Cours seconde - Thème 1

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Cours seconde - Thème 1 - cours 4
Biodiversité - Parentés entre espèces et Evolution
Nous avons vu que :
L’ensemble des organismes montre une certaine unité cellulaire (structurale et fonctionnelle) et une grande
unité moléculaire (universalité de l’ADN).
Mais il existe une diversité génétique entre les espèces (gènes différents) et entre les individus d’une
même espèce (variabilité des gènes = allèles) Ces diversités sont à l’origine de la notion de biodiversité.
Quels sont les différents niveaux d’étude de la biodiversité ?
I- La biodiversité = résultat et étape de l’évolution
La biodiversité c’est à la fois la diversité des écosystèmes, la diversité génétique au sein des espèces
et la diversité des espèces.
1°) La Biodiversité génétique :
Elle repose sur le fait que de nombreux gènes au sein d’une population existent sous plusieurs
versions différentes que l’on nomme des allèles d’un gène. Les mutations des gènes sont à l’origine
des différents allèles (vu dans le chapitre précédent)
On parle aussi de biodiversité intraspécifique.
Les différents aspects
des individus d’une
même espèce :
exemple du Zoizo blanc
endémique des îles
Maurice et Réunion
=Zosterops borbonicus
A : morphe gris,
B : morphe brun à tête grise,
C : morphe brun à nuque brune,
D : morphe brun à tête brune
Photos C Thébaud
Exemple de l’escargot des haies (Hélix némolaris) qui montre une grande biodiversité intraspécifique
2°) La Biodiversité des écosystèmes :
Un écosystème se définit par une communauté d’organismes
vivants (= la biocénose) en équilibre avec les conditions de
l’environnement dans lequel elle vit (= le biotope)
a- Les biotopes correspondent aux facteurs mesurables
de l’environnement (température, altitude,
pluviométrie…) et à l’espace occupé.
Exemples d’écosystèmes fréquents à la Réunion :
prairie ; forêt sèche ; forêt d’altitude ; lande ; plein
océan ; littoral rocheux ; récif corallien ; sol ; champ
cultivé …
Mais aussi : flaque d’eau ; tronc d’arbre ; fromage ; tube
digestif animal ou humain.
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Source : Nathan 2de ed. 2010
b- La biocénose correspond à une combinaison d’espèces végétales, animales et microbiennes qui
interagissent entre elles (chaînes alimentaires – réseaux trophiques) en occupant des fonctions
précises = production, consommation, décomposition, etc. …
Les interactions entres espèces
sont alimentaires ; coopératives
(exemple : symbiose ;
pollinisation…) ou compétitives
(compétition pour l’occupation du
milieu ou pour la nourriture ;
parasitisme …)
Exemple :
Réseau trophique très simplifié du
récif corallien de la Réunion
(source : M Laude)
De grands types de formations
végétales, caractéristiques des grandes
zones climatiques de la biosphère
constituent des phytocénoses. Ces
associations
d’organismes
végétaux, avec la
faune qui leur est
associée, sont
appelés les biomes.
Bien qu’un biome ne
constitue pas un
écosystème, à
l’échelle de la planète
les biomes
constituent des zones
où les conditions du
milieu (biotope)
permettent aux
espèces présentes
des interactions
comparables entre
elles et avec le milieu.
3°) La Biodiversité des espèces :
Elle correspond au nombre d’espèces vivantes ; à la position des espèces dans la
classification du vivant et à la répartition en nombre d’espèces et en effectifs de chaque
espèce par unité de surface.
La diversité des espèces est directement liée à la génétique : Elle est le résultat de
l’évolution.
Dans un écosystème on a rencontré des groupes d’êtres vivants qui possèdent souvent des caractéristiques communes (ce
qui nous a permis de les classer)
S’il existe des caractéristiques génétiques communes à deux groupes distincts c’est qu’ils possèdent en commun certains
gènes donc qu’ils ont des relations de parenté qui expliquent l’héritage de ces gènes.
Comment argumenter les liens de parenté entre différents groupes d’êtres vivants ?
Nous prendrons comme exemple le groupe de vertébrés
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II- Recherche de liens de parenté = exemple des vertébrés :
1°) Classification des vertébrés :
 Caractéristiques fondamentales permettant de classer un être parmi les vertébrés :
Les vertébrés sont des êtres qui possèdent un squelette osseux organisé autour d’un axe vertébral (colonne
vertébrale)
 Si on se base sur leurs productions épidermiques, les vertébrés peuvent être divisés en 5 classes.
- Les Poissons possèdent des écailles libres.
- Les Amphibiens ont une peau nue.
- Les Reptiles possèdent des écailles soudées.
- Les Oiseaux ont des plumes (mais aussi des écailles sur les pattes)
- Les Mammifères possèdent des poils.
Remarque : tous les vertébrés qui possèdent 2 paires de pattes (tous les vertébrés sauf les poissons) sont qualifiés de tétrapodes.
2°) Morphologie générale comparée des vertébrés :
Malgré une importante diversité morphologique, tous les
Vertébrés, sans exception peuvent être orientées selon :
- Un axe de polarité antéro-postérieur (avant-arrière)
- Un axe de polarité dorso-ventral (dos-ventre)
- Un plan de symétrie bilatérale (droite-gauche)
Ces axes et ce plan se croisent en un seul point et sont
perpendiculaires les uns par rapport aux autres.
Etude d’un exemple d’organisation chez la sardine :
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Plan de symétrie bilatérale
Axe de polarité antéro-postérieur
Narine
Œil
5
2
4
3
Axe de polarité dorso-ventrale
Nom des nageoires :
1- Nageoire dorsale ;
2- Nageoires pectorales (x2)
3- Nageoires ventrales (x2)
4- Nageoire anale ;
5- Nageoire caudale (= queue)
Ouïes
Branchies
Langue
Mâchoire
inférieure
Nageoire
pectorale
Les différentes régions de la colonne vertébrale, en relation avec le mode de locomotion et les fonctions du
corps (de l’avant vers l’arrière) sont :
3°) Structure des membres chez les tétrapodes :
Les tétrapodes sont des vertébrés qui possèdent quatre membres (tous sauf les poissons)
Les membres des tétrapodes possèdent une organisation très semblable malgré les formes
différentes dues aux modes de locomotion adoptés par les différentes espèces.
Les différentes parties du membre antérieur sont :
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- Un « bras » avec un os = l’humérus ;
- Un « avant-bras » avec deux os parallèles = le
radius et le cubitus ;
- Une « main » avec les carpes; les métacarpes et
les phalanges
Organisation du membre
antérieur de quelques vertébrés
Toutefois, l'organisation plus archaïque des
nageoires des poissons comparée à l'organisation
des membres des autres vertébrés indique une
parenté plus lointaine entre les poissons et les
autres vertébrés.
Cette hypothèse est confirmée par l’absence de
régions cervicales et pelviennes chez les poissons
(voir schéma précédent)
4°) Organisation interne :
a- Exemple de la sardine :
Muscles
Branchies
Rein
Vessie natatoire
Cœur
Orifice ano-uro-génital
Foie
Gonades
Tube digestif
- le cœur est situé à l'avant de la cavité abdominale, dont il est séparé par une cloison,
- les branchies sont situées à l'avant, sous les opercules,
- le foie est également situé dans la partie antérieure, en arrière du cœur,
- le tube digestif forme une boucle (œsophage + estomac + intestin),
- reliée à l’œsophage par un canal, on trouve une vessie natatoire,
- les deux reins sont accolés et situés dorsalement,
- les deux gonades sont situées à la face ventrale des reins, qu'elles recouvrent plus ou moins.
b- Comparaison avec d’autres vertébrés : la grenouille et la souris
Anatomie comparée des systèmes
digestifs et cardio-respiratoire d’un
amphibien et d’un mammifère
On observe chez tous les vertébrés une disposition similaire des organes selon les axes de polarité.
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c- Etude comparative des systèmes nerveux :
Chez tous les vertébrés, le système nerveux est dorsal. Il a une organisation semblable.
L’encéphale (hémisphères cérébraux + cervelet + bulbe rachidien) est logé dans le crâne et la
moëlle épinière est protégé par la colonne vertébrale.
Anatomie comparée des
systèmes nerveux de quatre
groupes de vertébrés
Bilan : Chez tous les vertébrés, la disposition des appareils et des systèmes est identique
et se fait selon les axes de polarités. Quel que soit l’appareil ou le système il est composé
des mêmes organes.
Ces similitudes dans le plan d’organisation sont des arguments qui prouvent que les
vertébrés ont des relations de parentés importantes.
Axe de polarité antéropostérieur
Système nerveux
Axe de
polarité
dorso
ventral
Appareil
excréteur
Appareil
génital
Système digestif
Appareil cardio
respiratoire
Diagramme de la disposition des appareils systèmes et organes
des vertébrés selon les axes de polarité
Comment se fait la distinction entre les différents groupes de vertébrés ?
5°) Représentation des relations de parentés = les arbres phylogénétiques :
Les arbres phylogénétiques ou arbres de parentés représentent les relations de parentés entre
des groupes d’êtres vivants.
Rappel du chapitre précédent : Le partage d’un caractère commun permet de former des
groupes de parentés = groupes frères qui forment une ramification sur l’arbre.
Chaque groupe frère possède donc un ancêtre commun, il partage un caractère commun.
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Etant donné que toutes les caractéristiques
anatomiques, embryologiques ou
métaboliques sont le résultat de
l’expression de gènes (voir chapitre
précédent) on peut donc affirmer que
toute innovation évolutive a une origine
génétique.
Ci-contre un arbre phylogénétique des vertébrés
obtenu avec le logiciel Phylogène (INRP)
 les ronds blancs correspondent aux populations de
derniers ancêtres communs à deux groupes frères.
 les ronds de couleurs correspondent aux innovations
évolutives (apparues chez des ancêtres communs)
Le dernier ancêtre commun à deux groupes frères se situe au nœud à la base de ces deux groupes.
Ainsi, d'après l'arbre ci-contre, on peut dire que le dernier ancêtre commun au Crocodile et à
l'Aigle possédait : des mâchoires, des poumons, un amnios et une fenêtre mandibulaire.
Avec les données anatomiques,
embryologiques mais aussi moléculaires
(comparaison des séquences des gènes
ou des séquences des protéines), on
peut ainsi établir une classification
phylogénétique plus proche de la
réalité. Cet arbre permet aussi de
comprendre comment les groupes sont
apparus au cours de l’évolution.
Dans l’arbre ci-contre on comprend pourquoi les
scientifiques actuels considèrent que la séparation
des vertébrés en 5 classes est dépassée …
III- L’évolution repose sur deux mécanismes :
a- La sélection naturelle :
La sélection naturelle est une variation non aléatoire de la fréquence des allèles. Dans
un milieu donné, certain allèles donnent un avantage aux individus qui les portent. Ils se
reproduisent donc plus et au fur et à mesure des générations, la fréquence des allèles
augmente dans la population. La sélection naturelle explique l’adaptation des espèces à
leur milieu de vie.
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b- La dérive génétique :
La dérive génétique est une variation aléatoire de la fréquence des allèles au cours du
temps dans une population. Elle est une conséquence de la reproduction sexuée, qui
transmet certains allèles seulement aux descendants (chaque gène est représenté par deux
allèles mais un seul des deux est transmis à la cellule germinale)
La dérive génétique est plus marquée lorsque l’effectif de la population est faible, elle
conduit à la disparition de certains allèles et peut provoquer un isolement génétique de
certaines populations d’une espèce.
Elle est donc un élément intervenant dans la formation de nouvelles espèces donc de la
biodiversité des espèces.
L’effet combiné de la dérive génétique et de la sélection naturelle conduit à une
transformation des espèces au cours du temps. Lorsque les différences génétiques entre
populations sont devenues importantes (et que les individus de deux populations différentes ne
peuvent plus se reproduire) on voit apparaitre des nouvelles espèces : c’est la spéciation.
Dérive génétique et sélection naturelle sont deux moteurs de l’évolution du vivant.
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IV- L’évolution de la biodiversité au cours du temps.
La biodiversité actuelle est un moment particulier de la très longue histoire du monde vivant :
les espèces vivantes aujourd’hui ne représentent qu’une infime partie du total des espèces
ayant existé depuis les débuts de la vie sur Terre. Elle s’est modifiée au cours du temps sous
l'effet de nombreux facteurs liés à la nature
1°) Une évolution irrégulière :
Depuis 3,8 milliards d’années la Terre a connu
5 graves crises d’extinctions durant lesquelles
des espèces sont apparues, d’autres ont
disparu, d’autres ont survécu.
Graphe de l’évolution de la biodiversité au cours du temps.
D’après hors série Pour la Science, juillet 2000
« La valse des espèces »
Ci-dessous = trois reconstitutions des paysages à trois époques géologiques différentes :
Permien : -300 à -250 mA
Jurassique : -200 à -135 mA
Eocène : -55 à -34 mA
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Les principales causes à l’origine des extinctions de masse sont :
 Cataclysmes géologiques (éruptions volcaniques, variations du niveau marin, glaciation) ;
 Chutes d’astéroïdes ;
Ces évènements provoquent des changements brutaux des milieux, une modification des
relations trophiques…
Sur la base des registres fossiles, les paléontologues estiment que la durée de vie moyenne d’une espèce
est de 5 millions d’années. Ainsi les espèces qui vivent aujourd’hui autour de nous représentent moins
de 2% du nombre total d’espèces apparues sur Terre.
2°) L’homme et son action sur la biodiversité :
L’Homme est une espèce qui a étendu en quelques millions d’années son territoire à
l’ensemble de la planète. La biosphère est pour l’homme, à la fois, un cadre de vie, une source
de nourriture, une banque de matière première et d’énergie.
Il agit rapidement sur la planète :
 Il transforme le milieu (sol, climat, végétation)
 Il modifie la distribution des espèces animales et végétales (agriculture, élevage,
chasse, pêche)
 Il modifie les espèces elles-mêmes, soit indirectement (par les effets précédents)
soit directement (par sélection, création de nouvelles souches, génie génétique)
 Il pollue la biosphère : pollutions physiques (radionucléides, bruits), pollutions
chimiques (engrais, pesticides), pollutions biologiques (virus, OGM).
Ces actions sur la biodiversité, laisse craindre, si aucune mesure pour corriger les actions
précédentes n’est prise, une sixième extinction de masse à relatif court terme.
Carte des zones critiques ou hot spots (ed.2000)
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