II - Organismes vermiformes

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Les organismes vermiformes
I) Introduction
Les vers ont été à une époque un groupe taxonomique contenant les invertébrés (sauf les
cnidaires et les cténaires….), mais il n’y a plus aucune consonance taxonomique dans ce mot.
Les organismes vermiformes sont pluricellulaires à forme allongée, n’ayant aucune partie
squelettique intérieure ou extérieure, et ayant une absence (presque) complète de pattes. Il y a
un grand nombre d’embranchements différents. Nous allons les classer selon le coelome, qui a
deux fonctions : circulatoire (liquide coelomique permettant de compenser une circulation
sanguine quasi inexistante ou inefficace) et rôle de cavité viscérale (poumons, cœur…).
- Vers plats : acoelomates avec cavité digestive et épiderme, mésenchyme plein sans cavité
- Annélides : coelomates avec mésentère soutenant deux cavités du mésenchyme
- Nématodes : pseudocoelomates avec cavité entre endoderme et mésoderme, mais pas à
l’intérieur du mésoderme.
On a longtemps considéré cette classification comme une phylogénie, mais aujourd’hui il
semble que certains pseudocoelomates dérivent des coelomates…
II) Les Acoelomates
A) Embranchement des Plathelminthes
Aplatis dorso-ventralement, 14 000 espèces. Ce sont des vers présentant un système digestif à
une seule ouverture, pas de système circulatoire ou respiratoire.
1) Classe des Turbellariés (ex : planaires)
Vers plats (< 1 mm d’épaisseur pour 10 cm de long) carnivores souvent nécrophages, ce sont
des organismes au corps uniformément cilié. La bouche est ventrale mais pas toujours
antérieure, souvent sous la médiane de l’organisme. Le système digestif est clos, commençant
par une portion très musculaire (pharynx) très grande pouvant se dévaginer en trompe. Les
ordres sont établis selon la structure des ovaires et la présence ou non de composés :
- Ordre des Archoophores : ovaire central à gros œufs (fig 6 – 27 A)
- Ordre des Néoophores : ovaire très ramifié, très long, contenant des œufs
Une autre classification est basée sur le système digestif :
Polyclades et Triclades : système digestif très ramifié (fig 6 – 14), les Triclades (qui
comprennent les planaires) ont trois troncs sur le système digestif.
Il y a une grande capacité de régénération, surtout chez les planaires (fig 203) : il suffit d’un
millimètre de planaire pour en reformer un complet, quelle que soit la coupure…
2) Classe des Temnocéphales (parasites externes)
Ils ont une ventouse postérieure et des tentacules antérieurs, 1,5 cm de long (à côté de fig
203). Ce sont des ectoparasites ou ectocommensals, surtout au niveau des branchies de
crustacés. Il y a souvent phorésie : l’animal parasite ou commensal se déplace en se fixant
temporairement sur un autre organisme. Il y a une bouche, pas d’anus, une couronne de
tentacules antérieurs et un hapteur permettant l’accrochage à l’hôte (ventouse postérieure).
3) Classe des Monogéniens (un seul hôte)
Mesurant de 1 mm à 3-4 cm, ce sont des ecto ou endoparasites n’ayant qu’un hôte pour leur
développement, souvent un vertébré aquatique (poisson, batracien, hippopotame : à l’intérieur
des yeux). Ils disposent d’un pro hapteur antérieur (parfois avec glandes adhésives) et d’un
hapteur postérieur (caudal) très développé avec ventouse et crochet. Le système digestif est
similaire à celui des turbellariés, avec un pharynx musculeux capable de produire des
protéases permettant la digestion des tissus de l’hôte. (fig 6-41).
4) Classe des Trématodes (hôte intermédiaire et final)
Ils ont une vraie spécialisation vers le parasitisme, parasitant différentes classes de vertébrés
(jusqu’aux mammifères), avec hapteurs antérieurs et postérieurs. La distinction des sous
classe se fait en fonction de la position relative bouche – ventouse :
Sous-classe des digéniens : bouche et ventouse en rapport (bouche au centre de la ventouse,
ex : douve du foie Fasciola hepatica)
Sous-classe des aspidogastres : aucun rapport
Remarque : cycle de Fasciola hepatica
Les œufs sont rejetés dans les déjections des moutons, si cela se fait près d’un milieu aqueux
l’œuf éclot et la larve rejoint un mollusque gastéropode dont elle va perforer la coquille une
fois à maturité avant de nager vers une brindille d’herbe proche du milieu aqueux (flaque,
lac). Les larves s’enkystent dans l’herbe, lorsque le mouton broute les kystes se trouvent dans
le système digestif du mouton, leurs parois sont digérées avant que le parasite ne rejoigne le
foie.
5) Classe des Cestodes (ex : taenia)
Ce sont des endoparasites à 1 ou 2 hôtes intermédiaires, ayant une très bonne adaptation au
parasitisme avec perte du système digestif. Ils se nourrissent par osmotrophie (absorption au
travers de toute la paroi du corps) et ont un hapteur antérieur appelé scolex (fig 6 – 45)
permettant l’accrochage au niveau de l’intestin de l’hôte parasité. La première partie du corps
forme le cou à fonction de prolifération en produisant des segments (mais ce n’est pas une
métamérisation) appelés proglottis. Dans chaque segment se trouve un système reproducteur
avec production d’œufs. Une fois qu’il y en a assez, le proglottis se détache et les laisse
s’échapper. L’ensemble des proglottis forme le strobile.
Les cestodes peuvent être extrêmement longs (12 à 15 mètres de long dans le tube digestif).
B) Embranchement des Némertes (900 espèces)
Synonyme : Ryncocoel
Ce sont des vers rubanés, la région antérieure porte des ocelles faisant office d’yeux et une
trompe dévaginable appelée proboscis (fig 7-5A). C’est une ouverture distincte de la bouche,
à rôle de capture (carnivore). Le tube digestif est complet avec un anus. Ce sont tous des
organismes marins pouvant aller jusqu’à 7 mètres mais trouvés dans toutes les profondeurs
(même -1000 m). Il n’y a pas de coelome sauf ce petit résidu au niveau du proboscis, ils
semblent donc avoir un ancêtre commun avec les coelomates.
Classe des Anoples (non armés), et classe des Enoples (armés d’une épine, stylet perforant, au
bout du proboscis).
III) Les Pseudocoelomates
Aussi appelés nemathelminthes ou aschelminthes, ce sont de petits organismes vermiformes
(µm d’épaisseur). Ils possèdent une eutélie, capacité de naître avec un nombre fixe de cellules
qui ne varie pas tout au long de la vie et d’un individu à un autre. La croissance se fait par
grossissement cellulaire, il n’y a plus de mitose après la naissance. Le système digestif
comprend bouche et anus.
A) Embranchement des Nématodes
Aucun organisme Nématode n’est cilié, et il n’y a pas de système respiratoire ou circulatoire.
Ils peuvent avoir des amphides, organes formant des invaginations parfois retrouvés en
position caudale (= plasmides). C’est sur cela que se base la classification :
Classe des Aplasmides (Adénophorés) : la plupart sont à vie libre
Classe des Plasmides (secernata) : plasmide en position caudale, parasites pour la plupart,
mais il y en a un à vie libre (Coenorhabditis elegans).
Ascaris humbricoides vit à l’intérieur du tube digestif de l’hôte et peut atteindre 3 mètres.
Le Loa Loa, transmis par un insecte, se développe sous la peau ou à l’intérieur de l’œil.
B) Embranchement des Nematomorphes
Ce sont des vers ronds fins et longs, en général adulte à vie libre et juvénile parasite
d’arthropodes. Ils sont aussi appelés gordiens (gordiacés). Ils sont très longs et fins, formant
un regroupement d’organismes important en volume. IL existe deux classes selon la présence
de soies :
Classe des nectonématoidés : soies, rares, parasites de crustacés ou arthropodes
Classe des gordiacés : sans soies, parasites d’arthropodes
Les gordiens sont capables de modifier le comportement de l’insecte pour qu’il aille dans
l’eau, permettant ainsi de compléter son cycle.
C) Embranchement des Acanthocéphales
Organismes vermiformes de 1mm à 1m, le corps est subdivisé en deux parties :
- postérieure = tronc
- antérieure = trompe souvent entourée d’épines (= presoma), hapteur.
Ce sont des parasites de plusieurs hôtes selon le stade de développement. La larve est un
parasite d’invertébré, l’adulte un parasite de vertébré. Il y a une forte adaptation au
parasitisme, pas de système respiratoire, circulatoire, digestif. Ils sont parfois décrits comme
de gros pseudocoelomes entourés de tissu.
IV) Les coelomates
A) Non segmentés
1) Embranchement des Siponcles (Siponculiens)
300 espèces, quelques mm à 70 cm. Le corps est en deux parties :
- introvert antérieur comprenant bouche et couronne de tentacules (difficile à voir)
- tronc inférieur, de forme ampullaire.
Il y a un intestin en U avec un anus en position antérieure, un très vaste coelome servant de
squelette hydrostatique et de système circulatoire. Les siponcles sont très courants dans le sol
ou la vase, ce sont des organismes fouisseurs qui peuvent même creuser des galleries dans les
rochers ou les récifs coralliens. Ils sont généralement omnivores (se nourrissant de diatomées,
de larves, d’algues…). Certains peuvent être parasites, en général ectoparasites d’annélides.
2) Embranchement des priapuliens
16 espèces seulement (pas de diversité), forme concombrifère, maximum 20cm, le corps est
divisé en introvert antérieur (pas de tentacules, mais trompe protractile avec parfois des
épines), et un tronc présentant des stries transversales mais pas de segmentation. Ce sont des
extensions, des ornementations de la structure du corps.
Ce sont des vers coelomiques ayant un grand coelome jamais segmenté. Ils sont fouisseurs
carnivores, se nourrissant d’autres fouisseurs comme les Siponcles dans le sable ou la vase.
B) Segmentés
1) Embranchement des Annélides (1500 espèces)
Ils ont un corps vermiforme, de 0,5 cm à 3 m de long. Ils sont métamérisés et présentent une
segmentation. Chaque métamère possède son propre coelome, séparé en deux par une cloison.
Le premier métamère est appelé protostomium et possède bouche et organes des sens. Le
dernier est le pygidium. Le système digestif est linéaire, le coelome a un rôle de squelette
hydrostatique et moins circulatoire : le système circulatoire est clos et est composé d’un
vaisseau ventral et un dorsal, le sang étant proche de celui des vertébrés supérieurs.
a) Classe des Polychètes
Parapodes portant des touffes de soies formées de chitine. On compte par exemple le Nereis,
modèle du polychète le plus étudié. Le soma est entre protostomium et pygidium.
Il est équipé de’appendices sensoriels (cires tentaculaires, antennes) et d’organes occulaires
(ressemblant à des yeux, souvent 2 paires)
La plupart sont marins, souvent errants, ou fixés ou parasites. Il existe aussi des espèces
vivant dans des longs tubes calcaires
b) Classe des Oligochètes
Ils ont des soies peu nombreuses, jamais de parapodes, le protostomium est moins développé
que chez les polychètes. La plupart sont terrestres d’eau douce (ex : ver de terre). Ils ont une
bouche dévaginable ventrale, souvent suivie d’un pharynx très musculeux. Le clitellum (sorte
de tête) est formé de 2, 6 ou 7 métamères. C’est un organe de reproduction capable de
produire énormément de mucus formant un cocon où sont déposées les œufs du lombric.
Lorsque le clitellum est rempli de mucus, d’albumine et d’œufs, il va migrer vers le pygidium
jusqu’à être déposé dans le milieu. Les vers de terre se nourrissent de matière en
décomposition qu’ils engluent de salive. Ils sont fouisseurs et creusent en avalant la terre et en
la régurgitant. Le lombric est photophobe et lucifuge.
c) Classe des Achètes (ex : Hirudines)
Ils n’ont pas de parapodes, pas de soies, et sont légèrement applatis. Le corps est annelé avec
des annulations ne correspondant pas aux métamères. Ils ont une grosse ventouse postérieure
et parfois une ventouse antérieure (facultative). On a par exemple les sangsues (5cm à 30 cm,
record). Chez celles-ci les épines ou dents autour de la bouche permettent de s’accrocher à la
proie. Ce sont des organismes hématophages, habitués à un milieu acide (ph 4 – 6), et
résistant au jeûne prolongé (jusqu’à 6 mois).
2) Arthropodes vermiformes
Ils sont recouverts d’un exosquelette (cuticule de chitine).
a) Classe des Myriapodes
Ils ont de nombreuses pattes, et possèdent des antennes. Les pattes sont formées d’un seul axe
(uniramés) et sont constituées de plusieurs parties (trochanter, préfémur, fémur, tibia, tarse 1
et tarse 2). Ils sont lucifuges (photophobes) et hygrophiles (aiment l’humidité). On distingue 4
ordres : les Symphiles (moins de 1cm, l’adulte a 12 paires de pattes, ce sont les
« centipèdes »), les Pauropodes (mois de 2mm, 9 paires de pattes), les Chilopodes
(« cenipèdes vrais », 80 à 100 paires de pattes très longues permettant des mouvements très
rapides, appendices antérieurs modifiés à rôle de défense : maxillipèdes) et les Diplopodes
(mille-pattes, qui peuvent avoir entre 100 et 750 paires de pattes, 2 paires par pseudo
métamère ou diplosegment, ce sont des herbivores, comme les iules. Ils ont des adaptations à
la défense : glande répugnante sécrétant un composé toxique ou répugnant pouvant être du
cyanure).
b) larves d’Arthropodes
Hexapodes, formées de tête, tronc et thorax, ayant des pseudopodes pour la locomotion. Il
existe cependant des larves apodes difficiles à distinguer.
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