Quelles sont les 3 Allemagnes

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Lucie Papikova, 3e licence, le 18 décembre 2003
TRAVAIL D’HEURISTIQUE
Sujet no 57 : Quelles sont les 3 Allemagnes ?
Entrer dans le sujet n’a pas été facile pour moi. La première chose à faire a été d’aller chercher sur
les serveurs de recherche sur Internet pour me faire une idée plus précise du sujet que je croyais trop large
vu la question posée. A première vue, je comptais les différentes périodes dans l’histoire allemande. Mais
très tôt, j’ai été démystifié et me suis rendue compte que le sujet portait sur une période bien précise, à
voir la période avant l’unification allemande de 1871. On appelait les trois Allemagnes, les Etats de
l’Allemagne du Nord (la Prusse), les Etats d’Allemagne du Sud et l’Autriche. Ma démarche a donc pris, à
partir de ce moment-là, une tournure différente. J’ai commencé à chercher dans les encyclopédies pour
recueillir les premières connaissances du sujet : le contexte historique, les personnages importants.
Ensuite, j’ai procédé petit à petit avec la recherche des sources approfondies, manuels d’histoire, articles
de journaux d’époques, témoignages qui m’ont permis de mieux cerner le sujet et développer le sens
critique. J’ai essayé de comprendre le jeu des alliances et les mouvements sur la scène internationale
plutôt que d’acquérir des connaissances encyclopédiques des différentes batailles ou des détails
historiques.
Je vais me poser maintenant la question qui va être le fil conducteur de mon travail : est-ce
vraiment l’habilité du génie politique de Bismarck qui a permis l’unification de l’Allemagne en 1871 ?
Durant toutes mes recherches, je n’arrêtais pas de trouver des éloges à la politique dominante de Otto von
Bismarck, le ministre-président de la Prusse en 1862, chancelier fédéral en 18671, qui, grâce à son
caractère fort et sa persévérance dans le domaine de la politique intérieure de la future Allemagne unifiée,
a su mener le jeu des alliances et être (avec l’Italien Cavour) le personnage dominant sur la scène
politique internationale au 19e siècle. Mais est-ce vraiment la volonté d’un homme politique qui influence
tous les autres ?
1
Encyclopaedia universalis, tome 4, Paris, Encyclopaedia universalis France S.A., 2002, p. 198-199
1
Il est important de dire que Bismarck est un homme politique extrêmement fort et que ses
décisions politiques ont profondément marqué le courant de l’histoire non seulement de l’Allemagne mais
de l’Europe toute entière. L’idée et l’idéal d’unifier l’Allemagne a trouvé sa réalisation justement grâce à
Bismarck. Le ministre-président de la Prusse, il poursuit d’abord une politique pour résoudre la crise
intérieure prussienne. Ensuite, il s’attaque à son projet de l’unification allemande sous la dominance
prussienne à tout prix. Son point de vue était de résoudre les discordes avec d’autres puissances par des
conflits armés. Premièrement avec le Danemark, en 1864, pour intégrer les populations allemandes des
duchés de Schleswig et de Holstein dans une entité allemande. Ceci a permis une courte collaboration
entre la Prusse et l’Autriche qui n’a pas duré car les deux pays se voulaient approprier la domination des
territoires allemands. Cette situation a été résolue par la décision de Bismarck de faire la guerre à
l’Autriche (guerre de Sadowa en 1866) et la victoire prussienne qui a dissuadé les Habsbourg de
l’initiative pour réaliser l’unification allemande. Le traité de Prague permet à Bismarck de réorganiser
l’Allemagne comme il décide. Puisque Napoléon III est hostile à l’unification allemande et souhaite
l’indépendance des Etats allemands du Sud, Bismarck se contente donc de signer avec ceux-ci une
alliance militaire2. En revanche, il crée une Confédération de l’Allemagne avec les Etats du Nord
(Norddeutscher Bund) sous direction prussienne. Le projet autrichien de confédération germanique mis en
place par l’existence de la Grande Allemagne sous la direction des Habsbourg (la Petite Allemagne étant
sous la direction de la Prusse) est alors complètement supprimé par la politique de Bismarck3. Le
territoire allemand se divise désormais en trois : Les Etats allemands du Nord sous la direction de la
Prusse (avec Bismarck comme chancelier), Les Etats allemands indépendants du Sud ( Bavière,
Wurtemberg, les grands duchés de Bade et de Hesse-Darmstadt )4 et l’Autriche. Pour l’Autriche, cela
représente une défaite sur le plan international et se dirige désormais par son propre sort qui résulte en
1867 en la création de l’Autriche-Hongrie. Mais Bismarck n’a pas encore atteint son but ultime, il se
contente de l’Union militaire de l’Allemagne et l’Union douanière (le Zollverein) qui montre bien l’unité
économique de l’Allemagne, pays qui connaît un essor exceptionnel durant la seconde moitié du 19e
siècle dans le domaine industriel, économique, militaire et social. Pour achever l’unité allemande,
Bismarck pense que la guerre contre la France (qui essaie d’empêcher cette réalisation) est le seul moyen
d’y parvenir. Bismarck doit réussir à mettre la France dans la position d’agresseur pour pouvoir mener la
guerre contre elle. Ceci lui réussit grâce au truquage de la dépêche envoyé d’Ems ( le 13 juillet 1870) par
le roi de Prusse et la guerre se déclenche. La défaite de la France aboutit finalement à la proclamation de
D’après Le Canadian Illustrated News et la guerre franco-allemande (de juillet 1870 à février 1871), http://www.nlc-bnc.ca,
Bibliothèque nationale du Canada, Canadian Illustrated News
3
D’après MOURRE, Michel, Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, vol. A-B, Paris, Bordas, 1986, p. 169
4
Voir la carte de l’Allemagne dans l’annexe.
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2
l’Empire allemand le 18 janvier 1871 dans la Galeries des Glaces au château de Versailles. (L’Allemagne
annexe l’Alsace et la Lorraine.)
Bismarck est sans doute tenace dans la poursuite de sa politique mais le succès de celle-ci n’est
pas seulement due à sa bonne volonté. Il faut voir en guise de réponse la position des autres puissances
européennes à ce sujet. Il est vrai que la question de l’Europe centrale est placé au premier plan sur la
scène internationale5 mais paradoxalement on observe une certaine passivité de la part des grandes
puissances non allemandes due aux méfiances mutuelles. « La victoire prussienne de 1866, décisive pour
la formation de l’unité allemande, n’a pas été possible que grâce à la neutralité de la Russie, de la Grande
Bretagne et de la France. »6 Le traité de Vienne de 1815 est détruit. La Grande Bretagne désire une
Allemagne forte car elle craint l’hégémonie française en Europe. La France en revanche est mené par son
prestige (expansion extra-européenne) et sa propre force. L’Italie se préoccupe de sa propre unification.
Et la Russie s’intéresse à la Pologne et voit en Prusse un partenaire fort. L’atmosphère européenne est fort
favorable à Bismarck et la réalisation de ses projets. De plus, Bismarck sait jouer avec les alliances pour
atteindre ce qu’il entend. Ce qui paraît cependant être un problème pour Bismarck, c’est la fragilité de
cette Confédération avec ses ennemis internes qu’il faut combattre (catholiques, communistes,
protestataires, Alsaciens-Lorrains, Polonais). Il adopte alors, pour consolider l’Empire, une monnaie
unique, le mark, une Banque centrale, système juridique unique.
Pour répondre à la question que je me suis posée au début de mon travail, le génie politique de
Bismarck est indéniable quoi que tout de même aidé par la passivité des puissances européennes qui ont
donné leur accord tacite à l’unification allemande sous la direction prussienne. Bismarck a convaincu les
puissances contraires à son idée d’unification, les autres l’ont tout simplement laissé faire pour pouvoir
coopérer avec l’Allemagne forte.
La position de l’Allemagne dans la seconde moitié du 19 e siècle est prépondérante. Après l’échec
du Congrès de Vienne de 1815 avec la guerre de Crimée, le sort de l’Allemagne apparaît comme un enjeu
principal de cette période. L’unification allemande marque de façon très importante les relations
internationales et l’équilibre des forces sur le continents européen (que l’on peut voir plus tard avec
l’apparition de l’alliance italo-austro-allemande, la Triplice).
En guise de conclusion, je vais faire une petite appréciation critique du matériel utilisé. Avant de
commencer mon travail, je ne me suis pas posé la question des difficultés au niveau sources. Mais je me
5
RENOUVIN, Pierre, Histoire des relations internationales, Paris, Hachette, 1994, p. 612
3
suis trompée. Les sources, surtout de type biographiques, sont très difficiles à acquérir, ou tout
simplement à consulter, en un laps de temps si court. C’est pour cela que je mets dans ma bibliographie
les références des sources que j’ai trouvé mais malheureusement pas consulté. Je me suis donc vu
contrainte d’utiliser mon propre sens critique par rapport aux livres trouvés. Quant aux difficultés
rencontrées lors de mon travail de recherche, c’est plutôt le sujet lui-même qui a été difficile à saisir vu
l’étendu des événements historiques de cette période mais le cœur du problème des trois Allemagnes n’est
développé de façon exhaustive dans aucun des ouvrages que j’ai consultés.
6
RENOUVIN, Pierre, Histoire des relations internationales, Paris, Hachette, 1994, p. 646
4
BIBLIOGRAPHIE
1. SOURCES
A. Documents officiels publiés
Constitution de la Confédération de l’Allemagne du Nord, 1866
Proclamation de l'Empire allemand à Versailles, dans la Galerie des Glaces, le 18 janvier 1871
Traité de Prague, octobre 1864
B. Témoignages
BISMARCK, Otto von, Pensées et souvenirs, Paris, 1899
Bismarck, the man and the statesman, being the reflections and reminiscences of Otto prince von
Bismarck, London, Smith, Elder, 1898
HUGO, Victor, Correspondence (1849-1866), Paris, Ollendorff, 1950
C. Sources audiovisuelles et artistiques
Tableaux d’époque de Bismarck
D. Sources techniques
Les faits historiques de la guerre austro-prussienne en 1866 sur le territoire tchèque,
http://www.trutnov.cz/1866/fakta/
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2. TRAVAUX
A. Ouvrages généraux
BERNSTEIN, Serge et MILZA, Pierre, L'Allemagne, 1870-1991, Paris, Masson, 1991
DUROSELLE, Jean-Baptiste, L’Europe de 1815 à nos jours, Paris, P.U.F., 1970
Encyclopaedia universalis, tome 4, Paris, Encyclopaedia universalis France S.A., 2002
LOYND, Bruxe Douglas, Bismarck and Napoléon III : the diplomacy of the German Crisis of 1866,
Ann Arbor Mich., University Microfilms International, 1981
MOURRE, Michel, Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, vol. A-B, Paris, Bordas, 1986
PETERS, Arno, Histoire mondiale synchronoptique, Bâle, Editions Académiques de Suisse, 1965
POTTINGER, Ann, Napoleon III and the German Crisis : 1865-1866, Cambridge, Harvard University
Press, 1968
RENOUVIN, Pierre, Histoire des relations internationales, Paris, Hachette, 1994
The Mc Grow-Hill Encyclopedia of World Biography, tome 1, Mc Grow-Hill Book Company, 1973
B. Monographies
ANDLER, Charles, Le prince de Bismarck, Paris, G. Bellais, 1899
C. Articles de journaux
Le Canadian Illustrated News et la guerre franco-allemande (de juillet 1870 à février 1871),
http://www.nlc-bnc.ca, Bibliothèque nationale du Canada, Canadian Illustrated News
http://www.herodote.net
http://www.snl.ch, Dictionnaire historique de la Suisse
http://www.france.diplomatie.fr/archives, Archives diplomatiques de la France
Journal La liberté, octobre 1865
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