O comme organisme Il s’agit donc d’un être vivant : micro-organisme, plante ou animal. G comme génétiquement Le génome, ensemble des gènes, est présent dans toutes les cellules de l’organisme sous la forme de longues molécules filamenteuses appelées ADN. Il contient une succession de gènes qui représente l’ensemble des caractères de l’espèce et les informations qui permettent à l’organisme de construire ses protéines et de fonctionner. Il est transmis d’une génération à l’autre. M comme modifié C’est donc là qu’est tout le secret. Après avoir déterminé, chez un premier organisme, quel(s) gène(s) est (sont) responsable(s) de tel caractère intéressant, les scientifiques vont extraire ce fragment d’ADN : le « gène d’intérêt ». Ils l’ajouteront ensuite au génome d’un organisme d’une autre espèce. Le génome du receveur aura donc été modifié pour acquérir une propriété qu’il ne possédait pas naturellement. Il sera devenu un OGM, ou autrement appelé, un organisme trangénique. L’exemple des plantes Bt, résistantes à la pyrale La pyrale est un papillon dont la chenille adore manger des feuilles de maïs. En fait, certains champs sont ravagés par cet insecte. On l’appelle un insecte « ravageur » des champs de maïs. Bacillus thuringiensis(Bt) est une bactérie du sol. Elle possède un gène, un pouvoir qui lui permet de fabriquer une toxine, fatale aux chenilles de la pyrale. Il a donc semblé intéressant de faire produire cette toxine par le plant de maïs lui-même. Les chercheurs ont donc identifié le gène d’intérêt chez la bactérie. Ils l’ont “découpé” puis l’on introduit dans le génome du maïs. Ainsi, le plant de maïs produit lui-même la toxine qui tue les chenilles qui s’attaquent à lui. Toxicité Une plante transgénique peut avoir délibérément été conçue pour être toxique. C’est le cas des variétés qui sécrètent une substance insecticide dirigée contre leurs ennemis. Mais la toxine peut involontairement faire d’autres victimes : d’autres insectes notamment, y compris des espèces protégées ou utiles, ainsi que les insectes du sol, auparavant peu affectés par les épandages aériens de pesticides. Acquisition de résistance par les insectes Même si l’on donne des gênes au maïs pour qu’il empoisonne et tue la chenille de la pyrale, nous verrons tout de même apparaître certaines chenilles qui vont miraculeusement résister à cette empoisonnement et seront les seules survivantes à pouvoir manger ce maïs empoisonné. Ces survivantes vont donner naissances à d’autres chenilles résistantes au poison et éventuellement, toutes les chenilles le seront aussi. Le maïs OGM deviendra donc inefficace contre la pyrale. Invasion des milieux naturels La valeur ajoutée d’un OGM peut lui procurer un avantage adaptatif et lui permettre d’envahir un milieu naturel. Une plante devenue, par exemple, plus résistance au froid pourrait alors devenir vivace, c’est-à-dire survivre d’une année sur l’autre et se reproduire alors que sa grande sœur non-transgénique était annuelle et ne passait pas l’hiver. Une telle endurance pourrait entraîner l’envahissement des milieux naturels par cet OGM, alors que les variétés conventionnelles étaient confinées aux champs cultivés et restaient sous contrôle. Dissémination de gènes par la voie sexuée Une plante transgénique peut, comme tout autre plante, se reproduire. Elle peut alors transmettre son nouveau caractère à sa descendance et le répandre en le communiquant à des variétés non transgéniques de la même espèce ou à une espèce voisine. L’intervention de facteurs extérieurs (vent, insectes, oiseaux) pour transporter les pollens rend, de plus, difficilement mesurable et contrôlable la dispersion des gènes. Allergies Avec les OGM, il peut y avoir des risques d’allergies. Par exemple, vous êtes allergique aux poissons. Imaginez qu’un scientifique décide d’insérer dans le maïs un gêne de poisson pour empêcher les plans de gelés durant l’hiver. Vous allez à l’épicerie, vous achetez du maïs et quand vous le consommez, vous avez une crise d’allergie au poisson!! Qualité nutritionnelle L’introduction du transgène et l’acquisition de nouvelles propriétés peut entraîner une modification de la composition de la plante : sa composition en nutriments notamment, mais aussi sa teneur en substances toxiques ou allergènes. Le gène nouveau peut, par exemple, s’être introduit dans le génome de la plante à un endroit inadéquat qui perturbe les autres gènes. Ou encore, la protéine, produit du nouveau gène, peuvent interagir avec les autres protéines de la plante et modifier le métabolisme de l’organisme. Sa composition finale pourrait alors être différente de l’original. Enfin, une plante OGM conçue, par exemple, pour être cultivée dans un milieu sec, pourrait dans ce nouveau milieu, voir sa teneur en certains éléments changée. Un bref survol des principales applications envisagées dès aujourd'hui permettra au lecteur de mieux se rendre compte des potentialités nombreuses de l'ingénierie génétique : 1. Les OGM en agriculture a) La protection des cultures Les modifications actuelles du génome des plantes visent à améliorer leurs caractéristiques agronomiques afin de rendre leur culture plus aisée, moins consommatrice d'intrants, plus adaptée à différentes conditions climatiques ou d'améliorer le rendement des cultures. Quatre principales voies d'améliorations sont actuellement explorées : La résistance des plantes aux insectes Les insectes ravageurs sont de véritables fléaux des cultures, qui nécessitent des traitements insecticides et occasionnent des pertes importantes de rendement. Ces traitements insecticides ont d'ailleurs des limites : nuisible à l'environnement, leur utilisation répétée suscite des populations d'insectes " résistants ", c'est-à-dire devenus insensibles à l'action de l'insecticide. En outre, ces produits s'avèrent parfois inefficaces, suivant le stade de développement de l'insecte (larves et insectes foreurs s'abritent à l'intérieur des tiges). Il est possible de permettre à la plante, par modification génétique, de se défendre elle-même contre les insectes en lui faisant synthétiser des protéines toxiques pour ces dits insectes. La tolérance des plantes aux herbicides Il existe aujourd'hui des herbicides relativement peu toxiques, peu persistants, actifs à faible dose et biodégradables (comme par exemple le glufosinate, le glyphosate ou le bromoxynil). Rendre une plante de culture " tolérante " à ces herbicides permet de les répandre sur les cultures pour agir sur les plantes sauvages indésirables, tout en étant assuré que la plante cultivée soit protégée contre l'action de l'herbicide, par l'introduction d'un " gène de tolérance " dans son génome, dont l'expression empêche la matière active de détruire la plante. Cette technique a été appliquée avec succèsà de très nombreuses espèces végétales : soja, betterave, laitue, melon, pomme de terre, blé, colza, tournesol... La résistance aux maladies Virus, champignons, bactéries phytophathogènes provoquent aussi des dégâts dans les cultures. La résistance aux maladies est donc une voie essentielle d'amélioration des rendements. Des plantes transgéniques résistantes à des virus, par exemple, ont déjà été développées (pomme de terre, melon, concombre, betterave, tomate...). Signalons qu'avec les méthodes traditionnelles, la lutte contre les maladies virales est la plus problématique puisque, contrairement à la plupart des maladies fongiques ou bactériennes, il n'existe ni traitement préventif ni curatif à leur encontre (même s'il est possible de lutter contre les vecteurs que représentent les pucerons, ceux-ci peuvent avoir le temps de viroser la plante avant de mourir). La résistance aux conditions climatiques extrêmes Créer des espèces résistantes par exemple au froid, à la sécheresse ou à la salinité des sols représente un immense intérêt pour les pays en développement comme pour le monde industrialisé. La recherche est déjà engagée dans cette voie d'avenir. L'amélioration des conditions d'élevage Les biotechnologies végétales et animales pourraient améliorer les conditions d'élevage des animaux de plusieurs manières. L'amélioration de la santé animale La lutte contre les maladies animales est un problème capital de l'élevage. Il est théoriquement possible d'accroître son efficacité grâce aux OGM par la mise au point soit d'anticorps, soit de vaccins dits "recombinants ", directement produits par des aliments composant la nourriture du bétail, aliments modifiés génétiquement. Est également envisageable la modification transgénique des lignées animales, pour accroître leur résistance aux agressions. Une meilleure nutrition animale L'amélioration par génie génétique des qualités nutritionnelles des aliments destinés à l'élevage est une piste intéressante. En effet, les rations des animaux d'élevage sont complétées en éléments nutritifs : méthionine, lysine, thréonine et tryptophane, notamment, acides aminés qui ne sont présents qu'en trop petite quantité chez les plantes. L'augmentation par génie génétique de la teneur en ces acides aminés, ou encore en certaines huiles, des aliments du bétail peut s'avérer très intéressante sur le plan nutritionnel. En outre, la digestibilité des aliments peut être améliorée par transgénèse végétale, si l'accumulation dans les plantes de certaines enzymes (notamment la phytase) est favorisée. 2. Les OGM et l'alimentation L'amélioration de la qualité des aliments L'introduction d'un gène nouveau peut aussi viser à améliorer la qualité des aliments. Cet axe de développement concerne davantage le consommateur. Il est appelé à prendre une importance accrue à l'avenir. Une meilleure conservation des produits Il s'agit du volet qui, s'agissant de l'amélioration de la qualité des aliments, en est au stade le plus avancé. En effet, des légumes transgéniques à maturation retardée ont déjà été commercialisés dans les pays anglo-saxons. Il s'agit notamment de la célèbre tomate " flavr-savr " de la société Calgene, commercialisée depuis 1994 aux Etats-Unis, génétiquement modifiée pour exprimer en plus faible quantité une enzyme provoquant le ramollissement de la tomate au moment de la maturation, ce qui lui permet de conserver pendant une plus longue durée que la tomate conventionnelle une texture ferme. Depuis 1996, au Royaume-Uni, sont commercialisés des concentrés de tomates réalisés à partir de tomates transgéniques. Ce contrôle de la maturation permet, certes, d'améliorer les conditions de transport et de stockage et, dans le cas du concentré de tomates, de faciliter le processus de production, mais il peut s'accompagner également, notamment pour les fruits frais, d'un accroissement de la saveur du fruit qui peut être récolté à un stade de maturation plus avancé, ce qui est le troisième objectif en matière de qualité des produits alimentaires. L'amélioration des qualités organoleptiques des aliments (goût, odeur, aspect, couleur, consistance, ...) La maturation des fruitscorrespond à un ensemble de modifications physiologiques, biochimiques et structurelles qui rendent le fruit agréable à consommer. Ces modifications sont dues à l'expression des gènes impliqués dans les changements de couleur, l'augmentation de la teneur en sucres, la diminution de l'acidité, la synthèse d'arômes et le ramollissement. Ces gènes constituent donc des voies potentielles d'amélioration de la saveur des fruits. L'AMÉLIORATION DES ALIMENTS : QUELQUES EXEMPLES Blé :• Amélioration des caractéristiques requises pour la panification Huiles végétales (colza, tournesol) : Modification de la composition en acides gras pour répondre aux besoins nutritionnels (maladies cardio-vasculaires) et pour faciliter la fabrication de margarine à partir de certaines huiles Pomme de terre : Augmentation de la teneur en amidon pour des utilisations industrielles (purée, fécule, frites absorbant moins d'huile de friture), réduction du brunissement (frites), amélioration des propriétés organoleptiques Laitue, épinard : Réduction de la teneur en nitrates en augmentant l'expression de nitrateréductase Tomate, melon, brocoli : Augmentation de la durée de conservation des fruits et légumes. En France, l'INRA développe des recherches pour tenter de réguler la production d'éthylène, substance qui participe à la maturation du fruit. Aux USA, une tomate transgénique a été commercialisée en 1994. Un procédé similaire a permis à une équipe de recherche Ensat-Inra d'obtenir un melon dont la conservation et la teneur en sucre sont augmentées, mais qui n'est pas encore commercialisé Riz : Diminution des propriétés allergisantes Soja : Enrichissement en acide aminé essentiel (méthionine) In : " Le génie génétique appliquée à la production alimentaire ", CNERNA, CNRS, 1997 (...) 3. Les OGM et le secteur de la santé (...) La production de molécules pharmaceutiques par les plantes Avec l'avènement de la transgénèse, les plantes peuvent devenir de véritables " usines à médicament ", lorsque leur génome est modifié de telle sorte qu'il conduise à l'expression de protéines d'intérêt pharmaceutique. On parle alors de " molecular farming ", ou agriculture moléculaire. Votre rapporteur a eu l'occasion de visiter les installations de la société MERISTEM Therapeutics, du groupe Limagrain, à Clermont Ferrand, où sont développés des procédés permettant, notamment, d'extraire, à partir de plants de tabac transgénique, de la lipase (enzyme qui joue un rôle dans la digestion alimentaire, utilisée comme traitement des troubles alimentaires des enfants atteints de mucoviscidose), ainsi que de l'hémoglobine (protéine contenue dans les hématies du sang, qui assure le transport de l'oxygène).