Gunnar Skirbekk et Nils Gilje

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Gunnar Skirbekk et Nils Gilje
UNE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE OCCIDENTALE
traduite par Jean-Luc Gautero, Angélique Merklen, Jacqueline Boniface
2010, Hermann éditeurs, 6 rue de la Sorbonne, 75005 Paris
Gunnar Skirbekk et Nils Gilje sont professeurs de philosophie à l’Université de Bergen,
Norvège (page personnelle de GS, version française, www.uib.no/People/hsvgs)
Ce livre existe en 14 langues : norvégien (nynorsk, première édition 1970, huitième édition
2007), allemand (Suhrkamp, 1993), danois (1995), suédois (1995), norvégien (bokmål, 1996),
islandais (1999), russe (2000), anglais (Routledge, 2001), ouzbek (2002), chinois (2004), tadjik
(2004), turc (2004), français (2010), iranien (2010).
Profil/héritage philosophique
D’un côté, argumentatif (voir, philosophie analytique), de l’autre côté, « situé » historiquement
(voir, philosophie dite continentale). Voir la position géoculturelle de la Scandinavie, entre le
monde anglo-saxon et le continent.
Tout court : « Habermasien », mais pluraliste ; voir l’avertissement de Jean-Luc Gautero (cijoint).
Genèse
Le livre est créé par recherche philosophique et d’expérience pédagogique, et par un échange
d’idées et d’expériences (pendant des années) entre collègues et avec les étudiant(e)s.
Notions pédagogiques
(i)
Conception vaste de philosophie; inclus des idées (idéologies) politiques et
références aux sciences, les sciences de la nature mais aussi les sciences sociales et
de l’homme (aussi théologie et philosophie de droit). On y trouve des noms comme
Marx, Freud et Darwin, aussi bien que Galilée, Newton, Vico et Adam Smith.
(ii)
Arguments et situations historiques : on focalise sur argumentation (avec différentes
prétentions de validité/vérité) et aussi sur les situations différentes (les contextes
différents).
(iii) Les ”réponses” philosophiques sont “situées”: pour comprendre des “réponses”, il
faut qu’on focalise sur les questions (et leurs présupposés) et les arguments, et aussi
sur les conséquences (implications) des différentes réponses. (Voir Thalès, qui
[peut-être] a dit que “tout est l’eau” – une « réponse » apparemment absurde, si l’on
ne regarde pas les [possibles] présupposés/questions, arguments, et conséquences.)
Donc, questions (présupposés), arguments, réponses, conséquences – pas seulement
les « réponses ». .
(iv)
On focalise sur les discussions chez un penseur ou entre plusieurs penseurs. (Par
exemple, entre les présocratiques, la transitions aux sophistes, ou les discussions
chez/entre Socrate/Platon et Aristote…) De cette façon, la lecture devient un
processus de l’apprentissage.
Traductions/évaluations
En Europe : Scandinavie (5 versions) – Allemagne, Russie (Ex-Union Soviétique; 3 éditions
35.000 exemplaires), Angleterre, et maintenant la France.
En Asie – toute la « voie de soie », de Xi’an par Samarkand à Bosphore – chinois (5 éditions
20.000 exemplaires), tadjik, ouzbek, iranien, turc (3 éditions).
En Ouzbekistan : après 9/11, une demande pour ce livre (but : modérer/moderniser les ésprits,
après la chute de l’Union Soviétique et avec l’extremisme religieux en face).
Évaluations données par des enseignants en Chine et à l‘Ex-Union Soviétique: « pourquoi
choisir ce livre ? » : (i) il est écrit par des philosophes contemporains, (ii) le livre va jusqu’à
notre temps, (iii) le livre a une conception vaste de philosophie avec des référence aux sciences
et idéologies politiques, (iv) pour les chinois : il y a des références aux penseurs chinois, pour
les russes (ex-soviétiques) : Marx est traité “comme les autres” – qu’ils soient Newton ou
Darwin – pas comme un dieu, ni négligé.
Avertissement
Quand Gunnar Skirbekk m’a déclaré chercher qui pourrait traduire
le livre qu’il a rédigé avec Nils Gilje A History of Western Philosophy,
en vue d’une publication chez Hermann, c’est avec grand plaisir que
j’ai accepté d’en superviser la traduction. Gunnar Skirbekk développe
sur le monde contemporain des réflexions philosophiques originales
et intéressantes ; il ne se cache pas de trouver chez Habermas l’une de
ses principales sources d’inspiration, mais il évite ce qui me semble
être la principale faiblesse de ce dernier, le caractère très général et
très abstrait de sa théorie. Des études de cas concrets lui permettent
de sortir d’une pensée binaire et dichotomique, pour prendre en
compte toute la richesse et la complexité du réel (peut-être s’agit-il là
d’une influence de Marcuse, dont il a été assistant dans sa jeunesse).
Je regrette donc que Gunnar Skirbekk ne soit pas à ce jour mieux
connu dans notre pays, et je souhaite que cette histoire de la philosophie
lui permette de trouver dans la francophonie la notoriété
qu’il mérite. Il ne s’agit bien sûr que d’un ouvrage d’introduction,
reprenant un cours à destination des étudiants qui, à l’Université de
Bergen, commencent l’étude de la philosophie. Ce n’est pas pour
autant un insipide manuel scolaire, qui prétendrait à une illusoire et
impossible objectivité : pour qui connaît un peu les conceptions de
Skirbekk, il est impossible de ne pas en trouver la trace dans la façon
dont au fil des pages les auteurs sont abordés. Mais, conformément
à sa pensée, sa présentation, qui n’est pas neutre, n’est pas non plus
une présentation partiale, comme a pu l’être celle de Russell dans un
ouvrage qui porte presque le même titre : Russell ne se gênait pas
pour condamner sèchement et souvent très caricaturalement tel ou tel
grand philosophe qui n’avait pas l’heur de lui plaire, pour présenter
les caricatures qu’il donnait des auteurs comme leur pensée même.
Skirbekk, lui, traite de tous les penseurs avec respect, et si sa pensée
est bien présente, elle ne vient pas s’interposer entre la leur et celle
des lecteurs, comme ceux-ci vont pouvoir s’en rendre compte.
Jean-Luc GAUTERO
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