Cours 7 Epistémologie 2008-2009 Théories et débats autour de l’évolution F. Gzil Objectifs : 1. Montrer en quoi les théories évolutionnistes de Lamarck et Darwin ont constitué une rupture dans l’histoire de la biologie. 2. Etudier les conclusions sociologiques et anthropologiques qui ont été tirées de la théorie darwinienne 3. Examiner les critiques actuelles du darwinisme La biologie n’est pas née au 19ème s, les hommes s’intéressent à l’histoire de la nature et des espèces depuis l’antiquité, et avant le 19ès, c’est Lamarck qui invente ce mot en 1809, avant, c’était histoire naturelle. 1ère question : qu’est ce qui s’est passé avec l’histoire de la biologie, qu’est ce qui distingue la biologie contemporaine de l’histoire naturelle ? En quoi la naissance des théories de la génétique donnent naissance à ce qu’on appelle aujourd’hui la « biologie » ? Montrer les applications et les controverses sont nées des théories de l’évolution et de la génétique. Les théories de Darwin ont donné lieu au darwinisme social et à des débats (évolutionnistes, créationnistes) Intro Théorie de l’Evolution = théorie affirmant que les êtres vivants ne sont pas immuables, se transforment et dérivent les uns des autres C’est une idée très ancienne (ne vient pas de Lamarck, ni de Darwin). Cette idée théorique devient scientifique (au 19ème s) JB Lamarck (1744-1829) : naturaliste français, spécialiste des végétaux et des invertébrés (étudie l’histoire naturelle) : théorie au début de 19ème siècle, mise en place dans un ouvrage intitulé Philosophie Zoologique écrit en 1809. Charles Darwin (1809-1882) naturaliste anglais, théorie de la descendance avec modification dans les différentes éditions de L’origine des espèces, dont la première édition date de 1859 I. Les théories de l’évolution au 19ème siècle A) L’affirmation du fait de l’évolution. Compréhension : pourquoi les idées sont originales ? A qui se sont-ils opposés, en quoi leur théorie se distingue des idées antérieures de l’évolution ? Pt commun : affirment tous les deux le fait de l’évolution : les formes vivantes ne sont pas immuables, se transforment et dérivent les unes des autres. Concernant le mécanisme de l’évolution : opposition entre Lamarck et Darwin, ils ne proposent pas la même hypothèse 1) Critique du créationnisme William Paley (1743-1805) Théologien Anglais Lamarck / Darwin 1 Création spéciale: espèce humaine crée à part, homme occupe une position privilégiée dans la nature. 2 Création instantanée : La création d’une espèce vivante n’obéit pas aux lois ordinaires de la nature. Elles n’ont pas été produites mais crées (ex du menuisier qui produit l’escalier, travaille sur une matière première et ça lui prend du temps). Elles apparaissent à partir de rien, et de manière instantanée, contrairement aux productions artisanales humaines. 3 Finalisme : on recourt aux causes finales, ils sont organisés et adaptés à leur milieu (2 propriétés du vivant). On n’explique pas le vivant par des causes mécaniques et physiques, mais se poser la question sur le but (ex : productions humaines comme la montre). Idée qu’il est impossible qu’ils résultent du hasard, d’une pure nécessité Ascendance commune : parenté entre l’homme et les autres espèces. Caractères acquis (ex : station débout, développement du vivant). Pour Darwin, l’homme ne descend pas du singe, mais l’homme et le singe ont un ancêtre commun. Il replace l’homme dans la nature parmi les espèces vivantes: il a affligé à l’homme sa deuxième blessure narcissique. Production échelonnée : la nature a produit les espèces, cela ne déroge pas aux lois de la nature, explication par des lois physiques ordinaires ou mécaniques. Les formes vivantes ont une histoire. Produit d’une temporalité. Que des êtres extrêmement simples Mécanisme : même si le vivant est organisé et adapté au milieu, mais la nature n’est pas une puissance intelligente, ne pas la comparer à un artisan humain. C’est une erreur, c’est une nécessité aveugle. Pas de nécessité, ni de but, mais causes purement mécaniques. hasardée 2) Critique du fixisme Georges Cuvier (1769-1832) : a développé le fixisme et défend ceci : 1. Georges Cuvier Conception typologique de l’espèce : chaque espèce a sa propre essence fondamentale différente des autres espèces : une espèce est un type Ces individus ont des caractères communs (le type), cependant il ne nie pas cette variabilité intra spécifique. 2. Conception réaliste des classifications : les catégories existent réellement dans la nature ; ex : l’homme appartient aux mammifères, sapiens ; pour lui, cela existe. 3. Saltationnisme : processus discontinu, le passage d’une espèce à une autre nécessite un saut. Ex ; traces des espèces possibles, très anciennes, si on compare, on ne reconstitue jamais entièrement cette continuité, trous ; pas de transition d’une espèce à une autre. Série de catastrophes naturelles qui anéantissaient la faune et la flore, puis de Lamarck/Darwin Conception populationnelle : une espèce n’est pas un type, ce n’est qu’une collection d’individus liés par un rapport d’hérédité. Si les caractères sont communs chez des espèces, ils ont une ascendance commune. Conception nominaliste : les catégories utilisées sont des instruments commodes, ordre dans la nature, mais instruments artificiels, pas des catégories naturelles. Ce sont des abstractions. Gradualisme de l’évolution : la nature ne fait jamais de saut, la modification des espèces est lente et progressive, aucun changement brutal, s’il manque des espaces intermédiaires, on n’a pas encore trouvé les fossiles des traces vivantes, ou disparition de ces nouvelles espèces apparaissent, donc une rupture. espèces Bilan : 6 idées de Lamarck et Darwin : Ascendance commune (≠ Création spéciale) Production échelonnée (≠ Création instantanée) Mécanisme (≠ finalisme) Conception populationnelle (≠ Conception typologique de l’espèce) Conception nominaliste (≠ Conception réaliste des classifications) Gradualisme de l’évolution (≠ Saltationnisme) Bilan - 2 remarques : Créationnisme = doctrine selon laquelle les animaux et les plantes ont été crées subitement (création instantanée) et isolément par espèces fixes et immuables (création spéciale). Représenté par William Paley. Fixisme = doctrine scientifique selon laquelle les espèces vivantes ont toujours été les mêmes et n’ont subi aucune évolution depuis leur création. Représenté par Georges Cuvier. B. Deux hypothèses sur le mécanisme de l’évolution 1) Hypothèse de Lamarck A son époque : on conçoit les choses par l’échelle des êtres vivants, en bas les infusoires, les simples, en haut, l’espèce humaine. Il bascule cette échelle verticale en une histoire horizontale (chronologique) ; résultat de la complexification des êtres vivants au cours de l’évolution Tendance naturelle des êtres vivants à la complexification, et des formes vivantes à la complexification. A l’échelle des individus, organes indifférenciées au début chez l’embryon, ils se spécialisent après (appareil digestif, nerveux) : cela se passe aussi à l’échelle des espèces, on a une diversification de ces formes vivantes : au lieu d’une ligne, on a des arbres, des embranchements, des grappes. Il y a un second facteur, la variabilité des circonstances, les formes vivant vivent dans des milieux, environnements changeants, et pas dans le vide, il y a des modifications climatiques importantes de l’environnement. Lamarck décrit le résultat de cette rencontre entre les deux facteurs. S’il y avait le même climat partout, on aurait une ligne. Pour Lamarck, la complexité semble recourir à aucune finalité, elle n’est pas comme un artisan, mais le résultat d’une pure nécessité, se heurtant à des milieux différents. Leur organisation et adaptation est résultat de la nécessité ET du hasard des circonstances dans lesquelles les vivants se trouvent. Cela s’applique différemment selon la situation des végétaux ou animaux. Végétaux, les circonstances (hasard) ont une influence directe sur l’organisation des formes vivantes (température, luminosité et humidité du sol entrainent une modification « directe » chez les plantes). Les végétaux s’adaptent passivement aux variations du milieu. Cela ne veut pas dire instantané, ni immédiat, car il faut beaucoup de temps malgré tout. D’une certaine façon, les animaux « s’adaptent » activement aux variations du milieu. (C’est un résultat, non involontaire). Indirect, car au lieu qu’on ait un changement dans les milieux entrainant un changement dans la forme, passage par des intermédiaires, modifications des besoins, puis des comportements, puis de nouvelles habitudes, puis une nouvelle organisation. Ex : apparition des palmipèdes, « vous supposez une population d’oiseaux qui sont, par une modification brutale de l’environnement, forcés d’évoluer dans un milieu aquatique ». Modification : des besoins (ils ressemblent à des poissons), du comportement (écartent les pattes pour se mouvoir dans l’eau), nouvelles habitudes (la peau à la base des pattes prend l’habitude de s’écarter), dans l’organisation (à la longue, apparaissent des pattes palmées). C’est l’usage et le non usage d’un organe qui explique son apparition ou sa disparition. Les canards ont cessé d’utiliser leurs pattes donc disparition de celles-ci au cours du temps. Explication finaliste : les canards ont des pattes pour nager. Ceci pour dire que la nature est bien faite. (Paley) Mais pour Lamarck, parce que les oiseaux ont utilisés les pattes pour nager, que ce sont des pattes palmés maintenant. 2) Hypothèse de Darwin …et d’Alfred Wallace : Différence sur le mécanisme : point de départ, c’est qu’il existe une lutte des individus pour l’existence, lutte inter individuelle : une pression sélective. On constate que les êtres vivants se reproduisent vite, or l’effectif des populations est stable, alors il n’y a qu’une partie des individus qui survit à chaque génération. Idée de Malthus qu’il y a reprise : un déséquilibre entre la démographie et les ressources, les démographies ont une croissance géométrique, ressources évoluent de façon arithmétique. Nouveau, la lutte n’est pas entre une espèce et son milieu, ni le fait des prédateurs, c’est au sein d’une même espèce. Lutte interspécifique, et d’autant plus féroce que les individus se ressemblent le plus, la compétition d’autant plus intense. Il existe naturellement des très petites différences entre les individus d’une même espèce (infinitésimale), donc pas d’individus identiques, différences dans la morphologie interne ou externe. Ce sont des différences très subtiles, imperceptibles pour un observateur non averti. Il faut un œil extrêmement exercé. Ces différences sont dues au hasard, elles ne sont pas dirigées, mais causes physiques inconnues. Un certain nombre d’entre elles sont héréditairement transmissibles. C’est le matériau de la sélection. Dans la lutte féroce pour la survie, certaines de ces petites différences confèrent à ceux qui les portent un avantage sélectif, elles sont bénéfiques ou utiles (survie, descendance abondante) Mais on ne peut pas savoir à priori si un caractère est bon ou mauvais, tout dépend de la société dans laquelle les individus vivent. Il n’y a pas des traits ou des différences conférant par elles mêmes des avantages ou inconvénients. L’avantage sélectif est un concept probabiliste : un « meilleur génotype » ne garantit aucune survie : mais une plus grande probabilité de survie ou de reproduction. Elle aboutit à l’apparition d’une nouvelle espèce au bout de plusieurs générations, c’est la préservation et l’accumulation sur plusieurs générations de variations infinitésimales. Ce n’est pas un processus finalisé, c’est un phénomène purement nécessaire ne répondant à aucun but. C’est par pure nécessité que certaines différences confèrent un avantage sélectif. Nécessairement, les traits sont préservés et accumulés dans une population donnée. Ex : queue de la girafe qui ne sert à rien au premier abord, mais d’abord à chasser les mouches, peut être elle n’avant pas de queue, mais cette queue est explication est préservation par accumulation de petites différences (au départ, une petite queue). Il établit une comparaison entre la sélection naturelle et celle artificielle (entre des races) faites par les éleveurs et les horticulteurs qui réorganisent la production pour bonifier l’élevage. Cela est fait de manière volontaire, intelligente, finalisée, pour améliorer le troupeau. Darwin, dans cette comparaison, ne pense pas aux horticulteurs voulant des espèces de fantaisie, dans le but de produire un résultat déterminé, mais de manière inconsciente, sans intention délibérée de modifier l’espèce. Cette comparaison a une valeur pédagogique, pour comprendre ce que fait la nature, car les horticulteurs ne trient pas des individus, mais repèrent et accumulent des petites variations qui ne produisent pas. La sélection ne s’opère pas sur des individus mais sur des caractères, c’est cela le matériau de la sélection. Cela lui donne un argument à son hypothèse, c’est une preuve empirique indirecte de la sélection naturelle, car l’évolution est un phénomène se faisant sur une temporalité étendue. Il peut difficilement prouver directement cette hypothèse : la sélection artificielle montre qu’on peut modifier l’espèce de manière irréversible, et la pratique des horticulteurs montre comment des petites variations, en s’accumulant, peuvent modifier la forme générale de l’espèce. Ces horticulteurs pouvaient voir ces petites différences, ils avaient l’œil exercé. Conclusion partie 1: Lamarck et Darwin proposent deux hypothèses concurrentes pour expliquer ce mécanisme de l’évolution. Lamarck, deux facteurs : complexification, variabilité des circonstances, hasard Darwin, lutte entre individus pour l’existence, petites différences pour une survie très importante, certains individus ont des traits qui leurs confèrent un avantage sélectif. Ces différences sont nécessairement conservées et accumulés (probabilité de survie). Bilan sur Lamarck et Darwin : d’accord pour affirmer le fait de l’évolution, on comprend pourquoi leurs théories sont importantes pour la biologie. Cela montre la profonde unité du vivant (en tant que vivant : pas d’espèce à part). L’histoire naturelle signifie qu’on s’intéressait à la diversité des formes vivantes, on les répertoriait. Au 19ème siècle, elle devient une biologie, car elle ne considère plus une somme séparée des espèces, mais une unité plus profonde. Aussi, le vivant ne déroge pas aux lois générales de la nature, on peut expliquer la spécificité du vivant sans en faire un empire dans un empire (organisation et adaptation), sans invoquer des causes finales, sans recourir à des causes naturelles, ni à l’intelligence de la nature mais à partir du hasard et de la nécessité. On ne trouve pas ni chez l’un ni chez l’autre une théorie fondamentale de l’hérédité, on ne sait pas à l’époque comment les caractères se transmettent : remise en cause de transmission des caractères acquis plus tard, alors que ces deux admettent cela. II. Débats autour des idées d’évolution et de sélection Dans la seconde moitié du 19ème siècle et début 20ème siècle, l’idée de Darwin est discutée. Le seul endroit où on a considéré l’hypothèse de Lamarck est en France, on pense de nos jours à Darwin, même s’il reste peu de néo-Lamarckiens. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, un certain nombre d’auteurs ont essayé de transposer aux sociétés humaines ce que Darwin avait dit des espèces animales, cela donne lieu à un courant de pensée, le darwinisme social. A. Darwinisme social Au départ le darwinisme social, dans la deuxième moitié du 19ème : idéologie puissante, mais partagée. Les principaux représentants sont en GB et aux EU : Herbert Spencer (1820-1903), en France Clémence Royer (1830-1902), et en Allemagne Ernest Haeckel, qui ont popularisé l’idée de Darwin. Royer a traduit la version de Darwin. Idée générale : comme dans la nature, il existe chez les humains une compétition entre les individus, seuls les plus forts survivent, elle est nécessaire et bénéfique, car il y a des inégalités entre les individus, et a pour effet d’améliorer le niveau général de l’espèce quand les plus forts survivent de génération en génération ; donc il ne faut pas s’opposer à cette sélection, il faut la laisser librement s’exercer dans la nature. 1) Implications politiques de la « survie des plus aptes » selon Herbert Spencer. Il adapte les idées de Darwin en politique et en économie : il faut limiter au maximum toute intervention de l’état, il doit se borner à la police, la sécurité, l’armée. Chaque fois que l’état outrepasse ce rôle, il empêche la sélection des plus aptes (éducation des citoyens, redistribution des richesses par les impôts). C’est une aberration et un désastre ; si les pauvres sont pauvres, ce n’est pas le fruit du hasard, c’est qu’ils ne sont pas doués. Vouloir corriger ces inégalités, c’est inutile (modifications à la marge seulement) et dangereux (entrave les plus aptes et empêche le progrès général de la société). 2) Implications morales du darwinisme selon Clémence Royer. Elle s’inscrit dans le champ de la morale et de l’éthique ; selon elle, un livre qu’elle a écrit prouve la fausseté de la morale chrétienne qui prône la charité envers les faibles et l’amour du prochain. La morale républicaine prône l’égalité, la solidarité envers les plus démunis. Cela est faux (pas dans la nature de l’homme d’aider ou d’aimer son prochain) et dangereux, (les pauvres vivent plus longtemps une vie misérable, et on aggrave la souffrance, augmentation du nombre de pauvres et de la faiblesse des faibles) Ex Roman de Zola (non prolétaire), fin du 19ème siècle, remontée de la révolution industrielle décrit la montée du prolétariat dans l’Assommoir : noces de prolétaires au 19ème siècle, au Louvre. Ce genre de néologie est crée par les gens craignant la dégénérescence de la société (les bourgeois), avec l’inceste, la prostitution, la misère. On risque de provoquer une dégénérescence et décadence de la société si on empêche la sélection naturelle de s’opérer car on contrecarre l’élimination naturelle des déficiences. Certains textes montreraient que Darwin déplore le fait que la sélection ne se fait plus dans les sociétés civilisés, qu’il y ait un certain nombre de mécanismes pour corriger les inégalités, pour obliger les gens à s’entraider, pour empêcher que la richesse triomphe. Alors que l’objet premier de Darwin n’est pas la société, car c’est un biologiste. Dans la plupart des textes, il dit dans la société humaine, la nature humaine a sélectionné la civilisation, qui contribue à contrarier la sélection naturelle, en lui substituant l’éducation, le sens moral et les lois. Est-ce une application rigoureuse des idées de Darwin ? NON ! C’est une idéologie scientifique, utilisation de théories scientifiques mal comprises, pour justifier des a priori, des croyances ou des convictions ou des préjugés politiques ou moraux, ou économiques. Car pour Darwin, la sélection s’opèrent sur des différences individuelles (traits, caractères), on est loin de la « sélection des plus aptes » de Spencer (c’est Dame nature qui dans sa grande sagesse trie les individus et tout ce qui n’a pas l’air bien constitué, elle le laisse crever) qui s’opère sur des individus. Pour Darwin on ne peut savoir a priori si ces différences confèrent un avantage sélectif ou pas. Ils pensent qu’ils contribuent à croire au progrès, et que la nature agit de telle sorte à améliorer la société, que si on s’opposent à son action on va entraîner la décadence ou la dégénérescence, et Darwin ne conçoit pas l’évolution des espèces comme un progrès, il parle de descendance avec modification. Pas un bien, ni un mal, mais ça évolue, pour Darwin, c’est hasard et nécessité. B. La Sociobiologie. Rien à voir avec le darwinisme social, ici c’est deuxième moitié du 20ème siècle. 1) Les thèses de Wilson (1929- ???) et Dawkins (1941- ???) Traduit sous le terme du gène égoïste (1976) de R Dawkins. La sociobiologie : nouvelle discipline, qui relie les sciences humaines et les sciences de la vie. Pour expliquer les comportements des animaux, on recourt à des idées d’évolution : point de départ de Wilson, c’est le problème de l’altruisme chez les animaux, certains individus se sacrifient pour les autres (les abeilles quand elles piquent pour protéger le miel, perdent leurs organes vitaux et meurent, ou cri d’alarme par les oiseaux à la vue d’un prédateur). 2) Le « problème » de l’altruisme : comment comprendre, dans le cadre de la théorie de l’évolution (concurrence, lutte individuelle), l’émergence de comportements d’entraide et de coopération entre les individus ? Ces comportements apparaissent inexplicables dans la théorie darwinienne (lutte féroce entre animaux), avant la sociobiologie, l’explication était que le sacrifice de quelqu’un permettait la survie de l’ensemble du groupe. Mais ici, pour les sociobiologistes, de nombreux phénomènes contredisent cette hypothèse. Wilson dit que le fait qu’il y ait un sacrifice de certains individus pour les groupes (le mâle devient chef de clan et tue tous les prédécesseurs) ne met pas en évidence la survie de l’espèce. L’altruisme s’exerce vis-à-vis des individus qui ont le même patrimoine génétique, qui sont proches génétiquement, et virtuellement plus aptes à avoir une descendance abondante, et prolifiques, ex chez les fourmis, leur sacrifice a pour effet de permettre une transmission et une diffusion de leur patrimoine génétique. Ce n’est qu’une ruse employée par nos gènes pour se transmettre et se multiplier : il s’explique par l’égoïsme des gènes. Il n’y a pas sélection du plus apte, mais du plus prolifique, et les individus n’ont aucune valeur en eux-mêmes, ils ne sont que le support du patrimoine génétique dont ils permettent la transmission. On ne peut comprendre l’altruisme humain si on ne le replace dans son histoire évolutive : pour les sociobiologistes, l’origine de nos comportements moraux (tenir la porte à quelqu’un qui entre), au départ cela s’exerce vis-à-vis du frère, puis du cousin, puis du voisin ; l’enjeu est que les gènes se diffusent d’une manière ou d’une autre. Les sociobiologistes ne prescrivent pas de morale (mieux vaut aider les voisins que l’étranger). Il faut restituer les phénomènes par rapport à leur origine (habitude d’entraide, de coopération ayant une base naturelle ou évolutive) Ils sont antiques, anciens, ou possibles, ce n’est pas une soumission à des lois abstraites. Cela a énervé les philosophes et les gens des sciences humaines (réduction des phénomènes psychiques, de la morale, à la nature). C. Darwin et la Bible. Controverse actuelle, ouvrage qui sera mis en place en 2009, qui fêtera le 50ème anniversaire de la théorie de Darwin. Aux Etats Unis, en 1981, Arkansas, loi d’Etat, stipule qu’on enseigne dans les écoles publiques de l’Arkansas, sur un pied d’égalité la science de l’évolution. Hypothèse de l’évolution n’était pas un fait mais une idée, avec celle de la création aussi donc il fallait enseigner les deux aux jeunes américains : d’après un sondage, pour 50% des Américains, Darwin c’est faux. Procès 1981, car la loi contrevient au principe de neutralité de l’Etat. Conclusion A l’heure actuelle, on ne parle plus de créationnisme mais d’intelligence design, la nature a des buts. Un livre raconte ce procès, l’Amérique entre la Bible et Darwin, dans cette querelle, c’est le fait de l’évolution. On veut savoir si Darwin c’est une science ou pas, le darwinisme est une science démontrable, on a fait venir des épistémologues. On fait de Darwin un mythe moderne, comme prodige, comme marxisme : on oublie les critiques internes de la théorie par un bon nombre de biologistes, à cause du fait de découverte de la génétique et de mutation, évolution graduelle remise en cause. On se ramenait ici à Cuvier (idée de sauts). Au 20ème siècle Darwin a été réhabilité par des biologistes, mais c’est un darwinisme profondément remanié, on ne prend pas la première édition de la nature des espèces, ils ont une version actualisée du darwinisme et il y a des débats internationaux pour savoir si c’est de la structure interne des individus ou l’environnement dont il est question. Si le darwinisme est important dans de plan de la biologie, ce n’est pas simplement en raison de ce qu’il affirmait, c’est aussi en raison des nouveaux problèmes scientifiques qu’il soulevait. Darwin a fait tout cela sans avoir un savoir expérimental de l’hérédité. L’hérédité est placée au centre de la préoccupation des biologistes.