LES PSYCHOSES I- DEFINITION C’est un trouble grave de la personnalité. La psychose n’est pas en soi pathologique, le sujet peut rester adapté à une vie normale. Elle se caractérise par : Une perte de contact avec la réalité Un symptôme principal « le délire » II- LE DELIRE : Délirer c’est quitter la réalité extérieure sans le savoir sans s’en rendre compte Avec une sorte de conviction inébranlable dans les éléments de ce délire. Le délire est une déformation subjective de la réalité Il est accompagné d’une conviction solide du sujet pour son délire Le délire est une erreur : soit de perception, de jugement, ou d’un sentiment erroné. Le sujet ne met pas en doute son délire, il y adhère au point que tout pour lui ne prend sens dans la réalité qu’au travers le prisme déformant de son délire. III -LES THEMES ET LES MECANISMES DU DELIRE : Les thèmes les plus fréquents : Grandeur transformation corporelle Jalousie hypocondrie (se croire atteint d’une maladie grave) Persécution négation d’organe Mysticisme possession diabolique Les mécanismes : Hallucinatoire Interprétatifs Perceptifs L’hallucination est une perception sans objet à percevoir (il n’y a rien) L’illusion est un sens erroné donné à des perceptions sensorielles réelles. Les différents types d’hallucination Hallucinations visuelles : visions élémentaires ou complexes, lueurs, formes animées Hallucinations acoustiques : voix localisées, timbrées, en écho de la pensée La personne ne parle pas de ses voix, c’est le plus souvent un comportement, une attitude d’écoute qui alerte l’entourage. 28/01/2008 1 Les hallucinations tactiles : impression de brûlures, de froid, de chaud, de grattage, de démangeaisons. Les hallucinations gustatives et olfactives, goût désagréable, odeurs. IV- LES PRINCIPALES PSYCHOSES : LES BOUFFEES DELIRANTES AIGUES L’apparition du délire est soudaine, elle peut rester transitoire. Les thèmes sont multiples Persécution grandeur, transformations corporelle ou sexuelle, possession, influence, empoisonnement, richesses, puissance etc.… Ils sont accompagnés d’hallucinations visuelles, auditives, psychiques De troubles de l’humeur et du comportement : agitation et ou inhibition. Parfois refus alimentaire, fugues, agressions, violence. Différentes formes de présentation des bouffées délirantes aiguës On trouve des formes imaginatives, interprétatives et hallucinatoires. De type maniaque exaltation, euphorie, désorganisation importante de la personnalité De type dépressif, délire de type mélancolique, sujet qui se sent coupable, indigne, sujet à une grande douleur morale Confusionnelle, le sujet présente souvent une désorientation temporo – spatiale et une grande perplexité anxieuse. De type catatonique, le sujet est prostré, et reste souvent mutique, sans réaction, avec trouble grave de l’alimentation qui peut entraîner une désorganisation somatique sévère. De type toxique, drogue, alcool, accompagné souvent d’insomnies, d’anxiété massive et d’une excitation psychique, le malade reste dans un semi contact avec la réalité, les perceptions sont altérées. LA PSYCHOSE HALLUCINATOIRE CHRONIQUE (PHC) Délire hallucinatoire, concernant un ou plusieurs sens (hallucinations, auditives, visuelles, sensitives, plus rarement olfactives.) Tableau schématique des délires DELIRE PARANOÏAQUE PARAPHRENIQUE PARANOÏDE Mécanismes Interprétations Hallucinations Hallucinations Fantastique Mystiques, Et intuitions Thèmes Persécution Toute puissance Structure Clair, cohérent Riche, luxuriant Pauvre, flou incompréhensible 28/01/2008 2 LA PSYCHOSE MANIACO DEPRESSIVE OU PMD C’est une maladie de la variation pathologique de l’humeur. C’est une alternance de phase d’exaltation (manie) et de phases dépressives (mélancolie). On parle aussi de PMD bipolaire. Il y a un risque suicidaire majeur pendant les phases mélancoliques, et en début de traitement dans les phases dépressives. La phase maniaque est marquée par une grande excitation psychique, un grand désordre matériel et psychologique. On remarque des troubles de la pensée (tachypsychie) accélération de la pensée . Une imagination débridée, parfois frôlant le délire. Excitation psychomotrice, insomnie, parfois hyperthermie et troubles métaboliques. LA PSYCHOSE PARANOIAQUE . Cette psychose s’installe chez des sujets au caractère paranoïaque, c’est l’apparition d’un délire qui marque l’entrée dans la pathologie. Les traits de caractère du paranoïaque C’est un sujet anxieux , suspicieux. Orgueilleux, on dit qu’il souffre d’une hypertrophie du moi Il est égocentrique, intolérant, méprisant, un amour propre excessif. Il est parfois agressif et psychorigide Il fait preuve d’erreur de jugement, sans remise en cause Il est peu ouvert aux systèmes de valeurs des autres. Le délire paranoïaque Il est dit « systématisé » c'est-à-dire qu’il s’organise selon un mécanisme logique et cohérent, qui peut entraîner l’adhésion C’est un délire interprétatif qui se base le plus souvent sur des prémisses fausses Le sujet peut toutefois rester très adapté à la réalité, ce qui rend très difficile sa prise en charge. Les grands thèmes du délire paranoïaque Le délire passionnel (jalousie) Le délire relationnel du sensitif (délire érotomaniaque, se croire aimer par une personne socialement reconnue, artiste, écrivain, star etc…) Le délire d’interprétation (le délire s’installe à la suite d’un préjudice ou d’une injustice, vrai ou supposé) Les relations avec ces personnes sont très complexes, toutefois un cadre très organisé et précisé leur est bénéfique. Le sujet à besoin d’être reconnu, mais sans excès. LES SCHIZOPHRENIES Il n’y a pas des schizophrènes mais un sujet qui souffre d’une maladie complexe. Il s’agit d’une forme majeure de psychose qui présente un symptôme prédominant : la dissociation qui touche : l’intelligence, la pensée, l’affectivité, la vie relationnelle et l’appréhension du réel. Henri EY psychiatre de renom des années 50 définit la schizophrénie comme une psychose chronique qui altère profondément la personnalité et qui se manifeste par une tendance à cesser de construire son monde en communication avec autrui pour se perdre dans une pensée autistique, dans un chaos imaginaire stérile. 28/01/2008 3 1) LES CAUSES Génétiques Le niveau élevé de troubles chez les vrais jumeaux est un facteur qui tend à considérer que les causes génétiques peuvent être invoquées dans l’origine de certaines schizophrénies. Facteurs sociaux La schizophrénie peut s’observer proportionnellement plus fréquente dans les couches sociales déshéritées que dans les classes sociales aisées .Mais ceci est relativisé par le fait que le sujet schizophrène jeune se marginalise rapidement dans des couches de population précaires. L’isolement social, du à une dérive sociale, conséquence de la maladie plus qu’une cause. Les agressions et perturbations sociales, pauvreté, chômage, exclusion peuvent jouer un rôle dans les mécanismes d’aliénation sociale du schizophrène. Il est difficile de trouver des causes somatiques ou biologiques à la schizophrénie, cependant Quelques différences ou anomalies peuvent être remarquées : différence fonctionnelle légère entre les hémisphères cérébraux, troubles dans le cycle veille sommeil, typologie physique particulière leptosome, silhouette longiligne, perturbation de la réactivité immunologique. Les données psycho dynamiques Le rôle de la famille, le milieu familial est le lieu précoce où s’articulent les premières relations interpersonnelles (relation dites d’objet), basées sur une situation de totale dépendance et un intense besoin de sécurité.l’individualisation progressive de la personnalité se déroule selon le processus suivant : au cours de la première année de son développement l’enfant prend conscience de l’intérêt et de l’amour que ses parents lui portent, non pas parce qu’ils ils sont obligés, mais parce qu’ils le désirent, ceci conforte l’enfant dans un sentiment de valorisation et d’amour. Ce climat de satisfaction, de sécurité affective permet « d’introjecter » le monde extérieur, de se l’approprier, de se forger un moi fort et stable.au travers le langage émis par l’univers parental. Si cette sécurité familiale de base fait défaut l’enfant est confronté aux carences affectives, aux frustrations, son univers relationnel est chaotique et insécurisant. Le rôle parental chez le schizophrène est mal assuré : Père absent ou démissionnaire, la mère aux attitudes plus subtiles peut être hyper protectrice parfois anxieuse et dominatrice, avec des attitudes paradoxales de rejet.vis à vis de l’enfant. Les relations dans le couple sont marquées par des relations affectives ambiguës, avec hostilité, peur, et mépris du conjoint, l’opposition est souvent latente, muette. L’enfant est maintenu dans l’univers de ce que l’on nomme le double lien, ou double contrainte : fréquence importante des messages verbaux contradictoires. En résumé les parents de schizophrènes ont des difficultés dans les modulations émotionnelles et affectives 28/01/2008 4 Ils oscillent entre l’indifférence et l’implication excessive. Toute conception de la schizophrénie la rattachant à une cause exclusive est aujourd’hui difficile à admettre dans l’état des connaissances scientifiques actuelles. 2) LES GRANDS SIGNES DE LA MALADIE : A) LE SYNDROME DISSOCIATIF Effondrement brutal ou progressif des rapports du sujet au monde, échec de la communication : étrangeté, bizarrerie, et discordance. Conduites insolites, affirmations délirantes, faillite de la communication. Il s’agit aussi pour le schizophrène d’une forme de défense contre l’anéantissement et l’angoisse. a)dépersonnalisation Perte du sentiment d’individualité, qui touche l’intégrité somatique corporelle, la conscience du moi, avec impression d’étrangeté et bouleversement du monde. Elle s’accompagne d’une angoisse massive de séparation, d’anéantissement et de morcellement b) troubles de la pensée Relâchement dans l’agencement et la coordination des idées. Raisonnement incohérent, idées parasites, phénomènes de barrage de la pensée, suspension du discours. L’incohérence du discours peut devenir totale. c) les troubles du langage Touchent toutes les formes de langage, oral, graphique et pictural. Parfois période de mutisme, apparition de mots clefs, contraction de mots, altérations syntaxiques, néologismes et para langage hermétique d) troubles de l’affectivité La discordance dans l’affectivité peut être confondue avec l’indifférence ce qui n’est pas le cas. Il s’agit d’un émoussement de l’affectivité, d’une perte de l’élan vital. Développement des attitudes ambivalentes, amour et haine, désir de séduire mais aussi d’agresser. Atonie affective, froideur, détachement, qui cachent en fait une sensibilité exacerbée. e) les troubles psychomoteurs Cette discordance psychomotrice est décrite sous le nom de catatonie : indécision gestuelle, indétermination des attitudes, mouvements automatiques, maniérisme Les syndromes catatoniques Catalepsie : perte intense de l’initiative motrice, immobilité, attitudes imposées et subies. Négativisme : raideur, fermeture des paupières, refus de la main tendue, fuite des contacts. Hyperkinésies : impulsions verbales ou gestuelles, décharges motrices 28/01/2008 5 B) LE SYNDROME DELIRANT a) autisme schizophrénique Perte du contact vital avec la réalité Réaménagement des rapports du sujet avec le monde extérieur Le mouvement autistique tend à aliéner le sujet dans le labyrinthe de ses fantasmes, avec un vécu intemporel et en un lieu dont l’accès nous est inabordable. manifestations délirantes b) la pensée est entravée, contrariée, répétée en écho ou parasitée Les actes sont commentés ou imposés. Mécanisation de la vie psychique, hallucination auditives et verbales, parfois olfactives ou visuelles Sensations cénesthésiques (fourmillements, attouchements) Intuitions, interprétations, productions imaginaires débordantes. Parfois des thèmes persécutifs, mégalomaniaques, érotomaniaques, mystiques, hypocondriaques. Le délire schizophrénique est le plus souvent inorganisé ou paranoïde .Il n’a pas de structure, pas de liens cohérents. La schizophrénie paranoïde est la forme dans laquelle le délire évolue en permanence C) LES TROUBLES DES CONDUITES Aboulie, désintérêt, inertie provoquent le désengagement des activités du sujet. Perte de l’initiative, apragmatisme plus ou moins total. Incohérence affective, TS, auto mutilation, comportements masochiques. Agressivité, violence extrême, meurtres. 3) LES GRANDES FORMES DE SCHIZOPHRENIES . Forme simple : désorganisation progressive chez un sujet habituellement dit timide, réservé, préférant l’isolement au contact. Apparition de signes d’apragmatismes, de clinophilie, avec indifférence affective. Vie stéréotypée et ritualisée. Schizophrénie paranoïde : désorganisation intense de la personnalité et activité délirante permanente.L’absence de structure et d’organisation du délire est caractéristique ;le délire s’enlise et s’appauvrit au fil du temps, il provoque peu à peule replis autistique. L’hébéphrénie : pauvreté ou absence de délire, importance de la discordance, déficit global de la personnalité. Détérioration d’allure démentiel Hébéphréno-catatonie : vide hébéphrénique et signes de la catatonie.Discordance psychomotrice, maniérisme, mimique et attitudes. Opposition et négativisme, refus de la main tendue, stéréotypies gestuelles, Les phases de catatonie surviennent par séquences plus ou moins périodiques. Formes pseudo névrotiques : dites aussi schizoses, ou schizophrénies latentes. Elles sont surtout marquées par les troubles de l’affectivité, sujet froid distant, indifférent, et puis brusquement brutal, caustique, hypersensible. 28/01/2008 6 Mauvaise modulation affective, distorsion émotionnelle, perturbent l’univers relationnel du sujet. Les formes dysthymiques : formes qui comportent des symptômes de types dépressifs ou maniaques, dites aussi schizophrénies affectives. L’héboïdophrénie : qui évolue sur un fond de type psychopathique avec des troubles du caractère, de l’oppositionnisme, de l’impulsivité et des comportements anti-sociaux. Ce qui conduit au diagnostic c’est la différence entre ces conduites marginales ou délinquantes par rapport aux références habituelles retrouvées dans les fonctionnements des sujets que l’on classe dans ce groupe.social. V- TRAITEMENT Apport aujourd’hui important de la chimiothérapie Les neuroleptiques Haldol, Nozinan Plus récemment les anti psychotiques Zyprexa, Risperdal Il est nécessaire de construire un projet thérapeutique qui associe outre la chimiothérapie, des actions de psychothérapie, de sociothérapie et des soins de réhabilitation et de resocialisation. Les psychotérapies sont prescrites par les médecins psychiatres Les actions de sociothérapies sont organisées par les infirmiers soignants en psychiatrie. Elles consistent à développer toutes les solutions individualisées pour améliorer l’autonomisation sociale des malades. 28/01/2008 7