La transformation économique de l`Afrique passera par des

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 La transformation économique de l’Afrique passera par des investissements justes et éthiques Par Stephen Yeboah La mine Ahafo, située dans une forêt dense au centre du Ghana, est exploitée par Newmont Gold Ghana Limited (NGGL), une filiale de l’entreprise américaine Newmont Mining Corporation. Lorsque j’ai visité la région en février 2014, les communautés en charge du site m’ont semblé bien modestes par rapport à l’ampleur des revenus de NGGL : 528 millions de dollars US en 2009, environ 10 % des exportations totales du Ghana et 4,5 % de ses investissements directs étrangers. La situation de Newmont au Ghana illustre le rôle économique essentiel que jouent les investissements étrangers en Afrique, notamment ceux des entreprises américaines. Elle témoigne également des bénéfices considérables réalisés par les investisseurs étrangers. En dépit des investissements massifs réalisés en Afrique, la pauvreté y est cependant généralisée, les systèmes éducatifs et de santé sont insuffisants, et des millions d’enfants souffrent de la faim. Comment expliquer un tel écart ? Il est dû en partie au fait que de nombreux investissements ne sont pas réalisés de façon transparente et responsable. Cela entraîne des pertes d’argent considérables pour l’Afrique. La nécessité de réaliser des investissements justes, éthiques et mutuellement bénéfiques devra être au cœur des discussions du sommet États-­‐Unis – Afrique, un événement historique qui réunira 50 dirigeants africains à Washington DC, du 4 au 6 août 2014. C’est la première fois qu’un président américain en exercice invite autant de chefs d’État et de gouvernement africains, et l’occasion d’établir quelques règles de base en faveur d’investissements éthiques qui profiteront au plus grand nombre d’Africains. La croissance de l’économie africaine est l’une des plus rapides du monde, avec un taux de croissance moyen de 5 % par an. La région possède de surcroît des ressources naturelles et humaines en abondance et constitue un prodigieux terrain d’investissement. De nos jours, les investissements directs étrangers (IDE) représentent la plus grande source de capital privé en Afrique. La part des projets d’IDE du continent -­‐ qui est passée de 774 en 2012 à 750 en 2013 -­‐ a atteint un nouveau record au cours de la dernière décennie. L’Afrique dépend aujourd’hui beaucoup moins de l’aide humanitaire qu’il y a dix ans. Cependant, une grande partie de ces investissements cible des secteurs qui ne contribuent pas nécessairement à améliorer l’existence des populations. Les secteurs pétrolier, gazier et minier ont tendance à opérer en vase clos, sans liens réels avec l’économie locale. Qui plus est, l’Afrique fait souvent l’objet d’investissements contraires à l’éthique qui entravent les efforts en faveur de la croissance inclusive, de la réduction de la pauvreté et de l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. On estime par exemple que l’Afrique perd chaque année 5,7 % de son PIB en flux financiers illicites, essentiellement en raison de la fraude fiscale. Le rapport 2013 sur les progrès en Afrique, intitulé Équité et industries extractives en Afrique : pour une gestion au service de tous, révèle comment ces pratiques privent les gouvernements des régions africaines riches en ressources de milliards de dollars pour soutenir le développement. L’agriculture et la pêche souffrent d’un sous-­‐investissement chronique et d’investissements contraires à l’éthique. D’après le Rapport 2014 sur les progrès en Afrique, Agriculture, pêche et capitaux : comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique, on estime que le pillage des ressources halieutiques et forestières en raison de la corruption et d’investissements sans scrupules fait perdre à l’Afrique de l’Ouest 1,3 milliard de dollars, sans compter les 17 milliards de dollars US perdus suite aux activités d’exploitation forestière illicites. Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations Unies et président de l’Africa Progress Panel ajoute que « le pillage des ressources naturelles est du vol organisé sous couvert de commerce. » L’Afrique doit transformer son économie afin que la croissance bénéficie à tous et réduise la pauvreté et les inégalités. Une telle transformation passe nécessairement par les investissements, mais seulement s’ils sont transparents et justes. Les investissements éthiques dans l’agriculture sont particulièrement importants, car le potentiel de ce secteur est considérable. Étant donné que les deux-­‐tiers des Africains sont dépendants de l’agriculture, stimuler la production agricole est un moyen très efficace de réduire la pauvreté et les inégalités. « Nous devons considérablement renforcer les secteurs de l’agriculture et de la pêche, car ils fournissent des moyens d’existence à près de deux-­‐tiers des Africains », a déclaré M. Annan. 
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