EXCELLENCE I N N O VAT I O N VA L O R I S AT I O N Septembre 2013 CRCHUM — Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal La sclérose en plaques : de la détresse à l’espoir Par Laurent Salez Plus de cent ans après sa première description par le médecin français Charcot, la sclérose en plaques compte encore parmi les pathologies dont les mécanismes intimes restent les plus obscurs. Photo : Jorge Ivan Alvarez et Simone Terouz Selon la Société canadienne de la sclérose en plaques, environ trois nouveaux cas par jour sont déclarés au Canada, rejoignant les quelque 100 000 patients déjà répertoriés. La maladie est généralement diagnostiquée entre 15 et 40 ans, elle touche trois femmes pour un homme, évolue vers un handicap sévère dans 85 % des cas et ne connaît actuellement aucun traitement curatif. Les origines de la maladie sont peu connues. On sait cependant qu’elle n’est pas contagieuse. Les chercheurs s’entendent pour dire que les causes reposent non seulement sur des composantes génétiques, mais également sur des facteurs environnementaux. Les cliniciens ont maintenant à disposition des outils puissants pour diagnostiquer la maladie; après entrevue et examens fonctionnels, la résonance magnétique nucléaire, voire la ponction lombaire représentent des moyens fiables pour poser le verdict. Infiltration de globules blancs Perte de myéline Envoi de poste-publication, numéro de convention : 40051592 Lésion typique de sclérose en plaques Un échantillon de cerveau post-mortem d’un patient atteint de la sclérose en plaque a été coloré au luxol-fast blue et à l’hématoxyline-éosine. La myéline est normalement colorée en bleu; on peut donc observer les régions du cerveau où la myéline a été détruite (perte de coloration bleue, régions apparaissant en rose). De plus, la présence de globules blancs au sein du cerveau est détectée par la coloration de leur noyau en violet. Bien qu’il soit impossible de prévoir l’évolution de la pathologie, on en décrit habituellement deux grands types selon la fréquence et la réversibilité des symptômes : dans 85 % des cas, la forme est appelée « poussées- rémissions », caractérisée par l’apparition de crises majeures suivies de périodes de répits. Quelques médicaments ont déjà été développés pour calmer et dossier spécial Sclérose en plaques dossier spécial Sclérose en plaques Photo : Jorge Ivan Alvarez et Simone Terouz Lésion typique de sclérose en plaques réduire les poussées, sans pour autant prévenir l’apparition de nouvelles crises. Dans 15 % des cas, l’évolution est bien différente : on parle alors de diverses formes progressives, pour lesquelles il n’existe actuellement aucun traitement pour freiner la constante et irréversible évolution des symptômes. Si on ne connaît pas les causes de la maladie, on sait par contre comment elle se manifeste. Les nombreuses recherches ont permis de prouver qu’elle est la conséquence de la dégradation de fibres nerveuses dans le système nerveux central. On pointe comme premier responsable le système immunitaire, chargé initialement de défendre l’organisme contre les infections et les cancers. Les cellules de l’immunité parfois se trompent de cible et dégradent la myéline, ce puissant isolant naturel qui tapisse l’extérieur des cellules nerveuses et permet une conduction efficace de l’influx nerveux. Lorsque la myéline fait défaut, une série de manifestations pathologiques se révèlent : douleurs, raideurs, fatigue, troubles de l’équilibre, de la mobilité et de la mémoire, anxiété, dépression, infections, etc. Les chercheurs s’entendent pour dire que les causes reposent non seulement sur des composantes génétiques, mais également sur des facteurs environnementaux. Chefs de file au Canada et à l’échelle mondiale, le CHUM et son Centre de recherche hébergent une équipe interdisciplinaire hautement qualifiée et expérimentée. Une équipe de chercheurs reconnue comme une des meilleures dans le monde travaille en étroite collaboration avec un service médical qui fait aujourd’hui référence. Ensemble, ils dévouent leur temps et leurs compétences et en font leur combat auprès de milliers de patients déjà engagés. C’est la convergence des observations et les échanges constants entre professionnels et patients qui assurent à chacun des acteurs impliqués de s’alimenter mutuellement et ainsi de garantir des soins toujours plus efficaces et de développer une recherche toujours plus à l’avant-garde. Les pages qui suivent présenteront la sclérose en plaques de plusieurs perspectives différentes mais complémentaires : celles d’une patiente, d’une infirmière, des cliniciens et des chercheurs. 2 r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 dossier spécial Sclérose en plaques Chantal Girard : « L’important, ce n’est pas ce qui arrive, c’est ce que tu fais avec ! » Chantal Girard était éducatrice spécialisée à l’Hôpital Rivière-des-Prairies auprès de patients atteints de graves troubles mentaux. Elle aimait son travail et le faisait avec enthousiasme et conviction. On peut facilement imaginer qu’elle était appréciée et reconnue, tant sa foi et son amour de vivre transparaissent dès le premier contact. En 1996, l’apparition de symptômes inquiétants la force à consulter. Alors que les médecins hésitent encore avec un syndrome amyotrophique, le diagnostic tombe comme un couperet en 2003 : Chantal devra vivre avec la sclérose en plaques, qu’elle refusera toujours ensuite de voir comme une fatalité mais plutôt comme une raison de se battre et de comprendre le message que la vie lui envoie. Depuis, Chantal ne cesse de se tenir au courant de l’état des recherches et des thérapies en développement. Elle place une confiance sans limites envers ceux qui ont déjà déclaré la guerre à cette maladie, qu’on connaît encore si mal et qu’on a encore tant de mal à soigner. Atteinte par la forme progressive primaire de la maladie, qui ne connaît par ailleurs aucun traitement encore actuellement, elle accepte de rejoindre l’équipe du CHUM en 2007 pour se soumettre à une nouvelle thérapie. Elle gagne le surnom de rat de laboratoire auprès de ses amis, qui la soutiennent et l’encouragent à poursuivre son combat. Mais le traitement ne fonctionne pas. Ses espoirs de guérison s’évanouissent un moment, mais pas pour longtemps. Sa rage de vivre l’emporte sur la morosité. Son sourire et sa vivacité, plus que jamais, la guident vers de nouveaux espoirs. La clinique de neurologie du CHUM la reçoit régulièrement. Elle y obtient des soins particuliers et repart avec des conseils qui l’aident à mieux gérer son quotidien. Même si son autonomie et sa force vitale sont intactes, un soutien psychologique et une approche humaine de la part d’une équipe professionnelle et expérimentée lui apparaissent comme fondamentaux pour garder la tête haute. Quand on lui demande quel regard elle porte sur l’équipe du CHUM, elle explique que toute sa reconnaissance va à ceux qui cherchent, vers ceux qui soignent et vers les généreux donateurs pour que de nouveaux traitements, enfin, rendent plus supportables des symptômes qui sans cesse sont plus douloureux et difficiles à intégrer dans une vie comblée et heureuse. Chantal Girard L’important, lui répétait son père aujourd’hui disparu, ce n’est pas ce qui arrive, c’est ce que tu fais avec ! Chantal ne l’a pas oublié et en a fait sa raison de vivre. Elle a décidé de s’impliquer dans le conseil d’administration de la Sclérose en plaques St-Hyacinthe-Acton à titre de secrétaire. Elle met à contribution toutes ses compétences, notamment en participant à des levées de fonds et à des événements d’entraide. J’ai rencontré Chantal quelques minutes après que son infirmière lui propose une nouvelle molécule à l’essai. Son but : l’aider à retrouver sa démarche de jeune fille ! Le rêve de Chantal qu’elle me confie enfin : une fois ses économies rassemblées, elle rejoindra la France et parcourra le chemin de Compostelle. r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 3 dossier spécial Sclérose en plaques L’empathie, la franchise et la confiance L’équipe médecin patient « L’annonce d’un diagnostic de sclérose en plaques est un art », déclare le Dr Marc Girard, neurologue à la clinique ambulatoire de neurologie du CHUM. Il s’agit là d’un moment crucial pendant lequel une forte relation de confiance doit nécessairement s’installer entre le patient et son médecin ; relation privilégiée qui, notons-le, durera par ailleurs de nombreuses années. À ce moment précis, le patient se pose de nombreuses questions : faudra-t-il cesser de travailler, comment annoncer le diagnostic aux proches, faut-il nécessairement envisager d’être privé un jour de son autonomie, quels sont les traitements disponibles ?... Autant de questions auxquelles le médecin doit faire face et auxquelles il doit répondre avec autant de franchise, d’empathie que de respect. L’impossibilité de prédire comment la maladie évoluera avec le temps place le médecin dans une situation délicate et particulière qui implique de prendre le temps pour écouter, informer et rassurer. La cohésion du message va de pair avec celui du reste de l’équipe soignante qui prendra le relais et accompagnera le patient tout au long de son combat. C’est là encore un travail collaboratif avec l’ensemble des acteurs impliqués qui assure l’application d’un traitement adapté et la collecte exhaustive de données précieuses pour la recherche. À l’époque où le Dr Girard a commencé à recevoir des patients atteints de sclérose en plaques, il y a une vingtaine d’années, son travail consistait essentiellement à diagnostiquer la maladie. L’absence Dr Marc Girard totale de traitement n’impliquait aucun suivi particulier et laissait le patient sans solutions médicales. Aujourd’hui, les choses ont quelque peu L’impossibilité de prédire comment la évolué. Avec le développement de l’imagerie par résonance maladie évoluera avec le temps place le magnétique et la découverte d’agents pharmacologiques généralement fiables, sa charge de travail a considérablement médecin dans une situation délicate et augmenté, notamment pour gérer les effets secondaires de particulière qui implique de prendre le certains médicaments ou proposer des traitements spécitemps pour écouter, informer et rassurer. fiques destinés à soulager les symptômes. Suite à la page 9 4 r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 dossier spécial Sclérose en plaques Aider les patients à apprendre à vivre avec la sclérose en plaques Josée Poirier est infirmière clinicienne spécialisée dans l’accompagnement et les soins de patients atteints par la sclérose en plaques. Elle reçoit chaque semaine en clinique au Centre ambulatoire de neurologie du CHUM. Fière et digne combattante depuis presque 20 ans, Josée Poirier est le membre incontournable d’une équipe soignante qui base son action sur la collaboration et l’association des compétences. Sa fonction nécessite une grande expérience dans le suivi et le traitement de la maladie. Son métier est très complexe car elle doit non seulement connaître parfaitement l’importante variabilité des symptômes et des traitements, mais elle doit également être capable de répondre aux nombreuses attentes des patients. La sclérose en plaques a ceci de particulier qu’elle implique souvent des syndromes dépressifs; selon elle, l’empathie et le don de soi font partie intégrante de sa fonction, qu’elle estime avant tout être une vocation. Même si le lien de confiance avec un patient peut mettre des mois à s’installer, il finit toujours par prendre sa place et rendre le combat plus efficace. Josée Poirier Même si le lien de confiance avec un patient peut mettre des mois à s’installer, il finit toujours par prendre sa place et rendre le combat plus efficace. L’annonce du diagnostic implique de gérer avec diplomatie et humanité une grande incertitude et une forte inquiétude de la part du patient. « Accompagner un patient atteint de cette maladie, c’est l’aider à accepter de nombreux deuils », déclare-t-elle, consciente que l’on ne doit pas accepter la maladie mais apprendre à vivre avec. Là est une de ses fonctions premières, car à ses yeux il semble évident que l’état psychique du patient aide considérablement au traitement des symptômes et qu’un travail d’équipe avec le médecin assure une meilleure prise en charge. En effet, le choix du traitement repose sur une décision du patient; ses capacités à prendre du recul et à comprendre ses choix sont donc primordiaux. Dans le système de santé actuel, Josée fait figure d’exception. Étant donné que chaque patient évolue et réagit aux traitements de façon différente, le fait d’être spécialisée lui permet de mieux connaître la maladie et ainsi de répondre plus efficacement à la détresse et aux angoisses. L’anxiété, propre au patient atteint de sclérose en plaques, est une composante importante que l’on ne doit jamais perdre de vue. Suite à la page 9 r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 5 dossier spécial Sclérose en plaques La découverte et la validation au CRCHUM et médecin de traitements Chercheur neurologue à la tête de la clinique de Après ses études, qu’il a complétées aux États-Unis, il revient à Montréal en 1975 dans la ferme intention de réunir autour de lui certains des meilleurs chercheurs, infirmières et cliniciens du monde de la neurologie. Quarante ans plus tard, c’est chose faite. Son équipe jouit d’une renommée toujours grandissante et les reconnaissances à son égard ne cessent de fleurir. Outre les malades qu’il reçoit et dont il assure le suivi des traitements, il agit surtout à titre de chercheur-clinicien. Sa renommée lui a valu la reconnaissance et le financement de grands organismes gouvernementaux ainsi que de l’industrie pharmaceutique. Ces investissements lui ont permis de faire avancer de façon notoire la qualité des soins mais également de développer et de valider la quasi-totalité des thérapies unanimement reconnues pour limiter l’apparition de nouveaux symptômes et réduire ceux déjà existants. Ce n’est pas Le Dr Duquette souhaite mieux décrire quelles cellules du système de défense de l’organisme se trompent de cible et attaquent les cellules nerveuses plutôt que les défendre et les réparer. D Pierre Duquette r moins de 75 protocoles de recherche auxquels il a participé au cours des dernières décennies, protocoles qui pour plusieurs ont abouti à la mise sur le marché de nouveaux médicaments. Ainsi, au début des années 2000, le Dr Duquette a participé à l’étude clinique nord-américaine qui a permis d’identifier l’interféron bêta par injection comme un retardateur puissant de l’apparition de nouvelles crises de la maladie. Toujours en collaboration étroite avec les chercheurs, le personnel soignant et les patients, lesquels alimentent ses études et ses 6 r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 la sclérose en plaques du CHUM, le Dr Pierre Duquette dirige une équipe de recherche et de soins aujourd’hui reconnue à l’international comme un centre de référence en neurologie. analyses, il contribue actuellement à une quinzaine de protocoles de recherche qui laissent présager la découverte de nouvelles armes thérapeutiques. Mais si le succès est là, le combat n’est pas terminé ! Conscient de la valeur du travail déjà effectué, le Dr Duquette a plus que jamais d’autres tours dans son sac et espère, avec son équipe, trouver le remède plutôt que pallier simplement aux symptômes ou ralentir l’évolution de la maladie. De nombreux projets, fort coûteux, sont en cours et d’autres encore à l’étude. Il souhaite par exemple former des cohortes de patients qu’il suivra régulièrement pour en établir des profils pathologiques complets et offrir à long terme des traitements plus spécifiques à chacun d’entre eux. Pour ce faire, il croit fermement au développement de l’imagerie médicale qui a par ailleurs déjà montré une grande utilité dans le diagnostic de la maladie. Il souhaite également mieux décrire quelles cellules du système de défense de l’organisme se trompent de cible et attaquent les cellules nerveuses plutôt que les défendre et les réparer. Pour mener à bien ses projets, les exigences sont nombreuses. Et les besoins sont d’abord humains : recruter des chercheurs de talent, acquérir du temps de la part de spécialistes radiologues, obtenir un accès plus rapide et plus au facile aux machines exploratrices telles que la résonance magnétique, trouver des programmeurs informaticiens pour développer des logiciels d’analyses... autant de moyens qui nécessitent de trouver toujours plus de fonds et toujours plus de compétences. Si son activité tourne essentiellement autour de la recherche clinique, le Dr Duquette demeure néanmoins un homme de terrain. Constamment en interaction avec les membres de l’équipe de soins et de recherche, il constate avec inquiétude qu’il devient fort difficile d’assurer le suivi de 2 600 patients avec une unique infirmière clinicienne à disposition. Il appréhende l’avenir du suivi de ces patients et espère que d’autres financements pourront garantir l’avenir de sa clinique en termes d’accueil des malades, de qualité des soins et de suivi des dossiers. Les succès obtenus, selon lui, n’auront de sens que si d’autres moyens sont mis en œuvre pour en atteindre d’autres ! dossier spécial Sclérose en plaques Travail d’équipe et dialogue continu pour une meilleure conscience l’organisme devient la cible de la maladie Lorsque d’une attaque virale ou bactérienne, Dans la plupart des cas, le processus inflammatoire laisse peu de traces sur son passage et rétablit le bon fonctionnement de l’organe concerné. Seulement voilà, le système nerveux est un organe à part. Quand il est le siège d’un combat de ce type, les lésions qui apparaissent peuvent devenir dramatiques et altérer durablement la fonction normale des neurones. Chercheure en neuro-immunologie au Centre de recherche du CHUM depuis 2006, la Dre Nathalie Arbour représente un des fleurons de la recherche internationale sur la sclérose en plaques. Depuis ses premiers pas en biologie qu’elle commence lors de ses études postsecondaires, elle n’a cessé de cultiver sa passion pour comprendre les mécanismes intimes de l’organisme qui lui permettent de se défendre contre les attaques virales et le développement de pathologies qui touchent au système nerveux central. Ses travaux portent sur le dialogue très complexe qui s’établit entre le système nerveux central et les cellules de défense, notamment lors du développement de maladies neurologiques telles que la sclérose en plaques. Il n’est bien entendu pas question de remettre en cause l’utilité du système immunitaire, mais en étudiant le cas de dizaines de patients atteints par la sclérose en plaques, la Dre Arbour a pu isoler une sous-population de globules blancs – appelés lymphocytes CD4/NKG2C+ – qui s’avèrent être toxiques pour la gaine qui entoure les neurones. Lorsque les globules blancs sont appelés massivement à rejoindre les cellules nerveuses pour les défendre, une partie d’entre eux semblent manifestement s’y opposer et détruire plutôt que protéger. Cette étude a fait l’objet d’une récente publication qui donne à la recherche mondiale sur le sujet une nouvelle cible pharmacologique à observer pour empêcher spécifiquement ces cellules d’atteindre le système nerveux sans pour autant entraver le travail bénéfique des autres cellules de l’immunité. La Dre Arbour a évidemment une longueur d’avance; ses travaux en cours permettront, et c’est son objectif, de mettre hors d’état cette sous-population de cellules CD4 au sein du système nerveux des patients atteints de la sclérose en plaques et ainsi offrir un nouvel espoir à ceux pour lesquels les traitements actuels ne suffisent pas. Lorsqu’on demande à Nathalie Arbour pourquoi le Centre de recherche du CHUM lui est cher, la réponse n’est pas longue à venir : « Il existe au sein du CHUM une équipe pluridisciplinaire qui fait intervenir tous les acteurs concernés et qui permet au chercheur fondamentaliste de rester en contact permanent avec la réalité que vivent les patients. » D’ailleurs, l’organe touché est rapidement inondé par une armée de cellules spécialisées, les globules blancs, lesquels sont chargés de combattre l’infection. « Il existe au sein du CHUM une équipe pluridisciplinaire qui fait intervenir tous les acteurs concernés et qui permet au chercheur fondamentaliste de rester en contact permanent avec la réalité que vivent les patients. » Dre Nathalie Arbour toujours consciente que les malades constituent une source de courage et d’inspiration, elle est sensible à la reconnaissance dont ils lui font part lors de conférences qu’elle donne pour leur expliquer son travail, son implication et ses découvertes. Les actions et les motivations de la Dre Nathalie Arbour contre la maladie montrent que la recherche fondamentale n’est pas une discipline nécessairement isolée et que les préoccupations des chercheurs peuvent s’intégrer harmonieusement avec celles des médecins et du personnel soignant. Pour le bien du patient et un digne combat contre cette maladie dévastatrice. r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 7 dossier spécial Sclérose en plaques Bloquer l’entrée des cellules destructrices : à la recherche de nouvelles cibles thérapeutiques Le Dr Alexandre Prat est responsable de l’axe Neurosciences au CRCHUM. Il est également neurologue spécialisé en sclérose en plaques à l’Hôpital Notre-Dame du CHUM. Ses travaux portent essentiellement sur l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques qui Les cellules de l’immunité se déplacent de leur endroit de production jusqu’aux organes infectés en utilisant notamconduiront idéalement au traitement ment le compartiment sanguin comme moyen de locomotion. Lorsqu’une alerte est déclenchée, les cellules de l’immunité de nombreuses maladies neurodégépeuvent franchir la paroi des vaisseaux sanguins et rejoindre nératives, notamment la sclérose un organe infecté pour combattre une invasion éventuelle. Le système nerveux central est un organe particulièrement bien en plaques. isolé des cellules du sang grâce à l’existence d’une barrière naturelle appelée barrière hémato-encéphalique. Ce rempart naturel, constitué de cellules solidement accrochées les unes aux autres assure une protection physique renforcée du système nerveux. En cas d’infection, les cellules immunitaires doivent franchir cette barrière supplémentaire pour assurer leur fonction naturelle de défense, mais certaines d’entre elles, pour des raisons encore inconnues s’attaquent aux neurones et dégradent la myéline qui les protège. Le Dr Prat s’intéresse à tous les événements qui se produisent lors de l’apparition d’une lésion cérébrale résultant de l’infiltration de cellules immunitaires au travers de la barrière hémato-encéphalique. Dans le passé, il a pu démontrer le rôle protecteur de cette barrière et montrer pourquoi sa fragilité pouvait être la cause de l’apparition de la sclérose en plaques. Plus récemment, il a publié un article d’envergure qui montre que certaines cellules du système nerveux, les astrocytes, fabriquent naturellement des molécules qui sont perçues par les cellules qui recouvrent les vaisseaux sanguins comme un protecteur naturel contre une invasion massive de cellules immunitaires. Grâce à ces données importantes, le Dr Prat espère bloquer spécifiquement l’entrée des cellules destructrices de la myéline dans le système nerveux central et stopper à terme la cause même de la maladie. Ses recherches actuelles constituent un espoir considérable pour les patients. À la fois chercheur fondamentaliste et clinicien, le Dr Prat continue d’investiguer de nouvelles pistes de recherche dans le laboratoire qu’il dirige composé de sept étudiants au Ph. D., huit chercheurs postdoctoraux et trois assistantes de recherche; en outre, il a déposé deux brevets d’invention sur des cibles thérapeutiques qu’il a lui-même découvertes. L’industrie pharmaceutique finance actuellement les premiers essais cliniques de ces cibles sur des sujets humains et espère 8 r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 pouvoir proposer deux nouveaux traitements permettant de réduire les poussées tout en limitant considérablement les effets secondaires communément attendus avec les traitements conventionnels. Ces projets d’envergure sont financés par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Centre de recherche du CHUM et la Société canadienne de la sclérose en plaques. Les efforts constants et les investissements considérables de chacun pourraient déboucher sur des thérapies nouvelles d’ici trois à cinq ans. À l’instar de ses collègues cliniciens et infirmiers de la clinique de la sclérose en plaques du CHUM, le Dr Prat est fier Dr Alexandre Prat de collaborer avec une équipe dynamique et inspirante. S’il passe le plus clair de son temps au laboratoire, il tient à garder ce lien étroit avec les patients, conscient que « si leurs besoins me fournissent une motivation à poursuivre mes recherches, le fruit de mon travail – l’amélioration des soins pour pallier à leur condition – constitue le plus bel héritage et la meilleure des récompenses. » dossier spécial Sclérose en plaques L’équipe médecin patient Suite de la page 4 Il existe à cet effet deux approches thérapeutiques complémentaires aujourd’hui disponibles : La première, qui a fait ses preuves pour diminuer la fréquence et l’intensité des poussées et a même permis dans certains cas une rémission complète, consiste en l’injection d’interférons ou d’acétate de glatiramère. Malheureusement, ce type de traitement montre son efficacité contre la forme cyclique, mais il n’existe actuellement aucun traitement contre la forme progressive de la maladie (15 % des cas). La seconde catégorie de médicaments à disposition concerne toutes les molécules qui permettent de soulager uniquement les symptômes de la maladie : perte de la mobilité et de l’équilibre, spasmes, douleurs, raideurs, engourdissements, fatigue, troubles de la mémoire, anxiété, dépression, infections urinaires... Il est par ailleurs intéressant de noter à ce propos que la multiplication des traitements à disposition nécessite d’instaurer une très importante cohésion et un dialogue fluide entre les différentes spécialités médicales impliquées au vu des énormes dommages collatéraux impliqués dans la sclérose en plaques. Le développement de ce dialogue constitue une force qui a été développée avec fierté et succès au CHUM ces dernières années. Le Dr Girard a grandi au milieu d’une famille directement touchée par la maladie. Biologiste en herbe, il nourrit très jeune l’espoir d’aider et de soulager ceux qui voient leur vie bouleversée par une telle épreuve. « J’ai voué ma carrière à aider les patients atteints de sclérose en plaques avec l’espoir intime de voir la maladie enfin traitée avant la fin de ma carrière », dit-il. Que ce vœu rejoigne ceux de nombreux patients qui lui font confiance et travaille en équipe avec lui pour qu’il se réalise ! Aider les patients à apprendre à vivre avec la sclérose en plaques Suite de la page 5 Soucieuse et informée des progrès constants de la recherche, Josée Poirier conseille et réfère éventuellement les patients qui acceptent de participer à de nouveaux protocoles de recherche auprès de l’infirmière de recherche. Tout au long du traitement, elle peut ensuite fournir un suivi de l’évolution des symptômes et assurer un retour vers ses collègues cliniciens et fondamentalistes sur l’efficacité de la médication à l’essai. Ainsi, sa position lui confère un rôle clé pour articuler correctement des rapports étroits entre chercheurs, cliniciens et patients. Par ailleurs, en 2004, Berlex Canada (Bayer) décerne à Josée Poirier le prix du mérite infirmier en sclérose en plaques du Canada. En 2005, le prix international d’excellence et de reconnaissance June Halper dans le domaine infirmier en sclérose en plaques en Amérique du Nord lui est remis par l’organisation internationale des infirmières en sclérose en plaques (IOMSN). Ces reconnaissances témoignent de façon éloquente de son leadership, sa créativité et surtout son engagement continuel envers les patients atteints de la sclérose en plaques. Avec le temps, Josée Poirier est devenue une référence auprès des personnes atteintes mais également pour divers professionnels de la santé comme les CLSC et la Société canadienne de la sclérose en plaques, qui lui demandent continuellement des références et des informations sur les nombreux patients qu’elle traite et suit chaque jour. r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 9 Cancer du sein triple négatif : la voie de l’immunothérapie On sait aujourd’hui que l’organisme est naturellement capable de se défendre contre certains cancers. Mais lorsque les facteurs environnementaux ou génétiques par exemple sont défavorables, les cellules cancéreuses trouvent les failles et détournent les protections naturelles de l’organisme pour se développer. Depuis plusieurs décennies, la chimiothérapie et la radiothérapie constituent un moyen thérapeutique efficace mais impliquent les effets secondaires dévastateurs qu’on leur connaît, leur action ne se limitant pas à la tumeur mais également aux tissus environnants. Par Laurent Salez En 1999, John Stagg entame ses travaux de doctorat à l’Université McGill, où il développe rapidement une passion pour la thérapie contre le cancer. Il ne le sait pas alors, mais il va participer à l’essor fulgurant et non moins prometteur de l’immunothérapie anticancéreuse. Cette branche de la biologie consiste à stimuler spécifiquement les défenses naturelles de l’organisme pour combattre le développement des cellules cancéreuses et des tumeurs, tout en limitant les effets secondaires attribués à la chimiothérapie habituelle. Des centaines de chercheurs en immunothérapie de par le monde s’emploient donc à détecter des cibles naturelles du système immunitaire et ainsi développer des molécules synthétiques pour le stimuler. Aujourd’hui, seule une petite dizaine de cibles ont été mises en évidence. John Stagg est l’un des pionniers en la matière et apparaît clairement décidé à poursuivre dans cette voie. C’est à Melbourne, alors qu’il il poursuit ses recherches postdoctorales, qu’il propose pour la première fois un traitement du cancer du sein en associant chimiothérapie conventionnelle et immunothérapie, notamment par la mise en évidence du rôle de la molécule CD73, un constituant naturel des cellules immunitaires impliqué dans la défense anticancéreuse. Alors que Melbourne le retient au terme de son stage, avec le généreux support de l’Institut du cancer de Montréal, il est rappelé à Montréal pour monter son laboratoire et poursuivre ses travaux au Centre de recherche du CHUM. Il valide la molécule CD73 comme cible immunothérapeutique potentielle et montre que son mode d’action semble favoriser dans certains cas le développement tumoral ! Dans le traitement du cancer du sein, il n’existe actuellement aucun traitement spécifique. Depuis plus de 20 ans, les anthracyclines et les traitements hormonaux constituent de bons outils chimiothérapeutiques, lesquels donnent habituellement d’assez bons résultats en termes de rémission. John Stagg s’intéresse particulièrement à une sous-population de patientes (environ 10-15 % d’entre elles) qui présentent 10 r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 Des centaines de chercheurs en immunothérapie de par le monde s’emploient à détecter des cibles naturelles du système immunitaire et ainsi développer des molécules synthétiques pour le stimuler. une particularité génétique empêchant les traitements hormonaux. On parle alors de cancer triple négatif et le pronostic est souvent dramatique. La médecine se tourne notamment vers les anthracyclines comme un des moyens de dernier recours. John Stagg a étudié le cas Dr John Stagg de 6 000 femmes atteintes de cancer du sein triple négatif. Il montre que les patientes qui possèdent une forte activité naturelle de leur CD73 (initialement décrit comme favorisant le développement de tumeurs) sont également celles pour lesquelles les anthracyclines sont moins efficaces. En d’autres termes, John Stagg met en évidence que la molécule CD73, si elle est trop fortement exprimée dans l’organisme, limite l’action d’un des seuls médicaments disponibles. Dans son dernier article paru dans la très prestigieuse revue Proceedings of the National Academy of Sciences des États-Unis, il présente donc le constituant cellulaire CD73 comme une cible de choix dont il faudrait limiter l’action pour rendre efficace le traitement aux anthracyclines. Naturellement, John Stagg est déjà en discussion avec l’industrie pharmaceutique pour développer des agents pharmacologiques capables de moduler l’action de CD73. Tout en poursuivant ses recherches sur son mode d’action, il pense nécessaire de débloquer des fonds supplémentaires pour tester une banque de molécules déjà approuvées par la Food and Drug Administration des États-Unis. Ces molécules candidates pourraient montrer une efficacité et offrir enfin à chacune des patientes atteintes de cancer triple négatif la promesse d’un traitement et d’une rémission. Freiner la mort cellulaire pour améliorer des traitements contre le cancer Certains types de traitements anticancéreux visent à inhiber la progression de certains cancers en induisant la mort des cellules. Or « la mort de certaines cellules peut favoriser la survie d’autres cellules… Mais pas nécessairement les bonnes » explique le Dr Jean-François Cailhier. Par Olivier Dilain Son équipe souhaite améliorer l’efficacité des traitements anticancéreux en améliorant notre compréhension du lien entre l’apoptose (la mort cellulaire programmée) et la capacité de notre système immunitaire de lutter contre le cancer. Plus précisément, elle s’intéresse au MFG-E8 (Milk Fat Globule-EGF factor 8), une molécule relâchée par les cellules mourant par apoptose. La présence de MFGE8 pourrait affecter l’efficacité des traitements de certains types de cancer en provoquant une réaction inflammatoire et en réduisant la réponse immunitaire anti-tumeur. Toutes les cellules ont potentiellement la capacité de s’autodétruire et c’est un phénomène courant et naturel qui permet d’assurer notre survie. L’apoptose dans les traitements anticancéreux Certains traitements anticancéreux favorisent justement l’apoptose. Ce processus physiologique consiste en un suicide cellulaire en réponse à un signal. Toutes les cellules ont potentiellement la capacité de s’autodétruire et c’est un phénomène courant et naturel qui permet d’assurer notre survie. Par exemple, chez le fœtus, c’est l’apoptose qui permet de créer des espaces entre les doigts afin de les individualiser. Ainsi, certains traitements apoptotiques (comme certains types d’hormonothérapie ou de chimiothérapie), favorisent le recrutement des macrophages, des cellules immunitaires chargées de se débarrasser des cellules mortes. En s’activant, les macrophages libèrent une quantité de MFG-E8, dont le rôle est de se coller aux cellules mortes par apoptose pour aider le macrophage à bien jouer son rôle pour « ingérer » les cellules mortes. Suite à ce nettoyage de cellules, le macrophage devient immunosuppresseur, c’est-à-dire qu’il inhibe la réponse immunitaire et réduit ainsi sa capacité de lutter contre les tumeurs. Les résultats de recherche du laboratoire du Dr Cailhier montrent que les cellules apoptotiques peuvent également libérer une certaine quantité de MFG-E8, facilitant ainsi le travail des macrophages et par la même occasion freinant le combat du système immunitaire contre le cancer. Cette hypothèse, testée en laboratoire, reste à confirmer auprès de patients. Dr Jean-François Cailhier Cependant, d’autres cancers, que l’on dit proinflammatoire, comme le cancer de la prostate ou encore le cancer du côlon, se nourrissent de l’inflammation pour se développer. Dans ce cas précis, les traitements anticancers favorisant l’apoptose pourraient être plus efficaces puisqu’ils viendraient réduire l’inflammation. De la recherche aux patients, des patients à la recherche Le Dr Cailhier souhaite adopter une approche translationnelle qui favorise un aller-retour entre la recherche et les patients afin de confirmer ses hypothèses. D’une part, il y a les patients atteints d’un cancer de la prostate, qui ne répondent plus à l’hormonothérapie, et qui sont traités par une chimiothérapie favorisant l’apoptose : « Dès les premières semaines, on cherchera à identifier des marqueurs d’apoptose cellulaire, comme le MFG-E8, afin de nous aider à distinguer les patients qui vont répondre des patients qui ne vont pas bien répondre, le but étant d’éviter d’exposer inutilement des patients à ce fort traitement qu’est la chimiothérapie », explique-t-il. Si cette hypothèse est confirmée, on pourrait savoir, avec une prise de sang précoce chez les patients atteints de cancers proinflammatoires, si un traitement anticancéreux entraînant la mort cellulaire par apoptose favorisera la guérison à long terme. Dans le cas de cancers qui ne sont pas proinflammatoires, on opterait alors pour d’autres types de traitements qui n’induisent pas de mort cellulaire par apoptose, comme l’autophagie, ou l’autodégradation cellulaire, qui induit une réponse du système immunitaire permettant une réponse anticancéreuse plus forte et plus efficace. Dans un cas comme l’autre, c’est le patient qui gagne. r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 11 Augmenter l’espérance de vie des patients schizophrènes Chez les patients schizophrènes, l’espérance de vie est entre neuf et treize ans inférieurs à la population en général. Les principales causes de mortalité sont le diabète, l’hypercholestérolémie et les risques cardiovasculaires qui y sont reliés. Des recherches en biologie ont démontré que le risque de diabète est multiplié par six chez les patients schizophrènes par rapport à la population en général. On a surtout observé, chez ces mêmes patients, des augmentations d’appétit. La sédentarité, la pauvreté et de mauvaises habitudes alimentaires sont des causes de ces maladies, mais y a-t-il au niveau cognitif des paramètres, comme un mauvais contrôle de la modulation de l’appétit, qui joueraient également un rôle ? Par Olivier Dilain L’équipe du laboratoire du Dr Emmanuel Stip se penche sur la question en expliquant pourquoi les causes de mortalité liées au syndrome métabolique sont plus importantes dans cette population. Il y a certainement une modification des réseaux neuronaux impliqués dans les stimuli de l’appétit qui contribue à la difficulté de la gestion de la modulation diététique. Des troubles métaboliques plus fréquents chez les schizophrènes Avec une étude sur 14 000 personnes, le Dr Stip et son équipe ont évalué le rôle des antipsychotiques chez des patients atteints de schizophrénie et des patients atteints de maladies affectives (dépression ou maladie bipolaire). Avec le même médicament, les patients atteints de schizophrénie ont plus de troubles métaboliques que les patients atteints de maladies affectives. Ensuite, l’équipe s’est plus particulièrement penchée sur le processus cognitif de la schizophrénie par l’observation de l’activité cérébrale lorsque les patients sont exposés à des images appétissantes. L’étude consiste à projeter à des patients schizophréniques et à un groupe contrôle (non malades) – qui ont reçu un même traitement antipsychotique standard – des séries d’images appétissantes et neutres. Il y a des différences d’activation dans les zones du cerveau entre les deux groupes : les uns sont activés pendant que les autres ne le sont pas, ou les deux sont activés mais pas dans les mêmes régions du cerveau. Une chose est sûre : il y a des modifications dans le contrôle de l’appétit qui ne sont pas les mêmes que pour la population en général. Cette étude démontre également que les activations cérébrales augmentent au fur et à mesure de la séance d’exposition à des images appétissantes alors que ce n’est pas le cas pour le groupe contrôle, où les activations se font de manière quasiment identique, que ce soit un stimulus neutre ou appétissant. « C’est comme s’il y avait un problème d’inhibition des activations par rapport à des stimuli appétissants », constate le chercheur. Des réseaux neuronaux impliqués dans le contrôle de l’appétit Dans une autre étude, l’équipe du Dr Stip a administré de l’olanzapine, un antipsychotique efficace, connu pour augmenter l’appétit, pour confirmer ses hypothèses. 12 r eche r che c r chum septemb r e 2 0 1 3 Cette expérience de 16 semaines a confirmé que même lorsque l’on donne cet antipsychotique, il y a davantage d’activations en présence de stimuli appétissants, en plus des activations cérébrales dues au médicament. Une des hypothèses serait que parmi les facteurs qui entraînent des troubles métaboliques, il y a certainement une modification des réseaux neuronaux impliqués dans les stimuli de l’appétit qui contribue à la difficulté de la gestion de la modulation diététique. Vers de nouvelles possibilités Dr Emmanuel Stip « On cherche surtout à augmenter l’espérance de vie, insiste le Dr Stip, par la diminution du diabète, du syndrome d’hypertriglycéridémie, d’hypercholestérolémie et des risques cardiovasculaires ». Une des pistes étudiée de façon préliminaire démontre que lorsque des activités sportives sont proposées à ces patients, certaines composantes des troubles métaboliques peuvent être améliorées, comme c’est le cas pour la population en général. e x c e ll e n c e Dans tous les cas, ces recherches démontrent la limite des médicaments et permettent, lorsque l’on échange avec les compagnies pharmaceutiques, de voir s’il y a des médicaments antipsychotiques qui favoriseraient la bonne modulation des activations par rapport aux stimuli appétissants. « C’est le genre de recherche qui pourrait faire aboutir en pharmacologie à des médicaments mieux adaptés. » résume le Dr Stip. i n n o vat i o n v alor i sa t i o n Recherche CRCHUM est publié trois fois par année par le CRCHUM — Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal. 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