Les traitements de la sclérose en plaques Pr D.BRASSAT La sclérose en plaques est une maladie invalidante qui touche l’adulte jeune, plus fréquemment les femmes que les hommes. Elle apparaît sur des individus qui présentent une susceptibilité à la naissance, et qui, tout au long de leur vie, rencontrent des facteurs d’environnement favorisants. Il est probable que cette association susceptibilité et environnement, induise une maladie dysimmune, médiée essentiellement par les lymphocytes T, qui aboutit à des lésions de système nerveux central, myéline, axone. L’histoire naturelle de la maladie, sans traitement donc, est connue depuis une dizaine d’années, la moitié des patients a 30 après 3à ans d’évolution ont besoin d’une aide bilatérale à la marche. Depuis 1995, des molécules immuno-actives, ont reçu une autorisation de mise sur le marche, et il faut espérer que celles-ci influencent l’histoire naturelle de la maladie. Le domaine thérapeutique de la sclérose en plaques est en constante évolution, et depuis 1995 nous avons vu apparaître les molécules de 1ère puis de 2ème génération. Sont actuellement en cours d’expérimentation des molécules de 3ème génération et si l’on se réfère aux essais de phase 3 en cours, il faut s’attendre dans les 5 prochaines années, à une vingtaine de molécules qui pourrait être disponible dans le traitement de la sclérose en plaques. L’évolution thérapeutique se fait donc vers des molécules de plus en plus efficaces, et de plus en plus faciles à utiliser pour les patients, malheureusement le risque lié à ces biothérapies augmente. De ce fait, les décisions thérapeutiques dans la sclérose en plaques sont un subtil compromis entre le rapport bénéfice/risque. En 2009, 7 molécules ont une autorisation de mise en route sur le marché, par ordre alphabétique : Avonex, Bétaféron, Copaxone, Elsep, Extavia, Rebif, Tysabri. Le principe général de la décision thérapeutique repose sur le concept de l’escalade, c'est-à-dire qu’il existe des traitements de première intention, qui présentent une efficacité aux alentours de 30% du nombre de poussées, avec un risque d’effets secondaires graves quasi absents, au prix d’une certaine contrainte thérapeutique du fait des effets secondaires locaux et généraux et les injections sous-cutanées ou intra-musculaires. Il s’agit des interférons (Avonex, Betaferon, Extavia, Rebif) et de la Copaxone. Les traitements de seconde intention sont généralement considérés comme plus efficaces, avec finalement moins de contrainte pour les patients, mais avec des risques d’effets secondaires graves, qui nécessitent des suivis de cohorte. Description molécule par molécule : - Interféron béta-1a de type Avonex. Il s’agit d’un interféron qui s’injecte une fois par semaine en intramusculaire et il y a des risques d’effets secondaires généraux à type de réaction grippale, peu d’effets secondaires locaux. Il faut surveiller la biologie sanguine pour ne pas méconnaître une réaction hépatique. L’efficacité est considérée comme étant équivalente aux autres interférons et à la Copaxone. - Bétaféron ou Extavia. Il s’agit de la même molécule avec 2 noms commerciaux. L’injection se fait 1 jour sur 2 en sous-cutané, avec un risque de réaction grippale, il faut surveiller la biologie sanguine pour ne pas méconnaître une réaction hépatique. Il y a des effets secondaires locaux, liés aux injections sous-cutanées. - Rebif. Il s’agit d’une injection sous-cutanée 3 fois par semaine, avec des effets secondaires similaires au Bétaféron et à l’Extavia. - La Copaxone. Il s’agit d’une injection sous-cutanée journalière, les effets secondaires sont locaux avec, généralement plus de réaction que les interférons, il n’y a pas de syndrome grippal ni de nécessité de surveillance biologique, 5% des patients présentent une réaction immédiate avec vague d’angoisse et dyspnée qui peut en imposer pour un malaise cardiaque et qui nécessite donc une information préalable, cette réaction est bénigne et disparaît en quelques minutes. -Tysabri (natalizumab). Il s’agit d’un anticorps monoclonal dirigé contre une molécule d’adhésion, cette molécule a une AMM depuis 2 ans, son efficacité est aux alentours de 70% sur la réduction du nombre de poussées. Il s’agit d’une injection mensuelle en intra-veineuse, généralement très bien tolérée par les patients et qui s’accompagne d’une amélioration de la qualité de vie. Le problème est le risque d’effets secondaires graves, notamment une alerte sur la leucoencéphalopathie multifocale progressive, une infection virale du système nerveux central liée au virus JC. Le risque est actuellement très bien suivi à l’aide d’une cohorte mondiale puisque quasiment tous les patients traités dans le monde, ont un suivi régulier. De ce fait le risque de LEMP est de mieux en mieux connu, avec actuellement près de 50 000 patients traités. Le risque de LEMP n’a pas augmenté depuis que la molécule a été mise sur le marché avec des données concernant 2000 patients des essais thérapeutiques. - ELSEP ou Mitoxantrone. Cet immunosuppresseur qui a une action préférentielle sur les lymphocytes T présente une efficacité certaine chez les patients avec souvent une interruption des signes évolutifs de la maladie mais qui peut être temporaire. Là encore, il s’agit d’une injection intra-veineuse mensuelle, qui peut-être mal tolérée avec signes de fatigue et nausée/vomissement. Il y a des effets secondaires graves possibles, notamment des leucémies induites par la Mitoxantrone avec une fréquence en France estimée à 0.25%, un risque de cardiopathie qui est liée à la dose, ce qui fait que la Mitoxantrone ne peut être utilisée que sur une courte période, des risques de stérilité qui pose un problème chez la population traitée dans la sclérose en plaques puisqu’il s’agit de femmes jeunes. En conclusion, les progrès thérapeutiques ces dernières années ont été immenses dans la sclérose en plaques, avec des médicaments dont le mécanisme d’action est mieux contrôlé, plus ciblé, avec une efficacité qui devient toujours plus importante, avec une augmentation de la qualité de vie des patients, mais au prix d’un risque faible à très faible d’effets secondaires graves. Le médecin établit donc avec son patient, en tête-à-tête, le rapport bénéfice/risque de façon individuelle.