Session 08-plan III.1. Devenir et nihilisme : Hegel et Nietzsche (session 8) Lectures : Jacques Chevalier, Histoire de la pensée (t.4, La pensée moderne), pp. 42-59. Friedrich Nietzsche, L'Antéchrist, 15-52. Note : en bleu sont indiquées les questions de préparation. 1. LE DEVENIR HEGELIEN a) Hegel et Kant i. Hegel après Kant. « Je crois qu'aucun signe des temps n'est meilleur que celui-ci: c'est que l'humanité est représentée comme si digne d'estime en ellemême ; c'est une preuve que le nimbe qui entourait les têtes des oppresseurs et des dieux de la terre disparaît. Les philosophes démontrent cette dignité, les peuples apprendront à la sentir ; et ils ne se contenteront pas d'exiger leurs droits abaissés dans la poussière, mais ils les reprendront - ils se les approprieront. » (Hegel, Lettre à Schelling, 16 avril 1795, dans Correspondance, tome I, p. 28) ii. Les erreurs de Kant Selon Hegel quels sont les erreurs de Kant ? « Or Kant a eu le tort de penser non à l'être, mais au contenu d'un êtrelà défini. » (Cresson, 45) « Kant, selon Hegel, n'a pas vu que le concept comme tel (ici de Dieu) n'est pas complet comme concept : pour le devenir il faut qu'il s'élève à l'Idée … » (Cresson, 45) « Kant ne semble pas avoir douté le moins du monde que l'entendement soit l'Absolu de l'esprit humain, mais pour lui l'entendement est la finitude absolue, fixe, insurmontable de la raison humaine. » (Hegel, Foi et savoir: Kant, Jacobi, Fichte, 112) « La philosophie critique a cela de commun avec l'empirisme qu'elle considère l'expérience comme l'unique fondement de la connaissance. Ce matériel est exclusivement réservé aux étudiants régulièrement inscrits à la FJC, et suivant le cours 6.05 pendant l’année 2011-2012. Son contenu n’est pas public. 1 Session 08-plan Mais pour elle la connaissance s'arrête au phénomène et n'atteint pas à la réalité » (Hegel, Encyclopédie, §XLI) « Kant n'a pas réussi à donner une déduction satisfaisante des catégories du pur entendement » (Sedgwick, Hegel's Critique of Kant, fichier PDF, 1.) « L'objectivité de la pensée kantienne est seulement subjective car, selon Kant, les pensées, bien qu'étant des déterminations universelles et nécessaires, ne sont en fin de compte que nos pensées séparées de la chose en elle-même par un immense gouffre » (Hegel, Encyclopédie de Logique, § 41) « Je suis plus riche avec cent euros réels que si je n'en ai que l'idée » (Kant, Critique de la raison pure, 479.) b) La dialectique hégélienne i. En quête de l'objectivité du monde « Un morceau de sucre, par exemple, est dur, blanc, doux, etc. Nous disons que ces qualités se trouvent réunies dans un objet, et cette unité n'est pas dans la sensation. » (Hegel, Petite Logique) « Ce qui fait, au contraire, la vraie objectivité de la pensée, c'est que les pensées ne sont pas simplement nos pensées mais qu'elles constituent aussi l'en soi des choses et du monde objectif en général. » (Hegel, Petite Logique) ii. La dialectique hégélienne Quels sont les trois moments du développement dialectique pour Hegel (p. 50 s.) ? « Nous défions l'entendement sain de trouver un exemple où l'un soit séparé de l'autre, où quelque chose soit séparé de sa limite, où l'infini, Dieu, soit séparé de toute activité : ce sont là de pures abstractions ... » (Cresson, 51) iii. Phénoménologie de l'Esprit Ce matériel est exclusivement réservé aux étudiants régulièrement inscrits à la FJC, et suivant le cours 6.05 pendant l’année 2011-2012. Son contenu n’est pas public. 2 Session 08-plan Ce matériel est exclusivement réservé aux étudiants régulièrement inscrits à la FJC, et suivant le cours 6.05 pendant l’année 2011-2012. Son contenu n’est pas public. 3 Session 08-plan c) La raison et l'histoire i. L'autonomie de la raison par rapport au réel « Le résultat de la philosophie de Kant consiste à avoir affranchi la pensée et la raison de toute détermination extérieure et de toute autorité, et de leur avoir donné la conscience de leur absolue indépendance […] L’indépendance absolue de la raison, est, depuis Kant, le principe essentiel de toute philosophie, et l’une des croyances universelles des temps modernes. » (Hegel, Encyclopédie, § LX) ii. L'évolution de l'histoire « Ainsi, l'histoire universelle nous montre l'esprit du monde qui s'incarne tour à tour dans l'esprit de chaque peuple. » (Cresson, 54) « L'état est proprement la raison qui se réalise » (Cresson, 54) iii. Conséquences théologiques. En conséquence, expliquer pourquoi pour Hegel « l'Absolu est essentiellement résultat » (voir l'importance de la notion de « devenir ») (p. 56 s.) ? Quel est donc le Dieu de Hegel ? iv. Héritage. « Les similitudes avec la théologie chrétienne qu'Hegel cherchait dans sa propre philosophie fit même dire à Léon Brunschvicg que Hegel fut en fin de compte « un théologien manqué » (Sertillanges, Le Christianisme et les Philosophies, vol. 2, 214.) « En fait, les origines concrètes du système hégélien donne à penser que son inspiration fut au fond religieuse. C’est un théologien dont la philosophie a pour mission de satisfaire les aspirations mystiques de sa propre conscience et de son temps. En cela, il ne diffère pas de Schelling, de Fichte ou de Kant lui-même. Tous ses contemporains reconnaissent l’accord cherché par lui entre sa doctrine et la foi chrétienne. Ils constatent seulement que l’accord est plus apparent que réel. » (Sertillanges, Le Christianisme et les Philosophies, vol. 2, 215) Ce matériel est exclusivement réservé aux étudiants régulièrement inscrits à la FJC, et suivant le cours 6.05 pendant l’année 2011-2012. Son contenu n’est pas public. 4 Session 08-plan 2. NIHILISME ET SURHOMME : L'INFLUENCE DE NIETZSCHE a) Nietzsche i.Une critique radicale ii. Un constat : la Vie dénigrée. « Cette irrévérence de considérer les grands sages comme des types de décadence naquit en moi précisément dans un cas où le préjugé lettré et illettré s’y oppose avec le plus de force : j’ai reconnu en Socrate et en Platon des symptômes de décadence, des instruments de la décomposition grecque, des pseudo-grecs, des antigrecs (L’Origine de la tragédie. 1872). » (Nietzsche, Le crépuscule des idoles, ou comment on philosophe avec un marteau) b) Au delà du Bien et du Mal. i. Un vestige d'oppression. « Il faut songer d’autre part que les termes « mauvais », « bas », « malheureux » produisaient toujours sur l’oreille grecque une tonalité où dominait la nuance « malheureux » ; tout cela n’est que l’héritage du vieux système d’évaluation aristocratique plus distingué, qui ne se démentit même pas dans l’art de mépriser ... » (Friedrich Nietzsche, La généalogie de la morale, 50) ii. Le Bien, un autre mal. « le concept « bon » n’est pas unique ; pour s’en convaincre qu’on se demande plutôt ce qu’est en réalité le « méchant » au sens de la morale du ressentiment. La réponse rigoureusement exacte, la voici : ce méchant est précisément le « bon » de l’autre morale, c’est l’aristocrate, le puissant, le dominateur ... » (Nietzsche, La généalogie de la morale, 54) Ce matériel est exclusivement réservé aux étudiants régulièrement inscrits à la FJC, et suivant le cours 6.05 pendant l’année 2011-2012. Son contenu n’est pas public. 5 Session 08-plan c) Le nihilisme des valeurs i. Le rejet du monde par les impuissants « [...] il y eut des moralistes conséquents avec eux-mêmes: ils voulaient l'homme différent, à savoir vertueux, ils le voulaient à leur image, à savoir cagot ; c'est pour cela qu'ils niaient le monde. » ( Nietzsche, Le crépuscule des idoles, 142) « La croyance fondamentale des métaphysiciens c’est l’idée de l’opposition des valeurs. » (ietzsche, Par delà le bien et le mal : Prélude d’une philosophie de l’avenir, 13) « Ce sont donc là des vertus qui ont cours parmi les hommes qui ne sont pas égaux, des vertus inventées par l’individu qui se sent supérieur, des vertus propres au dominateur avec cette arrière-pensée : « Je suis assez puissant pour accepter un préjudice visible, c’est là une preuve de ma puissance. » — Par conséquent, une vertu voisine de la fierté. » (Friedrich Nietzsche, « Le voyageur et son ombre » dans Humain, trop humain, 249.) ii. L' « homme » : une réalité en devenir « Involontairement « l’homme » leur apparaît comme une æterna veritas.comme un élément fixe dans tous les remous, comme une mesure assurée des choses. Mais tout ce que le philosophe énonce sur l’homme n’est au fond rien de plus qu’un témoignage sur l’homme d’un espace de temps fort restreint. » (Nietzsche, Humain, trop humain, 21) « Je ne pose pas ici ce problème : Qu’est-ce qui doit remplacer l’humanité dans l’échelle des êtres (— l’homme est une fin —) ? Mais : Quel type d’homme doit-on élever, doit-on vouloir, quel type aura la plus grande valeur, sera le plus digne de vivre, le plus certain d’un avenir ? » (Nietzsche, L'Antéchrist, § 3) « Périssent les faibles et les ratés : premier principe de notre amour des hommes. Et qu'on les aide encore à disparaître ! » (Nietzsche, L'Antéchrist, § 3) Ce matériel est exclusivement réservé aux étudiants régulièrement inscrits à la FJC, et suivant le cours 6.05 pendant l’année 2011-2012. Son contenu n’est pas public. 6 Session 08-plan iii. Critique du christianisme : le contentement et la pitié Pourquoi le christianisme est-il la négation de la vie humaine ? Quelle est le contraste entre Bouddhisme et Christianisme ? « La compassion est l'opposé des émotions toniques qui élèvent l'énergie du sentiment vital : elle a un effet déprimant. » (Nietzsche, 16) « quiconque a du sang de théologien dans les veines ne peut a priori qu'être de mauvaise foi ... » (Nietzsche, 20) « Au contraire, un homme affranchi des liens accoutumés de la vie à tel point qu’il ne continue à vivre qu’en vue de devenir toujours meilleur, doit renoncer, sans envie ni dépit, à beaucoup, voire presque au tout,, de ce qui a du prix chez les autres hommes » (Nietzsche, Humain, trop humain, 164) « Il faut user bien des peines à exercer la puissance et beaucoup de courage y est nécessaire. C’est pourquoi il y a tant de gens qui ne font pas valoir leur bon droit, puisque ce droit est une sorte de puissance et qu’ils sont trop paresseux ou trop lâches pour l’exercer. Mansuétude et patience, ainsi nomme-t-on les vertus qui couvrent ce défaut. » (Nietzsche, « Le voyageur et son ombre », 366) iv. Le nihilisme. Comment Nietzsche propose-t-il de juger de la valeur d'une action (p. 22) ? « — Qu’est-ce que le nihilisme, si ce n’est cette lassitude-là ?… Nous sommes fatigués de l’homme… » (Nietzsche, Généalogie de la morale, 61.) d) La volonté de puissance Sachant que la « volonté de puissance » est un thème essentiel à la philosophie de Nietzsche, pourquoi la foi chrétienne, selon lui, remet-elle cela en cause ? i. La volonté tournée vers la puissance « Mais par là on méconnaît l’essence de la vie, la volonté de puissance ; on ferme les yeux sur la prééminence fondamentale des forces d’un ordre spontané, agressif, conquérant ... » (Nietzsche, Généalogie de la morale, 124) « Le puissant cherche par tous les moyens possibles à augmenter la foi en sa puissance » (Nietzsche, « Le voyageur et son ombre », 326.) Ce matériel est exclusivement réservé aux étudiants régulièrement inscrits à la FJC, et suivant le cours 6.05 pendant l’année 2011-2012. Son contenu n’est pas public. 7 Session 08-plan ii. Le surhomme. Quels sont les deux seuls types de dieux possibles pour Nietzsche ? « L’importance d’un « progrès » se mesure même à la grandeur des sacrifices qui doivent lui être faits ; l’humanité, en tant que masse sacrifiée à la prospérité d’une seule espèce d’hommes plus forts — voilà qui serait un progrès… —» (Nietzsche, Généalogie de la morale, 123) « Ce qui donne sa valeur au saint dans l'histoire universelle, ce n'est pas ce qu'il est, mais ce qu'il signifie aux yeux des autres, les nonsaints. On s'est trompé sur son compte, on a faussement interprété ses états d'âme et on l'a autant que possible écarté de soi, en phénomène absolument incomparable et de nature étrangère, surhumaine : mais c'est justement ce qui lui a valu cette force extraordinaire avec laquelle il a pu s'emparer de l'imagination d'époques et de peuples entiers. » (Nietzsche, Humain, trop humain) « Et la vie elle-même m'a dit ce secret : "Vois, dit-elle, je suis ce qui doit toujours se surmonter soi-même."» (Ainsi parlait Zarathoustra) « C'est de ce passage, et d'aucun autre, qu'il faut partir pour comprendre ce que veut Zarathoustra : la race d'hommes qu'il conçoit conçoit la réalité telle qu'elle est : ils sont assez forts pour cela ; — la réalité n'est pas pour eux chose étrangère ni lointaine ; elle se confond avec eux : ils ont en eux tout ce qu'elle a d'effrayant et de problématique car c'est à ce prix seul que l'homme peut être grand. » (Nietzsche, Ecce homo, « Pourquoi je suis un destin, §5) e) Conclusion « C’est ce qu’ont fait non seulement les nietzschéens littéraires de la fin du siècle dernier, comme D’Annunzio, ou les idéologues nazis comme Bäumler, mais aussi, à contre-emploi, les idéologues marxistes comme (György) Lukács ou d’autres anti-nietzschéens contemporains, qui ont cru pouvoir liquider Nietzsche avec le fascisme. » (Mazzino Montinari, La volonté de puissance n'existe pas, §2) « Celui qui prend Nietzsche au pied de la lettre, celui qui le croit, est perdu. » (Thomas Mann, Nietzsche Philosophie, 669) « Celui qui est attaché à de vieux dogmatismes est toujours plus sincère, plus honnête que celui qui dogmatise les pensées de Nietzsche. » (Karl Jaspers, Nietzsche. Einführung in das Verständnis seines Philosophierens, 456) Ce matériel est exclusivement réservé aux étudiants régulièrement inscrits à la FJC, et suivant le cours 6.05 pendant l’année 2011-2012. Son contenu n’est pas public. 8