Voyage apprenant 2009 Aude

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La délégation internationale « En route vers
Lux’09 …»
Compte-rendu du voyage, vu par les
accueillants
Le 17 avril 2009 – Soirée d’échanges autour de la
présentation du BASE Sud Audois.
(à compléter)
Le 18 avril 2009 - à la Librairie -Tartinerie de
Sarrant (Gers).
Une des réussites du projet : prouver que c’est possible !
Didier Bardy a « la passion du livre ». Catherine Mitjana tient à
« un lieu de rencontre autour du livre ». En 2000, ensemble, ils
font le choix de quitter, progressivement, leurs précédentes
activités, fonctionnaire territorial au Conseil régional de MidiPyrénées et consultante. La Librairie Tartinerie associe vente de
livre, restauration légère (à base de grandes tartines variées,
accompagnées de salades copieuses), animations, expositions,
vernissages.
Ce choix de plier l’économie au service du projet, c’est… une baisse
de revenus et une retraite qui s’éloigne dans le temps ! Ils
commencent avec un statut associatif. Au bout de trois ans, les
impôts leur font prendre conscience qu’il faut être fou pour
fonctionner comme ça ! bénévole, perdant leurs salaires, perdant la
valeur du local commercial. En cas de faillite, ils perdent tout !!
Ils ont progressivement modifié leur fonctionnement et passent en
SARL en 2005 : le capital (fond de commerce, fond de livre) leur
appartient. Aujourd’hui, ils retirent 2 SMIC de leur activité.
Dans l’économie du livre, il faut que celui-ci tourne 5 fois par an
pour que le commerce soit rentable. Or, dans cette petite commune
rurale, il tourne 2 fois ! Donc le stock leur appartient.
Le pari et la priorité, ce sont les petits éditeurs, les livres peu
connus. C’est sortir du système dominant, tenu en mains, à 80 %, par
2 gros distributeurs : Hachette (c’est aussi les canons, les
missiles, Matra, Lagardère…) et Interforum dont le président est
Antoine Seillère !
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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Quelques chiffres :
 35% des acheteurs viennent d’un cercle à 15 minutes de temps ;
25% de l’agglomération toulousaine, 25% du département du GERS et
15 € du passage de visiteurs touristes.
 80% du chiffre d’affaires est réalisé à la Librairie, les 20%
restants lors des salons.
 20% du chiffre d’affaires est réalité par la restauration (mais
c’est en diminution).
 Une dizaine de librairies s’inspirent de cette expérience, en
l’adaptant : une à Condom autour des livres de cuisine ; Auch des
bandes dessinées.
Une autre façon de vivre sa ruralité.
Didier, après avoir été agriculteur, auteur d’une thèse sur les
pluriactifs, voulait créer dans un petit village, être ouvert weekend et vacances, ouvrir les habitants du lieu sur la lecture, ouvrir
le village sur l’extérieur… Au départ, c’était une initiative
personnelle. Elle s’est progressivement inscrite dans le projet du
territoire. C’est un plus pour le tourisme et la vie locale. Pour
autant, elle n’est pas portée par « le Pays Portes de Gascogne »…
bien que Didier soit le président du conseil de développement !
« Un libraire debout ».
Didier se compare à un de ses amis qui tient son stand assis, en
train de lire. Ils ne viennent pas du livre, ni lui ni Catherine. On
n’est pas déçu parce qu’on est dans les projets, on crée du lien. On
sait pourquoi on est là.
La caractéristique de la Librairie de Sarrant, c’est un choix de
livres en rapport avec des engagements. Le livre, outil
d’émancipation. Il veut montrer comment tout est organisé pour
amener tout le monde à penser la même chose ! C’est là que le plus
grand nombre de l’ouvrage « Domestiquer les masses » a été le plus
vendu de toute la France : 130 exemplaires ! Les livres qu’il vend
le plus sont ceux qu’il préfère !
La Librairie Tartinerie est associée à de nombreux projets, comme
par exemple « le mois de l’éditeur », la promotion d’ÉRÈS, des
animations sur place avec des éditeurs, des auteurs, des tables de
livre là où des acteurs sociaux se réunissent autour de
problématiques comme le handicap, le territoire, l’économie
solidaire … en prêtant le véhicule et le fond d’ouvrages si besoin !
Echanges :
Ben Quiñonès : Tu vas vers les gens ! c’est une approche très
différente d’une approche de marché. La personne est un être qui
réfléchit et pas seulement un acheteur (valeur/prix). La nouvelle
économie considère la personne avec sa dignité. Tu nous montres
comment tu traduis ta préoccupation, l’amour des gens, en expliquant
l’intérêt d’aller chercher ceci ou cela dans le livre. Si on
fonctionnait comme ça, on ferait vite comprendre ce qu’est cette
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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nouvelle économie ! ça me fait réfléchir, m’inspire beaucoup et va
me faire changer sur le comment éduquer les gens …
Denison Jayasooria : Le succès, ce sont deux personnes, leurs
compétences entreprenariales, leurs connaissances sans cesse
renouvelées. Dans une librairie classique, on suit un guide
commercial !
Judith Hitchman : Le livre est au service de l’être humain et pas un
objet isolé de son contexte.
Après-midi avec les clients de la Librairie et des membres du
conseil de développement du Pays Portes de Gascogne qui ont répondu
à l’invitation de Didier Bardy et Catherine Mitjana.
Vingt personnes sont assises au soleil sur la place de l’église,
pour faire connaissance.
Ben Quiñones se présente : Invité par la FPH à participer à un
groupe de réflexion sur l’alternative économique, il commence par
analyser comment faire pour l’appliquer aux Philippines. La
solidarité ce serait quoi ? Lech Walesa en Pologne ? Il faut des
mots en langue locale pour transposer cette notion. Il existe
bayanihan pour l’exprimer : partager l’affection et la peine.
Comment la mettre en œuvre ? Il développe la notion de « voyage
apprenant », raconter des histoires sur ce que nous faisons jusqu’à
réussir à nous comprendre.
À partir de ces acquis, il a pu développer des projets avec des
investisseurs en 2004/2005 : « l’hébergement juste » avec les
squatters, sans toit, venus du rural, des constructeurs, des
fournisseurs, les propriétaires du terrain… Même squattées, les
terres ont une valeur (3 à 5 000 pesos le m 2). Libérées, elles en
valent de 20 à 30 000 ! Tout le monde peut ainsi trouver son
avantage à la construction de logement sur ces terres. Le programme
de réalisation dure environ 18 mois : les investisseurs gagnent 30%,
les propriétaires valorisent leur terrain et les pauvres apprennent
à économiser pour acquérir, d’abord les moyens d’une activité, puis
leur logement. Les agences gouvernementales font des prêts à long
terme.
Ainsi, l’économie solidaire : c’est soigner l’environnement, avec
des marges pour les investisseurs et une juste répartition pour
toutes les parties prenantes de l’occupation du sol.
Denison Jayasooria : de Kuala Lumpur où il mène une vie urbaine dans
un cadre trépidant, il n’aurait jamais imaginé se trouver ici, à
rendre visite à des personnes, relations de François et Martine !
Son grand-père, Sri-Lankais, est venu se fixer en Malaisie en 1910.
Il fait partie d’une des cultures minoritaires du pays. Les
musulmans sont largement majoritaires. Ses activités associatives et
bénévoles sont concentrées sur les communautés minoritaires, non
aidées par le gouvernement.
Quand Ben lui présente l’économie solidaire, il y a deux ans, cela
contribue à faire naître des initiatives en Malaisie. Elles ont
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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restructuré la façon dont les gens travaillent avec trois
priorités :
- En tant que professeur (Institute for Ethnic Studies – KITA -,
National University of Malaysia - UKM), il a introduit la solidarité
économique dans le MBA des écoles de commerce, avec des études de
cas, préparées par Ben. Cela produit des prises de conscience.
- De longues discussions ont eu lieu dans le contexte de « voyages
apprenants » avec des réseaux et des associations de travail
communautaire, car il n’y a pas de sécurité sociale en
Malaisie (femmes seules avec enfants, détenus, personnes âgées… sont
laissées pour compte). Deux questions ont été examinées : Comment
mettre « les usagers » des associations en capacité de ? Comment
des ONG peuvent-elles devenir autonomes financièrement ?
- L’entrée de la Responsabilité sociale des entreprises est la 3ème
des priorités, car elles s’en servent pour se médiatiser et c’est
tout. Les hommes d’affaires ont peur du mot « solidarité ».
Sa femme rend visite, une fois pas semaines à des communautés
indigènes pauvres d’un district (un département pour nous) qui
dépendent des forêts tropicales pour vivre (35 villages) pour
développer des activités économiques, des échanges spirituels… Lors
des réunions d’aînés, des messages sont portés comme priorités : se
prémunir de la spoliation de la terre (titre de propriété) ; la
plantation du caoutchouc (l’avenir), 5 familles en vivent au bout de
3 ans. Les exemples de solidarité ici et les écrits de cette visite
serviront à la promotion de l’économie autrement.
Yvon Poirier : Jusqu’en 1996, « l’économie sociale » n’existait pas,
on parlait de coopération. Lors d’un Sommet socioéconomique convoqué
par le gouvernement du Québec, avec le patronat, le syndicat, etc.
les mouvements sociaux se sont fait entendre. Un processus se met en
route, débouchant sur une stratégie de développement de l’économie
sociale, dans un sens très voisin de l’économie solidaire ici. En
dix ans, ce mouvement s’est développé dans des secteurs pas présents
(petite enfance, habitat, services aux personnes…). Le gouvernement
bonifie le système avec un service d’accès universel (7$ / jours
soit 4€). 2500 personnes descendent dans la rue quand il veut
revenir en arrière ! En 2006, un nouveau Sommet des tous les acteurs
est réuni pour un bilan et réunit 700 personnes et même le 1ier
Ministre de la Province du Québec. Et en novembre 2008, un nouveau
programme est voté pour soutenir l’entreprenariat collectif : 15
millions $ en 5 ans.
La reconnaissance de la transformation nécessaire de l’économie
actuelle est amorcée. Ce mouvement n’est pas politique, tous les
partis l’appuient.
Questions :
Une personne du parti socialiste : En quoi l’économie solidaire
est-elle alternative au capitalisme ?
Ben Quiñones : Entre le capitalisme privé et le capitalisme
public, il n’y a pas de place pour une participation
substantielle des personnes. Dans les programmes
d’ « Habitation juste », la propriété est collective pour
toutes les parties prenantes. Et les pauvres sont mis en
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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situation de capacité. C’est le premier avantage de l’économie
solidaire. Le partage des bénéfices concerne aussi le peuple.
Si les citoyens n’ont pas les initiatives en mains, ni l’Etat,
ni les entreprises ne peuvent se substituer à eux. C’est pour
ça que l’économie solidaire est une alternative.
Le modèle de l’Etat providence rend dépendant. Depuis 1945, la
partie se joue à deux Etat et Marché : quand ça marche le
public renvoie au privé et quand ça ne marche plus c’est
l’inverse. Si ces acteurs flanchent, le troisième acteur, le
tiers secteur, peut se saisir de la balle. Mais il n’a pas été
formé à ça ! Il faut apprendre aux gens à se gouverner.
L’autre rôle du gouvernement est d’assurer la sécurité des
biens publics (personnes, monnaie, redistribution de la
richesse). Le plaidoyer de l’économie solidaire ne consiste pas
à revendiquer cette place, mais à demander à l’acteur public de
remplir son rôle : la bonne répartition et l’apprentissage pour
que la société civile devienne le joueur principal. Ben donne
l’exemple d’une coopérative de consommateurs au Japon qui se
plaignait de ne pas pouvoir jouer le jeu de l’import/export. Il
leur demande s’ils connaissent la faim ou le chômage. Ils
répondent que non, et en plus ils font des économies pour
garantir la sécurité alimentaire locale, l’achat des produits
aux agriculteurs, aux éleveurs. Pourquoi la crise est-elle
contenue ? à cause de l’économie solidaire…
Denison Jayasooria : prend le cas de la Malaisie. Le groupe
dominant contrôle les ressources. Les minorités ne sont pas
formées, elles sont exclues et du marché et de la démocratie.
Rien ne peut changer sans un cadre qui rend les gens autonomes.
D’où ce processus de capacitation…
Yvon Poirier : dans les années 70 au Québec, les gens ont
mesuré l’incapacité de l’Etat et du système économique
d’apporter des réponses aux problèmes du centre-ville ou de la
dévitalisation rurale. C’est pourquoi la réponse a été
citoyenne.
Question : Quelles relations entre les initiatives citoyennes
et les politiques publiques locales ?
Yvon Poirier : Une autre stratégie a été initiée en 1998 avec
la mise en place des Municipalités régionales de comté (MRC, en
gros nos intercommunalités). Elles remplacent les agences de
développement économique dont la mission était d’amener des
entreprises sur place. Les Comités Locaux de Développement sont
des structures ouvertes aux syndicats, aux entreprises, aux
mouvements sociaux, à côté des élus locaux. Leurs conseils
d’administration votent l’utilisation d’un budget pluriannuel,
sur la base d’un diagnostic et d’un projet pour le territoire.
Un budget spécifique est alloué à l’entreprenariat social. Une
institution financière, la Caisse d’économie populaire
Desjardins, intervient pour l’entreprenariat collectif et pas
que sur des questions sociales. Il existe, bien sûr, des
résistances pour la prise de contrôle de ces CLD de la part des
élus municipaux.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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Didier Bardy : Le milieu coopératif ici s’est tourné vers
l’économie libérale.
Yvon Poirier : Au Québec comme ici, les grands groupes suivent
les règles du marché, même si le principe demeure un homme =
une voix. Ils reconnaissent la nécessité de transformer le
système, sans trop savoir comment.
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Le 19 avril 2009 – à Villerouge-Terménès (Aude) Eric Andrieu, maire de la commune, reçoit la
délégation et fait le récit de son engagement
politique.
« Le choix d’ici parce qu’il est d’ici ! ».
Il a été demandeur d’emploi, a suivi un parcours d’éducation
populaire. Tout le monde lui disait de tenter sa chance ailleurs
pour faire carrière.
Il commence comme élu d’une association de développement basée sur
un projet. C’est une des premières intercommunalités (18 communes)
sur un territoire de 2,8 habitants au km2 ! pire que le désert ! Une
telle situation oblige à inventer.
Comme élu de son canton (intercommunalité), il siège pendant 18 ans
au Conseil général du Département de l’Aude. Ses responsabilités au
départ sont : l’environnement, l’eau, les déchets, le patrimoine,
l’associatif… puis le développement local pour le Département.
La ressource est d’abord humaine.
L’histoire devient un prétexte pour de nouvelles manières de faire.
Qu’est-ce que la valeur ? Le bien public. Villerouge-Terménès a
montré la voie. Les gens ici étaient en rupture de développement. Il
fallait redonner confiance : « Sois fier ! » en occitan. C’est un
acte compliqué quand on est dominé de retrouver confiance. Croire à
un avenir possible recrée une énergie collective.
La redécouverte de l’histoire de lieux.
En 1988, il est conseiller général de son canton. Or, à VillerougeTerménès, son village natal, le dernier parfait cathare, Bélibaste,
a été brûlé en 1321. Il a alors lancé une grande fête médiévale,
avec du bénévolat qui est un grand succès.
L’étude marketing réalisé à la fin des années 80 crée la surprise,
en révélant que la catharisme est perçu comme une religion à
l’extérieur et positionné dans le Sud de la France.
Sans un projet international, les flux du marché vont continuer à
appauvrir le Département. Là ou l’Aude peut mettre 1 €, l’Hérault
peut mettre 3 € ! D’où la nécessité d’imaginer autre chose, qui
témoigne de la résistance au pouvoir central. C’est ainsi que le
festif et le développement se rencontrent et permettent de surmonter
les grosses divisions entre identités locales de micro-territoires,
entre catégories d’acteurs, entre les visions du passé des
spécialistes du patrimoine et de l’histoire…
Le concept cathare – ET - la marque commerciale et territoriale
réussissent progressivement à fédérer les Audois.
Il initie un processus / programme qui fait du patrimoine un levier
de développement : « Pays cathare ». Le constat est le déclin de
l’économie (fin de l’industrie rurale, agriculture en crise, perte
démographique…). Il faut montrer qu’on peut travailler autrement.
Le patrimoine, en termes de marketing crée du lien avec une marque
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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commerciale territoriale. Dès lors, l’intérêt commun devient
supérieur à la somme des intérêts particuliers. Agriculteurs,
hébergeurs, guides… sont reliés entre eux.
Quelques dates :
 1983-1984 : Elle a été économique.
 En 1982, elle a bénéficié de la décentralisation comme d’une
opportunité. Dans la concurrence entre les territoires pour
capter l’économie touristique, les Départements avaient le plus
de moyens et ont pu faire plus que les autres. Mais, ici, le
Département est pauvre …
 1986 : l’Espagne et le Portugal entre dans la CE. La Région du
Languedoc-Roussillon n’est plus le bout du monde. Elle reprend
pied dans les flux d’échanges.
 En 1990, un événement extérieur a eu beaucoup d’importance : le
programme européen LEADER. L’Aude était prête pour y correspondre
et a reçu beaucoup d’argent de l’UE.
Jacques Fiset : Comment en est-on arrivé à l’image du cathare ?
Ben Quiñones : Le Parfait cathare est une avenue pour reprendre
la question de la dévitalisation !
Martine Théveniaut : arrivée dans les années 80 dans l’Aude, elle
a été frappée par un ressenti de fatalisme, la multitude
d’identités locales, coexistant avec un imaginaire extérieur qui
investissait ces forteresses sans rapport avec leur usage
fonctionnel au Moyen-Âge : des lieux de garnison pour la défense
des frontières, et là où ont été enfermés et brûlés les
cathares ! Paradoxal. Les touristes n’étaient-ils pas les
nouveaux envahisseurs du Nord ? Eric Andrieu a su proposer et
partager une image de synthèse, associant un patrimoine avec une
mémoire blessée de la haute culture cathare, demeurée sans trace
architecturale ou si peu ! Un syncrétisme pour se relever …
Le maillage territorial.
Eric se trouvait devant une situation paradoxale : une histoire et
des monuments témoin, et un marché vérifié par l’enquête marketing,
avec, au milieu, un produit à inventer.
Si le patrimoine devient le support du développement territorial, et
si le territoire doit aussi y trouver son compte, quels sont les
monuments à valoriser, réhabiliter… ? Il travaille avec les
historiens pour localiser des lieux de visite. Pour relier ces lieux
entre eux et comprendre l’histoire dont ils font partie, il faut des
thèmes liés à cette histoire, d’où les musées, les expositions.
Le lien avec le territoire, c’est que les touristes qui viennent,
mangent et dorment sur place… Mais avec seulement une dizaine de
châteaux, les mailles sont trop grandes, alors on y ajoute les
abbayes romanes. Puis une signalétique commune et des logos, les
mêmes pour tout le département.
La marque territoriale sert à fédérer les filières économiques (25 à
30), avec des critères de qualité et un label. Ainsi, on resserre le
filet. C’est le maillage territorial.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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Convaincre… l’effet miroir et autre leçons…
Il a dû déployer beaucoup de conviction, passer beaucoup de temps
pour faire partager le projet aux chambres consulaires, commerçants,
élus locaux, acteurs des filières économiques. Aux filières porcs ,
agneaux, bœufs… il explique que s’ils s’organisent entre eux, ils
ont un marché local important. Quand les crises ont sévi, ces
filières s’en sont sorties. Le Département a mis des moyens et vend
les produits du territoire dans toute l’Europe.
LEADER a fait gagner dix ans sur la réalisation du programme.
L’effet miroir a fonctionné. On n’a pas été d’abord reconnu par les
Audois, mais par l’effet sur les autres (Bruxelles) et tout ce que
ça a permis de déclencher…
Une des leçons qu’il tire de ce parcours est que dans les relations
politiques de pouvoir dominants / dominés où sont engagés les élus,
les nouvelles modalités gagnantes sont dans le rassemblement : il
faut trouver les biais pour éviter les concurrences, les conflits.
Le travail ensemble, c’est une méthode pour les surmonter. Un
concept est un bon outil pour ça.
Quelles perspectives pour…la suite… ?
Ben Quiñones : Il pense à Lux’09… Merci pour l’occasion de
venir ici. Maintenant il comprend le langage, la terminologie.
En Asie, on parlerait d’approche intégrée. Comment faire pour
que des histoires comme celles-ci puissent émerger à Lux’09 ?
À l’atelier 7, tout le monde serait en lien, d’une façon ou
d’une autre, avec un tel exemple. Avec une variété d’approche,
quelles pourraient être les conclusions de « ce voyage
apprenant » ? Cette expérience est un espoir pour chaque
village et un espoir de nouvelles synergies pour le Forum de
novembre 2009 au Japon.
On aurait besoin d’un groupe de réflexion de ce type, pas
académique. Comment engager la Commission européenne sur un
programme là-dessus ? Car l’aide de la FPH est limitée. Il faut
en discuter à l’atelier 7.
Martine Theveniaut : Ceci pourrait être une conclusion de
l’atelier 7 : un groupe de réflexion international sur les
approches territoriales, les outils, les méthodes
« apprenantes », les essaimages possibles, la place de
l’histoire, la formation par la rencontre entre acteurs
différents les uns des autres …
Denison Joyasooria : Les problèmes sont similaires partout, ce
processus est intéressant et éclairant. On sous-estime toujours
ce qui existe autour de soi.
Eric Andrieu : Le contexte est plus que jamais favorable avec
la crise. La pensée dominante est en panne et redonne son sens
à l’engagement politique. Un conseil des sages, avec arbre à
palabres existe à Villerouge-Terménès car les questions se
posent à tous, anciens, jeunes… La CE travaille à un pacte de
cohésion territoriale pour 2013. Le livre vert est en cours
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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d’écriture pour l’avenir du monde rural. C’est essentiel d’y
entrer, avec ces approches, pour ne pas être dans le
technocratique. C’est à mettre à l’agenda de l’atelier 7.
Ben Quiñones : L’Europe intervient dans d’autres régions du
monde. L’Asie pourrait être partenaire dans un projet global.
Sur un programme concret. Il est très content, car il a compris
l’approche territoriale. Il disait, le mois dernier, lors de la
rencontre à 10 pays d’Asie : « pourquoi vous ne redécouvrez pas
votre héritage ? Quand on raconte une histoire, on peut
concrètement expliquer ».
Alain Laurent : Merci à Eric. La question qui se pose, à partir
de cette expérience, c’est le passage du modèle réduit au
mainstream ?
Ben Quiñones : Ce qui circule, c’est l’inspiration. Ensuite, il
faut rassembler toutes les histoires et montrer au monde que
c’est une alternative. C’est la force de raconter une
histoire !
Eric Andrieu : On ne peut pas modéliser, mais indiquer quels
sont les ingrédients. Ils sont à disposition pour le monde
entier, pour que les acteurs prennent leur avenir en mains, en
particulier les autorités locales.
Le préalable c’est le pourquoi on fait ensemble.
Puis viennent les croyances, les méthodes, les moyens…
Ben Quiñones : Ce que la Banque mondiale exporte c’est un
concept – un projet. Aucun sens historique, c’est technologie
et monnaie ! Les populations ne sont pas concernées, pas mises
au centre.
Eric Andrieu : Le temps (la durée), la réalité culturelle dans
la vie des gens, les systèmes sont différents partout …
Il faut aussi une bonne sociologie des rapports de pouvoir pour
agir.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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Le 20 avril 2009 – La Journée du BASE Sud Audois
(à compléter des visites du matin)
Le soir à la Salle des Fêtes de Luc-sur-Aude, accueil
par le Maire, Jean-Claude Pons.
Une trentaine de personnes assistent à la réunion, parmi lesquelles
une conseillère générale et des techniciens du Conseil général de
l’Aude, des porteurs de projet et des habitants.
Introduction de Jean-Claude Pons : un maire rural engagé dans
l’international.
Élu aux dernières élections municipales, il est aussi expert
certificateur pour la FAO, dans le domaine de l’agriculture
biologique. C’est à ce double point de vue qu’il présente son
engagement.
Ici, l’approche aménagement est plutôt tournée vers le social, le
politique l’organisationnel, ailleurs aménagement business sont deux
choses tout à fait différentes. C’est moins efficace pour générer du
chiffre d’affaires.
En France, on ne sait pas bien dépasser les cadres réglementaires et
législatifs ; ils sont puissants et structurants. Il prend l’exemple
de la Zone artisanale en Haute Qualité Environnementale (HQE) dont
il a porté le projet. Il s’est heurté à tout un tas de choses, pas
forcément des oppositions. L’idée a été progressivement dégradée
pour en faire quelque chose qui a perdu sa personnalité.
Se déplaçant beaucoup, il se rend compte que le monde est petit et
que nos problèmes sont les mêmes qu’ailleurs, à de plus petites
échelles, certes, mais les mêmes… Car la brutalité de la
globalisation et des relations économiques qu’elle installe est aux
commandes, ici comme ailleurs. Et parce que partout les problèmes à
gérer, les contraintes sont identiques : l’eau, les sols,
l’urbanisation qui mange les terres agricoles…
La société française est très rigide, manque de mobilité, de
souplesse. C’est corporatiste, bloqué. C’est très difficile de
trouver de l’enthousiasme, alors qu’il le trouve ailleurs dans le
monde.
Penser global, agir local ? Quoi faire ici, au niveau d’une petite
commune ?
Tout d’abord au niveau de l’urbanisme : éviter le parcellaire isolé,
recréer des échanges, être économe en ressources (eau, sol, énergie)
pour pouvoir maîtriser leur usage. Relocaliser l’économie :
encourager toutes les activités qu’on peut mettre en place dans une
petite entité : la boulangerie (Fournil de Luc), l’agriculture, le
maraîchage… car il y a de gros besoins et c’est source d’emploi.
Un groupe de travail s’est mis en place avec la communauté de
communes pour mobiliser tous les acteurs locaux.
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Peter Wollny, président du BASE Sud Audois présente un diaporama qui
reconstitue les premières étapes de la délégation internationale… et
comment les échanges se sont installés.
Retour des invités : impressions de leur voyage …
Denison Jayasooria : Son grand-père, Sri-Lankais, s’est fixé en
Malaisie. Depuis lors sa famille y vit. Il travaille à l’Université,
aux questions ethniques.
Apprendre par le terrain est plus instructif qu’une conférence.
Avec Ben Quiñones, il travaille sur les entreprises sociales, la
solidarité économique avec des groupes communautaires, par « des
voyages apprenants ». Car d’habitude, on voyage en avion, on loge
dans de grands hôtels, sans rien voir du terrain. Avant d’arriver
ici, il ne savait rien de là où il allait, n’avait pas compris le
programme (en français !). Il était réticent… Or, c’est une
excellente expérience pour eux. La méthodologie est participative et
apprenante.
Plusieurs choses l’ont frappé : l’hospitalité de François et Martine
leur permet d’entrer en relation avec des gens. Le contexte est très
différent. On est en milieu rural et les expériences montrent
comment l’économique peut être solidaire dans ce contexte-là. Toutes
les visites sont des histoires inspirantes. Chacune montre comment
les gens ont pris le temps e construire. C’est une somme de petites
choses, avec des impacts majeurs sur leur contexte.
Nous avons fait un rêve, avec Ben…
-
-
-
Les petits qui décident de s’organiser peuvent changer les
choses.
Des personnes qui prennent en mains leurs affaires, autrement dit
leurs responsabilités, peuvent apprendre à d’autres. Elles ne
désespèrent pas de changer les choses. Quand 15 producteurs
s’organisent pour transformer leur production de fruits, et se
mettent en coopérative, ils en rassemblent plus de 200 quelques
années plus tard.
Chaque projet a un catalyseur, et nous, ici, on est « les
champions » (au sens anglophone de grands défenseurs d’une
cause).
Nous prenons soin des catalyseurs. Aucun n’a eu le succès facile,
c’est un long itinéraire. Nous sommes « des petits grands
acteurs ». C’est majeur pour redonner espoir à ceux qui n’en ont
plus, pour influencer les niveaux supérieurs. C’est la grande
utilité d’un groupe comme le BASE Sud Audois. Le processus est
important, il faudrait partout des groupes comme ça pour capter,
agréger les initiatives…
Le service rendu n’est pas fait pour gagner le plus d’argent, il
forme les gens, il emploie des désavantagés (Parchemin), il
redécouvre la culture (Pays cathare), il instaure la production
du bio du producteur au consommateur (Le Fournil de Luc)…
Jean-Claude Pons : L’échantillon présent ici ne représente pas la
société locale dans son ensemble.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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Ben Quiñones, remercie le BASE Sud Audois qui nous aide à
comprendre.
Il souligne différents niveaux d’engagement : Le premier, ce sont
les projets locaux et le BASE Sud Audois pour s’en faire « le
champion ». Denison en a parlé. Comment sortir de l’anecdotique ?
Comment utiliser ces histoires inspirantes pour les diffuser, dans
un partenariat avec les Philippines et ailleurs en Asie car Denison
est un acteur clé en Malaisie ? Se tenir informé, ce n’est pas pour
dupliquer, mais pour s’inspirer, comparer. Ce n’est pas pour
« importer », mais pour comprendre la situation réelle. C’est se
faire les catalyseurs d’une méthode pour apprendre.
Le processus d’apprentissage.
Il est le suivant :
- Il part de l’écoute des personnes, dans leur propre contexte avec
leurs perspectives , ce qui requiert d’exercer différentes
fonctions :
- L’animation et la facilitation (Martine, Peter, Martina…). Il
faut parler beaucoup avec celui qui apprend, il ne dit pas
« c’est ça », ou « c’est comme ça », mais il installe la
relation ;
- La documentation par des études de cas ;
- La mise en discussion. Car il faut comprendre ce qu’on a appris.
Denison et moi, le soir, on parle, le soir, avant de dormir,
longtemps. Et on a fait des rêves ensemble. Il a le sentiment
d’avoir compris ce qu’on veut dire quand on parle de « l’ancrage
territorial ».
- Il faudrait une « retraite » de réflexion, à partir de tout ça,
sur 2 ou 3 jours., pour passer à l’étape des propositions à
Lux’09, pour s’en servir en Asie.
Pour conclure, le BASE Sud Audois a un rôle social d’inspiration
important, localement. Il apporte aussi du recul par rapport au
quotidien et il permet de développer des partenariats entre
continents.
Jacques Fiset : C’est sa troisième Rencontre mondiale du RIPESS.
À Québec en 2001 c’était intello théorique ; à Dakar 2005, il a
touché du doigt du concret. En 2009, grâce à Yvon et Martine, il a
l’occasion de partager ce bout de terrain ici. C’est le bonheur ! Il
repart du discours du maire pour parler de ce qu’il fait. Il dirige
un Centre Local de Développement, celui de la ville de Québec. Un
CLD est une structure mise en place en 1993 par le gouvernement
provincial pour réfléchir plus globalement, et pas en silo. C’est un
outil pour le développement territorial.
Croisé avec le Chantier de l’économie sociale, expression du
mouvement social, c’est l’opportunité de promouvoir une économie
alternative. Ils sont articulés ensemble.
Il dirige une structure qui compte 55 employés, répartis dans les
divers arrondissements. Le CLD a un conseil d’administration composé
des divers acteurs économiques et sociaux, 19 personnes, bénévoles.
Il se réunit une fois par mois pour décider des investissements.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
13
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Oui, il faut des catalyseurs pour comprendre, faire comprendre et
mettre en œuvre.
Le premier mur, c’est l’administration, nationale et locale, pour
qui un travail en CLD n’a aucune signification. C’est un travail
de longue haleine, jamais acquis. Chaque réussite d’un effort
collectif, c’est une victoire, souvent partie de rien. Une
structure toute seule ne peut pas réussir ce genre de
réalisation.
Il faut toujours qu’il y ait des lieux de formation. Ce n’est pas
parce qu’une structure dédiée comme le CLD existe, ou parce que
la volonté politique existe, qu’elle est efficiente. Les élus
changent, les administrations restent, c’est toujours à
recommencer.
Ne soyez pas trop malheureux d’avoir à vous battre avec les élus,
ça entretient l’imagination. Ailleurs, sachez qu’il y a des pairs
qui se battent pour les mêmes choses
Chaque contexte est original. C’est inspirant pour lui, pour le
traduire dans son territoire.
Yon Poirier est enseignant et syndicaliste, retraité. Il a été un
des piliers du « DÉC : le développement économique communautaire ».
Le syndicalisme a été un levier de fonds, avec une Caisse d’économie
populaire. Le mouvement social a préexisté aux lois de 93.
Maintenant, il s’occupe de réseautage international. Comme citoyen
du monde, il participe à beaucoup de rencontres et voit de nombreux
noyaux catalyseurs. Ils ont développé une connaissance importante
des réalités, comme au Mozambique.
Échanges :
Martina Wollny : Ces approches visionnaires, sincères, sont une
expérience qui fait avancer le BASE Sud Audois, comme en
miroir… Mais, avec tous ces éloges extérieurs, nous, ici, nous
voyons que rien n’avance. Comment faire ensemble ?
Mme Bohic-Cortès : conseillère générale du Canton de Quillan
souligne une volonté commune. Ici, dans ce territoire, si nous
ne faisons rien pour nous-mêmes, nous mourrons. Nous devons
inventer. Et ne pas tout attendre des autres.
Jean-Claude Pons : Le développement local peut-il vivre sans
une économie générale forte, sans flux de richesses ? Des
solutions marginales suffisent-elles ? Ne faut-il pas faire
aussi dans l’économie générale ?
Jérôme (Association Parchemin) : Il existe des ressources, des
potentiels. Quand on agit, on rentre dans l’économie. Comment
intégrer une économie plus large ?
Eliane Coustal : Coordinatrice de Zone (CG 11) Le développement
local, c’est exploiter au mieux les ressources du territoire.
Tous les acteurs rencontrés ont ramé pour arriver.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
14
Oxane Alazard (porteuse de projet) : Espérons que ce sera moins
dur pour la génération après nous !
Jacques Fiset : Pour traduire la relation économique et social,
il dit souvent « l’aternative de l’économie sociale, c’est
apporter l’économique dans le social et valoriser le rôle
social dans l’économie libérale ». Il y a l’économie que nous
contrôlons, mais il y a tout intérêt à mieux contrôler
l’économie que l’on ne contrôle pas. Le développement local,
c’est ça aussi !
Quelles propositions pour Lux’09 ?
Nicolas (Formateur à Batipole et créateur d’une entreprise
NTIC) : La priorité, c’est l’éducation, les processus
apprenants. Être mieux armé pour mieux agir.
??? : Il faut de la bonne foi en face et pas de l’effet
d’annonce.
Suzanne Mélix, (directrice d’ESPERE) : propose une analyse de
ce territoire à partir de son expérience. Les nouveaux
arrivants ont essayé de monter des associations, des projets
collectifs, innovants . Mais on a peut-être échoué à inclure
des natifs dans nos projets.
Mme Bohic-Cortès : ce sont eux qui se sont exclus, les Audois
sont assez chauvins. Ils ont du mal à accepter la nouveauté,
une autre culture ; à nous d’apporter ce que nous avons déjà
trouvé pour montrer qu’on peut y arriver. Car la situation est
ce qu’elle est : le monde est ouvert et on est ouvert au monde.
Martine Theveniaut : Au fur et à mesure du déroulement de la
démarche de capitalisation engagée en 2007, on en est arrivés à
quelques formules simples qui semblent assez bien correspondre
à la teneur de ces propos :
- S’organiser pour ne pas subir
- Se rendre capable de et aider d’autres à ça…
- Se compter pour s’affirmer.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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Le 21 avril 2009 au matin : rencontre avec Patrick
Collin, un fondateur de la SA GOLGEMMA.
Bref historique pour comprendre
Patrick Collin s'installe en 1991 à Castillou, dans la commune de
Luc sur Aude,en SARL.Sa société fusionne avec celle de Jean-Claude
Pichot en 1997 pour fonder la SA GOLGEMMA ; elle produit et fait le
négoce d'huiles essentielles de belle qualité,majoritairement
bio.Elle est l'une des dix entreprises présentes sur le marché
européen. Elle est repérée, sans publicité, parce qu'elle est
innovante par ses pratiques. La conduite de l'entreprise privilégie
la responsabilité sociale et l'emploi local. Lorsque ses locaux
brûlent en 2003, l'esprit d'équipe lui permet d'échapper à la
liquidation. Dans le cadre d'échanges réguliers avec les producteurs
des pays du Sud, elle encourage la transformation sur place pour
augmenter la valeur ajoutée. Ses prix sont transparents. Au moment
où les viticulteurs arrachent faute de débouchés, Patrick Collin est
persuadé que la production de plantes aromatiques aurait sa place
dans la Haute Vallée de l'Aude, pour peu que la volonté y soit.
(Extrait du Catalogue de la Foire aux expériences organisée par le
BASE Sud Audois en juin 2007).
Patrick Collin est engagé dans une démarche ISO 26000 de
responsabilité sociétale et environnementale.
Elle va prochainement sortir car tous les Etats ou presque ont
signé. Ce sera auto-évalué, pas en audit externe. C’est difficile
pour une petite entreprise comme la sienne, car tous les actes
doivent être analysés, les siens et dans des relations avec les
parties prenantes qui ne soient pas marquées par un esprit postcolonial. Tout est concerté. Ce n’est pas une usine à gaz, c’est un
engagement sur une voie de progrès, c’est une autoévaluation avec
les parties prenantes pour ajuster au fur et à mesure.
Quelle gouvernance d’entreprise ?
C’est la question qu’il partage avec son associé et le responsable
des achats (dans tous les pays du monde). Un stagiaire a été pris
pour 6 mois pour réfléchir sur une méthodologie de référentiel afin
de réunir les parties prenantes.
Jacques Fiset : est engagé dans une démarche similaire, avec la
direction et les syndicats, au CLD de Québec dont il est
directeur. Il a aussi pris un stagiaire. La démarche est
passionnante et produit des effets sur les employés. Il
faudrait trois ans pour changer l’état d’esprit.
Patrick Collin partage ce constat.
Il voudrait que ses employés se sentent associés à un changement du
monde.
Il pense que cette démarche pourrait changer la planète si chaque
situation est examinée, tel qu’il est, avec concertation. Mais, il a
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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peur que la démarche formelle ne suive pas cette voie. Sa méthode se
base sur le voyage pour acheter ses produits, il dort sur place pour
discuter, il explore les circuits relationnels, économiques. Oui il
constate que les enfants travaillent… Et si on trouvait une solution
ensemble ? Lutter contre la corruption ? C’est l’impact d’un projet
réussi qui la fait reculer, car ça devient déshonorant…
Il vend des produits qui sentent bon, dont il est fier. Son métier,
ce sont les huiles essentielles, mais il vend aussi des conteneurs
d’épices. C’est nécessaire s’il veut maintenir les producteurs sur
leurs terres et garder ses approvisionnements. C’est donc beaucoup
de démarchage autour du cœur de métier.
Il achète en bio si possible, mais pas exclusivement, car cela peut
avoir des impacts négatifs sur le choix des cultures et les
pondérations entre les cultures pour les huiles (et la vente) et
pour l’alimentation. Or, la survie des producteurs vient en premier.
En voyageant, il apprend aussi la valeur du temps.
Il travaille avec des organismes de micro-crédits à Madagascar (650
familles). Et restitue 1% à la caisse pour aider à la construction.
Il participe à un conseil d’aide au prêt, piloté par des référents
locaux.. Une prime est reversée, une fois le contrat réalisé, avec
l’ouverture d’un compte en banque, c’est un vecteur puissant de
socialisation.
Jacques Fiset : Tant qu’on a pas vu par soi-même, l’action a
souvent beaucoup d’effets pervers.
Beaucoup d’ONG pensent mal leurs activités, parce qu’elles ne
partent pas de la réalité.
Elles manquent d’une réflexion appropriée aux petits créneaux. C’est
cher parce que c’est rare. Planter beaucoup pour vendre, en
injectant de l’argent à flot, c’est couper l’herbe sous le pied à
ceux qui s’appliquent à bien faire depuis dix ans, et sont
fidélisés. Oui ça peut rapporter à court terme, mais ça ne dure pas.
C’est pire après. On voit les mêmes projets jaillir tous les 5 ans.
Jacques Fiset : La RSE est probablement un meilleur
intermédiaire avec le milieu local que les ONG (moins
préoccupées par la viabilité économique). L’entreprise, elle, a
des enjeux économiques de durée (autres que la rente).
C’est aussi le problème de l’ESS. L’enracinement local est
nécessaire pour que ça marche. Le milieu communautaire a peur
de l’économique, même dans son organisation, les anciens,
formatés comme ça, ont mis du temps à évoluer.
Martine Theveniaut : présente la grille de lecture de la
démarche itinérante de capitalisation. Toutes les étapes
régionales pour souligner la préoccupation de caractériser de
façon comparative.
1. Quelle économie l’action a-t-elle (ou peut-elle) générer ?
2. Comment l’action a t-elle augmenté la prise de pouvoir et la
responsabilité dans les solutions mises en oeuvre?
3. Quelles articulations l’action a-t-elle utilisées ou
produites pour réussir des percées ?
4. Qu’est ce qui a permis à certaines dynamiques d’obtenir une
pérennité et d’engendrer sur un territoire des modes de
faire durables ?
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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5. Quelles leçons pour les multiplier à l’avenir ?
Lux’09 doit faire évoluer la vision de l’économique dans le milieu
de l’économie solidaire
Patrick Collin pense que les entreprises sont vecteurs de progrès.
Quand Jean-Claude Pons est arrivé, avec un autre, ils ne gagnaient
rien. Lui-même vient de Suisse et veut revenir à la production, et
l’associer avec le négoce en 1991. Aujourd’hui, il a un chiffre
d’affaires de 5 millions € et 17 emplois. Son ambition est portée
par de beaux produits. Il n’a pas de raison de se limiter, même si
c’est mal vu des petits producteurs locaux. Il a plus de
responsabilité et doit bien gérer. Oui il fait de la marge, mais pas
n’importe comment. Il la doit aux connaissances qu’il a réuni sur
les conditions de fonctionnement du marché, ce qui le rend capable
de se situer, de façon juste, de tenir et durer dans le circuit.
Tous deux partagent la conviction qu’il faut introduire la réflexion
économique sur la composition d’un prix, une comptabilité, un
équilibre dépenses / recettes dans une vue d’ensemble.
Patrick Collin : il faut beaucoup discuter. Il faut aller audevant, s’installer, palabrer, expliquer. Combien ça coûte ?
oou pourquoi ça coûte ça ? Car l’espoir existe que ça rapporte
beaucoup, tout de suite. Il faut beaucoup de temps et
d’exemples.
Jacques Fiset : C’est en faisant qu’on apprend. Il donne
l’exemple de la construction de WC en Haïti, avec la méthode de
P. Fraire, pour 800 personnes. La réussite a eu un pourcentage
d’effets qu’on n’imaginait pas !
Patrick Collin constate que le système est fait pour les gros. Dans
le cadre de REACH, il faut que GOLGEMMA réussisse à se faire agréer
comme marchand de matières premières à usage pharmaceutique. C’est
nécessaire pour continuer. Car les pharmaciens sont soumis au
contrôle sur le contenu des flacons. Il ne vend pas de petits
flacons, mais 52 tonnes pour usages pharmaceutiques (18 à 20 %),
cosmétiques (60%), le reste vers l’alimentaire. Le pharmaceutique
garantit l’ouverture aux deux autres filières. Les locaux d’Esparaza
sont inadaptés, ça ne vaut pas la peine d’investir pour les
améliorer. Il envisage de changer de lieu, mais pas de territoire,
ce qui requiert des investissements.
Pour s’agrandir, il encourage aussi l’agrandissement des cultures à
proximité, pour garder un contrôle sur l’alambic. Dans le contexte
de crise viticole, ce serait profitable aux agriculteurs et pourrait
pousser à la formation des jeunes au bio pour les plantes
aromatiques. Le lycée agricole pourrait devenir fournisseur des
plants pour des BTS, avec des fiches techniques culturales.
La Chambre d’agriculture se dit intéressée, mais on aura fini de
planter avant qu’ils aient pris le train ! C’est sans nouveauté ! 3
ou 4 paysans sont volontaires, à proximité, en plus de Jean-Claude
Pons, ce qui permet une surveillance et ça donne de l’expérience.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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Le 21 avril 2009 après-midi au Conseil général de
l’Aude, autour de la marque Pays cathare avec Valérie
Dumontet (au cabinet du président du CG11) et Yvonne
Vidou (chargée des politiques européennes et de
coopération).
Valérie Dumontet introduit les échanges par une reconstitution
historique des 25 ans de la mise en place de la démarche « Pays
cathare » territoriale, économique et touristique. Quel
développement, avec les forces vives du territoire, pas dans une
voie protectionniste, mais ouverte sur le monde ? Ce qui a constitué
« le plus », c’est la conviction qu’une démarche de projet collectif
pouvait être un projet politique. La fédération autour d’une idée
est devenue motrice. Et les crédits européens ont permis d’entraîner
la dynamique de réalisation.
Ce compte-rendu met l’accent sur la transition entre l’étape
fondatrice et la situation actuelle. Voir au 19 avril pour la
présentation de l’étape émergente.
Quelques chiffres aujourd’hui :
17 châteaux et abbayes ;
3 millions de visiteurs par an ;
1000 entreprises « marquées » ;
5 territoires de projet (les Pays) support territorial de
développement et d’une politique publique départementale calée sur
ce dispositif.
Une nouvelle étape.
Le Pays cathare a donné lieu à l’écriture d’un projet qui a pris
place dans la négociation du contrat de projet Etat / Région, avec
l’aval de Marcel Rainaud, président du CG de l’Aude. Ce projet
engage une nouvelle étape économique, avec des moyens pour aller
plus loin. Bien des élus et des partenaires se sont rendu compte de
l’avance que constituait ce programme dans l’articulation
local/global. Tous les obstacles ne sont pas résolus pour autant. La
situation correspond à un compromis acceptable, avec une dimension
évolutive (2010).
Échanges :
Alain Laurent formule le souhait d’une analyse systémique de cette
réalisation territoriale. Où est le progrès dans le comment ? Les
personnes présentes ici sont des disséminateurs. Ils ont besoin de
support : pratiques, acteurs, ingrédients, valeur ajoutée pour
chacun. Dans son cas, il est en relation avec un ministre du Burkina
Faso, représenté ici par Patricia Tamini, intéressée par cette
démarche.
Yvonne Vidou : La marque Pays cathare est plus qu’une marque
commerciale, c’est quasiment un label qualité et c’est surtout une
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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marque territoriale. Cette marque transversale concerne un large
éventail de produits agro-alimentaires, touristique et culturels ;
qui va du produit de niche (l’asperge) au produit semi-industriel
(l’eau d’Alet ou le lait).
Valérie Dumontet évoque Sud de France : cette marque, créée en 2004
par la Région a modifié l’échiquier régional. Si les 2 démarches ne
sont pas antinomiques, il a fallu trouver des voies d’articulation
et mise en synergie.
Une étude demandé à un consultant, en septembre 2008 a permis un
diagnostic lucide et une remise à plat des enjeux qui a permis de
faire évoluer la gestion et l’animation de la marque territoriale.
Elle a mis l’accent sur l’identification des marchés, et la
nécessité d’un nouveau pilotage de la marque pour aller vers une
intégration progressive des nombreux (trop) cahiers des charges
produits, vers 5 ou 6 filières (en regroupant dans un même cahier
des Charges l’amont et l’aval, par exemple : la viande du producteur
au charcutier). Le rôle et les fonctions des animateurs qualité
seront aussi refondés. Peut-être en prenant en charge l’ensemble
d’une filière, en dépassant les champs d’actions des chambres
consulaires. Les autres axes de l’étude portaient sur le
développement commercial et le développement international.
Denison Jayasooria trouve le processus trop bureaucratique pour le
producteur et pas assez participatif.
Valérie Dumontet explique la formation, l’animation de tous les
candidats à la marque. C’est une démarche quasi-militante qui
permet d’obtenir une promotion mutuelle des produits et prestations
(chaque prestataire peut être le prescripteur de son collègue). Il
est vrai que l’évolution des marqués est perceptible : plus
« consommateurs» moins impliqués, à leur propre service… Mais après
une phase « bureaucratique », organisationnelle, les préconisations
sont de revenir aux hommes, et de reconquérir le processus
participatif qui est un des fondements de la démarche
Alain Laurent : Les Agendas 21 ont marqué des progrès sensibles de
ce point de vue. TER_RES vise à promouvoir cette façon de faire,
comme valeur ajoutée du « faire ensemble ». Ensuite quel référentiel
pour des déclinaisons techniques ?
Yvonne Vidou présente les différents aspects du programme Pays
cathare puis l’état d’avancement de la marque territoriale
européenne.
Les power-point sont joints à ce document.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
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Récit du « voyage apprenant » par Denison Jayasooria,
suivi d’un compte-rendu des étapes
Principal Research Fellow at the Institute for Ethnic Studies
(KITA), National University of Malaysia (UKM).
Présentation lors de l’atelier : L’économie, en Asie, s’est
largement ouverte à l’économie de marché, grandit très vite et fait
régresser la pauvreté. Le discours des intellectuels européens sur
la solidarité passe mal car il est associé avec marxisme ou
socialisme. Pourtant, le capitalisme apporte beaucoup de
restrictions à la démocratie fondamentale, et l’Etat impose ses
monopoles. Cette situation provoque un activisme communautaire
contre la marginalisation.
Lui-même mène diverses activités dans ce sens : Dans le cadre d’un
Centre d’entreprenariat social dans son Université pour développer
la prise de conscience et les capacités ; dans le cadre des réseaux
de la société civile en Asie qui concerne des milliers de
personnes ; dans un travail communautaire en milieu rural malaisien
pour accompagner des personnes marginalisées, dépossédées de leurs
terres (35 villages, 3000 personnes).
Lors de son « voyage apprenant » dans le Sud de la France, il a
constaté que le processus était similaire. Le processus solidaire
international doit faire l’objet d’un travail de rassemblement des
expériences et des personnes pour proposer un nouvel agenda
démocratique dans l’avenir. Des études de cas ont beaucoup à
apporter, partout dans le monde. C’est à croiser avec les résultats
d’autres ateliers, comme les monnaies alternatives (atelier 4) et
tout ce qui peut encourager la participation des communautés. Sur
cette base, le Forum asiatique de 2013 est assuré d’un impact
positif et important.
Sa proposition est que l’atelier 7 poursuive les voyages apprenants,
par les NTIC et par des relations directes jusqu’en 2013, pour
faciliter un réseautage international, régional et national, vers un
mouvement mondial de praticiens de terrain, ce qui lui donnerait
beaucoup plus de force.
LEARNING JOURNEY IN SOUTHERN FRANCE
By Datuk Dr Denison Jayasooria
Southern France has a beautiful country side with mountain
range and vine yards in the valley. It has a pleasant cool
climate and peaceful environment away from busy cities like
Paris. This part of the county side is also lowly populated.
Ben Quinones of the Philippines and I had the opportunity of
being a guest of a local NGO called ‘Pactes Locaux’ together
with three other international participants from April 16 till
21, 2009 prior to the International Forum on Globalisation of
Solidarity which was held from April 22 till 25, 2009 at
Luxemburg.
‘Pactes Locaux’ is a French
network of people involved in
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
21
local
development
which
has
adopted
a
solidarity
and
cooperative approach in addressing socio-economic concerns
through sustainable initiatives.
We stayed in a small village in Southern France which was
about two hours from the city of Toulouse called Alet-lesBains where the Pactes Locaux coordinator Martine and family
live. Martine and her team organized many local visits in the
Southern France region where we visited many local development
projects.
Arising out of our visits let me draw seven key lessons learnt
which has relevance and applicability to other situations and
context. Learning lessons and critically reflecting on its
relevance is of utmost importance in modern times.
Lesson One – EXPERIENCE OF FRENCH HOSPITALITY.
We experienced the kind hospitality from Martine and family as
well as their team members. We were made to really feel at
home with ample food and fellowship. For someone like me who
does not drink alcohol there was always apple juice made
available.
In addition the local hospitality team looked into all our
comforts and ensured that each time there were translators
available. Martine’s husband even went fishing and prepared a
delicious dinner with what was caught from the local river.
Others from BASE Sud Audois such as Peter & Martina Wollny,
Irene, Judith including Alain Laurent of Pactes Locaux
facilitated the local visits.
What this experience illustrates is that although we are
strangers who have come from different countries, cultures,
and language groups but because we share a common purpose we
are all now members of a new solidarity family.
Lesson Two – COMMON LEARNING METHODOLOGY
This is the first programme I have attended where I did not
have full details of the schedule. Ben Quinones convinced me
to come and informed me that it was a very important meeting
but no details were given other than an invitation letter
indicating this was a preparatory meeting to an international
conference. I emailed Martine and finally received a programme
but because it was in French I did not understand the
contents.
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
22
However on reaching Southern France we discovered that what
they had planned was not a series of meetings in a conference
room in the traditional style but one which was modeled after
a learning journey. We were going to travel around to actual
project locations and meet the actual socio-economic.
This was exciting as we traveled and met key people who had a
practical ‘hands on’ experience. Basically it was meeting
groups, communities and individuals who were well grounded in
their local context, who had a good grasp of local and global
concerns and who were doing something to address their socioeconomic conditions.
Traditional lectures and power point presentations were
avoided. We had the opportunity to visit, ask questions, hear
local actors tell us their stories and later we were able to
draw lesson and conclusions including applications to our own
context. This was indeed a dynamic learning model and we
caught the inspirations from the people who shared their
stories.
These are outstanding stories and they are each unique to
their local context but they provide valuable lessons for
people in other cultural and socio-economic context. Five of
the field visits have made a tremendous impression on me.
The first field visit was the visit to the book shop at de
Sarrant (Gers) and meeting Didier Bardy and his wife Catherine
Mitjana. While they ran a bookshop as a way of generating
income however this self financing project also attempts to
create a literary society in their local community. They
organised special events such as meet the authors or small
publishers in promoting certain reading material which had an
important social agenda for community wellbeing.
The second field visit was the meeting local Mayor Eric
Andrieu at Villerouge-Termenes. Over the past twenty years
Eric and his team through local community participation in his
town and cooperation among 18 others Mayors developed a
network of Cathar historical and cultural sites with its own
branding as ‘Aude Pays Cathar’. This economic project resulted
in a successful tourism venture and saved the local economy.
There is a unique blend of reviving the local rich heritage
especially in medieval history (culture, food and music) and
developing a business model which brough economic investment
to this region.
The re-cycling project called “Le Parchemin” is the third
field visit which made an impression on me. This local
association provides employment to 64 people of whom 48 are
socially disadvantaged people. While the main focus is on
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
23
recycling of materials it also serves as a training programme
for the unemployment to enter formal employment through a two
year training programme supported by the local government and
other funders.
The fourth project visited is a cooperative owned fruit juice
and jam making factory. This was established by 15 small
producers in 1993 but by 2008 had 220 small famers utilizing
these facilities. The factory has the required equipments and
technical support for small producers to develop their own
trade mark which enables them to move from just being farmers
to develop their own down stream products such as bottled
juices and jams.
The bakery using organic called Café au Fournil at Luc was the
fifth project visited. This is another interesting economic
venture by a couple which was supported by the local
government as they were using materials which was organically
grown in the region by local farmers to produce bread. It is a
very modern bakery and located in a newly established
industrial zone by the local government close to the main
road.
Lesson Three – TAKING LOCAL CONTEXT SERIOUSLY
All these five different projects were established in a
particular historical and socio-economic context. While the
context might differ with that of other countries, however
their methodology and how these were established can serve as
valuable lessons for others in another country and socioeconomic context. It is therefore useful to draw the lessons
through the experiences of the various actors and how they
operated and took advantage of the opportunities available to
them.
In these stories the context is largely rural towns and
villages in Southern France which do not have much economic
activities. There is a migration of the local population to
the urban centres in search for job opportunities and a better
quality of life. In response to these concerns the Central
government had reverted to decentralized initiatives which
whereby the local communities took the lead in addressing
local development and concerns. Therefore this environment
provided the room for ordinary people at the local levels to
do something about their social-economic conditions. They had
to do something to renew their economic and social wellbeing.
Often the danger is many countries is that when we read of
successful socio-economic stories we want to transplant them
to other places without really examining their relevance and
applicability. However the learning journey experience shows
us what might work in one context, might not do so in another
Compte-rendu : 1ère version 7 mai 2009 – Martine Theveniaut -
24
context.
Therefore what is most urgent is to identify the stages and
methods employed by the people in arriving at their
conclusions and in determining their projects. This includes
the various different steps and stages they underwent such as
understanding the context, analysis of the concerns and
identification of local resources. Determining how they came
to a conclusion which enabled them to succeed is also
necessary including the structures established such as
governance model and inclusion of community participatory
approaches. At times they might have failed but even through
the studying of these failures one can also learn how not to
repeat them again.
Lesson Four – ORDINARY PEOPLE TAKING RESPONSIBILITY
These five projects further showed us that there was a very
strong level of local people taking the lead in addressing
their concerns. These projects were not top down but emerged
from the ground by the people who were faced with the hard
reality of unemployment.
These individuals and communities could have emerged negative
in their outlook and blamed their governments and those in
political and economic power.
However they mobilized the
local community and other like minded people in seeking to
address their problems. The community and cooperative aspect
is a very strong dimension in these projects.
These are participatory initiatives and they result in
mutually encouraging, nurturing and providing support to one
another at the grassroots. It is only when people take the
lead that it will be sustainable at the local level and they
will provide the collective support and energy to ensure that
it succeeds.
The Cooperative Juice factory which was started by 15 small
scale producers, now cater for 220 such small producers in the
region. This shows how collective strengthen can match a big
factory producing similar juice and jams in a factory style.
The major difference here is that the producers of raw
materials such as fruits now seek to get better returns by
producing juice and jams using their own trade brands. The
small players can compete with the big players. They continue
to operate in the market and are not swallowed.
Without a cooperative factory these small producers would
continue to remain as just fruit growers or they would have
been bought up by the bigger producers. This collaboration
also enables them to specialize with their own recipes and
therefore enhances quality, taste and variety compared to just
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a factory style production.
Lesson Five – A CHAMPION OR CATALYST EMERGES
It is significant to note than in all the projects visited
there is a champion or catalyst who is the visionary and who
is the major source of inspiration and strength to the
project. They are the champions who manage to turn negativity
and passivism into optimism and hope. Inspiring stories are
created by ordinary people who emerged with exceptional
insight, moral authority, commitment, dedication and endurance
to see the creation of something out of nothing.
In the case of the book shop the man in the fore fronts is
Didier Bardy and in the background is his wife Catherine
Mitjana. In starting the bookshop they saw a major reduction
in their personal salaries but they found fulfillment. They
use the book shop as a meeting place and they facilitate many
community gatherings around books which serve as public
education and literacy programme. They are the driving force
and people are now rallying around them and there is greater
awareness on reading and investment in books.
Mayor Eric Andrieu is the visionary and inspiration not only
at his township but also among the other Mayors and
communities he brought together to have a shared vision and a
common project for community good though the revival of Cathar
narratives. The project now networks over 1,000 small and
micro businesses and has brought about economic regeneration.
Mayor Eric has a tremendous gift in not only mobilizing
grassroots support but he has also managed to secure the
assistance of leaders in politics and administration in
government.
What is important at the national level is to create an
enabling environment, which encourages and supports local
champions. This enabling and empowerment will continue to be a
source of strength and inspiration to the whole communities.
Their stories must be documented and circulated to serve as an
inspiration so that many more innovations will emerge from the
grassroots for community good.
Lesson Six – A STRONG ECONOMIC COMPONENT
It is important to note that all the projects visited had a
strong economic component. As we heard the stories and visited
the projects it was noted that financial sustainability was
absolutely necessary.
In the case of the bookshop they had to sell books to keep it
going, likewise in the case of the bakery using organic raw
materials. They had bills and staff to pay and keep their
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overheads. In a similar way the Cathar concept of 19
historical sites had to attract tourist and visitors in order
to keep all the related business such as bed and breakfast,
tour guides and agencies, eating outlets and all the
commercial links.
What is unique is that the income generated is circulating and
renewing the local economy. This is because one enterprise has
‘a knock on’ effect upon others and all these economic
activities are providing new employment opportunities for
local people thereby impacting local development.
Of the projects visited only the recycling project could
generate only 30% of its earning from the sale of recycled
items. The rest was secured as grants from various sources
including local government. However if one saw the grants
received from another perspective as the recycling centre was
providing training and integration to the unemployed then this
too could be regarded as income for services provided as 48
people
are
being
trained
through
this
programme
for
integration into the permanent employment market.
Lesson Seven – MORE THAN AN ECONOMIC AGENDA
It is important to distinguish solidarity based economic
projects which is an alternative economic model with that of a
market driven and capitalistic economy. All the projects
visited are not solely for profits maximization. Social
agendas are a significant component of the solidarity economic
including a dynamic local participation to ensure that profits
have a positive impact on the local economy and development.
All the five projects showed that monetary factors are
necessary, however as in the case of the book shop the public
educational dimensions in introducing new topics, authors and
publishers are as important. Furthermore the bookshop has
become a meeting place for the community over books and food
sold in the premises.
Likewise the Cathar project revived interest in local history
and heritage resulting in increased confidence and pride among
the local population upon themselves as a people. In a similar
way the recycling project provided valuable lessons in not
wasting
resources
in
an
affluent
society
and
thereby
contributes towards creating a culture that seeks to recycle
usable items. The bakery on the other hand has not only
produced delicious food items but has increased public
awareness on organic food as well as healthy lifestyle.
These projects clearly illustrate that corporate social
responsibility is not just about publicity or good image but
one that is committed to a social and environment agenda for
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the common good and sustainable development.
Conclusion
Exposure, field visits, interaction and discussion serve as
effective learning tools in a participatory learning process.
The visit to Southern France has created a deep sense of
excitement on the potential of local people taking action to
mould their destiny. Too often we are waiting for directives
from the top or funding from elsewhere and failing to see the
resources available at the grassroots and among ourselves.
It is therefore imperative to stir the inner spirits for
greater confidence in the power of ordinary people for local
action and development by enabling, encouraging and empowering
them. This is our challenge and opportunity in partnership for
wholistic transformation.
---------------------Datuk Dr Denison Jayasooria is a Principal Research Fellow at
the Institute for Ethnic Studies (KITA), National University
of Malaysia (UKM). These thoughts were shared at a panel
discussion held on April 20, 2009 at Luc, Southern France
where the local Mayor Jean-Claude Pons was the chief guest and
25 local development leaders attended.
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