État : fonctions régaliennes (ou État-gendarme)

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Fiche technique les classiques (bis)
Nom donné a posteriori : pour Marx, sont classiques ceux qui « cherchent à pénétrer
l’ensemble réel et intime des rapports de production de la société bourgeoise », à la différence
des économistes vulgaires (sophistes). Keynes appelle « classiques » tous ses prédécesseurs.
Contemporains de la révolution industrielle et de l’essor du capitalisme (fin XVIII° - début
XIX°), les économistes classiques sont les fondateurs de l’économie politique en tant que
discipline autonome. L’économie politique a pour domaine d’étude l’ensemble des activités
qui concourent à la production, à la circulation et à la répartition des richesses matérielles.
Principaux représentants (dans les pays qui connaissent les premiers la révolution industrielle
et le démarrage économique) :
- Adam Smith (1723 – 1790)
- David Ricardo (1772 – 1823)
- John Stuart Mill (1806 – 1873)
- Thomas Robert Malthus (1766 – 1834)
- Jean-Baptiste Say (1767 – 1832)
- Jean-Charles Léonard Simonde de Sismondi (1773-1842)
1. Une théorie libérale

-
État : fonctions régaliennes (ou État-gendarme)
Défense (armée, police, justice) : Smith, « État doit s’occuper de l’édification et de
l’entretien des ouvrages d’art », c’est-à-dire des actions qui ne peuvent être entreprises ni
entretenues par un ou des particuliers.
- Infrastructures
Pour Smith, l’Etat ne doit pas sortir de ces rôles et ne doit pas intervenir dans l’économie.
Pensée véritablement révolutionnaire : sortie de l’idée d’un État absolutiste, lutte contre les
privilèges.
 Absence de réglementation excessive (« main invisible ») :
- Impôt = contrainte sur le développement de l’offre et de l’investissement
- État général dépend de la réalisation des intérêts particuliers de chacun
Respect de la loi naturelle (marché) : si elle s’applique, on obtient l’optimum de satisfaction
pour chacun. L’intérêt général dépend de la recherche individuelle de son intérêt égoïste, il
naît de la liberté laissée à chacun d’agir qui explique le processus de division du travail.
Smith : « Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger,
que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne
nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme et ce n'est jamais de nos besoins que
nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage. Il n'y a qu'un mendiant qui puisse se
résoudre à dépendre de la bienveillance d'autrui. »
- Liberté permet l’innovation, le progrès et la division du travail (recherche de gains de
productivité)
2. Une nouvelle théorie de la répartition et de la valeur
Valeur : Somme de travail direct (accompli) et indirect (reçu des autres) incorporés dans la
production : définition fondée sur le travail.
Ricardo fonde alors une théorie de la répartition :
 Répartition primaire : salaires (revenus des ouvriers) / profits (revenus des entrepreneurs
et de l’apport de capitaux) / rente (revenu des propriétaires fonciers) => répartition

primaire : résultat d’une confrontation entre les trois acteurs. Idée éminemment classique
(également reprise par Marx).
Le salaire (de marché / naturel / de subsistance) fluctue selon les lois du marché du travail
(offre et demande) ; rente foncière d’autant plus élevée que les terres les moins
productives sont exploitées => la rente dépend de la productivité marginale de la terre la
moins productive. Le profit est un résidu : valeur des marchandises – (salaires + rentes
foncières) => profit  quand les salaires diminuent.
Répartition secondaire : rapport de force entre les sous-groupes de la société
3. État stationnaire et baisse des profits
Les classiques sont une école dans l’enfance, qui n’a pas conscience de l’ensemble des
évolutions futures. Problématique : comment repousser cet état inéluctable ?
Loi des rendements décroissants :
- Faute de profits, l’accumulation de capital (hausse inéluctable de la rente car rendements
décroissants + baisse du facteur travail => pas de possibilité de gonflement du taux de
profit) va se ralentir => stagnation de l’économie
- Épuisement des ressources parallèlement à la hausse démographique
- Nécessaire hausse de la production
Solution : étendre les marchés (« fuite en avant ») : les classiques sont partisans du LibreÉchange.
- Avantages absolus (Smith)
- Avantages comparatifs (Ricardo) : tout pays a intérêt à l’échange même s’il n’a aucun
avantage absolu
Ricardo : en important des produits moins chers, on peut limiter la hausse des salaires
(salaire de subsistance moins élevé) et la baisse des profits => accumulation de capital =>
père du Peel Act de 1846.
4. La théorie des crises
L’équilibre économique s’établit spontanément : la crise ne résulte pas des mécanismes de
l’économie. La monnaie est un instrument de numérotation et une « huile » de l’économie
(dichotomie entre sphères monétaire et réelle) =>impossibilité de toute surproduction.
Loi des débouchés : « l’offre crée sa propre demande » de Jean-Baptiste Say et les produits
s’échangent contre des produits. Cette loi imprègne la pensée économique jusqu’à Keynes.
Mais : un entrepreneur ne peut se faire payer que si les autres entrepreneurs disposent d’autres
produits (monnaie = intermédiaire) -> décalage entre les producteurs explique les
déséquilibres mais ils sont temporaires (réajustement par les prix) : il existe des secteurs avec
déficit de produits, d’autres avec surplus de produits => décalage et crise de débouchés.
Malthus explique plutôt ces déséquilibres par une épargne surabondante (engorgement de
l’économie et pas d’échange).
Sismondi pense que le décalage entre la perception du revenu et la réalité du pouvoir d’achat
est responsable des crises.
Idée que le décalage temporel est le facteur explicatif des crises conjoncturelles et
structurelles.
La pensée classique a posé les fondements de la théorie économique : déchiffrage de la pensée
économique.
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