Carnet nature Les coteaux de Giverny Une histoire naturelle et humaine Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie Bienvenue sur les coteaux de Giverny Le départ des 2 sentiers se fait au pied du panneau d’accueil qui se situe derrière la Mairie. Pour prendre le sentier du Lézard vert, monter la rue se situant à gauche du panneau et prendre le premier chemin à gauche. Pour celui de l’Astragale, prendre la rue derrière le panneau jusqu’au premier croisement, puis prendre la rue Hélène Pillon, à votre gauche. Continuer le chemin et ouvrir la barrière située après la première borne fléchée. Les deux sentiers sont par la suite balisés grâce à des bornes fléchées en bleu foncé sur le sentier du Lézard vert, et en bleu ciel sur le sentier de l’Astragale. Le long des sentiers, vous rencontrerez des bornes sur lesquelles figurent le Lézard ou l’Astragale selon le sentier que vous empruntez. Le numéro vous renvoie au texte correspondant dans ce carnet. Le retour du sentier de l’Astragale peut se faire en suivant le GR, signalé par une bande blanche surmontée d’une bande rouge jusqu’au panneau d’accueil (voir tracé en pointillé sur le plan ci-contre). Quelques recommandations : Certaines portions peuvent être difficiles compte tenu de la nature du terrain et du dénivelé (environ 100 m). Il faut donc prévoir de bonnes chaussures et être prudent, notamment lors de la descente entre les bornes 3 et 4 du sentier du Lézard vert. N.B. : Un calendrier de floraison, situé en dernière page, vous indiquera à quelle période les plantes citées dans ce carnet sont en fleurs. This 2 signposted footpath starts at the wood board near the town hall. Follow the dark blue or light blue arrows and stop at the numbered wooden posts showing the symbol of the footpath you have chosen. The numbers correspond to a page of this guidebook. For the Astragalus’footpath, turn left at the first crossroads («Rue Hélène Pillon»). You will find an english abstract of every boundary on page 10 and 18. You should wear good shoes, because some parts of the footpaths are hard. Plan des deux sentiers Zygène de la Petite Coronille Légendes : : : : 4 Pis te Dé D Seentier du rt Seentier de e Retour du sentier de d l'Astragale Autres chemins ou rues A Bornes numérotées cy cla bl e Nord Eg glise Sentier du Lézard rd d ver v rt rt Durée : 1h30 à 2h00. Sentier de l'Astragale Durée : 2h00 à 2h30. Une pelouse “en travaux” A bandonnée, la pelouse*, comme celle située à votre droite, est peu à peu gagnée par des arbustes comme l’Aubépine et le Prunellier. Il y a quelques années, le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie a entrepris de faire pâturer des moutons à cet emplacement afin de freiner l’invasion par les broussailles. Polygala du calcaire Néanmoins, des actions complémentaires d’arrachage ou de coupe de ces arbustes sont nécessaires pour conserver et restaurer cette pelouse calcaire. Ce type de milieu est riche en orchidées comme l’Orchis pourpre ou l’Orchis moucheron, et en plantes caractéristiques comme la petite fleur bleue du Polygala du calcaire. Sur votre gauche, les jeunes arbres alignés sont des Griottiers, proches du Merisier sauvage. Cet alignement d’arbres fruitiers laisse à penser qu’un verger a été planté à cet emplacement. Sur les coteaux, les griottiers étaient souvent greffés sur les Prunus Mahaleb (appelés aussi Cerisiers de Sainte-Lucie), bien adaptés aux sols calcaires et secs. Griottier en fruit (mois de juin) * : les mots suivis d’un astérisque sont définis à la fin du carnet. Orchis moucheron Merisier sauvage Une ambiance méridionale... Sur ces coteaux baignés de soleil, où chantent grillons et sauterelles, poussent deux plantes aromatiques : il s’agit de l’Origan et du Thym couché. Ce dernier est très fleuri et forme de petits coussins mauves. Origan Thym couché Les Vignettes C ette parcelle, qui se nomme «les Vignettes», est un ancien vignoble ayant été cultivé pendant plus de 1000 ans. Cela peut paraître étonnant mais la culture de la vigne, initiée par les moines, était autrefois répandue en Haute-Normandie. D’ailleurs, à Giverny, certaines parcelles de terres plantées de ce précieux arbrisseau appartenaient à l’Abbaye de Saint-Wandrille. L’orientation particulière des coteaux permettait cette culture nécessitant chaleur, faible humidité et sol caillouteux. Les raisins, cueillis en septembre-octobre, servaient à produire un vin de qualité inégale, le « cailloutin », qui se rapprochait d’un pinot et que Monet appréciait. On produisait également le «verjus», utilisé en cuisine, lorsque les grappes n’arrivaient pas à maturité. Aujourd’hui disparus, ces vignobles ont laissé place à des prairies ou ont été abandonnés et progressivement gagnés par les broussailles. Quelques traces de ces cultures particulières sont encore observables. Ainsi, en plus des quelques pieds de vignes qui subsistent le long du chemin que vous venez de parcourir, certaines plantes compagnes des vignobles sont encore présentes : le Muscari à toupet et le Muscari atlantique, qui font partie de la famille des Liliacéees* ou l’Ail des vignes. Ces plantes sont capables de résister à des labours répétés grâce aux réserves contenues dans leurs bulbes et bulbilles*. Ail des vignes Muscari à toupet L’Aristoloche fausse clématite est également une «mauvaise herbe» typique des vignobles. Vous pourrez observer cette plante, aisément reconnaissable, sur le côté gauche du chemin que vous venez de descendre. Muscari atlantique Souvent, autour des vignobles était plantée la Sclarée, une espèce de Sauge, dont les feuilles étaient mises à macérer pour améliorer le goût des mauvais vins. Le plateau boisé V ous parcourez un bois dominé par deux essences ligneuses* : le Chêne pédonculé et le Noisetier. Ce type de boisement recouvre spontanément les coteaux après abandon des activités agricoles. Plus loin, vous trouverez le Charme, le Hêtre et le Houx, signes d’un sol plus acide. Sur ce chemin, vous surprendrez peut-être quelquesuns des habitants de cette formation boisée : l’Ecureuil roux, le Renard, le Pic épeiche ou le Geai des chênes, corvidé* craintif au cri rauque. Charme Chêne pédonculé Houx Hêtre Le Chêne pédonculé doit son nom au fait que son fruit, le gland, est porté par un pédoncule*. V olant parmi ces arbres, on peut apercevoir des groupes de mésanges. Après la reproduction, les Mésanges bleues, les Mésanges charbonnières et les Mésanges à longue queue forment des bandes pouvant atteindre une centaine d’individus. Cela leur permet de s’avertir si l’une d’entre elles voit de la nourriture ou perçoit un danger tel qu’un prédateur. Les restes du repas d’un écureuil… La Mésange à longue queue prépare son nid méticuleusement pendant 4 semaines, avec de la mousse, des écorces et des plumes, liées avec des fils d’araignées. Noisetier Des pierres et des fruits V 0us pouvez voir ici et sur le chemin que vous avez emprunté, des tas de silex. Ces monticules ne sont pas naturels mais résultent de l’action de l’homme. En effet, les coteaux étaient régulièrement épierrés, en particulier pour la culture de la vigne : les silex étaient enlevés à la main et transportés en dehors des cultures, où ils étaient disposés en tas, appelés «murgers». Les arbres ont ensuite colonisé ces tas de pierres : la végétation est assez différente de celle que vous venez de quitter. Il s’agit d’un bois de reconquête, plus dense et touffu, dominé par les Cornouillers mâles et Cornouillers sanguins. Ces arbres doivent leur nom à leur bois très dur comme de la corne. Le Cornouiller mâle pouvait être utilisé de diverses manières : le bois servait pour la confection de manches d’outils, et les fruits, au goût légèrement acidulé, pour la fabrication de confitures. Quant aux baies du Cornouiller sanguin, on s’en servait autrefois pour lutter contre la fièvre. Mais ne les goûtez pas : elles sont toxiques. Cornouiller sanguin Érable champêtre Cornouiller mâle Le Frêne commun est aisément reconnaissable à ses bourgeons noirs et ses feuilles composées de folioles*. Son bois est très utilisé en menuiserie et ébénisterie (fabrication de queues de billard, crosses de fusil...). Érable plane L’Érable champêtre et son «cousin» l’Érable plane, qui est beaucoup plus grand, sont facilement identifiables par la forme de leurs feuilles et leurs fruits, appelés samares : ces deux graines ailées forment un angle plat chez l’Érable champêtre, et un angle obtus chez l’Érable plane. La prairie maigre de fauche C ette parcelle, menacée d’invasion par les ronciers et les aubépines, a été restaurée par débroussaillage et pâturage par les moutons. Son entretien se fait maintenant par fauchage. Ce type de prairie doit son nom au fait qu’elle donne peu de foin. La graminée* prédominante, le Fromental, est accompagnée de plantes telles que les Centaurées, Lotiers, Campanules, Mélampyres des champs et la rarissime Orobanche pourpre. Toutes ces fleurs donnent à cette prairie un aspect très coloré, allant du jaune au bleu, en passant par le mauve. Centaurée Lotier Campanule Mélampyre des champs Orobanche pourpre Le Demi deuil Ce papillon affectionne particulièrement les fleurs de centaurées et de scabieuses. Au printemps et en été, vous verrez certainement le survol rasant des Hirondelles rustiques, qui se nourrissent des nombreux insectes attirés par toutes ces fleurs. Fromental Un talus ensoleillé U n talus, comme celui qui borde ce chemin, constitue une frontière entre deux milieux. Un grand nombre d’espèces animales et végétales y trouvent refuge. Elément structurant d’un paysage, le talus est cependant menacé de disparition, tout comme les haies. La voix de la raison dicterait pourtant de remettre en place ces talus, qui permettent de retenir la terre en cas de forte pluie, limitant ainsi le risque de coulées boueuses et l’érosion des sols. L’Orobanche améthyste est présente sur ce talus. Cette espèce, comme toutes les Orobanches, est dépourvue de chlorophylle* et vit en parasite sur d’autres végétaux grâce à des suçoirs qu’elle fixe sur les racines de la plante hôte. Celle-ci parasite quasi-exclusivement le Panicaut champêtre, ombellifère* piquante refusée par le bétail. Le Lézard vert apprécie ce type de talus ensoleillé. Peut-être aurez-vous la chance de le voir ou du moins de l’entendre fuir à votre approche. Fréquent dans le sud de la France, il est plus rare dans notre région qui constitue la limite nord de son aire de répartition. A la saison des amours, le mâle est reconnaissable à sa gorge teintée de bleu vif. Ce reptile se nourrit surtout d’insectes et boit l’eau de rosée sur la végétation. Il s’agit d’un animal à sang froid, qui doit «lézarder» longuement au soleil pour accumuler de la chaleur et augmenter sa température corporelle. Il hiverne dans un terrier à partir d’octobre-novembre et en ressort vers mars-avril. U n autre habitant fréquente ce type de formation : il s’agit d’une araignée (Pisaura mirabilis), reconnaissable à sa ligne jaune dorée sur le dos, qui chasse dans la végétation basse. Elle a un comportement particulier et original : le mâle, pour séduire la femelle, lui apporte une proie entourée de soie, comme «cadeau de mariage». Une fois fécondée, la femelle porte un cocon blanc sous son thorax. Quand les œufs sont prêts à éclore, elle suspend le cocon à la végétation et tisse autour de lui une toile en forme de tente pour abriter sa progéniture. Puis, la mère monte la garde aux alentours de ce «nid» jusqu’à ce que ses petits se dispersent. The green lizards’ footpath. Step 1 Since the former agricultural practices were, the chalk grasslands have been threatened by shrub colonization. This parcel has been restored by ovine grazing. On the left you can find aligned morello trees. They correspond to a former orchard. There are two aromatic plants : Thyme and Marjoram. Step 2 This parcel is called «Les Vignettes», which means small vine. The vine was cultivated in Normandy for over 1000 years. Today, this cultivation has disappeared. Nevertheless, you can still find some vine stocks and typical plants of vineyard. Step 3 Many tree species live in this forest like oaktrees, hazeltrees, hornbeamtrees, hollytrees or beechtrees. Animals also live in this forest, like the red squirrel, the fox and different species of tits. Step 4 Farmers used to remove stones from vineyards and piled them up out of their land. Today, trees like corneltrees or mapletrees colonize these heaps of flints. With the fruits of the Cornelian cherrytree, you can make jam, which tastes like bitter redcurrant jam. Step 5 This mowing grassland is not profitable from an economic point of view, but it is interesting for the fauna and the flora. The many multicoloured flowers attract flying insects and birds like swallows, which hunt them. Step 6 Even if slopes help to avoid soil erosion, a great number of them disappeared because of human activities. The green lizard warms itself in the sun on this type of slope. It lives in sunny climes, that is why it is widely spread in the South of France, but quite rare in Normandy. Along this way, you can also see spiders, which are sometimes called the «nursery web spider», because the female carries its egg sac underneath her. Pâturage d’hier…et d’aujourd’hui L ’ancien abreuvoir que vous voyez témoigne d’un récent passé agricole sur les coteaux de Giverny. Les bords de plateau au sol argileux étant imperméables et les terres «d’en bas» régulièrement inondées, les paysans cultivaient jadis ces terrains pentus. La culture de céréales avec des variétés rustiques de blé ou d’avoine, associée à l’élevage de moutons se pratiquait couramment. La vaine pâture consistait d’ailleurs à faire paître les moutons sur les jachères et les chaumes* de blés. Leurs crottins étaient directement utilisés comme engrais naturel pour les cultures suivantes. Ce système permettait d’éviter le transport du fumier depuis la ferme jusqu’à ces parcelles difficilement accessibles. L’élevage bovin trouvait également sa place sur les coteaux les moins pentus, car ce sont des animaux moins agiles et plus lourds que les moutons. De nos jours, toutes ces pratiques traditionnelles ont disparu et les coteaux ont progressivement été abandonnés. Bélier Mergelland Le retour des moutons : le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute- Normandie a entrepris depuis l’hiver 2002 la remise en place du pâturage ovin à Giverny. Le choix s’est porté sur les moutons car ce sont des animaux légers (ils défoncent donc peu le sol) que l’on peut conduire de manière itinérante. Deux races rustiques adaptées à ces milieux sont utilisées : les Mergelland, à laine longue, et les Solognotes, à la tête fauve. Quelques chèvres complètent ce troupeau : elles indiquent aux moutons, qui préfèrent manger l’herbe, l’existence d’autres ressources alimentaires, comme les feuilles des arbres et arbustes. Les moutons varient alors leurs menus. Ce troupeau est accompagné d’un berger et de son chien (un border collie). D’autres expériences de pâturage sont envisagées avec des vaches et des chevaux. Bélier Solognot Deux plantes sont les “témoins” du pâturage : le Genévrier, qui pousse sur les anciens parcours des moutons et la Cardère, qui se trouve souvent sur d’anciens lieux de stationnement des animaux. La Cardère est appelée aussi «cabaret des oiseaux» en raison de la forme de ses feuilles, qui constituent un réceptacle pour l’eau de pluie dans lequel les passereaux peuvent s’abreuver. La fleur séchée de l’une des espèces de cardère servait autrefois à peigner la laine. Cardère * : les mots suivis d’un astérisque sont définis à la fin du carnet. Genévrier Comme à la montagne ! De cet endroit, on observe un phénomène que l’on retrouve dans les régions montagneuses : une végétation « étagée ». Même si le contraste est moins frappant à Giverny, on peut tout de même distinguer, de bas en haut : la prairie (1), composée de hautes graminées*, puis la pelouse* fermée (2), végétation moins haute mais toujours dense, et enfin, en haut de pente, la pelouse dite ouverte (3) où le sol est visible et la végétation rase. A cela s’ajoutent les pelouses écorchées (4), là où le sol, peu épais et mélangé à des morceaux de craie, semble retourné. Chaque type de pelouses aura son cortège végétal caractéristique. Le plateau est généralement boisé ou cultivé (5). Seules les pelouses de montagne à des altitudes supérieures à 2000 mètres sont naturelles. Ici, les pelouses sont d’origine humaine. Ainsi, dès le Néolithique, les hommes ont défriché la forêt pour cultiver et faire paître leurs troupeaux sur les coteaux. Après abandon de ces pratiques, certaines pelouses se sont maintenues grâce à la présence d’animaux sauvages : les lapins et les chevreuils. En broutant et en sillonnant ces pentes herbeuses, ces animaux concourent à maintenir l’herbe rase. Mais dans bien des cas, le coteau vient à se boiser. C’est pourquoi le pâturage ou le fauchage sont indispensables pour sauver ces milieux. L es pelouses sont parsemées d’arbustes. Certains oiseaux aiment se poser à leur sommet pour chanter, surveiller leur territoire ou chasser. D’autres se réfugient dans ces buissons épais pour s’y cacher ou faire leur nid. Ces bosquets sont également de véritables garde-manger puisqu’ils fournissent des baies plus ou moins sucrées pendant une bonne partie de l’été et de l’automne. Les baies de Viorne lantane (à gauche) Le Tarier pâtre se perche en haut et d’Aubépine (à des arbustes, chante et guette droite) font partie aux alentours. Il ne mange pas les des fruits que consomment les baies mais les insectes, attirés par oiseaux, les insectes les fruits sucrés. et même les Renards. Un petit papillon bleu fréquente les pelouses rases : il s’agit du Bleu nacré, reconnaissable à ses ailes bleues, ternes et au bord blanc barré de noir. Outre les orchidées, que nous décrirons plus tard, ces pelouses sont parsemées de fleurs dont certaines présentent des propriétés particulières : les plantes tinctoriales. C’est le cas du Genêt des teinturiers, dont on extrayait de la tige et des racines une teinture jaune. Au Moyen-Âge, les plantes cultivées les plus couramment utilisées pour teindre les tissus étaient la Gaude pour le jaune, le Pastel des teinturiers pour le bleu, et la Garance pour le rouge. Les deux premières sont bien présentes à Giverny, ce qui pourrait être la trace de ces cultures passées. Ailes ouvertes... ...et ailes fermées. De gauche à droite : pastel, gaude et genêt des teinturiers. Les Murgers L e monticule de pierres que vous venez de traverser n’est pas naturel, il résulte des activités agricoles du passé. En effet, les champs, et en particulier les vignobles, étaient régulièrement épierrés : les silex étaient ramassés, transportés à dos d’homme en dehors des cultures, et disposés en tas appelés «murgers». Si les coteaux ne sont aujourd’hui plus exploités, le plateau fait encore l’objet de cultures céréalières et fruitières. La proximité des champs permet à une autre végétation de s’installer sur ce murger recouvert de lierre. En effet, les sols sont enrichis artificiellement avec des engrais, grâce auxquels des végétaux nitrophiles* se développent, comme l’ortie, le gaillet gratteron et le sureau. Gaillet gratteron Le Sureau noir, au temps des Gaulois, était souvent planté près des villages, pour attirer les bons génies. En plus de ses nombreuses propriétés médicinales, on peut faire avec les fleurs et les fruits des confitures et des sirops au goût très délicat et parfumé. En coupant une branche et en l’évidant de sa moelle blanche, les enfants avaient l’habitude de fabriquer des sifflets (en latin Sambuca, ce qui lui a donné son nom scientifique : Sambucus nigra). Garance voyageuse Dans la suite du parcours, vous longerez un autre murger, cette fois-ci colonisé par une toute autre végétation. Notez par exemple la Garance voyageuse, qui dissémine ses grappes de graines grâce à ses feuilles agrippantes et sa tige munie de crochets ou l’Orpin âcre, petite plante grasse aux fleurs jaunes chatoyantes qui fait des réserves d’eau dans ses feuilles épaisses. Orpin âcre Les orchidées, reines des pelouses Au cours de votre petite incursion dans cette pelouse, vous reconnaîtrez facilement quelques-unes des très nombreuses orchidées présentes à Giverny, aux noms souvent évocateurs. Ces fleurs spectaculaires ont un mode de vie bien particulier. En effet, pour germer, la graine des orchidées doit obligatoirement s’associer à un champignon microscopique. Celui-ci apporte à l’orchidée l’eau et les sels minéraux et en échange, la plante lui fournit les sucres qu’il est incapable de synthétiser. Chacun des partenaires est gagnant : on appelle ce type de relation «symbiose». De plus, vous pouvez remarquer que la forme de certaines fleurs d’orchidées ressemble beaucoup à des insectes. Il arrive même parfois qu’un mâle, attiré par les phéromones* de la fleur, la prenne pour une femelle de son espèce et tente de s’accoupler avec ! Orchis bouc Orchis pyramidal Orchis mouche Platanthère verdâtre Ophrys bourdon Elléborine rouge De nombreux insectes visitent ces fleurs (fourmis, papillons, abeilles, bourdons…), et, en se nourrissant de nectar ou simplement en se posant dessus, emportent avec eux les pollinies, petits sacs collants contenant le pollen. Les insectes, voyageant de fleur en fleur, vont permettre ainsi la fécondation des orchidées. La plupart de ces plantes supportent assez bien un pâturage modéré par les moutons : si elles sont broutées, leur bulbe souterrain leur permettra de repousser l’année suivante. Commune sur le pourtour méditerranéen, l’Astragale de Montpellier n’est présente ailleurs en France que dans les Pyrénées, en Poitou-Charentes, dans le sud du Massif central, et dans les environs de Giverny. Elle trouve ici la limite nord de son aire de répartition. Cette fleur rampante forme de petits «coussins» sur les pelouses rases et ensoleillées. Les fontaines aux fées L es arbres en cépée* qui vous entourent ont une forme particulière : les troncs de chênes forment à leur base une cuvette, qui se remplit d’eau et peut servir d’abreuvoir et de «baignoire» pour les oiseaux. Cela forme aussi un mini écosystème*. On appelle parfois ces cuvettes naturelles des Fontaines ou des Miroirs aux fées. Un bois mort plein de vie... Le bois où vous vous trouvez est parsemé d’arbres morts laissés sur place. Le bois mort est un milieu de vie pour de nombreuses espèces : champignons, insectes saproxylophages*, chauve-souris… Des oiseaux comme le Pic vert ou le Pic épeiche se nourrissent de ces insectes en creusant le bois avec leur bec robuste et les délogent grâce à leur longue langue. Ce type d’habitat bien particulier est en régression, car la gestion actuelle de nos forêts en tient rarement compte. La Cétoine dorée est un gros coléoptère de couleur vert métallique, dont la larve se développe dans le bois mort. Adulte, elle recherche les prairies et se nourrit de fleurs d’églantiers ou de sureaux. C’est pourquoi on peut la voir bourdonner en lisière de forêt durant les journées ensoleillées. Par ailleurs, vous avez pu voir des levées de terre en sous-bois qui constituent un autre vestige des cultures passées : les douves. Aujourd’hui gagnées par la végétation, ces terrasses avaient été façonnées par l’homme afin d’adoucir la pente des coteaux, pour la culture de la vigne notamment. Cela marque également les limites de surfaces autrefois cultivées. A proximité du murger se trouve une plante de lisière assez rare en Haute-Normandie : le Silène penché, appelé également «attrapemouches», en raison de ses poils gluants. Une mosaïque de couleurs C ette partie du coteau est très abrupte et on peut apercevoir de la craie qui affleure par endroits. Sur ces sols très pauvres et secs, car incapables de retenir l’eau, se développe une flore* particulière qui forme les pelouses karstiques. Au cours de l’année, vous verrez une succession de fleurs qui tapissent ce coteau : l’une des premières est l’Anémone pulsatille, puis l’Hélianthème des Apennins, l’élégant Lin à feuilles ténues, l’Ail à tête ronde qui ponctue la pelouse de violet et l’Aster linosyris, qui lui, fleurit jaune et assez tardivement en septembre. Anémone pulsatille Hélianthème des Apennins Lin à feuilles ténues Un grand et majestueux papillon fréquente également les coteaux de Giverny : il s’agit du Flambé. Vous pourrez l’observer sur les Prunus, arbres sur lesquels la femelle pond ses œufs, et dont les chenilles broutent les feuilles. Or, ce papillon est en régression dans tout le nord de la France : les vergers devenant rares, il se réfugie sur le Cerisier de Sainte-Lucie (ou Prunus mahaleb), espèce héliophile* qui disparaît si le coteau vient à se boiser. Ail à tête ronde Aster linosyris Levez les yeux et vous verrez peut-être un rapace planant haut dans le ciel. Ce peut être la Buse variable, le Faucon crécerelle, dont le vol sur place est caractéristique, ou la Bondrée apivore. Cette dernière nous rend visite à la belle saison et passe l’hiver en Afrique tropicale. Elle se nourrit de reptiles, de larves et de nids de guêpes qu’elle écrase à terre. The Astragalus’ footpath. Step 1 Farmers used to cultivate corn and oats and they bred sheep on these hillsides. However, these lands have been abandoned for economic reasons. On the initiative of the regional Nature conservancy, a system of ovine grazing has been restored in 2002 in Giverny to protect the typical species of the calcareous hillside grasslands. Step 2 The slopes allow here terraced vegetation as you can see : grassland at the bottom, and then limestone land and short grassland, where you can find little blue butterflies (the Chalk Hill Blue) and on the plateau, there is a forest. This is a mountain-like vegetation. Step 3 Farmers used to remove stones from vineyards and piled them up out of their land. Here the vegetation is different because of the proximity of fields. The soil is artificially enriched and you can see ivy or black eldertrees. This tree was sacred because elderberries have medicinal properties. They can be used to make jam, elder wine or syrup. Step 4 There are many orchids among the typical flowers of the chalk grassland. For example, the Fly Orchid takes its name from the resemblance of the flowers to an insect, which has landed on a stalk. Another pink flowered plant grows in Giverny : the Montpelier Milk-Vetch. This Mediterranean species is extremely rare in Northern France. Step 5 Here you can find deadwood but it is found wanting in most of the managed forests. This is a threat for the rich and original biodiversity like insects, birds or mushrooms insofar as the forest suffers a loss of habitats and food. Oaktrees have a funny form like a little basin. Step 6 Chalk grassland is composed of plants, which are used to the drought and poor soil. On a Mahaleb Cherrytree, you can find a great butterfly named Scarce Swallowtail. The female lays its eggs on this shrub, but if the hillside is timbered, the shrub, which needs a fair amount of sunlight, will disappear, and so will this butterfly. Glossaire Vous trouverez ici la définition des mots précédés d’un astérisque (*). Bulbille Petit bulbe situé dans l’inflorescence ou à la base d’une feuille ou d’un bulbe permettant le bouturage naturel de la plante. Cépée Ensemble des rejets sortant d’une même souche d’arbre. Calcicole Se dit d’une plante qui croît sur substrat calcaire. Chaume Partie de la tige des céréales qui reste sur pied après la moisson. Chlorophylle Pigment de couleur verte permettant la photosynthèse végétale. Corvidé Famille d’oiseaux assez grands, comprenant les corbeaux, les pies et les geais. Ecosystème Unité écologique formée par le milieu (biotope) et les organismes animaux, végétaux et bactériens (biocénose) qui y vivent. Foliole Chacune des petites feuilles qui forment une feuille composée. Flore Ensemble des végétaux vivant dans une région donnée et/ou à une époque particulière. Graminée Famille de plantes à fleurs peu apparentes et souvent groupées en épis au sommet de la tige (ex : avoine, blé, ivraie, chiendent…) Azuré bleu céleste Héliophile Se dit d’une plante ayant besoin de beaucoup de lumière pour croître. Liliacée Famille de plantes herbacées avec un bulbe ou un rhizome, dont certaines sont cultivées notamment comme ornementales (lis, tulipe), ou alimentaires (asperge). Ligneuse (essence) Espèce d’arbre ou d’arbuste. Nitrophile Plante se développant sur des zones enrichies en matières nitratées. Ombellifère Famille de plantes caractérisées notamment par des fleurs en ombelle (carotte, panais, persil...). Pédoncule Support d’une fleur (ou d’un fruit) ou d’une inflorescence. Pelouse Groupement végétal plus ou moins ras dominé par des espèces herbacées. Phéromone Sécrétion externe produite par un organisme, qui stimule une réponse physiologique ou comportementale chez un autre membre de la même espèce. Saproxylophage Qui se nourrit de bois mort. Le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie Créé en 1993 à l’initiative de naturalistes bénévoles, le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie est une association de protection du patrimoine naturel haut-normand. Membre de la Fédération des Conservatoires d’Espaces Naturels, il intervient selon 4 axes fondamentaux : ● la connaissance réalisation d’inventaires et de suivis scientifiques, définition des orientations de gestion ● la protection maîtrise foncière par acquisition ou maîtrise d’usage par location, convention de gestion et bail emphytéotique avec des propriétaires privés ou publics ● la gestion mise en place d’actions de génie écologique comme le débroussaillage, le fauchage, le pâturage itinérant ou en enclos,… ● la valorisation sensibilisation d’un large public par l’organisation de sorties nature, l’encadrement de chantiers bénévoles, l’aménagement de sentiers d’interprétation, l’édition de brochures, la création d’un site Internet,… Pour cela, il reçoit le soutien de nombreux partenaires publics et privés, et de ses membres. Il est composé d’un réseau de bénévoles (Conseil d’Administration, Conseil Scientifique, Conservateurs Bénévoles) et d’une équipe salariée pluridisciplinaire. Vous aussi vous pouvez participer à la sauvegarde des espaces naturels remarquables de Haute-Normandie et soutenir l’action du Conservatoire : - en adhérant (vous recevrez le calendrier des animations et la documentation édités par le Conservatoire d’Espaces Naturels de HauteNormandie) - e n devenant Conservateur Bénévole de Site (participation active à la surveillance d’un site et relais auprès des acteurs locaux) - en nous confiant la gestion de sites écologiques mais aussi en faisant connaître notre action ! Le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie organise des animations pour les groupes (scolaires, associations,…) sur demande et participation aux frais, et édite chaque année un programme de sorties animées par un guide nature et gratuites pour tous. Bulletin d’adhésion Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie Azuré bleu céleste Je participe à la sauvegarde du patrimoine naturel haut-normand en adhérant au Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie Nom (ou d’association ou de commune) :............................................................................................................................................................................ Prénom :................................................................................................................................................................................................................................ Adresse :...................................................................................................................................................................................................................................................................... Code postal :. ................................................................ Ville :......................................................................................................................................................................... Tél. :............................................................................... Fax :. ............................................................................... E-mail :............................................................................... ADHESION □ Souhaite adhérer à titre individuel (10 euros) □ Souhaite faire adhérer l’association (40 euros) □ Souhaite faire adhérer la commune (80 euros) Je joins mon règlement d’un montant de ……………………….. Euros. Fait à :. .................................................................................................... Le :............................................................................................ Signature : Bulletin d’adhésion à retourner, accompagné de votre règlement, à l’adresse ci-dessous : Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie Rue Pierre de Coubertin - B.P. 424 76805 Saint-Etienne-Rouvray Cedex Calendrier de floraison Ce calendrier vous indiquera à quelle période de l’année vous pourrez voir quelques-unes des plantes en fleurs ou en fruits citées dans ce carnet nature. Il s’agit des périodes de floraison les plus souvent observées, mais un décalage peut exister en cas d’année particulièrement sèche ou pluvieuse. Ophrys bourdon Aster linosyris Astragale de Montpellier Elléborine rouge Gaude Hélianthème des Apennins Lin à feuilles ténues Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Orchis pyramidal Origan Platanthère verdâtre Polygala du calcaire Ail des vignes Aristoloche fausse clématite Muscari atlantique Muscari à toupet Cornouiller mâle Cornouiller sanguin Garance voyageuse Orobanche améthyste Pastel des teinturiers Silène penché Ophrys bourdon Ophrys mouche Nom Cardère Orchis bouc Orchis moucheron Lisières et ourlets Pelouses calcaires Genêt des teinturiers Mars Milieux Vignobles Anémone pulsatille Période de Floraison Sous-bois Nom Eboulis Milieux Anémone pulsatille Orpin âcre Période de Floraison Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. • Ne pas déranger la faune • Ne pas cueillir de fleurs • Emporter vos déchets • Ne pas faire de feu • Tenir votre chien en laisse • Refermer les barrières après votre passage L ’Eure abrite un patrimoine naturel d’une grande richesse. C’est pourquoi, depuis 2003, le Département s’engage dans la préservation et la valorisation de sites naturels dans le cadre de sa politique Espaces Naturels Sensibles. Cette démarche s’inscrit dans un partenariat avec de nombreux organismes agissant pour la protection de notre environnement. Ainsi le Département et le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Normandie se sont associés pour la connaissance, la gestion et la valorisation des coteaux de Giverny. Ce site, dont la qualité du patrimoine historique, artistique et paysager n’est plus à démontrer, abrite une flore et une faune exceptionnelles. Nous vous invitons à parcourir les coteaux en empruntant les sentiers balisés et à découvrir le site à l’aide de ce carnet nature. Sentier et document réalisés par : Avec le soutien de : Conception : CSNHN / Réalisation : Copie plus / Crédits photos et illustrations : CSNHN, E. Cosson, M. Démares, D. Derock, F. Deschandol, C. Hennequin, X. Houard, J-M. Peers, Ph. et R. Sabine, E. Vochelet. Les coteaux de Giverny constituent un site remarquable et fragile. Aidez-nous à le préserver en respectant ces quelques règles :