Comité technique régional maladies cardiovasculaires 3 décembre 2004 Cardiologie interventionnelle : nouveau centre d’angioplastie départemental à Quimper. Les structures existantes au niveau du département du Finistère (Secteurs I et II) aboutissent à la réalisation de 1 526 coronarographies et 681 angioplasties pour le seul CHU de Brest (source DIM 2003). Ces chiffres placent celui-ci dans les centres susceptibles d’être formateurs suivant les recommandations de la Société Française de Cardiologie(plus de 600 angioplasties par an ) La mise en place d’un nouveau centre d’angioplasties au CHIC de Quimper revient à diminuer de près de 270 patients la population traitée au CHU de Brest ( suivant les projections affirmées par Quimper ). Dans ces conditions celui-ci devient un centre correct, permettant à priori de garantir la qualité des soins, mais n’a plus la taille suffisante pour continuer à être formateur. Les recommandations font état d’une période d’apprentissage d’au moins deux ans au cours de laquelle 250 angioplasties doivent réalisées avec au moins 150 comme premier opérateur. Cette formation ne peut être assurée que comme médecin temps plein dans un service formateur, et ne peut pas, à priori, être résumée à un stage une fois par semaine en conservant une activité de médecin temps plein dans un service hospitalier n’effectuant pas ces procédures. La prise en charge des syndromes coronarien aigus, et en particulier des SCA avec susdécalage du segment ST conduit, lorsque les conditions sont réunies, à la réalisation d’une angioplastie primaire. Les résultats des enquêtes ESTIM, et une propre enquête dans le Service du CHU de Brest, effectuée pendant une période de deux mois, ainsi que le registre national USIC 2000, permet de penser que pour 100 infarctus aigus 1/3 seulement pourront bénéficier de cette angioplastie. Ceci correspond à une activité départementale de 106 infarctus aigus traités en 2003 par l’équipe comprenant d’une part le SAMU et d’autre part l’Unité d’Hémodynamique du CHU. La mise en place d’un hélicoptère au CHU de Brest (utilisé à 30 % pour la cardiologie), a permis de traiter dans de bonnes conditions les infarctus aigus se présentant à une heure de transport de notre centre. Cette activité est réglée suivant le schéma accepté par le groupe de travail sur la prise en charge des syndromes coronariens aigus, et qui est validé par cette commission. Ceci nécessite une équipe médicale comprenant outre les urgentistes, 4 cardiologues interventionels assurant une astreinte effective 24/24 heures. Ceci place le centre de Brest dans les centres qui répondent aux critères de fonctionnement optimum en matière de prise en charge des syndromes coronariens aigus avec susdécalage de ST. Il est en effet parfaitement licite de penser que le bénéfice de ces techniques est largement dépendant du volume de patients traités dans l’année (CANTO, N Engl J Med 2000 ; 342 : 1573-80). L’ouverture d’un deuxième centre entraînerait, compte tenu du bassin de population drainé par le CHIC (330 000), la prise en charge de 35 infarctus du myocarde par an qui auraient les critères de faisabilité d’une angioplastie primaire. Par assimilation avec notre propre activité, cela représente moins de 20 infarctus à traiter en dehors des heures ouvrables et nécessitant donc une astreinte opérationnelle médicale et para-médicale, pour donc moins de 1,5 patient à traiter par mois ( dans tous les cas de figures Quimper n’aura jamais la capacité suffisante pour faire face dans des conditions optimum de securité et de fiabilité au traitement de ces syndromes coronariens aîgus avec sus decalage de ST). L’argument qui indique que le taux d’angioplasties est plus faible dans le secteur II que dans le secteur I tient au fait qu’une partie de la population a vraisemblablement moins accès aux soins que dans le reste du département. Il existe une surmortalité effective dans la région Carhaix par rapport aux régions de Brest et Quimper, qui ont une mortalité identique. Il est vraisemblable que l’accès aux techniques sophistiquées est moins répandu auprès des habitants de la région de Carhaix qui consultent plus tardivement. EN CONCLUSION : L’objectif de toute politique de santé est la qualité des soins et l’optimisation des ressources. Il semble à cet égard que ces deux critères ne sont pas réunis par l’ouverture d’un centre de cardiologie interventionnelle à 70 km de Brest et à 60 km de Lorient. Le bénéfice attendu en terme d’économie de santé paraît dérisoire, voir nul car il n’a jamais été prouvé que multiplier les centres d’activité faisait baisser le coût global de la santé au niveau d’une région. A une époque ou l’on demande aux services d’urgence de se recentrer, à certains services de chirurgie de disparaître, il paraît illogique d’augmenter encore les centres d’angioplastie dans la région, alors que chacun sait que les centres existants couvrent parfaitement les besoins de la population. L’ouverture de cette activité au CHIC ne relève donc à mon sens que d’une volonté politique et ne saurait par conséquent être acceptée par les responsables actuels de cette activité dans le département. Pr J. BOSCHAT -Recommandations de le societe française de Cardiologie concernant la formation des medecins coronarographistes et angioplasticiens,l’organisation et l’equipement des centres de coronarographie et d’angioplastie coronaire Arch Mal Cœur 2000 ;93 :147-158 -Impact of Prehospital Thrombolysis for acute myocardial outcome infarction on 1 year Circulation 2004;110:1909-1915 -ACC/AHA guidelines for percutaneous coronary intervention 2004 :ACC www.acc.org -Management of acute myocardial infarction inpatients presenting with st-segment elevation Eur heart J 2003 ;24 :28-66