La Renaissance La Renaissance est un vaste mouvement culturel

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La Renaissance
La Renaissance est un vaste mouvement culturel, un essor intellectuel provoqué par le
retour aux idées et à l’art antiques gréco-latins, que l’on discerne déjà en Italie au
XIVe siècle. En fait, on abandonne explicitement les valeurs médiévales, liées à la
féodalité, et on tente de faire renaître les valeurs de l’Antiquité dans la civilisation
européenne. Les hommes de la Renaissance ont une ferme volonté de faire revivre la
culture antique sous tous ses aspects – avant tout par l’art, puisque l’aspect artistique
est perçu comme un moteur de progrès pour l’humanité –, ce qui se traduit surtout par
un retour aux canons artistiques et aux thèmes gréco-latins. L’homme a une
conscience aiguë et nouvelle du rapport que l’art entretient avec son époque et celles
qui l’ont précédée, c’est pourquoi la production artistique est au centre de cette
« résurrection
Les hommes de la Renaissance, pour la première fois de l’histoire, ont parfaitement
conscience d’appartenir à une époque historique particulière, en rupture avec le Moyen
Âge, mais héritière directe de l’Antiquité. De cette prise de conscience naît un
enthousiasme nouveau pour la redécouverte des anciens savoirs et leur confrontation
avec les récentes découvertes scientifiques. En fait, depuis des siècles, l’Église est le
maître à penser de l’Europe, et elle a adopté les conceptions scientifiques d’Aristote.
La Renaissance, glorification de l’Antiquité, trouve tout ce dont elle a besoin comme
explications scientifiques dans la traduction d’Aristote (de la botanique à la géologie
en passant par la géographie). C’est un peu contre Aristote que se développera la
pensée moderne. Le Polonais Copernic (1473-1543) est le premier à remettre en cause
le système géocentrique d’Aristote en proposant un système où les planètes gravitent
autour du soleil, sur des orbites circulaires. Il jettera ainsi les bases pour l’Italien
Galilée (1564-1642).
Mais ces nouvelles idées suscitent une résistance passionnée – dont le procès de
Galilée est sans doute l’épisode le plus célèbre. En effet, l’Église sent son autorité, sa
puissance menacée par ces remises en cause de sa Vérité.
L’Esprit de la Renaissance
L’esprit de l’homme de la Renaissance est caractérisé par un fort désir
d’intériorité. En effet, fort de sa « nouvelle vie » qui ne tourne plus autour de ses
relations avec son seigneur, l’homme se découvre comme une personne. Plus encore, il
se découvre comme une personne digne d’intérêt : ce n’est plus Dieu, mais l’homme qui
est au centre des réflexions des savants. Et cet homme a un nouveau rapport au
monde : il a un nouvel appétit de vivre, il refuse une vie abstraite et théorique et
souhaite expérimenter. Ce n’est probablement pas étranger à ce fait si la Renaissance
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est le début de l’ère des grandes découvertes, si on y invente l’imprimerie (Gutenberg
est le premier à penser à mécaniser l’impression), entre autres.
De l’Église décadente...
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Excès de rigorisme dans le rituel religieux
Dévotions superstitieuses
La messe se dit en latin, que le peuple ne comprend pas
Les Chrétiens ne lisent plus la Bible
Trafic d’indulgences (pardon dans l’au-delà en échange d’argent)
… à la Réforme
Martin Luther (1483-1546) mène un groupe qui proteste, qui veut réformer la religion
: les protestants
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Retour aux écritures, par la traduction des textes sacrés
Retour à la morale
L’Humanisme
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Critique de l’éducation rhétorique, où on rabâche les propos du maître
Désir d’une éducation qui soit équilibrée : on veut apprendre aux gentilshommes
tant les armes que la culture générale
Désir de retour à l’étude des textes anciens, même s’ils contredisent la religion
Apprentissage des langues anciennes (hébreux, grec, etc.) pour « lire dans le
texte »
Ouverture d’esprit généralisée
Désir de connaître par
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les voyages
o la dissection
Désir de tolérance
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L'écrivain de la Renaissance
L’écrivain de la Renaissance, comme tous les intellectuels, est profondément
marqué par l’apparition du livre imprimé. Il faut dire que l’automatisation de
l’impression marque si profondément la Renaissance qu’on peut se demander si elle
aurait eu le même retentissement sans elle. Ainsi, la large diffusion des livres que
permet l’imprimerie fait non seulement augmenter considérablement l’influence et la
renommée des auteurs, mais elle leur permet aussi d’enrichir leur travail par un accès
plus facile aux idées, aux histoires et au style des autres écrivains.
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Enfin, la littérature n’est plus réservée à quelques érudits qui ont accès à de trop
rares manuscrits ! D’ailleurs, s’ils demeurent toujours une minorité, les intellectuels
forment un groupe beaucoup plus vaste et diversifié qu’au Moyen Âge, et qui
s’intéresse à davantage d’objets d’études : œuvres littéraires françaises, italiennes,
anglaises, grecques, latines, mais aussi théologie, philosophie, droit, sciences,
philologie, etc. Bien qu’ils soient encore souvent des clercs, les savants se consacrent
de plus en plus au développement d’une pensée laïque et d’une littérature profane.
L’écrivain de la Renaissance participe du même coup à l’enrichissement du français :
il contribue à fixer l’orthographe, la grammaire, la syntaxe. C’est en effet à cette
époque d’affirmation d’une culture nationale que s’écrivent les premiers dictionnaires
– qui sont alors bilingues (en France, le premier grand dictionnaire, de Robert
Estienne, français-latin, date de 1538). Rabelais plus que tout autre a joué un rôle de
premier plan, puisqu’il a fait entrer dans la langue française des centaines de mots, et
que plusieurs de ses proverbes et de ses expressions sont encores connus aujourd’hui
et repris dans les dictionnaires pour illustrer l’utilisation de certains mots.
Si la principale caractéristique de la littérature de la Renaissance est sans doute
l’abondance des références à l’Antiquité, l’écrivain du XVIe siècle s’inspire aussi des
événements de son époque ou des œuvres de ses contemporains. C’est en effet le
mélange d’ancien et de nouveau qui favorise la Renaissance des arts et des lettres.
C’est ainsi que l’on sent l’influence de la poésie de Pétrarque dans les vers de Louise
Labé, que Montaigne parle des cannibales du Nouveau Monde, que Rabelais présente un
programme d’éducation humaniste dans son Gargantua, ou que Marguerite de Navarre
peint les mœurs amoureuses des nobles dans ses écrits.
La poésie renaissante
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Comme les humanistes, les poètes de la Renaissance redécouvrent l’Antiquité
Importance accrue de la mythologie gréco-romaine
Poésie à forme fixe
Ballade
Ode
Sonnet
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La Pléiade
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regroupement de sept poètes dont faisaient partie du Bellay et Ronsard
font de la poésie l’art le plus noble, tant qu’elle imite les anciens
tiennent à écrire en français (qu’on dénigrait encore) plutôt qu’en latin, c’est
pourquoi du Bellay signe la Deffense et illustration de la langue françoise
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Naissance de l’essai
L’inventeur du genre est Michel de Montaigne (1533-1592). Si, aujourd’hui, essayer
signifie tenter, expérimenter, risquer – et se tromper, parfois –, ce mot avait pour
Montaigne le sens d’une démarche intellectuelle procédant d’une libre analyse de tout
sujet susceptible de retenir l’attention.
Ce n’est pas pour rien que l’essai est un genre qui fait son apparition à la
Renaissance, puisque c’est seulement à ce moment que la pensée se sent libérée des
dogmes, des préconçus. Comme l’humain devient un nouveau centre d’intérêt,
l’expérience personnelle, prend de plus en plus d’importance, et, pour Montaigne, c’est
un lieu où ressourcer sa pensée. C’est ainsi que, quel que soit le sujet qu’il aborde,
Montaigne en fait une réflexion qui part de l’expérience vécue : il se penche sur la
mort à partir d’un accident de cheval qu’il a eu, de l’amitié à partir du chagrin que lui a
causé le décès de son ami Étienne de la Boétie, de l’éducation en se remémorant celle
qu’il a reçue. Mais il ne raconte pas sa vie. Montaigne dépasse la biographie pour
rejoindre l’universel. « D’autres forment l’homme, moi, je le raconte », disait-il.
Ainsi, l’essai appartient à la littérature d’idées ou de réflexion : c’est une nouvelle
subjectivité, une relation personnelle entre le moi et le monde. En fait, l’essai, c’est :
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écrire au « je »
réfléchir sur soi et sur le monde qui nous entoure
soigner la forme de son écriture jusqu’à la rendre lyrique.
François Rabelais (1494?-1553)
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Gargantua
Pantagruel
Le tiers livre
Le quart livre
François Rabelais était un médecin et écrivain humaniste français de la Renaissance,
né à La Devinière, près de Chinon (dans l’ancienne province de Touraine), à une date
indéterminée entre 1483 et 1494, et mort à Paris le 9 avril 1553.
Son œuvre littéraire tient à la fois du conte avec ses personnages géants et de la
parodie du roman de chevalerie.
Admirateur d'Érasme, maniant la parodie et la satire avec éclat, Rabelais est de ceux
qui luttent avec enthousiasme en faveur de la tolérance, de la paix et du retour aux
valeurs antiques, par-delà ces « ténèbres gothiques » qui caractérisèrent selon lui le
Moyen Âge. Rabelais s'en prend aux abus des princes et des hommes d'Église, et leur
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oppose la culture populaire, paillarde, « rigolarde », faite de vin et de jeux, pétrie
d'une morale chrétienne légère, loin des lourdeurs ecclésiastiques.
Ses critiques et ses expressions crues, proches parfois de la pornographie, lui valent
la mise à l'Index Librorum Prohibitorum1. Il partage avec le protestantisme la critique
de la scolastique2 et du monachisme3, mais le réformateur religieux Jean Calvin s'en
prend à lui de manière très virulente, l'associant aux libertins et aux « pourceaux »
Poètes
Clément Marot (1496-1544)
Épître
Ronsard (1524?-1585)
Les Amours
Joachim du Bellay (1522?-1560)
Les Antiquités de Rome
Les Regrets
Louise Labbé (1526-1565)
Sonnets
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La peinture de la Renaissance, contrairement à la sculpture et à l’architecture,
manque de modèles antiques
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Elle utilise à son profit les recherches sur la perspective
Elle prend un essor particulier, grâce à l’utilisation de solvants à l’huile et du
chevalet
La toile est une nouveauté qui facilite la circulation des œuvres (elles peuvent
voyager roulées) et permet une rapide diffusion des courants esthétiques
L’artiste renaissant acquiert la dimension de créateur individuel
Sandro Botticell (1448-1510)
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peintre, dessinateur et graveur italien
auteur du premier vrai nu féminin, La Naissance de Vénus (1485)
célèbre pour ses allégories, dont Le Printemps (1478) est la plus connue
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Léonard de Vinci (1452-1519)
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peintre, sculpteur, architecte, ingénieur militaire et inventeur italien
travaille pour François Ier de 1515 à 1519
renouvelle l’art du portrait (surtout féminin)
écrit un Traité de la peinture (1490)
Léonard de Vinci s’attache avant tout à traduire la dimension psychologique de
ses personnages, dont les formes enveloppées dans la pénombre (sfumato) se
matérialisent en des tons doux et gradués
jeu subtil de clairs-obscurs
dans la dernière période de sa vie, Léonard de Vinci s’adonne intensément aux
recherches scientifiques
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il illustre par des centaines de dessins l’union entre l’art et la science,
caractéristique de cette époque
Michel-Ange (1475-1564) (Michelangelo Buenarroti)
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peintre, sculpteur, architecte, ingénieur et poète italien
contrairement à Léonard de Vinci, il élève la sculpture, et non la peinture, au
sommet de tous les arts
une recherche anatomique poussée à l’extrême, jointe à un sens du pathétique
complètement maîtrisé, donnent à ses œuvres une plénitude nouvelle (voir le
David)
on retrouve ces mêmes qualités dans sa peinture, et spécialement dans les
fresques qu’il réalise pour la chapelle Sixtine, Scènes de la Genèse et Jugement
dernier
Raphaël (1483-1520) (Raffaello Sanzio)
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peintre italien, le plus jeune des maîtres de ce temps
dessin d’une grande force expressive, et empreint d’une poétique originale dont
ses madones et ses portraits sont le reflet
Titien (1490-1576) (Tiziano Vecellio)
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prodigieux portraitiste et premier grand peintre de nus : sa Vénus d’Urbino
aura une descendance nombreuse jusqu’à l’Olympia de Manet
représente les déesses comme de fastueuses courtisanes
à la mort du peintre Bellini (1540), il règne en maître sur la peinture vénitienne
La France est le pays qui établit les liens les plus précoces avec l’art italien, en
partie à cause des intérêts politiques que les monarques français ont dans la
péninsule
Les guerres ont pour conséquence l’afflux vers la France d’artistes italiens
Les Clouet (le père vécut de 1485 à 1541, le fils, de 1515 à 1572), peintres du
roi, se distinguent par la vigueur de leurs portraits
Le Caravage (1573-1610) (Michelangelo Merighi, dit Caravaggio)
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amène une « révolution » de l’art pictural
approche nouvelle et plus directe de la réalité qui tranche avec la production
contemporaine
réalisme si révolutionnaire qu’il heurte souvent ses commanditaires
compositions hardies
jeu très novateur des ombres et des lumières
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succès immédiat produisant un vaste mouvement (ténébrisme ou caravagisme),
qui eut des répercussions importantes sur la plupart des courants de la
peinture européenne
Le XVIIe siècle
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Ce siècle se place sous le signe de la grandeur : c’est le siècle de Louis XIV et
du classicisme
La France domine l’Europe tant par les armes que par sa produc-tion littéraire
et artistique
Ce siècle voit la codification de nombreuses règles d’écriture
Plus important, il voit naître la codification de la langue française : Richelieu
crée l’Académie française en 1634 un des premiers dictionnaires est compilé
par Furetières en 1690
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La France de Louis XI à Henri IV
À la fin du XVI siècle, la France ne ressemble pas à celle que nous connaissons
aujourd’hui. Ses limites sont loin de correspondre aux frontières actuelles. Le
territoire est fractionné – à l’est, par exemple, plusieurs régions ne sont pas
encore annexées, comme la Flandre et l’Artois, la Lorraine et l’Alsace, la
Franche-Comté et la Savoie, entre autres, alors qu’au sud une partie de
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l’Auvergne et le Limousin sont encore indépendants. En fait, c’est au cours du
XVIIe siècle, par une série d’annexions, que la France prendra la forme qu’elle a
aujourd’hui encore.
En ce début du XVIIe siècle, la France compte uniquement vingt millions
d’habitants. Si elle est si peu peuplée, c’est à cause des guerres de religion du
siècle précédent, qui ont fait des centaines de milliers de morts (que ce soit
directement, par les massacres et les destructions, ou par les famines et les
épidémies qui s’ensuivirent).
De ces vingt millions de personnes, 200 000 habitent Paris. C’est donc dire que
la France de ce temps est essentiellement rurale. Les villes sont rares et
souvent de dimension réduite. Il faut dire que voyager est alors presque un
exploit, parce que les routes sont mal entretenues et peu sûres. C’est pourquoi
les communications sont plus que difficiles. Pourtant, il existe peu de
différence entre la ville et la campagne : la souffrance est générale. À cause
des guerres de religion, le pays est désorganisé, et de nombreuses années
seront nécessaires pour redresser la situation.
Toutefois, dans sa désorganisation, la société française n’est pas anarchique.
Au contraire, le XVIIe siècle présente une société bien compartimentée. Au
sommet règne le roi (qui n’a pas encore le pouvoir absolu qu’il détiendra plus
tard), entouré des nobles. Ces grands seigneurs sont puissants, et détiennent
de nombreux droits et privilèges. S’ils n’ont plus tout le pouvoir qu’ils avaient au
Moyen Âge, il n’en reste pas moins que les guerres de religion leur ont profité :
ils ont renforcé leur autonomie, et continuent à s’enrichir grâce aux
nombreuses redevances qu’ils imposent aux populations. Leur titre est bien sûr
héréditaire. Sous eux, les bourgeois – dont le nom signifie à l’origine habitant
du bourg, villageois – constituent une classe montante. Par son travail, la
bourgeoisie participera au développement et au redressement de la France ;
elle sera aussi amenée à jouer un rôle politique de plus en plus important en
participant au gouvernement du roi et en siégeant dans les parlements – les rois
favoriseront cette ascension, cherchant ainsi à affaiblir la noblesse pour jouir
d’un pouvoir plus grand. Le peuple, quant à lui, est toujours au bas de l’échelle
sociale. Le peuple des campagnes, surtout, est dans une misère extrême,
puisqu’il est soumis à un travail intense et fort mal rémunéré.
Aussi injuste et inégale qu’elle puisse paraître, la société française est
cependant unie par la religion – qu’ils soient catholiques ou protestants, tous
croient :
les
athées
sont
encore
rares.
La misère du peuple, à cette époque, côtoie la somptuosité affichée par les
classes privilégiées. En fait, alors qu’on sentre-tue, les dames de la cour sont
passionnées par les romans ; tandis que les conspirations se succèdent, Nicolas
Faret définit l’idéal raffiné du courtisan dans son ouvrage intitulé l’Honnête
homme ou l’art de plaire à la cour (1630). Le début du siècle, période
d’instabilité permanente, d’incessantes remises en cause, s’exprime dans une
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littérature de l’excès, de la démesure et de l’apparence : c’est l’apogée du
mouvement baroque en France.
Après les guerres de religion de la fin du XVIe siècle, les hommes aspirent à un
ordre rationnel et stable. C’est ainsi qu’à son avènement (en 1598), Henri IV
(1553-1610) signa l’édit de Nantes, traité garantissant la liberté de culte aux
protestants, le droit de posséder des armes et des places fortes. Bien sûr,
l’hostilité des extrémistes catholiques et protestants ne désarme pas, mais la
France s’apaise. Après avoir restauré la paix intérieure, Henri IV, avec l’aide de
ses ministres, travaille au rétablissement de la prospérité économique de son
royaume. Il agrandit aussi le territoire, en annexant, entre autres, une partie
de la Savoie, l’Auvergne et le Limousin. Toutefois, le fanatisme religieux n’est
pas mort : en 1610, Ravaillac assassine Henri IV et montre par là que certains
catholiques n’ont jamais pardonné au roi la signature de l’édit de Nantes.
À la mort d’Henri IV, son fils, Louis XIII (1601-1643) n’a que neuf ans. C’est
donc Marie de Médicis, sa mère, seconde épouse du défunt roi, qui régente le
royaume. Cette régence affaiblit le pouvoir royal, ce qui crée une situation
propice au désordre : des épisodes sanglants se succèdent.
En 1617, après avoir fait assassiner Concini, favori de la reine mère qui
l’écartait du pouvoir, Louis devient réellement roi de France. La querelle entre
Marie de Médicis et son fils durera jusqu’à qu’ils soient réconciliés par le
cardinal de Richelieu, qui aura beaucoup d’ascendant sur le roi. C’est d’ailleurs
sous l’impulsion du cardinal que reprendra l’entreprise de consolidation de
monarchie et l’effort d’unification de la France.
À la mort du roi en 1643, son fils Louis XIV (1638-1715) n’a que 5 ans. C’est sa
mère, Anne d’Autriche, aidée par le cardinal Mazarin, qui régentera le royaume.
Des troubles agitent la France (la Fronde, 1648-1653), forçant Louis et sa mère
à fuir à Paris. Le pouvoir royal sort renforcé de cette épreuve, mais le jeune roi
sera profondément marqué : cet événement lui inspirera le culte de
l’absolutisme et la crainte de résider à Paris (c’est pourquoi il s’installera à
Versailles en 1672).
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Le règne personnel de Louis XIV commence en 1661, à la mort de Mazarin (et
s’étendra jusqu’à sa mort, en 1715). Il est courant de dire que ce règne correspond à
celui de l’ordre et de l’autorité. Pendant les vingt-cinq premières années de son règne,
Louis travaille patiemment à imposer sa toute-puissance, à assurer l’unité et la force
de son royaume. Il poursuit donc quatre objectifs principaux :
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concentrer tous les pouvoirs entre ses mains (monarchie absolue) ;
assurer l’unité religieuse et idéologique du royaume ;
construire la prospérité ;
affirmer la présence française à l’extérieur.
Ainsi, le premier but de Louis XIV est de concentrer tous les pouvoirs entre ses
mains. Pour ce faire, il veille à ce qu’aucun de ses ministres ne prenne une trop grande
importance. Il donne en exemple Fouquet, puissant ministre des Finances, qui avait
amassé une importante fortune (tellement importante qu’il avait fait construire un
château près de Paris où il donnait des fêtes somptueuses et qu’il avait constitué
autour de lui une véritable cour rivale de celle du roi – il avait même pris sous sa
protection Molière et La Fontaine) : il le fait arrêter et le fait condamner à la prison à
perpétuité en 1664 pour avoir dilapidé l’argent de l’État. Pour augmenter son pouvoir,
Louis XIV continue en même temps à affaiblir les parlements provinciaux. Il affaiblit
aussi la noblesse en s’appuyant sur la bourgeoisie, qu’il appelle à son gouvernement. En
fait, il porte l’absolutisme à son paroxysme avec la notion de droit divin (on l’appelle le
Roi Soleil).
Mais exercer un pouvoir fort implique qu’on règne sur un pays uni. Au XVII e siècle,
l’unité nationale est directement liée à l’unité religieuse. Au début de son règne, c’est
donc la raison d’État qui pousse Louis à agir. Toutefois, à partir des années 1680,
influencé par Madame de Maintenon (qu’il épouse secrètement en 1683), le roi devient
pieux et agit vraiment par conviction religieuse. Il s’immiscera tranquillement dans les
affaires religieuses en essayant d’abord de diminuer l’emprise du pape sur le clergé,
pour donner à l’Église une orientation plus nationale (gallicanisme). Il combattra aussi
le jansénisme, qui est source de division. Il luttera surtout contre le protestantisme.
Il faut comprendre que cette idéologie représente un réel danger pour Louis XIV. En
effet, elle rompt l’unité nationale en suscitant un genre de vie différent de celui de la
majorité de la population, en plus d’être fondée sur une organisation plus
démocratique (ce qui déshabitue de l’obéissance à la hiérarchie et jette de dangereux
ferments d’anarchie et de libre discussion). C’est ainsi qu’après avoir restreint les
droits des protestants en appliquant l’édit de Nantes dans un sens restrictif, après
les avoir persécuté, Louis XIV révoque l’édit en 1685. Cette révocation eut des
conséquences désastreuses pour la France, puisqu’elle incita les protestants à s’exiler
(beaucoup émigrèrent vers l’Angleterre, par exemple), ce qui lui causa un grand
dommage économique.
Le troisième objectif majeur de Louis XIV est de construire la prospérité
économique de son royaume et d’en accroître le prestige. C’est ainsi que le roi
encourage l’industrie, le commerce, l’agriculture, fait construire des routes et des
canaux, réorganise les finances et fonde de nombreuses manufactures d’État.
Versailles, le faste de la cour, la richesse ostentatoire, les artistes attachés à la cour
permettent à Louis XIV d’étendre son prestige à toute l’Europe et de faire de la
France, sinon dans les faits du moins en apparence, le pays le plus puissant du
continent.
Tout cela permet à la France d’affirmer sa présence à l’extérieur. Pour ce faire, le
roi poursuit une politique de conquête. C’est-à-dire que Louis XIV poursuit
l’agrandissement du territoire non seulement en y annexant des territoires voisins (la
Flandre et la Franche-Comté, par exemple), mais aussi en rattachant la NouvelleFrance, qui appartenait depuis 1627 à la Compagnie de la Nouvelle-France, au domaine
royal. Cette volonté d’expansion ne va cependant pas sans heurt : des conflits
incessants et coûteux opposent la France à l’Espagne, à l’Autriche, à la Hollande, à
l’Angleterre, à la Suède. L’issue de ces guerres sera la consécration de la suprématie
française par la paix de Nimègue (1678), du moins pour un temps.
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Louis XIV, par Rigaud
En plus de contribuer à l’expansion des frontières du royaume le règne du Roi Soleil
contribue au rayonnement culturel incontestable de la France. Le mécénat royal
contribue à l’essor de la vie artistique et littéraire : par sa protection ou par l’octroi
de pensions, le pouvoir encourage les artistes qui lui convient. Molière, par exemple,
bénéficiera largement des faveurs du roi. Durant cette période de dirigisme
intellectuel, Louis XIV poursuit une politique de création d’académies, destinées à
surveiller tous les domaines de l’activité artistique et intellectuelle ; c’est ainsi que
sont nées l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1663 et l’Académie des
sciences en 1666. En fait, les goûts personnels du roi ont probablement joué un rôle
dans l’épanouissement du classicisme français au milieu d’une Europe baroque.
Les mœurs du XVIIe siècle
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Le courtisan du XVIIe siècle doit vivre selon l’idéal de l’honnête homme
L’honnête homme est un type d’homme du XVIIe siècle qui fait de l’intégrité et
de la probité les principales qualités du courtisan
C’est l’idéal, l’aspiration, le but à atteindre
L’honnête homme paraît bien, il est beau, charmant et charismatique
Il est intelligent et apprécie les arts et les letters
L’honnête homme
Le courtisan du XVIIe siècle doit vivre selon l’idéal de l’honnête homme. Façonné par
les salons parisiens, l’ambiance de la cour et la littérature du temps, cet idéal est celui
d’un homme qui vit à la cour : il renvoie à un comportement social. Il ne faut cependant
pas oublier qu’il s’agit d’un idéal : la peinture qui en sera faite ici n’est pas la
description d’un homme qui existe vraiment au XVIIesiècle, mais d’un homme que tous
voudraient pouvoir devenir.
L’honnête homme est souvent noble. S’il ne l’est pas, il doit avoir les qualités de la
noblesse et assez de mérite personnel pour aspirer à faire partie de cette classe.
C’est un homme du monde, qui ne travaille pas. Il cherche à plaire, à briller en société.
Ce sont ses manières raffinées et sa mise élégante que l’on remarque d’abord et qui
font qu’on lui accorde un peu d’attention. C’est alors qu’il doit séduire, être agréable,
en montrant qu’il cultive l’art de la conversation – non pas qu’il cherche à se mettre en
valeur à tout prix, il laisse plutôt la parole à son interlocuteur, dont il souligne la
justesse des idées ou l’à-propos d’une formule. Il montre ainsi non seulement son
ouverture, mais son altruisme, sa capacité à dominer son amour-propre. De toute
façon, la cour n’est pas l’endroit pour exposer ses sentiments : il convient d’y toujours
présenter un visage détendu et souriant, jamais sa mauvaise humeur ou son irritation.
En somme, l’honnête homme paraît bien, il est beau, charmant et charismatique.
Pour plaire et briller en société, il faut, bien sûr, avoir une grande capacité
d’adaptation. C’est la seule façon de faire bonne figure dans tous les milieux et dans
toutes les circonstances. L’honnête homme n’aura pas la même attitude devant un
cardinal, un marquis ou une jeune fille et n’abordera pas avec eux les mêmes sujets de
conversation : au cardinal, il parlera de théologie, au marquis, il posera des questions
sur sa dernière campagne militaire et tiendra des propos galants à la jeune fille1.
Cette capacité d’adaptation, qui montre en même temps une grande souplesse d’esprit,
marque deux qualités essentielles de l’honnête homme : le respect et la tolérance.
Pour être agréable, l’honnête homme a aussi un bon sens de l’humour : il est
l’incarnation, aux yeux de ses contemporains, de l’élégance de l’esprit autant que de
celle des manières. Mais son humour est fin, subtil et vertueux – c’est un esprit qui
fait sourire plutôt que rire.
L’honnête homme a aussi un rapport particulier à la culture. Il est instruit de tout,
voire expert de tous les domaines – comment, autrement, discuter avec tous ? – sans
être pédant. En effet, son vaste champ de connaissances ne doit pas l’amener au
jargonnage ou au didactisme : il doit toujours s’adapter à ses interlocuteurs, qui n’ont
pas nécessairement une spécialisation aussi grande que la sienne, et ne souhaite
surtout pas les ennuyer. On pourrait dire, avec son intelligence polyvalente, qu’il est un
« dilettante ». Il apprécie les arts, les lettres et le théâtre, qui sont des sujets de
conversations importants autant à la cour que dans les salons.
Malgré ce qu’on pourrait croire, l’honnête homme n’est pas un flatteur. Pour lui, il est
important d’être naturel, c’est-à-dire d’avoir la Nature pour guide. Il fait de
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l’intégrité et de la probité les principales qualités du courtisan. Il rejette donc
l’affectation et ne cherche pas à paraître ce qu’il n’est pas – il souhaite être agréable
et brillant naturellement, sans chercher à l’être. De même, il refuse l’exagération,
l’excès, et recherche en tout le juste milieu – il est donc normal qu’il rejette à la fois
la préciosité et la pédanterie2. Sa recherche de naturel l’amène parfois à critiquer les
défauts de l’homme et de la société, mais il croit que l’amélioration de la morale
personnelle plutôt qu’une transformation des institutions amènera le progrès de la
civilisation. C’est un être de raison, qui sait s’adapter aux usages de son temps sans
abdiquer sa liberté de jugement.
Il faut donc retenir que l’honnête homme est, pour le XVIIe siècle classique, un idéal
de perfection ou, en tout cas, d’équilibre social.




L’honnête homme sait converser et pratique une galanterie de bon aloi
Il a un humour subtil et est vertueux
Idéal de perfection ou, en tout cas, d’équilibre social
La gloire est une réputation méritée, reconnue par autrui, se fondant sur les
qualités morales d’un homme (elle est liée de très près à l’idée d’honneur) : elle
est la première valeur chez les aristocrates
L’honnête homme se définit :


par son intelligence polyvalente (mais non pédante)
par son rapport avec les femmes (dans les Salons)
Il doit être :



bien né (s’il n’est pas noble, il doit en avoir les qualités)
vivre noblement (sans travailler)
expert en tout, et non seulement spécialiste
Le libertinage



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

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
Le libertinage est le désir de la libre-pensée (il est le lien entre l’humanisme de
la Renaissance et les philosophes du XVIIIe siècle)
Mouvement important dans la bourgeoisie intellectuelle (élite instruite)
refus des dogmes religieux
refus des préjugés légués par l’histoire
mœurs assez autères, vie sobre
scepticisme, doute, esprit critique
les libertins sont souvent athées, mais surtout sceptiques
leur doute leur sert de base de recherche
15
Descartes et la raison
René Descartes (1596-1650) est un savant avant de devenir un philosophe



Il fait table rase de l’enseignement traditionnel et demande aux mathématiques
une méthode générale de raisonnement
C’est dans sa propre pensée qu’il découvre l’essence de son être en même temps
que la preuve de l’existence de Dieu
Citation célèbre : « Je pense, donc je suis. », tirée du Discours de la méthode
(1637)
Le Jansénisme






En 1640, années de révolution intellectuelle, Augustinus Jansénius fonde le
Jansénisme
Les Jansénistes s’installent à Port-Royal
Ils ont une représentation du monde qui met au centre la rédemption : l’homme
est sauvé du péché originel par la grâce de Dieu
Pour les Jansénistes, l’homme est corrompu et ne fera rien qui vaille sans le don
transcendant de la grâce, qui l’élèvera à l’ordre de la charité. En dehors de cela,
tout est piège d’amour-propre
L’horizon humain est le mal, l’erreur, la souffrance, l’injustice et la mort
Le savoir est admirable mais n’explique pas la condition humaine et ne rachète
pas l’homme devant Dieu
Pascal et le Jansénisme
Blaise Pascal (1623-1662) est d’abord un homme de science




études sur les coniques
études sur la cycloïde
calcul des probabilités
démonstration de l’existence du vide
Peut-être parce qu’il souffre d’une terrible maladie qui lui paralyse le bas du corps
et l’oblige à marcher avec des béquilles, sa vie est jalonnée de crises spirituelles

Deux des textes de Pascal ont marqué l’histoire de la littérature et de la
pensée
o
Les Provinciales (1656-1657), lettres pamphlétaires publiées
anonymement, cherchent à défendre le Jansénisme en attaquant les Jésuites
16
Les Pensées (1669), réflexions sur la religion, en réaction au
rationnalisme naissant, font de la foi l’unique vérité
L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau
pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser, une vapeur, une
goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais quand l’uni-vers l’écraserait, l’homme serait
encore plus noble que ce qui le tue puisqu’il sait qu’il meurt et l’avantage que
l’univers a sur lui. L’univers n’en sait rien.
o

- Pascal, Les Pensées, Br. 347
La préciosité
En réaction à la cour d’Henri IV, où les courtisans sont, à l’image de leur roi,
grossiers et grivois, les amateurs de beau langage et de politesse raffinée se
rassemblent autour de la marquise de Rambouillet pour faire admirer les costumes
riches de rubans et de plumes qui sont au goût du jour, pour parler galanterie et
coquetterie dans un langage qui devient rapidement incompréhensible, tellement il est
métaphorique. Ils deviendront, à partir de 1630, les habitués des salons. Leur volonté
d’épuration des mœurs, de la vie amoureuse et du langage caractérisera d’ailleurs
toute l’histoire des salons et de la préciosité.
Ces salons aux ruelles ornées de beaux tissus bleus et verts, tenus par de grandes
dames, sont le rendez-vous mondain de Paris tout au long du XVIIe siècle et leur rôle
est fort important. Ils ont d’abord une fonction sociale : non seulement les grands (et
moins grands) esprits s’y rencontrent-ils, ce qui permettra un essor de la pensée et
des sciences, mais on y développe une étiquette qui permettra à celle de la cour de
Versailles de naître. On y développe aussi les modes vestimentaires – pas toujours
heureusement, il faut le dire. Plus sérieusement, on y discute des grands problèmes
de l’heure et de la place de la femme dans la société (un véritable mouvement
féministe s’y dessine). Les salons ont aussi une fonction littéraire : on privilégie les
questions littéraires lors des réunions qui s’y tiennent – on y pratique l’art de la
conversation, le jeu d’esprit, on y fait des concours de poésie et des écrivains y font
parfois la lecture de leurs œuvres nouvelles. Les salons ont donc eu une influence
notable sur la langue française.
À partir de ces salons féminins se développe un phénomène, entre 1650 et 1660,
qu’on a appelé la préciosité. La préciosité, c’est avant tout un mouvement issu de
l’effort d’une élite pour se distinguer du « commun ». L’esprit précieux se manifeste
d’abord par la préciosité des manières, qui se marque par la recherche de l’élégance
dans le costume et par des usages raffinés qui ne vont pas toujours sans
extravagance. Il se manifeste aussi par la préciosité des sentiments, recherche,
souvent excessive, de la délicatesse des sentiments. On reconnaît enfin la préciosité
du goût, qui paraît à travers la recherche d’une formulation singulière au détriment
17
des idées – on reconnaît généralement que, malgré l’excès incontestable des
précieuses souvent tributaire de l’esprit baroque, elles ont néanmoins contribué à
donner au classicisme la langue pure et précise qui permettra de développer toutes les
finesses de l’analyse psychologique




Née du désir des courtisanes de contrer la grossièreté de la cour d’Henri IV, la
préciosité est un mouvement féminin qui a beaucoup apporté à la société du
temps (féminisme, langue, psychologie de l’amour)
Société s’épanouissant dans les Salons
Politesse mondaine, galanterie : les conversations sont la base de la préciosité
Peu à peu, les précieuses, en tentant de se distinguer du vulgaire, exagèrent et
créent une langue artificielle qui fait leur marque dans la société
les périphrases remplacent les mots honteux (chemise, balai, vomir, par
exemple)
o
elles emploient des figures de style (le miroir devient le « conseiller des
grâces », par exemple)
o
elles créent des néologismes (féliciter, enthousiasmer, anonyme, par
exemple)
 La préciosité fait naître la psychologie classique en inventant les termes
nécessaire à l’analyse intérieure
 La préciosité ne mourra jamais. Elle influencera plutôt le classicisme en
permettant le culte de la perfection formelle, si chère aux classiques
o
Les Grands Salons littéraires
Mme de Rambouillet (1588-1665), marquise d’origine italienne

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o
o
o
o
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

Reçoit dans sa chambre bleue tous les honnêtes hommes et femmes qui y
viennent
Son Salon est déjà populaire de 1620 à 1625
Elle y reçoit alors :
Richelieu
la princesse de Conti
Malherbe
Vaugelas
L’hôtel de Rambouillet est le centre du bon goût et de la bienséance
La plus brillante période du Salon va de 1625 à 1648 (même s’il reste fréquenté
jusqu’à la mort de Mme de Rambouillet)
Elle y reçoit alors :
o le Grand Condé
o le duc de La Rochefoucauld
18
Madeleine de Scudéry
o Scarron
o Pierre Corneille, à l’occasion
L’hôtel de Rambouillet est un lieu où l’on s’amuse
Divertissements littéraires
o lecture de longs romans (qui ont parfois plus de dix tomes)
o composition
o critique de textes
o guerres galantes
o conversations créatrices (improvisation sur un thème
o


Mlle de Scudéry (1607-1701) tient un salon important de 1652 à 1661
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o
o
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

Elle réunit des bourgeois, non des aristocrates
Se concentre sur les activités créatrices
genres à la mode
tournois poétiques
potins littéraires
Tous les ans, Mlle de Scudéry publie un ou plusieurs tomes de ses romans
fleuves (Le Grand Cyrus, de 1649 à 1653, a dix tomes, tout comme Clélie, de
1654 à 1661)
Ils doivent leur succès au mélange d’héroïsme et de chaste galanterie des
personnages
Une page de Clélie, la Carte du Pays de Tendre, est restée célèbre
Les Grands Peintres des mœurs du siècle
Jean de La Fontaine (1621-1695), avec ses Fables (1668)

o
o
o
o
Caractéristiques :
écrites en vers
présentent des animaux pour instruire l’homme et lui faire prendre
conscience de ses travers
intentions morales
se servent de la satire et du contraste
La Bruyère
Jean de La Bruyère (1645-1696), avec ses Caractères (1688)

o
o
Caractéristiques :
maximes et portraits
observations très justes
19
cherchent à montrer l’homme tel qu’il est en se servant de la caricature
défendent le tiers-état en dénonçant la guerre et le pouvoir de l’argent
o
o
Le classicisme


Recherche d’un idéal littéraire et artistique où domineraient la pureté et la
vraisemblance
La doctrine classique est exposée dans l’Art poétique de Boileau (1674)
Boileau et le classicisme




L’art littéraire est une imitation de la nature humaine
L’idéal est la vérité : pour plaire, il faut faire vrai
La raison n’admet le vrai que lorsqu’il est vraisemblable : l’exceptionnel sera
donc banni
Le poète aura deux guides
les écrivains anciens
la raison, le bon sens
o
o
o
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou moins pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Boileau, L’Art poétique (v. 27-30)
Caractéristiques de la doctrine classique




Imitation des anciens (imitation créatrice)
Lien étroit entre l’esthétique et la morale
Nécessité du travail sur la forme
Croyance en un goût absolu permettant de choisir pour chaque idée la seule
expression qui la traduira avec un naturel parfait
Caractères esthétiques recherchés




mesure
respect des règles
clarté
division par genre
20
Le théâtre au XVIIe siècle
Au début du siècle, le théâtre n'est pas un genre fort noble : il est joué par des
comédiens nomades, devant un public plutôt grossier. Le répertoire est alors assez
pauvre, constitué surtout de pastorales. À la fin du siècle, c'est un tout autre tableau.
Parmi les troupes de campagne, celles de Molière, de Filandre et de Floridor sont
les plus connues. Ces troupes s'organisaient à Paris, pendant la morte-saison des
théâtres (après Pâques, en général). La troupe comprenait alors une dizaine de
comédiens, un décorateur, parfois un poète à gages. Elle s'installait dans un jeu de
paume ou dans un « hôtel » pour donner ses représentations. La troupe reprenait
ensuite les grands chemins pour regagner les provinces.
Au début du XVIIe siècle, Paris ne possède qu'une seule salle de théâtre : l'Hôtel
de Bourgogne, alors occupée par la Troupe Royale. C'est Louis XIII qui, permettant à
la troupe de prendre ce nom, donna aux comédiens une situation officielle privilégiée.
Mais cette situation n'était pas la même pour tous les acteurs... ni si privilégiée qu'on
pourrait le croire, comme on le verra plus loin.
La Troupe Royale fait d'abord dans la farce, où triomphent le Gros-Guillaume,
Gautier-Garguille et Turlupin, avant de se spécialiser dans la tragédie, qui rendra
célèbres Bellerose, Floridor, Montfleury et la Champmeslé.
Peu à peu, d'autres troupes s'installent dans d'autres Hôtels de Paris : le théâtre
du Marais (1600-1673) sous la direction du tragédien Mondory ; la troupe de Molière
(1658-1680) au Petit-Bourbon – puis au Palais-Royal, bâti par Richelieu – ; la ComédieFrançaise (1680), issue de la fusion des troupes de l'Hôtel Guénégaud et de l'Hôtel de
Bourgogne par ordre du ro
Les représentations théâtrales sont assez fréquentes, au XVIIe siècle. Vers 1660,
par exemple, on jouait trois fois par semaine : le vendredi (jour réservé aux
premières), le dimanche et le mardi. Pourtant, le spectacle a lieu l'après-midi –
habituellement après quatorze heures –, jamais en soirée.
La salle ressemblait à celle d’aujourd’hui, même si elle était longue et étroite – elle
avait, en fait, la forme d'un entonnoir. Sa disposition n'a pas beaucoup changé, c'està-dire que des loges et des galeries formaient un ovale autour de la scène. Toutefois,
le parterre était réservé aux hommes moins fortunés, qui s’y tenaient debout (ces
places étaient bon marché, et le public, assez bruyant et difficile à satisfaire), alors
que les galeries et loges accueillaient le public élégant (des femmes, principalement).
La scène, quant à elle, était petite et éclairée d'abord par des chandelles de cire, puis
par deux lustres qu'on soulevait au début de la représentation. Sous l'influence
anglaise, on a commencé à disposer, de chaque côté de la scène, des sièges réservés
aux spectateurs de marque.
Si, au Moyen Âge, le jeu s'effectue devant un décor unique, plus avance le XVII e
siècle, plus l'influence italienne se fait sentir – non seulement dans le jeu des acteurs,
qui devient de plus en plus naturel, grâce à Molière, mais surtout dans le goût pour une
décoration somptueuse : on arrive tranquillement à un théâtre de la machine (un peu
21
comme, aujourd'hui, le cinéma en est un d'effets spéciaux). Ainsi, on fait glisser sur
des rails la lune, des astres ou des nuages, on imite la mer déchaînée par un système
de cylindres qui ondulent derrière une toile, etc.
Les costumes, eux, sont fastueux... mais anachroniques. Ce qui importait, ce n'était
pas de faire vrai, mais de faire « chic », de sorte que personne ne s'étonnait de voir
Auguste porter un large chapeau avec deux rangs de plumes rouges ou que Polyeucte
portât une perruque, un feutre et des gants.
Une lourde réprobation pèse sur le métier d’acteur : les comédiens sont frappés
d’excommunication. L'Église catholique (comme l'Église réformée, d'ailleurs), soutient
que le théâtre contribue à la corruption des bonnes mœurs. On refuse donc aux
comédiens une sépulture en terre sainte : comme ils ne peuvent être enfouis dans les
cimetières, à leur mort, on les jette dans des fosses communes – ç'a été, notamment,
le sort de Molière, dont la tombe au cimetière du Père-Lachaise demeure vide.
Malgré la condition des comédiens, malgré ce que pensait l'Église du genre, le théâtre
au XVIIe était le divertissement le plus important. Sous Louis XIV, le théâtre n'inclut
pas que les pièces aujourd'hui encore jouées : il comprend aussi de nombreuses
comédies-ballets (genre où excelle Molière), où la danse, la musique et les
déguisements viennent égayer le réalisme psychologique et ajouter au comique. On
vivait une sortie au théâtre comme une cérémonie, un rite social : c'était le
prolongement de ceux de la cour ou du salon.
La tragédie classique

La tragédie est le genre le plus noble
Elle doit suivre la règle des trois unités

lieu (un seul)
temps (maximum 1 jour)
action (un conflit central)
Elle doit présenter un dénouement malheureux, tragique

o
o
o
Les grands auteurs tragiques
Pierre Corneille (1606-1684)

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

Le Cid (1634)
Cinna (1640)
Horace (1640)
Polyeucte (1641)
Nicomède (1651
22
Jean Racine (1639-1699)
Andromaque (1667)
Britannicus (1669)
Bérénice (1670)
Bajazet (1672)
Iphigénie (1674)
Phèdre (1677)






La comédie classique



La comédie est un genre « populaire »
Elle n’est pas nécessairement drôle : elle est ainsi nommée pour être distinguée
de la tragédie, dont elle n’a pas à suivre les règles
Elle est déprisée par les nobles… qui vont quand même voir les pièces de
Molière
Molière
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673)



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
Les Précieuses ridicules (1659)
Dom Juan (1665)
Le Misanthrope (1666)
Le Tartuffe (1667)
Le Bourgeois gentilhomme (1670)
Les Fourberies de Scapin (1671)
Le Malade imaginaire (1673)
La comédie de Molière est plus qu’une farce ou une simple comédie d’intrigue
o le jeu doit être naturel
o il faut peindre l’homme, dans toute sa complexité
o morale de la juste nature, du « juste milieu » : il faut dénoncer tous les
excès
o lutte contre l’hypocrisie
L'art au XVIIe siècle
Les frères Le Nain, peintres français



o
o
Antoine (1588-1648)
Louis (1593-1648)
Mathieu (1607-1677)
Scènes silencieuses baignées d’une couleur douce et poétique
Thème principal : la vie paysanne
23
Georges Dumesnil de la Tour (1593-1652)


Peintre français proche du caravagisme
Utilise la lumière d’une lampe ou d’une chandelle pour projeter des ombres
épaisses autour des silhouettes
Nicolas Poussin (1594-1665)



Peintre et dessinateur français, premier représentant de la tendance classique
Distribue la lumière dans ses travaux de manière égale, à la façon des peintures
de la Renaissance
Œuvres religieuses et mythologiques
Pierre-Paul Rubens (1577-1640)




Peintre et dessinateur flamand
Le plus célèbre des peintres européens de l’époque
Ses tableaux sont empreints de force, d’exubérance et de sensualité
Profond sentiment religieux
Diego Velázquez (1599-1660)



Peintre espagnol représentant le mieux la peinture réaliste
Très nets contrastes lumineux, inspirés du Caravage
Œuvre très variée, de l’intimiste (la Vénus au miroir) au populaire (le Bouffon
de Sébastien de Mora), en passant par l’ambigu (les Ménines)
Rembrandt Harmen-szoon Van Rijn (1606-1669)




Peintre, dessinateur et graveur hollandais
Jeu très dense des clairs-obscurs
Palette à la fois chaude et sombre
Il connut rapidement la notoriété comme portraitiste
Johannes Vermeer (1632-1675), peintre hollandais




Richesse de la lumière
Radicale sobriété dans l’attitude des personnages
Tendance à se limiter à des scènes se déroulant dans un univers clos où la
source de lumière est souvent une fenêtre située à gauche
Thème récurrent : femme occupée à lire ou à écrire une lettre
24
Le XVIIIe siècle (1701-1800)
Le XVIIe siècle, chrétien, monarchique et classique, laisse une impression de stabilité
À l’opposé, le XVIIIe siècle aboutit à une crise violente
La Révolution française (1789) anéantit le système politique et social séculaire et
instaure un ordre nouveau
Le siècle des Lumières
 Entière confiance dans la raison humaine chargée de résoudre tous les
problèmes
 Foi optimiste dans le progrès
 Discussions d’idées, thèses et systèmes envahissent tous les genres littéraires,
parfois même au détriment de l’art
La philosophie des Lumières rejette les solutions théologiques ou métaphysiques, et
l’autorité des traditions
Il se livre à une révision critique des notions fondamentales concernant le destin de
l’homme et l’organisation de la société
La Révolution





1789
Prise de la Bastille, symbole de l’autorité du roi
Abolition de la noblesse
Proclamation de la 1re République en 1792
Louis XVI est exécuté en 1793
Les Salons littéraires
La cour cesse d’être le centre du pays et la source de l’opinion : le mouvement des
idées se fait contre elle, et non plus par elle
Les salons sont d’ordre littéraire et mondain, mais deviennent peu à peu
philosophiques
Des réunions de personnalités des lettres, des arts et de la politique se tiennent chez
une femme distinguée, influencent la diffusion des idées philosophiques du siècle,
entretiennent le goût de la conversation brillante, font et défont les reputations,
procurentaux écrivains :
-- admirateurs enthousiastes
-- relations utiles
-- aide matérielle
25
Suscitent :
-- hardiesse d’esprit
-- émulation
Les grands salons
Le Bureau d’esprit de Mme de Tencin (1726-1749)
Cette femme écrit des romans et se passionne pour les idées
Elle reçoit des philosophes
-- Duclos
-- Marmontel
Elle reçoit des hommes de lettres
-- L’abbé Prévost
-- Piron
Vivante et spirituelle, elle anime les discussions, incite ses hôtes à la hardiesse et
exerce sur eux un notable ascendant
Le Royaume de Mme Geoffrin (1749-1777) : véritable Salon philoso-phique et
encyclopédique Riche bourgeoise, elle reçoit artistes, écrivains et savants
-- Marivaux
-- Marmontel
-- D’Alembert
Subventionne l’Encyclopédie et les philosophes
Modère la hardiesse excessive
Le Salon de Mlle de Lespinasse (1764-1776)
Demoiselle de compagnie de Mme de Deffand
Reçoit dans son entresol cer-tains des habitués du salon de la marquise : elles se
brouil-lent quand Mme de Deffand s’en aperçoit S’installe tout près et entraîne
-- D’Alembert
-- Condillac
-- Marmontel
-- Turgot
Éveil philosophique
Tendance à tout examiner à la lumière de la Raison pour tirer des conclusions
morales, sociales et même économiques. S’exerce à l’occasion de récits de voyage, de
recherches de toutes sortes, de réflexion sur la morale et la religion. Se distinguent
-- l’Encyclopédie
-- l’œuvre de Voltaire
-- l’œuvre de Rousseau
-- l’œuvre de Montesquieu
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L’Encyclopédie
C’est la recherche d’un dictionnaire moderne pour la France
En 1745 : Le Breton, libraire, veut publier une traduction de la Cyclopaedia de
l’Anglais Chambers projet qui devient une entreprise faisant le point sur les
connaissances contemporaines
Diderot en fut l’animateur et le principal rédacteur
Il y eut un puissant effort de vulgarisation pour mettre à la portée d’un large public
toutes les branches de la connaissance
Et un esprit réaliste et pratique : observation de la nature humaine comme une
donnée avec le désir d’en tirer le meilleur
C’est l’ ouvrage le plus représentatif du XVIIIe siècle
À l’idée religieuse de l’humanité déchue, les encyclopédistes opposent la volonté
optimiste d’assumer le bonheur humain par le progrès de la civilization.
Grands auteurs du XVIIIe siècle
Montesquieu (1689-1755)
Moraliste, penseur, philosophe
En 1721, un ouvrage le rend célèbre : c’est une critique des mœurs contemporaines
publiée anonymement à Amsterdam, Les Lettres persanes, De l’Esprit des lois (1750)
connut un succès considérable. Il s’y montrait un penseur libéral dont les idées sur les
libertés et leur garantie institutionnelle sont dictées par un profond respect de la
personne et le goût des réformes équitables
Voltaire (1694-1778)
D’abord connu comme bel esprit et poète mondain, il fréquente les Salons et les
châteaux. Reconnu pour son impertinence Longue querelle doctrinale l’opposant à
Rousseau L’essentiel de son activité littéraire fut consacrée à diffuser ses idées
philosophiques, des pamphlets antireligieux et des interventions en faveur des
victimes de l’intolérance . Connu aujourd’hui surtout pour ses contes philosophiques
Prose alerte et spirituelle, jouant de l’humour ou de l’ironie
-- Zadig (1747)
-- Candide (1759)
-- L’ingénu (1767)
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)
Il réfute les raffinements de la civilisation en condamnant le théâtre
Il revendique la liberté et l’égalité
C’est le précurseur du romantisme
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Il s’intéresse à la philosophie, à la musique, à l’art en général
Il acquiert la notoriété avec le Discours sur les sciences et les arts (1750)
Il exalte le retour à la vie naturelle dans un roman épistolaire, Julie ou la nouvelle
Héloïse (1761)
Il expose sa conception de l’éducation dans le Contrat social (essai) et l’Émile (roman,
1762)
Il écrit la première autobiographie « moderne », Les Confessions (1782)
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