Lamarck / Darwin

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Cours 7 Epistémologie 2008-2009
Théories et débats autour de
l’évolution
F. Gzil
Objectifs :
1. Montrer en quoi les théories évolutionnistes de
Lamarck et Darwin ont constitué une rupture dans
l’histoire de la biologie.
2. Etudier les conclusions sociologiques et
anthropologiques qui ont été tirées de la théorie
darwinienne
3. Examiner les critiques actuelles du darwinisme
La biologie n’est pas née au 19ème s, les hommes
s’intéressent à l’histoire de la nature et des
espèces depuis l’antiquité, et avant le 19ès, c’est
Lamarck qui invente ce mot en 1809, avant, c’était
histoire naturelle.
1ère question : qu’est ce qui s’est passé avec
l’histoire de la biologie, qu’est ce qui distingue la
biologie contemporaine de l’histoire naturelle ? En
quoi la naissance des théories de la génétique
donnent naissance à ce qu’on appelle aujourd’hui la
« biologie » ?
Montrer les applications et les controverses sont
nées des théories de l’évolution et de la génétique.
Les théories de Darwin ont donné lieu au darwinisme
social et à des débats (évolutionnistes,
créationnistes)
Intro
Théorie de l’Evolution = théorie affirmant que les
êtres vivants ne sont pas immuables, se transforment
et dérivent les uns des autres
C’est une idée très ancienne (ne vient pas de
Lamarck, ni de Darwin). Cette idée théorique devient
scientifique (au 19ème s)
JB Lamarck (1744-1829) : naturaliste français,
spécialiste des végétaux et des invertébrés (étudie
l’histoire naturelle) : théorie au début de 19ème
siècle, mise en place dans un ouvrage intitulé
Philosophie Zoologique écrit en 1809.
Charles Darwin (1809-1882) naturaliste anglais,
théorie de la descendance avec modification dans les
différentes éditions de L’origine des espèces, dont
la première édition date de 1859
I. Les théories de l’évolution au 19ème siècle
A) L’affirmation du fait de l’évolution.
 Compréhension : pourquoi les idées sont
originales ? A qui se sont-ils opposés, en quoi
leur théorie se distingue des idées antérieures
de l’évolution ?
 Pt commun : affirment tous les deux le fait de
l’évolution : les formes vivantes ne sont pas
immuables, se transforment et dérivent les unes
des autres.
 Concernant le mécanisme de l’évolution :
opposition entre Lamarck et Darwin, ils ne
proposent pas la même hypothèse
1) Critique du créationnisme
William Paley (1743-1805)
Théologien Anglais
Lamarck / Darwin
1 Création spéciale: espèce
humaine crée à part, homme
occupe une position
privilégiée dans la nature.
2 Création instantanée : La
création
d’une espèce vivante n’obéit
pas aux lois ordinaires de la
nature. Elles n’ont pas été
produites mais crées (ex du
menuisier qui produit
l’escalier, travaille sur une
matière première et ça lui
prend du temps). Elles
apparaissent à partir de
rien, et de manière
instantanée, contrairement
aux productions artisanales
humaines.
3 Finalisme : on recourt aux
causes finales, ils sont
organisés et adaptés à leur
milieu (2 propriétés du
vivant). On n’explique pas le
vivant par des causes
mécaniques et physiques, mais
se poser la question sur le
but (ex : productions
humaines comme la montre).
Idée qu’il est impossible
qu’ils résultent du hasard,
d’une pure nécessité
Ascendance commune :
parenté entre l’homme et
les autres espèces.
Caractères acquis (ex :
station débout,
développement du vivant).
Pour Darwin, l’homme ne
descend pas du singe, mais
l’homme et le singe ont un
ancêtre commun. Il replace
l’homme dans la nature
parmi les espèces
vivantes: il a affligé à
l’homme sa deuxième
blessure narcissique.
Production échelonnée : la
nature a produit les
espèces, cela ne déroge
pas aux lois de la nature,
explication par des lois
physiques ordinaires ou
mécaniques. Les formes
vivantes ont une histoire.
Produit d’une temporalité.
Que des êtres extrêmement
simples
Mécanisme : même si le
vivant est organisé et
adapté au milieu, mais la
nature n’est pas une
puissance intelligente, ne
pas la comparer à un
artisan humain.
C’est une erreur, c’est
une nécessité aveugle. Pas
de nécessité, ni de but,
mais causes purement
mécaniques.
hasardée
2) Critique du fixisme
 Georges Cuvier (1769-1832) : a développé le
fixisme et défend ceci :
1.
Georges Cuvier
Conception typologique de
l’espèce : chaque espèce a sa
propre essence fondamentale
différente des autres
espèces : une espèce est un
type Ces individus ont des
caractères communs (le type),
cependant il ne nie pas cette
variabilité intra spécifique.
2.
Conception réaliste des
classifications : les
catégories existent réellement
dans la nature ; ex : l’homme
appartient aux mammifères,
sapiens ; pour lui, cela
existe.
3.
Saltationnisme : processus
discontinu, le passage d’une
espèce à une autre nécessite
un saut. Ex ; traces des
espèces possibles, très
anciennes, si on compare, on
ne reconstitue jamais
entièrement cette continuité,
trous ; pas de transition
d’une espèce à une autre.
Série de catastrophes
naturelles qui anéantissaient
la faune et la flore, puis de
Lamarck/Darwin
Conception
populationnelle : une
espèce n’est pas un
type, ce n’est qu’une
collection d’individus
liés par un rapport
d’hérédité. Si les
caractères sont communs
chez des espèces, ils
ont une ascendance
commune.
Conception
nominaliste : les
catégories utilisées
sont des instruments
commodes, ordre dans la
nature, mais
instruments
artificiels, pas des
catégories naturelles.
Ce sont des
abstractions.
Gradualisme de
l’évolution : la nature
ne fait jamais de saut,
la modification des
espèces est lente et
progressive, aucun
changement brutal, s’il
manque des espaces
intermédiaires, on n’a
pas encore trouvé les
fossiles des traces
vivantes, ou
disparition de ces
nouvelles espèces
apparaissent, donc une
rupture.
espèces
 Bilan : 6 idées de Lamarck et Darwin :
 Ascendance commune (≠ Création spéciale)
 Production échelonnée (≠ Création instantanée)
 Mécanisme (≠ finalisme)
 Conception populationnelle (≠ Conception
typologique de l’espèce)
 Conception nominaliste (≠ Conception réaliste
des classifications)
 Gradualisme de l’évolution (≠ Saltationnisme)
 Bilan - 2 remarques :
 Créationnisme = doctrine selon laquelle les
animaux et les plantes ont été crées
subitement (création instantanée) et
isolément par espèces fixes et immuables
(création spéciale). Représenté par William
Paley.
 Fixisme = doctrine scientifique selon
laquelle les espèces vivantes ont toujours
été les mêmes et n’ont subi aucune évolution
depuis leur création. Représenté par Georges
Cuvier.
B. Deux hypothèses sur le mécanisme de
l’évolution
1) Hypothèse de Lamarck
 A son époque : on conçoit les choses par
l’échelle des êtres vivants, en bas les
infusoires, les simples, en haut, l’espèce
humaine. Il bascule cette échelle verticale en
une histoire horizontale (chronologique) ;
résultat de la complexification des êtres vivants
au cours de l’évolution
 Tendance naturelle des êtres vivants à la
complexification, et des formes vivantes à la
complexification.
 A l’échelle des individus, organes
indifférenciées au début chez l’embryon, ils se
spécialisent après (appareil digestif, nerveux) :
cela se passe aussi à l’échelle des espèces, on a
une diversification de ces formes vivantes : au
lieu d’une ligne, on a des arbres, des
embranchements, des grappes.
 Il y a un second facteur, la variabilité des
circonstances, les formes vivant vivent dans des
milieux, environnements changeants, et pas dans
le vide, il y a des modifications climatiques
importantes de l’environnement.
 Lamarck décrit le résultat de cette rencontre
entre les deux facteurs. S’il y avait le même
climat partout, on aurait une ligne.
 Pour Lamarck, la complexité semble recourir à
aucune finalité, elle n’est pas comme un artisan,
mais le résultat d’une pure nécessité, se
heurtant à des milieux différents. Leur
organisation et adaptation est résultat de la
nécessité ET du hasard des circonstances dans
lesquelles les vivants se trouvent.
 Cela s’applique différemment selon la situation
des végétaux ou animaux.
 Végétaux, les circonstances (hasard) ont une
influence directe sur l’organisation des formes
vivantes (température, luminosité et humidité
du sol entrainent une modification « directe »
chez les plantes). Les végétaux s’adaptent
passivement aux variations du milieu. Cela ne
veut pas dire instantané, ni immédiat, car il
faut beaucoup de temps malgré tout.
 D’une certaine façon, les animaux
« s’adaptent » activement aux variations du
milieu. (C’est un résultat, non involontaire).
Indirect, car au lieu qu’on ait un changement
dans les milieux entrainant un changement dans
la forme, passage par des intermédiaires,
modifications des besoins, puis des
comportements, puis de nouvelles habitudes,
puis une nouvelle organisation.
 Ex : apparition des palmipèdes, « vous supposez
une population d’oiseaux qui sont, par une
modification brutale de l’environnement, forcés
d’évoluer dans un milieu aquatique ».
Modification :
des besoins (ils ressemblent à des
poissons),
du comportement (écartent les pattes pour
se mouvoir dans l’eau),
nouvelles habitudes (la peau à la base des
pattes prend l’habitude de s’écarter),
dans l’organisation (à la longue,
apparaissent des pattes palmées).
 C’est l’usage et le non usage d’un organe qui
explique son apparition ou sa disparition. Les
canards ont cessé d’utiliser leurs pattes donc
disparition de celles-ci au cours du temps.
 Explication finaliste : les canards ont des
pattes pour nager. Ceci pour dire que la nature
est bien faite. (Paley)
Mais pour Lamarck, parce que les oiseaux ont
utilisés les pattes pour nager, que ce sont des
pattes palmés maintenant.
2) Hypothèse de Darwin …et d’Alfred Wallace :
 Différence sur le mécanisme : point de départ,
c’est qu’il existe une lutte des individus pour
l’existence, lutte inter individuelle : une
pression sélective.
 On constate que les êtres vivants se reproduisent
vite, or l’effectif des populations est stable,
alors il n’y a qu’une partie des individus qui
survit à chaque génération.
 Idée de Malthus qu’il y a reprise : un
déséquilibre entre la démographie et les
ressources, les démographies ont une croissance
géométrique, ressources évoluent de façon
arithmétique.
 Nouveau, la lutte n’est pas entre une espèce et
son milieu, ni le fait des prédateurs, c’est au
sein d’une même espèce. Lutte interspécifique, et
d’autant plus féroce que les individus se
ressemblent le plus, la compétition d’autant plus
intense.
 Il existe naturellement des très petites
différences entre les individus d’une même espèce
(infinitésimale), donc pas d’individus
identiques, différences dans la morphologie
interne ou externe.
 Ce sont des différences très subtiles,
imperceptibles pour un observateur non averti. Il
faut un œil extrêmement exercé. Ces différences
sont dues au hasard, elles ne sont pas dirigées,
mais causes physiques inconnues.
 Un certain nombre d’entre elles sont
héréditairement transmissibles. C’est le matériau
de la sélection.
 Dans la lutte féroce pour la survie, certaines de
ces petites différences confèrent à ceux qui les
portent un avantage sélectif, elles sont
bénéfiques ou utiles (survie, descendance
abondante)
 Mais on ne peut pas savoir à priori si un
caractère est bon ou mauvais, tout dépend de la
société dans laquelle les individus vivent. Il
n’y a pas des traits ou des différences conférant
par elles mêmes des avantages ou inconvénients.
 L’avantage sélectif est un concept probabiliste :
un « meilleur génotype » ne garantit aucune
survie : mais une plus grande probabilité de
survie ou de reproduction.
 Elle aboutit à l’apparition d’une nouvelle espèce
au bout de plusieurs générations, c’est la
préservation et l’accumulation sur plusieurs
générations de variations infinitésimales.
 Ce n’est pas un processus finalisé, c’est un
phénomène purement nécessaire ne répondant à
aucun but. C’est par pure nécessité que certaines
différences confèrent un avantage sélectif.
 Nécessairement, les traits sont préservés et
accumulés dans une population donnée.
 Ex : queue de la girafe qui ne sert à rien au
premier abord, mais d’abord à chasser les
mouches, peut être elle n’avant pas de queue,
mais cette queue est explication est préservation
par accumulation de petites différences (au
départ, une petite queue).
 Il établit une comparaison entre la sélection
naturelle et celle artificielle (entre des races)
faites par les éleveurs et les horticulteurs qui
réorganisent la production pour bonifier
l’élevage. Cela est fait de manière volontaire,
intelligente, finalisée, pour améliorer le
troupeau.
 Darwin, dans cette comparaison, ne pense pas aux
horticulteurs voulant des espèces de fantaisie,
dans le but de produire un résultat déterminé,
mais de manière inconsciente, sans intention
délibérée de modifier l’espèce.
 Cette comparaison a une valeur pédagogique, pour
comprendre ce que fait la nature, car les
horticulteurs ne trient pas des individus, mais
repèrent et accumulent des petites variations qui
ne produisent pas. La sélection ne s’opère pas
sur des individus mais sur des caractères, c’est
cela le matériau de la sélection.
 Cela lui donne un argument à son hypothèse, c’est
une preuve empirique indirecte de la sélection
naturelle, car l’évolution est un phénomène se
faisant sur une temporalité étendue. Il peut
difficilement prouver directement cette
hypothèse : la sélection artificielle montre
qu’on peut modifier l’espèce de manière
irréversible, et la pratique des horticulteurs
montre comment des petites variations, en
s’accumulant, peuvent modifier la forme générale
de l’espèce.
 Ces horticulteurs pouvaient voir ces petites
différences, ils avaient l’œil exercé.
Conclusion partie 1:
 Lamarck et Darwin proposent deux hypothèses
concurrentes pour expliquer ce mécanisme de
l’évolution.
 Lamarck, deux facteurs : complexification,
variabilité des circonstances, hasard
 Darwin, lutte entre individus pour
l’existence, petites différences pour une
survie très importante, certains individus
ont des traits qui leurs confèrent un
avantage sélectif. Ces différences sont
nécessairement conservées et accumulés
(probabilité de survie).
 Bilan sur Lamarck et Darwin : d’accord pour
affirmer le fait de l’évolution, on comprend
pourquoi leurs théories sont importantes pour la
biologie.
 Cela montre la profonde unité du vivant (en tant
que vivant : pas d’espèce à part). L’histoire
naturelle signifie qu’on s’intéressait à la
diversité des formes vivantes, on les
répertoriait. Au 19ème siècle, elle devient une
biologie, car elle ne considère plus une somme
séparée des espèces, mais une unité plus
profonde.
 Aussi, le vivant ne déroge pas aux lois générales
de la nature, on peut expliquer la spécificité du
vivant sans en faire un empire dans un empire
(organisation et adaptation), sans invoquer des
causes finales, sans recourir à des causes
naturelles, ni à l’intelligence de la nature mais
à partir du hasard et de la nécessité.
 On ne trouve pas ni chez l’un ni chez l’autre une
théorie fondamentale de l’hérédité, on ne sait
pas à l’époque comment les caractères se
transmettent : remise en cause de transmission
des caractères acquis plus tard, alors que ces
deux admettent cela.
II. Débats autour des idées d’évolution et de
sélection
 Dans la seconde moitié du 19ème siècle et début
20ème siècle, l’idée de Darwin est discutée. Le
seul endroit où on a considéré l’hypothèse de
Lamarck est en France, on pense de nos jours à
Darwin, même s’il reste peu de néo-Lamarckiens.
 Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, un
certain nombre d’auteurs ont essayé de transposer
aux sociétés humaines ce que Darwin avait dit des
espèces animales, cela donne lieu à un courant de
pensée, le darwinisme social.
A. Darwinisme social
 Au départ le darwinisme social, dans la deuxième
moitié du 19ème : idéologie puissante, mais
partagée.
Les principaux représentants sont en GB et aux
EU : Herbert Spencer (1820-1903), en France
Clémence Royer (1830-1902), et en Allemagne
Ernest Haeckel, qui ont popularisé l’idée de
Darwin. Royer a traduit la version de Darwin.
 Idée générale : comme dans la nature, il existe
chez les humains une compétition entre les
individus, seuls les plus forts survivent, elle
est nécessaire et bénéfique, car il y a des
inégalités entre les individus, et a pour effet
d’améliorer le niveau général de l’espèce quand
les plus forts survivent de génération en
génération ; donc il ne faut pas s’opposer à
cette sélection, il faut la laisser librement
s’exercer dans la nature.
1) Implications politiques de la « survie des plus
aptes » selon Herbert Spencer.
 Il adapte les idées de Darwin en politique et en
économie : il faut limiter au maximum toute
intervention de l’état, il doit se borner à la
police, la sécurité, l’armée. Chaque fois que
l’état outrepasse ce rôle, il empêche la
sélection des plus aptes (éducation des citoyens,
redistribution des richesses par les impôts).
 C’est une aberration et un désastre ; si les
pauvres sont pauvres, ce n’est pas le fruit du
hasard, c’est qu’ils ne sont pas doués. Vouloir
corriger ces inégalités, c’est inutile
(modifications à la marge seulement) et dangereux
(entrave les plus aptes et empêche le progrès
général de la société).
2) Implications morales du darwinisme selon
Clémence Royer.
 Elle s’inscrit dans le champ de la morale et de
l’éthique ; selon elle, un livre qu’elle a écrit
prouve la fausseté de la morale chrétienne qui
prône la charité envers les faibles et l’amour du
prochain. La morale républicaine prône l’égalité,
la solidarité envers les plus démunis. Cela est
faux (pas dans la nature de l’homme d’aider ou
d’aimer son prochain) et dangereux, (les pauvres
vivent plus longtemps une vie misérable, et on
aggrave la souffrance, augmentation du nombre de
pauvres et de la faiblesse des faibles)
 Ex Roman de Zola (non prolétaire), fin du 19ème
siècle, remontée de la révolution industrielle
décrit la montée du prolétariat dans
l’Assommoir : noces de prolétaires au 19ème
siècle, au Louvre.
 Ce genre de néologie est crée par les gens
craignant la dégénérescence de la société (les
bourgeois), avec l’inceste, la prostitution, la
misère.
 On risque de provoquer une dégénérescence et
décadence de la société si on empêche la
sélection naturelle de s’opérer car on
contrecarre l’élimination naturelle des
déficiences.
 Certains textes montreraient que Darwin déplore
le fait que la sélection ne se fait plus dans les
sociétés civilisés, qu’il y ait un certain nombre
de mécanismes pour corriger les inégalités, pour
obliger les gens à s’entraider, pour empêcher que
la richesse triomphe. Alors que l’objet premier
de Darwin n’est pas la société, car c’est un
biologiste.
 Dans la plupart des textes, il dit dans la
société humaine, la nature humaine a sélectionné
la civilisation, qui contribue à contrarier la
sélection naturelle, en lui substituant
l’éducation, le sens moral et les lois.
 Est-ce une application rigoureuse des idées de
Darwin ?
NON !
 C’est une idéologie scientifique, utilisation de
théories scientifiques mal comprises, pour
justifier des a priori, des croyances ou des
convictions ou des préjugés politiques ou moraux,
ou économiques.
 Car pour Darwin, la sélection s’opèrent sur des
différences individuelles (traits, caractères),
on est loin de la « sélection des plus aptes » de
Spencer (c’est Dame nature qui dans sa grande
sagesse trie les individus et tout ce qui n’a pas
l’air bien constitué, elle le laisse crever) qui
s’opère sur des individus.
 Pour Darwin on ne peut savoir a priori si ces
différences confèrent un avantage sélectif ou
pas.
 Ils pensent qu’ils contribuent à croire au
progrès, et que la nature agit de telle sorte à
améliorer la société, que si on s’opposent à son
action on va entraîner la décadence ou la
dégénérescence, et Darwin ne conçoit pas
l’évolution des espèces comme un progrès, il
parle de descendance avec modification. Pas un
bien, ni un mal, mais ça évolue, pour Darwin,
c’est hasard et nécessité.
B. La Sociobiologie.
 Rien à voir avec le darwinisme social, ici c’est
deuxième moitié du 20ème siècle.
1) Les thèses de Wilson (1929- ???) et Dawkins
(1941- ???)
 Traduit sous le terme du gène égoïste (1976) de R
Dawkins. La sociobiologie : nouvelle discipline,
qui relie les sciences humaines et les sciences
de la vie.
 Pour expliquer les comportements des animaux, on
recourt à des idées d’évolution : point de départ
de Wilson, c’est le problème de l’altruisme chez
les animaux, certains individus se sacrifient
pour les autres (les abeilles quand elles piquent
pour protéger le miel, perdent leurs organes
vitaux et meurent, ou cri d’alarme par les
oiseaux à la vue d’un prédateur).
2) Le « problème » de l’altruisme : comment
comprendre, dans le cadre de la théorie de
l’évolution (concurrence, lutte individuelle),
l’émergence de comportements d’entraide et de
coopération entre les individus ?
 Ces comportements apparaissent inexplicables dans
la théorie darwinienne (lutte féroce entre
animaux), avant la sociobiologie, l’explication
était que le sacrifice de quelqu’un permettait la
survie de l’ensemble du groupe.
 Mais ici, pour les sociobiologistes, de nombreux
phénomènes contredisent cette hypothèse. Wilson
dit que le fait qu’il y ait un sacrifice de
certains individus pour les groupes (le mâle
devient chef de clan et tue tous les
prédécesseurs) ne met pas en évidence la survie
de l’espèce.
 L’altruisme s’exerce vis-à-vis des individus qui
ont le même patrimoine génétique, qui sont
proches génétiquement, et virtuellement plus
aptes à avoir une descendance abondante, et
prolifiques, ex chez les fourmis, leur sacrifice
a pour effet de permettre une transmission et une
diffusion de leur patrimoine génétique.
 Ce n’est qu’une ruse employée par nos gènes pour
se transmettre et se multiplier : il s’explique
par l’égoïsme des gènes.
 Il n’y a pas sélection du plus apte, mais du plus
prolifique, et les individus n’ont aucune valeur
en eux-mêmes, ils ne sont que le support du
patrimoine génétique dont ils permettent la
transmission.
 On ne peut comprendre l’altruisme humain si on ne
le replace dans son histoire évolutive : pour les
sociobiologistes, l’origine de nos comportements
moraux (tenir la porte à quelqu’un qui entre), au
départ cela s’exerce vis-à-vis du frère, puis du
cousin, puis du voisin ; l’enjeu est que les
gènes se diffusent d’une manière ou d’une autre.
 Les sociobiologistes ne prescrivent pas de morale
(mieux vaut aider les voisins que l’étranger). Il
faut restituer les phénomènes par rapport à leur
origine (habitude d’entraide, de coopération
ayant une base naturelle ou évolutive)
 Ils sont antiques, anciens, ou possibles, ce
n’est pas une soumission à des lois abstraites.
 Cela a énervé les philosophes et les gens des
sciences humaines (réduction des phénomènes
psychiques, de la morale, à la nature).
C. Darwin et la Bible.
 Controverse actuelle, ouvrage qui sera mis en
place en 2009, qui fêtera le 50ème anniversaire de
la théorie de Darwin.
Aux Etats Unis, en 1981, Arkansas, loi d’Etat,
stipule qu’on enseigne dans les écoles publiques
de l’Arkansas, sur un pied d’égalité la science
de l’évolution.
 Hypothèse de l’évolution n’était pas un fait mais
une idée, avec celle de la création aussi donc il
fallait enseigner les deux aux jeunes
américains : d’après un sondage, pour 50% des
Américains, Darwin c’est faux.
 Procès 1981, car la loi contrevient au principe
de neutralité de l’Etat.
Conclusion
 A l’heure actuelle, on ne parle plus de
créationnisme mais d’intelligence design, la
nature a des buts.
Un livre raconte ce procès, l’Amérique entre la
Bible et Darwin, dans cette querelle, c’est le
fait de l’évolution. On veut savoir si Darwin
c’est une science ou pas, le darwinisme est une
science démontrable, on a fait venir des
épistémologues.
 On fait de Darwin un mythe moderne, comme
prodige, comme marxisme : on oublie les critiques
internes de la théorie par un bon nombre de
biologistes, à cause du fait de découverte de la
génétique et de mutation, évolution graduelle
remise en cause. On se ramenait ici à Cuvier
(idée de sauts).
 Au 20ème siècle Darwin a été réhabilité par des
biologistes, mais c’est un darwinisme
profondément remanié, on ne prend pas la première
édition de la nature des espèces, ils ont une
version actualisée du darwinisme et il y a des
débats internationaux pour savoir si c’est de la
structure interne des individus ou
l’environnement dont il est question.
 Si le darwinisme est important dans de plan de la
biologie, ce n’est pas simplement en raison de ce
qu’il affirmait, c’est aussi en raison des
nouveaux problèmes scientifiques qu’il soulevait.
Darwin a fait tout cela sans avoir un savoir
expérimental de l’hérédité.
L’hérédité est placée au centre de la
préoccupation des biologistes.
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