Greffes cutanées - Service de Chirurgie Plastique

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Service de chirurgie plastique. Hôpital Saint-Louis, Paris.
KYSTE MUCOIDE
Fiche d'information des patients
www.hopitalsaintlouis.org
Mai 2006
Marc REVOL et Jean-Marie SERVANT
Kyste mucoïde des doigts
Les kystes mucoïdes (ou pseudo-kystes mucoïdes) des doigts sont des tumeurs bénignes qui se
développent à la face dorsale de l’extrémité du doigt, autour de l’articulation « interphalangienne
distale » (ou IPD), au voisinage de la base de l’ongle.
Ils apparaissent en général après 40 ou 50 ans, deux fois plus souvent chez les femmes que chez les
hommes.

Le volume du kyste est variable, et la peau qui le recouvre peut être très fine, presque
transparente. Parfois le kyste s’est ouvert spontanément, en laissant s’écouler une sorte de
gelée translucide. Lorsqu’il se développe au niveau de la matrice de l’ongle, ce qui est
fréquent, ce dernier peut être déformé "en gouttière".

Parfois le kyste lui-même peut être inapparent et seule la déformation de l’ongle est visible,
témoignant de la compression de sa base.

Le kyste peut siéger sur n’importe quel doigt de la main, pouce compris. Il est inhabituel, mais
possible, d’observer deux kystes simultanés sur le même patient

Dans les trois-quarts des cas, le kyste est associé à de l’arthrose de l’extrémité des doigts,
qui se traduit par des douleurs et, à la radiographie, une déformation des articulations IPD, qui
présentent à la fois des signes de destruction et des signes de construction. En particulier, il
existe souvent des spicules osseuses ou « ostéophytes ».

Dans la majorité des cas, le kyste communique avec l’articulation IPD. Cela explique qu’il
existe un risque d’infection de cette articulation (« arthrite » infectieuse) lorsque ce kyste est
ouvert ou percé. A vrai dire ce risque est très faible en pratique lorsqu’on s’abstient de percer
volontairement ces kystes. A cette condition, il n’y a aucun inconvénient autre qu’esthétique à
garder son kyste sans le faire opérer. Dans la très grande majorité des cas, il est donc
conseillé de ne rien faire du tout sur le kyste mucoïde, et en particulier de ne pas
l'opérer.
Ce qu’il ne faut pas faire : ponctions, infiltrations, pommades, laser, azote liquide, neige carbonique,
etc. Tous ces gestes sont toujours inefficaces et peuvent, de surcroît, infecter l’articulation.
L'INTERVENTION
Si on décide d'opérer le kyste, une simple ablation chirurgicale comporte un risque élevé de récidive
(une fois sur 5). Pour réduire ce risque de récidive à moins de 1 %, il faut une intervention véritable,
beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine. Elle comprend en effet :

L'exérèse du kyste et de sa communication avec l’articulation

l’exérèse des ostéophytes éventuels

l’exérèse de la capsule et de la synoviale articulaires dégénérées au niveau du pédicule du
kyste. Le tendon extenseur du doigt doit bien sûr être respecté
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
La peau qui recouvre le kyste doit le plus souvent être enlevée et remplacée par une greffe de
peau totale et/ou par un lambeau cutané local
Dans certains cas rares, lorsque l’arthrose est évoluée, un blocage définitif de l’articulation IPD peut
être proposé (arthrodèse).
Selon les cas, l’intervention se déroule sous anesthésie générale ou sous anesthésie régionale (bloc
plexique). L’usage d’un garrot pneumatique au bras est indispensable pour arrêter la circulation du
sang et permettre ainsi au chirurgien de voir précisément ce qu’il fait
LES SUITES DE L'INTERVENTION

L’hospitalisation dure de quelques heures (« hôpital de jour ») à quelques jours.

Pendant les premiers jours qui suivent l’intervention, il est déconseillé au patient de
laisser pendre sa main au bout du bras. Il est au contraire recommandé de placer la main audessus du niveau du cœur (soit sur un oreiller lorsqu’on est allongé, soit sur l’épaule opposée
lorsqu’on est assis ou debout). D’autre part, et afin d’éviter un engourdissement, il est
recommandé une ou deux fois par heure de lever la main très haut au-dessus de la tête, et de
faire bouger les doigts en les ouvrant et en les fermant. Malgré leur simplicité, ces petits
moyens sont très efficaces pour éviter un œdème et des douleurs pulsatiles.

Le pansement est initialement assez volumineux et rembourré pour entraver relativement les
mouvements du poignet et éviter ainsi une source de douleur. Il est progressivement allégé et
régulièrement changé jusqu’à l’ablation des fils, 15 jours environ après l’opération. En
principe, le pansement ne doit pas être mouillé, car cela favoriserait la macération de la peau
qu’il protège. Lorsqu’un bandage est utilisé, il est très important de ne pas serrer la bande,
qu’il faut dérouler « en la posant », sans tirer dessus.

Les fils sont retirés au bout de 15 jours environ après l’intervention. Comme pour n’importe
quelle cicatrice du corps, l’évolution s’étale sur 6 à 12 mois au moins, avec une phase de
rougeur et d’induration initiale de la cicatrice pendant 2 à 3 mois.

La durée de l’arrêt de travail est variable selon les cas de une à trois semaines environ.

La conduite automobile peut être reprise après 3 semaines environ. A ce sujet, il faut attirer
l’attention du patient sur le fait que si un accident survient, sa compagnie d’assurance peut lui
faire des difficultés lorsque son adversaire signale sur le constat l’existence d’un pansement à
la main.
RISQUES DE L'INTERVENTION
Les risques du traitement chirurgical sont à mettre en balance avec les inconvénients de
l’abstention :

Surtout l'imprévisible et désespérante « algodystrophie », toujours possible (voir cette fiche)

Souffrance ou nécrose plus ou moins complète d’une greffe de peau. Le traitement est alors
celui d’une perte de substance cutanée (le plus souvent par cicatrisation spontanée sous
pansements gras, ou parfois par réintervention pour greffe et/ou lambeau).
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
Infection articulaire (arthrite) voire osseuse (ostéite), pouvant nécessiter une réintervention
pour nettoyer l'articulation, et comportant le risque de raideur définitive de l’articulation
interphalangienne distale, détruite à la fois par l'arthrose et par les conséquences de
l'infection.

Persistance de la déformation « en gouttière » de l’ongle.

Récidive, rare si le traitement a été complet, mais possible dans 1% des cas (20% en cas
d’excision simple).

Complications chirurgicales non spécifiques, à vrai dire exceptionnelles dans cette
intervention.
>>> Pour en savoir plus sur Internet :
o
http://www.hopitalsaintlouis.org/ (Service de chirurgie plastique de l'Hôpital Saint-Louis)
o
www.plasticiens.org (Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique)
o
www.gem-sfcm.org (Société Française de Chirurgie de la Main)
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