Centre de Développement Technique AS Blainville

publicité
Centre de Développement Technique AS Blainville
Quand vous recevrez le « bulletin » du Centre de Développement Technique (CDT) ou du Centre de
Formation (CF), avant que vous en preniez connaissance avec vos enfants, j’aimerais que vous lisiez tout
d’abord ces commentaires, non seulement à propos de l’interprétation à faire des bulletins mais aussi de la
philosophie de développement des athlètes du CDT-CF de l’AS Blainville.
Qu’est-ce qu’un test ?
Si on se réfère au dictionnaire « Le petit Larousse illustré 1997 », un test est « une épreuve permettant
d’évaluer les aptitudes et les acquisitions d’un sujet ou d’explorer sa personnalité. Épreuve en général qui
permet de juger de quelque chose ou de quelqu’un ».
La définition du dictionnaire fait référence aux aptitudes et aux acquisitions. Cela signifie que le test permet
de déterminer le niveau initial puis de mesurer (éventuellement) les progrès qui ont été réalisés.
Le test est à la fois un indicateur de valeur et un moyen de travail.
Indicateur de valeur
L’étude de l’ensemble des tests effectués par un athlète permet d’avoir de lui une « image » chiffrée de sa
valeur individuelle, de son potentiel, de ses points forts, de ses points faibles. Le test vient confirmer ou
infirmer l’impression visuelle laissée par le match. Les tests sont un moyen complémentaire de jugement.
Moyen de travail
Les épreuves de tests s’avèrent d’excellents exercices puisque généralement elles sont simples à mettre en
place et ne font appel, à chaque fois, qu’à une seule qualité. Les éducateurs du CDT-CF peuvent donc
utiliser les tests comme un moyen de travail.
Qualités d’un test
Pour être valable, un test doit être :
- accessible à tous les athlètes : sans protocole compliqué
- valide : il doit mesurer exactement ce pour quoi il a été créé
- fidèle : il doit donner les mêmes résultats quel que soit l’examinateur
- objectif : il ne doit pas présenter de biais méthodologique dans son déroulement
- fiable : il ne doit pas se modifier en fonction des circonstances de passation
En tant que parent ou athlète, on peut avoir ou faire une interprétation des tests ne correspondant pas aux
objectifs recherchés par les éducateurs du CDT-CF. Les tests n’ont pas pour but de décourager mais bien au
contraire de motiver chaque athlète à s’améliorer. Le premier objectif de tout athlète est d’améliorer ses
propres performances. Le classement ponctuel des tests réalisés ne sert qu’à lui donner une idée du niveau
qu’il peut atteindre mais l’objectif de performer contre un adversaire n’est pas une priorité en phase de
développement. Les tests sont souvent réalisés dans des conditions optimales mais de mauvais tests
n’empêchent pas un joueur de soccer d’être bon en compétition. C’est l’efficacité en compétition qui
prévaut. En compétition, il y a bien des facteurs extérieurs à maîtriser : le ballon, les adversaires, les
partenaires, les conditions du terrain, les conditions météorologiques, les conditions psychologiques. Sans
compter les facteurs comme une situation de maladie, une situation de séparation parentale, de décès, de
déménagement, de mauvais résultats scolaires, une peine sentimentale, un manque de repos, du stress, une
nourriture inadéquate etc ……
L’objectif du CDT-CF est de faire éclore le potentiel, le talent de ses athlètes pour leur permettre d’évoluer
au plus haut niveau possible de compétition. L’élite recherche des qualités principales basées sur la
maîtrise technique du ballon, la vitesse sous toutes ses formes (vitesse de course, vivacité d’esprit, prise de
décision ….. ) ainsi que la capacité d’un athlète à répéter ses efforts sans négliger sa force mentale.
(capacité à se relever d’un échec)
C’est pourquoi les principaux tests sont la vitesse (20m), la conduite du ballon chronométrée et les
jonglages reflétant la maîtrise du ballon, le test Léger (VO2max). Toutefois, les deux tests les plus
importants demeurent la taille et le poids, non pas de manière ponctuelle, mais de manière suivie.
Quand un jeune de 13 ans grandit de mars 2007 à décembre 2007 de 14 centimètres tout en prenant 18
kilogrammes, il faut le savoir et en tenir compte. La vitesse peut momentanément avoir diminuée, tout
comme la VO2 max mais aussi la réussite de gestes techniques à cause d’un problème de coordination
momentané. Un enfant grandit généralement de 3 à 5 centimètre par année mais son développement est
entrecoupé de pics de croissance pouvant être deux à trois fois plus importants. Retrouver un équilibre dans
le développement corporel et une apparence harmonieuse peut prendre de plusieurs mois à plusieurs années.
Ne pas tenir compte de telles observations serait le reflet, soit d’ignorance de la part de l’encadrement
technique, soit d’incompétence. Nous souhaitons, bien sûr, ne correspondre à aucun de ces deux critères.
Et, bien sûr, ce ne sont pas les seuls éléments. Tout parent doit faire face à des problèmes d’attitude par
exemple, qui, en fait, n’en sont peut-être pas. Leur enfant est peut-être tout simplement dans une phase
naturelle de son développement à la recherche de sa personnalité, refoulant le monde adulte etc ….
Les éducateurs du CDT-CF doivent aussi gérer ces « problèmes »; c’est donc un travail complémentaire qui
doit prévaloir.
La philosophie du CDT-CF est de préparer ses athlètes à performer au plus haut niveau de compétition
possible en leur donnant le plus d’atouts possibles pour réaliser leur ambition. Mais chacun doit
comprendre que tout est basé sur le mérite. J’entends souvent que l’important est de participer, que le temps
de jeu doit être égal, entre autres réflexions. Mais que devient la participation à un jeu quand le résultat
devient la défaite sur une base constante ? Même à un jeu de société, on finit par ne plus y participer quand
on perd régulièrement. L’envie, le plaisir, la joie de participer s’estompent au fil des échecs. Que devient
l’égalité quand elle n’est pas équitable ? Celui qui a 5 au test Léger n’a pas la capacité de jouer au même
rythme et aussi longtemps que celui qui a un test de 10. Le temps de jeu des joueurs doit être égal à leur
capacité à performer et équitable par rapport aux autres. C’est pourquoi, il est très important qu’un jeune
athlète évolue à un niveau de compétition reflétant ses capacités, pas ses désirs. Les capacités physiques
sont certes, les plus faciles à établir, mais un entraîneur va aussi juger de l’importance du joueur au sein du
groupe : son leadership, son intelligence tactique, certaines qualités physiques importantes face à certains
adversaires ou à certains moments du match.
Vous pouvez être en train de gagner un match de 90 minutes 1 à 0 à 10 minutes de la fin. Si vous êtes en
train de subir le match, que les corners se multiplient contre vous, il sera très utile de faire rentrer un joueur
grand et bon de la tête si vous en disposez comme remplaçant. Il va vous préserver la victoire en prenant
tous les ballons de la tête sur les corners. Oui, ce joueur n’aura jouer que 10 minutes et les autres 90 sauf le
remplacé mais 10 minutes tout aussi importantes que les 80 minutes du joueur remplacé. Ces deux joueurs
ne sont pas plus mauvais que les autres, l’un parce qu’il n’a pas commencé le match, l’autre parce qu’il l’a
quitté, mais leur capacité à performer est différente. Les parents de ce joueur vont dire que leur fils est
remplaçant parce qu’il est sur le banc au départ. Moi, je préfère dire que pour les dix minutes où il a joué,
c’était lui le titulaire et pas un autre. Toute l’équipe est à féliciter mais il est très important dans une telle
situation que l’entraîneur valorise ce joueur qui a joué « seulement » dix minutes car il avait probablement
la tâche la plus difficile à réaliser et il s’en est très bien acquitté. Hélas, ce moment est souvent oublié dans
l’euphorie de la victoire ou parce qu’on reconnaît les mérites du buteur.
Mais attention à l’interprétation de ce que je viens d’écrire ! Le temps de jeu en compétition est important
pour acquérir de l’expérience et il faut donc, avec des équipes de jeunes, favoriser les possibilités de faire
participer les joueurs. L’une des plus faciles est de ne pas avoir un trop grand nombre de remplaçants. Deux,
au maximum trois, demeure un nombre facilement gérable pour un entraîneur sans mettre en péril la
performance collective de l’équipe. N’oublions pas, non plus, l’apprentissage qui peut être donné sur le
banc. Les commentaires de l’éducateur, sur lesquels le joueur peut concentrer son écoute, présentent une
source d’apprentissage et de progression non négligeables. Ils peuvent souvent aider à mieux performer
Mais il faut aussi que les joueurs (et souvent leurs parents) ne soient pas frustrés d’évoluer à un niveau
inférieur leur permettant d’évoluer avec un temps de jeu plus important. Ce temps de jeu supérieur va
probablement leur permettre d’acquérir l’expérience nécessaire pour prétendre évoluer au niveau supérieur
de manière constante dans le futur.
Et tout cela doit se faire tout au long de la saison si nécessaire. Je ne reprendrai que l’exemple de ce joueur
qui a grandi de 14 centimètres et pris 18 kilogrammes entre mars et décembre. Son pic de croissance tombe
en plein avec la saison d’été. Cela peut l’empêcher pendant cette période de pouvoir performer au plus haut
niveau; donc, ponctuellement, il est sûrement préférable pour lui d’évoluer à un niveau de compétition
inférieur.
Par expérience, les enfants sont bien plus conscients de ces difficultés à performer et savent quand un autre
joueur est meilleur qu’eux. L’important est ne pas leur ôter l’espoir d’atteindre leurs ambitions par une
décision sans retour possible.
Il ne faut pas qu’une évaluation ponctuelle se transforme en une coupure finale. Une évaluation ponctuelle
doit s’inscrire dans un système d’évaluation continu permettant de suivre la progression dans le
développement d’un athlète à long terme.
Il n’y a pas de système miracle. Il y a une base, des critères à mettre en place et à appliquer pour se diriger
vers l’élite mais qu’il faut arriver à les adapter à chaque individu. Parfois il faut élever la voix, parfois il
faut la baisser, parfois il ne faut rien dire. Chaque athlète a sa personnalité et la capacité de réaction est
différente de l’un à l’autre. Une réflexion va en motiver un, là où la même réflexion va en démotiver un
autre. Cela demande du temps et de la persévérance tant de la part des éducateurs que des athlètes pour
trouver un équilibre entre l’intervention et la réaction qu’elle provoque. À force, l’éducateur saura quelle
attitude tenir face tel ou tel athlète pour provoquer la réaction voulue et adéquate à la situation.
Au même titre que le ballon doit finir par devenir un accessoire et non plus un problème; la discipline,
l’exigence, le goût de l’effort doivent devenir une attitude permanente au sein d’un groupe où chacun va
pouvoir y évoluer avec plaisir sans même avoir besoin d’y penser.
Tout le monde a le droit de se mériter de participer au Centre de Développement Technique de l’AS
Blainville mais tout le monde doit se mériter de pouvoir y rester.
Jean-Pierre Cériani, CT
Responsable technique du CDT
Téléchargement