L`utilitarisme classique La croyance qui accepte

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Cours Poncet – Philosophie – M. Cieniewicz
L'utilitarisme classique
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La croyance qui accepte comme fondement de la morale l’utilité ou le principe du
plus grand bonheur soutient que les actions bonnes le sont en proportion de leur tendance à
favoriser le bonheur et que les mauvaises le sont en tant qu’elles tendent à produire le
contraire du bonheur. Par bonheur, il faut entendre le plaisir et l’absence de souffrance et par
malheur il faut entendre la souffrance et l’absence de plaisir. Pour donner une vision claire
du critère moral établi par la théorie, il faudrait en dire davantage, en particulier dire quelles
choses sont comprises dans les idées de plaisir et de souffrance et dans quelle mesure la
question demeure ouverte. Mais ces explications supplémentaires n’affectent pas la
conception de la vie sur laquelle cette théorie morale se fonde, à savoir que le fait
d’éprouver du plaisir et d’être affranchi de la souffrance est la seule chose désirable comme
fin, et que toutes les choses désirables (qui sont aussi nombreuses dans l’utilitarisme que
dans tout autre système) le sont soit par le plaisir qui leur est inhérent, soit comme moyens
pour favoriser le plaisir et empêcher la souffrance.
John Stuart MILL, L'utilitarisme, 1871.
L'utilitarisme contemporain
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La capacité à souffrir – ou plus précisément, à souffrir et/ou à éprouver le plaisir ou
le bonheur – n'est pas simplement une caractéristique comme une autre comme la capacité à
parler ou à comprendre les mathématiques supérieures. [...] Quand [Bentham] dit que nous
devons considérer les intérêts de tous les êtres capables de souffrir ou d'éprouver du plaisir,
il n'exclut de façon arbitraire du bénéfice de la considération aucun intérêt du tout –
contrairement à ceux qui tracent la ligne en fonction de la possession de la raison ou du
langage. La capacité à souffrir et à éprouver du plaisir est une condition nécessaire sans
laquelle un être n'a pas d'intérêts du tout [...]. Une pierre n'a pas d'intérêts parce qu'elle ne
peut pas souffrir. Rien de ce que nous pouvons lui faire ne peut avoir de conséquence pour
son bien-être. La capacité à souffrir et à éprouver du plaisir, est, par contre, une condition
non seulement nécessaire, mais aussi suffisante, pour dire qu'un être a des intérêts – il aura,
au strict minimum, un intérêt à ne pas souffrir. [...]
Si un être souffre, refuser de prendre cette souffrance en considération n'est pas
justifié moralement. Peu importe la nature de cet être, le principe d'égalité exige qu'on
prenne en considération sa souffrance comme celle de n'importe quel autre être pour autant
qu'une telle comparaison soit admise. Si un être n'est pas susceptible de ressentir de la
douleur ou de faire l'expérience du plaisir et du bonheur, il n'a rien en lui qui doive être pris
en considération. C'est pourquoi notre intérêt pour autrui ne peut avoir d'autre limite
défendable que celle de la sensibilité – pour utiliser un terme pratique [...] qui exprime à lui
seul la capacité de souffrir et de ressentir du plaisir ou de la joie. Choisir des critères, tels
que l'intelligence et la raison, pour rendre cette limite manifeste serait arbitraire. Pourquoi
sinon ne pas choisir d'autres critères comme la couleur de peau ?
Peter SINGER, La libération animale, 1975.
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