SCIENCES SOCIALES Chapitre I : Objet et méthode de l’analyse économique Introduction - Histoire de l'économie Etymologiquement : économie = «les règles pour diriger la maison» (Oïkos : la maison / Nomos : règle, ordre, lois). Dès l'Antiquité : le terme d'économique est employé pour la 1° fois par Xénophon (IV°s avant JC) comme titre de son ouvrage de gestion foncière dans lequel Socrate s’interroge sur comment gérer les biens Aristote (50 ans après) déclare que l'origine de la valeur des biens est le besoin. Il s'interroge aussi sur les fonctions de la monnaie: - intermédiaire des échanges, il divise l'opération de troc en deux étapes - unité de compte (détermine la valeur des biens) - réserve de valeur (permet de transférer du pouvoir d’achat) - instrument de spéculation Moyen-âge et Renaissance : Les mercantilistes s'interrogent sur la nature de la prospérité ou sur les phénomènes d'inflation. Dès cette époque, l'économie est une arme au service de la puissance publique Antoine de Montchrestien publie en 1615 un traité d'économie politique 1° fois que l’on emploie le terme « économie politique » = la science d’accumulation des richesses qui sert entièrement à asseoir la puissance du roi. XVIII° s : sous l'impulsion des physiocrates français (« secte des économistes ») et des auteurs classiques anglais, l'économie prend son essor pour devenir non seulement une discipline scientifique, mais pour élargir progressivement son champ d'investigation à l'analyse des échanges et des choix dans un monde de rareté afin de correspondre à l'évolution des sociétés qui s'industrialisent, s'internationalisent et changent de mode de production. XIX° s : l'économie devient une discipline universitaire en France, elle utilise les mathématiques pour proposer des cadres de réflexion et d'analyse rigoureux. La microéconomie et l'économie industrielle se développent, donnant des résultats fondamentaux toujours utiles à connaître et à maîtriser en gestion. XX° s : le développement d'outils et de capacités de calculs permettent dorénavant de doter les économistes d'indicateurs sophistiqués et relativement fiables. Aujourd’hui : Le terme d'économie désigne à la fois la discipline, le niveau des sociétés, leur mode de production et leur mode d'échange (l'économie d'une nation, une économie développée, les économies de marché…) Les théories macro-économiques, qui permettent de caractériser l'économie ou le dynamisme d'une nation avec des notions comme le PIB, le PNB ou le RNB sont beaucoup utilisées. La «fille de l'économie », la gestion, désigne l'ensemble des techniques qui permettent de gérer une organisation. La recherche scientifique en gestion a pour objet de décrire, d'analyser et de comprendre le fonctionnement des organisations. Cette discipline, qui utilise comme base la microéconomie, tend à prendre son autonomie vis-à-vis de sa discipline mère. I - Objet de l'analyse économique L’analyse économique apparait comme l’étude scientifique des choix dans un monde de rareté A - Etude des biens économiques 1. Définition Un bien économique est un bien relativement rare au regard des besoins humains. En effet un bien qui existe en quantité illimité n'intéresse pas l'économiste. Ex : L’eau est un bien économique L’air n’est pas un bien économique 2. Typologie (nature du besoin, durée) - On peut classer les biens économiques suivant la nature du besoin auquel ils répondent : un bien de consommation est un bien qui se détruit un bien de production est un bien qui sert à produire d'autres biens : bien de consommation intermédiaire est incorporé dans le processus de production Ex : acier tôle bien d'équipement, càd durable. L'accumulation de ce type de biens correspond au capital technique des entreprises Ex : un batiment - l’INSEE classifie les biens autrement (NAF ou CPF=Classification des Produits Français). Branche d’activité = ensemble des entreprises produisant un même type de produit Ex : l’industrie céréalière ≠ Secteur d’activité = entreprises qui ont en commun la branche principale Ex : l’automobile 3. Caractère matériel ou immatériel, marchand ou non marchand Les biens économiques matériels sont les produits « physiques ». Les biens économiques immatériels, eux, correspondent aux services, ils ne se stockent pas. les services marchands, qui s'achètent contre un prix Ex : le coiffeur, un transport Concurrence Ex : Piscines privées ou non les services non marchands qui sont gratuits ou vendus à un prix < à son cout de production Ex : l'éducation ou la justice B. Les facteurs de production Facteur de production = bien économique qui permet de produire d’autres biens. Dans le modèle économique, on classe les facteurs de production en 3 catégories : La terre = tout ce qui est dotation naturelle, correspond aux richesses naturelles. Le travail correspond à l'utilisation des ressources humaines, c'est à dire des efforts acceptés en contrepartie d'un salaire. J Adam Smith (XVIII°s): «C'est le travail qui fait la richesse d'une nation. » Le capital = ensemble des biens économique qu’utilise une entreprise de façon durable pour produire d’autres biens = Capital social d’une entreprise = ensemble des apports financiers des associés + Capital technique d’une entreprise = ensembles des bâtiments, machines… RQ : en gestion et en droit, le capital correspond seulement au capital social C. L’offre et la demande La plupart des biens économiques s’échangent sur des marchés et ne sont produits que s’il y a une demande et un besoin. Marché = lieu de rencontre de l’offre et de la demande 1. Analyse des besoins Pour l’économiste, le besoin d’un bien est fondamentalement subjectif et dépend de l’utilité que chacun lui accorde. Cette utilité diminue au fur et à mesure que le besoin est satisfait. Ex : très soif utilité verre d’eau + le besoin sera satisfait, + l’utilité du verre d’eau diminue On distingue les besoins primaires, ou physiologiques, des besoins secondaires, comme le montre la pyramide des besoins de Maslow (XX° s) : 2. La demande La demande émane des consommateurs, elle correspond à l’association des quantités demandées d’un même bien pour tous les consommateurs d’un pays Pyramide de Maslow Très utilisée en marketing 3. L’offre L’offre émane des producteurs pour les biens marchands et de l’état pour les biens non marchands. Dans la plupart des modèles économiques, on considère que le producteur cherche à maximiser son profit. D. Etude des choix, principe du calcul économique Fondamentalement, l’analyse économique cherche à se prononcer sur les choix d’un monde de rareté. L'entreprise a le choix entre plusieurs options ;il faut comparer les différentes perspectives, conseiller la meilleure solution, tout en anticipant les opportunités que l'on manquera en renonçant aux autres possibilités. Le principe de base du calcul économique est de comparer les couts et bénéfices d’un choix RQ : Il est parfois difficile de comparer le coût (plutôt monétaire) au bénéfice (satisfaction) Pour faire un calcul de coût, il faut intégrer la notion de coût d’opportunité (=valorisation de la renonciation à un choix), être le plus complet possible, évaluer les externalités (=production non désirée par exemple la pollution de l’eau par un produit ménagé) II - Méthodes de l’analyse économique A. Méthode déductive ou inductive Méthode déductive : on fait des raisonnements logiques sans partir d'observations mais d'hypothèses. Méthode inductive: par de l'observation, de l’expérience pour dégager des raisonnements logiques John Lock (XVII°s) : « Rien n'est inné chez l'Homme, toutes les connaissances viennent de l'environnement, c'est l'empirisme » Il y a convergence de ces deux méthodes. B. Analyse macro ou micro-économique Macro-économie : analyse des variables agrégées et de leurs interactions, analyse de l’économie dans son ensemble Ex: Comment la consommation influe sur le niveau de production, le niveau de l’emploi… ? Micro-économie : analyse d'un invidu, d'une entreprise ou d'un marché Ex: formation des prix On peut employer des idées micro-économiques dans des modèles macroéconomiques. C. Les modèles Modèle économique : construction (mathématique) permettant de vérifier la rigueur du raisonnement et de procéder à la validation économétrique des phénomènes observés ou qu’on veut expliquer. L’économétrie est la branche de l’économie qui s’occupe de la modélisation et des calculs. Ex de fonctions économiques : Revenu = Consommation + Investissement + Exportations - Importations Consommation = f(Revenu) + Consommation initiale Il y a trois types de modèles: - modèle descriptif: description simplifiée de l'activité d'une nation ou d'une branche - modèle explicatif: permet de comprendre l'enchaînement des phénomènes en mettant en évidence les mécanismes économiques, c'est à dire en mettant en relation les variables. - modèle prévisionnels : Ce sont les plus incertains, ils tentent de quantifier le niveau des marchés. CONCLUSION : La pensée économique a évoluée au fil du temps, passant de la « gestion d’un domaine » dans l’Antiquité (Xénophon) à la gestion des royaumes au Moyen Age puis à l’analyse et à la compréhension de la production et de la richesse des Nations. Aujourd’hui, l’analyse économique s’applique à analyser les choix dans un monde de rareté. Ses méthodes sont de plus en plus sophistiquées même si leur caractère prédictif apparait limité. Popper (XX°s): « Une théorie est scientifique si elle est réfutable, confrontable aux faits ». D’après cette définition, l'économie a une démarche scientifique : l'augmentation de nos capacités de calculs permet de vérifier la plupart des hypothèses. Ce n'est cependant pas une science exacte : l'expérimentation et la confrontation sont délicates (milliards de décisions prises à chaque instant dans le monde, absence de possibilités de contrôle). La démarche scientifique ne doit pas faire oublier que bien des débats en économie ne sont pas tranchés et qu’ils sont parfois tributaires (dépendent) de partis-pris.