Les Trois Soeurs - Fi

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«Les Trois Soeurs»
d’Anton Tchekhov
mise en scène : Jean-Claude FALL
Mardi 16 et Mercredi 17 Janvier
à 20h45
mise en scène : Jean-Claude Fall
assistant à la mise en scène : Marc Baylet
dramaturgie : Gérard Lieber
décor : Gérard Didier
costumes : Agostino Cavalca
musique : Marc Marder
distribution (sous réserve)
David Ayala
Fabienne Bargelli
Roxane Borgna
Fouad Dekkiche
Malik Faraoun
Yves Ferry
Isabelle Furst
Alex Selmane
Christel Touret
durée : spectacle en création
production : Théâtre des 13 vents - Centre Dramatique National
de Montpellier-Languedoc Roussillon
Parfois l’ensemble du théâtre de Tchekhov me semble une
seule histoire qui se déroule en province dans une propriété
menacée. Au milieu de gens intelligents qui disent des choses
stupides et d’imbéciles à qui échappe parfois une parole
profonde, se débat un être blessé à mort. Quand tout va
retomber dans le silence, dans un coin s’agite encore un
grotesque presque touchant, comme le mari de Macha, des
Trois Soeurs, qui choisit le moment où sa femme a le coeur
brisé, pour s’affubler d’une fausse moustache et d’une barbe.
Au moment où le rideau se baisse, chacun reprend sa place du
début, à peine meurtri, vieilli parce qu’il faut bien recommencer
à vivre, à attendre.
Roger Grenier
(Préface au Théâtre de Tchekhov)
Le texte
1900, Tchekhov écrit «Les Trois Soeurs».
1901, la pièce est créée par la troupe de Stanislavsky,
au théâtre d’Art de Moscou.
Il y a 100 ans commençait l’un des temps forts de notre
histoire. La Russie commençait sa Révolution. Partout,
étudiants, ouvriers, paysans rêvent d’un monde meilleur.
Le monde ancien tombe en ruine, les anciens
propriétaires sont expulsés, les nouveaux arrivants sont
là avec leurs naïvetés, leurs maladresses, leur esprit de
revanche, leur soif de pouvoir, leur désir de bien faire,
leur humanité avec ses bassesses et ses rêves.
Il y a 100 ans, Tchekhov écrivait «les Trois Soeurs»
comme une métaphore de ce qui secouait la Russie et le
monde. Ce faisant, il faisait aussi une véritable
«révolution» théâtrale. Plus de héros, plus d’anecdote,
plus de fable et de grandes phrases édifiantes. «Les
Trois Soeurs» est une pièce écrite en creux, une pièce
sans héros et sans histoire ou plutôt si, le héros c’est
cette maison dont les soeurs sont expulsées et l’histoire
c’est celle qui est en marche, qu’on devine, qui
commence, porteuse de tant d’espérances et
d’interrogations.
«Les Trois Soeurs» agissent un peu comme un point de
repère. A partir d’elles et à l’aune de notre histoire nous
pouvons mesurer le chemin parcouru, nos errances, nos
espoirs déçus, notre foi en l’avenir et en l’homme, en ce
qui rassemble et fait rêver.
Jean-Claude Fall
Biographie de l’auteur
Tchekhov est le maître russe de la nouvelle brève. Si sa
création est parfaitement originale, si c’est là le genre où
il excelle, il n’en est pas moins un grand auteur de
théâtre. A la différence d’un Mérimée ou d’un
Maupassant, Tchekhov réussit dans une courte page à
rendre perceptible la complexité, la richesse, le tragique
d’une vie entière.
La tragique condition humaine, voilà le domaine où s’est
exercé son infinie capacité de sentir et de comprendre.
En tant qu’auteur dramatique, il a envoûté des
générations de spectateurs par la vérité subtile qui se
dégage des lents cheminements et des pauses de ses
compositions dramatiques, fondamentalement
musicales.
...
En 1879, Tchekhov s’était inscrit à la faculté de
médecine. Il menait de front ses études et le travail
littéraire qui lui permit, dès l’âge de 19 ans, et jusqu’à sa
mort, de devenir le seul soutien d’une nombreuse
famille.
Il collabore à plusieurs publications humoristiques (de
1881 à 1887)... qu’il signe de divers pseudonymes.
En 1884, Tchekhov exerce la médecine dans les
environs de Moscou ; cette même année paraît le
premier recueil de ses nouvelles, Les Contes de
Melpomène.
... (En 1886) paraît un deuxième recueil de nouvelles,
Récits bariolés, comprenant les premiers chefsd’oeuvre, Tristesse, La Sorcière, Agathe. ... Le 19
novembre 1887 a lieu la première représentation
d’Ivanov au théâtre Korch, à Moscou.
...
La renommée littéraire de Tchekhov croît sans cesse...
Mais il traverse une sorte de crise morale, prend de plus
en plus conscience de ce que doit être le rôle d’un
écrivain digne de ce nom : rappeler aux hommes
certaines vérités fondamentales, éveiller leur
conscience, leur montrer que “le bonheur et la joie de la
vie ne sont ni dans l’argent, ni dans l’amour, mais dans
la vérité”... “Nous ne voyons pas, nous n’entendons pas
ceux qui souffrent, et tout ce qu’il y a d’effrayant dans la
vie se déroule quelque part dans les coulisses. C’est
une hypnose générale. En réalité, il n’y a pas de
bonheur et il ne doit pas y en avoir. Mais si notre vie a
un sens et un but, ce sens et ce but ne sont pas notre
bonheur personnel, mais quelque chose de plus sage et
de plus grand.” Rejetant cette “hypnose” générale, il veut
se rendre compte par lui-même de la condition des plus
misérables d’entre les hommes : les millions de
condamnés déportés dans les bagnes de Sakhaline ...
Tchekhov décide de visiter l’île maudite. ... Et cependant
il est malade.
...
Tchekhov passe trois mois dans l’île. Il en étudie tous
les aspects “J’ai tout vu; il n’y a pas à Sakhaline un seul
forçat ou déporté à qui je n’aie parlé.”
...
Après son retour de Sakhaline, dans une longue
nouvelle intitulée Récit d’un inconnu, Tchekhov fit une
importante profession de foi : “J’ai maintenant
fermement compris que la destination de l’homme, ou
bien n’existe pas du tout, ou bien n’existe que dans une
seule chose : un amour plein d’abnégation pour son
prochain.” Ce thème apparaîtra désormais en filigrane
dans ses nouvelles et dans ses pièces.
Trois mois plus tard, en mars 1891, il fuit Moscou, sa
table de travail et ses souvenirs et part pour un premier
voyage en Europe ...
En fait Tchekhov se languit toujours à l’étranger. A une
période d’exaltation et de fièvre succèdent très vite
l’ennui et le désenchantement. Loin de chez lui, loin de
Moscou et des paysages moscovites, il se sent
incapable de travailler, donc de vivre...
A son retour, Tchekhov se rend compte que Moscou
devient invivable. Sa notoriété grandit : amis,
admirateurs, curieux assiègent sa demeure. Une
“mauvaise grippe” ne le quitte plus. Il tousse, maigrit,
“ressemble à un noyé”. En février 1892, ... Tchekhov et
sa famille s’installent dans un village, à Melikhovo, à une
vingtaine de kilomètres de Moscou.
Durant six années passées dans ce village, Tchekhov
écrit plusieurs de ses plus belles oeuvres (La Salle n°6,
Les Moujiks, Le Récit d’un inconnu, ... et enfin La
Mouette) et prend part à la vie locale...
Cette double activité, sociale et littéraire, a un effet
désastreux sur sa santé.
...
Très malade, exilé dans le sud de la Crimée, il se sent
irrémédiablement seul. “Comme je serai couché seul
dans ma tombe, de même toute ma vie j’ai vécu seul”,
écrit-il dans ses Carnets.
Pourtant, depuis 1898, il y a dans sa vie une femme qu’il
aime tendrement et qu’il épouse en mai 1901. Olga
Leonardovna Knipper est une jeune actrice du théâtre
d’Art de Moscou fondé en 1897 et dirigé par Constantin
Stanislavski et Vladimir Nemirovitch-Dantchenko...
Durant les six dernières années de sa vie Tchekhov fut
en contact constant et étroit avec cette jeune troupe
d’avant-garde pour laquelle il écrivit ses pièces les plus
célèbres : Oncle Vania (1899), Les Trois Soeurs (1901),
La Cerisaie (1903)...
Sa maladie progresse et les souffrances augmentent...
Le dernier hiver de sa vie Tchekhov le passe à Moscou
et assiste le 17 janvier 1904 à la première de La
Cerisaie. En mai, il part avec sa femme pour Berlin et la
Forêt-Noire ( “je m’en vais pour crever”, dit-il à Bounine).
Il meurt à Badenweiler...
Sophie Laffitte
“Dictionnaire du théâtre”
Encycloepedia Universalis
L’Auteur
Anton TCHEKHOV ...
Deux lettres de Tchekhov (à Orlov et à Diaghilev) sont
édifiantes quant à l’engagement particulier de Tchekhov
dans l’événement qui se prépare.
«Tant que ce sont encore des étudiants, ce sont des
gens bien, des gens honnêtes, notre espoir et l’avenir de
la Russie, mais il suffit à ces étudiants de devenir
adultes pour que «notre espoir et l’avenir de la «Russie»
se transforment en fumée et qu’il ne reste dans le filtre
que des propriétaires de datcha et des fonctionnaires
insatiables... Je crois dans les individus séparés, je vois
le salut dans les personnalités individuelles dispersées
ça et là à travers la Russie... qu’ils soient de
l’intelligentsia ou paysans. C’est en eux qu’est la vraie
force bien qu’ils soient peu. - Ces personnalités
individuelles dont je parle jouent un rôle discret dans la
société, elles ne dominent pas, mais leur travail est
visible... La science ne cesse d’aller de l’avant, la prise
de conscience de la société grandit, les questions
morales commencent à prendre un caractère
mouvementé... et tout cela (...) en dépit de tout.
Février 1899
«L’intelligentsia, pour le moment, ne fait que jouer à la
religion et principalement par désoeuvrement, la partie
vraiment instruite de notre société s’est éloignée de la
religion et s’en éloigne toujours plus, quoi qu’on dise et
malgré toutes les sociétés de philosophie religieuse qui
peuvent se réunir. La culture actuelle, c’est le débat d’un
travail au nom d’un grand avenir, d’un travail qui durera
peut-être encore des dizaines de milliers d’années pour
que, fût-ce dans un avenir lointain, l’humanité connaisse
la vérité (...).»
Décembre 1902
... et son théâtre
Simple, quotidienne, banale en apparence, telle est
souvent l’anecdote qui sert de support à ses nouvelles.
Mais elle n’apparaît ainsi qu’au regard superficiel qui ne
sait pas discerner le grand et le profond dissimulés dans
les petits faits de la vie courante. Tchekhov réussit ce
tour de force d’attacher et de passionner le lecteur ou le
spectateur par des récits et des drames dénués
d’affabulation romanesque, de toute péripétie, de toute
concession à la facilité quelle qu’elle soit. “Dans la vie, il
n’y a pas d’effets, ni de sujets bien tranchés ; tout y est
mêlé, le profond et le mesquin, le tragique et le ridicule.”
disait Tchekhov à Souvorine.
...
“A quoi bon expliquer quoi que ce soit au public ? il faut
l’effrayer et c’est tout : il sera alors intéressé et se mettra
à réfléchir une fois de plus”, écrivit Tchekhov à
Souvorine. Une des clefs de son esthétique est de ne
pas expliquer, mais de donner des chocs à la sensibilité
et à l’imagination du lecteur ou du spectateur. L’un et
l’autre doivent collaborer avec l’artiste, ne jamais rester
passifs...
Sophie Laffitte
“Dictionnaire du théâtre”
Encycloepedia Universalis
Oeuvres de Tchekhov
Oeuvres complètes, trad. D. Roche, 18 vol., Paris, 19221934
Oeuvres complètes, éd. J. Pérus, 21 vol., Paris, 19521971
Oeuvres, tome I : Théâtre, récits (1882-1886),
tome II : Récits (1887-1892),
tome III : Récits (1892-1903),
trad. E. Parayre, rev. L. Denis, coll. La Pléiade, Paris,
1967-1971, rééd. 1992-1994
Livres disponibles* au Théâtre:
L’Ours
Une Demande en mariage
Oncle Vania
Vidéos disponibles* au Théâtre:
Le siècle de Stanislavski
documentaire de BOGDAN Lew et LUMBROSO Valérie
(1993 - durée : 3 h)
Anton TCHEKHOV, le témoin impartial
documentaire de BANU Georges et RENARD Jacques
(1995 - durée : 59 mn)
La Cerisaie de Anton TCHEKHOV
mise en scène de BROOK Peter (durée : 2 h - 1982)
* Renseignement: Audrey Tallieu
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