Polguère chapitre 4 Éléments de morphologie La morphologie est la branche de la linguistique qui étudie la structure des mots-formes (= signes linguistiques). On appelle morphe un signe linguistique ayant les deux propriétés suivantes : 1. Il possède un signifiant qui est un segment de la chaîne parlée (= signe segmental; il existe des signes linguistiques dont le signifiant se superpose à la chaîne parlée, comme l’intonation = signe suprasegmental) 2. C’est un signe élémentaire, c’est-à-dire qu’il ne peut être décomposé en plusieurs autres signes de la langue. Un morphème est un regroupement de morphes « alternatifs » ayant le même signifié (les {accolades} indiquent qu’un morphème est un ensemble de morphes). Les morphes regroupés sous un même morphème sont appelés allomorphes de ce morphème (analogie avec la phonologie : phonème vs allophone). Le radical d’une lexie est son support morphologique. C’est l’élément morphologique qui porte le signifié associé en propre à cette lexie. Ce n’est [as nécessairement un morphe. On appelle affixe un morphe non autonome qui est destiné à se combiner avec d’autres signes morphologiques au sein d’un mot forme. Il existe deux types d’affixes : 1. Les suffixes, qui sont des affixes se greffant à droite du radical; 2. Les préfixes, qui sont des affixes se greffant à gauche du radical. La flexion est la combinaison d’un radical et d’un affixe flexionnel ayant les trois propriétés suivantes : 1. Son signifié est très général, plutôt abstrait, et appartient à un petit ensemble de signifiés mutuellement exclusifs appelé catégorie flexionnelle (ex : le nombre). 2. L’expression de sa catégorie flexionnelle est imposée par la langue. 3. Sa combinaison avec le radical d’une lexie donne un mot-forme associé à la même lexie (ex : les flexions d’un verbe). Noter qu’il existe des signes zéro (suffixe zéro pour le singulier des noms en français). La dérivation est un mécanisme morphologique qui consiste en la combinaison d’un radical et d’un affixe dérivationnel ayant les trois propriétés suivantes : 1. Son signifié est moins général, moins abstrait – il s’apparente au signifié d’une lexie. 2. L’expression de son signifié correspond normalement à un choix libre du locuteur. 3. Sa combinaison avec le radical d’une lexie donne un mot-forme associé à une autre lexie (ex : chant-eur : le verbe devient un nom). Quatre types de liens dérivationnels : 1. 2. 3. 4. Sens L1 entre dans la définition du sens L2, les parties du discours sont les mêmes Sens L1 entre dans la définition du sens L2, les parties du discours sont différentes Sens L1 et sens L2 sont équivalents, les parties du discours sont les mêmes (rare) Sens L1 et sens L2 sont équivalents, les parties du discours sont différentes (Les dérivations peuvent ajouter ou non un sens au sens de départ, et associer à la lexie d’origine une lexie appartenant ou non à la même partie du discours). La dérivation synchronique est rare en français: le préfixe re- (= de nouveau) La dérivation diachronique est le fait de la langue dans son évolution et pas le choix du locuteur. Dans ce cas ce son t es signifiants des mots formes que l’on décrit au moyen d’un mécanisme de dérivation, non les mots-formes (signes linguistiques) eux-mêmes. La composition est un mécanisme morphologique qui construit de nouveaux radicaux par concaténation (= juxtaposition linéaire) de plusieurs radicaux. Il existe en français des patrons de composition (adjectif épithète + nom, verbe + complément). La frontière qui sépare locutions et lexies (mots composés) est parfois floue : jeter l’éponge est une locution verbale parce que sa structure interne est celle d’un groupe verbal typique (le verbe admet toutes les formes fléchies); portemanteau est une lexie nominale parce que sa structure interne est verbe + complément (le verbe ne fonctionne qu’à la 3e personne). L’abréviation relève du langage parlé et permet de produire une nouvelle lexie par troncation du radical d’une lexie initiale. La siglaison produit une lexie à partir d’une locution en concaténant les lettres initiales de chacune des lexies de la locution et se prononce en épelant les lettres qui le composent. Un acronyme est un signe qui se prononce comme une suite de syllabes.