Et bien dansons maintenant ! Fabienne Bergmann Beaucoup de choses en Israël sont repoussées à plus tard. A la fin de l'été, ce temps se nomme "après les fêtes" ( אחרי החגיםaharé hahagim). Mais que sont les fêtes ? Le terme ( חגhag) dans la Bible ne s'applique qu'aux trois fêtes de pèlerinage, Pessah, Chavouot et Soukot, mais on le trouve aussi au sens large pour désigner un jour sanctifié (' חג להfête pour D.). Le mot hag, de la racine 'ח'ג'ג, s'apparente au verbe ( לחוגlahoug) signifiant marcher en rond ou danser. La danse, nous dit la Bible à plusieurs reprises, était partie intégrante du cérémonial festif. Cependant, la caractéristique essentielle et incontournable du hag est le sacrifice, au point que le premier terme désigne parfois le second, notamment dans un verset (Psaumes 108 : 27) qui nous a donné l'expression אסרו חג (issrou hag) où אסורne veut pas dire interdire, mais attacher. Cette expression est donc employée couramment pour désigner le lendemain ou huitième jour de la fête de Pessah ou de Soukot. Fête est aussi ( מועדmoed). On salue alors son prochain par ( מועדים לשמחהmoadim lesimha) à quoi l'on répond ( חגים וזמנים לששוןhagim ou zmanim lesasson). Les moadim, en effet, ne correspondent pas seulement aux hagim, mais aussi aux zmanim (les temps), moed n'étant pas seulement un jour de fête, mais aussi un temps fixé à l'avance. Les luminaires que D. créa le quatrième jour devaient être des moadim, soit des signes pour fixer le temps. Moed vient de la racine '( י'ע'דyaad but), car la fête est fixée à un temps particulier. Mais une autre signification de la fête découle de la racine '( ו'ע'דproche de )יעדqui implique une qualité caractéristique des jours de fête où les gens se rencontrent − en hébreu : מתוועדים זה עם זה/אנשים חוגגים נועדים. C'est pourquoi rendez-vous amoureux, réunion d'affaire ou conférence ne se concrétiseront que si le moed convient. Nos fêtes religieuses sont aussi des ( מקראי קודשmikraé kodesh). On y lit certes des portions de la Tora, mais mikra a ici le sens d'appeler plutôt que lire, car on appelait le peuple à se réunir. Et qu'en est-il de ( רגלréguel), s'appliquant aux fêtes de pèlerinage? Si on venait alors à pied à Jérusalem, la formule "3 régalim" n'évoque ni cette expérience ni le trépied, mais désigne les trois fois où se faisait ce pèlerinage, רגלsignifiant aussi פעם. Pas question ici de marche à pied − en hébreu ( הליכה ברגלhaliha bareguel) − laquelle n'a qu'un rapport indirect avec le pèlerinage ( עלייה לרגלaliya lareguel). Les habitués de la marche qui chantent "Un kilomètre à pied" ou la "chanson des carabiniers" savent qu'il n'y a rien de tel pour marquer le rythme que de … mettre un pied devant l'autre, gauche, gauche ou, dans la version hébraïque, "une fois, deux fois" − le concept réguel servant alors à compter. Dans un même esprit, les battements du cœur sont des ( פעימות לבpeimot lev), lesquelles sont le mode de compter originel et le plus naturel qui soit.