SANTÉ DE LA FEMME Contraception 180 millions de femmes dans le monde ont opté pour un dispositif intra-utérin en tant que moyen contraceptif. Avec succès. Et confort. Réalisé par un gynécologue lors d’une consultation, idéalement pendant les règles, le geste n’est pas ou peu douloureux et ne dure que quelques minutes. S’il permet d’éviter de prendre des doses relativement importantes d’hormones par la bouche, il rend également plus facile la vie de la femme qui n’a plus besoin de penser à sa contraception tous les jours, toutes les semaines ou tous les mois. Cette méthode intrautérine est efficace dès sa mise en place, avec l’avantage de retrouver – dès son retrait – la fertilité antérieure. Les dispositifs intra-utérins modernes (anciennement «stérilets»): fiabilité et confort pour toutes les femmes L’efficacité de la contraception est liée à la manière de l’utiliser Le premier objectif d’une contraception est d’éviter les grossesses non désirées, dont la fréquence reste préoccupante (32 femmes sur 1.000 âgées de 15 à 44 ans, chaque année, en Europe Occidentale), surtout chez la femme jeune. Inutile de rappeler dans ce contexte que l’efficacité des spermicides, des préservatifs, du retrait ou de l’abstinence sexuelle périodique est liée directement à l’utilisation ponctuelle de la méthode. Quant à l’efficacité de la pilule, elle est quasiment de 100% (et ce dès le premier comprimé) à condition de démarrer le premier jour des règles et de la prendre régulièrement et sans l’oublier, ce qui semble être très difficile pour beaucoup de femmes. hormone: le levonorgestrel. Ce réservoir libère tous les jours de très petites quantités de cette hormone. Cette libération est très locale (au niveau de la matrice), ce qui diminue considérablement les taux d’hormones dans l’organisme (on parle de taux 60-100 fois moins élevés par rapport aux pilules contraceptives). Les méthodes intra-utérines, au cuivre ou hormonales, peuvent être placées pour plusieurs années (de 3 à 5 ans), mais elles peuvent aussi être retirées à tout moment sans perturber le souhait de maternité lorsqu’il est formulé par la femme. Votre gynécologue vous conseillera au mieux le système le plus approprié pour votre cas personnel. A qui convient-il? Les stérilets en cuivre sont placés dans le fond de l’utérus: ils empêchent la nidation et agissent sur les spermatozoïdes en réduisant leur motilité et leur viabilité, ainsi que sur les cellules reproductrices de la femme (ovocytes). Le système hormonal intrautérin, que l’on appelle aussi parfois ‘stérilet hormonal’ est un tout petit objet souple, également en forme de T et placé dans l’utérus, et qui possède un réservoir contenant une Il y a donc une différence considérable entre l’efficacité contraceptive théorique et son efficacité pratique. Les oublis de pilule seraient à l’origine de 7 à 10% des grossesses non désirées. Fiabilité et efficacité: les deux atouts majeurs des systèmes intra-utérins Il existe deux types de contraception intra-utérine: les systèmes au cuivre et les systèmes de type hormonal. D’une manière générale, on peut dire que ce système convient à toutes les femmes qui recherchent une contraception confortable, fiable, moderne et sans souci: une contraception très efficace à laquelle il ne faut plus penser une fois placée. Le système intra-utérin est aussi fiable que la stérilisation, avec les énormes avantages d’une part, d’être réversible quasiment à 100% et d’autre part, efficace dès le jour de sa mise en place dans l’utérus. Il s’adresse aussi bien à la jeune femme qui n’a pas encore eu d’enfant qu’à celle qui ne souhaite plus avoir d’enfants… sans toutefois écarter la possibilité d’un petit dernier, si le désir s’en faisait sentir ultérieurement. DR DOMINIQUE-JEAN BOUILLIEZ Les experts belges le recommandent aussi chez les jeunes femmes… Sans barrières! toujours adéquatement présentée par les professionnels de santé, alors qu’elle répond à plusieurs prérequis: un faible taux d’échecs, une bonne acceptabilité, peu ou pas de difficultés à l’insertion, et très peu d’effets secondaires. J’ai peur d’avoir mal quand le gynécologue le placera… Présidé par les Pr Herman Depypere (Université de Gand) et Philippe Simon (Université Libre de Bruxelles), un panel de gynécologues représentant les universités et les associations scientifiques de gynécologie-obstétrique du pays s’est réuni récemment pour évaluer l’utilisation des dispositifs intra-utérins en particulier chez la jeune femme qui n’a encore jamais eu d’enfant. Devant les nombreux mythes et barrières qui limitent l’accès à ce mode moderne de contraception, ils ont rédigé un document de consensus à l’usage des professionnels de santé. Le ‘mauvais’ usage, bien réel dans la pratique journalière, de la contraception orale ne se retrouve pas avec la contraception intra-utérine dont l’efficacité a largement été démontrée chez toutes les femmes, qu’elles aient déjà accouché (uni- ou multipares) ou non (nullipares). Mais les nullipares jeunes, qui sont par ailleurs les femmes les plus à risque de grossesse non désirée, recourent très peu à cette contraception intra-utérine. Parmi les raisons invoquées, le panel d’experts regrette que beaucoup n’en ont jamais entendu parler (5560%) ou que cette méthode contraceptive ne leur soit pas Cette remarque, fréquemment formulée par les jeunes femmes, l’est beaucoup plus rarement par celles qui ont déjà accouché. Les jeunes ont par ailleurs d’autres motivations à la contraception, leurs règles sont moins régulières et elles sont plus concernées par des problèmes de poids. De plus, leur utérus est anatomiquement différent, plus étroit et avec une ouverture du col plus serrée. L’insertion d’un système intra-utérin est cependant généralement aisée, même chez la femme nullipare, et sans aucune difficulté dans 80% des cas au moins. La femme doit savoir aussi que le risque d’expulsion est très faible, surtout si le gynécologue a vérifié son bon positionnement par échographie, d’autant que ce risque varie selon le moment de l’insertion: il est plus important après les règles, au cours des 5 premiers jours du cycle, et immédiatement après une interruption de grossesse, un avortement, un accouchement normal ou une césarienne. Le moment idéal pour placer une méthode contraceptive intra-utérine se situe donc pendant les règles. Est-ce que je peux être enceinte quand je le veux? Il suffit pour cela de le faire retirer par le gynécologue. Le premier motif d’arrêt de contraception chez la jeune femme qui n’a pas encore eu d’enfant est en effet le souhait de grossesse. Et celle-ci peut survenir avec les mêmes chances de réussite qu’après l’arrêt de la pilule. Il n’y a pas de risque de grossesse? Ou de risques d’infection? Les systèmes hormonaux intra-utérins sont au moins aussi efficaces qu’une contraception orale prise convenablement (c’est-à-dire sans oublis). Ils font partie des méthodes de contraception les plus efficaces. Ils ont une efficacité comparable à la stérilisation tout en ayant l’avantage d’être réversibles (possibilité de grossesse dès le retrait). L’insertion d’un système intra-utérin est cependant généralement aisée, même chez la femme nullipare, et sans aucune difficulté dans 80% des cas au moins. Par ailleurs, et dans la mesure où la nullipare (femme n’ayant jamais eu d’enfant) est plus jeune et potentiellement plus instable dans ses relations (partenaires multiples…), le risque infectieux semble plus important chez elle au cours des premiers jours qui suivent l’insertion d’une contraception intrautérine. Mais l’incidence reste faible et semble plutôt liée à la plus grande fréquence des vaginoses (infections du vagin) et cervicites (infections du col) présentes avant l’insertion qu’à l’insertion elle-même. La contamination intra-utérine est donc surtout influencée par l’insertion sur un organe déjà infecté, et non par le fil ou le système lui-même. Le stérilet au cuivre multiplie par 4 le risque d’infection par rapport au système hormonal intra-utérin qui lui semble plutôt être protecteur. Quelles sont les conclusions des gynécologues belges? Après avoir revu la littérature, le panel composé de 13 gynécologues Belges de renom voit la contraception intra-utérine, et en particulier le système hormonal intra-utérin, comme alternative de premier choix pour la contraception chez la nullipare. La contraception intra-utérine devrait être recommandée comme alternative à la pilule et peut être proposée aux jeunes femmes n’ayant pas encore eu d’enfant (en tenant compte de l’anamnèse et des éventuelles contre-indications d’usage). ■