Université Paris I - UFR d’économie - L1 - Janvier 2012 INTRODUCTION GENERALE A L’ECONOMIE Cours d’Antoine d’Autume, Nicolas Canry et Jean-Pierre Laffargue Jeudi 5 janvier 2011, de 19 h 30 à 21 h 30. Durée : deux heures. Aucun document autorisé. Corrigé du partiel Commentaire de texte (10 points) : 1. Le système français prévoit un rationnement des quantités offertes : chaque taxi doit en effet posséder une licence pour exercer son activité ; cette licence peut être revendue et donc achetée à un taxi cessant son activité ; en revanche, le nombre total de licences en circulation est fixée par les pouvoirs publics. Ce rationnement s’accompagne d’un « contrôle » des prix établi par les pouvoirs publics : par souci de transparence et par volonté de protéger les clients d’une hausse trop importante du prix des courses, les pouvoirs publics imposent un tarif maximum (dépendant de l’horaire et de la durée de celle-ci) à l’activité exercée par les taxis. Ce dispositif s’accompagne d’un dispositif visant à garantir (théoriquement) un service de qualité aux clients. (1 point) 2. p Offre p* q* Demande q (0,5 point). 3. Si l’Etat impose que l’offre n’excède pas q q * , le marché est rationnée et la demande va être supérieure à l’offre (rationnée). En l’absence de contrôle des prix, les taxis ayant une licence vont profiter de l’excès de demande (résultant d’une offre légalement limitée) pour faire marcher les « enchères » entre les clients et augmenter le prix de la course. Le mécanisme de hausse de prix se stabilise au prix pour lequel la demande q est tout juste « solvable ». 1 p Offre p** p* q q* Demande q (1 point). Cette situation peut s’apparenter à celle d’un monopole (ou tout au moins à une concurrence oligopolistique) dans la mesure où les entreprises profitent de l’interdiction réglementaire à l’entrée de nouveau concurrents pour fixer un prix supérieur à la courbe de coût marginal (courbe d’offre) ; le prix est déterminé est se référant à la demande. Il existe une perte sèche pour la collectivité. (1 point). 4. p Offre p** p* p q q* Demande q En fixant également le prix, les pouvoirs publics neutralisent l’impact du rationnement des quantités sur le prix qui n’évolue plus par rapport à la situation « initiale » de concurrence parfaite. Désormais, les consommateurs sont certes pénalisés par une quantité offerte limitée mais pas en termes de prix. (1 point). Situation 1 = concurrence parfaite : (q q * ; p p * ) Situation 2 = rationnement des quantités : (q q q * ; p p ** p * ) Situation 3 = contrôle des quantités et du prix : (q q q * ; p p * p ** ) La situation 1 est celle qui maximise le surplus des consommateurs. La situation 2 est celle la plus favorable aux taxis… bénéficiant d’une licence. Les consommateurs sont « pénalisés » en termes de prix et de quantité (surplus maximum pour les taxis, minimum pour les consommateurs ; existence d’une parte sèche). 2 La situation 3 est intermédiaire entre les deux précédentes car les taxis ayant une licence ne peuvent plus tirer profit du nombre limité de licences pour accroître autant qu’avant leur marge. (1,5 points) 5. Plus le prix fixé par les pouvoirs publics est élevé, plus la situation sera profitable aux taxis avec licence, dont la marge sera accrue. Rationner les quantités et fixer un prix inférieur à p* revient à rationner les quantités offertes tout en limitant sévèrement l’avantage que pourrait en tirer les offreurs ; cela reviendrait à accroître fortement le surplus des consommateurs… qui ont la chance de trouver un taxi ! Dans le cas extrême où les pouvoirs publics fixerait le prix à p = pmin (voir graphique ci-dessous), la quantité d’équilibre se fixe « naturellement » (sans qu’il soit nécessaire d’instaurer un système de licence) à q (marché où le est faible mais l’offre réduite) et les taxis ayant une licence ne tirent aucun avantage de leur situation (bien que le marché soit rationné). (1 point) p Offre p** p pmin q 6. q* Demande q Gagneraient à la suppression du rationnement de l’offre : - les consommateurs, qui trouveraient plus facilement des taxis et gagneraient aussi vraisemblablement en termes de prix de la course. - Les « taxis » n’ayant pas de licence (des travailleurs indépendants qui souhaiteraient devenir taxi mais ne qui n’ont pas de licence et ne sont pas autorisés à entrer librement sur le marché). Bien sûr, une telle décision rencontre des résistances du côté des « taxis » ayant déjà une licence et qui sont les grands bénéficiaires de cette situation (offre rationnée). (1,5 points) 7. L’offre de nouvelles licences étant limité par les pouvoirs publics, un moyen de devenir taxis consiste à racheter une licence déjà existante (sur un marché secondaire, d’occasion) à un taxi qui souhaite interrompre son activité (départ en retraite ou changement de profession). (0,5 point) Plus le nombre de licences est rare et le prix fixé par les pouvoirs publics élevé et plus l’activité de taxi (avec licence) sera rentable ce qui renchérira le prix de la licence sur le marché secondaire (on est d’autant plus disposé à payer cher la licence si les gains qu’elle procurer sont eux-mêmes élevés) : il existe un lien étroit (et croissant) entre coût de la licence (à la revente) et profitabilité de l’activité. (1 point) 3 Exercice (12 points) : 1. L’égalité emplois-ressources est Y C I X Im (0,5 point) L’épargne est S Y C , ce qui donne S I X Im (0,5 point) Le membre de gauche est la capacité de financement de la Nation. Elle est égale à l’excédent de la balance commerciale. Si le pays a un excédent commercial, il épargne plus qu’il ne dépense nationalement et peut acheter des actifs étrangers, ou se désendetter internationalement. Il vit au-dessous de ses moyens et a donc une capacité de financement. L’idée essentielle est qu’avoir un excédent extérieur signifie épargner beaucoup. (1 point) 2. On a : Y cY C I X mY Im et donc Y 1 C I X Im (1 point) 1 c m Le multiplicateur est d’autant plus faible que les propensions à épargner s 1 c ou à importer m sont fortes. Les effets induits sont alors réduits. (0,5 point) 3. On a : Y 23000 3000 8000 2000 24000 C (3 / 4)24000 3000 21000, Im (1 / 4)24000 2000 8000, S 24000 21000 3000 (1,5 point = 0,5 point pour Y, pour C, pour Im) Situation initiale Q4 Variation Q5 Variation Y 24000 -400 C 21000 -300 I 3000 X 8000 Im 8000 100 300 S 3000 -100 -300 S–I 0 -100 -300 X – Im 0 -100 -300 Dans la situation initiale la balance commerciale est équilibrée. La capacité de financement de la nation est donc nulle. Elle n’exporte ni n’importe de capitaux. (0,5 point) 4. Les biens importés font partie de la demande globale C I . Si la partie autonome Im des importations augmente, sans que la demande autonome totale C I augmente, cela signifie que la demande autonome de biens nationaux diminue du même montant. Il y a eu substitution d’une demande de biens étrangers à une demande de biens nationaux. Ceci peut traduire une baisse de compétitivité de l’économie française, due à des problèmes structurels ou à une appréciation du change, qui rend les produits nationaux plus chers. (0,5 point). 5. Y (1 /(1 c m)) Im 2 Im 2 200 400 . Il en résulte C (3 / 4)Y (3 / 4)400 300 et : Im mY Im (1 / 4)400 200 100 , S 100 . (1 point) L’augmentation des importations s’effectue au détriment de la demande pour les produits nationaux, puisque C reste constant. La baisse de la demande nationale entraîne une baisse de la production nationale. La composante autonome des importations augmente de 4 200, mais ce choc entraîne une réduction de l’activité en France qui induit une diminution des importations. Au total, l’augmentation des imports n’est que de 100. La baisse du revenu national entraîne une baisse de la consommation totale de 300, mais aussi une baisse de l’épargne de 100, qui est la contrepartie du déficit extérieur. Cette baisse de l’épargne permet aux ménages de financer le surcroît d’importations. Elle se traduit par une réduction des placements à l’étranger, ou par un accroissement de l’endettement externe. (1 point) 6. On a maintenant Y (1 /(1 c m)) C Im 0 , S C 200 , Im Im 200 . (1 point) La demande de biens de consommation augmente, mais se porte uniquement sur les biens importés. Il n’y a donc pas de relance de la production nationale. Celle-ci ne décroît plus mais reste à son niveau initial et il en va de même de la consommation totale. L’augmentation de la consommation se traduit par une baisse de l’épargne et a pour conséquence un déficit extérieur La hausse de la consommation est financée par une réduction des placements à l’étranger, ou par un accroissement de l’endettement externe, qui est la contrepartie de l’augmentation du déficit de la balance commerciale. (1 point) 7. La consommation totale est : C C1 C 2 c1 m Y C 1 C 2 cY C et on a bien : C1 C 2 2000 1000 3000 C ainsi que c1 m 1/ 2 1/ 4 3 / 4 c . La propension à importer est ici la propension à consommer des produits étrangers, puisqu’on suppose que les investissements, ainsi que leur partage entre biens nationaux et biens importés, sont exogènes. Les équations emplois-ressources sur les marchés des biens nationaux et des biens importés sont Y c1Y C 1 I 1 X et Im mY C 2 I 2 En sommant membre à membre les deux relations, on obtient l’équation emploisressources globale Y Im c1 m Y C I X cY C I X C I X On retrouve également la fonction d’importation en posant Im C 2 I 2 . Le niveau d’équilibre du produit national est Y 1 C 1 I1 X 1 c1 La formule est bien équivalente à celle obtenue dans la question 2. Les multiplicateurs sont les mêmes car c1 c m et les demandes autonomes sont les mêmes car C I X Im C 1 C 2 I 1 I 2 X C 2 I 2 C 1 I 1 X . Le niveau du produit national est déterminé par la demande effective de biens nationaux. Il n’est pas influencé directement par le niveau des importations, ce que montre la question 6. Il ne l’est que si les importations se substituent à la demande interne, ce que montrent les questions 4 et 5. (2 points « bonus » pour cette question). 5