Afrique / Economie / Bilan 2011

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Afrique / Economie / Bilan 2011
Afrique 2011 : En route vers la croissance
MFI / 27.12.11) Tributaire de la stabilité politique, le développement économique
de l’Afrique subsaharienne semble avoir trouvé son rythme de croisière face à la
mondialisation. Avec des exceptions notables liées aux aléas climatiques comme
dans la Corne de l’Afrique ou la situation de violence en RDC.
L'économie subsaharienne s'est rapidement développée depuis le milieu des années
1990, la croissance atteignant en moyenne 4,6 %. Si la crise financière de 2008 qui a
plongé le monde développé dans la récession a aussi porté un coup dur à l'Afrique
subsaharienne, celle-ci a vite rebondi dans la reprise. Quelque 17 pays de la région,
dont douze à bas revenu, ont enregistré en moyenne un taux de croissance supérieur à
5 %, les pays riches en ressources naturelles ayant accusé une croissance de 6 %, à
l'exemple du Nigeria et de l'Angola.
« Tigres asiatiques » et « Lions africains »
L'amélioration des conditions du commerce international, la multiplication des
échanges internationaux, l'élan du secteur tertiaire, l'afflux d'investissements et les
progrès scientifiques et technologiques ont contribué à ce boom économique comme la
souligne l’hebdomadaire britannique « The Economist » qui se montre
particulièrement optimiste. De 2001 à 2010, parmi les pays et entités économiques qui
ont vu leur économie se développer le plus rapidement au monde, six se trouvaient en
Afrique : Angola, Nigeria, Ethiopie, Tchad, Mozambique et Rwanda, écrit la revue.
Evoquant le « Dragon chinois », l' « Eléphant indien » et les « Tigres asiatiques », elle
parle de « Lions africains », évoquant un taux de croissance de 7 % en Afrique dans
les vingt années à venir, ce qui dépasserait celui de l'Asie. De son côté, le Fonds
monétaire international (FMI) estime que le taux de croissance économique des pays
de l'Afrique subsaharienne pourrait atteindre 6,5 % cette année contre 5,4 % en 2010.
Ne pas passer à côté des opportunités qu’offre l'histoire
Mais des voix plus mitigées se font aussi entendre quant aux perspectives de
développement de l'économie africaine. Le Rapport sur le progrès de l'Afrique en
2011, publié par un groupe d'études économiques et sociopolitiques dirigé par l'ancien
secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, avertit qu'une croissance de faible
qualité et une tension sociale non maîtrisée remettraient en cause le développement
durable et que l'Afrique risquerait ainsi de passer à côté des opportunités que lui offre
l'histoire. Ainsi certaines analyses d’experts africains tempèrent l'optimisme engendré
par la consolidation de la reprise économique en particulier dans la zone CEMAC,
surtout quand on jette un regard sur ce que sera l'année 2012 avec une probable
augmentation des prix des denrées de première nécessité alimentaire et de l'énergie.
« Lorsqu'on sait que l'Afrique centrale est une région scandaleusement riche, située
dans le golfe de Guinée avec tout ce que cela regorge comme richesses halieutique et
pétrolière, avec la découverte dans la plupart des pays d'Afrique centrale de gisements
importants de pétrole, il ne nous est pas tout à fait interdit de projeter des risques
importants pour cette sous-région si la direction politique au plus haut niveau ne tient
pas compte effectivement de l'aspiration longtemps exprimée des citoyens à avoir un
niveau de vie acceptable », souligne l’un de ces experts.
Une des solutions au décollage économique pourrait venir de Chine, partenaire
incontournable de l’Afrique. Une coopération économique et commerciale renforcée
entre la Chine et l'Afrique aidera les deux parties à accélérer leur croissance
économique et à résister aux effets de la crise de la dette de la Zone euro, ont ainsi
affirmé récemment des analystes chinois. Zhang Jin, chercheuse à l'Institut des études
africaines de l'Université normale du Zhejiang (Chine), a indiqué dans un rapport
soumis au Forum des groupes de réflexion Chine-Afrique que les pays africains qui
dépendaient fortement du marché européen s'efforçaient actuellement d'élargir leurs
relations commerciales avec les marchés émergents, dont la Chine, en raison de la
diminution continue des commandes européennes.
Vers une montée de l'inflation en Afrique ?
La crise de la dette européenne va conduire à une montée de l'inflation en Afrique. Les
dévaluations du dollar américain et de l'euro auront de multiples effets sur les pays
africains, car le dollar constitue une partie importante de leurs réserves en devises
étrangères, a estimé Zhang Jin. Si certains Africains souhaitent moduler le taux de
change du franc CFA qui a une parité fixe avec l’euro, garantie par le Trésor français,
une dévaluation ne semble pas être à l’ordre du jour. « Le marché africain, qui dépend
encore largement de l'exportation de produits de base et de matières premières, est
plus vulnérable à l'instabilité de l'économie européenne et mondiale. Le renforcement
de la coopération avec la Chine aidera l'Afrique à résister aux effets d'une telle crise
économique », a souligné Zhang Jin.
Avec une croissance globale estimée à 5 % pour 2011, contre 4,7 % en 2010, l'Afrique
poursuit sur une courbe ascendante l'amélioration de sa croissance. Les perspectives
s'annoncent tout aussi favorables pour 2012, selon la Commission économique des
Nations unies pour l'Afrique (CEA), qui fait état de faibles risques de répercussion de
la crise de la Zone euro. « Les risques existent. Mais il est possible qu'ils s'avèrent
relativement minimes, dans la mesure où la croissance des pays africains est en
grande partie portée par la demande en matières premières, demande qui provient
surtout des pays émergents », a récemment souligné Emile Ahohe, directeur du bureau
sous-régional de la CEA pour l'Afrique centrale.
La Chine et l'Afrique ont besoin de coopérer et de promouvoir le développement
commun, en dépit des incertitudes qui persistent quant au rétablissement de l'économie
mondiale, a déclaré pour sa part le ministre chinois du Commerce, Chen Deming, au
cours d’un Symposium de haut niveau sur l'Investissement et la Coopération ChineAfrique. Fin 2010, les investissements cumulés de la Chine en Afrique ont atteint
environ 40 milliards de dollars, dont 13 milliards de dollars d'investissements directs
dans plus de 2 000 entreprises de 50 pays africains, a précisé le ministre.
Marie Joannidis
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