culture et management de l`entreprise

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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
INTRODUCTION
Le concept de culture d’entreprise n’est pas récent. Depuis longtemps
les chefs d’entreprise ont cherché à créer un «esprit maison »
caractérisant la spécificité de leur savoir-faire vis-à-vis des
entreprises concurrentes. Dans cette première constatation, la
culture d’entreprise permet à un établissement de se démarquer de
ceux qui l’entourent, cependant, ce concept touche l’intérieur même
de l’entreprise. L’entreprise est, en effet, une zone de conflits et de
tensions entre plusieurs cultures professionnelles, régionales, voire
nationales. Cette communauté économique et sociale hétérogène à
besoin de cohérence pour fonctionner de façon optimale. La culture
d’entreprise contribue à une vision commune de tous les salariés qui
composent cette communauté. Dans une première partie, l’accent
sera mis sur la notion de culture d’entreprise ainsi que sa mise en
pratique et ce, à partir d’analyses contemporaines. Ensuite, dans une
deuxième partie, cet exposé abordera l’implication de la culture
d’entreprise dans le management.
I-
CULTURE D’ENTREPRISE
A- CULTURE
1- CULTURE NATIONALE
La culture nationale est un constituant essentiel de la culture
d’entreprise. Elle peut être définie comme l’ensemble propres à un
groupe humain spécifique, qui sont explicatifs des façons de penser et
d’agir des membres de ce groupe. Plusieurs définitions cherchent à
expliquer le concept de culture nationale et à montrer la dépendance
du fonctionnement social (rôle de l’état, des institutions) envers les
valeurs culturelles. Ainsi, la notion de culture est elle perçue comme
générale et partagée, c'est-à-dire qu’elle explique le comportement
de l’ensemble du corps social. Ces valeurs peuvent être stéréotypées
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
et mal interprétées par un autre groupe social qui ne les connaît pas.
Ces images déformées sont révélatrices des barrières culturelles et
des sentiments de rejet que peuvent exprimer des individus
appartenant à des groupes sociaux différents. La connaissance de la
culture de l’autre procure une meilleure compréhension des valeurs
convergentes et divergentes qui s’établissent entre deux groupes.
Connaître l’autre, c’est connaître sa culture, son identité en tant que
membre d’un corps social spécifique. Vouloir imposer ses propres
valeurs, c’est établir une relation de domination. Celle-ci se manifeste
dans le processus de colonisation, mais également à l’intérieur d’une
même société. Les membres des groupes minoritaires doivent adopter
ces valeurs jugées ‘’ normales’’.
La culture nationale englobe l’ensemble des valeurs, des mythes, des
rites et des signes partagés par la majorité du corps social. Les
valeurs représentent les idées, les croyances fondamentales, la
morale(le sacré, le profane) qui sont transmises d’une génération à
l’autre. Les valeurs conditionnent les comportements admis, acceptés.
La religion en tant que croyance, fait partie des valeurs culturelles et
dans les sociétés religieuses elle devient la valeur centrale. Les
mythes sont associés à l’histoire nationale et fabriqués pour
renforcer les valeurs admises. Quant aux rites, ce sont toutes les
cérémonies qui font revivre les valeurs et les mythes. Les fêtes
nationales, les mariages, les funérailles sont commémorées d’une
façon spécifique par les différents groupes sociaux. Le rituel de la
représentation du pouvoir (une famille royale) est un rite
fondamental dans la mesure où il conditionne les rapports de force
instaurés dans la société. Les signes sont des émetteurs qui
permettent à ceux qui ne font pas partie du groupe social de
référence de capter certains éléments de la culture du groupe. Le
langage, les symboles nationaux, la danse et la musique, les
vêtements folkloriques sont de s exemples de ces signes émis par un
groupe spécifique. La bonne réception du message dépend de la
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
volonté de comprendre l’autre avant de porter un jugement de
valeur. La culture nationale n’est pas figée. Elle est évolutive.
L’introduction de nouvelles valeurs, l’apparition de nouveaux mythes
ou rites sont fortement marqués par l’ouverture de la société sur
l’environnement.
La culture est vitale pour la survie d’un groupe qui a besoin d’être
structuré, c'est-à-dire d’avoir des règles, des normes qui guident les
actes de leurs membres et servent à résoudre les conflits internes. Elle
apparaît comme le lien social à partir duquel le groupe bâtit son
identité. Le partage des tâches entre les membres du groupe, les
relations de domination de (de pouvoir) admises, les symboles et plus
particulièrement le langage sont les traces visibles de la culture d’une
société.
2- L’ENTREPRISE A T-ELLE UNE CULTURE ?
Toute entreprise quelque soit sa taille, forme un sous –groupe social
composé d’individus appartenant à une ou plusieurs cultures
nationales, régionales et professionnelles. Pour assurer la cohérence
de cette mosaïque l’entreprise a besoin de créer une identité
collective, qui deviendra le point de repère de tous ses membres. Au
fur et à mesure que l’entreprise se transforme en institution, elle tend
à développer une culture d’entreprise qui est l’élaboration d’un
système à la fois culturel, symbolique et imaginaire. Toute entreprise
à une culture spécifique, élaborée au long de son histoire. Toute
entreprise est une affaire de société puisqu’elle est marquée par la
culture nationale.
B-
Naissance du Concept de la Culture d’Entreprise
Afin de comprendre et de pouvoir définir ce concept, des spécialistes
tels que des Ethnologues, Anthropologues, Sociologues et
Psychologues sociaux se sont penchés sur la définition exacte du
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
terme « culture », de manière à pouvoir le découvrir et l’adapter dans
le contexte de l’entreprise. Ils sont remontés à l’origine du mot par le
biais d’études sur les représentations sociales, pour en analyser son
évolution et essayer d’en donner une définition adaptée au monde de
l’entreprise. Paru tout d’abord en Angleterre, puis en Allemagne au
début du 19ème siècle, c’est au 20ème siècle que cette notion apparaît
en France. La notion de culture définit une matrice sociale au sein de
laquelle se nouent des relations sociales, des modèles de
comportements, ce que les anthropologues appelleront « une
personnalité de base ».
Avec le développement de la technique et de la technologie,
l’entreprise voit apparaître différents thèmes ainsi que des termes
nouveaux tels que: projets d’entreprise, Management participatif,
étique, qualité … qui se réfèrent à une nouvelle vision du phénomène
« entreprise », au travers de son histoire, de ses valeurs etc.… Cette
notion était jusqu’alors méconnue, puisqu’elle laissait place à des
priorités qui s’orientaient autour de l’économie, de la finance, de la
technique, et qui, prend peu à peu sa place. On s’aperçoit alors, que
les responsabilités des managers évoluent. Elles passent d’un aspect
strictement économique à une responsabilité humaine et sociale.
Responsabilité strictement économique, dans le sens où ils
disposaient d’une forte culture professionnelle qui visait la
rentabilité, l’augmentation de la productivité pour obtenir une
croissance toujours plus élevée des chiffres de l’entreprise, qu’ils en
avaient perdu tout « état d’âme » avec leurs collaborateurs.
L’essentiel étant la réussite et l’augmentation perpétuelle de la
compétitivité et du chiffre d’affaires de l’entreprise, ils en avaient
oublié les valeurs essentielles au travail. Aujourd’hui, les managers
doivent également adopter une responsabilité Humaine et sociale,
pour mener à bien leurs objectifs. Ce nouvel aspect, les oblige à :

s’interroger sur leur rôle au sein de l’entreprise et vis-à-vis de
leurs collaborateurs,

faire le point sur leurs valeurs et celles qu’ils véhiculent

et à s’auto-analyser quant aux pratiques qu’ils mettent en
œuvre
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
Ce repositionnement a permis aux organisations de prendre en
considération l’importance, et l’utilité de la Culture d’Entreprise.
Ayant progressivement découvert que l’entreprise fonctionnait par
les compétences des individus, des rapports qu’ils entretenaient entre
eux, il est apparu que l’entreprise possédait une culture propre à ellemême, qui était caractérisée par un « flou » impalpable. A travers
l’évolution de cette notion, les dirigeants se sont aperçus que les
rapports verbaux et non verbaux étaient créés par l’entreprise ellemême. Ils comprennent par la suite, que diriger ne signifie plus
ordonner, mais désormais, c’est donner un sens au niveau des
responsabilités, des valeurs humaines… C’est la raison pour laquelle
les dirigeants d’entreprise ont voulu explorer et développer une
nouvelle vision de l’entreprise pour amener peu à peu, les
collaborateurs à entreprendre des actions collectivement pour
arriver à la réussite de l’entreprise ensemble. Il a fallu définir des
étapes de manière à structurer et mener à bien cette nouvelle
orientation. Il fallut en dégager :
o
La finalité : la survie, le profit, la croissance, la pérennité
o
La réalité : une structure sociale avec des règles et des lois
o
Les modalités : fonctions, rôles, structures adaptées à ces
modalités …
Ces étapes sont nécessaires à définir puisque le marché évolue aussi,
tout comme son environnement qui se fait de plus en plus complexe et
exigent.
C- COMPRENDRE LA CULTURE D’ENTREPRISE
1-
Définition de la Culture d’Entreprise
La culture d’entreprise peut être définie comme un mode de
description de l’organisation, à travers son contenu, et ses
caractéristiques spécifiques à l’entreprise.
Selon M. Thévenet, auteur de La Culture d’entreprise, elle se regroupe
sous trois aspects qui permettent d’affiner et de mieux comprendre le
sens de la définition.
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
a) C’est un ensemble de références
Tout ce qui se passe dans une organisation résulte d’une appréciation
de la réalité, d’une recherche de réactions appropriées, d’actions et
de contrôles.
b) C’est une notion de partage dans l’organisation
Elle permet au manager de partager ses objectifs avec l’ensemble de
l’entreprise.
c) Les références sont construites tout au long de l’histoire de
l’entreprise
La culture se construit selon un processus d’apprentissage. C’est en se
confrontant à des situations que l’organisation trouve des modes de
réponses appropriés qui créent ses schémas de références selon leur
niveau d’efficacité.
Deuxièmement, chaque entreprise est confrontée à des problèmes
caractéristiques. Mais, il existe des moteurs à la culture liés aux
relations entre la société et son environnement, il s’agit de trouver ce
qui est propre à l’entreprise et pas forcément pertinent pour toute
autre société. La définition de la culture d’entreprise a suscité de
nombreuses confusions et permis toutes les interprétations possibles,
ce qui explique que la culture d’entreprise n’ait pas de définition
précise. Pour E. Schein, auteur de : Organizational Culture and
Leadership, 1985, dont la définition est largement reprise dans la
littérature, il la considère comme un facteur de réussite pour
l’entreprise et la définit comme suit : « un modèle d’assomptions de
base, qu’un groupe donné a découvert, inventé et développé en
apprenant à faire face aux problèmes d’adaptation externe et
d’intégration interne, qui ont été suffisamment éprouvés pour être
considérer comme valides et donc être enseignés aux nouveaux
membres comme étant la manière juste de percevoir, de penser en
relation à ces problèmes »
2-
Comment se forme la culture d’entreprise
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
La culture d’entreprise est la combinaison de différents matériaux
culturels, chacun ayant ses caractéristiques propres. Le schéma cidessous présente les différentes sources contribuant à l’apparition et
à l’évolution de la culture d’entreprise.
SCHEMA
Sources
Finalités
La culture nationale
assurer la cohérence
Et régionale
et la survie du groupe
La personnalité des
Fondateurs
culture
D’entreprise
La culture professionnelle
Des salariés
améliorer la
communication
entre les membres
qui ont
Les évènements vécus par
des visions différentes
L’entreprise et ayant marqué
Son histoire
La personnalité des fondateurs est un mythe majeur (mythe
d’origine). Dans la groupe IBM, la vision de T.J Watson Sr (son
fondateur) est toujours une référence primordiale dans la conduite
du groupe (le respect de la personne, le meilleur service client, la
passion de la vente). Lors de la création de l’entreprise, le créateur
est plus qu’un apporteur de capitaux. Il prépare l’avenir de
l’entreprise selon ses connaissances, mais également en fonction de
ses croyances de sa personnalité et de sa philosophie. En ce qui
concerne la culture professionnelle, certains travaux prouvent que,
dans une même entreprise, il y a des profils culturels différents. La
culture professionnelle étant la culture au travail acquise dans une
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
autre entreprise. Les événements marquants, ce sont les mythes
héroïques, c'est-à-dire, les moments de gloire vécus par l’entreprise.
L’histoire unique de l’entreprise forge les mythes et les rituels qui y
sont admis. En somme, la culture d’entreprise est un ensemble
complexe, peu palpable, qui permet à chaque individu de s’identifier
à l’organisation. Il faut souligner qu’il arrive qu’un individu ne
s’identifie pas à la culture de son entreprise. S’il a un esprit de
‘leadership’, il peut essayer de la faire évoluer. S’il échoue dans cette
tentative, il sera marginalisé par le groupe. Il se peut qu’un individu
refusant les valeurs de l’organisation décide d’y rester exclusivement
pour son épanouissement financier. Il ne sera jamais mobilisé par
les discours de l’entreprise.
3- Les composantes de la culture d’entreprise
Afin de détecter les composantes de la culture d’entreprise, il s’agit
d’analyser les faits sur lesquels elle a laissé une trace dans la vie de
l’entreprise.
Il convient de préciser que la culture d’entreprise se rattache à
l’histoire de l’entreprise, elle se réfère donc au passé tout en ayant
une incidence sur le présent. Les références quant à elles, sont
construites dans le présent par des groupes de personnes qui créent
chaque jour, l’histoire et l’évolution de la culture de l’entreprise.
Nous mettrons en évidence les composantes de la culture de
l’entreprise à travers une collecte d’informations théorique qui
permettra d’observer les domaines où la culture semble résider.
a- La tradition
 L’histoire de l’entreprise
L’intérêt de comprendre l’histoire de l’entreprise est d’en dégager la
culture puisque selon la définition de M. Thévenet, « la culture se
construit selon un processus d’apprentissage, tout au long de
l’histoire ». Il s’agit donc de l’analyser pour comprendre ses grandes
phases d’évolution et ses décisions, à l’aide de champs d’intérêt qui
pourront faire référence à l’activité et aux produits de l’entreprise,
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
aux technologies utilisées, aux structures internes et externes
appliquées, aux dirigeants, et aux stratégies employées. Cette analyse
permettra de dégager avec objectivité ce que le corps social a retenu
de l’histoire de l’entreprise.
 Les créateurs de l’entreprise ou Héros
Les débuts de l’entreprise représentent la première expérience et les
premiers choix réalisés, en tenant compte du contexte de la création,
ce qui fait apparaître les convictions personnelles et les valeurs de
l’entrepreneur, valeurs qui sont développées ci-après. Il s’agit
d’observer les caractéristiques du fondateur telles que son éducation,
sa formation, son expérience, ses croyances et positions sociales, de
manière à comprendre plus précisément le contexte qui l’entoure et
donc les bases qu’il inculque à son entreprise. Bien souvent, le
créateur de l’entreprise est présenté comme un figure emblématique,
de part les méthodes utilisées, ses inventions, son charisme et sa forte
personnalité. Il est en quelque sorte le « Héros » de l’entreprise. Et
puis l’on distingue les héros acquis, qui sont les héros de la situation,
ceux « qui fabriquent, vendent et assurent le service des produits »
(Deal et Kennedy, 1982). Ce sont des « personnages » de l’entreprise
qui sont admirés et servent d’exemple.
 Les Mythes
Selon D. Pemartin (1990), « le mythe correspond à une
représentation mentale schématique, à une évidence trompeuse. C’est
une simplification de la réalité ayant un caractère non objectif (…)
De ce fait, ils éloignent de la compréhension véritable en fournissant
des explications tautologiques ». Il s’agit d’histoires, d’anecdotes qui
relatent des faits significatifs.
b- Le Métier
Il est nécessaire de connaître les informations relatives au métier de
l’entreprise puisqu’elles concernent les références acquises par
l’entreprise dans son activité. On peut dire qu’en effectuant l’analyse
du métier (éléments constitutifs du cœur de l’entreprise), nous nous
situons entre la culture de l’entreprise et la stratégie qu’elle utilise.
Mais pour mener à bien l’analyse, il s’agit de définir convenablement
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
le métier. Il est vrai qu’il existe peu de définition du métier, c’est
pourquoi nous avons tendance à associer la compétence au métier,
puisque c’est la capacité à résoudre des problèmes, à absorber des
situations, à prendre des décisions, à traiter la réalité.
Pour comprendre où se situent les éléments constitutifs de la culture
d’entreprise, il s’agit d’analyser les trois aspects relatifs au métier : le
métier lié à l’activité, le métier lié au savoir-faire et le métier lié aux
façons de faire. Cette dernière représente la capacité d’accorder plus
d’importance à certaines fonctions qu’à d’autres ; c’est ce qui
différenciera une entreprise qui sera plus axée sur les fonctions de la
technologie que du marketing par exemple.
c- Les Valeurs
Selon M. Thévenet, les valeurs découlent d’expériences vécues.
Chaque collectivité crée ses propres valeurs, par références à des
codes externes existants. Autrement dit, les valeurs sont des idées, des
croyances partagées qu’elles soient déclarées ou non dites : c’est le
credo de l’entreprise.
Généralement, elles sont évoquées au sein d’un discours, diffusées par
le biais des supports de communication classique tels que les livrets
d’accueil, les manuels ou journaux d’entreprise remis aux employés
avant d’être approfondies pendant des séminaires. M. Thévenet
distingue trois types de valeurs :
 Des valeurs déclarées, dont les traces sont visibles sur les
documents officiels, les discours de l’aval et la communication
institutionnelle externe
 Des valeurs apparentes, notamment dans le choix des « héros »,
des dirigeants, dans le choix de « ce que l’on estime être une réussite »
 Des valeurs dites opérationnelles qui se retrouvent dans
certaines procédures de gestion, d’évaluation budgétaire …
Ces valeurs doivent être intériorisées par les individus de manière à
guider leur comportement face à des situations précises et de
manière habituelle également.
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
d- Les Rituels de l’entreprise
Selon Moscovici, Directeur d'études à l'Ecole des hautes études en
sciences sociales, et Directeur du Laboratoire Européen de
Psychologie Sociale à la Maison des sciences de l'homme à Paris, ce
sont des « activités de tous les jours, systématiques et programmées
dans la compagnie. » Ils ont pour fonction de « développer le
sentiment d’appartenance, de donner de l’importance aux
événements qui véhiculent les valeurs pivots et de fixer la culture
pour éviter qu’elle ne fluctue au gré des modes. » Concrètement, ils se
manifestent dans les attitudes, tant verbales que gestuelles et
s’expriment au travers de repas ou de célébrations particulières
(départ à la retraite …).
e- Les Symboles
Ils concernent la tenue vestimentaire, la signalétique, le mobilier, les
logos … Ils signifient explicitement de part des signes et des codes,
l’environnement et l’ambiance que véhicule l’entreprise et
démontrent la cohérence de la culture d’entreprise qui s’applique au
sein de l’organisation. Les différentes composantes culturelles
décrites ici, montrent qu’elles sont toutes liées les unes aux autres et
qu’elles ont une importance primordiale au sein de l’entreprise.
4- Caractéristiques de la Culture d’Entreprise
Elles servent à " photographier " l'entreprise, pour pourvoir en faire
son "diagnostic" et son identification. Les traits culturels sont divers,
à la fois matériels et immatériels. Ainsi, leurs caractéristiques sont les
suivantes :
 Caractère Tangible : comportement, comportement des
groupes, de l'organisation, les attitudes, les gestes, les façons d'agir,
les rites, les signes et les styles de vie, l'activité à l'intérieur de
l'entreprise.
 Caractère Normatif : les règles, les normes, les références,
l’éthique
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
 Caractère Psychologique : état d'esprit, idées, croyance,
mentalités, valeurs, philosophie, identité, personnalité.
 Caractère Temporel : histoire, tradition, mémoire, passé.
 Caractère Psychosocial : adhésion, appartenance, cohésion,
groupe, Communication
 Caractère Imageant et Représentatif : image de l'entreprise,
image des produits, vision du monde, miroir de l'entreprise,
représentation de l'entreprise et des personnes.
 Caractère Variable : s’adapte à chaque période
Pour parler plus concrètement et pour découvrir rapidement la
culture d’une entreprise, vous pouvez vous poser les questions
suivantes :

Quels sont les 10 mots que vous choisiriez pour définir votre
entreprise?

Qu’est ce qui est important ?

Qui reçoit les promotions ?

Quel genre de comportement est apprécié ?

Quel genre de personnalité se sent à l’aise dans l’entreprise ?
Vous obtiendrez une approche simplifiée de la culture appliquée au
sein de l’entreprise, qui vous permettra de distinguer grossièrement
les valeurs et les critères primordiaux sur lesquels l’entreprise axe sa
stratégie et son développement.
4- Evolution et prise en compte de la culture d’entreprise
Très souvent exposé dans la littérature managériale, il résulte que la
culture d’entreprise provient à la fois de variables externes à
l’entreprise mais aussi de variables internes. Variables externes dans
le sens où elles prennent en considération des facteurs
socioéconomiques qui expliquent les phénomènes organisationnels, et
par conséquent débouchent sur la culture d’entreprise.
Variables Internes puisque l’entreprise crée et développe des valeurs
propres à elle même. Ces variables permettent de comprendre et
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
d’observer l’orientation théorique et pratique que met en œuvre et
qu’applique l’entreprise. Elles permettent également de prendre en
considération les éléments constitutifs du monde du travail en
général pour s’en inspirer dans le but de créer sa propre culture.
Nous pouvons alors déduire que la culture d’entreprise est issue du
contexte social, puisqu’elle permet de résoudre les problèmes
inhérents à la société. Pour R. Sainsaulieu, auteur de « Sociologie de
l’entreprise : Organisation Culture et Développement » la culture
d’entreprise « c’est une affaire de société ». Il note une
interdépendance entre l’entreprise elle-même et son environnement
(qui est considéré ici comme la Société en général). Nous pouvons
donc déduire, que l’entreprise est une sorte de « mini Société » se
situant au sein de la Société elle même, puisqu’elle est composée de sa
propre culture, de ses valeurs tout en intégrant les valeurs propres à
chaque individu participant au développement de celle-ci. Elle
témoigne aussi des grands changements effectués au dehors de
l’organisation, tels que des chocs économiques, l’évolution du marché
ou bien de la consommation (consommation de masse, par exemple),
qui se répercutent par la suite dans différents départements internes
à l’entreprise, qu’ils soient à caractères humains, techniques, se
référant à la société ou au monde du travail. Il faut noter
l’importance de ces évolutions de marché sur l’entreprise, puisqu’elles
modifient les logiques commerciales actuelles provenant du
consommateur et/ou du producteur. Ces fluctuations de marché ont
permis aux entreprises de s’interroger sur leurs faiblesses, leurs
fragilités et, par conséquent, leur ont permis de prendre en
considération au sein de leur politique d’entreprise et de
développement, le concept de la culture d’entreprise. Celui-ci permet
au salarié d’avoir un fort sentiment d’appartenance à son entreprise,
donc de références, qui peuvent provoquer la motivation à
développer le sens des responsabilités, de la productivité, par
conséquent la rentabilité de l’entreprise. Or, nous savons qu’il n’ait
pas aisé pour un salarié d’obtenir une satisfaction personnelle dans le
cadre de son travail. En effet, l’individu se trouve « partagé » à
travers différents sentiments d’appartenance, c’est pourquoi nous lui
adresserons le terme de « multi-appartenance », puisqu’il fait à la fois
partie d’une famille, d’une association, d’un état et enfin d’une
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
entreprise. Selon B. Massiera, auteur de La culture d’entreprise en
France – entre globalisation et localisation du Management-,
l’individu chercherait à assouvir son besoin d'appartenance sans être
dépendant. Cependant, une telle dispersion pose un problème
d'identité pour les cadres moyens, qui se trouvant au cœur de conflits
individuels et collectifs brutaux, réclament des règles fixes et de la
clarté dans la coordination au sein de l'organisation. Ainsi, tout
l'effort de l'entreprise et par la suite de la culture d'entreprise
consiste à essayer de mettre les individus sous dépendance et de créer
des“ accoutumances“. Nous nous trouvons ici dans un paradoxe,
puisque les individus faisant partie de l’entreprise créent
constamment la culture d’entreprise, qui a pour but d’initier et de
favoriser les salariés à la créativité, à l’innovation. Or, ce concept, les
inclus dans un système qui leur demande une innovation constante
tout en respectant des normes, les enfermant dans des normes
respectives à la culture d’entreprise établi. Nous notons également,
que très souvent nous évoquons le marché de l’entreprise en pensant
développement externe à celle-ci. Mais, l’entreprise crée et révèle
aussi un marché interne à elle même, puisque désormais elle ne
fournit plus seulement un travail, mais aussi une carrière, une
formation, une synergie en faveur de la recherche, tout en assurant
une fonction centrée sur la production. Nous pouvons affirmer que
l’entreprise ne se résume plus seulement à des aspects formels, mais
prend aussi en considération les attentes de ses salariés. Celles-ci
constituent des “moteurs” fondamentaux pour le comportement
humain, en vue d’une satisfaction mutuelle. Satisfaction personnelle,
puisque le salarié se verra attribuer les responsabilités qui lui
permettront d’évoluer au sein de l’entreprise, et par conséquent de
développer une carrière. Satisfaction pour l’entreprise, puisque nous
savons que plus un salarié dispose de responsabilités qui lui
permettent d’évoluer et qui sont en adéquation avec ses compétences
et son évolution de carrière, plus il développera un sentiment
d’autosatisfaction, de fierté, et donc de motivation qui permettra
d’augmenter la productivité et la rentabilité de l’organisation. (Voir
Maslow). Tout ceci explique que l’entreprise a tendance à développer
une attention particulière pour ses salariés de manière à effectuer un
suivi individualisé pour chaque employé en vue de lui proposer des
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
formations, des conseils, des évolutions et gestions de carrière
adéquates en tenant compte de ses attentes personnelles ; d’où une
évolution du management, tout en restant en adéquation avec les
valeurs résidentes au sein de l’organisation, les capacités et attentes
des membres de l’entreprise.
II-
CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
A- Culture et processus de management
Dans cette partie nous nous intéresserons à quelques
problématiques permanentes du management qui traversent les
fonctions et tiennent à la réalisation d’une action collective efficace.
Ces problématiques sont exprimées en termes de processus
permanents qui s’entretiennent (bouclage systémique) et évoluent
dans le temps. Nous distinguerons deux processus majeurs à savoir
celui des comportements et celui de la relation à l’environnement.
1- Comportements
C’est une problématique majeure de l’entreprise qui doit produire du
résultat grâce à des comportements individuels et collectifs.
Certaines théories vont voir l’organisation comme une construction
de rêve qui doit orienter totalement les personnes vers le résultat.
D’autres considèrent que c’est la satisfaction de ses propres besoins
qui poussent l’individu vers des comportements générateurs de
performances. D’autres enfin verront dans le comportement,
l’expression d’une stratégie d’acteur dont il contribue à
l’accomplissement. Mais de manière commune à toutes ses théories,
l’intérêt majeur est de comprendre comment se crée le
comportement à l’origine de la performance collective de l’ensemble
du groupe. Ainsi, un exemple de théorie montre les liens entre culture
et comportement. Les théories de la négociation ont utilisé la notion
de point de référence qui permet à chaque négociateur d’évaluer ses
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
pertes et ses gains. Ces points de référence découlent du système de
perfection de la personne correspondant à ce qui est juste pour lui.
Ces points sont à l’origine des comportements durant la négociation
et c’est pour cela qu’ils sont l’objet de tant de convoitises, d’intérêts et
d’anticipation de la part du partenaire.
Cette théorie de la négociation renvoie aux relations humaines dont
elle est une illustration. Les auteurs de cette école (LEAVITT
BAHRAMI) ont discuté dans le champ du management l’importance
des émotions dans l’émergence des comportements.
Emotions
Comportements
Les émotions créées par la situation seraient à l’origine des
comportements. Les publicitaires l’ont compris depuis longtemps
tout comme les communicateurs. La psychologie sociale est pleine
d’expérience ou des réactions sont générées par des émotions plutôt
que la rationalité traditionnelle qui semblerait animer l’ensemble de
nos organisations.
Mais cette théorie n’est pas suffisante car, sans pouvoir comprendre
toute la complexité des émotions, on peut en rechercher des causes.
Des images génèrent des émotions comme on le voit dans de
nombreux cas de communication et elles proviennent en partie de
nos systèmes de représentations et de références.
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
Références/
représentation
Images
Emotions
Comportements
Ce schéma est lié à la culture qui est un réservoir de représentation
bien qu’elle ne soit pas le seul car l’individu a eu sa propre éducation
et ses expériences. Mais en constituant un ensemble de références
partagées dans l’organisation, la culture contribue à générer des
comportements.
Cette petite incursion théorique est utile et ses conséquences
pratiques relativement évidentes. On remarque souvent la culture
d’une entreprise à travers les comportements types de ses membres,
parfois même, des cultures dites fortes se sont traduites par des
comportements allant au delà de ce que les lois locales acceptaient.
Le problème de l’implication peut alors se résumé en quelques
propositions.
L’implication dans l’organisation n’est pas synonyme de
performance .Chacun connait des personnes impliquées non
performantes ;
Pourtant l’implication dans l’organisation est utile comme
ressource ; elle représente un patrimoine de confiance à l’entreprise
et un attachement a ses buts et valeurs c’est donc une ressource ;
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
Il n’est pas possible de créer l’implication qui provient de
l’individu lui-même, de son adhésion et de sa volonté, même si on
peut toujours essayer de l’influencer ;
Sans pouvoir changer les personnes et les impliqués,
l’entreprise peut pourtant agir parce que l’implication a rapport
avec la culture.
En effet, il est difficile de s’impliquer dans une institution qui paraît
incohérente dans ces actions, ces décisions ou ces discours. Par contre
il ne suffit pas de percevoir cette cohérence pour s’impliquer
forcement car cette cohérence- là peut ne pas convenir. Ainsi la
cohérence des modes de fonctionnement est –elle une condition
nécessaire mais pas suffisante de l’implication. Pour s’assurer de
cette cohérence, il n’est qu’un moyen : l’arrimer sur des références
solides, relativement stable non sujettes à des évolutions brutales et
c’est dans la culture qu’on les trouve.
Ainsi le lien entre culture et implication est à la fois fort et indirect.
C’est une forte cohérence dont le fonctionnement qui crée les
conditions nécessaires mais pas suffisantes à l’implication et le seul
moyen de créer et de développer cette cohérence, c’est de l’arrimer
sur des références solides fournies par la culture.
2- Culture et relation à l’environnement
Pour illustrer ce processus, deux types de pratiques peuvent être
utilisées : la stratégie et la communication.
Les rapports entre culture et stratégies sont nombreux et ce n’est
pas le lieu pour envisager en profondeur ces relations. Toutes fois,
essayons d’en montrer les principaux niveaux :
 Recherche de caractéristique saillante des entreprises : la
démarche stratégique décrite comme une suite d’opérations allant de
l’élaboration à la mise en œuvre, met l’accent sur le diagnostic de
l’entreprise, force et faiblesse, avantage compétitif, maillons de sa
« chaîne de valeur ». ces approches donnent de l’importance à ce qui
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
caractérise en profondeur l’entreprise et la culture en est un élément
fondamental. Cette approche conduira à repérer ce qui est une force
ou une faiblesse, ce qui permet ou entrave la solution des problèmes
de l’entreprise.

Recherche des systèmes de représentations liés à la réflexion
stratégique : d’autres approches de la stratégie insistent moins sur
cette séquence d’étapes mais plus sur la permanence du processus
stratégique dans l’entreprise. Même si la définition de ligne de force
est un moment clé du processus stratégique, c’est en continuité que
l’on relève l’information pertinente, que l’on réévalue les choix et
leurs conséquences.
Dans cette approche, la culture sert plus à comprendre et interroger
processus stratégique permanent de l’entreprise. Ce raisonnement
stratégique met en jeu les systèmes de références profonds :
penser »stratégique » c’est penser en terme de futur, de relations à
l’environnement, de projets, de vision, autant de notions fondées sur
des représentations individuelles (celles des dirigeants par exemple)
et collectives. Les systèmes de représentations intervenant dans ce
processus stratégique concerneront par exemple :
L’environnement : comment voit-on l’environnement comme
un ensemble de menaces ou d’opportunité ?, comment voit-on les
concurrents ? et comment se voit-on face à eux ?
L’activité : quels seraient les « point d’encrages » de l’activité
auxquels l’entreprise ne pourrait déroger ?
Le temps : comment se situe-t-on dans le temps, le court terme
ou le long terme ?
Le changement : comment voit-on le changement, impératif,
anxiogène ou processus inéluctable ?
La communication est un autre moyen d’aborder les relations avec
son environnement. Toute entreprise a forcément une image et, en
risquant le paradoxe, de ne pas en avoir, c’est déjà en avoir une. La
communication et l’image deviennent un domaine à gérer, non
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
seulement au niveau de la publicité sur les produits et services
vendus. On sait que la communication est une œuvre de longue
haleine, que cela prend du temps de construire une image et de
l’énergie pour la maintenir. Ainsi, il n’est rien de pire, pour une
communication institutionnelle, que d’avoir à changer de référentiel
car il faut des années pour diffuser le nouveau et ce avec de forts
risques d’incohérences.
La culture peut là jouer un grand rôle, non parce qu’elle fournit le
message à communiquer mais plutôt parce qu’elle est le « réservoir »
à références relativement stables et ancrées dans l’organisation :
c’est justement ce que l’on cherche pour renforcer une image à long
terme.²
B-
UTILITEE DE LA CULTURE DANS LE MANAGEMENT
1-
L’activité de l’entreprise
Trois aspects caractérisent l’activité de management : c’est une
action concernant une collectivité, un groupe, et destinée à atteindre
un résultat. L’action de management ne se réduit pas à l’application
de lois ou de modèles. Elle est basée sur les références et est le
résultat de l’investissement personnel de celui qui la conduit. La
culture a de l’intérêt pour le management si, et seulement si, elle
permet d’accroître ses chances d’efficacité. Pour piloter une activité,
le management doit prendre en compte les personnes mais ce n’est
pas suffisant car un groupe n’est pas que la somme des individus. La
culture aide à comprendre la collectivité. Elle considère que toute
collectivité se crée un patrimoine de références qui sont à la fois le
résultat de son expérience et la référence pour traiter de futures
situations. Mettre en évidence la culture, c’est clarifier la logique
sous-jacente au fonctionnement d’un groupe humain. Associer la
culture au management, c’est admettre que l’entreprise constitue une
société humaine à part entière. L’entreprise a une raison d’être, des
objectifs, des contraintes et le management se consacre à leur
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
réalisation. La culture constitue le niveau sous-jacent des règles et
des systèmes de gestion. En effet, la réussite dans le management des
personnes vient autant de la qualité du manager que de l’adéquation
des systèmes de gestion du personnel. La culture est aussi une source
de comportement donc de performance parce qu’elle génère une
certaine conception de l’activité de l’entrepris, de son métier ou de
l’efficacité. Ainsi, dans sa définition, le management concerne une
action collective et la culture semble être un produit de cette action
collective.
2- Le besoin de références
Toute personne doit un jour dans sa vie clarifier les vrais principes
qui guideront ses choix. Il en est de même pour les organisations :
plus les problèmes rencontrés sont importants, plus les situations
rencontrées sont nouvelles et plus le besoin de références se fait
sentir. Dans chacune de nos actions, nous utilisons le plus souvent
inconsciemment des références. Ainsi, face à une situation donnée,
chacun va apporter ses propres cadres de référence pour comprendre
la réalité. On ne peut fonctionner sans les références car elles aident
à analyser et à anticiper. On peut cependant se poser la question de
l’origine de ces références. Peut-on les créer ou faut-il aller les
chercher quelque part ?
En tout cas, on est de plus en plus face à u besoin de références
parce qu’elles sont à l’origine des comportements de chacun.
3-
La culture en pratique
La culture a été abordée comme un facteur de performance. On en
attend la mobilisation autour d’objectifs communs, généralement
ceux de la direction générale, et des références génératrices de
performances. On peut toutefois distinguer deux types de relation
entre culture et pratique du management. D’une part, l’impact de la
culture dans les problèmes quotidiens de management et d’autre
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
part lors de situations plus spécifiques telles que les situations de
changement.
Depuis quelques années, la plupart des fonctions prennent en compte
la culture pour atteindre leurs objectifs. La gestion du personnel
touche à la manière dont l’entreprise traite ses employés on peut
s’attendre à y trouver des références qui imprègnent les
comportements, les modes de fonctionnement et donc la culture. De
plus, cette gestion s’attache à des choix et à des évaluations
importantes. Un système d’appréciation ou de rémunération
témoigne de la manière dont l’organisation prend en compte la
personne et son activité. Enfin, la gestion du personnel traite de
l’individu et des relations dans l’organisation. A la base de celle-ci se
situent des représentations dont une partie découle de la culture.
Pour le contrôle de gestion, les liens entre cette activité et la culture
se situent au niveau de la pratique car la fonction recouvre tout un
système doté de structure et de relations. En s’intéressant à
l’évaluation de l’activité de l’entreprise, le contrôle de gestion touche
à ce qui la caractérise le plus. En ce sens, il tire de la culture des
références parmi les plus permanentes de l’entreprise. Des liens
existent aussi entre la culture et le marketing. D’une part, avec
l’importance des symboles propres à l’entreprise qui apparaissent
dans les transactions, c’est-à-dire les rites et traditions intervenants
dans l’activité commerciale. D’autre part, dans le développement
particulier des entreprises tournées vers le marché sous l’influence de
leur fondateur : le passé oriente l’entreprise vers certaines formes du
marketing. ? En gestion de production, ce sont moins les outils qui
changent que la façon de produire. L’intérêt de la culture est
d’adapter les modes de gestion aux évolutions de l’activité. Enfin
dans tout système de besoin de culture apparaît également. Il est
utile pour comprendre et traiter les problèmes de mise en place de
nouveaux systèmes. Cependant, la difficulté à analyser la culture
limite fortement son implication dans cette fonction de l’entreprise.
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
III- FONCTIONS, ENJEUX ET LIMITES DE LA CULTURE
D’ENTREPRISE
A- Fonctions et enjeux
 Ses fonctions internes :
-Facteur de socialisation : elle communalise, c'est-à-dire intègre le
personnel sans imposer
-Facteur de motivation : elle renforce l’implication individuelle et
améliore donc l’efficience des ressources (efficience x de Liebenstein*)
 Ses fonctions externes :
-Vecteur d’identité et d’image : elle institutionnalise l’organisation
en participant à la construction de l’identité de l’entreprise, en
renforçant sa légitimité externe et une identité fédérale et positive en
interne (sentiment d’appartenance)
-Facteur de performance économique : motive, fédère et donc à
l’origine de synergies.
De même, peut aider une entreprise à adapter ses méthodes de
management aux spécificités culturelles locales
B-
Les limites de la culture d’entreprise
 Facteur d’acculturation : enseignement d’une norme de pensée
et d’action transformant l’organisation en système clos de type
missionnaire
 Facteur de résistance au changement : car facteur de rigidité
 Frein aux capacités d’adaptation
 Facteurs de conflits (entre et avec les sous-cultures)
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
IV- LIEN ENTRE CULTURE ET PROBLEMATIQUE DU
MANAGEMENT
Pour clarifier le contexte dans lequel nous aborderons cette notion
de culture, trois remarques s’imposent :
 Le management s’intéresse à des problèmes récurent : le
management ne traite pas des problèmes sans cesse nouveaux. Au
contraire, on ne peut qu’être frappé par la permanence des questions
d’environnements et de coordination que l’opposition classique de
LAWRENCE et LORSCH entre intégration et différenciation ne cesse
de traduire. Certes les problèmes actuels de globalisation de
l’économie sont nouveaux mais ce n’est qu’une nouvelle forme des
problèmes de relation avec l’environnement qui sont à la base de
toute réflexion de management. La culture devra donc être restituée
par rapport à cette « banalité » des problèmes à traiter.
 Le management a besoin de théorie : il n’y a rien de plus
pratique qu’une bonne théorie. La théorie aide à mieux comprendre
ce qui se passe. En ce sens, on n’a jamais fini d’essayer de mieux
comprendre la complexité de sa situation. La notion de culture
repose sur des théories, pas nouvelles, sur le fonctionnement des
sociétés humaines, qui améliorent notre capacité de compréhension
de l’organisation. La recherche sur la culture s’intègre dans la
recherche en gestion en ce sens qu’elle doit produire des résultats
pour aider le décideur à mieux analyser et décider.
 La culture n’est pas un absolu : la culture ne rend pas les
autres approches inutiles en épuisant la complexité des situations
organisationnelles. Ce n’est qu’une approche parmi tant d’autres
avec son intérêt et les limites vu plus haut.
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
V-
LE ROLE DU MANAGEMENT VIS-A-VIS DE LA CULTURE
Son premier rôle est de la connaître et de mettre en œuvre les outils
et réflexions nécessaires pour l’approcher. Le management doit
assurer la cohérence du fonctionnement de l’entreprise avec ses traits
de culture. La cohérence est un processus ardu de confrontation,
discussion et explication ; la cohérence n’est pas quelque chose de
données qu’il suffit d’appliquer, mais une recherche permanente qui
se construit toujours. Elle ne procède pas d’une bijection inéluctable
avec quelques codes de règles ou de principes, mais plutôt d’une
recherche sans fin.
Enfin, le management utilise ses points forts plutôt que d’essayer de
la changer.
CONCLUSION
Pour conclure sur l’utilité de cette culture d’entreprise, des exemples
et des avis de professionnels nous semblent plus adéquats que notre
expérience très limitée de la vie en entreprise. Le premier exemple est
le cas de la société Marquet qui fabrique et commercialise des
pantoufles. Les dirigeants ont voulu imposer un management à flux
tendu. Le climat social à l’intérieur de l’entreprise s’est vite détérioré.
Les salariés ont reconnu les avantages de ce mode de
fonctionnement, mais ils n’ont pas accepté qu’on leur impose le
progrès de façon autoritaire, à la japonaise.
Un autre contexte dans lequel la gestion de la culture d’entreprise
doit être prise en considération est lors d’OPA qui consiste par la
suite à la fusion de deux entreprises. Pour Jean-Marie Albertini, les
dirigeants ont tendance à minimiser le choc des cultures lors de tels
événements. Selon lui, toute démarche d’acquisition d’une entreprise
doit prévoir un audit financier et social. Dans ce sens, on peut citer
l’exemple du rapprochement des groupes Allianz et Via. Les salariés
des deux entreprises rejettent systématiquement tout changement
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CULTURE ET MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE
des méthodes de travail préconisées par l’autre. C’est encore une fois
un choc des cultures qui est néfaste au bon fonctionnement de
l’entreprise.
On ne peut pas dire, si appliquer une culture à une entreprise est une
bonne ou une mauvaise chose. Elle peut à la fois favoriser ou
détériorer le climat social selon son utilisation. La culture peut en
effet être bénéfique à la mobilisation du personnel et à son efficacité
mais une culture forte et peu évolutive peut devenir une contrainte
importante puisqu’elle rend difficile tout changement. L’important
est qu’elle soit partagée par l’ensemble du personnel.
BIBLIOGRAPHIE
Maurice Thévenet, la culture d’entreprise, collection encyclopédique,
fondée par Paul Angoulvent, édition puf
P. R. Lawrence, J.W. Lorsch, Organization end environment, Boston,
Harvard University Graduate School of business Administration, 1967
Kotter, HESKETT, Organizational Culture end Performance
EXPOSE de Culture et management de l’entreprise, année : 20062007
Site web: http://culture.entreprise.free.fr/#_toc476995194
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