TES. Croissance, changement social et développement. Peut-on parler de déclin de l’économie française ? Document 1. Objectif : gagner un point de croissance. Gagner un point de croissance ! L’objectif est peu contestable. En matière de croissance et de retour au plein emploi, l’Europe est en retard par rapport au monde et la France est en retard par rapport à nombre de ses voisins. Le Royaume-Uni est au plein emploi et sa croissance est plus dynamique que celle de la France depuis maintenant des années. L’Allemagne a restructuré ses entreprises et réformé son marché du travail : la croissance y semble de retour et le chômage se réduit rapidement. L’Espagne a conjugué, sur les quinze dernières années, forte réduction du chômage et appel massif à l’immigration. Parmi les pays de dimension plus réduite, ceux du Nord connaissent généralement une situation enviable. Notre retard se lit de plus en plus dans les comparaisons de revenu par tête qui nous placent dans une situation défavorable. Si l’on prolonge les tendances actuelles, l’écart de revenu par tête entre les Etats-Unis et la France sera en 2020 équivalent à celui qui sépare aujourd’hui la France de la République tchèque… Aucune fatalité n’oblige pourtant la France à « décrocher » de la dynamique de nombreux autres pays industrialisés. La littérature économique souligne le rôle très important joué par les institutions dans les évolutions économiques relatives des pays, et les analyses du présent rapport apportent une forte confirmation à ces enseignements. Les politiques économiques européennes mais aussi nationales ont ainsi une influence majeure sur les trajectoires économiques de long terme. Il est donc indispensable de savoir quelles seraient les plus adaptées à notre pays, afin d’y augmenter le potentiel de croissance. Une telle accélération aurait comme conséquence une plus forte progression de notre niveau de vie économique moyen. Elle permettrait aussi de faciliter le financement de notre système de solidarité sociale, qui pourrait sinon se voir très fortement menacé. P. Aghion, G. Cette, E. Cohen, J.P. Ferry, Conseil d’Analyse économique (CAE), Les leviers de la croissance française, La documentation française, 2007 (page 7). Questions : 1. Rappeler la définition des termes soulignés. 2. En quoi les politiques économiques permettent-elles de stimuler la croissance économique (retour au cours de Première ES) ? 3. La France est-elle en mesure d’actionner tous les instruments de la politique économique ? 4. Expliquer la dernière phrase du texte. 5. Cherchez en quoi le « système de solidarité sociale » peut aussi être un facteur de croissance économique. Document 2. Ralentissement du rythme de la croissance au cours des quarante dernières années. En % par an 1970-1973 Tendance Etats- Unis Japon Union européenne Croissance forte 3,2 7,9 4,6 Allemagne France OCDE 4,3 5,0 4,5 19741979 Chocs pétroliers 2,5 3,6 2,5 19801985 Crise 2,4 4,6 1,5 19861990 Contrechoc 2,9 2,0 3,3 19911996 Crise 19972000 Reprise 2,2 -0,6 1,6 3,6 -0,6 2,5 2001-2006 2007-2008 Croissance faible 3,2 1,4 1,3 Croissance moyenne 2,3 2,3 2,5 2,4 1,1 3,4 1,9 2,3 1,2 2,6 1,6 2,8 1,5 3,2 1,2 2,7 2,0 2,8 2,2 3,2 2,0 2,6 2,0 2,7 Source : Angus Maddison, OCDE 1995, in E. Barel, C. Beaux, E. Kesler, O. Sichel, Economie politique contemporaine, Armand Colin, édition 2007. Questions : 1. Faire une phrase avec les chiffres soulignés dans le tableau. 2. Que peut-on dire de la situation française sur la période 2001-2006 par rapport aux pays et aux groupes de pays représentés dans le tableau ? Document 3. La France face à trois groupes de pays : Anglo-saxons, scandinaves et rhénans. « Anglo-saxons » « Scandinaves » « Rhénans » En % France (Etats-Unis, (Danemark, (Allemagne, Canada, RoyaumeFinlande et Suède) Belgique et PaysUni) Bas) 53,7 -Dépenses publiques/PIB 40,3 51,7 47,1 -Taux d’emploi1 72,2 72,5 65,9 62,3 P. Aghion, G. Cette, E. Cohen, J.P. Ferry, Conseil d’Analyse économique (CAE), Les leviers de la croissance française, La documentation française, 2007 (page 7). 1 Taux d’emploi : pourcentage de la population en âge de travailler qui occupe un emploi. Questions. 1. Faire une phrase avec le chiffre souligné. 2. Mesurer l’écart entre la France et le groupe des pays anglo-saxons en termes de dépenses publiques par rapport au PIB. 3. En quoi un niveau excessif de dépenses publiques peut-il freiner la croissance (retour au cours de Première ES, chapitre sur l’Etat). Document 4. Croissance du PIB/ habitant et de la productivité horaire du travail (croissance annuelle moyenne en %). 1950-1975 1995-2000 2000-2005 Productivité horaire du travail France Zone euro Etats-Unis PIB / habitant France Zone euro Etats-Unis 4,9 4,8 2,4 2,2 1,7 2,1 1,8 0,8 2,6 3,8 2,5 1,2 4,3 2,5 1,2 2,2 2,9 1,6 Source : OCDE (in OFCE, L’économie française 2005, La Découverte) Questions. 1. Rappeler la définition de la productivité et comment on l’obtient. 2. Rappeler les deux formes de productivité du travail et leur mode de calcul. 3. Commenter la position de la France par rapport à la zone euro et aux Etats-Unis sur la période 2000-2005 à la fois en termes de productivité horaire et de PIB/habitant. Document 5. La bonne productivité horaire du travail en France : un chiffre artificiel ? (…) Ce que fait apparaître ce graphique est que le problème français ne tient spécifiquement ni à la durée du travail, ni à l’emploi, mais à la combinaison d’une faible durée du travail et d’un faible taux d’emploi (…) Poursuivant la comparaison, il est intéressant d’examiner d’où vient la faiblesse relative du taux d’emploi. Sans surprise, celle-ci fait apparaître que l’écart provient principalement des jeunes et des seniors. Ces comparaisons suggèrent que la France jouit d’une productivité élevée mais souffre d’une faiblesse en quantité de travail. En réalité, cependant, ces deux observations ne sont pas indépendantes : pour partie, le niveau élevé de productivité horaire du travail en France provient, d’une part de l’exclusion des individus les moins productifs de l’accès à l’emploi et, d’autre part, de la concentration de l’activité productive sur un petit nombre d’heures par semaine. Cette productivité est donc en partie artificielle (…) La moitié environ de l’avance de la productivité de la France a un caractère structurel (durable), le reste ne provient que du faible niveau d’activité et d’emploi. P. Aghion, G. Cette, E. Cohen, J.P. Ferry, Conseil d’Analyse économique (CAE), Les leviers de la croissance française, La documentation française, 2007 (page 25). Questions : 1. En quoi faut-il relativiser les bons résultats de la France en termes de productivité horaire du travail ? 2. Expliquer le passage souligné dans le texte. 3. Les chiffres du document 3 confirment-t-il le retard français en matière de taux d’emploi ? Document 6. La France dans la zone euro : un maintien relatif. Si les grands pays de la zone euro ont vu leur position relative s’effriter au niveau mondial entre 1992 et 2005, au sein de la zone euro il existe des différences significatives entre les grands pays avec d’un côté l’Allemagne et l’Italie qui ont vu leur position relative s’éroder, et la France qui a réussi à la stabiliser. Si par rapport aux EtatsUnis, les Français se sont appauvris durant la période 1992-2005, ils ont en revanche maintenu leur position au niveau européen. En effet, le PIB par tête français était de 8% supérieur à celui des européens de la zone en 1992 et ce chiffre est identique en 2005. En revanche, on peut distinguer deux sous- périodes : la première de 1992 à 1997 et la seconde de 1997 à 2005. Un premier examen rapide confirme l’érosion de la position de la France sur la période 1992- 1997. La France a connu une croissance légèrement inférieure à celle de la zone euro (1,9% pour la zone contre 1,8% pour la France). Mais avec une démographie plus dynamique que celle de la moyenne européenne, l’écart en terme de PIB par tête s’en est trouvé accentué. Cette moindre croissance de la France entre 1992 et 1997 serait le résultat d’une politique économique peu accommodante. Depuis le tournant de 1983 et jusqu’en 1997, la priorité a été donnée à la lutte contre l’inflation, au marché et à la monnaie unique européenne (…) La politique de désendettement de l’État, associée à un niveau élevé de la dépense publique, a conduit à augmenter les prélèvements obligatoires et réduit la croissance du PIB. Depuis, et contrairement à l’Allemagne et l’Italie, la France a compensé son retard, avec une croissance supérieure de 0,3 point par an à la moyenne européenne entre 1998 et 2005 (…) Extrait du site de l’OFCE, France 2012, E- book de campagne à l’usage des citoyens (E. Heyer, M. plane et X. Timbeau, La France décroche-t-elle dans le monde et la zone euro ?, 2007). Questions : 1. En quoi ce texte relativise-t-il la thèse du déclin de l’économie française en Europe et dans le monde ? 2. Expliquez le passage souligné (retour au cours de Première ES, chapitre sur l’Etat). 3. Montrer que l’intervention de l’Etat (par la dépense publique) peut également soutenir la croissance.