12 La Tour Info n° 3 – Novembre 2004 Troubles du rythme cardiaque Quand le cœur lambine ou galope G ros comme le poing, votre coeur pompe chaque jour quelque 8000 litres de sang. Multipliez par votre espérance de vie et vous obtenez presque 250 millions de litres aspirés et refoulés sans que vous y preniez garde. À son rythme normal, le brave petit muscle se fait oublier. Cependant, il s’affranchit de cette allure de croisière quand vous le sollicitez par l’effort ou l’émotion. Pour certains d’entre nous, par l’âge ou la maladie. Exemple : le rythme trop lent de nombreux aînés. L’insuffisance consécutive de l’irrigation sanguine peut entraîner des troubles qui vont de l’étourdissement à la perte de connaissance. Heureusement, après la pharmacologie pour les cas bénins, l’implantation d’un stimulateur apporte une solution radicale. Autre trouble courant : la fibrillation de l’oreillette. Les symptômes sont variables et parfois angoissants. Pourtant, pas de panique ! Relativement bénigne, elle se traite par une panoplie de soins, depuis les médicaments jusqu’à l’intervention légère. Propos recueillis auprès du Dr Marc Zimmermann 5 Une fois les cathéters introduits dans le cœur, ceux-ci permettent l’enregistrement de l’activité électrique du cœur (électrocardiogramme) de l’intérieur même du cœur. C’est grâce à cette technique que l’on peut établir un diagnostic précis de bon nombre d’arythmies cardiaques et que l’on peut, dans certains cas, intervenir à l’endroit où se produit l’arythmie pour l’éliminer (cautérisation de l’endroit responsable de l’arythmie par radiofréquence). La Tour Info n° 3 – Novembre 2004 5 Passation de pouvoir à l'unité de cardiologie noninvasive entre le Dr Bloch et le Dr Zimmermann. Différents modéles de stimulateurs cardiaques. 6 Le stimulateur cardiaque Grand miracle ordinaire L 13 e poids des ans n’est pas la seule cause de bradycardie, ou rythme cardiaque ralenti. Pour les grands sportifs, elle représente même un excellent signe d’adaptation. Cependant, chez les personnes au-delà de 60 ans, elle peut manifester une altération de la zone de stimulation située dans l’oreillette droite du cœur. La pose d’un stimulateur artificiel (pace maker) apporte une solution dont l’efficacité, la sécurité et la simplicité expliquent le succès. Dans nos pays évolués, environ une personne sur mille en bénéficie chaque année. Inventé voici presque cinquante ans, mais considérablement perfectionné depuis, un petit boîtier truffé d’électronique est implanté sous la peau. Une simple anesthésie locale suffit. Une sonde (petit câble électrique) part du boîtier pour aboutir dans la zone du cœur à stimuler : le plus souvent, le ventricule droit. Parfois, deux sondes sont nécessaires, une pour l’oreillette droite, l’autre pour le ventricule droit. Mais la pile ? Située dans le boîtier, elle s’use, objecterez-vous. En effet, il faut la changer tous les sept à dix ans. Acte chirurgical ultra-simple, son remplacement ne doit pas être écarté, par exemple à cause du grand âge. Le stimulateur continuera de prolonger la qualité de vie (et la vie elle-même) dans une mesure autrefois interdite aux personnes atteintes de ralentissement du rythme et même de certaines insuffisances cardiaques. Chaque année, le service de Cardiologie de l’hôpital de La Tour met en place 80 stimulateurs cardiaques. Troubles du rythme cardiaque 14 La Tour Info n° 3 – Novembre 2004 Troubles du rythme cardiaque Fibrillation auriculaire Arrêtez la chamade ! « Docteur, j’ai des palpitations ! Mon cœur bat la chamade. » Que le médecin se garde de prononcer le mot de fibrillation, car la fibrillation ventriculaire a une réputation déplorable et malheureusement méritée. Nous parlons ici de la fibrillation de l’oreillette, de loin la plus fréquente. Rappelons que le cœur est composé de quatre cavités. Au sommet, les deux oreillettes reçoivent le sang veineux. Au-dessous, les deux ventricules l’éjectent vers les artères. Trouble du rythme fréquent chez les personnes âgées, parfois chez certains jeunes, des contractions anarchiques des oreillettes retentissent sur celles des ventricules qui s’accélèrent et deviennent irrégulières. La moitié des malades ne ressentent rien. Les autres se plaignent d’angoisse, de palpitations et d’oppression. Dans les cas les plus sérieux, le médecin s’empresse de ralentir le cœur par l’injection de médicaments anti-arythmiques. Autre solution, un choc électrique externe sous anesthésie. Pour éviter les complications (formation d’un caillot), le médecin administrera également un anticoagulant. Reste à rétablir un rythme permanent normal. De nombreux médicaments le permettent. Ils sont administrés pendant quelques jours. Pour les cas rebelles, toute la vie. La Tour Info n° 3 – Novembre 2004 15 Solutions récentes Ablation endocavitaire. Voici un moyen thérapeutique qui révolutionne le traitement de certains troubles du rythme, notamment les tachycardies dites “jonctionnelles” (jonction électrique entre l’oreillette et le ventricule). Dans la plupart des cas, il évite la prise au long cours de médicaments antiarythmiques. Les affections graves (plus de 200 pulsations par minute), parfois chez des sujets jeunes, sont justiciables de cette technique. Le médecin introduit un cathéter jusqu’à la zone malade du cœur en suivant le cheminement par radioscopie. L’extrémité du cathéter est composée d’une électrode en platine. Un courant à haute fréquence la chauffe à une température suffisante (50 à 65º) pour brûler la voie anormale qui est responsable du court-circuit, parfois avec grande précision une structure pathologique limitée, en général le nœud auriculo-ventriculaire qui assure la conduction électrique de l’oreillette au ventricule. Taux de réussite très élevé, les rares cas partiellement rebelles étant repris par la médication. Depuis peu, l’ablation peut même permettre de guérir de la fibrillation auriculaire en s’attaquant au foyer même de l’arythmie. 5 Exploration électrophysiologique endocavitaire : L’examen est réalisé en salle de radiologie, une anesthésie locale et un/plusieurs cathéters sont introduits par la veine fémorale jusqu’au cœur.