Séance 2 I. Comment définir l’économie politique ? Quel est son objet ? 1- Approche concrète de l’objet de l’analyse économique le terme « économie » provient du grec et désigne les règles d’organisation de la maison (oïkos). En 1615, Montchrestien définit l’économie comme « la gestion du bien public » et « l’administration du patrimoine de la cité », soit les modalités d’enrichissement du prince. Quel est l’objet de l’analyse économique ? Pour Adam Smith, comme le montre son ouvrage Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, la richesse est le principal objet de l’analyse économique. Pour Marshall (1842-1924), « l’Economique ou l’économie politique est une étude de l’humanité dans l’activité ordinaire de la vie. Elle étudie ce qui, dans l’individu ou l’action sociale est relié à la recherche et l’utilisation sur les moyens matériels nécessités par le bien-être ». Pour l’épistémologie, la spécificité d’une science humaine et sociale ne tiendrait pas aux objets concrets qui constituent traditonnellement le champ d’étude mais un sujet abstrait fondamental. Or, le sujet abstrait au cœur de l’analyse économique est la rareté. 2-Approche abstraite de l’objet de l’analyse économique « L’économie est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre des fins et des moyens rares à usage alternatif » Lionel Robbins (1898-1984) Un essai sur la nature et la signification de la science économique 1932. De même, en 1939, Jacques Austruy écrit « L’économie est une stratégie de lutte contre la rareté qui induit des phénomènes de valeurs ». En effet, La rareté impose le choix. a. Rareté et choix Dans l’hypothèse où toutes les ressources sont rares, ces biens sont dits économiques. Un bien économique est rare, issu d’un processus de production et destiné à satisfaire un besoin. A l’inverse, un bien libre existe naturellement en abondance. Même si tous les biens étaient libres, la rareté existerait, car le temps est une ressource rare : l’abondance ne fait pas disparaître le coût d’opportunité. La rareté impose des choix. b. Rareté et coût Les choix imposent des coûts. En effet, un choix induit le renoncement à une autre activité économique. Il existe un « coût d’opportunité » soit le coût que représente la satisfaction procurée par le meilleur autre choix possible que celui réalisé. II. Quelles sont les approches de la connaissance économique ? 1- Le mode de raisonnement : méthode déductive et méthode inductive Le mode de raisonnement déductif repose sur des axiomes, des hypothèses qui servent de fondement à une déduction logique sans recours à l’observation des phénomènes. La méthode inductive repose sur l’observation des phénomènes puis dégage théories, lois et principes. Stanley Jevons (école de Cambridge) est un pionnier de la méthode inductive. Karl Popper (1902-1994) refuse la méthode inductive en s’appuyant sur les critères de réfutabilité : la vérités des prémices des inteêts singuliers ne saurait jamais garantir la vérité de la conclusion. « L’observation de 1001 signes blancs et corbeaux noirs n’excluera jamais la possibilité d’un signe noir et d’un corbeau blanc ». La science économique utilise les deux modes de raisonnement. Une série d’observations servent de fondement à une série d’axiomes (d’hypothèses) qui servent à l’établissement de de principes généraux, de lois universelles, confrontées à la réalité. 2- Le temps dans l’analyse économique La méthode statique fait abstraction du temps et suppose que les ajustements sont simultanés. La méthode dynamique révèle l’influence réciproque des phénomènes économiques à travers le temps, le déroulement même des phénomènes étudiés afin d’expliciter les mécanismes d’ajustement. L’analyse ex-ante considère le phénomène avant que les réactions qu’il suscite ne se manifestent. L’analyse ex-post considère ce phénomène après que les réctions qu’il a suscité ne se manifestent. 3- L’objectif de l’analyse économique L’analyse positive repose sur une description et une explication des faits et comportements économiques : elle définit ce que sont les comportements et les objets économiques. L’analyse normative repose sur une définition et explication des comportements tels qu’ils devraient être pour satisfaire un objectif donné. A l’issue de l’analyse positive, la question des conséquences des comportements des agents économiques et de l’exercice des marchés se posent à l’économiste : l’aboutissement des comportements individuels rationnels et de l’exercice des marchés constitue-t-il une soultion efficace ? Un comportement est dit rationnel si il permet à un individu d’arriver à ses fins quelle que soit la nature de ses objectifs. Un individu est rationnel si il maximise son objectif compte tenu des ressources dont il dispose ou s’il atteint son objectif en minimisant les ressources dont il dispose. 4- Le niveau de l’analyse économique : microéconomie et macroéconomie La distinction entre microéconomie et macroéconomie est liée à la méthodologie. La microéconomie repose sur l’individualisme méthodologique, mode de raisonnement qui part de l’étude du comportement individuel pour aboutir au fonctionnement global du système par des opérations d’agrégations. La macroéconomie repose sur le holisme méthodologique, mode de raisonnement qui considère l’étude du fonctionnement global du système pour préciser ensuite l’analyse jusqu’à atteindre l’individu. Le holisme considère que le tout est supérieur à la somme des parties, de telle sorte que l’analyse des composantes du système ne suffit pas à appréhender le phénomène dans son ensemble. Le holisme raisonne en terme de PIB, de FBCF, de consommation globale des ménages… III. Quels sont les différents types de biens économiques Les biens matériels s’opposent aux biens immatériels ou incorporels tels que les diplômes ou les brevets. Les biens de production (capital, équipement, investissement) servent à produire d’autres biens et services. A l’inverse, les biens de consommation sont destinés à l’usage des agents. Les biens non durables sont détruits immédiatement (alimentation), les biens semi-durables par un usage régulier (vêtements) alors que les biens durables s’étendent sur une longue période (logement). Les biens finals ne subissent plus de de transformation alors que les biens intermédiaires sont destinés à être modifiés pour donner naissance à un bien final. La demande des biens inférieurs diminue lorsque le revenu du consommateur augmente, contrairement aux biens supérieurs. La demande des biens « Giffen » augmente lorsque leur prix augmente. IV. Le raisonnement marginaliste Le raisonnement marginaliste apparaît avec les écrits simultanés mais indépendants de Jevons, Menger et Walras dans les années 1870. Ce courant est dit « marginaliste » car ses théoriciens raisonnent à la marge, sur la dernière unité produite ou consommée. Par ailleurs, insistant sur la dimension subjective des actions humaines individuelles, les marginalistes conçoivent les phénomènes économiques comme le résultat du choix d’agents économiques rationnels qui exercent leurs activités dans un univers de « laisser faire » régulé par une concurrence pure et parfaite.