Eléments de correction Test n°2

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Eléments de correction Test n°2
ESH Camille Vernet 2015-2016
Faut-il réduire les déséquilibres des balances des paiements ?
En introduction, il faut rappeler que la BP est par construction toujours équilibrée. Cette
balance est constituée de trois soldes : le solde de la balance courante, le solde de la balance
des capitaux et le solde du compte financier. La somme de ces trois soldes, aux erreurs et
omissions prêts, est toujours égal à zéro. Lorsque l’on parle de déséquilibre de la BP c’est
donc plutôt pour évoquer un déséquilibre du compte courant qui (automatiquement) entraîne
un déséquilibre du compte financier. Le solde du compte de capital, lui, est généralement
proche de zéro.
Notre plan proposera de montrer dans une première partie pourquoi certains déséquilibres de
la BP sont associés à des problèmes ou des crises. La réduction de ces déséquilibres apparaît
alors comme nécessaire pour les faire disparaître.
Nous montrerons cependant, dans une seconde partie, que l’ouverture des économies induit
des déséquilibres de la balance des paiements qui ne sont pas toujours néfastes. C’est
pourquoi, plutôt que de chercher à les disparaître les pouvoirs publics cherchent plutôt à les
réguler en mettant en place une coordination internationale.
1. Les déséquilibres de la BP posent problème : stratégie non coopérative ou crise
1.1 Les Etats cherchent à réduire le déficit commercial / stimuler l’excédent commercial
Cela les conduit à stimuler exportations et à freiner leurs importations.
Conséquence mise en œuvre de politiques commerciales protectionnistes et/ou utilisation de
la politique de change. Dans ce dernier cas, la « manipulation » du taux de change peut
provoquer une guerre des monnaies. Cette guerre des monnaies peut elle même prendre
plusieurs formes : dévaluations compétitive (années 1930), mésalignement (Chine années
2000) ou externalités de la politique monétaire (baisse taux d’intérêt qui fait fuir les capitaux
et déprécier la monnaie).
Il faut ici détailler les exemples historiques que vous connaissez.
Le conséquence de ce type de politique = politiques de rétorsions et conflits commerciaux et
monétaires entre nations. Les politiques unilatérales qui se font au détriment des autres
induisent des sanctions et une escalade qui handicape les échanges internationaux (les
égoïsmes sacrés des années 1930).
Auteurs : A.Cartapanis ; J.Mistral « Guerres et paix entre les monnaies » ; B.Eichengreen « un
privilège exorbitant » ; rapport du CAE « l’euro dans la guerre des monnaies »
1.2 Les déséquilibres des BP peuvent provoquer des crises : on distingue les crises liées à
un arrêt brutal du financement externe (les sudden stop) et les crises liées à une mauvaise
allocation du surplus de liquidité dans le SFI (cas de la crise des subprimes).
Là aussi, il faut reprendre des exemples que vous connaissez (crise asiatique, crises
mexicaines, crise argentine ou crise grecque) pour illustrer.
Dans le cas de la crise de suddent stop c’est l’arrêt de la confiance qui provoque l’arrêt du
financement extérieur. Cela peut alors entraîner des crises de change et des crises bancaires.
Dans le cas de la crise des subprimes, c’est le surplus de liquidité mondiale qui s’est dirigé
vers les Etats-Unis à partir du début des années 2000 qui a alimenté le système financier US,
provoqué une pression à la baisse sur les taux d’intérêt de long terme et stimuler le cycle
financier à l’origine de la crise de 2007-2008.
Source : A.Brender « Les déséquilibres financiers internationaux » ; P.Krugman «Pourquoi
les crises reviennent toujours » ; H.Bourguinat ; P.Artus
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Conclusion : les déséquilibres des BP posent problème.
Faut-il alors chercher absolument à les empêcher ?
2. Les déséquilibres de la BP ne sont pas nécessairement à combattre mais doivent être
réguler
2.1 Les déséquilibres de la BP : une conséquence logique de l’ouverture des économies
Dans un monde d’économies ouvertes, les déséquilibres des BP illustrent les différences de
compétitivité des économies nationales, mais également les différences de développement des
systèmes financiers. Ils sont l’expression des structures économiques et financières
hétérogènes qui constituent l’économie mondiale. On peut en effet regretter l’excès de
liquidité provenant des pays du Sud depuis le début des années 2000, mais aurait-il pu en être
autrement sans système financier capable d’absorber les excédents commerciaux chinois par
exemple.
Par ailleurs, les déséquilibres des BP sont associées aux gains de l’ouverture des économies :
en supprimant la contrainte de revenu intérieure, l’entrée de capitaux permet à une économie
de dépenser en T davantage qu’elle ne génère de revenu en cette période. Bien évidemment
cela entraîne une contrainte budgétaire intertemporelle, mais en économie ouverte les
économies en besoin de financement peuvent se financer, ce qui a des conséquences sur
l’investissement et le développement. Une balance courante déficitaire est donc l’expression
d’une économie qui se finance auprès d’investisseurs étrangers. Inversement, une économie
ouverte permet également à certaines économies de pouvoir consommer qu’elles ne
produisent, c’est-à-dire de bénéficier d’une demande extérieur pour développer leur
production. C’est typiquement le cas de la Chine durant les années 1990/2000, ou même de
l’Allemagne contemporaine.
Auteurs : A.Brender « les déséquilibres financiers internationaux », M.Aglietta « La voie
chinoise »
2.2 On comprend donc que l’ouverture des économies, le développement des flux
commerciaux, de revenus, de capitaux peuvent déséquilibrer les BP mais que ces
déséquilibres peuvent à la fois être source de croissance et de crises. Ce qui induit
nécessairement une réflexion sur la régulation de ces déséquilibres. Celle-ci est prise en
charge le SMI, c’est-à-dire l’ensemble des règles sur lesquelles les Etats s’accordent pour
assurer le réalisation des échanges (de marchandises, de capitaux et de devises). On constate
que les Etats ont fait des choix différents depuis le 19ième siècle quant à la manière de gérer
cette question des déséquilibres.
Durant l’étalon or, ceux-ci sont « automatiquement » éliminés par le mécanisme des points
d’entrée et de sortie d’or.
Durant le système de l’étalon de change or (Bretton Woods), la réponse apportée est celle du
contrôle des capitaux et de la limitation du déséquilibre des BP grâce la création du FMI (et
de la BM) qui vient en aide aux pays structurellement déficitaires.
La fin du système de Bretton Woods (1976) a vu les défenseurs des changes flottants argués
de leur vertu pour équilibrer automatiquement tout déficit de la balance courante.
Par ailleurs, les périodes de crises du SMI se sont traduites par des formes de coopérations
exceptionnelles : le creusement du déficit extérieur US durant les années 1960 a conduit les
Etats-Unis à créer le pool de l’or pour faire défendre par ses principaux partenaires la parité or
du dollar. Aujourd’hui, de nombreux économistes soulignent les insuffisances de l’actuel SMI
pour endiguer les flux internationaux brutaux de capitaux. Ainsi les brésiliens se sont plaints
du comportement de la politique monétaire américaine non conventionnelle menée à partir de
2009 et qui a consisté à augmenter la création monétaire, déprécier le dollar et stimuler les
exportations US. Cet épisode a relance la guerre des monnaies, à laquelle la zone euro
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participerait depuis le début 2015 en mettant en place à son tour une politique de quantitative
easing provoquant une dépréciation importante de l’euro vis-à-vis des autres devises. On
constate par ailleurs aujourd’hui que malgré la crise de 2008, aucune coopération n’existe
aujourd’hui autour de la gestion de la liquidité qui provient des pays du Sud.
Auteurs : J.Mistral « Guerres et paix entre les monnaies », B.Eichengreen « Un privilège
exorbitant », P.Artus ,
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