L3S5 – Option Analyse du discours publicitaire Exemplier téléchargeable sur : www.dufaye.com La communication médiatique Selon quel support media ? „Electronic communication is an instantaneous and illusory contact that creates a sense of intimacy without the emotional investment that leads to close friendships.‰ Clifford Stoll, Silicon Snake Oil, 1995 Lecture recommandée, ayant servie à la préparation de ce cours : Lochard G. et Boyer H., 1998, La Communication médiatique, Paris : Seuil. “The more elaborate our means of communication, the less we communicate.” Joseph Priestley (1733-1804) Objectif de la séance = montrer que la com med recherche à ramener à un minimum les distances spatiales, temporelles, subjectives et thématique entre les différents modules du schéma de communication. 1. Communication: Directe, Directe Unité spatio-temporelle im-médiat médiat Médiatisée, Médiatique ? NON MEDIATIQUE COMMUNICATION MEDIATISEE Relation S symétrique SÊ Comparaisons des canaux médiatiques - acoustique - immédiat - visuel - réciproque - cospatial +acoustique + immédiat - visuel - réciproque - cospatial + acoustique + immédiat + visuel - réciproque - cospatial + acoustique +/- immédiat + visuel +/- réciproque - cospatial + acoustique + immédiat + visuel + réciproque + cospatial Presse écrite Radiophonie Radiophonie Télévision Internet Com. directe Internet apparait comme : • Le media le plus multi-canal • Le media le plus proche de la communication directe LÊobjectif de la stratégie de rapprochement intersubjective mise en place dÊune connivence Connivence = le lien le plus fort car le plus affectif impératif pour assurer la captation dÊun public⁄ 1. 2. Modes de transmission et tendances générationnelles. Disjonction spatio-(et/ou) temporelle 1 2 MEDIATIQUE Relation S => SÊ asymétrique Typologie des CM : diffère selon critères : Selon quelle fonction/finalité ? - La Com° informative La Com° politique La Com° publicitaire La Com° dÊentreprise ⁄ On peut distinguer des modes de diffusion différents : - Presse écrite - Radiophonie - Télévision - Internet ⁄ Les tendances varient avec les habitudes générationnelles : Dimension technologique Génération Baby boom / X Dimension perceptuelle presse écrite ( im-pression) (+ visuel / tendance + symbolique) radio phonie (transmission par ondes) (+acoustique / tendance +symbolique) télé vision (transmission à distance) (+visuel / tendance+iconique) Génération Y Internet Ø (transmission en réseau) (+ acoustique / +visuel +symbolique / +iconique) « audiovisuel » L3S5 – Option Analyse du discours publicitaire L’accélération est particulièrement stressante, en ce sens qu’elle ne semble plus laisser le temps de la réflexion. Tout, tout de suite, oui, mais pourquoi [sic] faire? Les Y sont d’autant plus en quête d’un sens à donner à leur vie qu’ils n’ont guère le temps d’y réfléchir. (Rollot, O., 2012, La Génération Y, Paris: PUF; p. 7) Exemplier téléchargeable sur : www.dufaye.com Un icone : Un indice : représentation extralinguistique formellement identifiable avec la dénotation (représentation directe ou directement motivée) représentation extralinguistique formellement différenciée de la dénotation (représentation oblique ou obliquement motivée) Internet uniquement aspect technologique perceptuel : polymorphe NB aussi apocopes pour les 3 1ers cas (spécificité perceptuelle = superflue) Mais Internet : aphérèse (préfixe de ÿ partage Ÿ = redondant avec lÊidée de réseau) A côté de cela on pourrait ajouter dÊautres supports comme lÊaffichage, voire les supports merchandising (produits dérivés, cobranding, etc.). On peut ne retenir que la distinction symbolique vs iconique pour opérer une typologie large Pour autant, la représentation indicielle est très importante dans la Com informative : Eg. Plan fixe sur une fenêtre dÊimmeuble ou sur une cache dÊarme avec un commentaire sur lÊappréhension dÊun suspect 3 Eg. Tout le pb de lÊinterprétation des événements du 11 sept dÊaprès les documents vidéos Vol 11 et Vol 175 dans le WWC télé livre des représentations iconiques Vol 77 dans le pentagone et vol 93 en Pennsylvanie représentations indicielles Tendances en fonction du type de support : 2. La dimension SCRIPTO-VISUELLE 2.1. Représentations symboliques, iconiques, indicielles1 Un Symbole : représentation linguistique formellement indépendante de la dénotation (représentation conventionnelle/ immotivée). « Victoire de l'Américain Tyson Gay dans l'épreuve reine le 100 m. » 1 Peirce, C. S., 1903, Elements of Logic, in Collected Papers, Harvard University Press, 1960 Radio : + symbolique ; pas vraiment de représentation +iconique possible la radio reste ainsi fortement lié à la capacité d’imaginaire du destinataire (+ actif réactivité intellectuelle) Presse : Au départ tendance + symbolique (écrit = sa caractéristique prépondérante) encore aujourd’hui pour presse de qlt Mais le support papier autorise les représentations iconiques iconique assez tôt dans son histoire (dessins, photos) Tendance : + iconique + presse futile ou racoleuse (CF couverture MARIANNE) Télévision : spécificité = iconicité Presse = média scripto- 4 L3S5 – Option Analyse du discours publicitaire destinataire + passivité intellectuelle visuel sens prépondérant : tendance à saturer l’activité de représentation Certaines chaînes : réduction de l’interférence iconique Arte : invités témoignant dans décors minimalistes appel à la concentration Exemplier téléchargeable sur : www.dufaye.com Représentation ascendante (bottomreprésentation descendante (topbottom-up) ou représentation top-down) ? haut = niveau de représentation abstrait bas = niveau de représentation concret Le vase de Rubin Concave vs. Convexe 2.2. Représentations et cognition Dans quelle mesure la publicité peut-elle espérer convaincre inconsciemment? Scratching the surface of such hi-tech neuropsychological advertising research approaches typically reveals more doubt than certainty about specific applicability. Antonio Rangel, echoing skeptical dismissals of subliminal advertising in the 1960s, suggests: ‘If you define neuromarketing as the use of neuro-technologies to improve the effectiveness of advertisements or sales, I have not yet seen a single instance of success. (cited in Mitchell (5 January 2007) MacRury: 238) Extrait de « Le marketing s’invite dans nos cerveaux » : Enquête Les marques utilisent les instruments des neurosciences pour décrypter les émotions et le comportement des consommateurs. 5 Nous aimons notre iPhone. D’un amour véritable, comparable à la foi qui habite les croyants. Une dévotion démontrée par Martin Lindstrom, spécialiste des marques. Installés dans un scanner, des cobayes ont regardé des photos d’iPhone et de symboles religieux (le pape, un chapelet). Les deux images ont fait réagir les mêmes zones du cerveau. Quand le smartphone sonne, la zone du cortex associée aux sentiments d’amour et de compassion s’affole. [. . . ] Grâce à l’électroencéphalographie (EEG), l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et d’autres techniques dites biométriques (lire ci-contre), il est désormais possible d’observer comment le cerveau et le corps réagissent aux émotions déclenchées par une publicité, un packaging ou un nouveau produit. « Les décisions d’achat se jouent à 85% au niveau inconscient, mais l’analyse marketing traditionnelle se fonde sur les 15% qui sont conscients », rappelle Gary Singer, cofondateur de Buyology Inc. Jusqu’à présent, les sociétés d’études de marché utilisaient une batterie de tests construits autour des réponses des consommateurs. Problème numéro 1 : les gens mentent. Problème numéro 2 : ils ont souvent du mal à verbaliser leurs émotions. Difficile en effet de décrire précisément son anxiété ou sa jubilation devant un spot publicitaire, son plaisir ou son dégoût en goûtant un nouveau soda. Pepsi pour le goût, Coca pour le choix. Tout commence en 2004, quand le neurologue texan Read Montague utilise un scanner IRM pour étudier les réactions de buveurs de Pepsi et de Coca. La dégustation à l’aveugle montre que le « putamen » - qui est la région du cerveau primitif qui commande le plaisir immédiat - réagit plus fortement avec le Pepsi. Mais quand les testeurs savent qu’ils boivent du Coca, c’est leur cortex préfrontal, siège de la conscience, qui intervient et reprend le contrôle. Ils disent alors préférer le Coca. La puissance marketing de la firme d’Atlanta, son branding en jargon publicitaire, est donc capable de combattre le stimulus instinctif pour lui substituer une adhésion réfléchie. Patrick Cappelli, Libération (version en ligne) : 13 mai 2012 a b c d e f iconique + représentation ascendante / dépendance représentationnelle symbolique + représentation descendante / indépendance représentationnelle Cerveau droit vs cerveau gauche ? 6 L3S5 – Option Analyse du discours publicitaire Exemplier téléchargeable sur : www.dufaye.com Cognition et latéralisation Hémisphère gauche Hémisphère droit RATIONNEL : Privilégie la présentation logique des faits, des enchaînements, les relations de cause à effet. INTUITIF : Capable de jugement mais sans verbalisation explicite possible. ANALYTIQUE : Souci de trouver des causes et des explications, de nommer les objets et de les classer, de structurer des phrases et de faire des plans, de découper en catégories, parties ou propriétés, opérations. METHODIQUE ETHODIQUE ET DEDUCTIF : Avance par étapes articulées et logiques, selon un plan prédéfini. LINGUISTIQUE : Lieu du langage, de la parole, de l'écriture, du calcul logique, du raisonnement. 7 SYNTHETIQUE : Image et l'intuition y sont les fonctions dominantes : siège de la compétence artistique et musicale. Perçoit les formes globalement, sans se perdre dans les détails. HOLISTE ET INDUCTIF : Avance par découverte successive en portant un regard global sur le problème. représentation immédiate, et globale des choses. deviennent toutefois intelligibles dans une conception plus distribuée du substrat cérébral de la conscience. (http://lecerveau.mcgill.ca) 2.3. Co-temporalité et co-spatialité La Communication Médiatique se caractérise par une distanciation temporelle et/ou spatiale et/ou intersubjective. Une des visées de la communication médiatique est de réduire ces distances afin de placer la cible dans un rapport dÊidentification plus fort avec le message. 2.3.1. Réduire la distance temporelle La recherche de réduction de la temporalité de la cible avec celle de l’événement est particulièrement notable pour toutes les formes de communication impliquant l’actualité : VISUO-SPATIAL : Pensée sans langage, et compréhension muette. Capacité à voir l'abstrait, à formuler des concepts, à créer mentalement un plan des lieux. Le cas de l’héminégligence : L’intérêt des patients héminégligents pour l’étude de la conscience vient du fait que l'information qui est négligée par les patients semble être tout de même traitée inconsciemment. Si on leur présente par exemple deux images, l’une à gauche et l’autre à droite, ils sont évidemment incapables d’identifier l’image de gauche. Mais curieusement, si on leur demande de prendre une chance et de deviner si l’image de gauche était la même que l’image de droite ils répondent nettement mieux que ce que le niveau du hasard prédirait. Et le cerveau des patients héminégligents serait non seulement capable de traiter inconsciemment les traits physiques élémentaires d’une image, mais aussi, comme le suggèrent d’autres expériences, des niveaux sémantiques plus élaborés. Ces patients montrent donc qu’il peut y avoir une dissociation entre performance et prise de conscience de la performance. Ces données, qui peuvent apparaître paradoxales dans la perspective du modèle classique de la conscience, 8 En publicité, cette dimension est moins impérative, mais des slogans comme i’m lovin’ it traduise une recherche d’empathie à la fois subjective (1ere pers) et temporelle avec une expérience fictive (Be –ing). Cf. aussi des accroches comme : déjà/bientôt disponible en DVD et Blu Ray… Avec technologie : le direct remplace de + en + le différé LÊimmédiateté participe de la logique de captation : ÿ vivre lÊévénement Ÿ en direct = expérience partagée avec la communauté Comme si la CM cherchait nous faire oublier son sa dimension médiate immédiate im-médiate médiate. Cf. ÿ Vivez lÊévénement Ÿ le COD de vivre = notre vécu identifié à lÊévénementiel Ie. Notre expérience intime se confond avec le monde extérieur L3S5 – Option Analyse du discours publicitaire Exemplier téléchargeable sur : www.dufaye.com CÊest comme ça quÊon peut parler de ÿ culture médiatique Ÿ = expérience partagée par une communauté à travers activité médiatique Vivez l’actualité Au cœur de l’événement (Cf. Le succès de la technologie 3D) La presse a justement cette particularité dÊêtre en décalage avec ce principe dÊimmédiateté tjrs un différé même léger La presse échappe à la tyrannie de lÊimmédiat une tradition de conservation à long terme de lÊécrit exigence de crédibilité accrue style + écrit et donc + distancié 2.3.2. Réduire la distance spatiale Co-spatialité contraire au fonctionnement de la CM Mais Télévision visuel autorise des jeux de spatialisation De même Internet principe de web cam : crée un ÿ espace de discussion Ÿ avec une pseudo-coprésence des sujets. Ainsi la recherche de connivence avec la cible amène à feindre une co-spacialité avec la cible. ÿ Merci de nous rejoindre au Stade Gerland pour cette rencontre entre deux favoris à l'accession à la ligue 1 Ÿ 9 La télé donne aussi lÊillusion dÊabolir les distances en nous faisant vivre lÊévénement : 9/11 en direct De plus, les plateaux télés décos dÊintérieurs qui se pourraient être des extensions de lÊespace privé : ÿ Vous aussi chez vous vous pouvez danser avec nous. Ÿ 2.3.3. Réduire la distance intersubjectivité Pour assurer son succès et sa pérennité, toute entreprise médiatique doit respecter 3 principes (Lochard et Boyer : 23 sqq.) : Le principe de crédibilité des informations délivrées respect Le principe de divertissement séduire Le principe dÊempathie empathie connivence (le public doit se ÿ retrouver Ÿ dans le ton dÊun programme, dÊune chaîne, dÊune marque⁄) Or le principe de crédibilité de plus en plus difficile à maintenir : Vérification de lÊinformation pbtique avec accélération constante du rythme de lÊinfo permanente et en temps réel (Toyota, 2007) La logique d’immersion LÊimpératif de captation principes de divertissement divertissement et dÊempathie empathie de + en + présent dans des formes de CM où ils étaient exclus Com° journalistique, Com° politique, dans la Com° publicitaire. EG1. publicité informative : faire connaître un produit : cf. sens 1er publicité : fonction première de public-ité rendre public Or très vite divertissement Plus récemment empathie/connivence 10 L3S5 – Option Analyse du discours publicitaire EG2. Discours informatif : Mélange des genres (cf. JT TF1, marronniers, etc.), la peoplelisation politique Parfois le divertissement qui emprunte à lÊinformatif : reality show (spectacle empruntant au style reportage) Parfois lÊinformatif qui se fait divertissement : presse people Pourquoi ces détournements ? Pas de Com° Com efficace sans appel à lÊémotionnel Or toutes les formes de CM sont peu ou prou dans un système concurrentiel LÊintersubjectivité restreinte : Le courrier des lecteurs, la question des auditeurs, ÿ envoyez-nous vos réactions par SMS Ÿ⁄ nÊa que les apparences dÊune relation dialogale. Cf. Cf filtrage des interventions (relation de pouvoir dissymétrique) LÊintersubjectivité feinte 11 1. Com médiatique médiatique sÊélabore en fonction de lÊimage dÊun coco-énonciateur type représentation du destinataire = la cible Contenu + mise en forme : élaborés en fonction du public ciblé/supposé LÊénonciateur a beau nÊavoir aucun co-locuteur matériel / défini, il adapte son propos à lÊimage dÊun coco-énonciateur type. type. Cette propriété = valable pour ts les médias 2. Les yeux dans les yeux En revanche⁄ Phénomène propre à la com télévisuelle : le regard adressé au spectateur « […] l’interpellation du téléspectateur est observable très tôt dans l’histoire de la télévision. Elle est assurée par des types de médiateurs, aujourd’hui disparus, comme les speakerines. Interpellant le téléspectateur par un regard adressé à la caméra, ceux-ci sont les supports d’une nouvelle forme de communication médiatique, troublante selon l’analyse (1954) du critique André Bazin, car faite d’"intimité" et de "réciprocité imaginaire". » Lochard G. et Boyer H., 1998 :68. Le regard direct joue un rôle important dans notre mode de communication Exemplier téléchargeable sur : www.dufaye.com Cf. expression spécifique en anglais „to look someone in the eye" Seul cas où organe dÊémission est le même que lÊorgane de réception: „*to listen someone in the mouth‰ De plus, on peut écouter quelquÊun sans quÊil sache quÊon lÊécoute (on fait semblant de ne pas écouter) On peut aussi regarder quelquÊun sans quÊil sache quÊon le regarde, mais si la personne vous regarde elle sait de fait que vous la regarder (sauf artifice : eg. miroir sans tain) Cf. pb de webcam, toujours décentrée par rapport à lÊécran La relation avec le regard dÊautrui est très particulière parce que relevant dÊune forme dÊintimité, de coopération, en gros de fonction partagée. La télé relation ambivalente : A. regard simule les conditions dÊune com directe, B. le spectateur peut regarder sans être vu (situation de voyeurisme confortable) En publicité la simulation intersubjective transparait notamment dans tout un ensemble de slogans : Entre vous et nous cÊest une histoire de goût. (Quick) A nous de vous faire préférer le train. (SNCF) Votre banque vous doit des comptes. (Crédit Lyonnais) Nous vous devons plus que la lumière. (EDF) Vous ne viendrez plus chez nous par hasard. (Total) Laissez nous vous surprendre. (Skoda) Ce qui est unique chez nous cÊest vous. (Marionnaud) Nous avons de grands projets pour vous. (Réseau Ferré de France) 12