1870 1890

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1870 1890
De la prépondérance allemande à l’hégémonie européenne.
1) La situation de l’Europe en 1871
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Prépondérance allemande : l’Allemagne compte 41 millions d’habitants (50 en 1890)
Bien que vaincue, la France reste une puissance financière et industrielle (elle compte
pour 9% de la production industrielle en 1890 contre 16% à l’Allemagne).
La Russie, fortement peuplée (75 millions d’habitants), est encore largement sous
exploitée. L’empire russe fait face à de multiples agitations (Pologne). Il désire un
accès à la Méditerranée, ce à quoi s’oppose Anglais, Austro hongrois et Turcs.
L’Autriche Hongrie est duale depuis 1867. Le problème des nationalités y est central.
Particulièrement, la Serbie rêve de construire une union slave face à l’empire ottoman
et à l’Autriche Hongrie. L’économie est archaïque et l’armée modeste.
L’Italie est unifiée depuis 1870, avec pour capitale Rome. Le pays est encore sous
développé, sauf au nord. L’Italie a des ambitions coloniales en Afrique, et espère
récupérer les territoires du Trentin et du Trieste à l’Autriche Hongrie.
La Grande-Bretagne, grande puissance économique (2/3 du charbon mondial) reste à
l’écart des affaires du continent mais domine le monde.
2) Le premier système de Bismarck 1871 1878
Bismarck espère maintenir la France à l’écart.
1872 1873 : entente des 3 empereurs allemand, autrichien et russe contre la France. Des
querelles subsistent toutefois entre la Russie et l’Autriche Hongrie au sujet des Balkans (accès
à la Méditerranée pour les Russes).
Le premier système bismarckien prend d’ailleurs fin suite aux guerres dans les Balkans,
opposants les jeunes nations balkaniques (Bosnie, Serbie, Monténégro), soutenues par la
Russie, à l’empire Ottoman entre 1875 et 1878. Alors qu’elle remporte de nombreuses
victoires, la Russie doit accepter d’accorder certains gains territoriaux à l’Autriche (en
Bosnie) lors du Congrès de Berlin de 1878. La Bulgarie, que les Russes souhaitaient
« grande », voit son territoire diminuer. Les Russes sont mécontents et quittent le système
d’entente des trois empereurs, ce qui constitue, selon les mots de Bismarck, la « plus grande
erreur de sa vie ».
3) Le deuxième système bismarckien, fondé sur l’alliance austro allemande.
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1879 : alors que Guillaume 1er est favorable à une alliance avec la Russie, Bismarck
choisit l’Autriche Hongrie.
1881 : nouveau « traité des trois empereurs », signé pour trois ans, peu stable.
1882 : signature de la Triplice. L’Italie choisit de s’allier à l’Allemagne et à l’Autriche
contre la France. Elle reproche à la France son soutien au pape en 1867 (Mentana,
retournement de Napoléon 3 contraire à Magenta), et ses ambitions coloniales en
Tunisie (1881 : protectorat français sur la Tunisie).
1887 : nouvelle crise balkanique. La Russie reproche à l’Autriche Hongrie sa politique
dans les Balkans (soutien au roi serbe hostile à la Russie, soutien à la Roumanie
hostile à la Russie) et quitte l’entente des trois empereurs.
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1887 : tension franco allemande de l’affaire Schnæbelé. Boulanger est écarté du
gouvernement français.
1887 : accord secret germano russe. La Russie s’engage à ne pas soutenir la France. Le
système bismarckien se complexifie et ne tient plus qu’à un fil et au caractère secret de
ce traité, par lequel Bismarck se dit près à soutenir la Russie sur la question des
détroits, ce qui est contraire aux accords germano autrichiens. Guillaume 2 refusera
d’ailleurs de renouveler le traité en 1889.
1890 : Bismarck démissionne de son poste de chancelier. Guillaume 2 débute la
Weltpolitik, ce qui fait perdre à l’Allemagne son rôle d’arbitre européen.
4) Les causes de l’expansion européenne.
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Poussée démographique : en 1 siècle (le 19ème), l’Europe est passée de 260 millions
d’habitants à 450. Seule la France ne connaît pas de croissance rapide de sa
population, tandis que la population russe passe de 55 millions en 1850 à 140 en 1911.
De 1850 à 1914, ce sont 50 millions d’Européens qui émigrent. On ne peut dire pour
autant que les colonies jouent un simple rôle d’absorbeur. Pour exemple, la France
connaît une croissance démographique médiocre, mais possède de larges colonies.
L’Allemagne d’avant 1890 est dans la situation inverse.
Préoccupations économiques. Elles existent (caoutchouc au Congo, fer au Tonkin),
mais ne sont pas majeures (l’Europe possède l’ensemble des matières premières
nécessaires, hormis le coton). Certes, il existe de nombreux lobbys coloniaux, et de
fausses idées. Ferry 1890 : « La politique coloniale est fille de la politique
industrielle ».
Développement du sentiment national. En France, par les Républicains. Au RoyaumeUni, par les partisans de la thèse de la « mission du peuple élu » comme Chamberlain.
Préoccupations stratégiques : il s’agit de se construire des ponts d’appui navals, pour
le ravitaillement des bateaux en charbon, puis en pétrole (1911 au UK, passage au
pétrole dans la marine).
Les oppositions aux colonies existent : Bismarck, les libéraux, les nationalistes français
(Déroulède, de la ligue des patriotes, « J’ai perdu deux enfants et vous m’offrez vingt
domestiques »), les radicaux (Clemenceau) et socialistes. Seule UK peut s’appuyer sur un très
large soutien de sa population, alors qu’ailleurs l’initiative coloniale est l’œuvre d’individus et
de groupes isolés.
5) L’effacement des concurrents de l’Europe.
Chine et empire Ottoman sont des empires vieillissants, alors que les Etats « neufs » Japon et
USA ne sont pas encore dans la course mondiale.
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Les USA se concentrent (1823 : doctrine Monroe) sur leur hémisphère, et sur la
conquête de leur territoire. Vite relevés de la guerre de sécession (1865), bénéficiaires
d’une forte immigration (les USA comptent 62 millions d’habitants en 1893) et d’une
forte croissance économique, ils sont au premier rang industriel mondial dès 1894, ce
qui correspond au début de leurs aspirations impérialistes.
Le Japon, ouvert depuis les années 1850 (1853 : épisode du commodore Perry),
connaît la modernisation de l’ère Meiji. Si le Japon se modernise, son attitude reste
défensive. Il commence toutefois à se construire des « colonies » en Asie des les
années 1870 : le Japon exige l’ouverture de ports coréens (constitution d’un « glacis »
défensif coréen).
6) Essors et heurts des impérialismes.
Pour les Européens, occultant le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », le monde
n’appartient à personne. Ils y appliquent les méthodes de la diplomatie européenne (partages,
échanges de territoires, création d’Etats tampons tels le Congo belge).
Le monde colonial sert d’exutoire aux aspirations françaises (en Afrique) et russes (en Asie).
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1881 : affaire tunisienne. Alors que l’Italie semble la mieux placée (proximité
territoriale, présence de 10 000 colons contre 1000 Français), c’est la France qui
installe un protectorat, encouragée par Bismarck et par l’Angleterre (qui, toutes deux,
s’allieront plus tard à l’Italie sur la question tunisienne ! Cf. la Triplice en 1882)
1882 : affaire égyptienne. Alors que France et UK possédaient tous deux des intérêts
dans le pays, c’est finalement l’UK qui installe un protectorat sur l’Egypte, pays
indispensable pour l’empire britannique parce qu’il contrôle le canal de Suez. D’où
une rivalité franco anglaise
1884 1885 : sommet de Berlin sur l’Afrique noire, qui fait suite au dépècement de
l’Afrique par UK (Niger, Afrique orientale), France, Italie (Erythrée) et Allemagne
(Afrique australe). Le sommet de Berlin est un « Congrès de Vienne » de l’Afrique. Il
affirme le principe de liberté commerciale dans les colonies, et aboutit à la création
d’un Etat tampon, le Congo, géré par le roi des Belges.
1885 : rivalité russo anglaise en Asie centrale. La Russie recherche un accès à l’Océan
indien. Russes et Anglais se disputent notamment l’Afghanistan.
1885 1893 : rivalités franco anglaises en Asie extrême orientale. 1885 : la France
occupe le Tonkin. UK occupe la Birmanie. 1893 : la France occupe le Laos. Siam
(Thaïlande) demeure un Etat tampon.
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