L`histoire de la pensée économique montre que l`analyse monétaire

publicité
XIe UNIVERSITÉ D’ÉTÉ
en Histoire, Philosophie et Pensée Économiques
lundi 1er – vendredi 5 septembre 2008
PARIS et ses environs SAINT-DENIS
L’apport de Karl Polanyi à l’analyse monétaire
Rémi STELLIAN
[email protected]
Doctorant au Centre des Recherches Économiques sur la Politique Publique
en Économie de Marché (EA-4146), Université Pierre Mendès-France,
Grenoble/France
&
Tuteur d’enseignement/Assistant de recherche auprès de
l’Université à Distance, Suisse (FS-CH)
1
L’apport de Karl Polanyi à l’analyse monétaire
Résumé
Cette communication mobilise la pensée de Karl Polanyi pour saisir quel contenu
conférer au concept « monnaie » tout en considérant cette dernière comme le postulat
fondamental sans lequel l’économie de marché est inconcevable. A ce propos, deux
propositions sont établies à partir des deux concepts-clé à la base de l’œuvre de Polanyi :
l’économie substantive et les formes d’intégration. Partant, ces deux propositions
débouchent sur l’inconcevabilité de l’économie de marché d’un point de vue logique. On
montre alors que trois règles articulées autour de l’unité de compte permettent de lever
cette inconcevabilité, de sorte à être désignées comme « monnaie ». Cette communication
est organisée en quatre sections pour parvenir à ce résultat. Les sections I et II établissent
chacune l’une des deux propositions à partir des deux concepts-clé de Polanyi. Puis, la
section III déduit, à partir des deux sections précédentes, l’inconcevabilité d’une
économie de marché d’un point de vue logique. Enfin, la section IV cherche à lever cette
inconcevabilité pour aboutir à la conception de la monnaie — en tant que postulat
fondamental — comme un ensemble de règles articulées autour de l’unité de compte.
Mots-clé : Karl Polanyi, monnaie comme un ensemble de règles, économie substantive,
formes d’intégration, unité de compte.
Classification JEL : B25, E42, P10.
Abstract
This paper relies on Polanyi’s thought in order to understand what the concept “money”
refers to while the latter is considered as the necessary precondition of a market economy.
To this purpose, it sets two proposals upon the two main concepts which are the core of
Polanyi’s work: the substantive meaning of “economic” and the forms of integration.
Thereafter, these two proposals lead to consider a market economy as inconceivable from
a logical point of view. Notwithstanding, we show that a set of three rules, which is based
on the unit of account, can avoid this problem, so as to be called “money”. This paper is
organized in four sections in order to achieve this result. Sections I and II set the two
proposals upon the two main concepts of Polanyi’s thought. Then, section III shows why
a market economy is inconceivable from a logical point of view, according to the above
two proposals. Finally, section IV aims at avoiding this problem, so as to consider money
— the necessary precondition of a market economy — as a set of rules based on the unit
of account.
Keywords: Karl Polanyi, money as a set of rules, substantive meaning of “economic”,
forms of integration, unit of account.
JEL classification: B25, E42, P10.

Je remercie Jean-Michel Servet et Sergio Rossi pour leurs commentaires sur une version
préliminaire de ce texte. Toujours est-il que les erreurs et insuffisances subsistantes ne leur sont
pas attribuables.
2
Introduction
Selon Schumpeter, l’analyse monétaire « renonce à l’idée que toutes les
caractéristiques essentielles de la vie économique peuvent être représentées par un
modèle d’économie de troc » (1983, p. 390). Dit autrement, l’analyse monétaire
considère que l’économie (de marché) est inconcevable en dehors d’un
présupposé précis, désigné comme « monnaie ».
Ainsi, cette dernière n’est pas définie à partir de fonctions surajoutées à une
économie (de marché) qui leur préexiste en vertu d’une théorie de la valeur. En
fait, cette démarche définissant l’analyse réelle échoue sur le plan de la cohérence
interne1. Ce faisant, la première tâche de l’analyse monétaire est de rechercher
quel autre contenu conférer au concept « monnaie » tout en considérant cette
dernière comme le postulat fondamental, c’est-à-dire sans lequel l’économie (de
marché) est inconcevable.
Pour accomplir cette tâche, une démarche possible consiste à se référer aux
économistes du passé. Il s’agit là d’une conception analytique de l’histoire de
l’analyse économique, selon laquelle « l’étude des textes, anciens ou récents (…)
peut contribuer au développement de la théorie économique moderne »
(Deleplace, 2007, p.
XXIV).
En effet, ces textes peuvent contenir et/ou fonder des
concepts, relations entre concepts et méthodes traitant ces relations qui, dans le
cas présent, sont susceptibles de saisir la monnaie comme postulat fondamental.
A ce propos, il est d’usage de mobiliser les œuvres de Marx, Keynes et
Schumpeter (Messori 1997). Cette communication cherche à montrer que
certaines recherches intellectuelles de Karl Polanyi sont également sous-jacentes à
une conception de la monnaie comme postulat fondamental.
Aussi devons-nous préciser qu’il n’est pas question de présenter la théorie
monétaire de Polanyi lui-même. Il s’agit d’une théorie « générale » dans la mesure
où elle saisit la monnaie en considérant les phénomènes sociaux comme un tout,
ce dans la quasi-totalité des contextes socio-historiques2. Dans le cas présent,
1
2
A ce propos, cf. Fisher (1983) et Cartelier (1985, 1991, 1996a, 1996b, 1998).
Pour une présentation de cette théorie, cf. Servet (1993, 1998), et Maucourant (1998).
Brièvement, trois éléments sont fondamentaux : les dettes, la mesure socialement établie de cellesci et le politique. Ses trois éléments, différents selon les contextes socio-historiques, structurent de
manière spécifique les usages monétaires de certains « objets quantifiables ». Ces usages sont au
nombre de trois, à savoir le compte, le paiement et la transaction.
3
l’objectif est beaucoup plus modeste, visant a contrario à élaborer une théorie de
la monnaie limitée aux seuls phénomènes relevant de l’économie et dont la
validité se limite aux contextes socio-historiques contemporains, caractérisés par
une économie de marché — et non, par exemple, une économie basée sur le don.
De la sorte, il s’agit moins de penser comme Polanyi que de penser avec Polanyi
(Sobel, 2006).
Plus précisément, il s’agit d’établir deux propositions à partir des deux
concepts-clé qui sont à la base de l’œuvre de Polanyi : l’économie substantive et
les formes d’intégration (Maucourant, 2005). On montre alors que ces deux
propositions débouchent sur l’inconcevabilité d’une économie de marché d’un
point de vue logique. Par la suite, on montre que cette inconcevabilité est en
mesure d’être levée par un ensemble de règles, de sorte que ces dernières soient
désignées comme « monnaie ».
Ces règles sont au nombre de trois et chacune s’articule autour de l’unité de
compte, à savoir i) l’utilisation de l’unité de compte elle-même, impliquant que
les échanges aient la forme de paiements, c’est-à-dire de biens et services en
contrepartie d’unités de compte ; ii) la représentation matérialisée de l’unité de
compte dans des objets — moyens de paiements — de sorte que leur circulation
rend les paiements effectifs ; et iii) le règlement des soldes déficitaires (exprimés
en unités de compte) à l’issue des paiements. Une telle conception de la monnaie
n’est pas nouvelle. Elle est déjà appuyée par un ensemble de textes, lesquels
cherchent à dépasser les problèmes posés par la formation de l’équilibre général
dans l’analyse réelle3. De la sorte, il est question d’aboutir à cette conception de la
monnaie selon une autre démarche — recourir analytiquement à l’histoire de
l’analyse économique — pour ainsi renforcer sa pertinence.
Cette communication est organisée en quatre sections. Les sections I et II
établissent chacune l’une des deux propositions à partir des deux concepts-clé de
Polanyi. Puis, la section III déduit, à partir des deux sections précédentes,
l’inconcevabilité d’une économie de marché d’un point de vue logique. Enfin, la
section IV cherche à lever cette inconcevabilité pour aboutir à la conception de la
monnaie — en tant que postulat fondamental — comme un ensemble de règles.
3
A titre d’exemple, cf. Cartelier (1991).
4
I. La première proposition établie à partir de l’œuvre de Polanyi
Cette première proposition est la suivante : l’économie — au sens de
« système » ou « organisation » économique — a pour finalité la satisfaction des
besoins au moyen de biens et services.
Outre ses réflexions sur la « grande transformation », c’est-à-dire « ce qui
est arrivé au monde moderne à travers la grande crise économique et politique des
années 1930-1945 » (Dumont, 1983, p. I), Polanyi cherche à améliorer l’appareil
conceptuel de l’analyse économique. Ainsi s’attache-t-il à réviser le contenu du
terme « économie ». Selon l’auteur, l’économie ne désigne pas seulement un type
particulier de comportement, celui relatif « au choix entre des usages alternatifs de
moyens insuffisants » (Polanyi, 1957a, p. 243, traduit par nous). Outre ce sens
formel, amplement répandu depuis Robbins (1932), l’économie désigne également
un « système », une « organisation » qui manifeste une « “réalité véritable” (…)
sous une forme sociale concrète »4 (Godelier, 1975, p. 14).
A partir d’une démarche empirique reposant sur une série d’études sociohistoriques5, Polanyi propose alors le sens substantif pour caractériser cette
dimension organisationnelle de l’économie :
« Le sens substantif tire son origine de la dépendance de l’homme par rapport à
la nature et à ses semblables pour assurer sa survie. Il renvoie à l’interaction entre
l’homme et son environnement naturel et social, de sorte à lui fournir les moyens
matériels de satisfaire ses besoins » (Polanyi, 1957a, p. 243, traduit par nous).
Ainsi, un ensemble d’interactions homme/nature et homme/société désigne
l’organisation économique. Or, cette dernière a pour finalité la satisfaction des
besoins. A ce propos, deux précisions sont nécessaires. D’une part, les besoins ne
se confondent pas avec l’utilité. Il s’agit là d’un concept dont la dimension
quantitative — c’est-à-dire qu’il se prête à la numération — sert à construire
d’autres concepts comme des grandeurs. Que l’analyse économique porte
essentiellement sur des grandeurs constitue effectivement son trait distinctif par
rapport aux autres savoirs (Cartelier, 1985, 1996a). Au contraire, le concept de
besoin a une dimension éminemment qualitative et, de fait, ne vise pas à doter
l’économiste d’un principe de quantification. En fait, rien n’empêche un tel
En retour, limiter à l’économie à un type particulier de comportement revient à se focaliser
uniquement sur la forme d’organisation économique où ce comportement prédomine : le marché.
A ce propos, cf. Polanyi (1957a) et Sobel (2006).
4
5
Pour une discussion sur une telle démarche, cf. Godelier (1975).
5
principe de co-exister avec le concept de besoin. Néanmoins, ce ne peut pas être
l’utilité car cette dernière entre en contradiction avec le concept de besoin : celuici accorde le primat à l’idée d’un « minimum vital », tandis que celle-là l’exclut
(Schumpeter, 1983).
D’autre part, la satisfaction des besoins s’effectue, selon Polanyi,
uniquement à partir des « moyens matériels » procurés par la nature, c’est-à-dire
les biens à la dimension physique. L’auteur souligne :
« Les moyens et non les besoins sont matériels. Que les moyens matériels soient
destinés à lutter contre la faim ou sont requis pour des motifs d’éducation, militaire
ou religieux est sans rapport. A partir du moment où la satisfaction des besoins
dépend de moyens matériels, la référence est à l’économique »6 (in Stanfield, 1986,
p. 34, traduit par nous).
Seulement, réduire l’économie aux seuls biens n’est pas sans ambigüité,
ainsi que le note Godelier. D’une part, « réduire l’activité économique à la
production, la répartition et la consommation de biens, c’est l’amputer du champ
immense de la production et de l’échange de services » (1966, p. 235). Mais
d’autre part, Polanyi devait avoir conscience que « si est économique la
production des services alors l’économique absorbe et explique toute la vie
sociale, la religion, la parenté, la politique, la connaissance » (ibid., p. 237). Lever
cette ambigüité est possible, à condition de considérer qu’un service est
économique seulement s’il s’inscrit dans un échange marchand — c’est-à-dire un
échange qui n’est pas régie par des finalités à l’origine extra-économique, comme
évoqué dans la section suivante. De la sorte, le caractère économique ou non d’un
service dépend de chaque contexte socio-historique, selon le primat accordé ou
non à l’échange marchand (Dumont, 1985).
Au final, Polanyi invite bel et bien à considérer que l’organisation
économique a pour finalité la satisfaction des besoins au moyen de biens et
services. Une seconde proposition est également envisagée.
II. La seconde proposition établie à partir de l’œuvre de Polanyi
Cette seconde proposition est la suivante : outre l’échange marchand,
différentes formes de circulation des biens et services sont possibles pour
procéder à la satisfaction des besoins.
6
Pour les mêmes propos formulées différemment, cf. Polanyi, Arensberg & Pearson (1957b).
6
Un ensemble d’interactions homme/nature et homme/société désigne
l’organisation économique. Dans le second cas, il est fait référence à un ensemble
de rapports entre individus, c’est-à-dire de rapports sociaux. Assurément, à moins
de supposer que chacun puisse produire de manière autonome tous les biens et
services nécessaires, « le point de départ fondamental est l’analyse de l’économie
comme un processus social » (Polanyi in Stanfield, 1986, p. 48, traduit par nous).
Or, Polanyi et alii soutiennent : « il n’existe qu’un nombre restreint de
modèles [de rapports sociaux] pour organiser les moyens de subsistance de
l’homme » (Polanyi, Arensberg & Pearson, 1957a, p. 39, traduit par nous). Ces
modèles sont appelés formes d’intégration par Polanyi et, à l’instar de la
définition substantive de l’économie, sont également obtenus selon une démarche
empirique7. Ainsi l’auteur écrit : « [d]e manière empirique, nous constatons que
les principaux modèles sont la réciprocité, la redistribution et l’échange » (1957a,
p. 251, traduit par nous). Ces rapports sociaux présentent trois caractéristiques : i)
ils se rattachent à la circulation des biens et services8 ; ii) ils ne correspondent
aucunement aux différentes étapes d’un schéma évolutionniste ; et iii) ils coexistent, ce de manière différente selon l’organisation économique étudiée
(Maucourant, 2001, 2005).
Polanyi définit ainsi la réciprocité : « [t]ous les échanges s’effectuent
comme des dons gratuits dont on attend qu’ils soient payés en retour, quoique pas
nécessairement par le même individu » (1983, p. 76). L’auteur cite en exemple les
Trobriandais de Mélanésie occidentale :
« L’homme qui pourvoit aux besoins de sa sœur et de la famille de celle-ci en
leur donnant le meilleur de sa récolte, y gagnera essentiellement le crédit dû à sa
bonne conduite, mais ne recueillera en échange que peu d’avantages matériels
immédiats (…) Le principe de réciprocité fonctionnera au bénéfice de sa femme et
des enfants de cette dernière, et lui assurera ainsi le dédommagement économique de
son geste de vertu civique » (ibid., p. 77).
Selon Stanfield : « l’un des résultats essentiels de Trade and Market in the Early Empires est que
les séries ethnographiques montrent l’existence d’un petit nombre de modèles selon lesquels
l’économie est organisée » (1986, p. 55, traduit par nous).
7
8
Partant, Polanyi fait abstraction des rapports de production. A ce propos, cf. Maucourant (2000).
Par ailleurs, Servet (2007) invite à ne pas caractériser réciprocité, redistribution et échange comme
différents modes de circulation des biens et services, de sorte à les désigner comme « principes »
et non comme « formes » d’intégration. En l’occurrence, cette distinction serait nécessaire pour
appréhender des économies dites « solidaires ». Dans le cadre de cette communication, nous ne
procéderons pas à une telle désignation, bien qu’elle mérite réflexion et analyse critique.
7
De la même manière, Polanyi définit ainsi la redistribution : « [c]’est le
modèle (…) de la collecte, de l’emmagasinage et de la redistribution des biens et
services » (ibid., p. 78). A nouveau, l’auteur cite en exemple les Trobriandais de
Mélanésie occidentale :
« Une partie considérable de tout le produit de l’île est remis au chef (chief), qui
l’emmagasine, par les chefs (headmen) de village. Mais comme toute l’activité en
commun tourne autour des festins, des danses et des autres occasions qu’ont les
insulaires de se recevoir les uns les autres comme de régaler leurs voisins des autres
îles (…), l’énorme importance du système de l’emmagasinage devient évidente »
(ibid., p. 77).
Or, il est important de noter que i) ces deux formes d’intégration sont régies
par des finalités à l’origine extra-économique ; et ii) ces finalités sont compatibles
avec celle de l’économie, à savoir la satisfaction des besoins. D’une part, ces deux
formes d’intégration sont régies par des finalités à l’origine extra-économique
dans la mesure où :
« [L]a production et la distribution ordonnées des biens étaient assurées grâce à
toutes sortes de mobiles individuels disciplinés par des principes généraux de
comportement. (…) La coutume et le droit, la magie et la religion induisaient de
concert l’individu à se conformer à des règles de comportement » (ibid., p. 86).
D’autre part, ces finalités sont compatibles avec la satisfaction des besoins dans la
mesure où :
« Ni le processus de la production ni celui de la distribution n’est lié à des
intérêts économiques spécifiques attachés à la possession de biens [et services] ;
mais chaque étape de ce processus s’articule sur un certain nombre d’intérêts
sociaux qui garantissent en définitive que l’étape nécessaire sera franchie. Ces
intérêts seront très différents dans une petite communauté de chasseurs ou de
pêcheurs et dans une vaste société despotique, mais, dans les deux cas, le système
économique sera géré en fonction de mobiles non économiques. (…) [T]outes les
obligations sociales sont à long terme réciproques et (…) en les observant l’individu
sert également au mieux ses intérêts “donnant-donnant” » (ibid., p. 75).
Bref, « la communauté évite à tous ses membres de mourir de faim, sauf si
la catastrophe l’accable elle-même, auquel cas c’est encore collectivement, et non
pas individuellement, que les intérêts sont menacés »9 (ibid., p. 75). C’est
justement l’absence de tels finalités à l’origine extra-économique qui caractérise
la troisième forme d’intégration, l’échange, ou plus précisément l’échange
marchand. A la différence des deux autres formes d’intégration, celle marchande
n’est pas régie par les finalités en question (Maucourant, 2006 ; Servet, 2006).
Ainsi, la motivation des participants à l’échange marchand n’est plus extra9
Assurément, cette satisfaction sera différente selon les individus, toujours en raison de
considérations extra-économiques (Maucourant, 2005 ; Servet, 2006, 2007).
8
économique — ou ne le reste que secondairement10 (Polanyi, 1957a, 1957b,
1983). L’échange marchand se caractérise par « le divorce entre un mobile
économique séparé et les relations sociales auxquelles [d]es limitations [sont]
inhérentes » (Polanyi, 1983, p. 85).
Cette caractérisation de l’échange marchand s’avère déterminante pour
notre démonstration. Au final, Polanyi invite bel et bien à considérer que
l’échange marchand n’est qu’une forme parmi d’autres de circulation des biens et
services pour procéder à la satisfaction des besoins.
III. L’inconcevabilité de l’économie de marché
Comme susmentionné, les trois formes d’intégration se combinent
différemment selon l’organisation économique étudiée. Or, une combinaison où
l’échange marchand est majoritaire définit l’économie de marché. Bien que la
complexité du réel invite à ne pas se limiter à cette dimension (Latouche, 1998 ;
Boyer, 2004), celle-ci s’avère néanmoins essentielle (Poulain, 1998). Aussi,
l’économie de marché n’a pas toujours eu lieu, mais ne relève que de la période
contemporaine11. Ceci est souligné par Polanyi :
« [A]vant notre époque, aucune économie n’a jamais existé qui fût, même en
principe, sous la dépendance des marchés. (…) Quoique l’institution du marché ait
été tout à fait courante depuis la fin de l’Âge de pierre, son rôle n’avait jamais été
que secondaire dans la vie économique. (…) Alors que l’histoire et l’ethnographie
connaissent l’existence de divers types d’économie, dont la plupart comportent
l’institution des marchés, elles n’ont connaissance d’aucune économie antérieure à
la nôtre qui soit, même approximativement, dirigée et réglée par les marchés »
(1983, pp. 71-72).
Pourtant, eu égard aux deux propositions précédentes, l’économie de
marché est inconcevable d’un point de vue logique. Il convient de mettre en
exergue une telle inconcevabilité.
En présentant la seconde proposition, la section précédente s’achève en
soulignant que l’échange marchand est détaché de finalités à l’origine extraéconomique, contrairement aux deux autres formes d’intégration. Par conséquent,
la finalité de l’échange marchand est nécessairement de nature économique. Or,
Cette caractérisation de l’échange marchand conduit Polanyi à faire la distinction entre
« commerce » et « marché » (Polanyi, 1957c).
10
Pour une discussion sur les causes de l’économie de marché, faisant intervenir les notions de
« marchandises fictives » et de « marché autorégulateur », cf. Dumont (1983), Servet (1993, 1998),
Hadjian (1998), Roustang (1998) et Plociniczak (2006), ainsi que Polanyi lui-même (1983).
11
9
en vertu de la première proposition, la finalité de l’économie n’est pas autre chose
que la satisfaction des besoins. Par conséquent, un bien ou un service est destiné à
l’échange marchand uniquement en contrepartie d’un autre bien ou d’un autre
service12.
Néanmoins, il est impossible pour les biens et services de circuler ainsi les
uns en contrepartie des autres13, contrairement à l’idée largement répandue du
« troc » (Billaudot, 1996). Si une quantité quelconque d’un bien ou d’un service
doit s’échanger contre une quantité quelconque d’un autre bien ou d’un autre
service, cela implique l’établissement d’une « équivalence » entre ces deux
quantités de ces deux biens/services. Or, de tels équivalences sont irréalisables —
du moins ne peuvent être qu’accidentelles — car les biens et services sont par
définition hétérogènes. Comment savoir si x mètres d’un tissu de matière m, à
l’épaisseur, à la couleur c et ainsi de suite, c’est-à-dire dont les caractéristiques
sont énumérables à l’infini, est « équivalent » avec une quantité d’un autre bien ou
d’un autre service dont les caractéristiques sont également énumérables à l’infini ?
Ainsi, à ce stade du raisonnement, le problème de l’équivalence rend
l’échange marchand impossible. Pourtant, la première proposition rappelle qu’il
faut malgré tout procéder à la satisfaction des besoins. C’est pourquoi l’économie
de marché s’enferme dans une contradiction : d’une part, la satisfaction des
besoins dans une économie de marché s’effectue nécessairement par l’échange
marchand ; mais d’autre part, ce dernier est impossible du fait de ses
caractéristiques mêmes, c’est-à-dire comme forme d’intégration détachée de toute
finalité à l’origine extra-économique. C’est pourquoi, du fait de cette
contradiction, l’économie de marché est inconcevable d’un point de vue logique.
Lever cette inconcevabilité est donc nécessaire, ce qui fait l’objet de la section
suivante.
A noter que, dans le cadre de l’économie de marché, un bien ou un service fait l’objet d’une
décision privée quant à sa production et son échange. Il n’est donc pas présupposé avant toute
considération sur l’organisation économique — postulat de nomenclature — à l’instar de l’analyse
réelle (Benetti & Cartelier, 1980 ; Cartelier, 1985, 1996a).
12
Ce paragraphe s’inspire de Aglietta (1988), tout en s’apparentant à Marx dans les premières
pages de son ouvrage Le capital. Néanmoins, alors que Marx en déduit la nécessité d’introduire le
concept de travail abstrait, là n’est pas notre démarche, en raison des ambiguïtés et incohérences
qui entourent malheureusement ce concept. A ce propos, cf. Maunoury (1982) et Deleplace (2007).
13
10
Préalablement, une précision peut être apportée. Évoquer l’échange
(marchand) de biens et services les uns en contrepartie des autres ne doit pas faire
croire à un rapprochement avec l’analyse réelle, pour deux raisons :
1. L’analyse réelle évoque l’échange de biens et services les uns en
contrepartie des autres au moyen du postulat initié par Smith, celui « d’un
certain penchant naturel à tous les hommes (…) à trafiquer, à faire des
trocs et des échanges d’une chose pour une autre » (1991, p. 81). Ici,
l’échange de biens et services les uns en contrepartie des autres n’est pas
introduit par un tel postulat et a contrario constitue le conséquent d’un
raisonnement déductif s’appuyant sur l’œuvre de Polanyi.
2. Le même raisonnement établit que l’échange de biens et services les uns
en contrepartie des autres est impossible, du fait du problème de
l’équivalence. Justement,
l’analyse réelle nie
a contrario
cette
impossibilité au moyen d’un autre postulat, à savoir une théorie de la
valeur. En l’occurrence, les bien et services se caractérisent préalablement
à l’échange par une grandeur en utilité ou en travail — leur valeur —
pour ainsi s’échanger si ces grandeurs s’égalisent (Cartelier, 1985, 1996a).
Cela débouche néanmoins sur des problèmes de cohérence interne, comme
évoqué dans l’introduction, de sorte que cette démarche n’est pas suivie.
IV. La monnaie comme ensemble de règles pour lever l’inconcevabilité de
l’économie de marché
Lever l’inconcevabilité de l’économie de marché nécessite que les biens et
services trouvent une équivalence autrement que les uns par rapport aux autres. A
ce propos, il convient d’introduire l’unité de compte. Cette dernière ne correspond
pas à un bien ou un service : « euro » ou « dollar » correspondent uniquement à de
pures abstractions. Cela a deux conséquences décisives qui justifient précisément
le recours à l’unité de compte.
D’une part, si l’unité de compte n’est pas un bien, elle ne se heurte pas au
problème de l’énumération infinie de ses caractéristiques. Au contraire, il est
seulement possible de la soumettre à la numération : 1 « euro », 2 « euros » ou 2,5
« euros », et ainsi de suite (Ganßmann, 1988). De la sorte, au lieu d’établir une
équivalence entre deux quantités de deux biens/services, il s’agit d’établir une
11
équivalence entre toute quantité d’un bien ou d’un service et une quantité d’unités
de compte (Courbis, Froment & Servet, 1990).
D’autre, part, fonder une telle équivalence est possible car, en tant que pure
abstraction, l’unité de compte s’apparente au langage : elle communique des
informations et des significations. Sa spécificité est que les informations et les
significations communiquées sont relatives aux biens et services. De la sorte, tout
bien ou service, quelles que soient ses caractéristiques, peut être réduit à une
quantité d’unités de compte (Wennerlind, 2001). Bref, l’unité de compte procède
à une réduction du qualitatif au quantitatif (Théret, 1993). A noter que cette
conception est partagée par Polanyi dans sa théorie générale de la monnaie, celuici identifiant l’unité de compte comme un « système sémantique »14.
Certes, une telle médiation de l’unité de compte est nécessaire, mais elle
n’est pas suffisante. Poursuivant notre raisonnement, toute quantité d’un bien ou
d’un service ne s’échange pas contre toute quantité d’un autre bien ou d’un autre
service, mais contre une quantité d’unités de compte ; un tel échange est appelé
paiement (Boyer-Xambeu, Deleplace & Gillard, 1990). Toutefois, comme
susmentionné, l’unité de compte n’est qu’une pure abstraction. Comme telle, elle
ne relève que de l’activité mentale et, subséquemment, ne peut pas faire l’objet
d’un échange (Ganßmann, 1988).
Pour qu’il en soit ainsi, il faut a contrario que l’unité de compte soit dotée
d’une certaine matérialité, c’est-à-dire que des « objets » puissent la représenter.
Par exemple, si x grammes d’or sont fondus et frappés pour ainsi représenter y
unités de compte15, un paiement de y unités de compte sera rendu effectif par le
transfert d’un individu à un autre de ces x grammes d’or fondus et frappés16
(Cartelier, 1996a, 1996b). Précisons que le terme « objet » vise à mettre en
évidence que i) l’or n’est plus un bien, mais une représentation matérialisée de
l’unité de compte au moyen de sa fonte et de sa frappe (Cartelier, 1996a) ; donc
ii) il n’est pas question d’échanger un bien ou un service contre un autre et ainsi
rencontrer le problème de l’équivalence, comme décrit dans la section précédente.
14
A ce propos, cf. Stanfield (1986) et Maucourant (2005).
Autre chose est de savoir si cette représentation est acceptée, voire si l’unité de compte ellemême est acceptée. Pour un aperçu, cf. Théret (2008).
15
Effectuer les paiements par des relations de dettes est également possible, mais s’avère
problématique. A ce propos, cf. Cartelier (1996b).
16
12
Autre exemple, il est envisageable que des écritures comptables puissent
matérialiser l’unité de compte. Les paiements sont alors rendus effectifs par les
jeux d’écritures entre les comptes des individus. A nouveau, l’utilisation du terme
« objet » est à souligner car ces écritures ne sont ni des biens ni des services, mais
bel et bien une représentation matérialisée de l’unité de compte. Finalement, il
faut retenir que l’échange de biens et services contre des unités de compte — les
paiements — requiert un ensemble d’objets dont la possession par les individus
représente celle d’unités de compte, de sorte que chaque paiement est rendu
effectif par le transfert des objets en question ; ces objets sont appelés moyens de
paiement (Boyer-Xambeu, Deleplace & Gillard, 1990).
Toujours est-il qu’il convient d’introduire initialement les moyens de
paiement dans l’économie. Dans le cadre du premier exemple, un « hôtel des
monnaies » fond et frappe les avoirs en or des individus. Dans le cadre du second
exemple, des entités spécifiques — désignées comme « banques » — introduisent
les moyens de paiement sous formes d’écritures comptables lors de l’octroi de
crédits aux agents17 (Cartelier, 1996a, 1996b). Toutefois, rien ne garantit le
remboursement du crédit, de sorte qu’il existe des soldes déficitaires. Il convient
de régler ces soldes (sinon, le crédit perd logiquement sa raison d’être). Ce
règlement peut s’effectuer à partir de mises en faillites, de liquidations,
d’acquisitions, etc. Il est également possible de reporter le règlement du solde à
une date ultérieure, à travers des opérations de refinancement des banques.
Néanmoins, cette dernière possibilité signifie seulement reconnaître une capacité
de remboursement du crédit sur une plus longue période ; cela ne dispense pas du
remboursement en question (Ülgen, 1995 ; Cartelier, 1996a, 1996b).
En définitive, l’économie de marché ne peut fonctionner qu’à partir de trois
règles résolument articulées autour de l’unité de compte18 :
1. L’utilisation de l’unité de compte elle-même, impliquant que les échanges
aient la forme de paiements, c’est-à-dire de biens et services en
contrepartie d’unités de compte et non de biens et services les uns en
contrepartie des autres.
17
Cela fait écho à la théorie monétaire de Schumpeter. A ce propos, cf. Messori (1987). Par
ailleurs, le salariat peut être introduit à ce stade du raisonnement, à l’instar de Taouil (1997).
De la sorte, l’unité de compte est bien la clé de voûte de la théorie de la monnaie (Ingham,
2000), comme souligné par Keynes (1930).
18
13
2. La matérialisation de l’unité de compte dans des moyens de paiement en
vue de rendre les paiements effectifs, ainsi qu’une procédure pour
introduire initialement les moyens de paiement dans l’économie.
3. Le règlement des soldes déficitaires, lorsque les moyens de paiement sont
obtenus à crédit.
Aussi, ces trois règles sont désignées comme « monnaie ». En effet, comme
évoqué dans l’introduction, il est question de procéder à une telle désignation
envers l’élément sans lequel l’économie de marché est inconcevable. La
mobilisation de l’œuvre de Polanyi a permis d’aboutir à ce résultat.
Conclusion
Cette communication cherche à saisir la monnaie comme postulat
fondamental de l’économie de marché à partir des deux concepts-clé à la base de
l’œuvre de Polanyi : l’économie substantive et les formes d’intégration.
Polanyi inspire deux propositions qui débouchent sur l’inconcevabilité de
l’économie de marché d’un point de vue logique : l’impossibilité d’une telle
économie à permettre la satisfaction des besoins, du fait des caractéristiques
mêmes de l’échange marchand, c’est-à-dire comme forme d’intégration qui n’est
pas régie par des finalités à l’origine extra-économique. L’introduction de trois
règles permet de lever cette inconcevabilité, de sorte à désigner ces dernières
comme « monnaie ». Ainsi, il s’agit d’une conception institutionnaliste de la
monnaie (Aglietta & Cartelier, 1998) qui est déduite de l’œuvre de Polanyi.
Remarquons que, en introduisant ces trois règles définissant la monnaie, la
satisfaction des besoins est conditionnée à la capacité de chacun à disposer de
moyens de paiement en suffisance. Eux seuls permettent l’acquisition de biens et
services pour la satisfaction des besoins. C’est pourquoi l’accumulation de
moyens de paiement peut être recherchée pour elle-même. Ici se retrouve la
chrématistique d’Aristote, c’est-à-dire l’idée d’un échange marchand « contrenature » car détaché de la satisfaction des besoins et à laquelle Polanyi accorde
beaucoup d’importance (1957b). Seulement, l’auteur redoute :
« Le mécanisme que le mobile du gain mit en branle ne peut se comparer pour
ses effets qu’à la plus violente des explosions de ferveur religieuse qu’ait connues
l’histoire. Dans l’espace d’une génération, tout le monde habité fut soumis à son
influence corrosive » (1983, p. 54).
14
En dépit de l’éventuelle « dramatisation » à laquelle se livre Polanyi
(Dumont, 1983 ; Robbins, 2006), ses propos méritent malgré tout réflexion.
Références
Aglietta M. (1988), « L’ambivalence de l’argent », Revue française d’économie, vol. 3, n° 3, pp.
87-133.
Aglietta M. & Cartelier J. (1998), « Ordre monétaire des économies de marché », in Aglietta M. &
Orléan A. (1998) [dir.], La monnaie souveraine, Paris : Odile Jacob, pp. 129-157.
Benetti C. & Cartelier J. (1980), Marchands, salariat et capitalistes, Paris : Maspero.
Billaudot B. (1996), L'ordre économique de la société moderne. Un réexamen de la théorie de la
régulation, Paris : L’Harmattan.
Boyer R. (2004), Théorie de la régulation, tome I Les fondamentaux, Paris : La Découverte.
Boyer-Xambeu M.-T., Deleplace G. & Gillard L. (1990), « Vers une typologie des régimes
monétaires », Cahiers d'économie politique, n° 10, pp. 31-60.
Cartelier J. (1985), « Théorie de la valeur ou hétérodoxie monétaire : les termes d'un choix »,
Économie appliquée, vol. 38, n° 1, pp. 63-83.
Cartelier J. (1991), « Monnaie et système de paiement : le problème de la formation de
l'équilibre », Revue française d'économie, vol. 6, n° 3, pp. 3-37.
Cartelier J. (1996a), La monnaie, Paris : Flammarion.
Cartelier J. (1996b), « Payment Systems and Dynamics in a Monetary Economy », in Deleplace G.
& Nell E. J. [eds.], Money in Motion. The Post Keynesian and Circulation Approaches,
New York : St Martin's Press, London : Macmillan Press, pp. 200-237.
Cartelier J. (1998), « Monnaie et comportements au marché : de l’interdépendance à la viabilité »,
in Vinokur A. [dir.], Décisions économiques, Paris : Economica, pp. 129-144.
Courbis B., Froment E. & Servet J.-M. (1990), « A propos du concept de monnaie », Cahiers
d'économie politique , n° 18, pp. 5-29.
Deleplace G. (2007), Histoire de la pensée économique. Du “royaume agricole” de Quesnay au
“monde à la Arrow-Debreu”, Paris : Dunod.
Dumont L. (1983), « Préface », in Polanyi K., La Grande Transformation. Aux origines politiques
et économiques de notre temps, Paris : Gallimard.
Dumont L. (1985), Homo aequalis, tome I Genèse et épanouissement de l'idéologie économique,
Paris : Gallimard.
Fisher F. M. (1983), Disequilibrium Foundations of Equilibrium Economics, Cambridge :
Cambridge University Press.
Ganßmann H. (1988), « Money – A Symbolically Generalized Medium of Communication ? On
the Concept of Money in Recent Sociology », repris in Ingham G. (2005) [ed.], Concepts
of Money. Interdisciplinary Perspectives from Economics, Sociology and Political
Science, Cheltenham/Northampton : Edward Elgar, pp. 148-179.
Godelier M. (1966), Rationalité et irrationalité en économie, Paris : Maspero.
Godelier M. (1975), « Présentation », in Polanyi K. & Arensberg C. [eds.], Les systèmes
économiques dans l’histoire et dans la théorie, Paris : Larousse Université, pp. 9-32.
Hadjian J. (1998), « L’actualité paradoxale de La Grande Transformation », in Servet J.-M.,
Maucourant J. & Tiran A. [dir.], La modernité de Karl Polanyi, Paris : L'Harmattan, pp.
159-175.
Ingham G. (2000), « “Babylonian Madness” : On the Historical and Sociological Origins of
Money », in Smithin J. [ed.], What is money ?, London/New York : Routledge, pp. 16-41.
15
Keynes J. M. (1930), A Treatise on Money in Two Volumes, tome I The Pure Theory of Money,
repris in Robinson A. [ed.], The Collected Writings of John Maynard Keynes, vol. V,
London : MacMillan/St Martin’s Press for the Royal Economic Society.
Latouche S. (1998), « Société marchande et société de marché », in Servet J.-M., Maucourant J. &
Tiran A. [dir.], La modernité de Karl Polanyi, Paris : L'Harmattan, pp. 147-158.
Maucourant J. (1998), « Karl Polanyi et l’économie historique de la monnaie », in Servet J.-M.,
Maucourant J. & Tiran A. [dir.], La modernité de Karl Polanyi, Paris : L'Harmattan, pp.
327-359.
Maucourant J. (2000), « Polanyi, lecteur de Marx », Actuel Marx, n° 27, pp. 133-152.
Maucourant J. (2001), « Une lecture de Karl Polanyi », L'Économie Politique, vol. 4, n°12, pp. 90106.
Maucourant J. (2005), Avez-vous lu Polanyi ?, Paris : La Dispute.
Maucourant J. (2006), « Le marché, une institution entre économie et histoire », Cahiers Lillois
d'Économie et de Sociologie, Hors-Série « Penser la marchandisation du monde avec Karl
Polanyi ».
Maunoury J.-L. (1982), « Théorie marxiste de la valeur et normes sociales de valorisation »,
Cahiers d’économie politique, n° 9, pp. 85-107.
Messori M. (1987), « L’offre et la demande de crédit chez Schumpeter », Cahiers d’économie
politique, n° 13, pp. 131-152.
Messori M. (1997), « Histoire de l’analyse économique et économie politique. A propos des
Cahiers d’économie politique », Cahiers d’économie politique, n° 29, pp. 7- 19.
Plociniczak S. (2006), « Karl Polanyi, les marchés et l’embeddedness. La Grande Transformation
en question », Cahiers Lillois d'Économie et de Sociologie, Hors-Série « Penser la
marchandisation du monde avec Karl Polanyi ».
Polanyi K. (1957a), « The Economy As instituted Process », in Polanyi K., Arensberg C. M. &
Pearson H. W. [eds.], Trade and Market in the Early Empires. Economies in History and
Theory, Glencoe : Free Press, pp. 243-270.
Polanyi K. (1957b), « Aristotle Discovers The Economy », in Polanyi K., Arensberg C. M. &
Pearson H. W. [eds.], Trade and Market in the Early Empires. Economies in History and
Theory, Glencoe : Free Press, pp. 64-94.
Polanyi K. (1957c), « Marketless Trading in Hammurabi’s Time », in Polanyi K., Arensberg C. M.
& Pearson H. W. [eds.], Trade and Market in the Early Empires. Economies in History
and Theory, Glencoe : Free Press, pp. 12-26.
Polanyi K. (1983), La Grande Transformation. Aux origines politiques et économiques de notre
temps, Paris : Gallimard.
Polanyi K., Arensberg C. M. & Pearson H. W. (1957a) [eds.], Trade and Market in the Early
Empires. Economies in History and Theory, Glencoe : Free Press.
Polanyi K., Arensberg C. M. & Pearson H. W. (1957b), « The Place of Economies in Societies »,
in Polanyi K., Arensberg C. M. & Pearson H. W. [eds.], Trade and Market in the Early
Empires. Economies in History and Theory, Glencoe : Free Press, pp. 239-242.
Poulain E. (1998), « Les usages de la monnaie : donner, contribuer, échanger… », in Servet J.-M.,
Maucourant J. & Tiran A. [dir.], La modernité de Karl Polanyi, Paris : L'Harmattan, pp.
273-297.
Robbins L. (1932), An Essay on the Nature and Significance of Economic Science, London :
MacMillan.
Robbins R. H. (2006), « Le paradoxe de Polanyi revisité : un essai de reconceptualisation du
processus d'accumulation du capital », Cahiers Lillois d'Économie et de Sociologie, HorsSérie « Penser la marchandisation du monde avec Karl Polanyi ».
16
Roustang G. (1998), « Grande Transformation ou “alliage sans formule précise” ? », in Servet J.M., Maucourant J. & Tiran A. [dir.], La modernité de Karl Polanyi, Paris : L'Harmattan,
pp. 177-191.
Schumpeter J. A. (1983a), Histoire de l’analyse économique, tome I L’âge des fondateurs : des
origines à 1790, Paris : Gallimard.
Servet J.-M. (1993), « L’institution monétaire de la société selon Karl Polanyi », Revue
économique, vol. 44, n° 6, pp. 1127-1149.
Servet J.-M. (1998), « Monnaie et lien social selon Karl Polanyi », in Servet J.-M., Maucourant J.
& Tiran A. [dir.], La modernité de Karl Polanyi, Paris : L'Harmattan, pp. 227-272.
Servet J.-M. (2006), « Le marché, une évidence à revisiter. Parties vivantes et en débat de l’œuvre
de Karl Polanyi », Cahiers Lillois d'Économie et de Sociologie, Hors-Série « Penser la
marchandisation du monde avec Karl Polanyi ».
Servet J.-M. (2007), « Le principe de réciprocité chez Karl Polanyi », Revue Tiers Monde, nº 190,
pp. 255- 274.
Smith A. (1991), Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, Paris :
Gallimard.
Sobel R. (2006), « Penser comme ou penser avec Karl Polanyi ? », Cahiers Lillois d'Économie et
de Sociologie, Hors-Série « Penser la marchandisation du monde avec Karl Polanyi ».
Stanfield J. R. (1986), The Economic Thought of Karl Polanyi. Lives and Livelihood,
Basingstoke : Macmillan.
Taouil R. (1997), « Approche monétaire et rapport salarial », Cahiers d’économie politique, n°
29, pp. 71-80.
Théret B. (1993), « Les médiations symboliques entre économie et politique. Simmel au delà et en
deçà de Marx », in Grenier J.-Y. et alii [eds.], A propos de "Philosophie de l'argent" de
Georg Simmel, Paris : L’Harmattan, pp. 189-216.
Théret B. (2008) [dir.], La monnaie dévoilée par ses crises, tome I Crises monétaires d’hier et
d’aujourd’hui, Paris : Éditions de l’EHESS.
Ülgen F. (1995), « Endogénéités de la monnaie. Fondements et définitions d’un concept : un bilan
critique », Économie appliquée, vol. 48, n°4, pp. 29-59.
Wennerlind C. (2001), « Money Talks, but What Is It Saying? Semiotics of Money and Social
Control », Journal of Economic Issues, vol. 35, n° 3, pp. 557-574.
Téléchargement