innovation l’oreillette sont engendrés par des foyers et de micro-circuits au sein même de l’oreillette gauche, va progressivement se déformer et dilater. Les causes de la fibrillation, quand elles ne sont pas liées à une pathologie propre, sont le vieillissement mais aussi toutes les cardiopathies, telle que l’hypertension artérielle, qui peuvent entraîner un remaniement de l’oreillette. Un taux de succès de 90 % Si les deux cas sont susceptibles d’être traités par radiofréquence, le CHU de Poitiers réserve cette technique, pour le moment, au traitement de la fibrillation paroxystique. La raison est essentiellement liée au taux de succès. Celui-ci s’élève à 90 % alors que celui de la fibrillation permanente atteint à peine 60 %. L’efficacité du traitement par radiofréquence pour les fibrillations paroxystiques est telle que les sociétés française et européenne de cardiologie positionnent cette technique en deuxième intention dans l’arsenal thérapeutique des fibrillations auriculaires. Mais elle n’est pas forcément systématique : «Il faut bien comprendre que c’est une technique invasive, souligne le docteur Le Gal. Même si les complications sont rares, de l’ordre de 1 %, elles existent malgré tout : perforation de l’aorte ou de l’oreillette ou encore accident vas- culaire. Nous l’appliquons après un ou deux échecs thérapeutiques médicamenteux chez des patients qui restent symptomatiques – les thérapies médicamenteuses sont en moyenne efficaces à 60 % – sujets plutôt jeunes, sans pathologie associée du type diabète ou hypertension artérielle.» L’objectif de la technique dite de l’ablation par radiofréquence est de restaurer le rythme sinusal en isolant les veines pulmonaires qui sont les sources de l’arythmie. Cette intervention se fait sous anesthésie générale en bloc opératoire. Concrètement l’opération se déroule en plusieurs étapes. La première consiste à monter des cathéters par les veines jusque dans l’oreillette droite. A ce niveau, le nouveau système de cartographie, moins irradiant pour le patient et le cardiologue, offre, grâce à une fusion des images de scanner réalisées en amont à celles enregistrées en salle d’opération, une vision en trois dimensions qui facilite la navigation. D’autant que celle-ci doit être très précise. «En effet, l’étape suivante consiste après avoir atteint l’oreillette droite à perforer la membrane foramen ovale pour se retrouver dans l’oreillette gauche où se trouvent les foyers à traiter. Pour cette dernière étape, nous utilisons la radiofréquence, sorte de bistouri électrique, pour cautériser les orifices des veines 13 pulmonaires dont l’activité électrique a été repérée au préalable par la cartographie.» L’intervention dure entre 2 heures à 6 heures. Elle est sans douleur pour le patient qui ne reste que 48 heures à l’hôpital. Le bénéfice est instantané. «Le patient arrêtera toute prise de médicaments anti-arythmiques dans les trois mois. Ce qui est véritablement un bienfait pour ce dernier car les effets secondaires des thérapies médicamenteuses sont fréquents : effets thyroïdiens, effets cutanés, troubles musculaires…» Dans les trois mois qui suivent l’opération des rechutes d’arythmie sont possibles, «mais il n’y a pas d’inquiétude à avoir, rassure le docteur Le Gal. Les zones sur lesquelles nous sommes intervenus peuvent continuer à se manifester. C’est pourquoi nous établissons un suivi du patient à un mois, à trois mois et un dernier à six mois.» Après quelques semaines d’application de la technique, les deux docteurs estiment pouvoir prendre en charge aux alentours de 350 patients sur cinq ans. «Plus nous avancerons dans l’expertise plus nous serons compétents dans la mise en œuvre de cette technique. Il n’est donc pas exclu que nous soyons amenés à élargir les indications de radiofréquence, en particulier à certaines fibrillations auriculaires permanentes», conclut le docteur Degand. n CHU magazine - N° 56 - Juin 2008