Complications de l’endoscopie digestive Définition : L'endoscopie digestive est une méthode d'exploration et d'imagerie médicale qui permet de visualiser l'intérieur (endon en grec) du tube digestif. Elle peut être diagnostique et thérapeutique. Les complications sont soit mécaniques (hémorragie, perforation) ou infectieuses et soulève le problème de l’information du patient et de la chaine du nettoyage décontamination des endoscopes. Risque d’augmentation des risques du fait de l’augmentation des endoscopies thérapeutiques et des coloscopies systématiques dans le programme national de dépistage du CCR Ses complications représentent 2/3 des plaintes vis-à-vis des gastro entérologues. Dans ce cas, le défaut d’information et de consentement éclairé est souvent évoqué comme motif de plainte. Les complications au vu du nombre d’endoscopies réalisées en France est faible (0,03% de perforation colique par ex) mais toujours difficile et parfois dramatique sur le plan individuel. Cependant, vu le nombre croissant de dépistage précoce du CCR et le traitement des polypes, les endoscopies sont assurément justifiées sur une large échelle. Et il faut comprendre aussi que la morbidité et la mortalité des traitements endoscopiques sont toujours bien moins importants que pour la chirurgie qu’elle permet d’éviter. Quelques données L’endoscopie digestive concerne un nouveau patient dans 63% des cas, dans 64% des cas, il est plus âgé de 50 ans La coloscopie totale est réalisée sous AG dans 93% des cas et la FOGD dans 60% des cas 30% des endoscopies mettent en évidence une pathologie 12% de polypes révélés au cours d’une coloscopie L’endoscopie est réalisée en ambulatoire dans 64% des cas La gastroscopie représente 46% des endoscopies La rectosigmoïdoscopie : 6% La coloscopie 45% L’écho endoscopie : 1,6% L’endoscopie interventionnelle (cathétérisme de la voie biliaire) représente 1% des endoscopies. Les complications La perforation : Issue de liquide digestif septique en dans l’espace extra digestif avec comme conséquence une infection locale. Elle peut concerner tous les gestes endoscopiques et ses symptomes et traitement diffèrent selon la portion du tube digestif concerné : œsophage, estomac, duodénum, intestin grêle, colon. Concernant l’œsophage : La perforation est dramatique avec 18% de mortalité. Les facteurs favorisants : malade intubé, ballon gonflé, ostéophytes cervicaux, passage aveugle du pharynx, pathologie sous jacente avec paroi fragile (sclérodermie, sténose, inflammation, ingestion caustique), tumeur, diverticule de Zenker. Les symptômes : Douleur, emphysème sous cutané, fièvre, pneumomédiastin, pneumopathie, contracture abdominale et pneumopéritoine si perforation basse. Le diagnostic peut se faire à la RP ou à l’ASP, la confirmation se fait au TOGD mais surtout au TDM avec ingestion d’hydrosolubles. Le traitement est soit médical soit chirurgical. Médical avec jeune strict, alimentation parentérale, SNG à discuter, antibiotiques. Sur le plan chirurgical : suture simple, résection, exclusion bipolaire, drainage. Un ttt endoscopique est possible avec pose de clips, prothèse ou colle. Les indications thérapeutiques sont fonction de la gravité du tableau, de l’âge et l’état général du patient, du délai de mise en route du ttt, du siège de la perforation, de sa taille Le ttt conservateur sera proposé en cas de douleur modérée, d’absence de collapsus, avec fièvre et hyperleucocytose modérée, de perforation contenue dans le médiastin avec un drainage satisfaisant dans l’œsophage, de petite fistule. Le ttt chirurgical sera proposé dans les cas contraires ou après échec du ttt médical. Concernant la sphinctérotomie : La perforation se fait en per endoscopique. Elle est moins grave car se fait en rétropéritonéal ce qui explique que le traitement reste que médical et non chirurgical. Il existe une douleur, fièvre, hyperleucocytose, le ttt consiste en la pose d’une SNG et antibiothérapie Concernant la coloscopie : La perforation est le plus souvent sigmoïdienne et aussi à la jonction sigmoïdo colique. Les chiffres récents : 0,03% Elle résulte d’une hyper pression au niveau de la paroi colique soit mécanique (le plus fréquent du fait d’un endoscope poussé en force : c’est la boucle de l’endoscope ou l’extrémité qui perfore) soit pneumatique ou dites diastatiques (les perforations sont iléo caecales mais après une insufflation excessive en amont d’une tumeur reteant l’air insufflé). La perforation peut aussi faire suite à une polypectomie. Elle peut être liée à une trop grande portion de muqueuse colique enserrée dans l’anse, à une puissance trop importante du bistouri électrique avec nécrose transmurale, ou encore à une pression mécanique de l’endoscope sur la paroi du colon déjà rendue fragile par l’électrocoagulation. Le risque de perforation est maximum lorsqu’il s’agit de polypes sessiles, en particulier au niveau du côlon droit où la paroi de l’intestin est la plus mince. La perforation peut survenir aussi à distance du geste dans les 5 jours. Facteurs de risques des perforations : Provient des particularités anatomiques, surtout sur le côlon sigmoïde (siège d’adhérences, de diverticules, sténose, radiothérapie), le caractère inflammatoire d’un segment colique (colites, ischémie), malade mal endormi, mal préparé, endoscopiste mal entrainé. L’âge n’intervient pas dans le taux de perforation Les perforations surviennent dans les suites de la procédure, parfois quelques jours après. Les symptômes de la perforation immédiate sont similaires à ceux de n’importe quelle perforation péritonéale. La douleur abdominale au réveil, +/- nausées vomissements, fièvre, l’existence d’une hyperleucocytose. Le Dc est approché par un ASP qui met en évidence un pneumopéritoine et affirmé et précisé par un scanner abdominal généralement au site de la polypectomie. Le traitement de cette perforation reste controversé entre traitement conservateur et chirurgical voire endoscopique : Médical : jeune strict, SNG (+/-), antibiothérapie Endoscopique avec la pose de clips immédiatement pendant le geste Chirurgical : suture, résection, +/- stomie de protection d’amont Indications : Médical : intestin correctement préparé, petite perforation, état clinique stable du patient. Ttt chirurgical : dans le cas contraire. Concertation médico-chirurgicale pour décision thérapeutique Le ttt médical est proposé en cas de perforation vue tôt avant 6 heures, limitée, pauci symptomatique, sans contracture, malade bien préparé, sans pathologie sous jacente, perforation en rétropéritoine. Le ttt chirurgical est fait soit immédiatement, soit plus tardivement et dans les cas opposés du ttt médical. Le syndrome fissuraire transmural après polypectomie. Evalué à 1% mais la fréquence est certainement plus élevée car sous-estimée. → Dans les suites de la procédure : douleurs abdominales avec hyperleucocytose et fièvre sans signe évident de perforation aux examens morphologiques le fera suspecter. Traitement conservateur est ici indiqué. L’hémorragie digestive : Risque important au cours des différentes endoscopies digestives et en particulier dans les endoscopies thérapeutiques en plein développement. Le risque étant faible en cas d’endoscopie diagnostique. Tout geste de section ou de destruction (laser, plasma argon) est suceptible de saigner qu’il soit réalisé au cours d’une endoscopie haute ou basse. L’hémorragie peut faire suite à une polypectomie se manifestant par des hémathémèses, des rectorragies ou des mélénas. L’âge intervient dans le risque d’hémorragie retardée en particulier après polypectomie : 2 fois plus accru après 60 ans en raison de l’athérosclérose plus marquée au niveau des vaisseaux de la paroi colique. Concernant la FOGD : Elle survient rarement après biospies même sous anti coagulants ou AAP, elle représente plutôt un risque pour tous les gestes thérapeutiques de destruction par plasma argon (angiodysplasies, ectasies vasculaires antrales) et de mucosectomie (endo brachy œsophage, villeuse duodénale) Concernant la sphinctérotomie : Le risque est de 2%. L’hémorragie ne peut être controlée que grace à un endoscope à vision latérale utilisé pour le cathétérisme des voies biliaires. Concernant la coloscopie : Le risque en cas de polypectomie est de 0,4 à 2%. Elle est liée à une coagulation inadéquate des vaisseaux sanguins au niveau du pédicule. La plupart des saignements cesse spontanément. En cas contraire, il est possible de faire l’hémostase avec injection d’adrénaline ou mieux, la pose d’un clip. Pour les gros polypes, il est possible d’installer à leur pied, une anse largable qui réalisera un garrot. En l’absence d’hémostase efficace il faut penser à la chirurgie. Celle-ci sera mise en œuvre si plus de 4 culots de GR sont utilisés. En cas de saignement retardé, une nouvelle coloscopie est indispensable pour affirmer l’origine du saignement et réaliser l’hémostase. En cas d’échec, le chirurgien prendra le relais Plus rares, elle peut faire suite à une hyper pression sur la paroi colique avec lacérations pariétales. Les complications infectieuses : Elle concernent les infections transmises par l’endoscope lui-même et celles par translocation bactérienne et d’autres mécanismes encore. Pneumopathies d’inhalation Bactériémie : de 0,5 à 24%, de courte durée et souvent asymptomatiques. Péritonite, infection du liquide d’ascite Endocardite 21 cas Méningite 12 cas Appendicite 8 cas Abcès profonds (cérébraux, oesophagiens, rénaux…) Pour les bactériémies, les risques concernent surtout les gestes invasifs : Dilatation, prothèse, laser, Sclérose de VO, ponction sous écho endo, cathétérisme de la papilles. Les complications locales concernent tous les gestes invasifs telles les ponctions sous echo endoscopies, la gastrostomie avec infection autour de la sonde Les complications infectieuses liées aux endoscopes sont devenues très rares grâce aux normes de nettoyage et de désinfection des endoscopes et leurs accessoires (Pyocyanique, salmonelle). Les cas publiés de contamination par le VHC sont très limités (8 cas) d’ailleurs, il n’y a pas d’ordre de passage des patients en fonction de leur statut virologique VHC. Pour le B, pas de cas de transmission prouvée ni pour le VIH En ce qui concerne le risque potentiel pratiquement virtuel de transmission du prion, agent de la maladie de Creutzfeldt Jacob. (Contenu dans le tissus lymphoide) : aucun cas rapporté. Chez les sujets suspectés d’être infectés, aucune endoscopie ne sera faite. La destruction de l’endoscope est obligatoire si une endoscopie est réalisée chez un sujet atteint. Certains risques spécifiques à chaque geste endoscopique : Concernant les endoscopies réalisées sous anesthésie générale : Il existe un risque d’inhalation lorsque le patient n’est pas intubé ou sans anesthésie lorsque le patient n’est pas à jeun ou lorsqu’il a du sang dans l’estomac d’où l’utilité de l’érytromycine (250mg en 30 min). Intubation nécessaire lorsque le patient a du sang dans l’estomac. Il peut enfin exister un réflexe vaso vagal lors des coloscopies sans anesthésie du fait de tractions trop fortes du mésentère avec possibilité de malaise voir d’arrêt cardiaque. Nécessité d’avoir à proximité du matériel de réanimation Liées à la préparation colique par le PEG avec décompensation d’une insuffisance cardiaque, aggravation d’une insuffisance rénale Les complications peuvent être dues à la sédation ou à l’anesthésie (avec arrêt respiratoire). Il existe par ailleurs des accidents cardiaques (infarctus du myocarde des patients ayant des antécédents coronariens) Les pancréatites aigues post sphinctérotomie qui peuvent être gravissimes Prévention des complications : Liée à l’opérateur : Formation initiale et continue de l’opérateur et réalisation d’un nombre de geste suffisant à l’année, du personnel para médical Liés à l’environnement : Endoscope de qualité et matériel à disposition pour faire face à une complication, qualité de la surveillance Prévention du risque perforatif : Eviter de trop pousser une endoscopie difficile d’autant plus s’il existe un colon pathologique. Réglage correct des bistouris électriques lors des polypectomies Prévention du risque infectieux : Les mesures sont d’abord non spécifiques : Lavage des mains, ports de gants, masques, lunettes, blouse. Hygiène des matériels et surfaces, mesures habituelles en cas de tuberculose, BMR Le lavage désinfection des endoscopes doit être fait selon les textes réglementaires : circulaire DGS/5C/DHOS/E2/2001/138 du 14 mars 2001 et la circulaire DHOS/DGSn°591 du 17 déc 2003 Et Recommandation de l’AFSSAPS DM-RECO 04/04 du 19 mai 2004 Traçabilité des endoscopes 90% du matériel utilisé est à usage unique L’antibioprophylaxie : Elle a pour but de prévenir les complications infectieuses générales et locales. Concernant le risque d’endocardite infectieuse, les niveaux de risque sont les suivants : → Haut risque : prothèse valvulaire cardiaque, ATCD d’endocardite, shunt systémique pulmonaire chirurgical, prothèse vasculaire de moins de un an → Risque moyen : PVM avec insuffisance, valvulopathie rhumatismale, myocardiopathie hypertrophique, malformations congénitales cardiaques → Risque faible : PVM sans insuffisance, pacemaker, coronaroplastie, défibrillateur implantable, ATCD de rhumatisme cardiaque sans valvulopathie, shunt péritonéo ventriculaire, prothèse orthopédique Les procédures à risque : La gastroplastie per endoscopique, la sclérose de VO, la CPRE, la ponction sous écho endoscopie, la dilatation endoscopique et la mise en place d’endoprothèse digestive, le ttt laser et plasma argon. Les procédures à faible risque : Les endoscopies diagnostiques hautes et basses, risque non accru par la réalisation de biopsies ou de polypectomie, la LVO Les recommandations : Procédures à risque : antibioprophylaxie, les procédures à risque faible : patients à risque faible et moyen : pas d’antibioprophylaxie, patients à risque élevé : antibioprophylaxie au cas par cas. Les antibiotiques utilisés : Patients sans allergie à la penicilline : 2g d’amoxicilline et 1,5mg/kg de gentamicine IV une heure avant le geste et 1g d’amoxicilline 6 heures après le geste Patients allergiques à la pénicilline : 1g de vancomycine et 1,5mg/kg de gentamicine en IV avant le geste Pour les patients en neutropénie sévère : 7,5mg/kg à ajouter de métronidazol. Prévention des hémorragies sur terrain à risque (sous AAP ou anti coagulants) : Une discussion doit être faite entre l’endoscopiste et le cardiologue idéalement. Cependant des recommandations ont été établies. Prendre en considération le risque hémorragique de la procédure, le ttt utilisé et le risque de son arrêt. Les procédures à faible risque hémorragique : gastroscopie par voie buccale, rectosigmoidoscopie, coloscopie sans polypectomie mais quand le sait on ?, l’écho endoscopie, la CPRE sans sphinctérotomie, les biopsies Les procédures à haut risque hémorragique > 1% en l’absence de ttt AAP ou anti coagulant) : Avec possibilité de ttt endoscopique : Les polypectomies, macro biopsies, mucosectomie, sphinctérotomie, laser, plasma argon, LVO Sans possibilité de tttt endoscopique : La ponction sous echo endoscopie, la gastrostomie per cutanée, les dilatations digestives et poses d’endoprothèses, la gastroscopie par voie nasale. Savoir que l’aspirine agit sur 50 % des plaquettes, que le pool est renouvelé en 7 à 10 jours mais que 50 000/mm³ suffisent à assurer l’hémostase primaire et que le pool se renouvelle de 10% par jour, ainsi, en fonction du chiffre de base on peut arrêter le ttt 3 à 5 jours avant le geste potentiellement hémorragique. Pour le clopidogrel ou la ticlopidine, le raisonnement est le même sauf que l’action sur les plaquettes est de 70%. Pour les risques thrombo emboliques majeurs (stents récents et Sd coronariens aigus), il faut dans la mesure du possible différer le geste. Dans les autres cas, les AAP sont arrêtés avec relais par Cebutid ou HBPM Les AVK doivent être arretés 3 jours avant pour le Sintron, 4 pour le Préviscan et 5 pour la Coumadine, remplacés par une HNF. Les HBPM sont acceptées. Recommandations : Les procédures à faible risque hémorragique peuvent se faire sous AAP ou AVK sauf pour les polypectomies colique et la sphinctérotomie : sous AAP mais pas sous AVK, les procédures à haut risque ne se font ni sous aspirine ni sous AVK. Information du patient : Elle consiste à informer le patient sur son état de santé et lui fournir les éléments de prendre les décisions quant à la réalisation de l’examen ou pas en connaissance de cause. On se souvient de l’arrêt Perruche qui a débouché sur les textes de loi sur l’information du patient et son dédommagement éventuel en cas de litige : LA LOI DU 4 MARS 2002 : un médecin est tenu de donner au patient une information loyale, claire et appropriée sur les risques des investigations et des soins qu'il lui propose de façon à y donner un consentement ou un refus éclairé L’obligation d’informer revient au médecin qui prescrit et au médecin qui réalise l’acte. L’endoscopiste doit s’assurer que le patient est bien informé. L’information comporte d’abord les bénéfices attendus de l’examen avant leurs inconvénients et les risques éventuels. Un document peut être remis au patient mais il ne s’agit que d’un complément oral. L’information doit être réalisée 24 heures au plus tard avant la réalisation de l’examen. Un document doit être par ailleurs fourni au patient à sa sortie expliquant les risques de complication hémorragique ou de perforation à distance avec les consignes de sortie. Conclusions : Information du patient Entrainement du praticien Désinfection des endoscopes Sélectionner rigoureusement les candidats pour les examens invasifs. Souligner l’approt de l’endoscopie dont le nombre augmente avec la multiplication des examens mais le nombre de diagnostic de CCR augmente avec 70 000 nouveaux cas détectés et 900 000 polypes coliques enlevés