Propositions de mots et pseudo-mots 1 – "VRAIS" MOTS : Pour écrire ces mots, on va essentiellement s’appuyer sur des stratégies phonologiques (principes phonographiques) Pourquoi ? - parce que ce ne sont pas des mots connus ; - parce qu’ils ne sont pas fréquents d’utilisation ; - parce qu’ils sont plutôt longs ; - parce qu’ils ne contiennent pas d’éléments morphologiques prégnants sur lesquels s’appuyer. Nom et adjectif ; mot vieilli ou littéraire un vieillard valétudinaire un, une valétudinaire Sens : maladif, dont la santé est précaire. valétudinaire Analogie orthographique possible / appui sur les fréquences orthographiques : mots en –naire ou –dinaire : centenaire, partenaire, imaginaire, culinaire, luminaire, pensionnaire, dictionnaire, fonctionnaire, missionnaire, visionnaire, lunaire, ordinaire, … autres finales possibles (moins fréquentes) -nère (verbes pour l’essentiel) : vénère, génère -nerre : tonnerre -ner : (mots d’origine étrangère) corner Nom masculin Sens : bruit produit par le déplacement des gaz dans l’intestin ou dans l’estomac : gargouillement borborygme Pour l’attaque du mot, décomposition nécessaire : bor-bo ; Finale phonologiquement peu fréquente. Les rares mots avec la même finale s’écrivent en –igme : énigme, paradigme Pour écrire ces mots, on va essentiellement s’appuyer sur des stratégies phonologiques + appui sur le radical du mot (dérivation) Prononcer tin-ti-na-bu-ler Verbe, littéraire Sens : Se dit d’une cloche, d’un grelot qui sonne. Etym. : du latin tintinnabulum « clochette, grelot », de tintannare / tinnire tinter tintinnabuler Rapprochement avec le verbe tinter ( tintamarre) Erreur possible : rapprochement avec buller Règle orthographique : doublement de la consonne Pour écrire ces mots, on va essentiellement s’appuyer sur des stratégies orthographiques et des connaissances morphologiques Nom masculin Sens : qui s’occupe de, spécialiste de l’astronautique, la navigation spatiale astronauticien astro- : élément qui signifie « astre » ; [syn. : astér- ; stell-] naut- : élément qui signifie « naviguer», « explorer» [syn. : nau-, nav-] ; -ien : élément de nom joint à une base nominale qui signifie «qui s’occupe de, spécialiste de (ce que signifie la base) [syn. : -iste ; -ier ; -eron ; -aire] Ichtyophage –Nom et adjectif Sens : qui se nourrit principalement ou exclusivement de poisson xylophage – adjectif qui ronge le bois. Insectes xylophages ichtyophage Mots de composition savante : fusion de deux racines grecques ou latines ichty(o)- : élément qui signifie « poisson ». [syn. : pisc(i)] (grec ikhthus) ou xylophage xylo- : élément qui signifie « bois » (grec xulon : bois) phag(o)- / -phage : élément qui signifie « manger ». [syn. : vi(v-), vor-] 2– NEOLOGISMES, PSEUDO-MOTS OU MOTS DISPARUS : Pour écrire ces PSEUDO-MOTS, on va essentiellement s’appuyer sur des stratégies phonologiques (principes phonographiques) Ancien mot du patois nîmois Sens : épater espataroufler Décomposition et transcription phonographique + connaissances orthographiques automatisées + rapprochement de mots connus : es- (= pas d’accent) ; -er : utilisation du morphogramme si l’on émet l’hypothèse qu’il s’agit d’un verbe. -roufler n’existe pas : erreur possible de doublement du F si on le rapproche de souffler (mais ronfler n’en prend qu’un.) Pour écrire ces PSEUDO-MOTS, on va essentiellement s’appuyer sur des stratégies orthographiques et des connaissances morphologiques Néologisme québécois Sens : spam (e-mail indésirable) Imbrication de courriel et poubelle / pourri pourriel pourri finale en –iel très fréquemment utilisée dans la terminologie informatique, qui n’existe pourtant pas encore, comme véritable morphème (suffixe) variante de –el qui marque une qualité/ ce qui est (ex : naturel): logiciel, tutoriel Néologisme créé par André Gide Dérivation de se remémorer action de rappeler en mémoire avec précision ? résultat de cette action ? remémorance Approche de l’orthographe du mot par recomposition morphologique : recherche des unités morphologiques re- : à nouveau, une nouvelle fois mémor- : élément qui signifie «mémoire» ; [syn. : mnémo-] -ance : élément de nom féminin qui désigne une action, le résultat d’une action, une disposition à… (alliance, correspondance, croissance…) Concurrence en termes de fréquence orthographique avec –ence. Mot-valise construit de la fusion de bécot + économiser bécot : mot familier synonyme de bisou ; ménager ses bisous, gérer son capital tendresse avec parcimonie. béconomiser Utilisation de ses connaissances linguistiques : lexicales, morphologiques et orthographiques - connaissance du mot bécot ; - sinon transcription la plus simple (fréquence et règle orthographiques) bé-co - utilisation du mot économiser ; - morphogramme grammatical –er de l’infinitif des verbes du 1er groupe Quelques éléments de réflexion concernant cette activité 1) Attention et mémoire L’attention que porte l’élève au problème orthographique qu’il est en train de traiter relève : - du sens qu’il donne à l’activité ; - de sa capacité à se représenter le but à atteindre, à planifier son activité intellectuelle. Chacun d’entre nous possède plusieurs mémoires : une mémoire épisodique, une mémoire sémantique, une mémoire qui renvoie spécifiquement aux activités de traitement, notamment linguistique. Il existe deux formes de rétention de l’information : une à long terme et une à court terme. La mémorisation orthographique d’un mot ne fait pas seulement appel à son enregistrement visuel, mais passe par son traitement analytique. Ainsi, on ne mémorise que : - ce qui a du sens ; - ce que l’on répète ; - ce que l’on relie ; - ce que l’on catégorise ; - ce que l’on consolide. 2) La catégorisation au cœur de l’activité mentale • Le processus de catégorisation traverse tous nos processus de pensée. • Catégoriser, c’est considérer de manière équivalente des objets, des personnes, des situations qui partagent des caractéristiques communes. • Catégoriser permet : - de réduire la complexité du monde ; - de mettre de l’ordre dans ses connaissances en les subdivisant, en les comparant, en les conceptualisant, en faisant des analogies. 3) L’analogie : principe majeur de l’organisation mentale dans le domaine linguistique Notre cerveau ne fait pas que stocker des connaissances, il les organise en réseaux. L’évocation d’un mot entraîne celle de mots ayant un rapport analogique : phonique, graphique, sémantique, morphologique… C’est un processus essentiel à prendre en compte et à expliciter aux élèves lors de la mise en œuvre de situations d’apprentissage. 4) Lexique mental et lexique orthographique Dans l’espace « mental » on engramme des entités graphiques, on stocke des mots et des informations sur les mots. Les performances en orthographe reposent sur deux capacités de base : • maîtriser les correspondances grapho-phonologiques ; • retrouver en mémoire des formes orthographiques fréquentes : il ne s’agit donc pas seulement d’un espace « mémoire » mais aussi d’un espace « fabrique ». 5) Différencier savoirs, mise en œuvre et utilisation des connaissances Les connaissances orthographiques sont des savoirs acquis et organisés dans notre mémoire. Le lien entre ces connaissances et leur mise en œuvre en situation d’écriture n’est pas aussi direct qu’on le croit, il nécessite plusieurs opérations mentales : • L’activation : récupération en mémoire d’écritures possibles qui peuvent se concurrencer. • Le doute et la révision orthographiques vers une proposition qui parait normée.