DOSSIER THÉMATIQUE Gériatrie La presbyacousie Presbycusis I. Mosnier*, D. Bouccara ** L a presbyacousie résulte d’un ensemble de processus moléculaires, histologiques et physiologiques qui accompagnent l’avancée en âge. Il s’agit d’un processus normal, lié à la perte de cellules sensorielles et de fibres nerveuses, et à l’altération de différents éléments impliqués dans l’audition normale, en particulier vasculaires. Il existe une grande variabilité interindividuelle quant à l’âge de début et à l’évolutivité de la presbyacousie. Les principaux facteurs expliquant cette variabilité sont l’exposition au bruit et une prédisposition génétique (1). Les études épidémiologiques de 2010 montrent que les sujets âgés de plus de 60 ans représentent en France 22,6 % de la population – 8,8 % étant âgés de plus de 75 ans – et que ce chiffre devrait atteindre 30,6 % en 2035 (source Insee). La prévalence globale de la presbyacousie étant de l’ordre de 30 % à partir de 60 ans, son diagnostic et sa prise en charge représentent des enjeux majeurs de santé publique. Physiopathologie Les lésions anatomo-pathologiques impliquées dans la presbyacousie sont à la fois périphériques et centrales. Les travaux de H.F. Schuknecht restent fondamentaux dans l’analyse de ces lésions et de leur corrélation clinique et audiométrique (2, 3). La presbyacousie sensorielle se caractérise par une perte des cellules ciliées, principalement externes, débutant à la base de la cochlée. Elle se traduit cliniquement par une perte auditive uniquement sur les fréquences aiguës, avec des seuils relativement conservés jusqu’au 1 kHz, et donc une bonne discrimination. La presbyacousie neurale, plus fréquente, se caractérise par une atteinte du ganglion spiral et des synapses entre les protoneurones et les cellules ciliées. La traduction audiométrique est relativement tardive, car la répercussion sur l’audition n’est patente qu’à partir de 90 % de perte neuronale. La presbyacousie neurale se manifeste par une surdité sur les fréquences aiguës, associée à une mauvaise discrimination en audiométrie vocale, plus marquée que ce que l’atteinte tonale pourrait faire suspecter. Les potentiels évoqués auditifs (PEA) sont désynchronisés avec normalité des otoémissions acoustiques. La presbyacousie liée à l’atteinte de la strie vasculaire est la plus fréquente. L’atrophie de la strie vasculaire est lente et elle est corrélée à l’altération des seuils audiométriques, ce qui induit une altération de la régulation de l’homéostasie de l’endolymphe. En audiométrie, l’atteinte touche toutes les fréquences avec une courbe plate et une bonne conservation des scores en audiométrie tonale. Cette forme serait plus volontiers familiale. Enfin, la presbyacousie mécanique serait la conséquence de lésions de la membrane basilaire et du ligament spiral, avec préservation de l’organe de Corti, des neurones et de la strie vasculaire. L’audiométrie retrouve une atteinte des fréquences aiguës, touchant au moins 5 fréquences. En fait, un grand nombre de situations cliniques ne répondent pas à l’une des 4 catégories identifiées sur le plan anatomo-pathologique et résultent de l’association à des degrés variables de différentes lésions. Les facteurs impliqués dans le développement de la presbyacousie sont individuels et environnementaux. Parmi les facteurs individuels, l’apparition d’une presbyacousie précoce dans certaines familles fait suspecter une prédisposition génétique, et des études en cours recherchent des mutations impliquées dans cette pathologie. Le facteur héréditaire aurait une influence sur la presbyacousie striale, avec des corrélations plus marquées chez les femmes que chez les hommes. Par ailleurs, des études anatomo-pathologiques et de cohorte ont prouvé que les pathologies cardio-vasculaires constituent un facteur d’aggravation de la presbyacousie. L’exposition au bruit est le principal facteur environnemental développant cette pathologie. Tous ces facteurs contribuent à une réduction du flux sanguin I. Mosnier * Service d’ORL, hôpital Beaujon, Clichy et consultation d’ORL, hôpital Louis-Mourier, Colombes. ** Service d’ORL, hôpital Beaujon, Clichy. La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 | 21 Mots-clés Vieillissement Handicap auditif Appareillage audioprothétique Implant cochléaire Highlights » Presbyacusis is the most common cause of acquired sensorineural hearing loss in adults. The diagnosis is established on audiometric testing, showing a bilateral and symmetrical sensorineural hearing loss on high frequencies. » Age-related hearing loss is due to individual (probably genetic) and environmental factors (noise exposure, cardiovascular risk factors, etc.). » The treatment is based on the use of bilateral hearing aids, as early as possible. In some cases, the auditory rehabilitation may benefit from a multidisciplinary management (speech therapist for lipreading, psychological support, etc.). In case of bilateral severe/profound hearing loss with a poor benefit of hearing aids, a cochlear implantation is indicated. Performance is similar as those observed in younger patients. Keywords Ageing Auditory disability Hearing aid Cochlear implant Points forts »» La presbyacousie est la cause la plus fréquente de surdité de perception chez l’adulte. Le diagnostic est fait sur l’audiométrie tonale, qui retrouve une surdité de perception, bilatérale et symétrique, prédominant sur les fréquences aiguës. »» Les facteurs impliqués dans le développement de la presbyacousie sont individuels (prédisposition génétique probable) et environnementaux (exposition aux bruits, pathologies cardio-vasculaires, etc.). » Le traitement repose sur un appareillage audioprothétique bilatéral et précoce. Une concertation multidisciplinaire (rééducation de la lecture labiale par l’orthophoniste, soutien psychologique) peut parfois permettre d’améliorer la prise en charge. En cas de surdité sévère à profonde, bilatérale, avec un bénéfice insuffisant avec les audioprothèses, l’implant cochléaire est indiqué et donne des performances auditives similaires à celles observées chez les patients plus jeunes. cochléaire qui entraîne l’accumulation intracellulaire de radicaux libres oxygénés toxiques, induisant la mort cellulaire. Diagnostic de presbyacousie Les signes d’appel Pour dépister la presbyacousie, il faut rechercher à l’interrogatoire des signes relativement simples, que les personnes ont souvent bien identifiés : ➤➤ Meilleure compréhension des voies masculines que féminines. ➤➤ Difficultés à comprendre dans les ambiances bruyantes et/ou réverbérantes (grand magasin, brasserie, rue bruyante, etc.). ➤➤ Augmentation du volume de la radio ou de la télévision. ➤➤ Intolérance aux sons intenses. ➤➤ Moins bonne compréhension au théâtre ou au spectacle. Dans certains cas, les patients nient leurs difficultés, ont tendance à incriminer les autres (les jeunes “qui parlent trop vite et n’articulent plus”) et/ou développent des stratégies de compensation comme la lecture labiale. L’effort cognitif pour compenser la baisse de l’intelligibilité peut entraîner une véritable fatigue en fin de journée et conduire le patient à s’isoler. Devant ces difficultés ou devant la renonciation à certaines activités pour lesquelles l’atteinte auditive est préjudiciable (réunions de famille ou d’associations, spectacles, etc.), l’entourage provoque généralement la prise de rendez-vous pour une consultation. Dans le pire des cas, il peut s’agir d’un repli complet sur soi ou même d’un début de dépression. Le dépistage peut également être motivé par les résultats d’un auto-questionnaire (encadré I). Les données de la consultation ◆◆ Antécédents Le médecin ORL va rechercher si la personne âgée a des antécédents qui pourraient majorer la presbyacousie. Il peut s’agir d’une pathologie de 22 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 l’oreille déjà traitée, mais source d’atteinte auditive que la presbyacousie aggravera : otite chronique ou otospongiose opérée ou non, surdité brusque, etc. Les principaux facteurs de risque aggravant la presbyacousie sont l’exposition au bruit, professionnelle ou de loisirs, la prise de médicaments toxiques pour l’oreille interne (aminosides, anticancéreux à base de sels de platine, aspirine à forte dose, etc.) et la prédisposition génétique à développer précocement la presbyacousie. Une simple question permet de clarifier ce dernier point : “À quel âge vos parents ont-ils commencé à souffrir d’une altération de leur audition ?” Il est également utile de rechercher des facteurs de risque vasculaire pouvant aggraver la presbyacousie : hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète, etc. ◆◆ Signes associés La presbyacousie est souvent associée à des acouphènes. Il s’agit parfois du motif de consultation, et c’est l’évaluation audiométrique qui objectivera la presbyacousie. La prévalence des acouphènes lors de la presbyacousie est variable d’une étude à l’autre. Le facteur favorisant évoqué est essentiellement l’exposition au bruit. Les vertiges et les troubles de l’équilibre ne sont pas liés à la presbyacousie. Si la prévalence des troubles de l’équilibre augmente avec l’âge, leur origine est multifactorielle et justifie une évaluation spécifique. ◆◆ Examen ORL En cas de presbyacousie, l’examen ORL est normal, avec, en particulier, une absence d’anomalie tympanique, sauf en cas d’antécédent d’otite chronique. Il est utile de rechercher des affections qui pourraient rendre difficile l’adaptation des appareils auditifs : eczéma, sténose des conduits auditifs externes, cavité d’évidement, otorrhée, etc. Quels examens réaliser ? Le diagnostic est fondé sur l’audiométrie tonale et vocale. Ces tests subjectifs étant réalisés dans le calme, ils ne renseignent que partiellement sur la gêne réellement ressentie par le patient presbyacousique. Ils sont cependant essentiels au diagnostic. DOSSIER THÉMATIQUE Gériatrie Comment répondre au test ? Certaines personnes ne savent pas qu’elles ont un problème d’audition. Vous faites peut-être partie de cette catégorie. Nous vous invitons à le vérifier. Par ailleurs, il est important que les intervenants soient à l’affût des signes pouvant révéler la présence de problèmes d’audition chez vous. Pour chacune des questions suivantes, cochez : 1. Faites-vous répéter quand vous parlez avec une seule personne ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 10. A vez-vous de la difficulté à entendre la sonnerie de la porte (chez vous ou en visite) ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 11. Avez-vous de la difficulté à entendre lorsque l’on frappe à la porte ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 12. Est-ce que votre famille, vos amis ou vos voisins vous font remarquer que vous mettez le volume de votre télévision ou de votre radio trop fort ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 2. Avez-vous de la difficulté à comprendre quand plusieurs personnes parlent ensemble ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 13. A vez-vous tendance à vous retirer des autres de crainte de ne pas ­comprendre ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 3. Avez-vous de la difficulté à comprendre quand vous ne voyez pas le visage de la personne qui vous parle ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 14. P référez-vous vous retirer des activités à cause du bruit autour de vous (salle à dîner, restaurant, fêtes de famille, bingo, etc.) ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 4. A vez-vous de la difficulté à comprendre quand il y a du bruit autour de vous ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 15. Comment trouvez-vous votre audition ? A - Bonne audition ❒ B - Léger problème d’audition (difficultés d’écoute occasionnelle) ❒ C - Problème d’audition modéré (difficultés d’écoute fréquente) ❒ D - Important problème d’audition (difficultés d’écoute habituelle, presque toujours) ❒ 5. Trouvez-vous que les gens marmonnent ou ne parlent pas assez fort (ceux de la télévision, les amis, les médecins) ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 6. Trouvez-vous que les gens parlent trop vite (ceux de la télévision, les amis, les médecins) ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 7. Avez-vous de la difficulté à comprendre au téléphone ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 8. Avez-vous de la difficulté à entendre couler l’eau du robinet ou du bain quand vous êtes dans une autre pièce ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ 9. Avez-vous de la difficulté à entendre la sonnerie du téléphone quand vous êtes dans une autre pièce ou dans la salle de bain (chez vous ou en visite) ? Oui ❒ Parfois ❒ Non ❒ Mode de calcul du questionnaire Pour les questions de 1 à 14 : Chaque “oui” vaut 4 points, Chaque “parfois” vaut 2 points, Chaque “non” vaut 0 point. Pour la question 15 : La réponse “A” vaut 0 point, “B” vaut 2 points, “C” vaut 3 points et “D” vaut 4 points. Votre total : si votre résultat global est supérieur à 14, consultez un ORL qui réalisera un bilan audiométrique. Encadré I. Questionnaire de dépistage des difficultés d’écoute et d’audition (d’après Hélène Caron, audiologiste, Fondation surdité et communication de l’Institut Raymond-Dewar ; validation scientifique par Michel Picard, professeur titulaire, université de Montréal, Canada). L’audiométrie tonale objective une surdité, bilatérale et symétrique, de perception touchant les fréquences aiguës. L’altération de l’intelligibilité en audiométrie vocale est variable (4). Si l’atteinte auditive est asymétrique en audiométrie tonale ou vocale, cela justifie habituellement la réalisation d’une imagerie (IRM) à la recherche d’un schwannome vestibulaire ou d’une autre lésion évolutive de la pointe du rocher ou de l’angle ponto-cérébelleux (5). Une altération importante de l’intelligibilité en audiométrie vocale doit conduire à rechercher une neuropathie auditive, qui sera confirmée par la présence des otoémissions acoustiques et des potentiels évoqués auditifs (PEA) désynchronisés. En l’absence de neuropathie, il faut penser à une altération des processus du système nerveux central impliqués dans l’audition (mémoire et attention en particulier) et évoquer une maladie dégénérative débutante (Alzheimer), dont le diagnostic sera confirmé par un bilan neuropsychologique spécialisé. Les indications thérapeutiques Elles vont dépendre du stade évolutif tel que l’on peut le schématiser après la consultation ORL : ➤➤ Stade “infraclinique”, au cours duquel l’atteinte sur les fréquences aiguës n’a que peu ou pas de traduction clinique : difficulté de perception de certains sons aigus. C’est l’examen audiométrique systématique qui permet alors le diagnostic de presbyacousie. ➤➤ Stade de “retentissement social”, correspondant à des seuils audiométriques supérieurs ou égaux à 30 dB pour la fréquence de 2 000 Hz. La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 | 23 DOSSIER THÉMATIQUE Gériatrie La presbyacousie 1. Quelques conseils pour lui et pour son entourage proche Un certain nombre de points méritent d’être précisés : • Malgré les très importants progrès fournis par la technologie numérique, les aides auditives ne restituent pas une audition strictement normale. Cependant, leur port régulier permettra de retrouver une compréhension satisfaisante et donc de communiquer avec l’entourage sans difficulté, contrairement à ce qui se passe actuellement. • Il faut savoir patienter quelques semaines pour, d’une part, que les réglages effectués par l’audioprothésiste soient adaptés à la gêne et aux besoins et, d’autre part, que la personne puisse s’y habituer. Une gêne est normale au début, car tous les sons semblent trop forts. Il faut prendre le temps de porter progressivement les appareils, et avoir de la patience. Durant cette période initiale de l’adaptation des aides auditives, il ne faut pas hésiter à demander à l’entourage de se placer en face de soi pour dialoguer, d’avoir une articulation précise mais sans exagération, de faire des phrases courtes et de ne pas s’impatienter en cas de difficultés ponctuelles de compréhension. • Deux questions sont souvent posées : “Faut-il porter un ou deux appareils ?” et “À la longue, ne vont-ils pas léser les oreilles ?” Les réponses que l’on peut donner sont les suivantes : si l’audition est diminuée des 2 côtés, il est tout à fait souhaitable de porter 2 aides auditives. La perception des sons, leur compréhension et leur localisation seront bien meilleures qu’avec un seul appareil. Le fait de porter ces appareils auditifs bien réglés ne détériore pas le système auditif, au contraire, il le maintient en activité, car les appareils permettent de percevoir davantage d’informations ; ce qui est un argument supplémentaire pour un appareillage précoce. 2. Les associations de malentendants Il existe différentes associations de malentendants, pour la plupart d’entre elles fédérées (Bucodes, le Bureau de coordination des associations de devenus sourds et malentendants), et leurs champs d’action sont multiples : réunions d’information, orientations pour la prise en charge sociale et l’obtention d’aides spécifiques, groupes de parole et soutien psychologique. Il peut être utile de conseiller au patient qui rencontre des difficultés sociales et qui est isolé ou en demande d’échanges, de les contacter. Encadré II. Comment accompagner le patient presbyacousique au moment de l’adaptation des aides auditives ? ➤➤ Stade “évolué”, pour lequel l’altération auditive va s’accompagner d’une réduction de la communication, puis d’un isolement du sujet vis-à-vis de son entourage. L’indication thérapeutique sera prise en fonction du stade ainsi défini, mais également en fonction de l’âge du patient, de ses activités actuelles, de sa motivation et de celle de son entourage, ainsi que de son état de santé général et de la présence éventuelle de troubles associés (troubles visuels, altération des fonctions supérieures, dépression, etc.). Traitement médical De nombreux médicaments ayant une action périphérique ou centrale sont proposés pour améliorer les performances des patients présentant une presbyacousie, sans que leur efficacité soit réellement prouvée à ce jour. En revanche, l’équilibration d’une hypertension artérielle, d’un diabète ou d’une hypercholestérolémie peut jouer un rôle dans la prévention de l’aggravation des seuils auditifs. 24 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 ◆◆ Appareillage audioprothétique Celui-ci doit être mis en place le plus précocement possible, dès que la gêne fonctionnelle est patente, dès que le déficit moyen en audiométrie vocale dépasse 30 dB et qu’une altération de l’intelligibilité liée à ce déficit est évaluée en audiométrie vocale. L’appareillage bilatéral est vivement conseillé. Les études cliniques montrent que 10 % des patients souffrant d’une surdité légère sont appareillés. Ces chiffres atteignent 55 % pour les formes les plus évoluées. Le suivi du patient presbyacousique est effectué conjointement par le médecin traitant, l’ORL et l’audioprothésiste, et a plusieurs objectifs : ➤➤ Évaluer l’évolution de la perte auditive en audiométrie. ➤➤ Apprécier la tolérance et le port des aides auditives. ➤➤ Rechercher des obstacles à cette utilisation, en particulier en raison de problèmes locaux au niveau du conduit auditif externe (allergie cutanée, infections récidivantes, etc.) mais aussi de difficultés de manipulation. ➤➤ Rechercher une altération des fonctions neurocognitives et orienter vers un bilan spécialisé. ➤➤ Décider d’une éventuelle rééducation orthophonique en fonction de l’évolution du déficit auditif et de son amélioration avec les aides auditives. ➤➤ Informer régulièrement l’entourage proche du fonctionnement des appareils et de la nécessité d’un port régulier (encadré II), dont le bénéfice à long terme est maintenant clairement établi. Une consultation annuelle avec audiogrammes tonal et vocal semble souhaitable afin de répondre à ces différentes interrogations. ◆◆ Que faire en cas d’échec de l’appareillage audioprothétique ? Les situations d’échec nécessitent une analyse précise. Les facteurs péjoratifs liés à l’atteinte auditive sont : ➤➤ La sévérité de celle-ci, qui se trouve parfois aux limites des possibilités des aides auditives conventionnelles les plus puissantes. L’indication d’un implant cochléaire peut alors être envisagé, sans qu’il y ait de limite d’âge recommandée. Le bilan préimplantation permet d’évaluer les attentes et la motivation des patients et de rechercher des contre-indications médicales à l’anesthésie générale. Toutes les études retrouvent une amélioration très significative des performances auditives DOSSIER THÉMATIQUE Gériatrie et de la qualité de vie, quel que soit l’âge d’implantation, et un taux de complication comparable à ce qui est observé dans la population générale (6). Dans le silence, les performances sont comparables à celles des sujets jeunes pour les mots dissyllabiques. Dans le bruit ou pour les tests plus complexes (phonèmes, phrases à débit rapide), les performances sont un peu moins bonnes que celles des sujets plus jeunes. ➤➤ La présence de “zones cochléaires mortes” qui correspondent à une altération majeure des cellules ciliées internes et/ou des neurones qui leur sont associés. La stimulation de zones cochléaires voisines en audiométrie va se traduire par la persistance de réponses à des fréquences pour lesquelles la cochlée est en réalité inopérante. De nouveaux appareils “à transposition fréquentielle” peuvent éventuellement apporter un bénéfice chez ces patients. ➤➤ La présence d’une atteinte centrale dont l’évaluation spécifique permet un diagnostic précis et un traitement adapté. Dans ces situations difficiles, et afin de multiplier les moyens de communication, l’apprentissage de la lecture labiale est recommandée. Les autres facteurs à prendre en compte sont des anomalies anatomiques ou une pathologie médicale du conduit auditif externe qui limiteront l’adaptation prothétique et conduiront à discuter l’indication d’une prothèse implantée d’oreille moyenne. Il peut s’agir également de problèmes d’ordre financier pour lesquels le recours à différentes aides sociales peut être envisagé. Les échanges entre les différents professionnels impliqués contribuent à améliorer l’acceptation de l’appareillage auditif. L’information fournie aux médecins traitants et aux gériatres par l’ORL permet également de les sensibiliser au diagnostic précoce de presbyacousie et à l’importance de l’appareillage. En effet, force est de constater que bien souvent la personne âgée consulte trop tard, ce qui rendra plus difficile l’appareillage et l’acceptation de celle-ci. ■ Références bibliographiques 1. Bouccara D, Ferrary E, Mosnier I, Bozorg Grayeli A, Sterkers O. La presbyacousie. Encycl Méd Chir. Paris : Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Oto-rhinolaryngologie 20-185-C-10, 2005. 2. Schuknecht HF. Pathology of the ear. Philadelphie : Lea & Febiger, 1993. 3. Gates G, Mills JH. Presbycusis. Lancet 2005;366:1111-20. 4. Martini A, Mazzoli M, Rosignoli M et al. Hearing in the elderly: a population study. Audiology 2001; 40(6):285-93. 5. Thomassin JM, Paris J. Stratégie diagnostique devant une surdité de l’adulte. Encycl Méd Chir. Paris : Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Oto-rhino-laryngologie 20-185-E-10,1999. 6. Mosnier I, Bouccara D, AmbertDahan E et al. Benefice de l’implant cochléaire chez le sujet âgé. Ann Otolaryngol Chir Cervocofac 2004; 121:41-6. ANTIBIO-SYNALAR ® Fluocinolone-Polymyxine B-Néomycine Solution pour instillation auriculaire ANTIBIO-SYNALAR® Solution pour instillation auriculaire : Flacon de 10 ml, avec embout compte-gouttes. COMPOSITION par flacon : Fluocinolone acétonide (DCI) : 2,5 mg, Polymyxine B (DCI) sulfate : 100 000 UI, Néomycine (DCI) sulfate : 35 000 UI. Excipients : dont nitrate de phénylmercure (0,2 mg/flacon). INDICATIONS : Traitement local des otites externes d'origine bactérienne à tympan fermé, en particulier eczéma infecté du conduit auditif externe. Ce médicament ne doit jamais être utilisé en cas de perforation tympanique en raison du risque d'ototoxicité. Il convient de tenir compte des recommandations officielles concernant l'utilisation appropriée des antibactériens. POSOLOGIE ET MODE D'ADMINISTRATION : Voie locale. Instiller chaque matin 3 à 6 gouttes dans le conduit auditif de l'oreille atteinte et renouveler l'opération le soir. La durée du traitement est habituellement de 7 jours. Tiédir le flacon au moment de l'emploi en le maintenant quelques minutes dans la paume de la main, afin d'éviter le contact désagréable de la solution froide dans l'oreille. Instiller, tête penchée, les gouttes dans l'oreille atteinte en tirant à plusieurs reprises sur le pavillon de l'oreille. Maintenir la tête penchée sur le côté pendant environ 5 minutes, afin de faciliter la pénétration des gouttes dans le conduit auditif externe. Répéter, si nécessaire, dans l'autre oreille. Il est recommandé de ne pas utiliser ce médicament sous forte pression. A la fin du traitement, le reste du flacon doit être jeté et ne doit pas être conservé en vue d'une réutilisation. CONTRE-INDICATIONS : Hypersensibilité à la néomycine ou à un autre produit de la famille des aminosides. Hypersensibilité à la polymyxine B. Hypersensibilité à la fluocinolone ou à tout autre constituant de la solution. Perforation tympanique connue ou suspectée (cf. Mises en garde/Précautions d'emploi). Infections virales du conduit auditif externe incluant la varicelle et les infections à Herpes simplex. MISES EN GARDE et PRÉCAUTIONS D'EMPLOI : S'assurer de l'intégrité tympanique avant toute prescription. En cas de destruction tympanique, l'administration intra-auriculaire risque de mettre en contact le produit avec les structures de l'oreille moyenne et d'être à l'origine d'effets indésirables irréversibles d'ototoxicité (surdité, troubles de l'équilibre). L'administration d'antibiotiques locaux participe à la survenue de sensibilisation à ces substances actives, avec possiblement la survenue de réactions générales. La présence d'un corticoïde n'empêche pas les manifestations d'allergie à l'antibiotique, mais peut modifier leur expression clinique. Interrompre le traitement dès les premiers signes d'apparition d'un rash cutané ou de tout autre signe d'hypersensibilité locale ou générale. L'attention des sportifs est attirée sur le fait que cette spécialité contient un principe actif (la fluocinolone) pouvant induire une réaction positive des tests pratiqués lors de contrôles antidopage. Ne pas injecter, ne pas avaler. Au moment de l'emploi, éviter la mise en contact de l'embout avec l'oreille ou les doigts, afin de limiter les risques de contamination. Il est conseillé de ne pas associer ce médicament à un autre traitement local. Si au bout de 10 jours les symptômes persistent, il faut revoir le patient pour réévaluer la pathologie et le traitement. GROSSESSE et ALLAITEMENT : Ce médicament peut, en cas de besoin, être administré en cours de grossesse ou d'allaitement (cf. Vidal). EFFETS INDÉSIRABLES : Réactions locales (irritation). Allergie aux antibiotiques (néomycine, polymyxine B) et sensibilisation pouvant compromettre l'emploi ultérieur par voie générale d'un antibiotique apparenté. En raison de la présence de phénylmercure, risque d'eczéma de contact et de réaction d'hypersensibilité ; risque d'irritation de la peau. Ototoxicité vestibulaire ou cochléaire en cas de tympan ouvert (cf. Mises en garde/Précautions d'emploi). Sélection de germes résistants et développement de mycose. PHARMACODYNAMIE : Classe pharmacothérapeutique : médicaments otologiques ; corticoïde et anti-infectieux en association ; fluocinolone et anti-infectieux (code ATC : S02CA05). Fluocinolone : anti-inflammatoire stéroïdien. Néomycine : antibiotique de la famille des aminosides. Polymyxine B : antibiotique de la famille des polypeptides (cf.Vidal). PRESCRIPTION/DÉLIVRANCE/PRISE EN CHARGE : LISTE I – AMM 3400930053287 (1965/96 rév 14.02.2006). Prix : 2,64 € (10 ml de solution). Remb Séc soc à 35 %. Collect-Laboratoires JOLLY-JATEL 28, av Carnot-78100-St-Germain-en-Laye. 808-10.10-A une force pour soulager l’oreille La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 | 25