Vessie Auteurs : L. Daubisse-Marliac, P. Grosclaude Site Vessie Incidence Topographie Morphologie (CIMO3) (CIMO3) C67 Toutes 1975-1978 (CIM8) 188 Mortalité 1979-1999 (CIM9) 188 2000-2004 (CIM10) C67 Problèmes liés à la définition du site La classification des tumeurs de la vessie, leur prise en compte par les registres et le codage de leur comportement tumoral (bénin, incertain, intraépithélial malin, infiltrant malin) font toujours l’objet de nombreux débats. De façon à obtenir une meilleure cohérence compte tenu de la longueur de la période d’étude, l’analyse n’a retenu que les cancers de la vessie infiltrants, c’est-à-dire ceux dont le comportement tumoral est codé en /3 dans la CIM-O-1, la CIM-O-2 et la CIM-O-3. Les tumeurs intraépithéliales et les tumeurs superficielles classées pTa ne sont donc pas prises en compte dans cette étude. Incidence et mortalité en France en 2005 Avec 9679 nouveaux cas estimés en 2005, dont 82% survenant chez l’homme, le cancer de la vessie se situe au 7ème rang des 25 localisations examinées dans cet ouvrage. Il représente 3,0 % de l’ensemble des cancers incidents, et se situe, par sa fréquence, au 5e rang chez l’homme et au 16e rang chez la femme. Les taux d’incidence standardisés sont de 14,6 chez l’homme et de 2,1 chez la femme. Le sex-ratio est de 7,0. Avec 4482 décès, dont 76% survenant chez l’homme, ce cancer se situe au 8ème rang des décès par cancer, et il représente 3,1% de l’ensemble des décès par cancer dans l’ensemble de la population. Les taux de mortalité standardisés sont de 5,6 chez l’homme et de 1,1 chez la femme. Commentaires Chez l’homme, le risque d’être atteint de ce cancer entre 0 et 74 ans a augmenté pour les cohortes nées entre 1910 et 1925, le maximum étant de 2,1% pour la cohorte 1925 ; ce risque a alors continuellement diminué jusqu’aux cohortes les plus récentes, atteignant 1,6% pour la cohorte d’hommes nés en 1940. Chez la femme, ce risque est faible et diminue régulièrement avec la cohorte de naissance, passant de 0,4% chez les femmes nées en 1910 à 0,2% chez celles nées en 1940. Le risque cumulé 0-74 ans de décès est faible dans les deux sexes ; ce risque diminue de près de la moitié chez l’homme, passant de 0,7% pour la cohorte née en 1910 à 0,5% pour celle née en 1940, alors qu’il reste stable selon la cohorte de naissance chez la femme (0,1%). Une période d’observation plus longue confirme l’infléchissement de l’incidence observée chez l’homme sur les données publiées antérieurement. Cette diminution, apparue au cours des années 90, est de - 2,5% par an entre 2000 et 2005 et pourrait être en rapport avec une diminution de l’exposition des hommes aux facteurs de risque principaux de ce cancer (diminution du tabagisme et meilleure maîtrise des risques professionnels). Chez la femme, le taux d’incidence (standardisé monde) diminue en moyenne de 1,3% par an entre 1980 et 2005 (-1,6% par an entre 2000 et 2005). Cette diminution contraste avec l’augmentation importante de l’incidence du cancer broncho-pulmonaire pourtant lié à l’exposition au même facteur de risque principal qu’est le tabagisme. Les données américaines retrouvent cette dissociation : chez les femmes, l’incidence du cancer broncho-pulmonaire a doublé entre 1974 et 2003 alors que l’incidence du cancer de la vessie est restée relativement stable sur cette même période (Hayat 2007). On peut alors faire deux hypothèses : le temps de latence est plus élevé pour le cancer de la vessie que pour celui du poumon, et nous n’avons pas le recul nécessaire pour mettre en évidence l’impact du tabac, ou bien l’effet ne se manifeste que pour des niveaux d’exposition plus important. Dans les deux sexes, la mortalité par cancer de la vessie diminue régulièrement, avec chez l’homme une diminution plus marquée entre 2000 et 2005 (-2,1% par an). Nous rappelons ici la nécessité d’interpréter avec prudence les chiffres d’incidence du cancer de la vessie et leur évolution compte tenu des modifications au cours du temps des pratiques d’enregistrement de ce cancer par les registres, ces modifications étant liées aux variations des définitions anatomopathologiques (Matsuda 2003). L’utilisation par tous les registres des recommandations internationales (ENCR 1995) et par les anatomopathologistes des classifications internationales récentes (Epstein 1998) sur une période suffisamment longue devrait permettre d’homogénéiser le recueil et de rendre possible une comparaison non biaisée des résultats. Toutefois, il n’existe pas encore de consensus concernant le codage du comportement tumoral lorsque le compte-rendu anatomopathologique est imprécis sur le niveau d’invasion, du fait d’un prélèvement insuffisant et d’une insuffisance de standardisation. Aussi, ces règles de codage devraient être davantage explicitées pour permettre de reconstituer pour chaque tumeur le niveau d’infiltration, à partir notamment d’autres paramètres comme le grade de différenciation histologique. Références Hayat MJ, Howlader N, Reichman ME, Edwards BK. Cancer statistics, trends, and multiple primary cancer analyses from the Surveillance, Epidemiology, and End Results (SEER) Program. Oncologist 2007 ;12 ;20-37. Matsuda T, Remontet L, Grosclaude P. Incidence des cancers de la vessie en France : évolution entre 1980 et 2000. Prog Urol. 2003 Sep;13(4):602-7. ENCR Working group on data definitions, IARC Report, Proposal for coding bladder tumors (appendix IV). Lyon: IARC, 1995. Epstein JI, Amin MB, Reuter VR, Mostofi FK. The World Health Organization/International Society of Urological Pathology consensus classification of urothelial (transitional cell) neoplasms of the urinary bladder. Bladder Consensus Conference Committee. Am J Surg Pathol. 1998 Dec;22(12):1435-48.