiser tous les cas à noter portée : tous les cas
possibles et tous les aspects liés à ces cas. Malinowski fait des cartes, des listes... il propose des
rationalisation de ce qu'il a étudié.
Il faut enfin tenir un journal d'ethnographe, tenu de manière systématique : c'est dans le journal
d'enquête que l'on retrouve la chronologie de ce que l'on a récolté et toute la cohérence de ces
aspects notés.
Il faut étudier l'esprit, les vues, les sentiments des indigènes, réussir à penser comme eux et à
comprendre leurs pensées, leurs valeurs, leurs croyances, leurs mentalités... « ces façons typique de
penser et de sentir », qui sont disponibles seulement si l'on apprend la langue locale. On rapporte la
mentalité à la structure et la structure à la mentalité.
Une Théorie scientifique de la culture : il faut considérer considérer les faits sociaux dans leur
contexte (le fait isolé ne sert à rien, il faut le ramener à la structure dans laquelle il se présente).
Élaborer une théorie définissant la culture. Toute une série d'interdépendance entre les faits et la
structure.
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