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Module 3. La mondialisation économique et financière
Partie 1 La dynamique de la mondialisation
Chapitre 2. L’analyse économique des échanges internationaux
Programme
On mobilisera et on confrontera données factuelles et théories économiques pour traiter les questions de
l’explication du contenu des échanges, des déterminants de la spécialisation, du choix entre libre-échange et
protectionnisme. On analysera les différences de performances commerciales entre nations et les effets de la
mondialisation en termes d’emploi et de répartition.
1. Expliquer les déterminants de la spécialisation et le contenu des échanges commerciaux
Echange de produits de
natures différentes
Définition :
Document 1 : la diversité des échanges entre pays
Echange de produits de même nature mais
niveau de gamme
identique
Définition :
niveaux de gammes
différents
Définition :
Echange de produits
décomposés (segments ou
parties d’un produit final)
Définition :
Définition :
1.1 L’existence d’échanges interbranches : l’approche traditionnelle du commerce international
et le rôle des avantages comparatifs
Document 2 : les piliers de l’explication traditionnelle, la nation et les avantages comparatifs
La première explication du commerce international est due à Adam Smith qui fonde les échanges internationaux
sur des avantages absolus en coût : un pays exporte s’il produit moins cher que les autres. Cette analyse comporte
une limite évidente : une nation ne disposant d’aucun avantage absolu ne peut participer à l’échange international.
Les théories traditionnelles, celle de Ricardo et du modèle HOS, en dépit de leurs différences considérables (…)
reposent sur deux piliers communs : une définition identique de la nation et le recours au principe des avantages
comparatifs. (…) A priori, la nation n’est pas un concept de l’analyse économique : celle-ci s’intéresse en effet à
des agents économiques qui sont différenciés par leurs rôles dans l’échange et dans la production et qui peuvent
être, dans la théorie classique, les capitalistes, les propriétaires terriens, les salariés, ou dans la théorie
néoclassiques, les producteurs ou les consommateurs. La nation se situe à un niveau de représentation des faits
économiques différents : il s’agit d’une entité qui regroupe les différentes catégories d’agents économiques afin de
comprendre les échanges qui se nouent entre ces blocs d’agents, considérés comme des entités. (…)
La conception de la nation de Ricardo en 1817 est la suivante : la nation est l’espace au sein duquel les capitaux
peuvent se déplacer sans entrave d’un emploi à l’autre ; en revanche, la mobilité internationale des capitaux est
supposée impossible. (…) Il est remarquable que l’analyse ultérieure d’HOS, postérieure de plus d’un siècle à la
théorie de Ricardo, repose sur une définition de la nation de même nature. Dans ce contexte, la nation est définie,
comme un « bloc de facteurs de production » qui se déplacent librement au sein du territoire national, mais qui ne
peuvent, du moins dans la théorie de base, se déplacer entre les nations. (…) A chaque nation sont associées des
caractéristiques particulières qui permettent d’expliquer quels sont les biens produits et donc quels sont les biens
exportés, d’une part, et quels sont les biens importés, d’autre part.
C’est là l’enjeu de l’explication de la spécialisation internationale.
Source : Michel Rainelli « La nouvelle théorie du commerce international », La Découverte, 2003, p. 9-10
Questions :
1) sur quelle entité économique, les premières approches du commerce international s’appuient-elles pour
expliquer les spécialisations internationales ?
2) quelle est le point commun entre le modèle de Ricardo et celui d’HOS en ce qui concerne la mobilité intra
et internationale des facteurs de production ?
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1
1.1.1
L’origine des avantages comparatifs dans l’approche de D.Ricardo : les écarts
technologiques
Document 3 : les hypothèses du modèle de Ricardo
Les capitaux sont supposés mobiles à l’intérieur d’un pays et immobiles entre les pays.
La production a lieu à rendements d’échelle constants.
La valeur d’échange des biens s’établit selon la théorie de la valeur travail. La valeur d’un bien est constituée par le
travail nécessaire à sa production. (…) Cela implique que le prix relatif entre deux marchandises est déterminé par
les quantités relatives de travail nécessaires à leur élaboration.
Au sein d’un même pays, les techniques sont différentes selon les biens ; entre pays, les techniques sont différentes
pour la fabrication d’un même bien. Cette hypothèse montre bien que les différences entre pays sont d’ordre
technologique.
Source : Mathilde Lemoine, Philippe Madiès et Thierry Madiès, « Les grandes questions d’économie et de finance
internationales », De Boeck, 2007, p.59
Questions documents 1 et 2 :
1) résumez les hypothèses qui servent de base au modèle de Ricardo ;
2) pourquoi les différences de technologie entraînent-elles des différences de prix relatifs ?
1.1.2
L’importance de la notion de coût d’opportunité : expliquer la spécialisation et les gains
à l’échange
Document 4 : exemple 1
Supposons que l’UE produise 10 millions de chemises bas de gamme. Les ressources employées pour cette activité
pourraient permettre de fabriquer 10 000 voitures.
En Chine, les ressources nécessaires à la production de 10 millions de chemises pourraient servir à produire 3000
voitures.
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
Questions :
- quel est le coût d’opportunité de l’UE si elle produit 10 millions de chemises ?
- quel est le coût d’opportunité de la Chine si elle produit 10 millions de chemises ?
- quel est le pays pour lequel le coût d’opportunité de la fabrication de chemises est le plus faible ?
- dans quelle production la Chine possède-t-elle un avantage comparatif ?
- dans quelle production l’UE possède-t-elle un avantage comparatif ?
- quelle est la conséquence sur la production mondiale si l’UE se spécialise dans l’automobile et la Chine
dans les chemises bas de gamme ?
Document 5 : exemple 2
Ricardo a développé la théorie des avantages comparatifs pour expliquer qu’il existe un gain à l’échange même en
cas d’avantages absolus. Il faut pour bien comprendre la source de ce gain raisonner en termes de coûts
d’opportunités. Le coût d’opportunité d’un bien exprime le nombre d’unités de l’autre bien auquel il faut renoncer
pour pouvoir consommer une unité du bien en question.
Production mensuelle d’un travailleur
Chine
Europe
Chemises
400
50
Voitures
20
10
On dit alors que l’Europe a un avantage comparatif dans la production de voitures car elle est relativement plus
efficace dans la production de ce bien. Il n’est pas nécessaire d’avoir un avantage absolu pour avoir un avantage
comparatif, il suffit que le coût d’opportunité de la production du bien soit différente de celui de l’autre pays.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 53
Questions :
1) lorsque le travailleur européen fabrique 1 voiture, combien de chemises ne peut-il pas fabriquer ? (quel est
son coût d’opportunité lorsqu’il décide de fabriquer une voiture ?)
2) lorsque le travailleur chinois fabrique 1 voiture, combien de chemises ne peut-il pas fabriquer ? (quel est
son coût d’opportunité lorsqu’il décide de fabriquer une voiture ?)
3) lorsque le travailleur européen fabrique 1 chemise, combien de voitures ne peut-il pas fabriquer ? (quel est
son coût d’opportunité lorsqu’il décide de fabriquer une chemise ?)
4) lorsque le travailleur chinois fabrique 1 chemise, combien de voitures ne peut-il pas fabriquer ? (quel est
son coût d’opportunité lorsqu’il décide de fabriquer une chemise ?)
5) remplir le tableau suivant :
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2
Coût d’opportunité de la spécialisation d’un travailleur
Chine
Europe
Spécialisation dans une chemise
Spécialisation dans une voiture
6) pour chaque production, quel pays possède le coût d’opportunité le plus faible ?
7) comment définir l’avantage comparatif chez Ricardo ?
8) comment expliquer la spécialisation internationale chez Ricardo (présentez l’ensemble du raisonnement);
1.1.3
L’origine des avantages comparatifs dans l’approche néoclassique du modèle HOS : les
différences de détention des facteurs de production
Document 6 : le théorème d’Ohlin, démonstration
Supposons que le pays A soit relativement mieux doté en capital par rapport au travail et que le pays B soit mieux
doté en travail (plutôt qu’en capital). Le facteur capital est donc relativement (par rapport au facteur travail) plus
abondant dans le pays A que dans le pays B. Cette abondance relative conduit à ce que le prix relatif du capital par
rapport au travail soit plus faible dans la pays A que dans le pays B.
Si K : quantité de capital en A ; K* : quantité de capital en B
Si L : quantité de travail en A ; L* : quantité de travail en B
Si w : salaire en A ; r : prix de capital en A ; w* : salaire en B ; r : prix du capital en B
Alors, on peut écrire :
Le facteur capital est relativement plus abondant en A qu’en B :
K/L>K*/L*
Donc, la rémunération relative du capital (par rapport au travail) est plus petite en A qu’en B :
r/w < r*/w*, qui peut s’écrire aussi w/r > w*/r*
Supposons par ailleurs que la production de voitures soit intensive en capital et celle de textile intensive en travail.
En autarcie, cela se traduit par le fait que les prix relatifs des deux biens sont distincts dans les deux pays : le prix
relatif des voitures par rapport au textile est plus faible en A qu’en B. Le prix relatif du textile par rapport aux
voitures est plus faible en B qu’en A. Le pays A bénéficie donc d’un avantage comparatif à produire des voitures et
le pays B à produire du textile même s’ils produisent les deux biens. (…)
Le théorème d’Ohlin des avantages comparatifs s’énonce de la façon suivante : un pays a un avantage comparatif
dans la production qui est intensive dans le facteur de production dont il est relativement le mieux doté.
Source : Mathilde Lemoine, Philippe Madiès et Thierry Madiès, « Les grandes questions d’économie et de finance
internationales », De Boeck, 2007, p. 62
Questions :
1) quelle différence concernant la technologie sépare le modèle de Ricardo de celui d’HOS ?
2) comment sait-on qu’une nation a un dotation relative dans un facteur plus importante qu’une autre ?
3) lorsqu’un nation possède relativement plus un facteur qu’un autre, comment cela se traduit-il sur le prix
relatif de ce facteur dans ce pays par rapport à l’autre pays ?
4) quelle est la conséquence de cette différence de prix relatif des facteurs de production sur la spécialisation
d’une nation ?
5) comment définir l’avantage comparatif dans le théorème d’Ohlin ?
1.1.4
Les conséquences de l’échange international dans le modèle néoclassique (sur le bien-être
collectif et la rémunération des facteurs)
Document 7 : le théorème HO et l’évolution des revenus des facteurs (égalisation)
Le théorème d’Heckscher – Ohlin dit qu’un pays exporte le bien utilisant intensément le facteur dont il est
relativement bien doté. La caractéristique exogène fondamentale (donnée au départ sans être déterminée par le
modèle) distinguant les deux pays est leur dotation relative en facteurs de production.
En exportant le bien dont la production est intensive en capital et en important le bien dont la production est
intensive en travail, le pays A exporte implicitement des services du facteur capital et importe implicitement les
services du facteur travail. Le commerce international de biens dans ce modèle permet en fait d’échanger « les
surplus » de services de facteurs entre les nations. Ceci va donc avoir des conséquences importantes sur les revenus
des facteurs : si une nation exporte les services du facteur dont elle est abondamment dotée, cela va avoir tendance
à élever la demande pour ce facteur et donc également son prix. (…)
Le théorème HOS dit que le commerce sans entrave égalise les revenus relatifs de facteurs entre les pays au travers
de l’égalisation des prix relatifs des biens. Cette égalisation a lieu tant que les deux pays produisent les deux biens.
(…) Selon le théorème HOS, l’ouverture au commerce entre pays ayants des dotations factorielles différentes aura
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3
tendance à exercer une pression sur les rémunérations des facteurs telle que ces rémunérations tendront vers
l’égalisation.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 146
Document 8 : en résumé, les explications de la théorie traditionnelle des différences de prix relatifs
Sur quoi reposent les différences de prix relatifs des biens entre pays ? Les théories traditionnelles du commerce
international (classique et néoclassique) ont proposé des explications, se situant dans une logique de l’offre, en se
focalisant sur des différences de coût de production des biens entre pays. On arrive alors à une loi des avantages
comparatifs ou des coûts comparatifs. (…) Pour Ricardo, la loi des avantages comparatifs et la spécialisation
internationale qui en découle se fondent sur des différences technologiques conduisant à des différences de
productivité du travail. Dans le modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson ce sont des différences de dotation en facteurs
de production entre les pays qui sont primordiales. (…) Sans échanges, pas de division internationale du travail ni
de spécialisation et sans spécialisation pas d’augmentation de la productivité. L’échange international est un
substitut au progrès technique, source de croissance, et un moyen de le stimuler.
Source : Mathilde Lemoine, Philippe Madiès et Thierry Madiès, « Les grandes questions d’économie et de finance
internationales », De Boeck, 2007, p. 56
Questions :
1) quel est la conséquence sur les prix de la spécialisation internationale dans les modèles classique et
néoclassique ?
2) expliquez la phrase soulignée du texte ;
Document 9 : conséquences sur les revenus au sein des nations (et conflits entre agents)
Selon le théorème Stolper-Samuelson, une augmentation du prix relatif d’un bien augmente le revenu réel du
facteur utilisé intensément dans la production de ce bien, et diminue le revenu réel de l’autre facteur. Si les
conditions du théorème HO sont vérifiées, le libre-échange comparé à l’autarcie, engendre l’augmentation de la
rémunération réelle du facteur abondant.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 53
Questions documents 6 et 7 :
1) dans le cas du pays A, quelle est la conséquence sur le prix relatif du capital de la spécialisation dans les
biens intensifs en capital ?
2) dans le cas du pays A, quelle est la conséquence sur le prix relatif du travail ?
3) ces évolutions peuvent-elles générer des conflits ?
4) énoncez le théorème HOS ;
1.1.5
Une validation empirique tardive des avantages comparatifs
Document 10 : une validation du modèle HOS (exemple 1)
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
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4
Document 11 : une validation du modèle HOS (exemple 2)
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
1.1.6
Résumé et compléments
Document 12 : expliquer les échanges interbranches par la théorie des avantages comparatifs
Expliquer l’avantage
1. Les différences de coûts relatifs
2. Les préférences
comparatif par
des consommateurs
Origine des écarts de coûts de production
Ricardo :
HOS :
Autres sources :
Document 13 :
Les modèles fondés sur les différences internationales de coût sont souvent brocardés car ils ne reflètent pas la
réalité. Or, ils ne prétendent pas expliquer la totalité des échanges ne serait-ce que parce que leurs auteurs ont posé
des hypothèses restrictives. Etudier le commerce international ne doit pas faire oublier les enseignements tirés
d’autres théories économiques. Et la recherche économique progresse sans cesse afin de mieux expliquer la réalité
et ses interdépendances. Les enseignements que nous pouvons tirer de ces théories sont les suivants :
- la décision d’exporter dépend des avantages comparatifs et non absolus. L’avantage comparatif d’une
industrie dépend non seulement de sa productivité par rapport à l’industrie étrangère mais également du
taux de salaire inférieur par rapport au taux de salaire étranger ;
- la formation des salaires n’est pas différente de celle que nous étudions dans les théories du marché du
travail ; elle dépend de la productivité ;
- les ressources en facteurs de production peuvent influencer les structures des échanges ;
- les prix des facteurs de production ont tendance à s’égaliser même si ce processus est bloqué par les
barrières aux échanges et les différences internationales de technologie ;
- au final, l’échange permet une meilleure utilisation des facteurs de production qui sont rares et donc de
dépasser la capacité productive d’une économie ;
Nous ne pouvons néanmoins pas nous contenter de ces analyses car les biens ne sont pas homogènes, les
techniques de production ne sont pas identiques, et ces modèles ne permettent pas d’évaluer l’impact des échanges
sur la répartition des revenus ni comprendre les déterminants des échanges inter-branches.
Source : Mathilde Lemoine, Philippe Madiès et Thierry Madiès, « Les grandes questions d’économie et de finance
internationales », De Boeck, 2007, p.67
Question :
1) parmi les 5 éléments présentés comme des enseignements des théories traditionnelles, quels sont ceux qui
sont à rattacher à Ricardo et ceux qui sont à rattacher à HOS ?
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5
1.2 L’existence d’échanges intrabranches entre pays similaires
1.2.1
Introduire la demande de variété des produits par les consommateurs
Document 14 : les travaux précurseurs de Linder sur le rôle de la demande
Les travaux de B.Linder (1961) joueront un rôle pionnier (…) en montrant que les comportements de demande
importent plus que les facteurs d’offre pour certains types d’échanges. En 1961, il prend argument de l’importance
des échanges de produits similaires entre pays riches pour rejeter le modèle HOS et tenter d’élaborer une nouvelle
approche en termes de demande. Pour Linder, les producteurs nationaux produisent d’abord pour leur marché
national. La demande est ainsi une « demande domestique représentative ». Les exportations sont un commerce de
surplus par rapport à la consommation intérieure. (…) Puisque les pays de même niveau de développement ont des
demandes représentatives similaires, leurs surplus exportables porteront sur les mêmes produits. Chaque bien
exportable est donc aussi un bien importable. En outre, plus le revenu par tête est élevé et plus le degré de
sophistication des produits demandés est élevé. (…) Ainsi, les échanges internationaux de produits similaires seront
d’autant plus intenses que les demandes nationales pour les mêmes qualités seront fortes.
Source : Jean-Pierre Allegret & Pascal Le Merrer « Economie et mondialisation. Opportunités et fractures », De Boeck, 2007,
p. 146
Question :
1) comment Linder explique-t-il que des économies semblables échangent des produits similaires ?
1.2.2
Introduire la notion d’économie d’échelle interne
Document 15 : distinguer rendements d’échelle internes et rendements d’échelle externes (définitions)
L’hypothèse de rendements d’échelle constants est particulièrement importante pour établir les résultats
traditionnels : la spécialisation internationale n’est déterminée que par des différences internationales dans les
techniques de production ou par des différences internationales dans les dotations factorielles. (…)
Que se passe-t-il si les coûts diminuent avec les quantités produites ? (…)
Deux types d’économies d’échelles sont utilisés dans la théorie du commerce international et conduisent à des
résultats distincts. (…) Lorsque c’est l’augmentation de la taille de la firme qui conduit aux économies d’échelle,
on parle d’économies d’échelles internes. Elles peuvent provenir d’économies réalisées sur l’organisation interne
de la firme ou encore de l’existence de coûts fixes. (…)
Les économies d’échelles externes à la firme, mais internes au secteur sont, selon la définition d’Alfred Marshall,
dépendantes du développement général du secteur auquel appartient la firme. Lorsque de telles économies existent,
toutes les firmes du secteur voient leurs coûts de production diminuer alors que les quantités globales produites
augmentent. Le coût unitaire de production dépend de la taille du secteur mais pas de la firme spécifique. C’est le
cas, par exemple, lorsque des industries sont concentrées dans un lieu donné, ce qui permet le développement d’une
offre de services utilisés par tous les producteurs et d’une offre de travail spécialisée. La référence classique est la
Silicon Valley aux Etats-Unis.
Source : Michel Rainelli « La nouvelle théorie du commerce international », La Découverte, 2003, p. 29-37
Questions :
1) donnez la définition des notions d’économies d’échelle, d’économies d’échelle interne et d’économies
d’échelle externe ?
2) en cas d’économies d’échelle interne, quelle doit être la structure de marché ?
3) dans le cas d’économies d’échelle externe, quelle doit être la structure de marché ?
1.2.3
L’articulation des économies d’échelle et de la demande de variété pour expliquer les
gains à l’échanges en absence d’avantages comparatifs
Document 16 : les gains de l’échange entre pays similaires (I)
Dans les secteurs caractérisés par des économies d’échelle, le nombre de firmes dans un pays (et donc de variétés
disponibles) ainsi que les quantités produites par chacune sont contraints par la taille du marché. En s’ouvrant au
libre-échange, et en formant ainsi un marché mondial intégré plus vaste que chaque marché intérieur, les pays sont
en mesure de desserrer ces contraintes. Pour chaque firme, l’ouverture commerciale se traduit par l’augmentation
subite de la taille du marché, ce qui doit contribuer à exploiter plus largement les économies d’échelle. Pour les
consommateurs, ce grand marché propose un plus grand choix de variétés de chaque bien. Il est donc clair que le
commerce offre la possibilité de gains mutuels, même si les pays sont parfaitement identiques en termes de
ressources ou de technologies, et n’affichent par conséquent aucun avantage comparatif. (…)
En définitive, ce marché intégré comprend donc plus de firmes que sur chaque marché d’autarcie, chacune
produisant davantage et vendant à un prix plus faible. Il apparaît clairement que la situation de tous les agents
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6
s’améliore suite à l’intégration. Les consommateurs ont un choix plus large et chaque firme produit davantage, ce
qui par conséquent génère des gains à l’échelle et lui permet de vendre ses produits à moindre prix.
Cet exemple révèle deux résultats importants quant à la structure du commerce international. Tout d’abord, les
échanges ont lieu entre pays comparables. C’est une différence notable avec les modèles (où) le commerce est
motivé par les avantages comparatifs, c’est-à-dire par des différences de technologie ou de dotation factorielle entre
les pays. Les économies d’échelle internes et la différenciation des produits expliquent donc l’importance du
commerce entre pays identiques. La nature des échanges est aussi très différente, dans la mesure où les pays
n’exportent pas un bien pour en importer un autre, mais exportent et importent simultanément le même bien. C’est
ce qu’on appelle du commerce intrabranche. Par opposition, le commerce interbranche caractérise les échanges de
biens différents, qui reflètent la structure des avantages comparatifs.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.178
Document 17 : les gains à l’échange entre pays similaires (II)
Ensuite, ce modèle met en avant deux nouveaux gains à l’échange. Le premier est le gain de variété : avec
l’ouverture, les consommateurs des deux pays ont accès à une plus grande variété de voitures par exemple. Le
second gain est un gain d’échelle : en produisant pour un marché plus vaste, les entreprises peuvent mieux exploiter
leurs économies d’échelle et baisser leurs prix. (…)
Ainsi, le commerce mondial (…) peut se décomposer en deux parties. Une part de commerce intrabranche : les
exportations nationales textiles qui sont compensées par des importations de ce même bien, et une part
d’interbranche, qui consiste en un échange de biens textiles contre de la nourriture. Ici, le commerce interbranche
reflète l’avantage comparatif des pays, alors que la part des échanges intrabranches dans le commerce mondial
résulte de la différenciation des produits et des économies d’échelle.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.178
Document 18 : mesurer les gains de variétés
L’essor du poids des échanges intrabranches laisse entendre que les consommateurs ont pu profiter d’importants
gains de variété. L’étude menée par Christian Borda et David Weinstein montre que le nombre de variétés de
produits importés par les Etats-unis a triplé entre 1972 et 2001. Ils ont en outre estimé que cet accroissement de la
variété a représenté un gain de bien-être pour les consommateurs qui équivaut à une hausse de 2,6% du PIB
américain. Sur une période de 30 ans, c’est relativement peu, mais cela reste non négligeable. De la même façon,
les consommateurs européens ont aussi largement profité des gains de variété. Au sein de l’UE, les pays
commercent énormément entre eux et, dans la mesure où ils ont des structures économiques très proches et des
avantages comparatifs peu marqués, la part du commerce intrabranche y est très forte. (Une étude de 2010 évalue)
les gains de variétés enregistrés par les pays européens, au cours de la période 1999-2008. Les auteurs montrent
que ces gains ont été très faibles pour les grands pays (…) mais substantiels pour les petits, et plus encore pour les
nouveaux entrants. A titre d’exemple, les gains de variété sur cette période ont représenté une valeur équivalente à
0,75% du PIB au Danemark, près de 1% en République Tchèque et jusqu’à 2,8% en Estonie.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.180
Document 19 : justifier les échanges intrabranches par les nouvelles théories du commerce international
Justifier les échanges en absence d’avantages comparatifs
Impact de l’ouverture des Impact de l’ouverture des
marchés sur les consommateurs :
marchés sur les producteurs :
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1.3 L’existence d’échange interbranches : les apports de la nouvelle économie géographique
1.3.1
Economie d’échelle interne, concentration des marchés et spécialisation internationale
Document 20 : les firmes attirées par les marchés de grande taille
Du modèle théorique d’économie géographique développé par P.Krugman (…) émerge une conclusion originale :
lorsqu’on part d’une situation où les secteurs industriels bénéficiant de rendements croissants sont équitablement
répartis entre les pays, la baisse des barrières aux échanges internationaux renforce la probabilité de voir
s’enclencher une processus cumulatif d’agglomération. Ainsi, l’ouverture commerciale et la baisse des coûts de
transport peuvent générer de puissants mouvements de spécialisation et conduire certains pays ou régions à perdre
une grande part de leur industrie et de leur PIB. L’intuition derrière ce mécanisme est relativement simple.
Imaginons un instant que les barrières aux échanges soient tellement élevées que le commerce entre les pays est
quasiment nul. Dans ce cas, les économies vivent en quasi-autarcie et les entreprises qui souhaitent répondre à la
demande exprimée dans un pays n’ont pas d’autre solution que s’y implanter. Le plus petit des deux pays
accueillera alors moins d’entreprises que le grand, mais aucune ne sera incitée à rejoindre le grand pays.
Cependant, ci les barrières à l’échange diminuent, les firmes du grand pays vont pouvoir venir concurrencer celles
du petit pays sur leur propre marché. Ces dernières seront moins protégées de la concurrence étrangère, sans pour
autant bénéficier pleinement des avantages d’un accès direct au grand marché. L’intérêt de se localiser dans le petit
pays diminuant, elles auront tendance à préférer se relocaliser sur le grand marché.
Les conclusions avancées par la NEG ont des conséquences majeures sur la conduite des politiques économiques.
Elles suggèrent notamment que la situation géographique des pays et des régions pèse fortement sur leurs chances
de développement dans l’économie mondialisée. Ainsi, les pays situés au plus prés des grands bassins de la
demande mondiale, comme la Belgique, les Pays-Bas ou les Etats du nord-est des Etats-Unis, ont davantage de
capacité à attirer et conserver sur leur territoire des secteurs économiques à rendements croissants. En revanche, les
pays périphériques, situés en marge des grands marchés, ont peu de chance de pouvoir développer des pôles
industriels dynamiques.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.163
Questions :
1) si les rendements internes dépendent du niveau de production, quelle est la conséquence de la taille du
marché (donc de la taille de la demande) sur ces rendements ?
2) lorsque des firmes bénéficient de rendements d’échelle interne croissants, quelle est la conséquence pour
elles d’un plus grand accès aux autres marchés ?
3) pourquoi les firmes des petits pays ont-elles tendance à s’installer dans les grands lorsque l’ouverture
commerciale est plus importante mais que persistent des barrières douanières ?
1.3.2
Economie d’échelle
internationale
externe,
agglomération
des
entreprises
et
spécialisation
Document 21 : les travaux précurseurs d’Alfred Marshall
Dès 1920, l’économiste britannique A.Marshall a été frappé par l’étonnante concentration géographique de certains
secteurs, formant ainsi ce qu’il appelle des « districts industriels ». A l’époque de Marshall, les exemples anglais
les plus connus étaient le pôle de Sheffield, spécialisé dans la coutellerie, et celui de Northampton, qui accueillait
des entreprises de bonneterie. Aujourd’hui, ces pôles spécialisés sont toujours d’actualité. Le succès de la Silicon
Valley (le pôle californien qui accueille un grand nombre de producteurs de semi-conducteurs et de logiciels) est
bien évidemment dans tous les esprits de même que la concentration de l’industrie cinématographique à
Hollywood, des activités financières à la City de Londres, de l’industrie aéronautique à Toulouse ou des services
informatiques à Bengalore en Inde. La ville chinoise de Qiaotou (province du Zhejiang) est un exemple encore plus
marquant. Cette ville modeste de l’Est de la Chine accueille plusieurs centaines de petites entreprises
manufacturières ; celles-ci produisent en 2006 environ 60% de la production de boutons et 80% des fermetures
Eclair qui équipent les vêtements portés dans le monde entier. La France possède quelques districts industriels. La
politique de pôle de compétitivité, lancée en juillet 2005, vise explicitement à renforcer les districts industriels
existants et à favoriser le développement des économies d’échelle externes. (…)
C’est après avoir constaté que certains secteurs industriels avaient tendance à former des agglomérations spatiales
qu’A.Marshall a développé, au début du 19ième siècle, ses réflexions sur les économies d’échelle externes. Ce
constat est encore d’actualité de nos jours, et plus généralement, l’inégale répartition des activités économiques
s’observe partout et à toutes les échelles spatiales. Au sein de chaque pays, les grandes métropoles attirent à elles
un très grand nombre d’entreprises et concentrent une large part des richesses nationales. L’Ile de France par
exemple, qui représente moins de 2% de la superficie du territoire français, accueillait en 2009, 19% de la
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population et réalisait 29% du PIB national. (…) De telles inégalités spatiales n’ont pas toujours existé ; elles se
sont très largement creusées avec l’essor de l’industrie moderne à partir de la fin du 18ième siècle. (…) Ces vastes
mouvements d’agglomération, nés de l’industrialisation et de la baisse des coûts de transport, ont bouleversé
profondément la structure des échanges commerciaux entre les nations, et au sein de chaque pays, entre les régions.
Dans les années 1990, de nombreuses analyses ont tenté d’expliquer les processus d’agglomération spatiale et les
échanges commerciaux qui en résultent. Cet ensemble théorique constitue ce qu’il est convenu d’appeler la
nouvelle économie géographique.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.154 et 162
Document 22 : les sources des économies d’échelle externes
Marshall avance trois raisons principales pour expliquer ces concentrations d’entreprises, c’est-à-dire trois sources
possible d’économies d’échelle externes :
- La garantie pour chaque firme d’être à proximité d’un grand nombre de fournisseurs spécialisés. (…) Le
regroupement sur un même territoire d’une forte densité de firmes qui partagent les mêmes besoins contribue à
l’émergence d’un marché local suffisamment important pour attirer un grand nombre de fournisseurs spécialisés.
Cette concentration des fournisseurs améliore l’efficacité du secteur : les entreprises clientes ont accès à un choix
plus vaste de biens et services intermédiaires ; la proximité géographique facilite les relations clients-fournisseurs
et les clients font l’économie des coûts de transports ;
- L’assurance de bénéficier d’un bassin de main d’œuvre important. (…) La concentration d’un marché du
travail attire des travailleurs qualifiés, formés aux activités spécifiques du districts. (…) Par ailleurs, l’assurance de
débouchés considérables peut favoriser le développement, à proximité du district, d’école ou de filières spécialisés
formant des étudiants selon les besoins spécifiques des firmes locales ;
- L’opportunité de profiter d’externalités de connaissances. (…) une particularité des connaissances
techniques est qu’elles sont en partie inappropriables. Bien sûr, il est toujours possible de breveter une innovation
et de s’assurer ainsi un monopole sur son exploitation. Mais avant d’aboutir à une connaissance brevetable, une
longue période peut s’écouler, durant laquelle des échanges informels d’informations et d’idées peuvent profiter
aux firmes concurrentes. (…) Assez logiquement, ces diffusions informelles de connaissances sont facilités par la
concentration géographique des firmes d’un même secteur. (…)
Quelle que soit l’origine des économies d’échelle externes, celles-ci vont donner lieu à des rendements croissants,
pour chaque pays, au niveau sectoriel. En d’autres termes, cela signifie que chaque secteur aura une courbe d’offre
décroissante : plus sa production sera importante, plus le prix auquel sera prêt à vendre ses produits sera faible. (…)
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.154
Questions :
1) citez au moins 2 exemples de districts industriels ;
2) quelles sont les sources de rendements d’échelle externe croissants ?
Document 23 : rendements d’échelle externe et spécialisation des économies (ou régions)
Pour bien comprendre les mécanismes à l’œuvre, on s’appuie sur un exemple simple, inspiré de la ville de chinoise
de Qiaotou, devenue en quelques années la « capitale mondiale du bouton ». Imaginons, donc que nous vivons dans
un monde composé seulement de deux pays, la Chine et l’UE. Ces deux pays produisent des boutons de chemise et
l’on suppose que cette production est soumise à des économies d’échelle externes. Cela se traduit par une courbe
d’offre de boutons décroissante dans chaque pays. (…) Prenons le cas où le prix des boutons est plus faible en
Chine qu’en Europe. Que se passe-t-il si les deux pays signent un accord libéralisant les échanges internationaux de
boutons ? Il est évidemment plus avantageux, pour les producteurs de chemises français, italiens ou anglais de se
fournir en boutons auprès des producteurs chinois. L’industrie du bouton va alors se développer en Chine et
péricliter en Europe. Mais surtout, ce processus va s’auto-entretenir. Au fur et à mesure que la production chinoise
augmente, les coûts se réduisent sous l’effet des rendements d’échelle. A l’inverse, la baisse de la production en
Europe va accentuer l’augmentation des coûts de production. Au final, la production mondiale de boutons sera
entièrement localisée en Chine.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.154
Document 24 : une spécialisation (la dynamique des économies d’échelle externe) peut naître d’un simple
accident historique
Dans l’exemple, ci-dessus, on a simplement supposé que l’industrie chinoise avait, en autarcie, des coûts de
production inférieurs à ceux de l’industrie européenne, sans s’interroger sur l’origine de cet avantage initial.
Une des raisons pouvant justifier ce prix plus faible en autarcie nous renvoie aux avantages comparatifs : la Chine
peut, compte tenu de ses technologies ou de ses dotations en facteur de production, disposer d’un avantage
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comparatif dans la production de boutons. La fabrication de boutons est une activité relativement intensive en main
d’œuvre. Les salaires chinois confèrent alors un indéniable avantage à ce pays dans ce secteur. (…) Toutefois, dans
les secteurs caractérisés par des économies d’échelle externes, l’avantage comparatif ne suffit pas à expliquer
pleinement la structure des échanges. Il est probablement inévitable que la plupart des boutons de la planète
finissent par être produits dans un pays à bas salaires. Mais beaucoup de pays du monde disposent d’une main
d’œuvre bon marché, capable de produire des produits aussi simple que des boutons.
Alors, pourquoi la production de boutons se concentre-t-elle en Chine et pas en Inde ou au Vietnam ?
Une partie de la réponse est assez simple : bon nombre des spécialisations industrielles sont simplement imputables
aux aléas de l’histoire. En effet, dans un secteur qui bénéficie d’économies d’échelle externes, un pays qui
développe, à un moment donné, une production relativement importante aura des coûts de production plus
avantageux. S’il est possible de commercer entre les pays, cela génère un processus circulaire : le pays qui produit
une grande quantité d’un bien est plus efficace dans cette production ; il peut donc baisser ses prix et gagner des
parts de marché, c’est-à-dire produire davantage et gagner encore en efficacité … Ainsi, un avantage initial, même
minime, peut renforcer au fur et à mesure sa spécialisation si bien que tout retour en arrière est difficile. L’histoire
du développement industriel regorge d’anecdotes montrant qu’une spécialisation peut naître d’un simple hasard
historique. Par exemple, la ville de Londres a acquis sa spécialisation dans les activités financières au 17ième
siècle, alors que les britanniques partaient à la conquête de terres nouvelles pour créer un empire couvrant les cinq
continents. L’importance des investissements liés aux expéditions et à l’exploitation des colonies, ainsi que les
échanges commerciaux qui en ont découlé, a rendu nécessaire le développement des banques et des bourses.
Aujourd’hui, l’Empire britannique a disparu, mais cette spécialisation demeure très forte. (…)
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.156-157
Questions :
1) quelle est la conséquence sur les avantages comparatifs d’un territoire (en terme de coût) d’une
agglomération des firmes lorsqu’il existe des rendements croissants ?
2) peut-on alors affirmer que les avantages comparatifs sont « donnés » une fois pour toutes ?
3) admettons qu’un pays (ex : Vietnam) possède une structure de coût moyen qui lui permet pour un niveau
de production élevé de faire mieux qu’un autre (ex : Chine) : est-ce que la Chine se spécialisera dans cette
production si elle rentre en premier sur le marché ?
4) le phénomène d’agglomération permet-il une allocation efficiente des ressources ?
Document 25 : rôle des rendements externes dans l’émergence des avantages comparatifs d’un territoire
Les entreprises s’installent à
proximité des autres entreprises
Rendements d’échelle externes
ou internes ?
Rendements d’échelle : fonction
de coût moyen décroissante
Accident historique
Effet auto-entretenu =
développement de l’avantage
comparatif
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10
1.3.3
Le modèle cœur-périphérie (P.Krugman –Prix Nobel 2008) : distinguer la spécialisation
des économies (ou régions) selon la nature de leurs rendements d’échelle
Document 26 : le mécanisme d’agglomération des entreprises
Il met en avant un autre facteur susceptible d’influencer les spécialisations et la structure du commerce
international. Il ne s’agit pas des avantages comparatifs, ni de l’histoire économique des pays, mais de la taille des
pays. (…) Les avantages comparatifs conduisent les pays à se spécialiser dans un petit nombre de secteurs et à
importer les biens dont ils ont abandonné la production. De fait, l’ouverture commerciale conduit alors à une
divergence des tissus industriels et à la concentration de certaines activités en certains lieux. Mais, aussi puissant
soit-il pour expliquer les échanges, le principe des avantages comparatifs ne permet pas à lui seul de comprendre la
formation des mégapoles accueillant une grande variété d’industries, ni la concentration de certains secteurs dans
des lieux qui ne présentaient pas à priori d’avantages particuliers. Après tout, pourquoi une bonne part de
l’industrie automobile américaine s’est-elle concentrée autour de Détroit, plutôt qu’en Floride ou en Californie ? La
réponse est sans doute à rechercher dans l’analyse des fondamentaux du choix de localisation des entreprises, plutôt
que dans les caractéristiques spécifiques du Michigan.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.162-163
Question :
1) en rappelant le rôle de la taille des marchés domestiques, à quelle forme de rendements croissants Krugman
renvoie-t-il : externe ou interne ?
Document 27 : les étapes du mécanisme d’agglomération
La nouvelle économie géographique propose ainsi une explication qui repose sur la conjonction de deux forces.
Tout d’abord, si les entreprises bénéficient de rendements d’échelle croissants, et qu’il existe des coûts de
transports, elles ont intérêt à rechercher la proximité des grands marchés. (…) Les secteurs à rendements croissants
dégagent davantage de profit dans grands pays que dans les petits pays. Les entreprises du petit pays ont tendance à
se délocaliser vers le grand marché. (…) Ici, ce ne sont pas les avantages comparatifs ou l’histoire qui vont
déterminer quel pays attire la production (…), mais leur taille économique. Ensuite, en venant s’implanter dans un
même pays, les entreprises vont renforcer les économies d’échelle externes et rendre la localisation plus attractive.
Notamment, chaque création d’établissement dans un pays génère une nouvelle demande de travail. Si les ménages
ont la possibilité de migrer d’un pays à l’autre, alors cette demande va attirer de nouveaux travailleurs. Dans la
mesure où ces individus sont aussi des consommateurs, cet afflux vient augmenter la demande de bien exprimée
dans le grand pays … ce qui accroît les profits des firmes locales et attire de nouveaux producteurs. En somme, dès
lors que les travailleurs veulent être là où sont les entreprises et que ces dernières cherchent la proximité des
consommateurs, on voit se dessiner un processus cumulatif d’agglomération spatiale. Les relations de soustraitance, qui sont une autre source d’économie d’échelle externe identifiée par Marshall, mènent au même type de
mécanisme : l’arrivée d’entreprises dans une zone accroît la demande de biens intermédiaires, ce qui attire de
nouveaux fournisseurs qui, en retour, rendent ce territoire plus attractif pour les firmes du secteur de bien final.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.162-163
Questions :
1) pourquoi les coûts de transports poussent (toutes) les entreprises à se localiser dans le pays où la taille du
marché est la plus grande ?
2) les coûts de transports appartiennent aux coûts de distance : existe-t-il d’autres coûts de distance ?
3) une fois que les entreprises s’agglomèrent sur un territoire, quelle est la conséquence sur l’existence
d’éventuels rendements croissants externes ?
4) présenter les étapes de l’agglomération à partir d’un schéma ;
Document 28 : les différences de rendements d’échelle et les différences de spécialisation
Ce processus cumulatif d’agglomération conduit à la concentration d’activités à rendements croissants dans un petit
nombre de lieux. Ainsi, les pays (ou les régions au sein des pays) qui bénéficient d’un avantage en termes de taille
du marché vont se spécialiser dans les secteurs produisant des biens industriels à rendements croissants. Les
régions périphériques vont voir partir leur industrie et se spécialiser dans les productions à rendements constants.
Ce mouvement d’agglomération aboutira naturellement à de nouveaux flux d’échanges commerciaux.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.162-163
Document 29 : les limites à la dynamique d’agglomération
Cependant, la dynamique d’agglomération n’est pas toute puissante. Elle fait face à un certain nombre de forces
centrifuges, qui expliquent pourquoi toutes les activités à rendements croissants ne se concentrent pas
systématiquement dans un lieu unique : les contraintes pesant sur la mobilité des travailleurs, les effets de
congestion pesant sur les facteurs strictement immobiles (le prix de la terre et les loyers augmentent au fur et à
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11
mesure que les activités économiques s’agglomèrent), et surtout, la concurrence tend à être bien plus intense dans
les territoires où la densité d’entreprise est forte.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.162-163
Document 30 : expliquer les échanges interbranches par la nouvelle géographique économique
Expliquer les avantages comparatifs (hors du cadre des théories traditionnelles) : par les
différences de coûts de production qui ne proviennent ni de technologies différentes, ni de
dotations factorielles différentes
Baisse du coût unitaire de production des Baisse du coût unitaire de production du
entreprises
secteur
Source ?
Source ?
Rôle des rendements d’échelle : internes ou Rôle des rendements d’échelle : internes ou
externes ?
externes ?
Effet auto-entretenu des rendements d’échelle sur la localisation des entreprises
Spécialisation :
Cœur : agglomération des entreprises / secteurs où rendements d’échelle croissants ou constants ?
Périphérie : agglomération des entreprises / secteurs où rendements d’échelle croissants ou
constants ?
1.4 Le retour des explications par les avantages comparatifs « traditionnels » dans l’analyse
économique
1.4.1
La prise en compte des avantages comparatifs au sein des secteurs : la spécialisation
d’une économie sur un niveau dans la gamme des produits
Document 31 : commerce intrabranche vertical et écarts de dotations factorielles
Comme les consommateurs ont un goût pour la variété, il existe un commerce international intra-branche. (…) La
part croissante des échanges qui prennent place entre les pays industrialisés peut être comprise comme du
commerce entre pays qui, globalement sont identiques (en ce qui concerne le revenu, la demande, la technologie
…) (…). Ces échanges peuvent être analysés comme résultant du goût des consommateurs pour la variété. (…) Les
variétés produites nationalement et à l’étranger n’étant pas les mêmes, il est facilement compréhensible qu’il existe
des flux simultanés d’exportations et d’importations pour un bien donné. La différenciation est dite horizontale
lorsque les produits présentent la même qualité mais sont distingués en raison de leurs caractéristiques réelles ou
perçues. Elle est verticale lorsque les consommateurs sont confrontés à des produits qui sont de qualités différentes.
(…) Dans le cas de la différenciation verticale, les consommateurs ont des goûts identiques, mais pour un bien
donné il existe un éventail de qualités distinctes. (…) La forme précise des échanges internationaux dépend des
répartitions nationales des revenus : le pays avec le revenu moyen le plus élevé se spécialisera dans les qualités
supérieures alors que le pays avec le revenu moyen le plus faible produira les qualités inférieures.
Source : Michel Rainelli « La nouvelle théorie du commerce international », La Découverte, 2003, p.47
Document 32 :
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
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Document 33 : l’origine des exportations vers les Etats-Unis suivant le niveau de gamme des produits
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
Document 34 : les échanges intrabranches et la spécialisation des économies en fonction de leurs avantages
comparatifs (barrer les réponses fausses)
Echanges intrabranches
Pays développés
Pays en développement
Spécialisation
Haut / bas de gamme
Haut / Bas de gamme
Explications
en
termes Dotation factorielle : facteurs Dotation factorielle : facteurs
d’avantages
comparatifs abondants ?
abondants ?
traditionnels
Travail non-qualifié
Travail non-qualifié
Travail qualifié
Travail qualifié
Capital
Capital
Productivité ?
Productivité ?
Faible / Elevée
Faible / Elevée
1.4.2
La prise en compte des avantages comparatifs dans le découpage de la chaîne de valeur :
l’impact des stratégies de DIPP sur la localisation des activités
Document 35
L’hypothèse constitutive de la nation est celle de l’immobilité internationale des facteurs de production et donc,
notamment des capitaux. Cela a pour conséquence d’exclure du champ d’étude des théories du commerce
international les firmes multinationales, puisque celles-ci ne peuvent exister qu’en raison du déplacement
international de capitaux. (…) Les firmes multinationales ne se substituent pas seulement à des échanges
internationaux. Elles contribuent, au contraire, à la création de nouveaux flux, d’une nature particulière. Les firmes
multinationales constituent des réseaux de filiales implantées dans un nombre important de pays. Ces filiales
entretiennent entre elles et avec la maison-mère des relations suivies qui ont pour origine la spécialisation de
certaines d’entre elles dans la production de composants du produit final qui est assemblée dans un des sites à partir
de ces demi-produits. Ces échanges ont un statut particulier : d’une part, ils relèvent du commerce international,
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13
puisqu’ils franchissent des frontières, mais d’autre part, ils sont internes à la firme, puisqu’ils ne passent pas par le
marché ; la dernière caractéristique implique que leur valorisation est un élément de la stratégie des firmes. Ainsi,
si les taux d’imposition sont différents entre les pays, il est plus rentable de faire apparaître les profits dans les
nations où le taux d’imposition est faible. Cela a une conséquence importante sur les valeurs des importations et
des exportations enregistrées dans la balance commerciale des pays où sont implantées les filiales de la firme
multinationale.
Source : Michel Rainelli « La nouvelle théorie du commerce international », La Découverte, 2003, p. 18
Questions :
1) pourquoi la fragmentation du processus de production peut-elle conduire à davantage d’échanges
commerciaux ?
2) ce texte associe FMN et filiales, est-ce que les FMN ne s’appuient que sur leurs filiales pour réaliser la
décomposition de leur système productif ?
3) comment appelle-t-on les échanges commerciaux au sein des firmes réseaux ?
4) pourquoi ces échanges sont-ils des échanges « hors marché » ?
Document 36 : intégration commerciale et désintégration productive
Avec le recentrage sur la stratégie des firmes, le concept pertinent pour comprendre les forces à l’œuvre est celui de
fragmentation du processus de production, car c’est à ce niveau que s’opèrent l’organisation et la spécialisation des
économies. (…) Il en résulte un partage des chaînes de valeur ajoutée entre un nombre croissant d’établissements
d’une même entreprise situés sur différents territoires ou d’entreprises de nationalités différentes. Ce sont les
entreprises qui se spécialisent dans des étapes précises de la chaîne de valeur et non pas les pays comme le
laisseraient penser les théories traditionnelles du commerce international. Les industries ne disparaissent pas au
niveau national : ce qui change, c’est que les firmes adaptent en permanence leurs stratégies, modifiant les
segments de production et les marchés sur lesquelles elles veulent s’imposer. Cette recherche d’efficacité et de
création de nouveaux avantages comparatifs conduit les firmes à rechercher les gains de productivité en
fractionnant toujours plus le processus de production en fonction notamment des différences de coût relatif selon
les espaces et les entreprises. La mondialisation a donc comme spécificité de s’appuyer sur une double dynamique,
celle de l’intégration commerciale et celle de la désintégration de la production, ce qui contribue à accentuer
l’impression de désindustrialisation des pays du Nord, alors que c’est d’abord une transformation de la gestion des
activités productives. Robert C.Feenstra (1998) voit dans ce double processus une rupture radicale par rapport à la
période du fordisme qui reposait sur un système d’intégration verticale de la production.
Source : Jean-Pierre Allegret & Pascal Le Merrer « Economie et mondialisation. Opportunités et fractures », De Boeck, 2007,
p. 153-154
Document 37 : fragmentation de la chaîne de valeur et échanges intrafirmes
Les FMN peuvent fragmenter leur chaîne de valeur pour localiser différentes tâches en différents lieux, de façon à
exploiter pleinement les avantages comparatifs des pays. Par exemple, le leader mondial des puces informatiques,
Intel, a divisé sa production en trois grandes activités : la fabrication des tranches de silicium, les assemblages et les
tests. La fabrication des tranches de silicium (de même que la R&D) est une activité intensive en travail qualifié, ce
qui explique pourquoi Intel réalise cette production dans des pays où les niveaux d’éducation sont relativement
élevés : les Etats-Unis, l’Irlande et Israel. En revanche, l’assemblage et les procédures de tests sont davantage des
tâches de routine, intensive en travail non qualifié. Intel a localisé ces activités dans des pays où la main d’œuvre
est bon marché, comme la Malaisie, les Philippines, le Costa Rica ou la Chine. Ces stratégies d’investissement
vertical contribuent très largement à la forte croissance des IDE mondiaux et expliquent la nette progression de
l’attractivité des pays en développement. (…) (Dans le cadre des) IDE verticaux (…) la décision d’investir tient
(…) à un arbitrage entre un coût fixe et un coût variable. (…) Il ne s’agit pas d’économiser le coût du commerce
(afin d’être plus prêt des consommateurs = IDE horizontaux), mais de profiter de coûts marginaux de production
plus faibles pour les segments de la chaîne de valeur dont la production sera localisée à l’étranger. Même s’il est
moins coûteux d’effectuer certaines tâches ou de fabriquer certaines composantes à l’étranger, on pourrait
s’attendre à ce que toutes les entreprises délocalisent ces activités. Ce n’est pas le cas (…), la délocalisation d’une
partie de ses activités implique un investissement qui représente un coût fixe substantiel. L’IDE est donc, là encore,
une stratégie de coût fixe, qui peut être profitable pour les entreprises de grandes taille, mais qui n’est pas
appropriée pour celles, moins performantes, qui produisent de petites quantités.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.200
Document 38 : les stratégies des FMN
L’étude de Fabrice Defever et Jean-Louis Mucchielli (2005) porte sur un échantillon de 11 000 choix de
localisation de FMN européennes sur la période 1997-2002 dans 23 pays. (…) Les stratégies de localisations
diffèrent selon les étapes de la chaîne de valeur.
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En amont, (quartiers généraux et R&D) les choix d’implantation sont très sensibles à la gouvernance des pays
d’accueil (stabilité politique …). Pour les sites de production, c’est le niveau de coût salarial unitaire qui est
déterminant dans le choix d’implantation. Enfin, pour les activités les plus en aval (logistique, bureaux
commerciaux), ce qui est le plus important, c’est la taille du marché de la zone d’accueil. (…)
Les auteurs constatent que les effets d’agglomération semblent jouer un rôle clé dans les stratégies de localisation
des firmes avec une tendance pour les investissements en aval de la chaîne de valeur à se rapprocher de firmes de
même nationalité, alors que pour les investissements en amont (direction et R&D), la tendance est à une
localisation proche de firmes de nationalité différente.
Il n’y aurait que pour les activités de production que la corrélation avec le niveau de salaire réel serait significative.
(…) Il apparaît clairement que l’on ne peut se limiter aux écarts de salaires réels pour expliquer les choix de
localisation des firmes européennes. Enfin, les stratégies sont différentes selon les niveaux de la chaîne de valeur,
ce qui signifie que les entreprises sont engagées dans un mouvement intense de fragmentation des processus de
production avec des logiques différentes selon les étapes : direction, R&D, production, logistique,
commercialisation.
Source : Jean-Pierre Allegret & Pascal Le Merrer « Economie et mondialisation. Opportunités et fractures », De Boeck, 2007,
p. 158
Questions :
1) quels sont les éléments qui poussent à l’agglomération suivant les étapes de la DIPP mises en jeu ?
2) le coût du travail permet-il d’expliquer l’essentiel des stratégies des FMN dans la localisation de leurs
activités ?
3) comment expliquer que le critère de nationalité des autres firmes joue dans l’effet d’agglomération ?
Document 39 : le commerce intrafirme
Dans l’industrie, les échanges de biens intermédiaires ont représenté environ 40% du commerce mondial en 2009.
Par ailleurs, lorsque les échanges de biens intermédiaires se font entre filiales d’un même groupe multinational, on
parle de commerce intrafirme. Les données sur l’importance du commerce intrafirme ne sont pas très précises, mais
les estimations qui ont été menées concluent qu’environ 30% du commerce mondial est en réalité du commerce
intrafirme. Cela donne une idée du poids que représentent les firmes multinationales dans l’économie mondiale.
(…) Certaines firmes multinationales fragmentent leur chaîne de valeur et confient la production de certains
segments à leurs filiales étrangères. Ainsi, elles peuvent exploiter au mieux les avantages comparatifs des pays.
(…) La stratégie d’offshoring permet aux entreprises de bénéficier de coûts de production plus faibles, mais
impliquent un coût fixe. (…) Seules les entreprises les plus grandes feront le choix d’internationaliser une partie de
leur production.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld et M.Melitz « Economie internationale », 9ième édition, Pearson, 2013, p.200-205
Question :
1) que représente les échanges de biens intermédiaires dans le commerce mondial ?
2) pourquoi les échanges de biens intermédiaires peuvent-ils être liés aux échanges intrafirmes ?
3) pourquoi certains échanges de biens intermédiaires ne sont pas considérés comme des échanges
intrafirmes ?
4) que représente le commerce intra-firme dans le commerce mondial ?
Document 40 : évolution de la part de la valeur ajoutée domestique dans les exportations (en %)
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
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Questions :
1) si une économie n’importe rien, quel sera la part de la valeur ajoutée domestique dans ses exportations ?
2) si les échanges de biens intermédiaires progressent, quelle sera la conséquence de cette hausse sur cette
part ?
3) comment a évolué cette part dans l’UE27, aux Etats-Unis et en Chine entre 1995 et 2008 ?
4) quelle a été la conséquence de la crise de 2008 sur les échanges de biens intermédiaires ?
Document 41 : en résumé
Avantages comparatifs
Théories :
Théories
traditionnelles
NEG
Travaux
contemporains
Absence d’avantages
comparatifs
NEG
Explications
spécialisation (motifs
de la spécialsation)
Explication
type
d’échanges : intra ou
terbranches
Capacité explicative
dans
l’évolution
historique
du
commerce
international
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16
2.
Les craintes suscitées dans les PDEM par l’intégration croissante des économies depuis les
années 1990 : désindustrialisation et inégalités (attention, partie à compléter avec les khôlles
n°3-4-5 et 6)
Document 42 : les craintes de la mondialisation
La mondialisation inquiète. La revue The Economist a appelé le mot mondialisation comme « le plus galvaudé du
21ième siècle », aucun terme n’ayant sans doute voulu dire autant de choses pour autant de gens. (…) Un sondage de
l’institut Gallup en 2003 a d’ailleurs montré la désillusion pour certains vis-à-vis des impacts de la mondialisation.
La question posée à 7515 personnes de l’UE à 15 était : « La mondialisation représente-t-elle pour les entreprises
de votre pays une opportunité ou une menace ? ». En Suède, 24% des sondés estimaient que la mondialisation était
une menace, 35% au Royaume-Uni, 39% en Allemagne mais plus de 50% en France, Belgique ou Grèce. (…) Pour
beaucoup, la mondialisation représente d’abord des chocs venus de l’extérieur. Les principaux chocs sont
démographiques, commerciaux, industriels, financiers et technologiques. La France apparaît souvent dans une
situation fragile par rapport à ses partenaires ce qui peut expliquer ses craintes vis-à-vis de la mondialisation.
Source : Jean-Louis Mucchielli « La mondialisation. Chocs et mesure », Hachette Supérieur, 2008, p.7
2.1 Mondialisation et désindustrialisation dans les PDEM
2.1.1 Un constat : le recul du poids de l’industrie dans l’économie des PDEM
Document 43
Source : P.N.Giraud et T.Weil « L’industrie française décroche-t-elle ? », Doc’en poche, La documentation française, 2013
Question :
1) remplir le tableau :
1970-2010
France
Evolution de la part
du PIB industriel
Etats-Unis
Allemagne
Royaume-Uni
Document 44 : Désindustrialisation : définition et mesures
La désindustrialisation se définit comme le recul du poids de l'industrie dans l'économie.
Trois indicateurs sont traditionnellement utilisés pour apprécier ce poids et son évolution: la part de la valeur
ajoutée de l'industrie dans le produit intérieur brut (PIB), mesurée à sa valeur monétaire courante; cette même part,
mais appréciée en "volume", c'est-à-dire corrigée de l'effet des évolutions de prix; et, enfin, la part de l'emploi
industriel dans l'emploi total.
Ces trois mesures présentent un défaut semblable: l'externalisation de certaines activités de services par les
entreprises industrielles ainsi que le recours à l'intérim font artificiellement baisser le poids de l'industrie dans
l'économie française et surestime le phénomène de désindustrialisation.
Les baisses de la part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB (en valeur) et celle de l'emploi industriel sont
régulières dans un grand nombre de pays développés depuis trente ans: elles sont de 10 points pour la France, la
part de l'industrie passant de 26% en 1970 à 16% en 2002. Mais lorsqu'on cherche à apprécier les choses en
volume, la tendance est beaucoup moins nette. En France, cette baisse s'est interrompue depuis 1993: en volume, la
part de la valeur ajoutée industrielle a même retrouvé en 2002 son niveau de 1985.
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Source : Guillaume Daudin, Sandrine Levasseur, « Délocalisations et désindustrialisation », Alternatives Economiques Horssérie n° 064 - février 2005.
Questions :
1) remplir tableau :
Désindustrialisation
Valeur ajoutée de
l’industrie en valeur
Valeur ajoutée de
l’industrie en volume
Emploi industriel
Variation 1970-2002 ?
2) si la valeur ajouté en volume ne varie pas (1985-2002) et que l’emploi et la valeur ajouté en valeur (donc le
prix des biens industriels) baisse, comment a du évoluer la productivité dans l’industrie durant cette
période ?
2.1.2 Mesurer l’impact de l’intégration commerciale sur l’emploi industriel des PDEM
Document 45 : avantages comparatifs et spécialisation
Taux d’importation
(Importation/production,
en %)
Nombre d’emplois
(en milliers)
Source : D’après INSEE, Comptes nationaux
(1) Branche : Ensemble d’unités de production produisant un type de bien ou de service.
Document 46 : impact de la concurrence internationale et des délocalisations sur l’emploi industriel
En partie sous l’effet de la nouvelle concurrence des économies émergentes, la part des emplois manufacturiers a
été divisée par deux aux Etats-Unis depuis 1980, par plus de deux aux Royaume-Uni et par un peu moins de deux
en France. Elle a aussi baissé en Allemagne. Dans certains pays, autrefois qualifiés « d’industrialisés », ce secteur
emploi aujourd’hui un peu plus de 10% de la main d’œuvre, et parfois moins ; il en employait 20 à 30% il y a trente
ans. Bien sûr, d’autres raisons expliquent aussi cette baisse de l’emploi industriel : le progrès technique, plus rapide
dans l’industrie qu’ailleurs, ou la déformation de la structure de la consommation en faveur des services. Un repli
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d’une telle ampleur n’aurait cependant pas été possible sans le développement des échanges avec les économies
moins industrialisées et, plus récemment, avec l’Asie émergente.
Il faut noter par ailleurs que le problème n’est pas tant celui de la « délocalisation » que celui de la fermeture
d’unités devenues non concurrentielles, suivie de la localisation à l’étranger de nouvelles capacités de production.
Sur 70 000 emplois détruits par an dans l’industrie manufacturière française entre 1980 et 2007, moins de 10%
pourrait résulter de telles opérations de délocalisation directe vers les pays émergents, tandis que plus de 30%
pourrait être attribués à la concurrence international en général (abandon d’activité sans relocalisation, création de
nouvelles activités à l’étranger), 30% aux gains de productivité et à la baisse de la demande intérieure, et 30% à la
sous-traitance de certaines tâches vers les secteurs des services, y compris l’emploi intérimaire.
Il convient cependant de remarquer que ces diverses composantes ne sont pas indépendantes. En particulier, les
gains de productivité sont un effet indirect de la mondialisation, une façon de résister à la concurrence, quelle
qu’elle soit consistant à diminuer l’emploi à production donnée. En France, le nombre d’emplois par euro constant
de production industrielle a ainsi été divisé par 6 en vingt-cinq ans.
En résumé, même si le phénomène de « délocalisation » n’a eu, à strictement parler, qu’un effet limité sur l’emploi
industriel, il n’est pas douteux que la mondialisation a entraîné une désindustrialisation des pays développés et une
précarisation de l’emploi dans les régions les plus touchées. Il n’est pas douteux non plus que la concurrence des
pays à bas salaires se développe dans certains secteurs de service, aidée par les avancées de la technologie, et
qu’elle touche donc aujourd’hui des niveaux plus élevés de qualification au sein des économies développées.
Source : François Bourguignon « La mondialisation de l’inégalité », La République des idées, 2012, 35-36
Question :
1) Remplir tableau :
Décomposition des Concurrence
sources
de
la internationale
destruction
d’emplois
industriels
Délocalisation vers Gains
de Sous-traitance
les pays émergents
productivité
dans externalisation
l’industrie
et
évolution de la
demande de biens
manufacturés
et
Part dans le total
Document 47 : délocalisation et impact direct sur l’emploi domestique
En ce qui concerne l’impact des IDE sur l’emploi du pays d’origine du pays investisseur, celui-ci est souvent
appréhendé indirectement à partir des échanges engendrés par le transfert d’activité à l’étranger. (…) Il s’agit alors
de calculer « un contenu en emploi » des flux commerciaux nets engendrés par les implantations à l’étranger des
firmes multinationales. (…) Le nombre total d’emplois détruits par les délocalisations entre 1990 et 2001 en
Allemagne est évalué à 90 000. Ce chiffre est à mettre en rapport avec les créations/destructions journalières
d’emplois dans une économie de marché moderne. Cahuc et Zilberberg (2004) rappellent que ce processus de
destruction/création d’emplois est extrêmement intense, de l’ordre de 10 000 créations/destructions de poste de
travail par jour. Ces méthodes de chiffrage de l’impact des délocalisations sur le marché du travail concluent donc à
un phénomène trop faible pour pouvoir expliquer les difficultés du marché du travail que l’on connaît en particulier
en Europe.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 275
Document 48 : FMN, IDE et impact sur l’emploi du pays hôte
Quel est l’impact global d’une entrée de FMN sur le niveau d’activité du secteur du pays hôte ? (…) L’implantation
de FMN a pour effet de direct d’accroître le degré de concurrence du secteur local. (…) Mais si l’arrivée de
multinationales dans un pays se traduit par une contraction de l’activité ou même par la fermeture de firmes locales,
l’effet bénéfique net en termes d’emploi paraît incertain. Cet effet « pro-concurrentiel » peut même s’avérer négatif
pour l’emploi si les entreprises étrangères disposent d’une technologie moins intensive en main d’œuvre que les
firmes locales. Néanmoins, l’entrée de firmes multinationales ne se limite pas à changer la structure de marché du
secteur des biens finals. Ces nouvelles firmes vont également augmenter la demande de biens intermédiaires du
pays hôte. (…) L’impact global de cet effet d’entraînement dépendra du degré d’utilisation des biens intermédiaires
locaux par les firmes. (…) Barrios (2004) confirme que l’impact de l’investissement direct a été initialement
négatif en Irlande, l’effet concurrentiel ayant été supérieur à l’effet d’entraînement. Néanmoins, cet effet négatif a
été ensuite largement dominé par l’effet positif.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 273
Document :
1) quels sont les deux effets sur la quantité d’emplois que produisent l’entrée d’un IDE ?
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Document 49 : échanges commerciaux et baisse de l’emploi industriel
Source : Lilas Demmou « La désindustrialisation en France », document de travail de la DG du Trésor, juin 2010
Questions :
1) dans l’industrie agroalimentaire (IAA), constate-t-on une baisse de l’emploi entre 1980 et 2007 ?
2) la baisse dans ce secteur est-elle imputable aux échanges internationaux ?
3) quel est l’impact des échanges commerciaux sur la variation de l’emploi dans l’industrie ?
4) quel est l’impact des échanges commerciaux sur la variation de l’emploi dans l’industrie automobile ?
Document 50
De plus, si l’impact national est certainement négligeable quantitativement, l’impact local sur un bassin d’emploi
touché par les délocalisations peut être très important. Tout ceci suggère des coûts d’ajustement importants pour
certaines catégories de la population ou certains territoires, et souligne la nécessité de mécanismes de redistribution
entre ceux qui bénéficient des implantations à l’étranger et ceux qui en souffrent.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 275
Question :
1) pourquoi s’intéresser à la question de la désindustrialisation ?
2.2 Mondialisation et creusement des inégalités dans les PDEM
2.2.1 Un constat : le creusement des inégalités depuis le début des années 1990
Document 51 : les inégalités, notamment salariales, augmentent partout
Il est difficile de commencer le tour d’horizon des inégalités nationales de revenus par un autre pays que les EtatsUnis tant la montée des inégalités y est spectaculaire. L’inégalité des revenus est en 2008 au niveau où elle était un
siècle plus tôt. Après une quarantaine d’années de stabilité, la société américaine semble avoir progressivement
effacé les progrès de l’égalité enregistrés au lendemain de crise des années 1930 et durant la seconde guerre
mondiale.
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La courbe se réfère à la distribution des revenus primaires c’est-à-dire les revenus d’activité avant impôts et
transferts aux ménages. Le niveau d’inégalité diminue considérablement, mais la hausse reste importante lorsque
l’on prend en compte l’ensemble de la redistribution. (…) La hausse des inégalités primaires est tout aussi sensible
lorsque l’on se restreint à la seule activité salariée. (…) Les hauts salaires se sont littéralement envolé par rapport
au salaire médian. Les salaires des 10% des salariés les mieux payés étaient en moyenne 80% au dessus du salaire
médian avant 1980. Ils le dépassent de 125% depuis 1995. L’écart s’élargir encore plus lorsque l’on se restreint aux
centiles supérieurs. Cette montée de l’inégalité conduit à des disparités impressionnantes dans le partage des gains
de croissance. Les chiffres du Bureau du budget du Congrès américain montrent que, entre 1979 et 2006, le revenu
moyen des ménages (avant impôts et après correction de l’inflation) a augmenté au total de 50% mais la croissance
totale n’a été que de 10% pour le quintile le plus pauvre, tandis qu’elle dépassait 100% pour le décile supérieur.
Une très large proportion du gain total de pouvoir d’achat est donc allé aux familles les plus riches. (…) Observe-ton le même phénomène dans d’autres pays ? En fait, la grande majorité des pays à hauts revenus de l’OCDE ont
connu une hausse de l’inégalité des revenus et des salaires. (…) L’inégalité des niveaux de vie a aussi augmenté
dans une majorité de pays en développement entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2000. Ceci est
particulièrement net dans plusieurs pays à la pointe du processus de rattrapage Sud-Nord. (…) Dans la mesure où le
phénomène est assez uniforme (ensemble des pays ), il est difficile de ne pas le relier à des causes communes et
notamment la mondialisation. L’ouverture croissante des économies nationales aux échanges de biens et services,
aux mouvements des capitaux ou des connaissances techniques, et surtout à l’irruption de nouveaux acteurs dans
ces échanges constituent en effet des explications possibles et de première importance.
Source : François Bourguignon « La mondialisation de l’inégalité », La République des idées, 2012, 35-36
Question :
1) comment ont évolué les inégalités de revenus aux Etats-Unis depuis l’entrée dans la seconde
mondialisation ?
Document 52 : l’évolution dans la plupart des pays de l’OCDE
Source : OCDE, Focus Inégalités et croissance « Les inégalités de revenu pèsent-elles sur la croissance économique ? »,
décembre 2014
Questions :
1) que mesure le coefficient de Gini ?
2) quelle est la caractéristique de l’évolution des inégalités de revenu dans les pays de l’OCDE depuis 1985 ?
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2.2.2
Intégration économique et inégalités durant les années 1990
Document 53 : l’augmentation de la population dans l’économie mondialisée
Source : Jean-Louis Mucchielli « La mondialisation. Chocs et mesure », Hachette Supérieur, 2008, p.24-25
Questions :
1) comment évolue l’offre mondiale de travail depuis la seconde phase de la deuxième mondialisation ?
2) quelles sont les zones géographiques qui alimentent cette offre ?
3) ces zones géographiques, l’emploi relativement abondant est-il qualifiés ou non qualifiés ?
Document 54 : les conséquences de la spécialisation internationale, le théorème Stolper-Samuelson
Selon le théorème Stolper-Samuelson, une augmentation du prix relatif d’un bien augmente le revenu réel du
facteur utilisé intensément dans la production de ce bien, et diminue le revenu réel de l’autre facteur. Si les
conditions du théorème HO sont vérifiées, le libre-échange comparé à l’autarcie, engendre l’augmentation de la
rémunération réelle du facteur abondant.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 53
Question :
1) remplir le tableau en barrant les réponses fausses :
Facteurs abondants
Augmentation
de
la
rémunération du facteur
abondant
PDEM
Travail qualifié ou travail
non qualifié ?
Inégalités qualifiés / non
qualifiés : augmente ou
baisse ?
Pays émergents
Travail qualifié ou travail
non qualifié
Inégalités qualifiés / non
qualifiés : augmente
ou
baisse ?
Document 55 : ce que disent les faits durant les années 1990
Les inégalités ont aussi beaucoup augmenté dans les pays émergents. L’écart de salaire entre travailleurs qualifiés
et travailleurs non qualifiés a augmenté de :
68% entre 1987 et 1993 au Mexique ;
16% entre 1986 et 1998 en Colombie ;
20% entre 1992 et 1998 en Argentine ;
13% entre 1987 et 1999 en inde ;
L’intensité en travail qualifié a beaucoup augmenté dans l’industrie, au sein de chaque secteur.
Pas de baisse des prix des biens intensifs en travail non qualifié dans les pays développés.
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
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Question :
1) le théorème Stolper-Samuelson permet-il de rendre compte de l’évolution des inégalités dans les pays
émergents ?
2.2.3 Intégration économique et inégalités durant les années 2000
Document 56 : les conséquences de la fragmentation de la chaîne de valeur, le modèle théorique de Feesntra
et Hanson
Durant les années 2000, les analyses économiques désignent à nouveau le commerce international comme
responsable des transformations de l’emploi et de la montée des inégalités (dans les PDEM notamment).
Le premier argument mobilisé est l’outsourcing. La fragmentation croissante des chaînes de valeur est un des
phénomènes majeurs de la mondialisation des années 2000. Cette fragmentation démultiplie le commerce
international et impacte les demandes de travail.
Le modèle théorique de Feenstra et Hanson est le suivant. Supposons :
- Deux pays, un à bas salaire et l’autre à haut salaire.
- Un bien final, produit à partir d’un continuum de « tâches » produites avec du travail qualifié et du travail
non qualifié.
- Chaque « tâche » a une intensité en travail qualifié différente.
- La production des tâches intensives en travail qualifié est relativement moins coûteuse dans le pays
développé, tandis que la production des tâches intensives en travail non-qualifié est relativement moins coûteuse
dans le pays à bas salaires. Cette configuration des coûts peut être représentée dans le graphique suivant :
Imaginons un choc qui augmente les coûts de production dans le Nord et/ou les baisse dans le Sud (par exemple
l’entrée dans la mondialisation d’un pays à très bas salaires) :
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23
Un grand nombre de tâches sont maintenant délocalisées :
- les plus intensives en travail non qualifié qui étaient produites dans le Nord ;
- mais elles sont plus intensives en travail qualifié que ce qui était produit auparavant dans le Sud ;
Conséquences :
- Baisse de la demande de travail non-qualifié au Nord = facteur d’inégalités entre non-qualifiés et
qualifiés ;
- Hausse de la demande de travail qualifié au Sud = facteur d’inégalités entre non-qualifiés et qualifiés ;
- Hausse de l’intensité en travail qualifié partout ;
- Baisse des prix des biens industriels.
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
Question :
1) comment le modèle de Feesntra et Hanson permet-il de rendre compte du creusement des inégalités entre
qualifiés et non qualifiés dans les pays émergents ?
Document 57 : l’augmentation des inégalités entre emplois qualifiés et non-qualifiés dans les PDEM
Les années 1980 et le début des années 1990 ont été témoins d’un changement radical dans l’économie mondiale :
l’ouverture aux échanges internationaux de toute une partie du monde, la Chine dans les années 1980, le bloc
soviétique puis l’Inde au tournant des années 1990. L’arrivée de ces géants dans les échanges internationaux a
provoqué l’entrée d’environ un milliard de travailleurs, souvent non qualifiés, dans la concurrence internationale,
créant du même coup une rareté relative des autres facteurs de production, en particulier le capital, le travail
qualifié et les matières premières. La rémunération relative de ces facteurs et leur part dans les revenus nationaux
s’en sont trouvées augmentées partout dans le monde, tandis que la part du travail non qualifié diminuait. La
concurrence de ces nouveaux entrants sur les marchés mondiaux, elle-même facilitait par des investissements
directs en provenance des pays développés, a été renforcée par une concurrence accrue au sein des économies
développées. Le progrès technique a également permis une fragmentation internationale croissante des chaînes de
valeur, susceptible de diminuer les coûts de production à travers la sous-traitance à l’étranger.
Dans les économies développées, il a semblé un moment que cette mondialisation des échanges affecterait
essentiellement les salaires des travailleurs les moins qualifiés, exposés à la concurrence de la main d’œuvre bon
marché. C’est ainsi que certains avaient interprété, non sans raison, la baisse du salaire réel du travail non qualifié
aux Etats-Unis dans les années 1980 et la persistance d’un chômage élevé en Europe. Richard Freeman se
demandait même, à l’époque, si les salaires de cette catégorie de main d’œuvre n’étaient pas « fixés à Pékin ».
Depuis, il semblerait que le phénomène se soit propagé jusqu’au milieu de l’échelle de qualification. On s’accorde
aujourd’hui à penser que, du fait de la mondialisation, une grande partie de la production de biens échangeables
exigeants en main d’œuvre non qualifiée s’est localisée dans les économies émergentes. Dans les pays développés,
cette main d’œuvre (non qualifiée) se concentre aujourd’hui dans des secteurs abrités de la concurrence
internationale, comme les services aux personnes, la restauration … En revanche, les avancées dans les techniques
d’information et de communication conduisent de plus en plus à localiser dans les économies émergentes les tâches
qui relèvent du back office (comptabilité, suivi, développement informatique, …) et reposent sur une main d’œuvre
plus qualifiée. Cette évolution contribue donc à diminuer la demande, donc la rémunération relative de ces
travailleurs dans les pays développés. Comme la demande pour les qualifications les plus élevés reste forte, il en
résulte au total une déformation de la distribution des salaires au détriment des qualifications basses et moyennes et
au profit des qualifications supérieures.
Source : François Bourguignon « La mondialisation de l’inégalité », La République des idées, 2012, 37-38
Document 58 : le modèle de Bernard, Jensen & Schott (2005)
En utilisant données sur 245 000 entreprises américaines entre 1977 et 1997, les auteurs calculent le taux de
pénétration des importations en provenance des pays à bas salaires, et ils montrent que lorsque les entreprises
américaines font face à une concurrence croissante des pays à bas salaires, elles peuvent mourir, licencier, ou
augmenter leur intensité en capital et travail qualifié.
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
Document 59 : l’apparition d’une économie de « stars » mondialisée
Examinons certaines conséquences de ces changements qui peuvent expliquer l’explosion des très hauts revenus.
Le développement des techniques de communication a multiplié les audiences des artistes et des sportifs dans des
proportions considérables. Enrico Caruso, le premier chanteur d’opéra devenu une vedette internationale a vendu 1
million de disques. Près d’un siècle plus tard, Pavarotti en a vendu plus de 100 millions. (…) J.K.Rowlings, la
« mère » d’Harry Potter dispose d’un revenu annuel d’environ 300 millions de dollars, alors que 90% des écrivains
anglo-saxons touchent moins de 80 000 dollars. (…) Le même phénomène d’échelle explique l’apparition récente
d’autres « très hauts revenus ». dans le domaine financier, les bons opérateurs investisseurs sont récompensés par
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des primes (ou « bonus ») de fin d’année plus ou moins proportionnelles à leurs gains. L’extension du volume des
opérations financières (…) catapultant ainsi une assez grande proportion de « traders » parmi les très hauts revenus.
Ce raisonnement explique aussi la hausse vertigineuse des rémunérations des dirigeants des très grandes entreprises
(…). Il est remarque que la rémunération des dirigeants dépende si étroitement de la taille des entreprises qu’ils
gèrent. Ainsi, les patrons des dix plus grandes sociétés américaines ont une rémunération à peu près 4 fois
supérieure à celle des patrons des entreprises qui se situent autour de la 100ième place dans un classement par taille.
En France, ce ratio est de l’ordre de 3. (…) On observe que la hausse des rémunérations des dirigeants constitue un
phénomène relativement nouveau. La rémunération des dirigeants américains ont été remarquablement stables de
l’avant-guerre jusqu’aux années 1970, malgré l’expansion internationale de plusieurs grandes sociétés américaines
dans les années 1950-1960. Au sein des entreprises, la hausse de la rémunération des dirigeants s’est élargie à leurs
états-majors et aux cadres de haut niveau. Ces effets de diffusion existent dans d’autres domaines. Dans le secteur
financier, le responsable d’une salle de marché peut difficilement recevoir moins que ses traders (…). Un autre type
de diffusion passe par la fourniture de services aux superstars ou à ces entreprises géantes. Les avocats, par
exemple, qui interviennent sur des litiges portant sur des sommes considérables, font rémunérer leur travail au
prorata de ces montants. C’est à travers ce phénomène de diffusion que la distribution des revenus est
significativement affecté par la montée des superstars.
Source : François Bourguignon « La mondialisation de l’inégalité », La République des idées, 2012, 45
Questions :
1) existe-t-il des compartiments du marché du travail qui sont mondiaux ? donnez des exemples ;
2) quelle est alors la conséquence sur la rémunération des salariés qui s’y trouvent ?
document 60 : résumé, les gagnants et perdants de l’ouverture des économies
Evolution des inégalités dans
Modèle HOS
Modèle Feenstra & Hansen
Les PDEM
Hausse / Baisse
Hausse / Baisse
Les PVD
Hausse / Baisse
Hausse / Baisse
Les « perdants » dans les PDEM
Les salariés des ENQ / EQ
Les salariés des ENQ / EQ
Document 61 : le modèle théorique de Grossman et Rossi-Hansberg
Ce modèle s’appuie également sur la logique de fragmentation de la chaîne de valeur, mais il introduit une
distinction entre des tâches qui sont impossibles à délocaliser et des tâches qui sont plus ou moins faciles à
délocaliser.
Une baisse des coûts d’outsourcing (baisse des protections commerciales, des coûts de communication, de
déréglementation, de routinisation de certaines tâches …) a les conséquences suivantes :
- elle augmente le nombre de tâches outsourcées vers les pays à bas salaires, ce qui a un impact négatif sur
les travailleurs qui produisaient ces tâches ;
- elle réduit les coûts de production, ce qui est équivalent à une hausse de la productivité apparente des
tâches non délocalisées, ce qui a un impact positif sur les travailleurs qui produisaient ces tâches ;
En conclusion : le deuxième effet peut l’emporter, et l’impact social de l’outsourcing n’est pas forcément négatif ;
Ce modèle dessine une ligne complexe entre gagnants et perdants potentiels à la globalisation : non plus entre
travailleurs qualifiés vs non-qualifiés ; non plus entre travailleurs d’un secteur exportateur vs concurrent des
importations ; mais entre emploi délocalisable et tâche non-délocalisable.
Cela rend la mondialisation plus inquiétante et plus difficile à gérer pour les politiques sociales.
Source : Matthieu Crozet, Conférence IAE Saint Etienne, janvier 2015
Questions :
1) quels sont les deux groupes à partir desquels, les auteurs mesurent les inégalités ?
2) est-ce que dans ce modèle théorique, il est possible d’expliquer aussi une baisse des inégalités ?
Document 62 : distinguer emplois nomades et emplois sédentaires, le modèle de P.N.Giraud
En 1996, je concluais L’inégalité du monde par une conjecture : l’avenir le plus probable dans les pays riches est le
laminage des classes moyennes et la polarisation des sociétés entre groupe restreint de nomades de plus en plus
riches et une masse de sédentaires qui seront désormais les « clients », au sens romain du terme, des premiers. Cette
conjoncture était fondée sur l’évolution quantitative des différents rythmes à l’œuvre dans le processus de
mondialisation. En raison de l’émergence très rapide de ce que j’avais appelé les « pays à bas salaires et à capacité
technologique » (Chine, Inde), j’estimais que le rythme de destruction des emplois nomades dans les pays riches
l’emporterait sur le rythme de création. Le nombre relatif de nomades diminuerait donc, mais les nomades
« résistants » deviendrait néanmoins de plus en plus riches. Le développement propre de l’économie sédentaire ne
me paraissait pas capable de contrer cette évolution, si bien que la résultante en était un accroissement des
inégalités entre nomades et sédentaires. Cette thèse à l’époque était très minoritaire. A la fin des années 1990, chez
la quasi-totalité des économistes le leitmotiv était : « la mondialisation n’est pas coupable ! ». L’augmentation des
C.Vernet ECE 2 ESH 2015-2016 N.Danglade
25
inégalités dans les pays riches n’était pas niée, mais elle était attribuée pour l’essentiel à un « progrès technique
biaisé en défaveur du travail non qualifié ». (…) En bref, c’était la faute des ordinateurs pas de la mondialisation.
(…) Mon apport à l’analyse de la mondialisation, s’il en est un, est d’avoir proposé une analyse, espérons-le
originale, des dynamiques à l’œuvre, qui met l’accent sur la distinction nomades/sédentaires, distinction utilement
complémentaire de la distinction traditionnelle qualifié/non qualifié. (…)
Source : P.N.Giraud, « La mondialisation. Emergence et fragmentations », Coll.Sciences Humains, 2012, p.105-107
Document 63 : le mécanisme des inégalités intra-nationales selon P.N.Giraud
Les firmes nomades sont celles qui transforment et font circuler des objets économiques entre territoires différents.
Les firmes sédentaires font la même chose mais uniquement à l’intérieur d’un même territoire. Les firmes nomades
jouent des différences entre territoires et en tirent profit. (…) Une vague de mondialisation, c’est l’augmentation du
nombre, de la taille, de la puissance économique des firmes nomades par rapport aux firmes sédentaires. Les effets
de la mondialisation sur la richesse moyenne et les inégalités dans un territoire vont dépendre des conséquences en
son sein des interactions croissantes entre les firmes nomades d’origines étrangères, et les firmes locales, nomades
et étrangères. Ces interactions sont toujours à la fois destructrices et stimulantes. (…)
On peut distinguer (…) les emplois que les firmes nomades mettent en compétition directe avec des emplois situés
sur d’autres territoires. Ces emplois sont engagés dans la production des biens et services internationalement
échangeables. (…) De tels emplois ne peuvent subsister dans un territoire donné que s’ils sont « compétitifs », au
sens usuel du terme, sur le marché mondial, (…) sinon ils disparaissent du territoire et une firme nomade les recrée
dans un autre. C’est pourquoi nous les appellerons des emplois « nomades ». (…) Les emplois protégés de la
concurrence internationale directe sont cependant mis en compétition, parfois extrêmement sévère, par des firmes
sédentaires au sein d’un même territoire. Nous les appellerons les emplois « sédentaires ». Ils ne sont en
compétition qu’entre eux. (…) Si les sédentaires ne subissent pas directement la compétition entre territoires, leur
sort est néanmoins intimement lié à celui des nomades de leur territoire ; et réciproquement. Ainsi, par exemple, les
habitants très pauvres des bidonvilles de Bangalore en Inde, vivent de petit artisanat, petit commerce et services à
la personne, bénéficient évidemment de l’augmentation et de l’enrichissement rapide des emplois nomades de
l’industrie des logiciels qui prospèrent dans cette ville. En même temps, la grande pauvreté des habitants des
bidonvilles fait que les biens et services locaux sont très bon marché. Cela permet aux ingénieurs logiciels établis
dans la ville de vivre bien mieux que leurs collègues restés en Californie, malgré des salaires monétaires plus
faibles qui les rendent extrêmement compétitifs. Retenons donc ce terrible constat : plus les sédentaires d’un
territoire sont pauvres, plus les nomades présents sur ce territoire sont compétitifs dans l’arène mondiale.
(…) L’inégalité est ici définie comme le rapport entre le revenu par tête moyen des nomades et le revenu par tête
moyen des sédentaires. (…) L’inégalité entre le groupe des nomades et celui des sédentaires n’est gouverné que par
deux facteurs : la part des nomades dans la population active du territoire et la préférence pour les biens et services
sédentaires. On conçoit bien que (…) l’inégalité entre les deux groupes est plus grande si les nomades sont peu
nombreux et très riches que s’ils sont plus nombreux mais avec des revenus moyens plus faibles. De même, si les
nomades consomment plus de biens et services sédentaires, ils tirent vers le haut les revenus des sédentaires et les
inégalités se réduisent. En bref, un accroissement de l’inégalité entre nomades et sédentaires est donc provoqué par
une réduction du nombre relatif des nomades et/ou par une réduction de la préférence pour les biens et services
sédentaires (…). Réciproquement, si l’on veut réduire l’inégalité à l’intérieur d’un territoire entre ces deux groupes,
il faut augmenter la part des nomades dans la population active (donc transformer des sédentaires ou des chômeurs
en nomades) et/ou augmenter l’attrait des biens et services sédentaires de manière à ce que tant les nomades que les
sédentaires consacrent une part croissante de leurs revenus à l’achat de biens locaux. (…)
Source : P.N.Giraud, « La mondialisation. Emergence et fragmentations », Coll.Sciences Humains, 2012, p.105-107
Document 64 : revenus des nomades et revenus des sédentaires
Le PIB d’un territoire est la somme des revenus de tous les résidents d’un territoire. C’est donc la somme des
revenus des deux groupes : nomades et sédentaires. Le revenu du groupe des nomades du territoire dépend (…) du
prix auquel ils parviennent à « se vendre » sur les marchés mondiaux, prix qui mesure en quelque sorte la
« qualité » par rapport aux autre nomades, des nomades du territoire aux yeux des firmes globales qui les mettent
en compétition. Fondamentalement, le nombre et le prix des nomades dépendent des investissements faits dans le
territoire en capital humain, en capital technique, et en capital social. Bien évidemment, ce qui compte en la
matière ce sont les investissements dans un territoire comparés à ce qui se fait dans les autres qui sont mis en
compétition avec lui. Quand aux revenus du groupe des sédentaires, ils dépendent d’abord de ceux des nomades.
En effet, plus les nomades sont riches et nombreux, plus ils achètent de biens et services locaux aux sédentaire et
plus les revenus de ces derniers augmentent. Ensuite, ils dépendent de la préférence, tant des nomades que des
sédentaires, pour les biens et services locaux par rapport aux biens et services échangeables internationalement. Si
les résidents d’un territoire décident de consommer plus de services à la personne et moins de biens manufacturés,
par exemple, toutes choses égales par ailleurs les revenus des sédentaires augmentent. Finalement, dans ce cadre
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analytique, le PIB d’un pays ne dépend que de trois facteurs : le nombre et le «prix » moyen des nomades, et la
préférence pour les biens et services sédentaires.
Source : P.N.Giraud, « La mondialisation. Emergence et fragmentations », Coll.Sciences Humains, 2012, p.60
Questions :
1) quels sont les deux groupes sociaux à partir desquels P.N.Giraud mesure les inégalités ?
2) pourquoi les revenus des « sédentaires » dépend-il de celui des « nomades » ?
3) lorsque le nombre de nomades baisse, quelle est (toutes choses égales par ailleurs) la conséquence attendue
sur les inégalités « nomades »/ « sédentaires » ?
4) même question avec une baisse de la préférence pour les biens et services produits par les sédentaires ;
5) est-ce que dans ce modèle théorique, il est possible d’expliquer la baisse des inégalités ?
Document 65 : l’augmentation des inégalités dans les PDEM
La comptabilité nationale ne fournit pas directement le nombre des emplois nomades et sédentaires d’un territoire.
Dans les calculs présentés par le tableau ci-après, on a considéré comme nomade un secteur don’t l’ouverture au
commerce international, classiquement mesurée par le ratio: Exportations + Importations / 2 x valeur ajoutée est
supérieur à 12%. Pour l’essentiel, il s’agit de secteurs industriels, plus l’agriculture, la forêt et la pèche. Ces chiffres
minorent le nombre de nomade. N’y sont pas comptés, par exemple, certains emplois liés au tourisme dans
l’hôtellerie (…). Ces chiffres donnent une image impréssionnante de la “désindustrialisation” de la France, mais
aussi, contrairement à une idée reçue, de l’Allemagne. (…)
Source : P.N.Giraud « La mondialisation. Emergences et fragmentations », Ed.Sciences humaines, 2012
Questions:
1) comment évolue le nombre de “nomades” en France et en Allemagne sur la période étudiée?
2) Comment cela (toutes choses égales par ailleurs) doit-il se traduire sur les inégalités ?
3) Quelle est la conséquence d’un prix des nomades plus élevés en Allemagne qu’en France sur les inégalités
?
4) Observe-t-on les prédictions du modèle dans les données fournies par l’auteur ?
Document 66 : les inégalités en Chine et en Inde
La Chine a bénéficié de la mondialisation sous trois modalités principales. L’ouverture des marchés des pays
occidentaux, qui lui a permis l’adoption des stratégies de croissance tirées par les exportations, l’importance des
IDE, qui ont permis de transférer, sur la base d’un capital humain initialement bien formé à l’industrie, les
technologies et les savoirs faires occidentaux, japonais et des NPI. (…) Désormais, le relais de l’imitation est pris
par des activités de recherche-développement en croissance rapide sur leur propre territoire. Enfin, pour la Chine
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(comme pour l’Inde), la mondialisation a permis la formation dans les pays anglo-saxons de cadres très bien
adaptés à la globalisation numérique, ainsi qu’à celle des firmes et de la finance. (…) Si bien qu’aujourd’hui, pour
les gagnants de la mondialisation en Inde et en Chine, et ils commencent à être très nombreux, il n’es pas question
de ralentir le processus. (…) En Inde comme en Chine, la multiplication du nombre des nomades et leur
enrichissement rapide ont incontestablement entraîné l’ensemble des sédentaires. En Chine, le pourcentage de la
population vivant avec moins de 1,5 dollar par jour s’est effondré de plus de 60% en 1981 à 5% en 2010. En Inde,
sur la même période d’un peu plus de 50% à moins de 30%. Cependant, dans les deux pays, les inégalités sociales
ont augmenté.
En Chine, tous les quintiles de la population ont vu leurs revenus augmenter. Cependant la croissance du revenu
par tête est de 3,4% pour les 20% les plus pauvres mais de 7,1% pour les 20% les plus riches sur la période 19932004. (…) De plus, durant les quinze dernières années, le développement de l’entreprenariat privé et de la
corruption a également entraîné la constitution d’une classe de personnes très riches (on mesure à 236 000 le
nombre de millionnaires en Chine en 2004). (…) Par ailleurs, les inégalités ont aussi une dimension géographique
affirmée. (…) Interprétées à la lumière du modèle présenté au chapitre précédent, ces évolutions s’analysent ainsi.
En Chine (comme en Inde), le nombre de nomades a augmenté. Mais les nomades consomment de plus en plus de
biens nomades. L’effet d’entraînement de l’enrichissement des nomades sur la richesse moyenne des sédentaires
est bien réel, mais il n’est pas suffisant pour tirer assez vite vers le haut l’énorme masse des sédentaires du monde
rural et du secteur informel urbain. L’écart entre les revenus moyens des deux groupes s’accroît donc, et se traduit
de façon accentuée dans l’espace. (…)
En Inde et en Chine, le dilemme central est désormais le suivant :
- Soit maximiser la vitesse de rattrapage d’une fraction de la société (les élites nomades), mais au prix
d’importantes inégalités internes que l’on se contente de contrôler aux limites de la rupture sociale et politique.
Souvenons nous que la pauvreté des sédentaires, et donc le bas prix des biens et services sédentaires, améliore la
compétitivité des nomades.
- Soit favoriser désormais une croissance plus autocentrée, peut être finalement un peu ralentie, mais pas
nécessairement dans la durée. Dans les termes de notre modèle, il s’agirait, pour stimuler une croissance plus
autocentrée, de donner priorité à l’accroissement du nombre de nomades sur l’accroissement de leur prix relatif
donc de leur revenu par tête, et de favoriser la consommation de biens et services locaux. Cela passerait par une
série de transferts et de mesures de politique économique semblables dans leur principe à celles qui permirent les
cercles vertueux de la croissance social-démocrate autocentrée en Europe et au Japon durant les trente glorieuses.
(…) L’émergence d’une classe moyenne vraiment « moyenne » grâce à des politiques économiques conduisant à
une croissance social-démocrate plus autocentrée, constitue incontestablement une option pour les gouvernements
de la Chine ou l’Inde.
Source : P.N.Giraud, « La mondialisation. Emergence et fragmentations », Coll.Sciences Humains, 2012, p.105-107
Questions :
1) comment a évolué quantitativement le groupe des nomades en Chine (et en Inde) ?
2) comment expliquer le creusement des inégalités entre les nomades et les sédentaires en Chine (et en Inde) ?
3) quels sont les enjeux du développement futur de la Chine et de l’Inde en matière d’inégalités de revenus ?
La réduction des inégalités passe-t-elle par une insertion accrue dans le commerce international ? Quel type
d’intervention économique l’Etat peut-il mener pour réaliser un transfert de revenus entre les gagnants de
la mondialisation et les autres ?
Document 67 : en résumé, expliquer les conséquences de l’ouverture des économies sur la répartition des
revenus
Modèles théoriques HOS
Feesntra & Hansen
Grossman & Rossi
P.N.Giraud
Effet du commerce
international sur les
inégalités dans les
PDEM
Les perdants dans
les PDEM
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Document 68 : revenir sur le lien ouverture commerciale et désindustrialisation
Constat : une chute de la part
du PIB industriel et une chute
des emplois industriels
Mesurer la part de la
concurrence internationale et
des délocalisations dans la
perte des emplois (partie 2.1)
Expliquer la modification dans
l’allocation des ressources :
qui sont les perdants de
l’ouverture des économies ?
(partie 2.2)
3. L’analyse économique des effets du libre-échange et des mesures protectionnistes
3.1 La principale vertu attendue du libre-échange : un jeu à somme positive propice à la
croissance économique
3.1.1
Les gains sur le bien-être général dans le cas de la spécialisation des économies
Document 69 : les gains à la spécialisation des pays
Dans le cadre du modèle traditionnel, la possibilité pour un pays de commercer à un prix relatif différent de son
prix d’autarcie améliore nécessairement son bien-être. (…) Il existe un gain mutuel à l’échange car les deux pays
gagnent à l’échange. (…) Le gain à l’ouverture peut être divisé en deux types de gains : le gain résultant de la
spécialisation des pays dans la production du bien pour lequel ils sont relativement le plus efficace, et le gain
résultant de l’échange. (…) Le gain résultant de la spécialisation dans la production d’un bien au détriment de la
production d’autres biens n’est pas du tout spécifique à la théorie du commerce international. Cette idée paraît aller
de soi pour ce qui est de la spécialisation des tâches entre individus.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 106
Question :
1) Pourquoi le gain résultant de la spécialisation des échanges est-il proche de celui de la spécialisation des
tâches ?
Document 70 : les gains à l’échange pour les pays spécialisés
Ce qui fonde l’échange international selon la théorie classique, c’est la différence des prix relatifs des biens entre
pays. L’échange international permet à un pays (et à ses consommateurs) à la fois de se procurer moins cher
certains produits à l’étranger et de vendre plus cher à l’extérieur que sur le territoire national. Les mêmes avantages
se retrouvent pour le ou les pays partenaires à l’échange mais pour d’autres biens. Il en découle que les pays ont un
intérêt à la spécialisation internationale et qu’il existe un gain mutuel à l’échange. Le commerce international ne
conduit donc pas à un jeu à somme nulle. Le commerce international accroît le bien être de chacun des pays
participants et, par là même, le bien être mondial.
Source : Mathilde Lemoine, Philippe Madiès et Thierry Madiès, « Les grandes questions d’économie et de finance
internationales », De Boeck, 2007, p. 55
Questions :
1) Quel est le gain à l’échange pour un consommateur ?
2) Quel est le gain à l’échange pour un producteur ?
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3.1.2
Les gains sur le bien-être général dans le cas d’échanges entre économies similaires
Document 71 : les gains à l’échange pour des pays similaires
Le recours aux modèles du commerce international en concurrence imparfaite permet de faire apparaître de
nouveaux gains à l’échange entre pays :
- l’effet pro-compétitif. Avec l’ouverture, les producteurs sont confrontés à un nombre de concurrents plus
importants et voient donc leur pouvoir de marché se réduire, ce qui bénéfice au consommateur ;
- certaines firmes vont être forcées de fermer, amenant un effet de rationalisation bénéfique puisque la
production de la production de certaines firmes va être remplacée par une production de firmes plus
efficaces ;
- l’ouverture permet aux firmes d’avoir accès à un plus grand nombre de consommateurs. Comme les
rendements sont croissants, il y a effet d’échelle lié au commerce international qui est bénéfique puisque les
firmes abaissent leurs coûts moyens ;
- enfin, pour les produits différenciés, l’ouverture au commerce international va permettre de créer un effet
de variété. Si les consommateurs ont tendance à aimer consommer de nombreuses variétés d’un même
bien, avoir accès à de nouvelles variétés produites à l’étranger leur sera bénéfique. Si les consommateurs
ont une variété idéale, ils auront d’autant plus de chances de s’en rapprocher que les sources
d’approvisionnement sont nombreuses.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 184
Questions :
1) quelle est la conséquence commune de ces quatre effets sur le surplus du consommateur ?
2) remplir tableau
Echange entre pays spécialisés
Echange entre pays similaires
Effet
de Effet
Effet
pro- Effet
de Effet
spécialisation d’échange
compétitif
rationalisation d’échelle
Conséquence
sur le bienêtre collectif
Effet
variété
de
Document 72 : La mondialisation n’est pas coupable ! P.Krugman (1997)
Dans son ouvrage « La mondialisation n’est pas coupable. Vertus et limites du libre-échange » (1997), Paul
Krugman met essentiellement l'accent sur le commerce international. Il s'oppose à l'idée que le commerce entre
nations s'assimile à une « guerre économique » et explique pourquoi il s'agit en fait d'une interaction dans laquelle,
à la différence d'une guerre, les gagnants se trouvent autant dans le pays qui importe que dans celui qui exporte.
Cette idée est au centre de la théorie du commerce international, mais elle a beaucoup de mal à pénétrer dans le
débat politique sur le commerce international. (…) Paul Krugman rappelle, anecdotes et paraboles à l'appui, que
c'est l'importation, plus que l'exportation, qui génère les gains du commerce. Citons la parabole suivante qui met en
scène un entrepreneur « se lançant dans une activité nouvelle grâce à l'utilisation d'une technologie secrète
permettant de convertir du blé, du bois et autres matières premières américaines en biens de consommation à la
fois de très bonne qualité et très bon marché. Cet entrepreneur devient un héros national: quelques-uns de ses
concurrents américains sont certes touchés, mais tout le monde accepte ces quelques convulsions occasionnelles
comme le prix à payer pour le bénéfice d'une économie de marché. Mais un journaliste un peu fouineur découvre
qu'en fait, l'entrepreneur exporte le blé et le bois vers l'Asie où il achète des produits manufacturés ; il est alors
dénoncé comme imposteur et accusé de détruire des emplois américains ». Le but de l'auteur est évidemment de
démontrer que le commerce international est une activité comme les autres, comparable a un processus de
production transformant les exportations en importations. On exporte pour importer ! Ce faisant, le commerce
international contribue à accroître la qualité et la quantité de la consommation nationale, c'est-à-dire le niveau de
vie.
Source : note de lecture Jacquet Pierre du livre de P.Krugman « La mondialisation n’est pas coupable. Vertus et limites du
libre-échange », 1998
Document 73 : La compétitivité nationale : une illusion dangereuse ?
Paul Krugman met fortement en question la notion de « compétitivité nationale », qui n'est pour lui rien d'autre
qu'une connotation guerrière erronée de la notion de productivité, et qui est devenue le mot d'ordre des politiques
économiques dans la plupart des pays. Or, la quête de productivité n'obéit pas à une logique de compétition entre
pays. Ce n'est pas pour soutenir la concurrence extérieure qu'il faut rechercher une productivité élevée, mais pour
produire plus, et donc consommer plus. Mais les gains de productivité - le progrès des techniques et des méthodes
d'organisation — génèrent des coûts d'ajustement sociaux qu'il est tentant d'imputer à une sorte de « guerre
économique » avec l'étranger.
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Cette remise en cause par Krugman du mot d'ordre de « compétitivité nationale » qui inspire tous les discours, tant
sur les politiques commerciales que sur les réformes intérieures entreprises en son nom, est de nature à faire
réfléchir. Paul Krugman a raison de mettre l'accent sur l'ambiguïté du concept. Il insiste à juste titre sur l'apport de
Ricardo, qui a démontré que les bénéfices du commerce international ne dépendent pas du fait qu'un pays possède
un avantage absolu sur les autres. La notion de compétitivité est pertinente pour l'entreprise, et s'applique alors
autant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur ; entre entreprises, d'ailleurs, le jeu est le plus souvent à somme nulle : il
y a des gagnants et des perdants. Entre pays, cependant, le commerce international permet d'améliorer les termes de
l'échange de la production nationale en termes de consommation et contribue ainsi à accroître la productivité
moyenne, donc le niveau de vie.
Dans un certain sens, cependant, les pays sont en « compétition » - au sens d'émulation, et non de « concurrence »
— les uns avec les autres : à travers la capacité des sociétés nationales à s'organiser pour générer une productivité
élevée en maintenant le consensus social et en gérant au mieux les coûts d'ajustement qu'entraînent
immanquablement les gains de productivité. Paul Krugman note bien les problèmes de redistribution, mais
n'analyse pas cette dimension « sociale » de la compétitivité nationale : c'est pourtant autour de ces difficultés que
tourne, de façon parfois implicite, l'essentiel des débats.
Source : note de lecture Jacquet Pierre du livre de P.Krugman « La mondialisation n’est pas coupable. Vertus et limites du
libre-échange », 1998
Questions :
1) Qu’est-ce que la compétitivité pour une entreprise ? le jeu de la concurrence entre entreprises est-il un jeu à
somme nulle ou positive ?
2) Pourquoi cette notion s’applique-t-elle mal au commerce international ?
3) Quelles peuvent être les conséquences « négatives » de ce jeu à somme positive qu’est le commerce
international ?
4) De quand date l’ouvrage de Krugman « La mondialisation n’est pas coupable ? »
5) Est-ce que le cadre de l’ouverture internationale (et ses conséquences sur l’emploi) a changé depuis les
années 1990 ?
3.1.3
Les conséquences sur la source de croissance économique de l’ouverture des économies :
l’importance du couple intégration – institutions
Document 74 : l’ouverture internationale, source d’accumulation des capitaux
Fontagné et Guerin (1997) identifient quatre mécanismes susceptibles de faire le lien entre ouverture internationale
et croissance de la productivité des facteurs de production :
- l’ouverture en élargissant le marché permet d’offrir aux consommateurs davantage de variétés d’un même
bien à des prix plus faibles grâce à une meilleure exploitation des économies d’échelle et à une concurrence
accrue ;
- la production de biens différenciés peut-être utilisée aussi bien pour la consommation finale que pour la
production. Les entreprises peuvent accroître leur efficacité productive grâce à l’utilisation de
combinaisons productives utilisant une plus grande variété de biens intermédiaires. A cela s’ajoute que
l’ouverture permet aux pays de ses spécialiser sur des segments du processus de production et non pas sur
la totalité du processus ;
- un pays obtiendra un gain à l’ouverture internationale si sa production dans des industries bénéficiant
d’externalités nationalement spécifiques augmente ; (…)
Une question essentielle pour étudier l’impact de l’ouverture internationale sur la croissance économique est de
savoir si les effets d’apprentissage et d’expérience dépendent de la production au niveau mondial. Le commerce
international intervient à deux niveaux (…). Premièrement, un pays «apprendra » plus rapidement dans le secteurs
en expansion et plus lentement dans les secteurs qui se contractent. Deuxièmement, si le commerce facilite la
diffusion des connaissances en dehors des frontières nationales, les pays apprendront non seulement grâce à
l’expérience qu’ils acquièrent en produisant mais aussi grâce à celle de leurs partenaires commerciaux.(…)
L’ouverture international accroît la taille des marchés et encourage par là-même les investissements en R&D en
accroissant les opportunités de retour sur investissement. En économie fermée, l’effet de taille profite avant tout
aux grands pays. En économie ouverte, le commerce international a un effet positif sur l’investissement en R&D et
le taux de croissance pour tous les pays.
Coe et Helpman (1995) montrent que l’intensité des externalités technologiques internationales augmente avec le
degré d’ouverture des pays. Les Etats-Unis, pays de grande taille dont le degré d’ouverture est faible, bénéficient
relativement peu des externalités technologiques véhiculées par le commerce international. (…) Un pays comme la
Suisse connaît la situation inverse. (…) Les externalités technologiques internationales ne sont pas symétriques
entre pays. Bernstein et Mohnen (1994) montrent par exemple que la R&D américaine explique 60% des gains de
productivité globale des facteurs du Japon, contre 20% des gains américains pour la R&D japonaise. Enfin, Coe,
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Helpman et Hoffmaister (1997) montrent que les pays en voie de développement bénéficient aussi de la R&D des
pays industrialisés. (…)
L’ouverture internationale réduit la force des groupes internes aux pays. Moins de rigidité sur le marché du travail
et érosion des situations de monopoles sont supposés favorables à la croissance. Enfin, une plus grande ouverture
aux échanges peut constituer un signal donné aux investisseurs et aux créanciers de la crédibilité des réformes
entreprises sur le plan interne. L’ouverture internationale accompagne dans ce cas des réformes internes sur le plan
institutionnel qui ont un effet positif sur la croissance.
Source : Mathilde Lemoine, Philippe Madiès et Thierry Madiès, « Les grandes questions d’économie et de finance
internationales », De Boeck, 2007, p. 55
Questions :
1) quels sont les arguments qui ont un effet positif sur la demande ?
2) quels sont les arguments qui ont un effet positif sur l’offre ?
3) quels sont les deux mécanismes provenant de l’ouverture des économies qui font augmenter les
connaissances dans une économie ?
Document 75 : l’impact de l’intégration sur la croissance dépend des institutions
Il y a consensus chez les économistes pour dire que l’ouverture est un jeu à somme positive et que les expériences
de fermeture des économies en développement ont été des échecs, mais quand on analyse les situations des pays du
Sud qui ont fait le choix de l’ouverture commerciale et financière, on constate que les résultats sont inégaux. (…)
Rodrik et Subramanian (2003) ont confronté les explications des écarts de développement : rôle du commerce
international comme moteur de croissance, rôle de la géographique (climat, ressources naturelles, enclavement) qui
peut handicaper les gains de productivité et la commercialisation de la production, rôle des institutions (droits de
propriété, fonctionnement de l’Etat de droit …) qui peuvent inciter les agents économiques à entreprendre. Ils
montrent que la qualité des institutions est le seul déterminant significatif du niveau de revenu. Cela ne signifie pas
que les autres facteurs ne jouent aucun rôle mais simplement que la qualité des institutions est une condition
nécessaire pour engager un processus de développement durable.
Source : Jean-Pierre Allegret & Pascal Le Merrer « Economie et mondialisation. Opportunités et fractures », De Boeck, 2007,
p. 295
Questions :
1) rappelez la définition du capital institutionnel ; quel rôle joue-t-il par rapport aux autres capitaux
nécessaires à la croissance ?
2) l’ouverture internationale est-elle une condition nécessaire et suffisante de la croissance ?
Document 76 : corrélation « intégration économique » et développement économique
Source : D.Rodrik et A.Subramanian « La primauté des institutions », Finances et développement, 2003
Document 77 : le rôle des institutions et leur spécificité nationale
Quel est le juste équilibre entre concurrence et réglementation dès lors qu’il s’agit de surmonter certaines
défaillances standards des marchés ? Quelle est la taille appropriée du secteur public ? Quel doit être le niveau de
discrétion et de flexibilité dans la conduite des politiques budgétaire, monétaire et de change ?
Malheureusement, l’analyse économique n’est guère utile pour répondre à ces questions, ce qui peut paraître
étonnant. En fait, il est de plus en plus évident que les dispositifs institutionnels souhaitables sont largement
influencés par des spécificités contextuelles qui résultent de différences historiques, géographiques et politicoéconomiques, entre autres conditions initiales. Ceci expliquerait pourquoi les pays en développement qui
obtiennent de bons résultats combinent presque toujours des politiques conventionnelles et non conventionnelles.
L’Asie de l’Est a combiné une politique orientée vers l’extérieur et une intervention dans l’industrie. La Chine a
greffé une économie de marché sur une économie planifiée plutôt que d’éliminer totalement la planification
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centrale. L’île Maurice a mis en place des zones franches industrielles plutôt que d’opérer une libéralisation
générale. Même le Chili a combiné une réglementation des mouvements de capitaux et une politique économique
plutôt conventionnelle par ailleurs. Ces variations pourraient aussi expliquer pourquoi des différences
institutionnelles majeures — dans le rôle du secteur public, la nature des systèmes juridiques, le gouvernement
d’entreprise, les marchés de capitaux, le marché du travail et les dispositifs d’assurance sociale, entre autres —
persistent dans les pays avancés d’Amérique du Nord et d’Europe occidentale, ainsi qu’au Japon. En outre, il se
peut que des choix institutionnels qui donnent de bons résultats dans un pays soient inappropriés dans un autre qui
ne dispose pas des normes d’accompagnement et des institutions complémentaires. En d’autres termes, les
innovations institutionnelles ne s’exportent pas nécessairement bien.
Source : D.Rodrik et A.Subramanian « La primauté des institutions », Finances et développement, 2003
Les conséquences de la mise en place d’instruments protectionnistes sur le bien-être
domestique
3.2.1 La mise en place d’un droit de douane : la nécessaire distinction petit pays – grand pays
3.2
Document 78 : barrières tarifaires et barrières non tarifaires (rappel)
Les droits de douane constituent l’outil de protection commerciale le plus ancien qui soit. Ils ont longtemps été la
principale ressource des budgets publics des états européens (jusqu’à l’introduction de l’impôt sur le revenu). Au
delà de l’aspect financier, les droits de douane avaient pour objet de protéger certains secteurs de l’économie
nationale. Au début du 19ième siècle, le Royaume-Uni les utilisait pour protéger son agriculture contre l’importation
de céréales étrangères (les fameuses corn laws). A la fin du 19ième siècle, l’Allemagne et les Etats-Unis ont protégé
leur industrie, encore naissante, en taxant les importations de biens industriels. Le rôle des droits de douane a
cependant fortement diminué au cours du 20ième siècle. De nos jours, les gouvernements ont davantage recours à
différents types de barrières non tarifaires comme les quotas d’importation (limitation légale des quantités
importées) et les restrictions volontaires aux exportations (limitation des quantités exportées, souvent imposées à la
demande des pays importateur).
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.210
Document 79 : conséquences de l’application d’un droit de douane
Un droit de douane sur les importations d’un produit augmente son prix domestique. Autrement dit, il protège les
producteurs nationaux contre la concurrence étrangère et permet de maintenir un prix élevé sur le marché
domestique. Cette protection est généralement le principal objectif visé par la barrière commerciale. Pourtant,
l’évaluation du niveau de protection qu’elle procure est moins simple qu’il n’y paraît.
(…) D’abord, dans le cas d’un grand pays, le droit de douane se traduira en partie par une diminution du prix des
exportations étrangères, plutôt que par une hausse des prix domestiques. Cet effet des politiques commerciales sur
les prix mondiaux peut parfois se révéler non négligeable. Ensuite, un droit de douane peut avoir un impact
différent selon que le produit visé est un bien final ou intermédiaire. Ce dernier n’est pas directement consommé,
mais destiné à être utilisé dans le processus de production d’un produit final, plus complexe. (…) le droit de douane
augmente le coût des biens intermédiaires (…) et pénalise ainsi les producteurs locaux (qui font appel à ces biens
intermédiaires). (…) Comme le droit de douane engendre des gains et des pertes différents selon les catégories
d’agents, il n’est pas forcément simple d’évaluer son effet agrégé sur le bien être de l’économie.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.216
Document 80 : l’existence d’un tarif douanier optimal
Dans le cas d’un grand pays (qui, de par l’importance de son offre et de sa demande, est en mesure d’influer sur les
prix mondiaux), la mise en place d’un droit de douane réduit le prix des importations et permet d’améliorer les
termes de l’échange. Les bénéfices qu’en tire l’économie doivent être évidemment comparées aux coûts associés
aux distorsions générées par le droit de douane. (…) Dans le cas d’un grand pays, il existe un droit de douane
optimal pour lequel le gain marginal lié à l’amélioration des termes de l’échange compense la perte marginale
d’efficience qui résulte des distorsions de la production et de la consommation. (…) Les politiques de droit de
douane optimal sont à la portée des Etats-Unis, de l’UE et de quelques autres puissances économiques (au moins
dans certains secteurs). Mais le fait d’y recourir reviendrait à adopter un comportement prédateur qui nuirait à leurs
relations avec leurs partenaires commerciaux. Ils risqueraient alors de subir des représailles commerciales, qui
finirait par porter préjudices à tout le monde. Ainsi, l’argument des termes de l’échange est intellectuellement sans
faille, mais son utilité reste limitée.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.249
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Document 81 : distinguer le cas des petits pays et des grands pays (les conséquences sur les termes de
l’échange ne sont pas les mêmes)
Instauration DD
Biens intermédiaires
Hausse prix intérieur
Biens de consommation
Impact négatif sur le coût de
production des producteurs résidents
Baisse du surplus du
consommateur
Impact négatif sur la
demande intérieure
Grand Pays
La baisse de la demande
a un impact sur la
demande mondiale
Hausse des recettes
fiscales
Petit Pays
La baisse de la demande
n’a pas un impact sur la
demande mondiale
Prix mondial baisse
Surplus conso.
augmente
Questions :
Surplus prod.
résidents
baisse
Surplus conso.
baisse
Surplus Prod.
résidents augmente
Questions :
1) Remplir tableau :
Droit de douane
Surplus consommateur
Surplus producteur
Recettes publiques
Petit pays
Grand pays
2) Qu’est-ce qu’un tarif douanier optimal ? Pourquoi cette situation se rapproche-t-elle des gains du libreéchange ?
3.2.2
La mise en place des principaux principales barrières non tarifaires (subvention à
l’exportation, quota à l’importation et restriction volontaire aux exportations (RVE) :
des résultats globalement négatifs
Document 82 : conséquences de la mise en place d’une subvention à l’exportation, d’un quota à
l’importation et d’une restriction volontaire aux exportations (RVE)
Une subvention à l’exportation est une aide publique versée à une entreprise qui vend une part de sa production à
l’étranger. (…) Ses effets sur les prix sont exactement opposés à ceux des droits de douanes. Avec ce type de
politique, les entreprises du secteur visé préféreront exporter leurs produits, plutôt que de les vendre sur le marché
domestique (…). Dans le pays exportateur, les consommateurs voient leur situation se dégrader, les producteurs y
gagnent et le gouvernement y perd. (…) Le conséquence sur le bien-être de l’économie est sans ambiguité : le coût
supportés par les consommateurs et les pouvoirs publics excèdent largement les gains des producteurs. (…)
Un quota d’importation est une limite légale des quantités importées. Cette barrière non tarifaire s’accompagne le
plus souvent de l’octroi de licences à certains groupes d’individus ou d’entreprises. par exemple, les Etats-Unis ont
mis en place un quota sur les importations de fromage étranger. Seules quelques sociétés commerciales ont le droit
d’importer chaque année un poids maximal de fromage. (…) Ce n’est pas parce que les quotas d’importation sont
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une mesure non tarifaire qu’ils n’influencent pas sur le prix des biens importés. Au contraire, un quota
d’importation augmente systématiquement le prix domestique dans le secteur protégé. Lorsque les volumes
d’importation sont restreints, la demande du bien au prix initial excède l’offre disponible sur le marché domestique,
il s’en suit une hausse du prix jusqu’à ce que le marché s’équilibre à nouveau. In fine, l’instauration du quota
augmente les prix domestiques (…). La seule différence entre un droit douane et un quota est qu’avec ce dernier,
les pouvoirs publics ne perçoivent aucun revenu. Lorsqu’un pays remplace un droit de douane par un quota, le
montant correspondant aux recettes fiscales est récupéré par les agents qui ont obtenu une licence d’importation.
Ceux-ci ont le droit d’acheter des produits étrangers et de les revendre à un prix plus élevé sur le marché
domestique. Les profits qu’ils perçoivent constituent une rente de quota (le plus souvent, les licences sont
directement attribuées aux autorités des pays exportateurs). (…)
Une alternative au quota d’importation est la restriction volontaire aux exportations (RVE). Il s’agit d’un quota sur
le commerce imposé non pas par le pays importateur, mais par l’exportateur lui même. l’exemple le plus
emblématique est la limitation, dans les années 1980, des exportations d’automobiles japonaises vers les marchés
européens et américains.
Bien souvent, les restrictions volontaires aux exportations sont imposées à la demande du pays importateur, et
acceptées par l’exportateur afin de prévenir toute autre restriction plus défavorable. D’un point de vue économique,
une RVE est identique à un quota d’importation, où les licences d’exportation sont distribuées aux autorités
étrangères. Son coût est donc très important pour le pays importateur. (…) une analyse empirique a évalué les
conséquences des RVE instaurées dans les années 1980 dans trois grands secteurs américains (textile &
habillement, acier et automobile). elle montre que les deux tiers du coût de cette politique (supporté par les
consommateurs américains) correspondent à des rentes qui ont profité aux pays exportateurs. En d’autres termes,
(…) à un transfert de revenu des Etats-Unis vers l’Etranger. (…)
A l’évidence, les conséquences des principales politiques commerciales ne sont pas un plaidoyer en faveur de la
protection commerciale. Chacun des quatre instruments de politique commerciale bénéficie aux producteurs, au
détriment des consommateurs. Leur effet global sur l’économie est, au mieux ambigu. Les droits de douane et les
quotas d’importation profitent aux grands pays capables d’influer sur une baisse des prix mondiaux. Les deux
autres mesures (subvention aux exportations et RVE) sont, quant à elles, néfastes pour le bien être de l’économie.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.220 à 229
Document 83 : en résumé (rajouter augmente ou diminue)
Droit de douane
Subvention
aux Quota d’importation
exportations
Surplus
du
producteur
Surplus
du
consommateur
Recettes publiques
Bien-être
domestique
3.2.3
RVE
Diminue
(les Inchangées (rente de Inchangées
(rente
dépenses publiques quota)
aux étrangers)
augmentent)
Ambigu
(diminue Diminue
Ambigu
(diminue Diminue
pour les petits pays)
dans les petits pays)
Le protectionnisme comme solution face aux défaillances de marché : une réponse
efficace mais difficile à appliquer
Document 84 : la présence d’externalités positives compense la perte de bien être collectif
Dans le cas où il existe des effets externes positifs, l’accroissement de la production nationale résultant d’une
mesure protectionniste (qui réduit les importations) peut apporter un bénéfice social marginal qui est plus élevé que
le surplus privé du producteur compte tenu de l’existence d’effets externes positifs. Cela peut conduire à un
argument en faveur d’une intervention des pouvoirs publics qui sinon ne serait pas souhaitable. Cette analyse
permet de justifier l’existence d’une protection pour les industries naissantes dans les pays en développement.
L’argument des effets externes peut être aussi mobilisé pour les industries de haute technologie dans les pays
industrialisés. Les entreprises de haute technologie consacrent une part importante de leurs ressources à la R&D qui
engendre des effets externes positifs pour l’ensemble de l’économie. Le bénéfice social retiré par la collectivité des
investissements en R&D réalisés par les entreprises innovantes est alors supérieur au bénéfice privé que ces
dernières retirent.
Source : Mathilde Lemoine, Philippe Madiès et Thierry Madiès, « Les grandes questions d’économie et de finance
internationales », De Boeck, 2007, p. 189
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Question :
1) sous quelle condition une industrie « naissante » peut-elle être protégée par l’Etat ?
Document 85 : idem
Supposons que la production d’un bien permette d’accumuler progressivement de l’expérience et du savoir-faire,
qui contribueront à accroître la productivité dans l’ensemble de l’économie (on parle alors d’externalités positives).
C’est par exemple le cas lorsque l’essor des industries innovantes permet la diffusion des nouvelles technologies
dans les secteurs traditionnels de l’économie. Si cet effet reste diffus, les firmes du secteur ne peuvent pas
s’approprier pleinement ce bénéfice dont profit le reste de l’économie. (…) Toute augmentation de la production
dégage alors un bénéfice social marginal, qui n’est pas capturé par le surplus des producteurs : chacun d’eux, pris
individuellement, ne gagne rien à fabriquer davantage de bien, mais les autorités nationales ont tout intérêt à
stimuler la production, afin de multiplier les externalités et d’accroître ce bénéfice social. Dans certains cas, une
protection commerciale peut permettre d’atteindre cet objectif.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.250
Document 86 : défaillances de marché et exception culturelle
(…) Un film ou une œuvre musicale, au-delà du plaisir qu’ils procurent au public, génèrent aussi des externalités
sur l’ensemble de la société (en favorisant l’essor de l’industrie touristique, ou en dynamisant les activités
industrielles liées à la mode ou au design). L’argument des défaillances de marché peut donc être évoqué pour
justifier des politiques visant à protéger les spécificités culturelles nationales. C’est sur la base de cet argument
qu’en 1994, le gouvernement français a pesé lors des négociations de l’Uruguay round pour obtenir que les
industries culturelles soient en partie exclues des accords de libéralisation commerciale des services. Il s’agissait
avant tout de faire valoir « l’exception culturelle » pour maintenir le droit d’accorder des subventions publiques à la
production audiovisuelle.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.315
Document 87 : protéger les industries (naissantes et vieillissantes)
L’argument de l’industrie naissante : cet argument repose sur le fait qu’un pays pense avoir un avantage comparatif
potentiel dans une industrie, mais que du fait de son manque d’expérience, de faibles niveaux de production etc…
ce retard ne pourra devenir effectif qu’après un certain temps. Durant « cette enfance », il conviendrait alors
d’effectuer un protectionnisme provisoire. Cet argument est fréquemment employé dans les pays en voie de
développement. Il a également été invoqué les siècles précédents par Hamilton, secrétaire du trésor de
G.Washington, puis par F.List (Allemagne). (…) L’argument de l’industrie dans l’enfance (…) nécessite un certain
nombre de mises en garde : les avantages comparatifs potentiels doivent pouvoir être discernés par l’Etat sous
peine de protéger une industrie qui ne peut jamais avoir d’avantages réels ; il faut pouvoir discerner le moment où
l’industrie devient compétitive, il est opportun d’arrêter la protection ; l’avantage de l’industrie, une fois
compétitive, doit pouvoir dépasser le coût subi par les consommateurs lors de la protection.
L’argument de l’industrie sénescente : il consiste à protéger temporairement les vieilles industries dans lesquels le
pays a perdu son avantage comparatif. L’objectif est alors de faciliter la réallocation des facteurs vers les autres
secteurs compétitifs.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 326-327
Document 88 : Protection des industries naissantes et politiques de substitution aux importations dans les
PVD (1950-1960)
Les politiques économiques dans les pays moins développés peuvent être analysées à l’aide des mêmes outils que
pour les pays développés. Les problèmes spécifiques aux PVD sont néanmoins différents : la politique économique
dans ces pays a notamment pour objectif de favoriser l’industrialisation. Les politiques gouvernementales
d’industrialisation ont souvent été justifiées par l’argument de l’industrie naissante, qui stipule que les nouvelles
industries ont besoin d’une protection temporaire contre les concurrents étrangers. Cet argument de l’industrie
naissante n’est cependant valable que s’il existe des défaillances de marché, notamment des imperfections des
marchés de capitaux et des difficultés d’appropriabilité des investissements et du savoir-faire acquis par les
entreprises pionnières. Beaucoup de pays en développement se sont fondés sur l’argument de l’industrie naissante
pour mettre en place des politiques d’industrialisation par substitutions aux importations, qui permettent aux
industries domestiques de se développer sous la protection de droits de douane ou de quotas d’importation. Si de
telles politiques ont favorisé le développement de l’industrie, leurs résultats en termes de croissance et de bien-être
sont beaucoup moins probants. A partir du milieu des années 1980, beaucoup de pays en développement, déçus des
résultats des politiques de substitution aux importations ont abaissé leurs protections commerciales, entraînant une
élévation rapide de leurs exportations de biens manufacturés. Cette réorientation des politiques économiques a eu
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des résultats contrastés selon les pays. L’idée que l’industrialisation et le développement passaient nécessairement
par une stratégie autocentrée de substitution aux importations, ainsi que la vision d’un marché mondial fermé aux
nouveaux entrants et donc défavorables aux pays pauvres, ont été réfutées par la croissance rapide de plusieurs
pays d’Asie. Les pays émergents d’Asie, qui se sont profondément réformés, par vagues successives, associent de
forts niveaux d’ouverture commerciale à une croissance économique rapide. Même s’il n’est pas simple d’identifier
nettement les raisons du succès de ces pays, il n’en demeure pas moins évident qu’ils ont su profiter des
opportunités qui s’ouvraient à eux dans l’économie mondiale.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.299
Document 89: la difficulté à déterminer les défaillances de marché
La seconde ligne de défense du libre-échange repose sur la difficulté à identifier les défaillances de marché. (…) si
les critères justifiant l’intervention publique ne sont pas établis avec certitude, si les spécialistes de l’analyse
économique ne détectent pas avec précision les défaillances de marché, et s’ils ne sont pas d’accord sur les
conséquences d’une politique commerciale, on pourrait être tenté d’oublier le bien-être domestique et ne retenir
que les arguments en faveur de certains intérêts privés. Si les défaillances de marché ne sont pas trop marquées, il
est alors peut-être raisonnable de tenir une position libre-échangiste, que d’ouvrir la boîte de Pandore des politiques
commerciales, qui font le bonheur des lobbies. (…)
Même s’il existe des arguments plutôt pertinents pour justifier les subventions publiques dans les secteurs de haute
technologie, il faut manier ces politiques avec prudence. Il est en effet nécessaire de s’interroger tout d’abord sur la
capacité des pouvoirs publics à cibler le bon objectif, puis à définir le niveau pertinent des subventions à accorder.
Bien sûr les firmes des secteurs de haute technologie apparaissent comme des candidats tout désignés. En
consacrant des budgets importants à la R&D, elles génèrent forcément des externalités dont peut profiter
l’ensemble de l’économie. Faut-il pour autant se lancer tête baissée et leur accorder des subventions, pour
compenser le fait qu’une partie de leurs efforts d’investissement sert en quelque sorte de bien public ? Ce n’est pas
si sûr. Tout d’abord, le rôle de ces entreprises ne se limite pas à la création de connaissances nouvelles. Elles
produisent aussi des biens et des services marchands, et il n’y a, a priori, aucune raison particulière de
subventionner cette facette de leur activité. (…) Identifier précisément les secteurs caractérisés par des défaillances
de marché, et les firmes réellement engagées dans la production de connaissance en partie non appropriables, n’est
assurément pas une tâche aisée. Une définition trop large pourrait engendrer des abus ou conduire à financer sur le
budget public des activités qui sont d’ores et déjà rentables. A l’inverse, une définition trop stricte risquerait de
concentrer tous les efforts sur un très petit nombre de secteurs labellisés « high-tech » et d’en négliger d’autres qui
sont pourtant vecteurs de croissance et générateurs d’emplois. (…) Bien qu’il soit difficile de cibler avec justesse
les situations qui justifient vraiment un soutien public, la plupart des pays développés subventionnent directement
ou indirectement les activités de R&D. Les entreprises innovantes bénéficient par exemple de crédits d’impôts ou
de l’appui de la recherche scientifique publique.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.251-252 et 302
Document 90 : les politiques commerciales stratégiques
Dans les années 1990, les économistes Barbara Spencer et James Brander de l’université canadienne de ColombieBritannique, ont proposé un nouvel argument en faveur des soutiens publics à l’industrie, en s’appuyant sur des
modèles de dumping réciproque. Selon eux, l’imperfection de la concurrence peut suffire à justifier l’intervention
de l’Etat. Ils notent en effet que, dans certains secteurs, seules quelques firmes sont effectivement en concurrence.
Le petit nombre d’entreprises sur le marché permet à chacune de disposer d’une pouvoir de marché sur les
consommateurs et d’en tirer des superprofits, des rentes : chacune d’entre elles fait des bénéfices plus importants
que n’importe quelle firme de taille comparable dans les autres secteurs de l’économie. Sur le marché mondial,
chacune des firmes de ces secteurs oligopolistiques est en concurrence avec les autres pour s’accaparer les rentes
les plus importantes. Spencer et Brander soulignent que, dans cette situation, un gouvernement peut intervenir pour
modifier un peu les règles du jeu, et transférer une partie des rentes détenues par des entreprises étrangères vers les
entreprises domestiques. Dans le cas le plus simple, en subventionnant les firmes domestiques, les autorités
publiques peuvent décourager l’investissement et la production des firmes étrangères, et permettre ainsi aux firmes
locales d’accroître leurs profits. Avec un peu de chance, cette rente captée par les firmes domestiques sera d’un
montant supérieur à celui de la subvention. En mettant de côté les effets sur les consommateurs (ce qui est tout a
fait raisonnable, par exemple, lorsque l’essentiel des ventes se fait sur un marché étranger), il devient évident que la
subvention augmente le bien-être domestique au détriment de celui du pays étranger.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.306
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Document 91 : le risque de représailles
Les politiques commerciales stratégiques sont (comme les politiques de tarification douanière « optimale») des
politiques qui ne rapportent de bienfaits à une économie qu’au détriment de ses voisins. Elle risque ainsi de
déclencher une guerre commerciale, dont tout le monde pâtirait. En revanche, pour éviter ce risque, chaque
gouvernement doit se tenir prêt à exercer des représailles, au cas où l’un de ses voisins se lancerait dans une
politique commerciale agressive.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.309
Document 92 : un coût sur le bien-être globalement négatif
Une des justifications possibles des politiques industrielles stratégiques est la rentabilité globale de l’opération :
grâce à la subvention, l’entreprise entre dans le secteur et réalise des gains qui compensent cette subvention, voire
qui la dépassent, justifiant ainsi l’intervention publique. D’après les résultats de Klepper (1994), (…) la faiblesse
des gains de bien-être, comparés au montant des subventions, conduit à considérer cette politique comme non
fondée économiquement, puisque conduisant à une perte de 18,3 milliards de dollars. (…) Ces études conduisent à
penser que l’argument des politiques commerciale et stratégique, n’est en définitive, pas pertinent. Cette
conclusion est d’ailleurs celle atteinte par Krugman lui-même dans un célèbre article de 1993 : « après plusieurs
années d’investigation théorique et empirique, il est cependant devenu clair que l’argument du commerce
stratégique, bien qu’ingénieux, est probablement d’importance réelle mineure ». Les recommandations de politique
commerciale de Krugman sont donc, dès lors, en faveur du libre-échange. (…) Il faut noter que le revirement de
Krugman n’est pas isolé.
Source : Mathilde Lemoine, Philippe Madiès et Thierry Madiès, « Les grandes questions d’économie et de finance
internationales », De Boeck, 2007, p. 106
Document 93 : évaluation empirique du coût du protectionnisme
On peut calculer le coût de chaque emploi que l’instauration du protectionnisme permet de conserver, ce qui
constitue l’essentiel des motivations politiques des mesures de protection. (…) Une étude américaine (1994)
estiment que le coût de la protection pour le consommateur américain s’élève aux alentours de 70 milliards de
dollars en 1990 (…), soit 1,3% du PIB américain. Le coût par emploi s’élevant à 170 000 dollars. Messerlin (2001)
estime que le coût de la protection pour le consommateur européen s’élève aux alentours de 90 milliards d’euros en
1990, soit approximativement 6% du PIB européen. Le coût par emploi s’élevant à 220 000 euros. Ces deux études
laissent percevoir que le coût de la protection est loin d’être négligeable. Il est probable que si le but de la
protection est de sauver des emplois, il existe des moyens de le faire bien plus efficacement.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 326-327
Document 94 : le choix des politiques commerciales est politiquement moins coûteux
Chaque défaillance de marché doit être traitée par des politiques internes spécifiques permettant de régler le
problème à la source. (…) Par exemple, un droit de douane permet d’accroître le bien-être du pays, en dépit des
distorsions de production et de consommation qu’il induit. Mais la protection commerciale n’est pas le seul
instrument dont disposent les autorités publiques pour inciter les entreprises à produire davantage. Elles peuvent
aussi, par exemple, proposer une subvention à la production. Cette dernière permet d’augmenter la production,
mais le prix proposé aux consommateurs resterait inchangé (…). On retrouve là un principe général : il est toujours
préférable de traiter directement les défaillances de marché. (…) En d’autres termes, les politiques commerciales ne
sont pas les solutions les plus efficaces. Lorsqu’en 2005, les accords multifibres sont arrivés à leur terme, les
industriels européens ont réclamé le rétablissement des quotas d’importation qui protégeaient le secteur textile. Ils
souhaitaient ainsi préserver les emplois dans ce secteur, en arguant que les marchés du travail étaient trop rigides
pour permettre aux salariés des entreprises concernées de retrouver rapidement du travail. Ce dernier point n’est
sans doute pas faux. En effet, le faible niveau de qualification de ces employés ainsi que le temps passé à travailler
dans ce secteur rendent difficile leur reconversion. De même, les entreprises textiles sont fortement concentrées
dans quelques régions, si bien que leur fermeture risque de déstabiliser profondément les économies locales.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.251-252 et 302
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Document 95 : en résumé, avantages et limites des politiques protectionnistes en cas de défaillances de
marché
Défaillances de marché
Politique protectionniste Avantages attendus
Limites
(objectif)
Externalités positives
Externalités négatives
Oligopole et superprofit
3.2.4
Les justifications politiques et morales du protectionnisme
3.2.4.2 Le protectionnisme, comme réponse aux conséquences de l’ouverture internationale sur les
salaires et l’emploi
Document 96 : destruction créatrice, effets redistributifs et demande de politiques publiques
Le tarif douanier protège le revenu du facteur relativement rare dans le pays et baisse celui du facteur abondant
(théorème de Stopler-Samuelson). Ou alors, il protège la rémunération du facteur spécifique du secteur qui n’a plus
d’avantage comparatif (revenu agricole par exemple). C’est sans doute la raison principale de l’existence du
protectionnisme. L’ouverture internationale a des effets redistributifs potentiellement importants, et les
gouvernements ont tendance à résoudre les tensions sociales liées à l’ouverture par le protectionnisme plutôt que
d’utiliser des méthodes plus efficaces comme les transferts directs. Les difficultés de mise en place de mécanismes
de redistribution pour palier aux effets de l’ouverture sont certainement plus importantes que les économistes ne le
pensaient il y a encore peu de temps, ce qui explique la persistance de la protection.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 326-327
Questions :
1) Citez au moins 3 modèles théoriques qui expliquent pourquoi l’ouverture commerciale fait des « perdants »
dans la population active et le système productif ;
2) Pourquoi la question des « perdants » de l’ouverture des économies est-elle une préoccupation importante
dans la France contemporaine ?
3) A quoi sert une politique protectionniste dans ce cas de figure ?
3.2.4.3 Le protectionnisme comme réponse à la « concurrence déloyale »
Document 97 : dumping ou avantage comparatif ?
Dire que les travailleurs des pays en développement qui produisent les biens manufacturés destinés à l’exportation
sont très peu payés, en regard des salaires versés dans les pays développés, revient malheureusement à énoncer une
banalité. Ces travailleurs gagnent souvent moins de 1 euro par heure, voire moins de cinquante centimes. Et encore,
dans bien des cas, les conditions de travail sont généralement très mauvaises. Il n’y assurément pas de quoi se
réjouir de ces situations, mais doit-on pour autant voir là une conséquence fâcheuse de la mondialisation ?
Beaucoup de gens le pensent. A partir du début des années 1990, les mouvements altermondialistes ont connu un
succès grandissant. (…) Avant 1995, la plupart des reproches adressés au commerce international par les citoyens
des pays développés avaient pour objet son impact sur les populations des pays riches eux-mêmes. au début des
années 1980, la majorité des critiques du libre-échange visaient avant tout les menaces que représentait la
concurrence de l’industrie japonaise sur les économies américaines et européennes. Au début des années 1990, le
principal sujet de préoccupation en Europe, aussi bien qu’aux Etats-Unis, portait sur les effets de la concurrence
des importations en provenance des pays à bas salaires sur les revenus des travailleurs les moins qualifiés du Nord.
Dans la seconde moitié des années 1990, de plus en plus d’ONG et de groupes politiques et syndicaux ont
développé une nouvelle thématique. Ils ont souligné les dommages que le commerce international était supposé
faire subir aux travailleurs des pays en développement. Ces militants ont dénoncé les bas salaires et les conditions
de travail dans les usines du tiers-monde, dont la production est destinée aux marchés occidentaux. (…) En
quelques années, le mouvement altermondialiste est parvenu à s’imposer dans les débats sur la mondialisation. Il a
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focalisé l’attention des médias et des décideurs publics sur la question des effets du libre-échange sur les inégalités
Nord-Sud, et plus précisément sur les salaires et les conditions de travail dans les secteurs d’exportation des pays
en développement. Par exemple, les altermondialistes américains ont insisté sur le cas des maquiladoras mexicains,
(…) usines implantées à proximité de la frontière américaine dont le nombre a rapidement augmenté avec
l’ALENA. (…) Dans certains cas, les salaires y étaient inférieurs à 5 dollars par jour, et les conditions de travail
largement en dessous des normes américaines. (…) La réponse traditionnelle des économistes à ce type de critiques
(…) montre que l’ouverture du commerce a permis une augmentation du pouvoir d’achat des travailleurs dans les
deux pays (selon l’explication ricardienne). (…) Le commerce international est bénéfique aux travailleurs de tous
les pays, du Sud comme du Nord. (…) Certains pourraient bien sûr considérer que ce modèle n’est pas pertinent,
puisqu’il suppose que le travail est le seul facteur de production. C’est vrai. Si l’on passe d’un modèle ricardien à
un modèle factoriel (type HOS), il apparaît que le développement des échanges avec les pays en développement
peut pénaliser les travailleurs dans les pays développés. Mais cela ne va pas dans le sens de l’idée que le commerce
est aussi défavorable aux travailleurs des pays en développement ; au contraire, les échanges favorisent dans
chaque pays le facteur de production relativement abondant, et doivent donc bénéficier aux travailleurs du Sud.
(…) La mobilité internationale des facteurs a un effet similaire à celui du commerce. (…) Ainsi, le fait que les
salaires sont beaucoup plus faibles dans les pays en développement que dans le reste du monde n’est pas une
conséquence de la mondialisation, mais résulte simplement des caractéristiques propres à ces pays : le productivité
y est relativement faible, et ces économies n’offrent donc pas suffisamment d’opportunités d’emplois bien
rémunérés. (…) En revanche, la mondialisation rend la situation de ces travailleurs plus visibles et plus
comparables.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.313
Question :
1) Que dénoncent les altermondialistes en matière de travail dans les PVD ?
Document 98 : les PVD contre les clauses sociales
Des questions politiques (…) se posent de savoir si les accords commerciaux doivent inclure des clauses sociales
destinées à améliorer les salaires et les conditions de travail dans les pays pauvres. Certains plaident pour la
généralisation d’un système peu contraignant reposant sur une menace de sanction par les marchés. En effet, si les
consommateurs des PDEM préfèrent acheter des biens manufacturés qu’ils savent avoir été produits par des
travailleurs payés décemment, (…) alors la solution est simple : des organisations indépendantes peuvent surveiller
et contrôler l’évolution des conditions de travail et des salaires dans les entreprises exportatrices, et diffuser les
résultats auprès des consommateurs. (…) Une politique plus contraignante serait d’inclure explicitement des
clauses sociales dans les accords de commerce internationaux. En clair, cela reviendrait à imposer une
réglementation des conditions de travail auxquelles les industries exportatrices devraient se conformer (afin
d’éviter des pratiques dites de dumping social). (…) La plupart des pays en développement s’opposent cependant
fermement à l’imposition de ces clauses sociales, arguant qu’elles seraient inévitablement utilisées comme des
instruments de protection commerciale par les PDEM. Ceux-ci pourraient en effet fixer des niveaux de normes que
les pays en développement seraient dans l’impossibilité de remplir, les excluant de fait des marchés mondiaux.
Ainsi, une des causes de l’échec du sommet de Seattle (1999) a été la crainte des pays pauvres de se voir imposer
des règles pouvant être à l’origine de plaintes contre leurs entreprises (…).
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.314
Questions :
1) qu’appelle-t-on une « clause sociale » ?
2) si une « clause sociale » est intégrée dans des accords commerciaux, et qu’un producteur ne respecte pas le
contenu de cette clause, que peut faire le pays qui importe le produit ?
3) pourquoi les PVD s’opposent-ils généralement à la mise en œuvre de ces clauses sociales ?
4) à quoi peuvent servir les ONG dans la lutte contre les mauvaises conditions de travail dans les PVD ?
Document 99 : l’application de « clauses sociales » mise à mal par la DIPP
Les taxes « sociales » soulèvent de nombreuses questions. Comment évaluer le niveau de « normes sociales »
acceptables dans un pays émergents ? Il existe certes des normes minimales édictées par le Bureau international du
travail à Genève. Elles interdisent le travail des enfants, par exemple. Mais, elles sont respectées, et bien au-delà,
dans les usines des firmes globales, y compris celles des pays émergents, et les sous-traitants, ne serait-ce que parce
que ces firmes travaillent sous le regard d’ONG très vigilantes. (…) Mais comment juger, par exemple, de la liberté
politique laissée aux organisations ouvrières et à la société civile ? A nos yeux, elle n’est jamais assez grande,
évidemment. (…) Enfin, comme le montre l’exemple de l’IPhone, taxer un tel produit parce qu’il est exporté fini
depuis la Chine, et qu’on juge inadmissible les conditions de travail dans l’usine où il est assemblé serait absurde,
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40
puisque la valeur ajoutée de l’appareil a moins été réalisée en Chine qu’en Corée du sud, au Japon, en Allemagne,
aux Etats-Unis … Le protectionnisme classique par taxation aux frontières est périmé, sauf cas très particuliers.
Source : P .N.Giraud et T.Weil « L’industrie française décroche-t-elle ? », La documentation française, Doc en poche, 2013,
p.170
Question :
1) pourquoi le développement des échanges de biens intermédiaires rend-il le projet de taxation des produits
qui ne respecterait pas certaines normes sociales impossible ?
Document 100 : débats autour du dumping environnemental
Dans la mesure où tous les pays n’ont pas les mêmes niveaux d’exigence en termes de normes environnementales,
il peut être tentant de localiser les activités polluantes dans les pays les plus laxistes. La libéralisation du commerce
permet aux pays en développement de se spécialiser dans les secteurs qui sont soumis à des réglementations
environnementales très strictes dans les pays développés. Certaines parties du monde deviennent alors des « havres
de pollution » où les industriels peuvent produire à moindre coût en limitant leurs efforts pour protéger la nature et
la santé des populations. C’est notamment le cas à Alang en Inde où de nombreuses entreprises démantèlent des
bateaux venus du monde entier sans grand respect pour l’environnement. (…) Dès 1998, l’activité de désossement
de bateaux de la baie d’Alang est devenue la cible de groupes militants du monde entier. (…) Un thème que l’on a
entendu lors de l’affaire du porte avion français (le Clemenceau) était que les pays développés devaient retraiter
eux-mêmes les déchets, plutôt que de s’en charger sur les pays pauvres. (…) Le problème est beaucoup plus
complexe, puisqu’il se peut qu’en militant contre l’arrivée du Clemenceau, les écologistes n’aient finalement
retardé l’amélioration des techniques de recyclage des matériaux. En effet, comme l’a affirmé à des journalistes, un
responsable de l’Association des entreprises de désossement d’Alang « si le Clemenceau était arrivé à Alang, son
démantèlement aurait inévitablement été assorti de conditions extrêmement strictes, notamment sur les questions
d’amiante. … Cela aurait créé un précédent qui aurait pu être utilisé par les mouvements écologistes pour
réclamer que tous les autres bateaux suivent les mêmes procédures contraignantes ». On retrouve ce même type de
dilemme sur la question des conditions de travail. (…) A l’annonce du rapatriement en France du Clémenceau,
certains mouvements ouvriers indiens ont vivement protesté : selon eux, ce chantier exceptionnel aurait créé
plusieurs centaines d’emplois et attiré l’attention des médias internationaux pour, peut-être, améliorer au final les
conditions de travail dans l’ensemble du port.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.321-322
Questions :
1) qu’est-ce qu’un « havre de pollution » ?
2) en quoi consisterait l’application de « clauses environnementales » dans les accords commerciaux ?
3) pourquoi certains s’opposent à la mise en œuvre de ces clauses ?
Document 101 : de la dénonciation des situations de dumping à la critique des « clauses sociales et
environnementales »
Point de départ : considérer qu’une situation
commerciale ne relève pas d’un avantage
comparatif mais d’un dumping
Prendre des mesures pour désinciter les
comportements de dumping
Définir des normes sociales et
environnementales et taxer les producteurs
étrangers qui ne les respectent pas
Critiques / limites ?
Développement des échanges de biens
intermédiaires : comment mesurer la part des
producteurs « déloyaux » dans la production totale ?
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Comment définir les normes ?
Ces normes ne sont-elles pas des manières
pour les PDEM de se protéger ?
41
3.2.4.4 Le protectionnisme comme outil pour lutter contre le réchauffement climatique
Document 102 : certains problèmes environnementaux ont une dimension mondiale
Une étude détaillée des «havres de pollution » amène à se poser deux types de questions : la première est de
déterminer si (…) ce phénomène est réellement significatif. La second est de savoir dans quelle mesure ce
problème doit faire l’objet d’accords internationaux explicites. Concernant la première question, les recherches
actuelles viennent plutôt relativiser l’importance des havres de pollution. (…) Pour ce qui est de la seconde
question, tout dépend en fait du type de pollution dont on parle. Les atteintes à l’environnement sont l’exemple
parfait des externalités négatives qui justifient l’intervention des autorités publiques (…). Mais le fait que les
pouvoirs publics aient à intervenir dans ces cas ne signifie par pour autant que ce problème doive systématiquement
faire l’objet d’accords internationaux. Dans beaucoup de cas, les pollutions industrielles sont purement locales.
L’industrie de démantèlement des bateaux en Inde pollue gravement la plage d’Alang et nuit aux populations
travaillant sur le site. C’est certainement un problème pour l’Inde, mais pas nécessairement pour le reste du monde.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.321-322
Questions :
1) pour quels types de problèmes environnementaux, les Etats peuvent-ils être amenés à chercher une
régulation ?
Document 103 : l’usage de la politique commerciale pour lutter contre le réchauffement climatique
Les accords commerciaux régis par l’OMC (et signés en connaissance de cause par les pays membres) sont très
clairs : chaque pays est parfaitement libre de définir comme bon lui semble le niveau de ses normes
environnementales … tant que celles-ci s’imposent sans discrimination à tous les produits, quelle que soit leur
provenance. C’est ainsi qu’en 2006, la France a proposé à l’UE de mettre en place une taxe sur les biens importés
en provenance de pays comme la Chine, le Brésil ou l’Inde, qui n’ont pas de programmes explicites visant à limiter
leurs émissions de gaz à effet de serre. L’UE participe au système de permis négociables d’émission de carbone,
qui engendre un surcoût pour les industriels européens. Pour compenser cette perte de compétitivité et limiter la
demande pour les biens fabriqués avec des technologies polluantes, l’idée était de fixer une taxe proportionnelle à
la quantité de carbone générée par la production des biens importés. Une telle taxe n’a rien de discriminatoire : elle
revient à appliquer aux biens importés les mêmes niveaux d’imposition que ceux qui pèsent sur les productions
européennes.
Naturellement, les pays visés par cette taxe ont protesté. (…) En novembre 2007, la Commission européenne a
donc décidé de faire marche arrière et de changer de stratégie : plutôt que d’imposer une taxe, elle essaie de trouver
des accords avec les autres pays pour les convaincre d’encadrer de façon plus stricte leurs émissions de carbone.
(…) Une solution pour éviter que les initiatives nationales en faveur de l’environnement n’entrent en conflit avec
les accords commerciaux est d’inclure explicitement des normes environnementales dans le cadre des négociations
commerciales. Mais le problème est alors le même que pour les clauses sociales. D’un côté, les partisans des
clauses environnementales (ou sociales) soutiennent que l’écologie est l’affaire de tous et que les améliorations
(mêmes modestes) que pourraient apporter ces normes sont toujours bonnes à prendre. Mais, de l’autre côté,
beaucoup de voix se font entendre pour dénoncer des normes qui entraveraient le développement des secteurs
exportateurs des pays pauvres, incapables de respecter les standards internationaux. (…) Les pays visés par la taxe
proposée par la France en 2006 avancent par ailleurs l’iniquité du comportement des pays riches, qui se sont
industrialisés sans se préoccuper des dommages environnementaux et souhaitent maintenant qu’ils ont achevé leur
processus de développement, contraindre les possibilités de croissance des pays pauvres.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.321-322
Questions :
1) sous quelle condition un pays peut-il mettre en place une taxe environnementale sans être en contradiction
avec les accords commerciaux multilatéraux ?
2) si la taxe est une solution unilatérale « protectionniste », est-il possible de trouver une solution qui engage
tous les acteurs de l’échange et ne pénalise personne ?
3) quel problème pose la mise en œuvre de « clauses environnementales » ?
Document 104 :
Des taxes écologiques, portant sur les produits dont la fabrication a engendré plus de gaz à effet de serre que les
normes européennes ne l’autorisent, sont parfaitement justifiable économiquement : rien ne sert de lutter contre
l’effet de serre ici si les industries polluantes sont admises ailleurs. (…) Mais là n’est pas le débat. L’Europe ne
peut combattre seule ce changement climatique. Le pays émergents sont convaincus qu’eux aussi doivent agir et ils
ont commencé à le faire. (…) Le jeu mondial actuel dans l’industrie est un jeu « non coopératif ». Il nous éloigne
de l’organisation optimum et constitue un grave « défaut de marché ». Une solution coopérative serait meilleure à
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42
long terme pour tous. Une négociation pour la définir et l’appliquer est indispensable. Ce défaut de coopération
internationale se retrouve dans d’autres domaines : impasse climatique, lutte pour les ressources rares, réduction de
la biodiversité, migrations…
Source : P .N.Giraud et T.Weil « L’industrie française décroche-t-elle ? », La documentation française, Doc en poche, 2013,
p.170
3.4.2.1 Le protectionnisme au nom de « l’intérêt national »
Document 105 : les droits de douanes comme recettes fiscales
Le tarif est une taxe qui engendre un revenu pour l’Etat. (…) Cet argument n’est plus vraiment utilisable dans les
pays développés. Les revenus tarifaires représentent moins de 2% des revenus fiscaux fédéraux aux Etats-Unis,
mais 50% au Tchad !
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 326-
Document 106 : assurer l’autonomie dans la production d’un bien
Un tarif peut avoir pour objectif d’assurer l’indépendance d’une nation vis-à-vis de l’étranger. Cet argument
s’applique par exemple à l’énergie (volonté américaine d’imposer un tarif sur les importations de pétrole en
provenance du Golf en 1979), ou à la technologie (tarif sur les ordinateurs américains de la part du Brésil).
Un tarif est utile pour la défense nationale. A.Smith défendait déjà l’idée d’interdire le transport maritime étranger
pour le commerce de produits anglais afin de maintenir le pouvoir de la marine anglaise. De nos jours encore de
nombreuses interdictions d’importer ou d’exporter (notamment des produits en lien avec la défense nationale) sont
encore en vigueur (exemple : interdiction d’exporter des technologies de pointes vers certains pays).
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 324
Question :
1) quels sont les motifs internationaux qui peuvent pousser à adopter une politique protectionniste ?
Document 107 : procéder à des représailles commerciales
Un tarif peut être pris en représailles d’un comportement protectionniste de certains pays partenaires (comme le
dumping). On peut alors s’enfoncer dans un cercle vicieux de fermeture progressive des frontières.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 324
Document 108 : négociations commerciales et standardisation des normes
La signature de l’Acte unique européen en 1986 constitue un moment important de l’histoire de la construction
européenne. Ce traité (entré en vigueur en 1987) a lancé un vaste chantier d’intégration économique. Son objectif
était d’achever, avant la fin de l’année 1992, la construction d’un marché intérieur, c’est-à-dire « un espace sans
frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux
est assurée. Au 1er janvier 1993, le marché commun issu du traité de Rome est devenu le marché unique.
Les réformes engagées lors de ce processus d’intégration ont représenté un effort important de la part des Etats
membres. En effet, la Communauté européenne était une union douanière. En 1986, il n’y avait déjà plus de droit
de douane, ni de quotas d’importation sur le commerce intra-européen. L’effort de libéralisation commerciale a
donc porté sur les multiples barrières implicites qui entravaient toujours les échanges. Il s’agissait d’une part, de
réduire les coûts de franchissement des frontières. Les formalités administratives, qui entraînaient souvent de
longues attentes lors des passages des douanes (…) limitaient de fait les échanges commerciaux. D’autre part,
l’acte unique visait aussi à harmoniser les réglementations (techniques, sanitaires ou environnementales) qui
empêchaient la commercialisation de certains produits sur les différents marchés européens.
L’élimination de ces entraves au commerce a été un processus particulièrement ardu sur le plan politique.
L’harmonisation des normes impose en effet que les pays s’entendent sur des standards communs pour réglementer
la production et la distribution des produits. Ainsi, la constitution du marché unique a nécessité de mener des
négociations simultanées dans plusieurs centaines de domaines. Ces discussions ont souvent été âpres et discutées
puisqu’elles touchaient non seulement aux intérêts économiques de chaque pays, mais aussi, parfois à leurs
spécificités culturelles. Les enjeux agricoles ont été à l’origine d’un bon nombre des situations les plus tendues.
Pour des raisons sanitaires évidentes, tous les pays réglementent la production agricole et agroalimentaire. Il s’agit
d’éviter que des entreprises puissent vendre des produits dangereux pour la santé, et de garantir aux consommateurs
des informations suffisantes sur la qualité des biens. Mais ces négociations ont aussi mis en évidence des disparités
culturelles entre les pays européens, qui ont fait la joie des médias. Par exemple, les nouvelles réglementations sur
les colorants artificiels proposées auraient remis en cause l’apparence de certains produits alimentaires très
populaires en Grande Bretagne : les saucisses roses (pour le petit déjeuner) seraient devenues blanches, les harengs
dorés seraient devenus gris, et le purée de pois serait passée d’un joli vert vif à une couleur désespérément banale.
Pour les habitants d’Europe continentale, ces réformes semblaient raisonnables : l’interdiction de certains colorants
apportait une garantie sanitaire, et ils imaginaient mal comment cela aurait rendre la gastronomie anglaise pire
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43
qu’elle ne l’était déjà ! Mais au Royaume-Uni, cette affaire a pris une toute autre tournure. L’identité nationale était
en jeu, si bien qu’au final, les britanniques ont fini par obtenir les exceptions nécessaires. Bien sûr, chaque pays a
défendu ses spécificités nationales avec autant de ferveur que le Royaume-Uni. Mais chacun a dû faire des
concessions : l’Allemagne a finalement accepté d’importer de la bière qui ne respectait pas ses règles de fabrication
centenaires, l’Italie a vu arriver sur son marché des pâtes faites avec le mauvais blé ….
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.248
Document 109 : L’OMC contre la souveraineté nationale ?
Le mouvement altermondialiste développe aussi un thème récurrent qu’il partage d’ailleurs avec les groupes
nationalistes (« souverainistes ») : la perte de souveraineté nationale résultant de la libéralisation du commerce et
des flux de capitaux. Certains présentent d’ailleurs l’OMC comme une organisation supranationale qui dispose du
pouvoir de dicter aux gouvernements les politiques qu’ils sont en droit de poursuivre.
Quel crédit peut-on accorder à cette assertion ? Pour répondre rapidement l’OMC n’a rien d’un gouvernement
mondial. Son autorité se limite strictement au maintien des accords commerciaux internationaux, auxquels les
gouvernements des pays membres ont accepté de se conformer. La part de vérité dans l’idée que l’OMC est une
autorité supranationale tient au fait que son mandat l’autorise à évaluer non seulement les instruments traditionnels
de protection commerciale, mais aussi les politiques intérieures qui apparaissent comme des politiques
commerciales de facto. Comme la ligne de démarcation entre politique intérieur légitime et une politique
protectionniste de facto est mince, il y a des cas où, aux yeux de certains observateurs l’OMC semble s’ingérer
directement dans les affaires intérieures des pays.
(…) Par exemple, la loi américaine sur la protection de l’air (Clean Air Act) imposait que l’essence importée de
l’étranger ne soit pas plus polluante que la moyenne de celles produites par les raffineries américaines. L’OMC a
jugé que cette mesure était contraire aux accords commerciaux existants, et pour les critiques de l’OMC, ce
jugement illustre parfaitement comment elle peut empêcher un gouvernement démocratiquement élu d’œuvrer en
faveur de l’environnement. Mais comme les défenseurs de l’organisation l’on souligné, la décision de l’OMC était
fondée sur le fait que les Etats-Unis appliquaient un traitement différent aux importations et à la production
nationale : la nouvelle règle empêchait l’importation d’essence polluante vénézuélienne, mais n’interdisait pas la
vente d’essence tout aussi polluante du moment que celle-ci provenait d’une raffinerie américaine (c’est-à-dire dont
le niveau de pollution était supérieur à la moyenne des productions d’essence domestiques). S’il s’agissait
simplement d’exclure l’essence de mauvaise qualité du marché américain, il aurait suffi au gouvernement
d’appliquer la même règle aux producteurs nationaux et domestiques ; cela aurait été parfaitement acceptable aux
yeux de l’OMC.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.315
Document 110 : en résumé
Le libre échange conduit à élaborer de nouveaux
accords commerciaux
Le libre-échange conduit à une
mondialisation qui efface les
spécificités nationales et locales
Ces accords peuvent remettre en cause les normes qui
encadrent le fonctionnement des marchés
Les souverainistes et les altermondialistes considèrent
que ces remises en cause se font au détriment des
intérêts de la France et des français
Position protectionniste : Défendre les normes
existantes au nom de la souveraineté nationale
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Document 111 : en résumé
Analyse du protectionnisme
Justifications économiques du
protectionnisme
Justifications politiques et morales
du protectionnisme
3.3
Objectifs
Le protectionnisme est une réponse
aux défaillances de marché
Protéger les agents économiques des
effets redistributifs de l’ouverture
des économies (les « perdants »)
Protéger les salariés des PVD des
conditions de travail et/ou protéger
les producteurs locaux contre le
dumping social et environnemental
Outil de politique climatique
Protéger le fonctionnement des
marchés de règles qui vont à
l’encontre des intérêts nationaux
Limites
En conclusion, deux paradoxes à expliquer : comment expliquer que les vertus du libreéchange ne l’emportent pas sur les inconvénients du protectionnisme ? comment expliquer
que malgré la défense des intérêts nationaux, les accords de libre-échange progressent ?
Conclusion 112
Dans une démocratie, les agents économiques vont essayer de faire pression sur le gouvernement, notamment à
travers leur vote, pour faire prévaloir leurs préférences en termes de protectionnisme ou de libre-échange. Il y a
alors un véritable marché politique de la protection. La demande de protection est souvent plus forte que la
demande de libre-échange dans la mesure où un certain nombre d’asymétrie existent. L’offre de protection est le
fait du gouvernement et de la bureaucratie qui cherche à se maintenir au pouvoir en satisfaisant les groupes
majoritaires et puissants.
Source : Jean-Louis Mucchielli et Thierry Mayer « Economie internationale », Dalloz HyperCours, 2005, p. 327
Document 113 : le choix des politiques commerciales est politiquement moins coûteux
La protection commerciale n’est pas le seul instrument dont disposent les autorités publiques pour inciter les
entreprises à produire davantage. Elles peuvent aussi, par exemple, proposer une subvention à la production. Cette
dernière permet d’augmenter la production, mais le prix proposé aux consommateurs resterait inchangé (…). On
retrouve là un principe général : il est toujours préférable de traiter directement les défaillances de marché. (…) En
d’autres termes, les politiques commerciales ne sont pas les solutions les plus efficaces. Lorsqu’en 2005, les
accords multifibres sont arrivés à leur terme, les industriels européens ont réclamé le rétablissement des quotas
d’importation qui protégeaient le secteur textile. Ils souhaitaient ainsi préserver les emplois dans ce secteur, en
arguant que les marchés du travail étaient trop rigides pour permettre aux salariés des entreprises concernées de
retrouver rapidement du travail. Ce dernier point n’est sans doute pas faux. En effet, le faible niveau de
qualification de ces employés ainsi que le temps passé à travailler dans ce secteur rendent difficile leur
reconversion. De même, les entreprises textiles sont fortement concentrées dans quelques régions, si bien que leur
fermeture risque de déstabiliser profondément les économies locales.
Mais pourquoi réclamer des quotas plutôt que d’accorder des subventions aux entreprises susceptibles d’embaucher
des employés du secteur textile ? Tout simplement parce que cette proposition soulèverait probablement une vive
contestation. En effet, le reclassement des salariés licenciés nécessiterait un effort budgétaire important. Une partie
des contribuables risquent de protester contre le coût de cette mesure. Et que dire des chômeurs issus des autres
secteurs, qui sont à la recherche d’un travail depuis plusieurs mois et qui, eux ne recevraient aucune aide
spécifique ? Pour sa part, la protection commerciale est une solution qui engendre un coût nettement plus élevé,
mais beaucoup plus discret. Elle entraîne une augmentation des prix, partagée par le plus grand nombre
(notamment par les consommateurs de produits textiles), ce qui rend ce coût plus difficile à percevoir.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.251-252 et 302
Question :
1) quelle dissymétrie existe-t-il entre les gains que peuvent retirer les consommateurs de l’absence de
protectionnisme et les gains que peuvent retirer les chômeurs et industriels victimes de la concurrence
étrangère ?
C.Vernet ECE 2 ESH 2015-2016 N.Danglade
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Document 114 : influence des groupes de pression et paradoxe de l’action collective
Les mesures protectionnistes commerciales sont plutôt néfastes au plus grand nombre : non seulement elle
détériorent le bien être domestique, mais elles pénalisent également tous les consommateurs et ne profitent qu’aux
entreprises et salariés protégés. Alors pourquoi recueillent-elles l’approbation des gouvernements ?
Dans son livre désormais célèbre « The logic of collective action », l’économiste Mancur Olson défend l’idée que
militer au nom d’un groupe de personnes ou d’entreprises qui partagent les mêmes intérêts s’apparente à la
production d’un bien public. Les gains tirés par cette activité politique ne profitent pas qu’aux seuls militants, mais
sont partagés par l’ensemble du groupe. Pour comprendre les conséquences de cette approche, reprenons le cas du
quota américain sur le sucre. En moyenne cette politique coûte à chaque famille environ 11 dollars par an. Cette
perte devrait inciter les ménages à faire pression sur leurs élus jusqu’à obtenir l’abandon du quota. Mais ils
devraient pour cela accabler les députés et les ministres de lettres de protestation, ou consacrer tous leurs samedi à
manifester. Or, l’envoi d’une lettre ou la présence à une manifestation n’aura probablement qu’un effet marginal
sur la décision des pouvoirs publics. Le gain qu’un individu peut espérer retirer de son effort risque donc de ne pas
dépasser son coût. Pourtant, si un million d’électeurs écrivaient une lettre afin de demander la fin du quota, ce
dernier serait probablement supprimé. Cela engendrerait alors un gain pour chaque consommateur, qui excèderait
de loin le coût d’envoi des lettres. Pour reprendre l’expression d’Olson, cet exemple met en évidence un problème
de l’action collective : bien qu’il soit dans l’intérêt d’un groupe, pris dans son ensemble, de faire pression afin
d’obtenir des politiques favorables, il n’est pas nécessairement dans l’intérêt de chaque individu d’en faire autant.
Le problème de l’action collective est plus facile à surmonter lorsque le groupe est de petite taille (chaque
participant récupère ainsi une part non négligeable des gains associés à uje politique favorable) et/ou est bien
organisé (la coordination des membres fait augmenter l’effet marginal des efforts de protestation). Si les
producteurs de sucre forment un lobby, c’est-à-dire un groupe relativement petit, bien organisé et conscient des
bénéfices que chacun tirera d’un quota, alors ils toutes les chances se sensibiliser efficacement les pouvoirs publics
sur cette question. Quant aux consommateurs de sucre, ils représentent une population trop importante qui ne se
perçoit pas comme un groupe d’intérêt. Même s’ils représentent un électorat bien plus large, ils n’ont aucune
chance de faire fléchir le gouvernement. (…) Dans les pays développés, les mesures protectionnistes se concentrent
principalement dans deux secteurs : le secteur agricole et le secteur du textile et de l’habillement.
Le nombre d’agriculteurs est relativement faible dans les économies modernes. En France, ce secteur n’emploie
que 4% de la population active (2% aux Etats-Unis). toutefois, les agriculteurs sont habituellement bien organisés
et constituent des groupes efficaces sur le plan politique, capables d’obtenir l’instauration de niveaux élevés de
protection commerciale. (…)
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.321-322
Questions :
1) les membres d’un groupe d’intérêt ont-ils toujours intérêt à agir ?
2) quel problème l’action collective pose-t-elle selon Mancur Olson ?
3) pourquoi ce problème se pose moins dans le cas de groupe de petite taille ou très structurés (certains
syndicats professionnels par exemple) ?
4) comment expliquer le premier paradoxe : alors que les politiques de libre-échange sont globalement
avantageuses (notamment pour les consommateurs), elles se heurtent à la résistance des politiques
protectionnistes ?
Document 115 : l’importance des négociations commerciales internationales à travers le dilemme du
prisonnier
L’économie politique du protectionnisme dresse un panorama assez désespérant des choix publics en matière de
politique commerciale. Ces théories montrent à quel point il est difficile de résister aux intérêts individuels pour
mettre en place des politiques favorables à la fois à l’économie dans son ensemble, et à la majorité des citoyens.
Pourtant, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la plupart des pays développés ont progressivement abaissé
leurs barrières commerciales. (…) Etant donné ce que nous avons pu dire précédemment, comment cette baisse
généralisée des droits de douanes a-t-elle été possible ?
La réponse réside en partie dans le rôle joué par les négociations internationales, lancées dès la fin des années 1940.
Ces accords internationaux fonctionnent sur le mode du « donnant-donnant » : chaque pays accepte d’abaisser ses
barrières commerciales en échange de l’ouverture des marchés des pays partenaires. En mettant en relation les
concessions accordées par chacun, ces négociations permettent de surmonter certaines difficultés politiques, qui
autrement, auraient empêché chaque pays de s’orienté seul vers des politiques favorables au libre-échange. Deux
raisons expliquent pourquoi il est plus facile de réduire les droits de douane dans le cadre d’accords mutuels que de
manière unilatérale. Premièrement, les négociations permettent de multiplier dans chaque pays les soutiens en
faveur du libre-échange (les firmes des secteurs exportateurs ont tout intérêt à soutenir les négociations). (…)
Deuxièmement, les négociations permettent d’éviter les guerres commerciales : imaginons que les Etats-Unis et
l’UE n’ont que deux politiques à leur disposition, libre-échange ou protectionnisme. (…)
C.Vernet ECE 2 ESH 2015-2016 N.Danglade
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Union Européenne
Libre-échange
Etats-Unis
Libre-échange
Protection
10
10
20
-10
Protection
-10
-5
20
-5
Ce type de situation illustre le « dilemme du prisonnier » : si chaque pays suit la stratégie qui lui semble la
meilleure, les deux pays vont opter pour le protectionnisme. Pourtant, si les deux gouvernements avaient opté pour
le libre-échange, ils auraient atteint un niveau de bien-être plus élevés. Tant que les deux pays ne s’accordent pas
pour définir ensemble la politique commerciale, il n’ont aucune raison objective de choisir le libre-échange : en
acceptant sans contrepartie d’ouvrir son marché domestique, chaque gouvernement risque en effet de se retrouver
dans la pire des situations. En revanche, les Etats-Unis et l’Europe ont intérêt à signer un accord pour modérer leur
préférence pour le protectionnisme. Chaque gouvernement obtiendra au final de meilleurs résultats s’il limite sa
liberté d’action, sachant que son partenaire en fera autant. (…) Cet exemple très simplifié permet de mettre en
évidence le fait que tous les pays ont besoin de coordonner leurs politiques commerciales, et donc de justifier la
mise en place de négociations internationales.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.261
Questions :
1) lorsque l’UE anticipe que les Etats-Unis vont pratiquer le libre-échange, quelle est la meilleure stratégie
pour l’UE ?
2) lorsque l’UE anticipe que les Etats-Unis vont pratiquer le protectionnisme, quelle est la meilleure stratégie
pour l’UE
3) lorsque les Etats-Unis anticipent que l’UE va pratiquer le protectionnisme, quelle est la meilleure stratégie
pour les Etats-Unis ?
4) lorsque les Etats-Unis anticipent que l’UE va pratiquer le libre-échange, quelle est la meilleure stratégie
pour les Etats-Unis ?
5) quelle stratégie va adopter l’UE ? quelle stratégie vont adopter les Etats-Unis ?
6) cette décision est-elle la meilleure (optimale) pour les deux pays ?
7) à quoi servent les négociations internationales ?
**************
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