The different leels of Acupuncture

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Les Différents Niveaux de l’Acupuncture
Est-ce que je parle de qualité ou de quantité? S’agit-il du nombre d’heures d’études ou des années
de pratique?
Est-ce que je fais allusion au nombre de minutes (ou d’heures ?) que le praticien passe avec son
patient ? A la différence entre la virtuosité d’un manipulateur d’aiguilles – pour autant qu’une telle
personne existe encore et applique ce genre de technique dans son cabinet de consultation, ou
bien l’insertion simple d’une aiguille dans un point ou une région ?
Est-ce que je pense à une évolution historique progressive menant à un système technique
unanimement accepté ?
En posant ces questions je suggère la réponse, qui dépendra de la perspective, de l’approche,
de la compréhension, de l’appréciation de ce que nous faisons et, peut-être, pourquoi nous le
faisons.
Mais, d’abord, pourquoi diable toutes ces questions? Et pourquoi est-ce que je ressens la
nécessité, l’urgence même, de pareilles interrogations ?
Je demande l’indulgence pour cette manie de trop souvent parler de moi, car je dois
mentionner mon premier contact avec le monde de l’acupuncture, mais il est possible de le
considérer comme un point de départ d’un processus de réflexion que je n’ai jamais cessé de
stimuler, et qui j’espère déclenchera peut-être chez vous une dynamique similaire.
Aussi devons-nous retourner en arrière, jusqu’en 1955. Toutefois j’ai déjà raconté ce moment
ailleurs, cette rencontre avec ma tante-cousine qui avait connu Soulié de Morant. Elle
pratiquait ce que j’appelais l’acupuncture (ou plutôt l’acupressure) de salon. Pendant ou après
les repas, chaque fois qu’un invite, ou un membre de la famille, se plaignait d’un mal de tête,
ou d’une douleur, ou d’un sentiment d’inconfort dans telle ou telle partie de son corps
(atteignable sans heurter les convenances), elle avait coutume d’entraîner cette personne dans
un coin et, avec ses ongles longs, rouges et pointus, elle massait tranquillement un ou deux
points pendant cinq minutes, soulageant souvent cette personne de sa plainte, qui bien sûr
n’était pas très grave. Et tout le monde trouvait cela normal, et c’est ainsi qu’elle m’apprit la
théorie de l’acupuncture. Était-ce parce qu’elle était belle et fascinante, ou était-ce ma
destinée, mais c’est alors que je décidai d’apprendre l’acupuncture. J’avais 14 ans.
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Des années plus tard je découvris des livres qui proposaient la recette d’un point unique pour
traiter un symptôme ou une maladie: E-36 pour la fatigue, F-3 pour la tension, V-12 pour une
attaque de Froid, VC-22 pour une crise d’asthme, Yin Tang pour des problèmes de respiration
par le nez, VC-4 pour la gonorrhée (Aïe, c’est là que ça dérape), VB-20 pour le mal de tête,
etc.
Dans le Compendium d’Acupuncture, le Zhenjiu Dacheng, Yang Jizhou parle des 14 points
de Ma Danyang, des quatre points maîtres. Les japonais ont mis sur pied le système de
Shiatsu et il y a quelques décennies on écrivait des livres sur le Daoyin, un auto-massage des
points d’acupuncture ou de petites zones, etc.
Tout ceci relevait de l’expression d’un rêve: celui qui consistait à utilise le moins de points
possible, éventuellement un seul point qui viserait, ou bien seulement un symptôme, mais
peut-être également une configuration de symptômes, ou un schéma pathologique.
Quelle est l’origine de cette tendance ? Dans de nombreux livres anciens, et dans la plupart
des manuels modernes, on trouve des listes de points et, pour chaque point, une liste
d’indications, parfois deux ou trois, mais cela peut monter jusqu’à des dizaines d’indications.
Quelles sont les origines de ces indications ? Il y en a bien sûr beaucoup.
1. Observation, pratique, expérience, répétées et enregistrées, vérifiées selon divers degrés
de pensée rigoureuse. Ceci représente la force de l’acupuncture, le noyau de base commun
à tous les niveaux.
2. L’introduction du raisonnement clinique, utilisant les divers systèmes de référence,
comme les relations entre les méridiens et les points d’une part, la pathologie des trajets
des méridiens, la pathologie organique ou fonctionnelle de l’autre, en même temps que les
vastes responsabilités fonctionnelles de chaque organe vis-à-vis des tissus, des organes
des sens, des Substances Fondamentales, ou de larges fonctions synthétiques impliquant
les mécanismes de tout l’organisme. Nous avons ici une thérapie réflexe compréhensible,
des observations cliniques reliées entre elles, et parfois de conclusions qui sont des
extensions abusives ou des conclusions forcées.
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3. L’interférence et l’application de raisonnements abstraits, utilisant la règle des Cinq
Eléments, les relations cosmiques entre Yin et yang, les mystères du Livre des Mutations
et ses hexagrammes fascinants, les modifications à travers le temps, comme l’exemple de
la détermination du point en fonction de l’heure du jour, du mois ou de l’année en utilisant
le calendrier chinois, ou la numérologie attrayante et le pourvoir symbolique des nombres.
Ou sont les limites entre 1 et 2, ou entre 2 et 3? Jusqu’à quel point notre pensée et nos
connaissances modernes peuvent-elles étirer une acceptation logique, et quand surgit le
sentiment qu’on est allé trop loin ? Mon but n’est pas de répondre à toutes ces questions,
parce que j’en suis bien incapable, laissant aux générations futures de cliniciens et de
penseurs d’éclairer quelque peu les la complexité de ces groupes entremêlés.
Mais retournons à la profusion d’indications pour chaque point. Lors de nombreux traités ou
manuels sont d’accord, et donc que de nombreuses observations et raisonnements arrivent aux
mêmes conclusions, alors un point se trouve attribué une ou plusieurs indications, devenant le
meilleur point pour tel ou tel symptôme ou état . C’est probablement ici qu’a surgi le rêve de
n’utiliser qu’un seul point.
Toutefois ce système ne peut être généralisé à cause de la complexité de chaque état
pathologique individuel.
D’abord parce qu’un symptôme est rarement seul ou isolé. Il est presque toujours accompagné
d’autres signes, créant un schéma pathologique, pour lequel l’utilisation d’un seul point
mènerait à l’échec.
Deuxièmement parce qu’un symptôme peut être l’expression de divers schémas
pathologiques: une céphalée peut être un signe de gueule de bois, d’une tumeur au cerveau,
d’une névralgie d’Arnold, d’hypertension. Ici encore l’utilisation d’une seule aiguille n’aurait
pas de résultat.
Cependant parfois, mais pas souvent, dans des cas simples et pas graves, la stimulation d’un
point pourrait avoir des résultats positifs.
Mais ce qui est apparu au cours des siècles c’est la notion de point principal, ou de points
principaux, ou de points plus importants et efficaces, accompagnés par des points secondaires,
l’ensemble dépendant de la variété des symptômes et de leur hiérarchie en signification
respective ou en urgence.
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C’est ce qu’on appelle combinaison de points, et représente la pensée fondamentale de tous
les praticiens.
Cela ne veut pas dire que tous les praticiens pensent de la même façon :
1. Certains utilisent des formules rigides pour des schémas similaires, qu’ils soient définis
d’après la médecine modern ou la médecine chinoise.
2. Certains utilisent des formules semi-rigides, qu’ils adaptent à chaque cas, ajoutant ici et là
quelques points pour se conformer aux différences entre les configurations de symptômes.
3. Et certains utilisent des combinaisons individuelles pour chaque patient à chaque moment
de l’évolution de la maladie.
Encore une fois les limites entre ces groups ne sont pas claires, et de nombreux praticiens
passent d’un groupe à l’autre selon la complexité de l’affection du patient.
Pour ajouter à cette confusion, lorsqu’on décide des points à utiliser, on se réfère à plusieurs
sources: sans vouloir entrer dans trop de détails, on peut discerner différentes sortes de
sources.
1.
Ceux qui sont de manière évidente, directement ou indirectement, en relation avec
l’innervation segmentaire : les points Shu du Dos, quelques uns parmi les points MU, certains
points importants sur les membres, comme GI-4, MC-6, E-36 ou V-40.
2.
Bien sûr la plupart des points locaux, points A Shi ou points gâchettes, qui s’appuient
également sur une stimulation neurologique réflexe.
3.
Les points Hors-Méridiens, certains supportés par une logique neurologique, d’autres
plutôt douteux d’un point de vue moderne.
4.
Ce qu’on appelle les Points Nouveaux, dont certains on été utilisés sans savoir qu’ils
avaient un nom, la plupart très discutables ou fantaisistes.
5.
Tout un groupe de points à dénomination spécifique: Yuan – source, Luo –
collatéraux, Xi – d’urgence, Maitres, Influençant, Clefs, Secrets, Tonification, Dispersion, de
Cinq Eléments, Fenêtre du Ciel, Barrières, Fantômes, empiriques – oui, empiriques. Ici le
choix des points devient critique, car dans chaque groupe de points on en trouve qu’on utilise
souvent parce qu’ils sont efficaces, et d’autres ne sont jamais utilisés.
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6.
Un groupe de points utilisés parce que leur idéogramme fait allusion à une action
thérapeutique, comme disperser le Vent, renforcer le Qi, soutenant le Sang ou harmonisant la
circulation des Liquides Organiques.
7.
Enfin in groupe de points qui trouvent leur justification dans l’intégration de
l’acupuncture dans le système médical chinois, et l’application de raisonnements traditionnels
pour des schémas thérapeutiques
Quelles règles faut-il suivre ? A quel niveau appartenons-nous ? Ne sommes nous pas
confrontés à une torture intellectuelle, une tache impossible ? De nombreux praticiens
s’accrochent à la règle de base : « choisir les points en fonction de l’endroit et du méridien »,
en utilisant des points locaux, régionaux et éventuellement éloignés. Ils soignent surtout des
pathologies du système locomoteur. Est-ce de l’acupuncture. Bien sûr, meme dans sa forme la
plus simple, comme l’utisation des trios aiguilles de l’épaule, ou les points importants pour
une névrlgie sciatique.
D’autres praticiens vont essayer d’influnecer des pathologies fonctionnelles en utilisant un
mélange de points venant des groupes cités plus haut, ou bien comme des recettes rigides, ce
que d’aucuns appellent avec mépris l’acupuncture de « cuisine », ou des formules plus
adaptables dépendant des cas individuels. Est-ce de l’acupuncture ? Bien sûr. Est-ce de la
meilleure acupuncture? Pouvons-nous affirmer qu’elle est d’un niveau supérieur ? Pour les
tenants de l’acupuncture appelée traditionnelle, oui. Pour les tenants de l’acupuncture dite
scientifique il y a des doutes, et avec raison, à cause du cocktail de points, de la variété des
justifications, et parfois les contradictions inhérentes à leurs choix.
Toutefois les praticiens obtiennent des résultats, que ce soit à cause du choix des points, de la
relation spéciale entre le praticien et le malade, la psychothérapie minimale, et bien sûr l’effet
placebo, bien que ce dernier argument ne m’impressionne pas parce qu’il existe partout en
médecine, pas seulement en acupuncture.
Alors, de l’acupuncture « de salon », peut-être comparée à un agréable verre d’eau froide et
rafraichissante offerte par une main attentive lorsqu’on a soif, nous sommes arrivés à
l’acupuncture cocktail : whisky soda, dry martini, tequila sunrise ou Singapore sling,
manifestement un bon remède pour soulager les tensions dans une foule mondaine, l’anxiété
d’avoir à parler à tant de gens, se souvenir de leurs noms, être poli avec tout le monde,, ne pas
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baiser la main des hommes ou donner une tape vigoureuse dans le dos des dames, ne pas
demander à un homme sa marque de rouge à lèvres ni à une dame son âge réel. Discret ou
exubérant, silencieux ou bavard, souriant ou riant, il y a tant de règles à suivre.
Comment avons-nous appris cette attitude sophistiquée ? Par l’étude, l’éducation, la pratique,
l’expérience. Il en est de même pour l’acupuncture. Mais un niveau est-il meilleur que
l’autre ? Y a-t-il vraiment plusieurs niveaux ? Cela ne dépend-il pas finalement de
l’inclination de chaque praticien, et de son habileté à être efficace en soignant ses patients ?
Quelques réflexions pour, peut-être, le bénéfice des médecins acupuncteurs futurs…
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