1 Chapitre 7 QUESTIONS À COURT DÉVELOPPPEMENT 1. En appliquant la méthode par diffusion sur gélose pour évaluer trois désinfectants, on a obtenu les résultats suivants. a) Quel désinfectant est le plus efficace ? Le désinfectant Z b) Pouvez-vous déterminer si le composé Y est bactéricide ou bactériostatique ? Justifiez votre réponse. Non. Il faut prendre un échantillon dans la zone d’inhibition et l’ensemencer sur un milieu nutritif. Si le désinfectant est bactéricide, il n’y aura pas de croissance ; s’il y a croissance, c’est qu’il restait des cellules viables et que le désinfectant était seulement bactériostatique. 2. Pourquoi chacune des bactéries suivantes est-elle résistante à plusieurs désinfectants ? a) Mycobacterium b) Pseudomonas c) Bacillus a) Mycobacterium possède une paroi acidorésistante. b) Pseudomonas est une bactérie à Gram négatif capable de métaboliser plusieurs des molécules organiques qui composent les désinfectants et d’annuler leurs effets. c) Bacillus produit des endospores qui résistent à l’action des désinfectants. 2 3. En utilisant la méthode des porte-germes pour évaluer l'efficacité de deux désinfectants contre Salmonella choleræsuis, on a obtenu les résultats suivants : a) Quel désinfectant est le plus efficace ? Le désinfectant B dilué dans de l’eau distillée b) Peut-on se fier à ces résultats pour connaître le désinfectant que l’on devrait utiliser pour combattre Staphylococcus aureus ? Justifiez votre réponse. Le test a été fait sur la bactérie Salmonella choleræsuis ; il ne peut donner aucune indication quant au choix d’un désinfectant pour combattre Staphylococcus. 4. On a préparé deux suspensions de 105 bactéries d’échantillons d’E. coli pour déterminer le pouvoir de destruction des micro-ondes : sur le graphique, cette quantité de bactéries est exprimée par le chiffre 5 à l’échelle logarithmique. Dans l’expérience, on a exposé l'une des suspensions telle quelle aux micro-ondes ; la deuxième suspension a d’abord été lyophilisée, puis exposée aux rayonnements. Dans le graphique ci-dessous, les traits en pointillé indiquent la température des deux échantillons en fonction du temps. a) Pourquoi les températures des deux échantillons sont-elles différentes ? b) Dans quelle suspension les micro-ondes détruiront-elles probablement le plus grand nombre de microorganismes ? Justifiez votre réponse en utilisant les données du graphique. 3 a) Le degré de chaleur dépend de la présence d’eau dans l’échantillon ; la culture lyophilisée est sèche, d’où l’absence d’effet des micro-ondes. b) La température de la culture humide (ligne rouge pointillée) monte, alors que celle de la culture sèche reste faible et stable (ligne noire pointillée) ; ainsi, la courbe de mortalité de la population en culture humide suit une pente négative qui indique une décroissance jusqu’à 0 (ligne rouge pleine), alors que la courbe de la population de la culture sèche reste stable (ligne noire pleine). APPLICATIONS CLINIQUES N. B. Certaines de ces questions nécessitent que vous cherchiez des réponses dans les différents chapitres du livre. 1. Sébastien est préposé aux malades dans le service de gériatrie d’un grand hôpital. Il lave les patients dans une baignoire en acier inoxydable et, après chaque usage, il doit nettoyer la baignoire avec un produit à base de quat, produit utilisé depuis quelques semaines seulement. On signale à l’infirmière en chef que 14 patients sur 20 ont contracté une infection de plaies à Pseudomonas. Elle soupçonne que l’infection est liée aux bains. À la suite de quelles circonstances cette bactérie peut-elle se trouver dans la baignoire ? Le choix du désinfectant a-t-il un rapport avec le taux élevé d'infection ? Justifiez votre 4 réponse. Quels facteurs hospitaliers augmentent les risques d’infection dans la situation présente ? Pseudomonas est une bactérie à Gram négatif qui colonise normalement l’intestin ; elle peut donc se retrouver dans l’eau du bain ; c’est une bactérie connue pour sa résistance à des désinfectants tels que les quats. Le choix du désinfectant est en rapport avec le taux élevé d’infection pour trois raisons : d’abord, les quats sont des désinfectants plus actifs contre les bactéries à Gram positif, or Pseudomonas est une bactérie à Gram négatif ; ensuite, des bactéries telles que Pseudomonas peuvent persister après un lavage désinfectant dans les anfractuosités de la baignoire et y survivre ; enfin, certaines souches de Pseudomonas peuvent vivre et se multiplier dans certains quats tels que le ZephiranMD. Les facteurs hospitaliers qui favorisent l’infection peuvent être liés : à l’état de la peau des patients ; l’alitement, le frottement sur les draps irritent la peau et brisent l’intégrité tissulaire, ce qui rend les patients plus susceptibles à l’infection ; au fait que plusieurs patients différents sont lavés à la suite dans la même baignoire ; à la technique de désinfection, dont il faut suivre à la lettre la procédure recommandée. 2. Les administrateurs d’une clinique privée ont décidé de faire des économies. Ils demandent au personnel d’augmenter la dilution des produits désinfectants pour en obtenir de plus grandes quantités ; ils exigent également une accélération de la cadence des techniques de soins et, par ricochet, une réduction du temps consacré à la désinfection et à l’antisepsie. Plusieurs membres du personnel soignant protestent vivement. À votre avis, quels seraient les arguments invoqués dans cette situation par le personnel ? Premier argument : la dilution des produits désinfectants peut conduire à la fabrication d’un désinfectant trop dilué dont la faible concentration pourrait laisser des bactéries survivantes et, par conséquent, entraîner la sélection des bactéries plus résistantes ; la résistance des bactéries ne peut, à long terme, qu’entraîner des coûts supplémentaires et des souffrances aux patients. Deuxième argument : sous l’action d’un désinfectant, le taux de mortalité des bactéries dans une population suit une courbe de décroissance constante. Il ne s’agit 5 pas d’un phénomène du tout ou rien. Un temps de contact réduit risque de laisser beaucoup de bactéries encore vivantes et infectantes. Troisième argument : ces mesures de réduction risquent d’augmenter le taux d’infection chez les patients et d’entraîner une augmentation des coûts pour des antibiotiques qui, très souvent, sont plus onéreux que les désinfectants. Quatrièmement, rappelez-vous le dicton : « Mieux vaut prévenir que guérir ! » 3. Entre le 9 mars et le 12 avril, cinq malades chroniques traités dans un hôpital par dialyse péritonéale contractent une infection à Pseudomonas æruginosa. Par suite de cette infection, quatre de ces patients présentent une péritonite (ou inflammation du péritoine) et le cinquième, une infection de la peau au point d'introduction du cathéter. Les patients atteints de péritonite ont un peu de fièvre ; leur liquide péritonéal est trouble et ils ont des douleurs abdominales. On avait posé aux cinq malades une sonde péritonéale à demeure, sonde que le personnel infirmier nettoyait au moyen d'une gaze hydrophile imprégnée d'une solution d'iodophore (BetadineMD), chaque fois que le cathéter était raccordé à la tubulure du dialyseur ou en était débranché. Les portions requises de l'iodophore étaient transférées de bouteilles standard à des flacons destinés à une utilisation immédiate. Les cultures effectuées à partir du dialysat concentré et d'échantillons provenant des parties internes du dialyseur ont toutes été négatives ; une culture pure de P. æruginosa a été obtenue à partir de l'iodophore contenu dans l'un des petits flacons en plastique. Quelle technique inappropriée a été à la source de l'infection ? Justifiez votre réponse. La croissance de la bactérie dans l’un des petits flacons prouve que l’iodophore est inactif et que la désinfection des cathéters avec l’iodophore n’est pas efficace. Un iodophore est un antiseptique efficace sur la peau ; ce n’est pas un désinfectant qui peut être utilisé pour désinfecter des objets tels que des cathéters. Le choix d’un iodophore dans la technique de désinfection comme la Betadine est donc inapproprié. 4. Dans un service de chirurgie orthopédique, onze patients ont contracté une arthrite septique attribuable à Serratia marcescens, une bactérie à Gram négatif que l’on trouve dans l’environnement hospitalier. On procède à la vérification du contenu des bouteilles 6 scellées de méthylprednisolone qui portent le même numéro de lot que le liquide utilisé, et on constate qu’il est stérile ; la méthylprednisolone était conservée à l'aide d'un quat. Le bouchon en caoutchouc des flacons pour injection à usages multiples était nettoyé avec un tampon d'ouate avant que le médicament ne soit prélevé avec une seringue jetable. Le point cutané d'injection était également nettoyé avec un tampon d'ouate. Les tampons étaient imprégnés de chlorure de benzalkonium (ZephiranMD), et on renouvelait au fur et à mesure le contenu de la jarre servant à l’entreposage des tampons. On constate que les flacons usagés de médicament et la jarre sont infectés par S. marcescens. Quelles sont les sources de contamination de la jarre ? des flacons de médicament ? Quels ont été les éléments erronés de la procédure suivie, et en quoi sont-ils liés à la contamination subséquente des patients ? Serratia marcescens est une bactérie à Gram négatif que l’on trouve dans l’environnement hospitalier. Les sources de contamination des tampons de la jarre est l’air et peut-être les mains du personnel. Les sources de contamination de la jarre sont les tampons contaminés. L’utilisation des tampons contaminés pour nettoyer les bouchons en caoutchouc des flacons a, en réalité, causé la contamination des flacons. Au cours de l’insertion de l’aiguille de la seringue dans le bouchon, des bactéries ont pu pénétrer dans le médicament et le contaminer. Un premier élément erroné a été le choix du Zephiran. Les tampons de la jarre sont imprégnés de Zephiran, mais ce dernier est un quat dont l’action est peu efficace sur des bactéries à Gram négatif. Le deuxième élément erroné a été le choix de tampons d’ouate lorsqu’on utilise un quat. La présence de fibres d’ouate contribue à diminuer l’effet du quat, d’où la contamination possible des tampons par la bactérie. Les patients ont été contaminés par les bactéries qui ont survécu dans le médicament. De plus, le point cutané d'injection était également nettoyé avec un tampon d'ouate, ce qui a pu contaminer la peau et entraîner des bactéries lors de l’injection du médicament. 7 5. Jacinthe doit utiliser du matériel stérile à la clinique dentaire où elle vient d’être embauchée. Le dentiste lui donne trois conseils à suivre afin que le matériel soit véritablement stérile au moment de son utilisation. Quels sont ces trois conseils ? Les trois conseils sont : vérifier sur l’emballage la date de péremption ; vérifier si l’indicateur de stérilité révèle que la stérilisation a été bien faite ; et s’assurer de ne pas déballer le matériel avant son utilisation. 6. Jean-Pierre est un homme de 58 ans atteint d’une septicémie. Son médecin soupçonne que le cathéter mis en place pour le soigner est la cause de l’infection. Il demande au laboratoire de réaliser une culture à partir du cathéter. Les cultures mettent en évidence la présence de Staphylococcus aureus à coagulase négative, de Corynebacterium et de Propionibacterium. Le médecin pense aussi que ces bactéries ont formé des biofilms à la surface du cathéter. (Indice : voir les chapitres 22 et 27.) La présence de biofilms bactériens risque de compliquer le traitement antimicrobien. Quelle est votre explication de la situation ? Un biofilm bactérien est une forme de regroupement des bactéries en communautés gommeuses où elles peuvent partager les nutriments. La formation d’un biofilm débute quand une bactérie libre s’ancre à une surface inerte telle que du matériel médical. Si, en se multipliant, ces bactéries forment une couche épaisse, il en résultera un surpeuplement. Les bactéries des couches inférieures n’auront pas accès aux nutriments et des déchets toxiques s’accumuleront. Pour éviter ces problèmes, les bactéries forment des structures en forme de piliers autour desquels l’eau circule, apportant les éléments nutritifs et éliminant les déchets. Le système circulatoire primitif est construit en réponse aux signaux de communication chimiques envoyés par les bactéries. Des bactéries individuelles et en amas se détachent parfois du biofilm pour s’établir ailleurs, ce qui a pour effet d’essaimer les bactéries et d’étendre la contamination. Les biofilms se rencontrent sur toute surface irriguée, vivante ou inerte : les dents, les verres de contact, l’intérieur des conduites d’eau, et sur du matériel biomédical tel que des cathéters, des sondes intraveineuses, etc. Les scientifiques estiment qu’ils sont responsables de 65 % des infections bactériennes humaines, en 8 particulier lorsque ces infections sont chroniques. Par exemple, on pense que les microbes qui s’organisent en biofilms sont 1 000 fois plus résistants aux agents antimicrobiens. C’est pourquoi, dans la situation du patient, la présence de biofilms bactériens sur le cathéter risque de compliquer le traitement antimicrobien.