AWENENGO DALBERTO Elodie

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AWENENGO DALBERTO Elodie
Pour l’obtention du diplôme d’accoucheuse
Année Scolaire 2005/2006
Femmes psychotiques et contraception :
quelle prise en charge ?
La maladie mentale peut prendre plusieurs formes. La psychose en fait partie. Elle induit
chez les personnes dites « psychotiques », une perception de la réalité qui est différente de
celle que nous percevons. Cette autre vision est cependant réelle pour le patient. Il est donc
nécessaire, à ce niveau, d’être attentif à ce que raconte le patient en ne niant pas ce qu’il
perçoit.
La relation soignant/soigné passe par la communication. Il existe différentes attitudes qui
permettent de favoriser cette communication. Dans les services de psychiatrie, il est important
d’adopter « l’écoute active » afin de créer un relation de confiance avec le patient. Cependant,
il faut être vigilant et ne pas adopter une attitude paternaliste qui empêcherait au patient
d’accéder à son autonomie.
Les patients atteints de troubles psychotiques ont une activité sexuelle qui est comparable
à celle des personnes non psychotiques. Cependant, la qualité de ces relations est parfois
insatisfaisante, et les patients ont souvent des partenaires multiples. Les patientes
psychotiques connaissent en général mal leur corps et leur sexualité.
Pour la femme psychotique, il est parfois difficile de dire « non ». Il est donc important de
s’assurer que la patiente est informée de ce droit de refuser une relation qu’elle ne désire pas.
S’il y a un désir de relation lors de l’hospitalisation, il est alors possible de trouver des
solutions avec l’équipe soignante.
Dans la littérature psychiatrique, la sexualité des patients est trop rarement évoquée. Si
cela est abordé, alors les perversions et les déviances sont le plus souvent développés.
Pourtant, il semble primordial d’aborder ce sujet en psychiatrie. En effet, la sexualité peut
engendrer une grossesse ou même être le terrain de transmission des maladies sexuellement
transmissibles. Chez les femmes psychotiques, le déni de grossesse est bien plus élevé que
dans la population en général. De plus, la perception des symptômes de la grossesse est
différente et peut être assimilée aux hallucinations. La relation mère/enfant risque d’être
perturbée si la grossesse est menée à terme.
Les traitements antipsychotiques ont des incidences non négligeables sur la sexualité des
patients. Des effets secondaires multiples sur la sexualité ont été recensés : galactorrhée,
allongement des cycle ovulatoires, troubles de l’éjaculation...mais aussi une diminution du
désir sexuel. Tous ces symptômes peuvent être une des raison de l’arrêt du traitement de la
part des patients. Il est donc du devoir du personnel soignant d’informer le patient des effets
secondaires possibles sur la sexualité et de trouver des solutions afin de les éviter au
maximum.
La contraception entre dans le cadre de la planification familiale et permet de gérer au
mieux les naissances au sein d’un couple ou chez une femme. Il existe plusieurs types de
méthodes contraceptives qui agissent à différents niveaux et avec des efficacités variables.
L’utilisation de ces méthodes est plus ou moins difficile. Il est donc important de chercher
le moyen de contraception qui apportera à la patiente le meilleur rapport entre l’efficacité et
l’utilisation. Cependant, il ne faut pas imposer un moyen de contraception à une personne. Le
consentement éclairé est valable et ce quelque soit l’état psychologique de la patiente.
Pour ce travail, nous avons évalué la prise en charge de la contraception chez les patientes
psychotiques hospitalisées en service de psychiatrie. Pour cela, nous avons réalisé des
entretiens auprès du personnel soignant.
Les relations sexuelles font partie de la vie quotidienne des patients. Cependant, le
personnel soignant n’aborde pas ce sujet de manière systématique et attend que la patiente se
confie. Lorsque cela est le cas, la contraception est en généra abordée. Cependant, le respect
de la vie privée est une notion qui revient fréquemment et il faut donc être prudent quand ce
sujet doit être évoqué.
Certaines personnes interrogées ont vécu la situation d’une femme psychotique enceinte
lors de leur hospitalisation. A ce niveau aussi, les équipes soignantes évoquent le respect de la
vie privée mais aussi l’importance d’informer les femmes des conséquences de la grossesse.
Le personnel soignant réagit de manière différente face aux patientes qui confient avoir
des relations amoureuses. Ces réactions sont fonction du type de service dans lequel il
travaille. En effet, dans les services d’hospitalisation chronique, la contraception et la
sexualité ne sont pas tabous et font partie de la vie quotidienne des patients.
Dans les services d’hospitalisation aiguë, la contraception passe au second plan et refait
surface en général lorsqu’il y a eu une situation à risque.
Dans les services de réinsertion, le personnel soignant accompagne les patients dans la vie
quotidienne et donne, si cela semble nécessaire, des informations tout en restant dans le
respect de la vie privée.
Les personnes interrogées confient ne pas avoir eu de formation plus approfondie que les
cours de gynécologie des études d’infirmière en ce qui concerne la contraception. Il ressort de
ces entretiens qu’il pourrait être intéressant de mettre en place, dans le cadre d’une formation
continue, une formation sur la contraception et la sexualité en psychiatrie.
Une formation pourrait donner au personnel infirmier des réflexes ainsi que des réponses
aux questions les plus fréquemment posées par les patientes.
La perception qu’a le personnel soignant de la sexualité des femmes psychotiques est, soit
une relation totalement chaotique avec des partenaires multiples et sans consentement réel,
soit une relation stable mais sans réelle durée dans le temps.
Le point principal qui ressort de tous ces entretiens est l’éthique. En effet, à aucun
moment il n’est possible d’imposer son propre choix . Il faut donc tenter de faire comprendre
les avantages de la contraception tout en restant neutre au maximum. A ce niveau, il est
important de pouvoir travailler en équipe pluridisciplinaire.
Pour conclure, il est possible de dire que la contraception en psychiatrie est encore un
sujet tabou car il touche en même temps à la sexualité. Cependant, il existe un réel intérêt de
la part du personnel soignant.
Il pourrait être intéressant tout de même d’instaurer une formation destinée au personnel
infirmier et centrée sur la contraception. Dans des services où les patients sont plus stabilisés,
il serait aussi possible de réaliser des séances d’information destinées aux patientes en matière
de contraception.
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