Chapitre 1 : La nébuleuse des psys L’exemple de Derochette montre la grande relativité des diagnostics psychiatriques. Les psys émettent des avis en totale contradiction bien qu’ils fassent partie d’une même catégorie de praticiens. La façon dont un psy observe et interprète les éléments dépend fortement de ses options épistémologiques et de ses théories de référence : pour évaluer ses énoncés il faut comprendre ses croyances ses et concepts de base. 1) Psychologie intuitive : - psychologie spontanée : certaines personnes ont un esprit de finesse. - psychologie de sens commun : croyances psychologiques partagées par les membres d’une même communauté. - psychologie littéraire : certains auteurs mettent en évidence des mécanismes de comportement. 2) Psychologie philosophique : La philosophie est une réflexion logique et cohérente sur le sens de l’univers, de la vie et de l’existence humaine. Aristote est considéré comme l’auteur du premier ouvrage de psychologie. 3 courants ont joué un rôle dans la constitution de la psychologie : - l’interprétation démasquante : réflexion élaborée par les philosophes pour montrer les motivations à la base de l’inconscient. 17ème : Rochefoucauld : maximes sur les calculs égocentriques sous-jacents à toute conduite humaine. 19ème : Schopenhauer : la pulsion sexuelle forme l’essence même de l’être humain. Marx : les facteurs économiques sont le moteur des rapports sociaux. Nietzsche : la volonté de puissance est le moteur ultime de l’être. ème 20 : Freud : psychologie suspicieuse et paranoïde. - courant phénoménologique : dégage les structures essentielles de l’existence. - psychologie existentielle ou humaniste : aborde de manière concrète les problèmes fondamentaux de la condition humaine. La psychanalyse est une forme de psychologie philosophique et est définie par Freud comme : > un procédé d’investigation des processus mentaux à peu près inaccessibles autrement. > une visée thérapeutique. > constitution d’une théorie du fonctionnement du psychisme. L’attitude de Freud face aux divergences théoriques n’a pas été très scientifique : son association n’est pas scientifique. Ce manque de considération pour la psychologie scientifique s’explique par la pauvreté de cette discipline à cette époque. 3) Psychologie scientifique : Science = connaissance rationnelle, vérifiée de façon objective et méthodique qui permet d’observer et d’expliquer des phénomènes, et éventuellement de les prédire et de les contrôler. Règle principale : spécifier des observations concrètes à partir d’une hypothèse pour ensuite les confirmer ou les infirmer. Attitude : la réfutabilité + le souci d’objectivité + l’esprit critique Wundt : Science de l’âme. Watson : Science du comportement. Chapitre 2 : Grandeur et misère de la psychologie 1) Implication personnelle du psychologue. Les psychologues étudient les comportements et cherchent à mettre en évidence des lois empiriques. En effectuant leurs recherches, ils adoptent des comportements et sont euxmêmes déterminés par des processus affectifs et cognitifs. Il faut distinguer deux niveaux d’une théorie : les facteurs qui ont précédé la genèse et la vérification scientifique. Que le psy ait des problèmes ou pas ne remet pas forcément en question sa théorie, l’important est qu’au niveau de la vérification empirique de son hypothèse, il ait prit du recul, fait un effort d’objectivité et respecté les règles de la démarche scientifique. 2) Imperméabilité universelle. En 1870, Flaubert se rend compte de l’utilisation des grilles d’interprétation pour tout expliquer. En 1890, William James met en garde contre l’utilisation du terme « inconscient » qui peut expliquer tout et n’importe quoi. En 1919, Karl Popper fait l’expérience de la problématique de l’interprétabilité avec Adler dont la théorie explique tout. A partir de là, Popper déduit un principe fondamental pour la recherche scientifique : la réfutabilité qui caractérise le type scientifique, l’utilisation d’une poubelle, ce que la discipline psychologique n’a pas encore. L’évolution idéale de la psychologie est d’aboutir à des énoncés confirmés ou réfutés par des observations systématiques. 3) Conditionnement des observations. L’exemple de Pavlov (possibilité d’une transmission héréditaire de caractères acquis) montre à quel point les chercheurs produisent facilement des explications et même des faits qui sont essentiellement le reflet de leurs convictions de départ. Un chercheur peut inconsciemment conditionner ses sujets d’expérience à se comporter de manière à confirmer sa théorie de départ. => Il faut refaire les expériences en toute indépendance et ne pas croire trop vite qu’on a découvert une loi empirique. 1911 : les rêves des patients sont influencés par la théorie du psychanalyste (Freud – rêve de confirmation). 1950 : recherches sur le conditionnement verbal inconscient : le contenu de ce qu’on dit est influencé par les réactions de celui qui écoute (ex : souvenirs d’enfance). 1960 : recherche méthodique des enregistrements de consultations de psychothérapie de Rogers : on peut difficilement éviter de conditionner le patient mais il est important d’être conscient de le faire. 4) La psychologie : une discipline juvénile. En 1842, Auguste Comte affirme que la psychologie n’est pas une science mais la dernière transformation de la théologie. En 1900, naissance de la psychologie scientifique. La psychologie , contrairement aux autres sciences humaines, peut non seulement observer mais aussi expérimenter (modifier systématiquement une ou plusieurs variables et observer quels changements se produisent). Mais attention, tout comportement dépend toujours de multiples facteurs : les lois de la psychologie sont toujours des probabilités. 5) Le verbalisme et le charlatanisme des psychologues. De tous temps on a abusé du pouvoir trompeur du langage. Le charlatanisme est l’exploitation de la crédulité du public. - méconnaissance du public des critères de scientificité. - flou des titres et des diplômes : seuls les titres de « psychologue » et de « psychiatre » sont légalement protégés. La protection légale du titre de « psychothérapeute » n’existe que dans certains pays et le titre de « psychanalyste » n’existe nulle part, tout le monde peut se l’approprier. En 1922, Freud décide que pour être reconnu par son association, il faut soi-même faire une psychanalyse chez lui. Relation forte d’affection du patient pour son psy : fascination, attribution de pouvoirs surnaturels, attachement infantile, passion amoureuse,…(la liste est longue mon cher Jacques) Tous ces facteurs permettent des abus financiers, sexuels, digestifs,… Remarque : logomachie : facilité avec laquelle on peut mystifier le langage. Ex : Sokal et le jargon obscur : les impostures intellectuelles. Chapitre 3 : psychologie sociale et notions connexes 1) Définition Etude des comportements des individus en fonction de leurs interactions avec d’autres individus, groupes ou institutions. Etude du conditionnement des conduites individuelles par des contextes sociaux. 2) Historique Ne s’est constituée que fin 19ème. Le premier usage de l’expression date de 1891. La première recherche expérimentale est celle de Triplett : étude du conditionnement des performances par le contexte social. Il montre l’effet dynamisant de la présence d’autrui dans les activités (relation et activation émotionnelle et performance). Les premiers traités de psychologie sociale sont signés Ross (sociologue) et Mc Dougall (psychologue) en 1908. Ensuite ce sont surtout les psychologues qui vont s’intéresser à la discipline : ce sont les gestaltistes, psychologues de la forme. Leur théorie se base sur le fait que nous percevons toujours des formes organisées où l’ensemble donne sa signification à l’ensemble des éléments et où les éléments contribuent à la signification de l’ensemble. Deux expériences : - importance du type de commandement sur l’agressivité et le fonctionnement du groupe. Le comportement de l’animateur (autoritaire, laisser faire, démocrate) influence l’entente dans le groupe. - Les forces déterminant les habitudes alimentaires et méthodes de changements : étudie l’impact du groupe sur un élément, l’interdépendance des éléments par rapport au groupe. La discussion en groupe favorise le changement. Dans les années 60, la Psychologie sociale connaît une seconde impulsion due aux revendications estudiantines, féministes, … Cette discipline a mis en évidence la facilité avec laquelle un être humain est conditionné ou contrôlé par son environnement et ses interactions. 3) Frontières floues La psychologie sociale a des interactions avec d’autres disciplines. L’homme n’est pas une substance autonome mais bien un être social et relationnel. Même ses sensations physiques dépendent de son environnement social. Chez les animaux aussi les contextes matériels et sociaux influent sur leur comportement. Expérience des rats-cafétaria : même quantité, même nourriture ; le rat ne grossit pas. Même quantité, nourriture variée ; le rat grossit. Expérience des poules domestiques : David Katz constate que la quantité de ce que la poule mange dépend de la quantité qu’on lui propose. Une poule rassasiée mise en présence d’une poule affamée va se remettre à manger. Pire encore si la rassasiée est accompagnée de 3 affamées. Expérience sur la rapidité de becquetage d’une poule : la vitesse de la poule est influencée par la vitesse de la poule artificielle ou d’un son produit. Les frontières entre psychologie sociale et sociologie ne sont pas non plus très claires : ces deux disciplines s’intéressent au fait que l’être humain est largement déterminé par le contexte. La sociologie s’intéresse plus à l’interaction entre groupes tandis que la psychologie sociale donne une part plus belle à l’individu. 4) Psychosociologie Etude des processus psychologiques et sociaux en jeu dans les petits groupes ou les entreprises (ce n’est pas un titre légal). 5) Psychologie environnementale ou écologique Influence du contexte physique sur le comportement des individus et sur les relations sociales. Effets psychologiques du contexte matériel. Expérience 1 : John Calhoun laisse se reproduire librement des souris dans un petit espace avec assez d’eau ou de nourriture. Mais rapidement de graves perturbations du comportement et de l’organisme apparaissent. Expérience 2 : il existe une nette relation entre le coup de bec que se donnent les oiseaux et l’espace qui leur est disponible. Chez les être humains, l’impact de forte densité de population est moins facile à démontrer et varie selon les cultures et les individus. Mais on peut quand même noter une série d’effets qu’on retrouve dans les grandes villes : sentiment de solitude, individus repliés sur euxmêmes, perte du sens de responsabilité, davantage de troubles, d’irritation, d’homicides,… Recherche expérimentale : sens de la responsabilité et type d’habitats : plus le type d’habitat est grand, moins le sens de la responsabilité est élevé, plus le sentiment de solitude est élevé. 6) Sociobiologie Discipline qui cherche à expliquer les phénomènes psychologiques et sociaux par des processus biologiques, en particulier des lois génétiques (Darwin). Mais les êtres humains ne sont pas figés dans des comportements physiques ; le programme génétique est très ouvert et permet des comportements très divers : nous pouvons résister à des pulsions tout à fait fondamentales (ex : grève de la faim). Psychologie évolutionniste : prend en compte l’idée que nos comportements sont pour une large part déterminé mais relativement malléables et modifiables. Les environnements jouent un rôle important sur cette base. Chapitre 4 : Expérience de Milgram Expérience de psychologie sur le rapport à l’autorité : l’être humain accomplit facilement les ordres d’une autorité, même si les actes commandés vont à l’encontre de sa sensibilité et de ses règles morales. La comparaison de la prévision du comportement avec le comportement réel est riche en enseignements : - intérêt des expériences au sens fort du terme et limite des enquêtes d’opinion pour prédire des actions. - les gens sous-estiment l’impact de l’environnement sur leur conduite (conditionnement par l’autorité). Milgram a trouvé des corrélations entre le niveau d’instruction et les résultats de l’expérience : - les sujets les moins scolarisés obéissent plus. - les sujets ayant étudiés les sciences humaines obéissent moins que ceux qui ont fait des études techniques. - les sujets qui ont fait un long service militaire obéissent plus facilement. - les catholiques ont tendance à obéir plus que les protestants. Remarque : - l’expérience a été suffisamment répétée pour être considérée comme scientifique. - chaque situation est unique. Conclusion : - importance de l’obéissance : les gens obéissent aux ordres de l’autorité qui leur paraît légitime. - importance du conformisme : le groupe a des effets sur nos comportements. - importance de l’environnement : chacun dispose d’un « stock de valeurs » parmi lesquelles on choisit en fonction des circonstances. - importance des conditionnements inconscients : les gens sous-estiment la pression de l’environnement et méconnaissent le rôle de la comparaison sociale et du conformisme. Chapitre 5 : la perspective scientifique 1) La phrénologie L’exemple de la phrénologie illustre la relativité du savoir scientifique et la difficulté de produire des connaissances scientifiques solides, qui se maintiennent à travers le temps. Définition : « science » des correspondances entre la forme du crâne et les facultés de l’âme. - morphopsychologie : caractéristiques mentales de l’individu s’expriment dans la forme de son corps mais surtout de sa tête et son visage. - psychologie des facultés de l’âme : conception de psychologie philosophique (Aristote). - théorie des localisations cérébrale : le cerveau comporte différentes régions ayant des fonctions spécifiques. Gall développe l’idée qu’il est possible de reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles ou morales des hommes ou des animaux, par la configuration de leurs têtes. Il distingue 27 facultés. * dans la première moitié du 19ème siècle, sa théorie connaît un grand succès bien qu’il rencontre des résistances du côté des autorités religieuses qui jugent sa théorie trop matérialiste (zone religieuse). * à partir de 1820 la phrénologie va être enseignée dans les grandes universités en Europe et aux Etats-Unis. * en 1860, reflux de la phrénologie à l’image de son succès notamment grâce aux progrès de la recherche scientifique. => Broca, chercheur scientifique rigoureux, publie la première observation correcte d’une localisation cérébrale : le centre de la parole. Conclusion : la phrénologie est une protoscience : discipline dont les énoncés n’ont pas été scientifiquement confirmés, mais qui constitue le point de départ de recherches scientifiques valides. 2) Leçons épistémologiques a) Les scientifiques peuvent produire des théories qui paraissent vraies à une époque et fausse quelques années plus tard. La science est seulement un ensemble de faits et de théories provisoirement confirmées. b) Une théorie peut facilement se confirmer lorsqu’on cherche absolument à la confirmer. c) L’impression de confirmation est particulièrement facile à obtenir dans le cas de diagnostics psychologiques, graphologiques, astrologiques, … Exemple : expérience de Kaniza ou 21 personnes se reconnaissent tout à fait dans un rapport psychologique identique. Effet Barnum : fait de croire que des énoncés nous caractérisent de façon personnelle alors qu’il s’applique à tout le monde. d) La recherche scientifique rigoureuse est une démarche difficile : il est facile de faire des hypothèses, mais il est plus dur de les vérifier (+ importance de faire une quantification précise et méthodique). e) Ni le succès d’une théorie, ni les résistances qu’elle suscite ne sont des preuves de validité ou d’erreur. f) Les théories fausses peuvent déboucher sur des découvertes fécondes ; des théories confirmées peuvent parfois freiner le progrès des recherches. Il est difficile de se prononcer sur une théorie. g) Les hommes renoncent difficilement à une théorie, surtout si celle-ci leur apporte de l’argent et du succès. Exemples dans le syllabus de Semmelweis (fièvre puerpérale) et accessoirement de Torricelli (pression atmosphérique). 3) Etapes de la recherche scientifique a) La perception et la formulation des « problèmes » : le scientifique est hyper curieux, il élabore des questions et doit imaginer des explications en refusant d’y apporter des réponses rapides ou toutes faites. b) La formulation d’hypothèses générales : il découpe dans la réalité un objet d’étude et formalise des variables en imaginant des relations entre celles-ci. Trouver les bonnes hypothèses n’est pas évident et le chercheur est libre de puiser dans toutes les sources de connaissance mais il dispose d’une procédure formalisée pour les confirmer ou les réfuter (difficulté d’interpréter). c) La déduction d’hypothèses expérimentales « réfutables » : il faut énoncer des implications concrètement testables. d) La mise à l’épreuve des hypothèses : la vérification peut se faire par observation systématique ou par expérimentation. - objectivité : mettre entre parenthèses ses particularités. - méthodicité : enregistrement systématique de toutes les observations sans écarter les faits contraires à ceux que l’on espère observer. - quantification : plus les prévisions et les constatations sont quantifiées de manière précise, plus le modèle est près de la réalité. e) Evaluation des observations : lorsque les faits expérimentaux ont été collectés, il reste encore plusieurs problèmes : - importance de répéter de nombreuses fois l’expérience, pour qu’elle soit pertinente. - ~ si les faits ne confirment pas l’hypothèse expérimentale, l’hypothèse générale doit être rejetée (mais possibilité d’erreurs, évidemment) * hypothèse additionnelle : pour la vérification d’une hypothèse, utilisation d’hypothèses déjà vérifiées. * hypothèse ad hoc : utilisation d’une hypothèse additionnelle qui n’a pas été vérifiée antérieurement. ~ si les faits confirment l’hypothèse expérimentale, l’hypothèse générale est provisoirement vérifiée : le scientifique doit rester attentif aux erreurs et être prêt à rejeter son hypothèse si elle ne se vérifie plus après. - recherche d’explications alternatives : à un seul fait, plusieurs explications ont possibles et faut rester attentif aux explications rivales. - confrontation avec d’autres chercheurs : il faut se confronter au forum des chercheurs, et être ouvert à la discussion et aux remarques, aux remises en question, car les erreurs se corrigent. - formulation de nouvelles hypothèses : grâce aux critiques des collègues, autocritique, ou à cause de résultats aberrants. - la relation aux applications pratiques : une partie des connaissances scientifiques donnent du pouvoir qui peut être utilisé pour le meilleur ou pour le pire. Il existe une distance entre les connaissances et les applications pratiques. La connaissance scientifique est mieux contrôlée que les autres mais c’est un savoir limité et faillible. 4) La science selon une psy du journal Le Monde Chapitre 6 : du mentalisme à l’interactionnisme 1) Les débuts de la « science de l’âme » Les premiers problèmes psychologiques qui se posent : erreurs et illusions de perception : début de cette étude en 1816 avec l’astronomie. Bessel constate les différences de notation du temps par les astronautes du passage d’un astre dans le centre du télescope. Il constate d’une part que les erreurs d’observation se répartissent selon la loi des erreurs de mesure. D’autre part, chaque personne à sa manière subjective de percevoir les choses => équation personnelle : intervalle entre le moment où le phénomène a lieu et la perception de l’observateur. Wundt fonde le premier laboratoire de psychologie expérimentale. Il va faire des recherches sur la psychologie du sens et des perceptions. Sa méthode : l’introspection : auto observation d’états de conscience provoqué par différents stimuli. Mais il pense que la psychologie expérimentale ne peut porter que sur des processus inférieurs. Pour le reste, il faut se fier à l’histoire des conduites des peuples. 2) La révolution béhavioriste Vers 1910 les psychologues américains vont développer une conception beaucoup plus ambitieuse. Watson est le père du béhaviorisme : il veut étudier les comportements, mais pour lui la psychologie ne doit plus se définir comme une science de l’âme. - le comportement est entendu au sens large : toute forme d’activité signifiante, directement ou indirectement observable, qui présente généralement des aspects cognitifs, affectifs et moteurs. - objectif : observer, décrire, expliquer, prédire voire contrôler le comportement. L’explication du comportement est moins important que sa prédiction ou sa modification. - le comportement est un processus interactif, on ne peut l’étudier indépendamment du contexte dans lequel il se produit, ni des circonstances qui l’ont déclenché. [] Caractéristiques de la psychologie béhavioriste : la manière de théoriser change mais il reste des constats théoriques. - antimentalisme : refus d’expliquer le comportement par des entités mentales inobservables (désir, pulsion, inconscient,…). Les processus cognitifs et affectifs doivent être pris en compte pour expliquer le comportement mais ils ne peuvent pas être invoqués comme des explications finales (ex : Molière, le malade imaginaire, opium). - contextualisme : l’environnement et le contexte sont des déterminants essentiels. Il faut tenir compte des environnements passés et présents car ils renforcent le comportement. [] Evolution du béhaviorisme : - Watson : réaction aux psychologies mentalistes => il s’occupe uniquement des comportements observables, de leurs stimuli environnementaux et de leurs facteurs physiologiques. * prédire les réactions des divers stimuli * préciser quels sont les stimuli qui déclenchent les réactions. Formule : Stimuli -> réponse - Dès 1920 les béhavioristes s’intéressent aux phénomènes intérieurs de l’homme et la formule de Watson est insuffisante. Edward Tolman affirme la nécessité d’envisager les comportements comme des réponses permettant d’atteindre des buts. Les conséquences d’un comportement sont à considérer comme stimuli. 3) Le cognitivisme Au cours des années 60, un nombre croissant de psychologues, tout en restant fidèles aux règles de la méthodologie scientifique, déclarent que leur objet d’étude est l’activité mentale et que l’explication ultime des conduites se trouve non dans l’environnement mais dans des structures et des opérations cognitives. Pour les cognitivistes, ce qui est important, c’est étudier les processus de pensée : selon eux, un même stimulus peut engendrer des comportements différents (exemple : un cube avec une face grise et une face blanche – un escalier haut ou bas) Remarque : les cognitivistes ne se considèrent pas comme des mentalistes, terme péjoratif utilisé par la psychologie scientifique pour désigner un mode de pensée qu’ils n’appréciait pas. Les cognitivistes veulent travailler scientifiquement. 4) La psychologie scientifique aujourd’hui Depuis les années 70, la plupart des psychologies scientifiques ont dépassé le clivage béhaviorisme-cognitivisme. Ils se nomment désormais « néo-béhavioristes » : garder les acquis du béhaviorisme mais aussi du cognitivisme. La psychologie scientifique se caractérise essentiellement par sa méthode : faits soigneusement observés et lois correctement vérifiées. Chapitre 7 : le comportement, ses dimensions et ses déterminants Unité de base de la psychologie. Depuis 1910 la psychologie est définie comme la science du comportement. Comme on veut travailler de manière scientifique, on ne peut pas faire de la science de l’âme. Cela dit, la psychologie n’est limitée à cet objet d’observation. 1) Usage du mot « comportement » Sens étroit : action manifeste, directement observable. Sens large : toute activité signifiante, directement ou indirectement observable, présentant trois dimensions : * composante cognitive : perception, souvenir, réflexion,… * composante affective : ressenti, émotion, … (plaisir, indifférence, souffrance) * composante motrice ou d’action : action, expression corporelle. En fonction des activités, une dimension va prendre plus de place qu’une autre. Pour étudier le comportement il faut tenir compte du contexte : observation des évènements qui précèdent et suivent son apparition. Mais il faut aussi tenir compte de 3 déterminants essentiels : un même stimulus dans une même situation peut donner lieur des comportements très différents. - la réaction affective ou l’émotion va fortement varier en fonction de l’interprétation de la situation. - la réaction va dépendre de l’intensité de l’émotion et de l’état physiologique (= influence de l’organisme). - la réaction dépend aussi des conséquences attendues (recherche de satisfaction, évitement de déplaisir). 2) Equation comportementale Pour analyser un comportement il faut en fait tenir compte de 6 variables qui sont en interaction. S CO AF AC C O -1- les stimuli (antécédents) Définition : excitant, stimulant, agent provoquant une réaction. Situation environnementale qui précède et suscite le comportement. Erreur à éviter : + « post hoc » : tout évènement antécédent n’est pas un stimulus. Parfois il n’y a pas de lien de causalité entre un évènement antécédent et le comportement. + simplification abusive : expliquer le comportement par un stimulus sans penser qu’il peut y avoir des stimuli secondaires. Ex : expérience de Maslow et Mintz (1956) sur les photos et le degré de bien-être : Stimulus essentiel = photos ; Stimulus annexe = aménagement du lieu (voir syllabus Cmpt 4) Types de stimuli : + Stimulus inconditionné : déclenche une réaction programmée génétiquement (bruit => panique) + Stimulus supranormal : stimulus artificiel suscitant une réaction plus forte que les stimuli naturels + Stimulus conditionné : stimulus devenu le signal d’apparition d’un autre stimulus, suite à des circonstances où ces deux stimuli ont été associés (Pavlov). * généralisation du stimulus : si une personne est agressée dans un parking, elle aura peur de tous les parkings * processus d’extinction : si elle continue à se promener dans les parkings sans se faire agresser, peur disparaîtra progressivement. + Stimulus piège : ce n’est que dans certaines situations qu’on va être tenté d’avoir un certain comportement (salaire reçu => tournée générale au bistrot). Notions de « conditionnement » : + dans le langage courant : ce qui conditionne une chose. + chez les freudiens : sens péjoratif pour désigner la manipulation, le lavage de cerveau. + dans la psychologie scientifique : sens neutre, type d’apprentissage dans lequel l’environnement joue un rôle clé : conditions environnementales qui favorisent l’apparition d’un comportement. -2- les cognitions - une large part de nos processus cognitifs est inconsciente : nous ne sommes pas souvent conscients des processus par lesquels nous percevons, interprétons et construisons la réalité. - pour décoder la réalité, intervention de -> modes de penser déterminés par notre structure génétique. -> nos expériences passées (mémoire épisodique et sémantique) - nous prenons rarement du recul vis-à-vis des cognitions que nous produisons (il est important de les analyser pour pouvoir mieux les gérer). - nos activités cognitives sont pour une part subjectives : l’apprentissage joue un grand rôle dans toutes nos appellations cognitives. -3- les affects Définition : divers sentiments agréables ou pénibles que nous éprouvons tout au long de l’existence. Ce ne sont pas des choses à l’intérieur de nous qui mènent une vie indépendante. Nos affects dépendent fortement de l’état de notre organisme. Fonction : ce que nous ressentons à une fonction : les émotions servent à la survie de l’espèce. Les mécanismes affectifs de base sont ce qu’ils sont parce qu’ils ont favorisé l’adaptation et la survie. L’existence des affects a fonction de motivation : ceux-ci incitent à adopter certains comportements plutôt que d’autres. Importance de la dimension affective dans l’élaboration de tous nos comportements. Plus une situation nous paraît importante, plus notre réaction affective devient intense, plus notre système orthosympathique s’active, plus nous sommes incités à agir. -4- L’organisme Le flux des cognitions et des affects dépend en partie de l’état de notre système nerveux et autonome composé notamment par le système orthosympathique. Toutes les émotions actives stimulent le système orthosympathique et produisent une activation physiologique. Effets de l’activation physiologique : elle intensifie les affects (ex : injection d’adrénaline accentue la peur, l’amusement, la colère). L’augmentation de l’activité physiologique peut avoir différentes sources : consommation de substances stimulantes, émotion des minutes précédentes, activité physique intense,… Rôle de l’activation physiologique : si on fait une mauvaise interprétation d’une activation physiologique inquiétante, on va se braquer dessus et activer des émotions de peur , de panique ou de phobie quand bien même la situation n’est pas réellement dangereuse. Les transferts d’AP : une excitation importante du système végétatif ne diminue que très lentement. La perception d’une situation qui suit une expérience émotionnelle sensible est affectée par cette expérience. Le transfert d’excitation peut s’opérer d’une émotion à celle qui suit, si elle est de tonalité tout à fait différente. -5- Les actions L’analyse comportementale accorde une place importante à l’observation d’action et d’expressions corporelles. L’action est la variable dont nous prenons le plus facilement conscience. C’est la variable qu’on observe le plus facilement mais qu’on peut parfois mal observer. -6- les conséquences Importance des conséquences Le comportement s’effectue en fonction d’effets anticipés. Même si ces anticipations ne sont pas toujours bien conscientes et réfléchies, elles constituent quand même un déterminant essentiel. Dans chaque situation nous avons des choix à faire : ce que nous allons faire et penser va dépendre du type de comportement. Nous agissons pour éprouver des satisfactions et éviter des désagréments. => on parle de stimuli conséquence car les conséquences stimulent le comportement (conséquence = stimuli au sens large). Types de conséquences +S+ : apparition ou augmentation de stimulation suite au comportement. C’est un renforçateur positif qui favorise la répétition du comportement dans une même situation. -S- : absence ou réduction de stimulation pénible suite au comportement. C’est un renforçateur négatif qui favorise la répétition du comportement dans des situations analogues. Les comportements d’échappement ou d’évitement sont particulièrement résistants au changement. +S- : apparition ou augmentation de stimulation pénible suite au comportement. C’est une punition positive qui favorise l’absence ou la diminution du comportement. -S+ : absence ou réduction de stimulation agréable suite au comportement. C’est une punition négative parce que le désagrément ou la douleur sont provoqués par l’absence ou la diminution de stimuli appétitifs. Délai des conséquences La valeur d’une conséquence est dépendante de son délai d’apparition. Plus l’effet est éloigné dans le temps, moins il présente de force attractive et plus d’autres stimuli conséquence apparaissant plus tard risquent d’être préférés. Fréquence des conséquences Un comportement est renforcé en proportion de la fréquence des conséquences qu’il produit. Cependant, Skinner a montré que les conséquences ne sont pas obligées de se produire tout le temps pour se maintenir (ex : jackpot). Chapitre 8 : l’apprentissage de changements comportementaux 1) Gestion de soi et fréquence des troubles mentaux La question de la gestion de soi est fondamentale et est au centre de la vie quotidienne : petit à petit nous développons des dépendances. Beaucoup de gens souffrent d’habitudes néfastes. La psychologie scientifique propose un tri et une systématisation des pratiques spontanées, rien de plus. Plus ou moins 50 % des gens, à un moment de leur vie connaissent des troubles psychologiques sérieux. Par ordre de fréquence : dépendance – troubles anxieux – dépression. 2) La nébuleuse des psychothérapies Définition : traitement psychologique de troubles psychiques et somatiques. L’histoire des traitements des troubles mentaux est un défilé de procédés plus curieux les uns que les autres. L’idée centrale est celle d’évacuation. S’il y a un comportement jugé anormal c’est parce qu’il y a quelque chose à l’intérieur de la personne qu’il faut faire sortir. Si ça marche, c’est parce que : processus d’auto-guérison, peur de subir à nouveau le traitement, foi dans la méthode et dans le thérapeute (effet placebo). Aujourd’hui, il existe beaucoup de formes de psychothérapies mais on peut les ramener à 3 catégories majeures de la psychologie : - psychothérapie intuitive. - psychothérapie d’orientation philosophique ou « interprétative ». - psychothérapie basée sur la psychologie scientifique. 3) Naissance du mouvement cognito-comportemental - dans les années 50, développement de thérapies basées sur la psychologie scientifique : thérapies comportementales : procédures qui traitent des troubles grâce à l’apprentissage de nouveaux comportements ; thérapie fondée sur la psychologie définie comme science du comportement. - dans les années 60, développement de la thérapie cognitive : lorsque les problèmes psychologiques sont sérieux, il ne suffit pas que le patient parle, il faut aussi repérer des schémas de pensée et des croyances dysfonctionnelles en vue de les modifier activement (centré sur la cognition, ce qui se passe dans la tête). - dans les années 70, les 2 courants vont fusionner : thérapie cognitivo-comportementale. Mais l’expression n’est pas top car il faut tenir compte et agir sur les 6 variables. Une meilleure expression serait psychothérapie d’orientation scientifique. 4) Explication des troubles psychologiques L’approche comportementale adopte une perspective bio-psycho-sociale. - une partie des difficultés psychologies proviennent d’anomalies génétiques ou de dysfonctionnement biologique. - d’autres troubles résultent de facteurs psychologiques et sociaux. 5) Noyau de l’approche comportementale Au-delà de la multiplicité des variantes possibles, toutes les thérapies comportementales se caractérisent par : - un objectif : favoriser des changements observables de modes d’action, de comportement cognitif et de réactions émotionnelles. - le choix d’un moyen : venir en aide en gardant le souci de scientificité c’est-à-dire ma vérification soigneuse des hypothèses. - un style d’interaction avec le patient : climat de collaboration, transparence, incitation à l’action. Le thérapeute apparaît comme un pédagogue démocratique. 6) Quelques procédures de changement - se focaliser sur les conséquences : perception des effets négatifs du comportement adapté et perception d’effets désirables d’autres conduites. - observation et analyse des comportements problématiques : doit porter sur les 6 variables de l’équation comportementale. En analysant nos modes de pensées on peut les corriger. - contrôler les stimuli : produire des stimuli incitant pour faciliter une réaction et inversement. - réguler l’activation physiologique : régulation du tonus musculaire, de la respiration. Diminution de la consommation de substances stimulantes. - expérimenter de nouvelles actions : confrontation progressive avec des situations anxiogènes en s’empêchant de céder aux impulsions de fuite ou d’accomplissement de rituel.