Terminale S – Physique Chapitre 11 Satellites et planètes Comprendre : une petite histoire de la Mécanique (.doc) 1 – Les lois de Kepler Depuis l’Antiquité jusqu’au XVIème siècle, les phénomènes observés dans le ciel sont expliqués en plaçant la Terre au centre de l’Univers : c’est le système géocentrique, décrit par Ptolémée au IIème siècle, validé par Aristote puis par l’autorité religieuse. La mécanique céleste se différencie alors de la mécanique terrestre : les astres « errent » dans les cieux et « chutent » sur Terre. A partir du XVIème siècle, les physiciens Copernic, Galilée et Kepler introduisent la théorie de l’héliocentrisme qui permet de donner une explication simple du mouvement apparent des planètes (venant du grec planêtês signifiant « errant »), observé depuis la Terre. C’est Newton qui montrera que mécanique céleste et mécanique terrestre sont régies par les mêmes interactions : ce qui se passe ici bas n’est pas si différent de ce qui anime les cieux… 1.1 – Enoncé des lois de Kepler Entre 1609 et 1618, Kepler publie dans Astronomia Nova trois lois révolutionnaires permettant de décrire le mouvement des planètes autour du Soleil. 1.1.1 – Première loi ou loi des orbites Dans le référentiel héliocentrique, la trajectoire du centre d’une planète est une ellipse dont l’un des foyers est le centre du Soleil. 1.1.2 – Deuxième loi ou loi des aires Le segment de droite [SP] (ou rayon-vecteur) qui relie le centre du Soleil au centre le la planète balaie des aires égales pendant des durées égales. Cette loi traduit l’observation de vitesses plus grandes lorsque la planète approche du Soleil (périhélies). 1.1.3 – Troisième loi ou loi des périodes Nous notons ici T la période de révolution d’un planète (durée nécessaire pour qu’elle accomplisse un tour complet de son orbite) et L la longueur du demi-grand axe de son orbite. 2 Le carré de la période de révolution T d’une planète autour du Soleil est proportionnel au cube de la longueur L du demi-grand axe de son orbite, T2 k L3 k est une constante indépendant de la masse de la planète. Sa valeur est exprimée en s2.m–3 dans le système international des unités. Calculons k pour la Terre puis pour Jupiter et comparons les résultats : aTerre = 150.106 km et TTerre = 365 jours On obtient kTerre = 4,0.10-20 [jours2.km-3]. aJupiter = 780.106 km et TJupiter = 4 332 jours On obtient kJupiter = 4,0.10-20 [jours2.km-2]. On trouve bien kTerre = kJupiter. Pour les planètes du système solaire : planète a demi grand axe 3 en 10 km 6 ou 10 m T période de révolution en jour T période de révolution 6 en 10 s T /a 2 -3 en jour .km T /a 2 -3 en s .m Mercure 57910 87,97 7,57984708 3,98482.10 -11 2,95842.10 -19 Vénus 108200 224,7 19,3610508 3,98588.10 -11 2,95921.10 -19 Terre 149600 365,26 31,47226264 3,98483.10 -11 2,95843.10 -19 Mars 227940 686,98 59,19294472 3,98498.10 -11 2,95855.10 -19 Jupiter 778330 4332,71 373,3236244 3,98133.10 -11 2,95583.10 -19 T /a 2 -3 en s .m 2 3 2 3 Pour les satellites de Jupiter observés par Galilée : a demi grand axe 3 en 10 km 6 ou 10 m T période de révolution en jour T période de révolution 6 en 10 s T /a 2 -3 en jour .km Io 422 1,77 0,15251028 4,16878.10 -8 3,095.10 Europe 671 3,55 0,3058822 4,17147.10 -8 3,097.10 Ganymède 1070 7,15 0,6160726 4,17312.10 -8 3,09822.10 -16 Callisto 1883 16,69 1,43807716 4,17217.10 -8 3,09751.10 -16 satellite 2 3 2 3 -16 -16 On observe bien que T 2/a3 est une constante mais que cette constante dépend de l’astre attracteur. On a T2/a3 = 4p ²/GM, où G est la constante de gravitation universelle : G = 6,67.10-11 m3.kg-1.s-2 En prenant en compte les résultas des tableaux ci-dessus, il est donc possible de déterminer la masse des astres. On trouve par exemple : pour le Soleil :MS = 2,00.1030 kg pour Jupiter :MJ = 1,91.1027 kg Les lois de Kepler s’appliquent aussi bien aux satellites naturels qu’aux satellites artificiels d’un astre. 3 Pour quelques satellites de la Terre : a demi grand axe 3 en 10 km 6 ou 10 m T période de révolution T période de révolution en s 384 27,32 jours 2,35.10 Hipparcos 24,546 10h37min 57s 38277 9,9068.10 NOAA 15 7,19 1h41min09s 6069 9,90941.10 -14 GPS BII-01 26,5625 11h58min08s 43088 9,90617.10 -14 Globalstar MO48 7,79 1h54min4s 6844 9,90849.10 -14 satellite Lune 6 2 3 T /a 2 -3 en s .m 9,78632.10 -14 -14 En utilisant la constante trouvée pour les satellites artificiels (quatre dernières lignes du tableau) on obtient comme masse de la terre MT = 5,97.1024 kg La constante obtenue avec la Lune est légèrement différente. Newton a déjà corrigé la troisième loi de Kepler en montrant que la masse qui intervenait était en fait la somme des masses des deux corps en interaction gravitationnelle (ici la Terre et la Lune). En se servant de la correction de Newton on trouve MTerre + Lune = 6,05.1024 kg et par différence la masse de la Lune est ML = 7,36.1022 kg. En fait, la troisième loi n’est qu' approchée et les bons résultats obtenus par Kepler sont dus au fait que la masse des planètes est négligeable devant celle du Soleil (Jupiter, la plus grosse planète a une masse qui ne dépasse pas le millième de celle du Soleil). NB : Bien que Kepler ait découvert ces lois empiriquement, on sait aujourd’hui les démontrer. 1.2 – Les lois de Kepler dans le cas d’une orbite circulaire A l’exception de Mercure et des planètes sub-neptuniennes, les trajectoires des autres planètes peuvent être considérées comme circulaires. Les lois de Kepler s’appliquent à ce cas particulier pour lequel les foyers de l’ellipse sont confondus. La loi des orbites indique que la trajectoire est un cercle dont le centre est le centre du Soleil. La loi des aires conduit alors à une vitesse de valeur constante : dans ce cas, la planète est en mouvement circulaire uniforme. La loi des périodes devient T2 Cste r3 où r est le rayon de la trajectoire. 2 – Obtention d’un mouvement circulaire uniforme Lors de l’étude du mouvement des planètes et des satellites, nous nous limiterons au seul cas d’une trajectoire circulaire. Comme nous venons de le voir, la loi des aires implique que le mouvement est alors uniforme. Etudions les propriétés de ce mouvement. 2.1 – Propriétés d’un mouvement circulaire uniforme Observer : les 8 premiers points de Rot1.avi avec Avistep 4 Evolution de la vitesse en fonction du temps Tracé du vecteur vitesse instantanée Evolution de l’accélération en fonction du temps Tracé du vecteur accélération instantanée Nous constatons les propriétés suivantes, le vecteur accélération est toujours dirigé vers le centre attracteur : il est dit centripète le vecteur vitesse et le vecteur accélération sont constamment perpendiculaires Pour ce mouvement, l’accélération est constante et vaut (tableau de valeurs sous Avistep) environ 8,5 m.s–2. Par ailleurs, la vitesse est constante et voisine de 0,95 m.s–1 ; le rayon-vecteur étudié est de 11 cm. Nous pouvons vérifier que v2 0,95 8, 2 m.s 2 a 2 r 0,11 Lors d’un mouvement circulaire uniforme, le vecteur accélération est donné par v 2 a uN r où u N est un vecteur unitaire porté par la normale au cercle et dirigé vers le centre du cercle. 5 2.2 – Conditions nécessaires d’obtention d’un mouvement circulaire uniforme Dans un référentiel galiléen, l’application de la deuxième loi de Newton appliquée au centre d’inertie G d’un solide de masse m donne F m a ext G v2 Pour obtenir un mouvement circulaire uniforme, aG doit être centripète et de valeur , donc le vecteur r m v2 F , noté F , doit être lui aussi centripète et de valeur . ext r Le mouvement du centre d’inertie d’un solide de masse m est circulaire uniforme dans un référentiel galiléen si La somme F des forces qui lui sont appliquées est un vecteur centripète La valeur du vecteur F est constante et vérifie la relation m v2 F r où r est le rayon du cercle trajectoire. Remarque : à l’aide d’un logiciel de simulation (satel.exe), on peut vérifier que si la valeur de la vitesse initiale ne vérifie pas la relation précédente, la trajectoire peut être elliptique. Dans ce cas, le vecteur accélération est toujours dirigé vers l’un des foyers de l’ellipse, mais n’est pas constamment perpendiculaire au vecteur vitesse. Démonstration en coordonnées polaires (hors programme) Dans le plan de la rotation, on définit les coordonnées polaires (r,θ) qui sont plus adaptées à l’étude du mouvement de rotation. z ur u r θ O M x Dans cette base, il est à noter que les vecteurs unitaires ur et u ne sont pas constants : contrairement aux vecteurs unitaires de la base cartésienne i et j , leur j direction dépend de la position du point M. ur cos i sin j u cos u r sin u sin i cos j 6 On peut remarquer que du u r d 1 i sin 0 cos Dans cette base, le vecteur position a alors pour définition OM r ur Le vecteur vitesse est la dérivée du vecteur position par rapport au temps, dOM d v r ur dt dt dr dur v ur r dt dt dr ce qui nous donne, avec la notation r dt du d v r ur r r d dt c’est-à-dire v r ur r u On constate que si le mouvement est circulaire, r 0 et le vecteur vitesse se résume à sa composante en d u qui est bien tangent à la trajectoire. La vitesse vaut donc v r r en définissant la dt vitesse angulaire en rad.s–1. Le vecteur accélération est la dérivée du vecteur vitesse par rapport au temps, d v d a r ur r u dt dt du dur a rur r r u r u r dt dt du d du d r a rur r r u r u r d dt d dt a ru r u r u r u r u r ce qui donne finalement r a r r 2 ur r 2 r u Si le mouvement est circulaire et uniforme, alors r r 0 ; il nous reste donc dans ce cas a r 2 ur Ce vecteur est bien centripète car opposé à ur ; par ailleurs, v2 v2 a r 2 r 2 r 2 r r On retrouve bien la formule annoncée. 7 3 – Rappels sur la loi de la gravitation universelle En 1687, Newton publie ses Principes mathématiques de la philosophie naturelle, dans lesquels il énonce la loi de la gravitation universelle ; cette loi traduit le phénomène d’attraction entre deux corps matériels et permet d’expliquer les lois du mouvement des planètes découvertes empiriquement par Kepler. L’interaction gravitationnelle entre deux corps ponctuels A et B, de masses respectives mA et mB, est modélisée par des forces d’attraction gravitationnelle FA / B et FB / A dont les caractéristiques sont rassemblées ci-dessous. d FA/B A FB/A B u AB mB mA mA mB F u A / B G AB FB / A d² AB où le vecteur u AB est orienté AB de A vers B. La loi s’applique à des corps non ponctuels dans les deux cas suivants, Lorsque la répartition des masses est à symétrie sphérique, la force gravitationnelle est la même que si toute la masse est concentrée au centre du corps. C’est par exemple le cas des étoiles ou des planètes. Lorsque la dimension de l’objet est négligeable devant la distance qui le sépare de l’autre corps avec lequel il est en interaction. C’est par exemple le cas d’un satellite artificiel de la Terre, satellite alors considéré comme ponctuel. Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent (§1.2), le poids d’un objet s’identifie avec la force gravitationnelle qu’exerce la Terre sur lui. Le poids est alors une fonction de l’altitude et du rayon terrestre (plus petit à l’équateur qu’aux pôles). 4 – Application au mouvement orbital des planètes L’étude est faite dans un référentiel héliocentrique, lié au Soleil, supposé fixe et considéré comme galiléen pendant l’observation (le Soleil tourne autour du centre galactique en 2,26.108 années !). Vérifions que, du fait des forces d’attraction gravitationnelle, une planète peut avoir un mouvement circulaire uniforme autour du Soleil et déterminons les caractéristiques de son mouvement. 4.1 – Application de la deuxième loi de Newton La planète de masse m, de centre P, est en mouvement autour du Soleil de masse MS et de centre S. Les deux corps sont soumis à l’interaction gravitationnelle et l’application de la 2ème loi de Newton à la planète donne G M S m FS / P u m a SP P r2 8 d’où l’on tire G M aP 2 S uSP r Ainsi, la première condition d’obtention d’un mouvement circulaire uniforme est respectée : la force FS / P qui est appliquée à la planète est un vecteur centripète, comme le vecteur accélération aP . Pour que le mouvement soit circulaire uniforme, il faut aussi que la valeur de FS / P soit constante et vérifie FS / P m v2 . Or, ceci est vérifié à condition que r v2 G M S 2 r r c’est-à-dire si v G MS r En conclusion, Le mouvement circulaire uniforme est donc une solution de l’équation obtenue en appliquant la 2ème loi de Newton Dans un référentiel héliocentrique, une planète est en mouvement circulaire uniforme autour du Soleil sur un cercle de rayon r à la condition que sa vitesse vérifie la relation G MS v r où G = 6,67.10–11 N.m2.kg–2 MS = 1,99.1030 kg R est exprimé en mètres (m) pour v en mètres par seconde (m.s–1) 4.2 – Expression de la période de révolution La période de révolution T est la durée de parcours d’une circonférence (de longueur p = 2 π r) à la vitesse constante v déterminée au §4.1, 2 r T v 2 r r3 2 G MS G MS r En élevant cette relation au carré, il vient T 2 4 2 r3 G MS Et cela nous conduit à T2 4 2 r3 G M S T2 est égal à une constante, indépendant de la planète étudiée : on retrouve la 3ème loi 3 r de Kepler pour une planète en mouvement circulaire uniforme autour du Soleil. Ainsi, le rapport Regardons cela par les chiffres. 9 planète T (107 s) r (108 km) Vénus Terre Mars Jupiter 1,94 3,16 5,94 37,6 1,08 1,50 2,28 7,78 2 T (s2.m–3) 3 r 2,99.10–19 2,96.10–19 2,98.10–19 3,00.10–19 5 – Application au mouvement orbital des satellites de la Terre Dans le cas des satellites terrestres, l’étude est réalisée dans le référentiel géocentrique. 5.1 – Expression de la vitesse et de la période de révolution Le mouvement d’un satellite est circulaire uniforme lorsque les conditions vues au §2.2 sont remplies, à savoir la force FT / S qui lui est appliquée est un vecteur centripète : c’est la force d’attraction exercée par la Terre de masse MT et de rayon RT la valeur de la vitesse vérifie la relation m v2 v2 FT / S a r r En appliquant la 2ème loi de Newton, on peut conclure sur les caractéristiques orbitales des satellites. Dans le référentiel géocentrique, un satellite est en mouvement circulaire uniforme autour de la Terre sur un cercle de rayon r à la condition que sa vitesse vérifie la relation G MT v r avec r = RT + z où z est son altitude en mètres RT = 6,378.103 m à l’équateur, RT = 6,356.103 m aux pôles G = 6,67.10–11 N.m2.kg–2 MT = 5,974.1024 kg Sa période de révolution est r3 T 2 2 G MT RT z 3 G MT Vitesse et période de révolution ne dépendant pas de la masse du satellite, elles ne dépendent que de son altitude. Pour mettre un satellite en orbite circulaire, il faut lui communiquer à l’altitude z une vitesse G MT perpendiculaire au vecteur position TS dont la valeur vérifie v . RT z 5.2 – Les satellites géostationnaires Parmi les milliers de satellites artificiels qui gravitent autour de la Terre, les satellites géostationnaires sont principalement utilisés pour les télécommunications. Un satellite est géostationnaire s’il reste en permanence à la verticale d’un point de la Terre ; il est immobile pour un observateur terrestre. Déterminons à quelles conditions un satellite est géostationnaire. Choisissons un point M à la surface de la Terre. 10 La Terre tourne autour de l’axe des pôles et le satellite S doit rester sur la verticale OM pour paraître immobile : son mouvement est alors circulaire uniforme mais de centre O’ et les droites d’action de son accélération donc de FT / S passent par O’. Or, la loi de la gravitation impose que la droite d’action de FT / S passe par O, centre de la Terre : O’ n’est confondu avec O que si la trajectoire est située dans le plan de l’équateur. La période de révolution du satellite doit être égale à la période de rotation de la Terre, soir un jour sidéral : T = 23 h 56 min 04 s = 86 164 s. L’altitude z du satellite est imposée par la relation T 2 RT z G MT 3 dont on peut l’extraire : GM T T 2 z RT 4 2 L’application numérique conduit à z = 35 800 km. Le satellite doit tourner dans le même sens que la Terre autour de l’axe des pôles. 3 5.3 – Satellites des planètes autres que la Terre Le raisonnement est le même dans un référentiel comprenant la planète étudiée. La masse M qui intervient dans la 3ème loi de Kepler est la masse de la planète, T 2 4 2 r3 G M Cette relation permet de déterminer la masse d’une planète si elle possède un satellite dont on connaît la période et le rayon r de l’orbite. Jupiter : 63 satellites connus dont les 4 galiléens (1610) Io Ganymède Callisto Europe Diamètre 3 643 km 5 262 km 4 821 km 3 122 km Rayon orbital 421 800 km 1 070 400 km 1 882 700 km 671 000 km Période 1,8 j 7,2 j 16,7 j 3,6 j Masse 8,9.1022 kg 1,5.1023 kg 1,1.1023 kg 4,8.1022 kg 11 Saturne : 59 satellites identifiés, mais c’est très complexe Diamètre Rayon orbital Tethys (1684 1 060 km 294 619 km Cassini) Dioné (1684 1 118 km 377 396 km Cassini) Rhéa (1672 1 528 km 527 108 km Cassini) Titan (1655, 5 150 km 1 221 930 km Huygens) Japet (1671 1 436 km 3 560 820 km Cassini) et Mimas, Encelade (1789), Hypérion (1848), etc… Période 1,89 j Masse 6,2.1020 kg 2,74 j 1,1.1021 kg 4,52 j 2,3.1021 kg 15,95 j 1,3.1023 kg 79,3 j 2,0.1021 kg Uranus (ça roule !) : au moins 27 lunes Diamètre Rayon orbital Période Masse Miranda (1948 Kuiper) 474 6600 129 900 1,413 Ariel (1851 Lassell) 1159 135 000 190 900 2,520 Umbriel (1851 Lassell) 1169 117 000 266 000 4,144 Titania (1787 Herschel) 1578 352 000 436 300 8,706 Obéron (1787 Herschel) 1523 301 000 583 500 13,46 Neptune : 13 satellites au moins Triton (1846, Lassell) Diamètre 2 707 km Rayon orbital 354 800 km Période 5,88 j (retro) Masse 2,1.10 kg 22 5.3 – La pollution orbitale Depuis le début de l’ère spatiale, au milieu du XXème siècle (Gagarine passe 108 minutes en orbite le 12 avril 1961), bon nombre d’expériences ont été lancées, et beaucoup de satellites ont été mis en orbite. Tant et si bien que la Terre est entourée d’une vaste décharge à débris spatiaux… 12 Orbites basses Orbites hautes Depuis 1957, plus 4 600 lancements et 170 explosions en orbite ont généré 9 100 objets de diamètre supérieur à 10 cm 200 000 objets de diamètre compris entre 1et 10 cm 35 000 000 objets de diamètre compris entre 0,1 et 1 cm DUREE DE VIE DES DEBRIS SPATIAUX La durée de vie en orbite est limitée par la présence de l'atmosphère terrestre même ténue. L'atmosphère va ralentir les objets c'est à dire les freiner et à long terme pour ceux qui évoluent sur des orbites basses provoquer leur rentrée sur Terre. Pour fixer des ordres de grandeur, voici quelques exemples de durée de vie sur des objets bien connus. Orbite (altitudes périgée et apogée) Durée de vie Station Spatiale Internationale 400 km x 400 km entre 6 mois et 1 an SPOT 825 km x 825 km 200 ans 200 km x 36000 km environ 10 ans 36000 km x 36000 km millions d'années Exemple d'objets spatiaux Orbite de transfert Ariane 4 Orbite géostationnaire 13 Au vu de ces exemples, il existe deux types de risque : risque en orbite qui inclut les risques de collision avec des objets opérationnels du fait de leurs durées de vie en orbite importantes, les risques liés à la production de débris suite au vieillissement des matériaux et des impacts éventuels avec d'autres débris ou météorites, et aux éventuelles explosions. risque de faire des victimes au sol lors des retombées sur Terre appelé risque au sol RISQUES EN ORBITE Quels sont les dommages potentiels ? Les dommages engendrés par les débris spatiaux peuvent être relativement importants même si la taille du débris est petite. Ceci est tout simplement dû à la vitesse orbitale des débris qui est très élevée (8-10 km/s) et par conséquent l'énergie cinétique n'en est que plus importante. Exemple d'impact sur une surface d'un satellite En effet, une sphère d'aluminium d'un diamètre de 1mm se déplaçant à une vitesse de 10 km/s perfore une paroi d'aluminium de 4 mm d'épaisseur par exemple. Cette sphère a alors la même énergie cinétique qu'une boule de pétanque lancée à 100km/h. De ce fait, les débris d'une taille inférieure à 0.01cm ne feront qu'éroder les surfaces de nos satellites opérationnels sur le long terme (effet cumulatif) générant par exemple le détachement d'écailles de peinture tandis que les débris d'une taille comprise entre 0.01 et 1 cm provoqueront des dommages significatifs comme des perforations d'équipements dont les conséquences peuvent être variables en fonction de l'équipement atteint (disfonctionnement mineur à total de l'équipement). Ceci a été notamment observé sur les panneaux solaires du télescope Hubble par exemple. 14 Par contre, les débris d'une taille comprise entre 1 cm et 10 cm engendreront des dommages très importants compte tenu de leur énergie cinétique. Ils présentent un réel danger du fait qu'ils ne sont pas catalogués à ce jour. Les débris d'une taille supérieure à 10 cm auront des conséquences catastrophiques pour le satellite atteint pouvant aller jusqu'à sa perte voire générer une explosion. On peut résumer les conséquences d'un risque de collision en orbite avec les débris par ce tableau. Taille des débris < 0.01cm Caractéristiques Erosion des surfaces Dommages significatifs Perforations Conséquences variables suivant l'équipement atteint Dommages très importants Conséquences catastrophiques pour un satellite Entre 0.01 et 1 cm Entre 1 et 10 cm > 10 cm Existe-t-il un risque important de collision en orbite ? Prenons l'exemple d'un satellite évoluant sur l'orbite type SPOT c'est à dire autour de 825 km d'altitude, ayant une surface de 20 m2. La probabilité de collision entre ce satellite et des débris sur 1 an est de : Taille des débris Probabilité > 0.1 mm 1 > 1 mm 0.5 > 1cm 3. 10 -3 > 10 cm 2. 10-4 On peut traduire ces chiffres simplement. Si l'on considère que l'environnement est figé dans le temps c'est à dire le nombre et la répartition des débris restent les mêmes et le satellite évoluant toujours sur la même orbite, alors il y aura 2 collisions en 10 000 ans avec des débris d'une taille supérieure à 10 cm par exemple. On comprend bien que la probabilité de collision dépend à la fois du flux de particules qui est fonction de l'altitude, de la surface du véhicule et de la durée passée en orbite. En moyenne, tous les 14 jours, un objet d'une taille supérieure à 10 cm passe à moins de 1500 m de chaque satellite SPOT ou Helios. La navette spatiale américaine change en moyenne 1 hublot par mission à cause d'impacts de météorites ou de débris. Elle a par ailleurs déjà réalisé des manoeuvres d'évitement vis à vis de débris catalogués (taille supérieure à 10 cm). La première collision répertoriée a eu lieu en 1996 entre le satellite français Cerise et un débris issu d'une explosion d'un étage supérieur d'Ariane . De nombreux impacts de débris et météorites ont été recensés sur les panneaux du télescope spatial HUBBLE, panneaux récupérés au sol afin de mener des analyses. Un trou d'une taille de 1.9 x 1.7 cm a été détecté dans une des antennes. 15 L'expérience LDEF (Long Duration Exposure Facility) avait pour but de fournir des données sur l'environnement spatial sur le long terme et ses effets sur les systèmes spatiaux et opérations. Il s'agissait d'un véhicule d'une forme cylindrique composé de 57 expériences lancé en 1984 qui est resté en orbite environ 5.5 ans avant d'être ramené sur Terre. L'analyse de ses surfaces a montré des dizaines de milliers d'impacts dont le plus grand impact avait un diamètre de 0.63cm. Pour en savoir plus, allez visiter le site LDEF . RISQUES AU SOL Lors des rentrées atmosphériques, les objets traversent les couches de l'atmosphère. Durant cette traversée, les matériaux chauffent intensément et une grand partie est "sublimée"....... mais il reste parfois des éléments qui résistent à la rentrée du fait de leur forme et la nature des matériaux les composant (acier, titane, composite...). La survie à la rentrée est plus importante pour les grandes structures comme les réservoirs ou des capacités . Il existe deux types de rentrée atmosphérique : rentrée contrôlée et la rentrée naturelle. Rentrée contrôlée Dans ce cas, l'homme guide la rentrée de l'objet grâce à des moteurs vers une zone inhabitée de son choix comme l'océan. Cela a été le cas, par exemple, avec la rentrée contrôlée du satellite ASTRA 1-K réalisée par le CNES en décembre 2002 suite à un échec au lancement. Un autre cas bien connu est la rentrée de Mir qui a eu lieu en mars 2001 dans le Pacifique Sud. La masse de Mir en orbite était de l'ordre de 140 tonnes en orbite et au final 30 tonnes de débris sont retombés dans l'Océan Pacifique Les risques de blesser ou tuer quelqu'un au sol sont extrêmement faibles. Rentrée naturelle Dans le cas d'une rentrée non guidée par l'homme, il est difficile de prévoir longtemps à l'avance la zone où tous les débris de l'objet rentrant vont retomber : 10 jours avant la retombée, la date de rentrée n'est connue qu'à 1 jour près seulement. 1 jour avant la retombée, la date de rentrée n'est connue qu'à 1 à 2 orbites près. 16 Mais il faut se rappeler que 70% de la surface de la Terre sont des océans, par conséquent, le risque de faire une victime à la rentrée est faible. Par ailleurs, il s'agit de relativiser ce risque puisqu'à ce jour 18700 objets environ sont rentrés sur Terre sans jamais faire de victime. Des exemples d'objets ayant survécu à la rentrée sont disponibles sur le site de CORDS . Un réservoir d'hélium haute pression d'Ariane V13 lancé en mai 1985 est retombé en mars 2002 en Ouganda. Le risque lié à la retombée d'objets créés par l'homme est plus faible que le risque lié aux rentrées de météorites qui est connu comme étant faible. 6 – L’impesanteur L’impesanteur est ressentie par les spationautes dans un satellite en orbite autour de la Terre. C’est un état caractérisé par l’absence apparente de pesanteur. Pour comprendre le phénomène, prenons l’exemple d’un objet qui n’est pas en contact avec les parois du satellite : il ne subit qu’une force, la force d’attraction gravitationnelle terrestre, tout comme le satellite. L’objet et le satellite ayant même vecteur accélération, l’objet « ne tombe pas » par rapport au satellite : son poids apparent est nul. En toute rigueur, l’impesanteur n’existe qu’au centre d’inertie du satellite. On emploie parfois le terme de micropesanteur (ou microgravité) : l’accélération résiduelle est de l’ordre de 10–4 à 10–8 g, g étant la valeur de l’intensité du champ de pesanteur à la surface terrestre. D’une façon générale, l’impesanteur est ressentie lors d’une chute libre et cela est mis à profit pour l’entraînement des spationautes (vols paraboliques) et certaines expérimentations fondamentales sur les systèmes physiologiques et les matériaux : en effet, certains phénomènes, comme la sédimentation ou la convection, disparaissent alors que d’autres, comme la tension superficielle, prennent une importance nouvelle. On peut aussi reproduire des conditions de micropesanteur sur Terre. Tubes et tours de chute libre Ce sont des conduits verticaux dans lesquels un vide poussé est réalisé. La durée de l’état de micropesanteur varie de 2 à 10 secondes selon la hauteur de chute et peut atteindre 10–4 à 10–8 g. Il existe une tour à Brême, en Allemagne (ZARM). Vols paraboliques en avion L’Airbus « A300 zéro g » est capable de cette prouesse. 17 La manœuvre débute par un vol en palier horizontal. Lorsque la vitesse maximale est atteinte, le pilote cabre peu à peu l’appareil ; ses occupants sont alors dans une phase d’hyperpesanteur (le champ « apparent » est de 1,8 g environ) d’une vingtaine de secondes. A 47° d’inclinaison, le pilote diminue la poussée des réacteurs pour compenser le plus exactement possible les forces qui agissent sur l’avion (traînée et portance) à l’exception du poids. Pendant une vingtaine de secondes, l’avion ne vole plus, il tombe comme un objet lancé en l’air, et le champ apparent est de 10–2 à 10–3 g. La manœuvre de sortie consiste à redresser la trajectoire pour la ramener à l’horizontale et plonge de la même manière les occupants dans une période d’hyperpesanteur à 1,8 g. Fusées sondes Lorsque les moteurs s’éteignent, la fusée est dans la très haute atmosphère et tombe en chute libre. La phase de micropesanteur dure de 5 à 10 minutes avec une valeur de l’ordre de 10–2 à 10–4 g.