Partie IV. Mondialisation et intégration européenne Chapitre 9

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Partie IV. Mondialisation et intégration européenne
Chapitre 9. Comment expliquer l’internationalisation de l’économie ?
Programme officiel
Notions : Avantage comparatif, dotation factorielle, libre-échange et protectionnisme, spécialisation.
Acquis de première : gains à l’échange
Indications complémentaires : En partant d'une présentation stylisée des évolutions du commerce
mondial et en faisant référence à la notion d'avantage comparatif, on s'interrogera sur les déterminants
des échanges internationaux de biens et services et de la spécialisation.
On analysera les avantages et les inconvénients des échanges internationaux pour les producteurs
comme pour les consommateurs. On présentera à cette occasion les fondements des politiques
protectionnistes et on en montrera les risques. On s’interrogera sur les effets d’une variation des taux
de change sur l’économie des pays concernés.
Sujets de bac
Mobilisation de connaissance (Épreuve composée, 1ère partie)
Quels sont les avantages du commerce international pour les producteurs (EC, Polynésie, 2013)
Présentez deux avantages du commerce international pour le consommateur. (EC, Amérique du Nord, 2014)
A quels risques économiques peuvent s’exposer les pays qui mènent une politique protectionniste ? (EC, France,
2014)
Vous présenterez deux risques liés au protectionnisme (EC, Polynésie, 2014)
Présentez deux avantages du commerce international pour les producteurs (EC, Antilles-Guyane, 2015)
Étude d’un document (Épreuve composée, 2ème partie)
Vous présenterez le document puis vous caractériserez l’évolution des exportations mondiales de marchandises
depuis 1948. (EC, Polynésie, 2013)
Vous présenterez le document puis vous caractérisez les évolutions du commerce international qu’il met en
évidence (EC, Asie, 2014)
Vous présenterez le document puis vous comparerez les évolutions du PIB et les exportations au niveau mondial
(EC, Polynésie, 2015)
Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (Épreuve composée, 3ème partie)
Vous montrerez que le commerce international à plusieurs déterminants. (EC, Autres centres étrangers, 2015)
Vous montrerez que le protectionnisme peut présenter des risques. (EC, Asie, 2015)
Sujets de dissertation
Dans quelle mesure le recours au protectionnisme est-il souhaitable ? (Dissertation, Pondichéry, 2013)
Le commerce international ne présente-t-il que des avantages ? (Dissertation, Amérique du Sud, 2014)
Le commerce international et l’internationalisation de la production n’ont-ils que des avantages ? (Dissertation,
Nouvelle-Calédonie, 2014)
Plan du chapitre
I.
Une internationalisation de l’économie qui s’explique par les avantages
associés à libéralisation des échanges
A.
B.
Mais le commerce international peut aussi avoir des conséquences négatives,
ce qui peut justifier des politiques protectionnistes
A.
B.
Des échanges internationaux inégaux qui peuvent avoir des inconvénients pour
les producteurs et les consommateurs
Ce qui peut expliquer la nécessité de mener des politiques protectionnistes
malgré leurs risques
Citation du chapitre : « « Dans un système d’entière liberté de commerce, chaque pays consacre son
capital et son industrie à tel emploi qui lui parait le utile. Les vues de l'intérêt individuel s'accordent
parfaitement avec le bien universel de toute la société. […] l’échange lie entre elles toutes les nations du
monde civilisé par les nœuds communs de l’intérêt, par des relations amicales, et en fait une seule et grande
société.»,
David Ricardo, Des principes de l’économie politique et de l’impôt (1817), Paris, Flammarion, 1992
KH – Chapitre 9. Comment expliquer l’internationalisation de l’économie ?
Terminale ES – 2015/2016
II.
Un développement du commerce international qui s’est accompagné d’une
évolution des échanges
Cette internationalisation des échanges s’explique par les avantages du libreéchange et de la spécialisation des pays
I.
Une internationalisation de l’économie qui s’explique par les
avantages associés à la libéralisation des échanges
L’internationalisation des économies est un processus ancien qui correspond au développement
du commerce international, c’est-à-dire les échanges de biens et services entre pays.
Phénomène ancien car entre le milieu du 19e siècle et le début de la première guerre mondiale on
voit se développer une « première mondialisation ». Cette internationalisation s’est accélérée
depuis les années 50 avec le développement d’une « deuxième mondialisation » qui approfondi
ces échanges de biens et services tout en renforçant le développement des échanges de capitaux
et de travailleurs, ainsi que le transfert de technologies.
A. Une développement du commerce international qui s’est accompagné d’une
évolution des échanges
Une forte augmentation du commerce international de marchandises et de services
Entre 1950 et 2014, les exportations totales de marchandises ont ainsi fortement augmenté : elles
ont été multiplié par presque 40 en volume. Sur les vingt dernières années, le commerce de
marchandise a été presque multiplié par quatre en valeur passant de 5000 à 19000 milliards de $
entre 1995 et 2014. Depuis les années 50, on assiste ainsi à une très forte augmentation du
commerce mondial portée par l’ouverture des économies et le développement du libre-échange.
Une évolution de la place des différentes régions dans le commerce mondial et le
développement d’un commerce intra-régional
l’Asie et les économies émergentes ont pris une place plus importante dans le commerce mondial
depuis les années 90. Alors que les économies développées (Amérique du Nord et Europe)
représentaient 80% du commerce mondial en 1995, ils n’en représentent que 54% aujourd’hui.
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Si les services représentent une part très importante du PIB des pays développés (entre 60% et
80% du PIB), ils ne représentent que 20% des échanges mondiaux. Les échanges de services
commerciaux sont néanmoins en train de se développer : ils ont été multiplié par presque cinq
depuis 2001. Cela s’explique par le développement des innovations dans le domaine des
nouvelles technologies mais aussi et surtout par le développement des transports et des voyages
qui représentent la moitié des exportations de services commerciaux dans le monde.
De nouveaux acteurs ont émergé, notamment en Asie avec le Japon et aujourd’hui la Chine.
L’insertion de cette dernière dans le commerce international est plus récent, puisque elle n’est
devenue le premier exportateur d’Asie (devant le Japon) qu’en 2004. Mais sa place est devenue
centrale puisqu’elle est le premier exportateur mondial de marchandises depuis 2009. Les ÉtatsUnis restent néanmoins le premier pays importateur de marchandises et le premier pays
exportateur de services commerciaux au monde.
Un développement du commerce intra-branche
La dernière évolution importante dans le commerce international c’est le développement des
échanges intra-branches, c’est-à-dire des échanges de biens similaires (des voitures contre des
voitures par exemple). Dans l’ancienne Division Internationale du Travail (DIT), les pays en
développement étaient spécialisés principalement dans les produits primaires (agricoles et
matières premières) et les pays développés dans les biens manufacturés et les services. On
assistait ainsi à une échange interbranche avec des pays qui échangent des produits primaires
contre des produits manufacturés et inversement.
Aujourd’hui on assiste à une nouvelle DIT avec des pays en développement qui se spécialisent
dans des produits manufacturés simples, comme le textile, l’électroménager. Les matières
premières représentent ainsi moins de 40% de leurs exportations aujourd’hui. Ce processus de
diversification est surtout valable pour les pays d’Asie et notamment ceux que l’on a appelé les
nouveaux pays industrialisés (NPI), mais moins pour les pays d’Afrique et du Moyen-Orient qui
exportent encore majoritairement des matières premières.
Cette diversification a permis à ces pays en développement d’éviter une spécialisation trop précise
et d’être moins dépendants de leur production de matière première. Elle pose par contre un
problème aux pays développés qui voient de nouveaux pays leur faire concurrence sur un secteur
qui était leur spécialisation. Ils doivent alors faire évoluer leur spécialisation vers des produits plus
innovants ou les services.
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Le
développement
du
commerce mondial est aussi
caractérisé par l’importance
prise par le commerce intrarégional
(c’est-à-dire
les
échanges de marchandises
entre pays d’une même
région).
Le commerce intra-régional
européen représentait ainsi 3
365 milliards de $ en 2010,
soit près de 70% des
exportations de l’UE, et 2 464
milliards de $ en Asie (soit
55% des exportations de
l’Asie)
Le commerce inter-régional
s’effectue lui principalement
entre les trois grandes régions
qui composent la triade : EtatsUnis, Europe, Asie. Plus de
70% du commerce mondial
s’effectue ainsi entre des
pays appartenant à ces trois
régions du monde.
B. Cette internationalisation des échanges s’explique par les avantages du libreéchange et de la spécialisation des pays
Ce développement du commerce international a été encouragé par les politiques de libéralisation
des échanges, c’est-à-dire les mesures prises par les Etats pour encourager les échanges en
diminuant les entraves à ceux-ci et notamment les mesures protectionnistes.
Définitions
Le libre-échange désigne la théorie
ou la politique économique qui
recommande la libre-circulation entre
pays des marchandises et des
facteurs de production (capitaux et
main d’œuvre). Elle s’oppose donc au
protectionnisme qui désigne la
théorie ou la politique économique qui
recommande la mise en place de
dispositifs pour limiter les importations
et favoriser la production nationale.
Libre-échange et protectionnisme sont donc des théories
opposées qui s’incarnent dans des politiques différentes.
Le libre-échange s’obtient par des mesures qui visent à
encourager les échanges (suppression des droits de
douane par exemple) en luttant contre le protectionnisme.
Le protectionnisme à l’inverse désigne les mesures
tarifaires (c’est-à-dire qui agissent sur le prix des
produits, comme les droits de douane ou les subventions)
ou non tarifaires (c’est-à-dire agissant sur autre chose
que les prix, comme les quotas ou les normes sanitaires
ou techniques) qui visent à favoriser la production
nationale.
Une développement du libre échange justifié par la théorie des avantages comparatifs
Si le libre-échange a été encouragée par des accords et des organismes internationaux, c’est
parce qu’il trouve sa justification dans des théories économiques et notamment la théorie des
avantages comparatifs.
Adam Smith avait déjà montré, avec la théorie des avantages absolus, qu’un pays à intérêt à
échanger et à se spécialiser dans la production des biens pour lequel il est le meilleur.
David Ricardo, un économiste anglais du 18e siècle, va plus loin et prolonge la
théorie de Smith en montrant que les pays ont toujours intérêt à échanger, même
lorsqu’ils disposent d’un avantage absolu dans toutes les productions ou d’un
désavantage absolu.
Ricardo montre qu’un pays qui a un avantage absolu dans toutes les productions
à quand même intérêt à se spécialiser là où il est le plus efficace
comparativement aux autres. Le pays qui lui ne dispose d’aucun avantage à
intérêt à se spécialiser là ou il est le moins inefficace.
Définition
L’avantage comparatif désigne donc la production dans laquelle chaque pays à intérêt à se
spécialiser, c’est-à-dire la production pour laquelle il est comparativement (aux autres) le plus
efficace ou le moins inefficace. (cf. TD sur l’avantage comparatif).
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Un développement du libre-échange encouragé par le GATT puis l’OMC
La diminution des mesures protectionnistes, qui a permis la libéralisation des échanges, a été
réalisée à travers des accords internationaux (et notamment le GATT) qui ont abaissé
progressivement les droits de douanes entre 1945 et la fin des années 70. Les barrières tarifaires,
tels les droits de douane, ont ainsi fortement diminué depuis les années 1940, passant d’environ
40% du prix des produits en 1940 à moins de 5% aujourd’hui. Ces accords ont été complétés,
dans les années 80, par des politiques de libéralisation des flux de capitaux (rendant plus facile les
investissements à l’étranger) et un élargissement des biens et services concernés par la
libéralisation.
A partir de 1995, l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) à pris la suite du GATT et à pour
mission de surveiller, réguler et encourager le commerce mondial. Si le GATT a lutté à l’origine
contre les droits de douanes, l’OMC a élargi sa lutte aux barrières non tarifaires. A la différence du
GATT, l’OMC est une institution supranationale qui s’est également doté d’un tribunal du
commerce, l’ORD (Organisme de Règlement des Différents), qui doit régler les conflits portant sur
les litiges commerciaux entre pays membres de l’OMC. Un Etat lésé peut entamer une procédure
judicaire pour réclamer le respect des accords de libre-échange et éventuellement des sanctions
financières. Ces plaintes peuvent concerner des pratiques de concurrence déloyales (l’UE accuse
par exemple USA de subventionner Boeing) ou des pratiques de quotas (l’UE, le Japon, USA
accusent la Chine de pratiquer des quotas sur les exportations de terres rares par exemple).
Des avantages comparatifs et une spécialisation qui trouvent leur origine dans la dotation
factorielle des pays
Si la théorie de Ricardo justifie la spécialisation des pays et l’échange international, elle n’explique
pas l’origine des avantages comparatifs. Deux économistes suédois, Heckscher et Ohlin, vont au
début du 20e siècle reprendre la théorie de Ricardo et expliquer l’origine des avantages
comparatifs et de la spécialisation des pays.
Pour expliquer l’avantage comparatif, Définition
et donc la spécialisation des pays, ils La dotation factorielle correspond à la quantité de
vont faire intervenir les dotations facteurs de production dont disposent les pays et à leur
factorielles dont disposent les pays.
importance respective.
Leur théorie (qu’on appelle théorie HOS) indique ainsi que chaque pays va se spécialiser dans la
production qui utilise le plus de facteur dont il est le mieux doté. Par exemple si un pays dispose
de beaucoup de terre, il va se spécialiser dans les productions qui nécessitent beaucoup de ce
facteur (du capital donc) car celle-ci sera peu chère (puisque abondante dans le pays). A l’inverse,
un pays qui dispose de beaucoup de travailleurs va se spécialiser dans des productions intensives
en travail (puisque le travail étant abondant par rapport au capital il sera peu cher).
Si l’on applique cette théorie à l’époque actuelle, elle prédit que les pays développés vont se
spécialiser dans les productions demandant beaucoup de capital (ou de travail qualifié). A
l’inverse, les pays en développement à forte population se spécialisent dans les productions
faiblement capitalistiques mais qui demandent beaucoup de main d’œuvre. Effectivement on
observe que les pays d’Europe de l’Est ou la Chine se sont spécialisés dans la production de
produits nécessitant peu de capital mais beaucoup de travail. La spécialisation des pays peut donc
s’expliquer par les dotations factorielles des pays, qui procurent un avantage comparatif.
Une spécialisation et une internationalisation des échanges bénéfiques pour les
producteurs comme pour les consommateurs
Le développement des échanges est bénéfique pour les
consommateurs car il permet de baisser les prix (grâce à la
baisse des coûts unitaire de production liés aux économies
d’échelle et à l’amélioration de l’efficacité des facteurs de
production). Le consommateur a également accès à une plus
grande variété de produits ce qui stimule la consommation et
donc la croissance.
Il est aussi bénéfique aux producteurs car ils ont accès à un
marché plus vaste, ce qui augmente leur demande et leur permet
de réaliser des économies d’échelle. Les producteurs ont aussi
accès à moindre coût aux facteurs de production dont ils ont
besoin pour produire: matières premières mais aussi main
d’œuvre (qualifiée ou non). Ils peuvent bénéficier de transferts de
technologie en ayant accès à des technologies qui ne sont pas
disponibles dans leur pays et sont encourager à innover par
l’intensification de la concurrence avec les entreprises étrangères.
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De nouvelles théories du commerce international pour expliquer le commerce intra-branche
Si ces théories justifient le commerce international inter-branche, elles ne peuvent expliquer les
échanges de bien similaires (échanges intra-branches) entre des pays qui possèdent des
spécialisations identiques. Les nouvelles théories du commerce international vont donc
chercher à expliquer l’importance de ce commerce intra-branche (60% du commerce entre pays
développés).
La principale explication de ces théories fait intervenir les économies d’échelle, c’est-à-dire la
diminution du coût unitaire de production induite par l’augmentation de la taille du marché et de la
production. Ces théories montre ainsi que ce n’est pas forcément l’avantage comparatif qui
explique la spécialisation, mais que au contraire c’est la spécialisation qui, en permettant de
produire en grande quantité, conduit à créer un avantage comparatif sur les autres pays.
Ces théories expliquent donc pourquoi les échanges peuvent porter sur des biens similaires mais
différenciés, chaque pays cherchant à augmenter au maximum la taille de son marché pour
réaliser des économies d’échelle tout en satisfaisant la demande de diversité des consommateurs.
II.
Mais le commerce international peut aussi avoir des conséquences
négatives, ce qui peut justifier des politiques protectionnistes
A. Des échanges internationaux inégaux qui peuvent avoir des inconvénients
pour les producteurs et les consommateurs
Toutes les spécialisations ne se valent pas et certains pays producteurs ne gagnent pas à
l’échange
Si dans l’approche classique ricardienne les spécialisations, qui dépendent des avantages
comparatifs que procurent les dotations factorielles, se valent toutes, dans la réalité ce n’est pas
forcément le cas. Les dotations factorielles en travail ou en capital par exemple ne sont pas
équivalentes : l’absence de capitaux est plus pénalisante pour les pays en développement que le
coût de la main d’œuvre dans les pays développés. Les pays du Sud, sont par leur absence de
capitaux, financièrement dépendants des pays du Nord. Leur épargne et leurs exportations
insuffisantes les rendent dépendants des firmes multinationales et des conditions de crédits des
pays du Nord et des institutions internationales (FMI, Banque mondiale).
En conséquence, la spécialisation dans des produits primaires et notamment les produits
agricoles n’est pas équivalente à une spécialisation dans les produits manufacturés (qui
demandent du capital). En effet, le prix des produits primaires fluctue beaucoup plus, ce qui rend la
spécialisation dans ces produits désavantageuse car n’assurant pas des ressources fixes et
durables.
C’est d’autant plus vrai pour les pays qui disposent d’une mono-spécialisation dans les produits
primaires. En cas des baisse des prix ils voient se dégrader leurs termes de l’échange, c’est-àdire la quantité de biens qu’ils peuvent importer grâce à leurs exportations. C’est le cas du Nigéria
par exemple qui à des exportations composées à 95% des produits pétroliers ou de la Côte
d’Ivoire où le cacao représente par exemple près de 40% des exportations.
C’est la spécialisation dans des produits à forte demande qui permet de gagner à l’échange
Les pays ne peuvent profiter de l’échange international que s’ils se spécialisent dans les produits à
forte demande. Si l’Afrique et l’Amérique Latine, ont une spécialisation sur les matières premières
qui leur est plutôt défavorable (la demande pour ces produits stagne et ils sont dépendants des
variations de prix), les pays d’Asie ont par contre réussi à faire évoluer leur spécialisation vers des
produits à forte demande.
La promotion de leurs exportations leur a
permis de mettre en place une « remontée
des filières », c’est-à-dire une évolution de
leur spécialisation vers des produits à plus
forte
valeur
ajoutée
(du
textile,
électroménager
vers
les
produits
informatiques) grâce à l’innovation et à
l’élévation du niveau d’éducation.
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Le commerce international peut faire disparaître des producteurs et nuire aux
consommateurs
A coté de ces spécialisations qui peuvent être désavantageuses, le commerce international peut
avoir un effet négatif sur les producteurs nationaux. L’ouverture aux importations peut conduire à
faire disparaître des productions locales, les entreprises n’étant pas assez efficaces et
compétitives vis à vis de la concurrence. Il doit y avoir alors une reconversion des entreprises et
des salariés, mais celle-ci peut être difficile à mettre en place, ce qui entraîne du chômage et une
baisse de l’activité économique.
Du côté des consommateurs la disparition des producteurs locaux peut conduire à une perte de
diversité et de variété des produits, les seuls produits accessibles étant ceux disponibles à
l’importation.
Ces effets négatifs du commerce international peuvent aussi se faire sentir dans les pays
développés, la concurrence des pays à bas salaires pouvant faire pression sur les salaires des
consommateurs et conduire à la disparition de secteurs d’activité (notamment les productions
utilisant du travail peu qualifié).
B. Ce qui peut expliquer la nécessité de mener des politiques protectionnistes
malgré leurs risques
Le protectionnisme peut ainsi se justifier pour développer de nouvelles industries ou faire
évoluer sa spécialisation
Le protectionnisme, c’est-à-dire les mesures qui visent à favoriser la production nationale, peut
alors se justifier pour lutter contre les conséquences négatives du commerce international.
Dès 1840, l’économiste allemand Frierdich List, a développé la théorie du
protectionnisme éducateur qui justifie la mise en place temporaire de mesures
protectionnistes pour protéger les industries naissantes. L’idée est qu’un pays
qui souhaite faire évoluer sa spécialisation peut avoir besoin temporairement de
protéger les industries qu’il souhaite développer de la concurrence des pays
développés. Les industries des pays développés bénéficient en effet
d’avantages liés aux économies d’échelle ou aux effets d’apprentissages que
procurent la production en grande quantité depuis une longue période. Sans
protection aucun pays ne pourrait développer une nouvelle industrie, car les coûts de production
seraient trop élevés par rapport aux concurrents. Les pays en développement vont donc
revendiquer le droit de protéger temporairement leurs industries (par des subventions, des droits
de douane, quotas) le temps qu’elles se développent suffisamment pour faire concurrence à celles
des pays développés. La difficulté de ce protectionnisme étant de définir la bonne période de
temps, les entreprises pouvant profiter de cette protection en espérant la rendre durable.
On assiste dans les pays développés au même type de raisonnement mais pour les industries
vieillissantes, la protection étant censée durer le temps de la reconversion de l’industrie. Le
protectionnisme se justifie ici par la nécessité de protéger temporairement les salariés le temps de
faire évoluer la spécialisation du pays. Cela justifie par exemple les mesures protectionnistes à
l’encontre du textile chinois qui avaient été prises par l’Union européenne jusqu’en 2005.
Des politiques protectionnistes qui peuvent jouer sur le taux de change
Les pays peuvent également utiliser la valeur de la monnaie comme moyen protectionniste. La
Chine et les États-Unis sont ainsi régulièrement accusés de sous-évaluer leur monnaie pour
faciliter leurs exportations. La valeur d’une monnaie c’est son taux de change, c’est-à-dire le prix
d’une monnaie exprimé dans une autre monnaie. Par exemple le taux de change Euro/dollar
correspond à la valeur en $ de l’€ (exple: 1€ = 1,3$)
La baisse du taux de change d’une monnaie, sa dépréciation, augmente la compétitivité-prix des
entreprises du pays car leurs produits deviennent moins chers à l’exportation. Si un produit coûte
100€, il vaut 130$ lorsque 1€ vaut 1,3$, mais il ne vaut plus que 110$ si l’euro baisse à 1,1$.
La baisse du taux de change peut donc être un outil de protectionnisme car en diminuant les prix
des produtis à l’exportation il doit normalement faire augmenter les exportations du pays et
diminuer ses importations, ce qui a pour effet de diminuer le déficit commercial.
Toutefois cela ne se produit pas directement et obligatoirement. Dans un premier temps les
exportations n’augmentent pas, elles rapportent seulement moins et les importations coûtent elles
plus chères. On assiste donc à une dégradation des termes de l’échange. Ce n’est que dans un
2ème temps que les volumes échangés s’adaptent aux nouveaux prix et que les exportations
peuvent augmenter et les importations diminuer.
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Un protectionnisme non-tarifaire qui peut se justifier pour des raisons sanitaires ou
environnementales
Les pays pratiquent d’ailleurs toujours un protectionnisme non-tarifaire (quota, normes sanitaires,
technologiques ou sociales). Ce protectionnisme est moins visible et plus difficile à contrôler mais
tout aussi efficace que les droits de douane et peut trouver des justifications dans la protection des
consommateurs. Les pays peuvent ainsi vouloir mettre en place des normes sanitaires pour
protéger leurs consommateurs contre des produits qu’ils considèrent comme dangereux :
interdication de la peinture au plomb dans les jouets pour enfants par exemple, ou interdiction de
vente de poulet aux hormones. Ils peuvent égalemnt vouloir mettre en place des normes sociales,
s’assurant que la production a été réalisée par des travailleurs qui disposent de conditions sociales
décentes (c’est la question du travail des enfants ou des prisonniers par exemple). Mais du coté
des pays producteurs ces mesures peuvent être vues comme du protectionnisme déguisé.
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Le protectionnisme comporte des risques
Si le protectionnisme peut donc se justifier, il comporte toujours un risque : celui d’augmenter le
prix des biens. Les droits de douane, comme les quotas, augmentent les prix des produits
importés, mais aussi le prix des produits nationaux car ceux-ci incorporent des produits importés.
De la même façon les subventions nécessitent d’être financées par des impôts qui augmentent les
coûts de production ou diminuent le pouvoir d’achat des consommateurs. Le risque du
protectionnisme est donc de réduire le pouvoir d’achat des consommateurs, et donc la
consommation.
Une autre conséquence néfaste du protectionnisme peut être de spécialiser un pays dans une
production pour laquelle il n’est pas compétitif, l’empêchant ainsi de développer des
productions sur lesquelles il pourrait avoir un avantage comparatif. En conservant une mauvaise
spécialisation le protectionnisme freine alors le développement du pays et les gains à l’échange
qu’il pourrait réaliser.
Un troisième risque enfin c’est que les mesures protectionnistes prises par un pays entraînent
souvent des mesures de retorsion des autres pays. Les autres pays risquent de prendre à leur
tour des mesures protectionnistes entraînant les pays dans une guerre commerciale qui va
rendre plus difficile les exportations et freiner tous les échanges (notamment par exemple les
échanges de technologie).
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