comment expliquer l`instabilite de la croissance

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Terminale ES
CHAPITRE 2 :
COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITE DE LA CROISSANCE ?
Notions : Fluctuations économiques, crise économique, désinflation, dépression, déflation.
Acquis de première : inflation, chômage, demande globale.
« L’observation des fluctuations économiques permettra de mettre l ‘accent sur la variabilité de
la croissance et sur l’existence de périodes de crise. On présentera les idées directrices des
principaux schémas explicatifs des fluctuations ( chocs d’offre et de demande, cycle du crédit),
en insistant notamment sur les liens avec la demande globale. On analysera les mécanismes
cumulatifs susceptibles d’engendrer déflation et dépression économique et leurs conséquences
sur le chômage de masse. » Bulletin officiel de 2013
I) L’INSTABILITE DE LA CROISSANCE : FLUCTUATIONS, CYCLES ET CRISES
A) Définir et repérer les fluctuations économiques
B) L’histoire économique est marquée par d’importantes fluctuations.
II) QUELLES SONT LES CAUSES DE L’INSTABILITE DE LA CROISSANCE ?
A) les explications par les chocs de demande
B) les explications par les chocs d’offre
C) le rôle du crédit dans l’analyse du cycle
III) QUELLES SONT LES CONSEQUENCES DE L’INSTABILITE DE LA CROISSANCE ?
A) Le risque de dépression et de déflation
B) Après la crise, la reprise ?
Pour préparer la troisième partie et dans le cadre des séances d’AP : Un dossier est
remis aux élèves, travaillé par groupes de deux et durant deux séances d’AP
( et terminé en dehors des heures de cours) :
Les crises financières et leurs effets.
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I) L’INSTABILITE DE LA CROISSANCE : FLUCTUATIONS, CYCLES ET CRISES
A) Définir et repérer les fluctuations économiques
La croissance est instable : depuis le XIX°s, des fluctuations rythment l ‘activité économique.
Lorsqu’elles reviennent périodiquement, on parle de cycles. Des outils statistiques spécifiques sont
nécessaires pour les repérer.
Document 1 :
- Définir les fluctuations économiques, les cycles et les crises :
Aide à la lecture du schéma :
- Trend : Tendance de long terme de l’activité économique, orientée à la hausse ou à la baisse.
- Fluctuation : mouvement de l’activité économique à la hausse ou à la baisse affectant l’ensemble de
l’économie.
- Expansion : Hausse du PIB, baisse du chômage et souvent hausse des prix.
- Récession : ralentissement de la croissance ou baisse de la production pendant deux trimestres
consécutifs, hausse du chômage.
- Dépression : Baisse durable de la production accompagnée d’un chômage élevé.
- Cycle : Lorsque les fluctuations se reproduisent à intervalles réguliers.
- Crise : Moment où l’activité économique bascule dans un sens défavorable. La crise peut aussi désigner
la dépression ou la forte récession qui suit le retournement du cycle.
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1°) Quelle est la différence entre une fluctuation économique et un cycle ?
2°) Pourquoi distingue t-’on une récession d’une dépression ?
3°) Quels sont les deux sens du mot « crise » ?
On appelle fluctuations économiques l’ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération du
rythme de la croissance économique. Le repérage des fluctuations s’opère grâce à des séries statistiques
( annuelles, trimestrielles, mensuelles) qui portent sur le volume de la production, les prix, le chômage, le
niveau des stocks, les carnets de commande des entreprises, etc. ( par exemple en France les enquêtes de
conjoncture réalisées par l ‘INSEE).
EDUSCOL juillet 2013.
Document 2 : La conjoncture dans les pays avancés et en France en 2014.
Le début d’année 2014 a été plutôt décevant. A l’exception notable de l’Allemagne, l’activité a été dans
l’ensemble moins dynamique que prévu dans les économies avancées. (…).
Le commerce mondial s’est nettement contracté, pour la première fois depuis 2009. En conséquence, les
exportations françaises ont fortement ralenti. (…).
En France, l’activité a stagné au premier trimestre avec, outre la contraction de la demande mondiale, des
facteurs qui lui sont propres : en particulier le contrecoup d’achats anticipés de véhicules fin 2013 et la
baisse des dépenses d’énergie, du fait d’un hiver particulièrement doux.
Au printemps 2014, la dissipation de ces facteurs ponctuels défavorables permettrait un léger rebond. En
France, comme dans la zone euro, la reprise de l’activité serait toutefois modeste (…). Le pouvoir d’achat
des ménages s’améliore certes, mais trop modestement pour conduire à une franche accélération de leur
consommation (…). Confrontées à une demande qui ne décolle pas, et avec un taux de marge qui se
redresse mais reste bas, les entreprises ne sont pas enclines à investir. (…). Ainsi, le climat des affaires
retracé dans les enquêtes de conjoncture (…) reste à un niveau inférieur à son niveau moyen de longue
période. En moyenne, En France, le PIB croîtrait de 0,7% en 2014 après + 0,4% en 2012 et 2013. Au sein
de la zone euro, l’Italie sortirait lentement de la récession, alors que la reprise serait plus vigoureuse en
Espagne. Pour ces deux pays, le secteur de la construction souffre, comme en France, d’un climat
dégradé. Ce secteur est en revanche dynamique en Allemagne et au Royaume Uni, ce qui contribue à la
meilleure orientation conjoncturelle de ces deux pays. La faiblesse de la croissance en France ne permet
pas d’anticiper de franche amélioration sur le front de l’emploi; le taux de chômage augmenterait
légèrement d’ici la fin de l’année sur l’ensemble de la France.
Note de conjoncture, INSEE, juin 2014.
1°) Quels sont les indicateurs qualitatifs et quantitatifs utilisés par l’INSEE dans cette note de
conjoncture ?
2°) Expliquez la phrase soulignée.
3°) L’indicateur du climat des affaires est-il pertinent ? Suffit-il pour analyser la conjoncture ?
4°) Quels sont les autres facteurs responsables de la faible croissance de l’économie française en 2014 ?
BILAN :
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- L’INSTABILITE DE LA CROISSANCE SE
MANIFESTE PAR DES FLUCTUATIONS DE
L’ACTIVITE ECONOMIQUE:
EXPANSION, RECESSION OU DEPRESSION.
- LE CYCLE DESIGNE LE RETOUR REGULIER DE
CES FLUCTUATIONS. LA CRISE EST LE MOMENT
DU RETOURNEMENT DU CYCLE OU LA PERIODE
DE DEPRESSION/ RECESSION QUI SUIT CE
RETOURNEMENT.
- A COTE DES INDICATEURS QUANTITATIFS
COMME LE PIB, LONGS A OBTENIR, LES
ECONOMISTES REPERENT LES FLUCTUATIONS
PAR DES INDICATEURS QUALITATIFS.
B) L’histoire économique est marquée par d’importantes fluctuations.
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Les économistes Kitchin, Juglar et Kondratieff ont mis en évidence des cycles d’une durée variable, en
phase avec l’évolution des prix. Depuis 1950, ces cycles ont du mal à rendre compte de la conjoncture.
Des cycles de périodicité variable
J A Schumpeter en 1939 schématise l’évolution cyclique en la ramenant à trois mouvements emboîtés :
les cycles kondratieff ( de 50 à 60 ans) qui sont des cycles provoqués par les innovations, les cycles Juglar
ou cycles des affaires ( de 8 à 10 ans) et les cycles Kitchin (40 mois environ) liés à la variation des stocks.
Ces cycles se caractérisent par une hausse des prix et de la production en période d’expansion et une
baisse en période de récession ou de dépression.
Les fluctuations cycliques s’atténuent à partir des années 1950, en raison du développement de
l’Etat-Providence ( distribution de revenus sociaux) et de la mise en place de politiques de stabilisation de
la conjoncture. En période de récession, on n’observe plus de baisse de la production et des prix. Si la
période 1950-1974 correspondant aux Trente Glorieuses peut s’analyser comme un cycle A Kondratieff et
celle qui débute en 1974 avec les chocs pétroliers comme un cycle B, un nouveau cycle A ne semble pas
se déclencher malgré l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication en
1990-2000.
D’après Michel Voisin, « crises et fluctuations », Comprendre l’économie. Les cahiers Français. N° 315.
La documentation Française. Juillet Aout 2003.
1°) Pourquoi, dans les cycles Juglar et Kondratieff, les prix augmentent-ils ( diminuent-ils) en période
d’expansion ( de récession ou de dépression) ?
2°) Comment se caractérisent les fluctuations cycliques à partir des années 1950 ?
3°) Le mouvement cyclique est-il amplifié ou amoindri si les trois cycles se superposent ?
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Les trente glorieuses, une période célèbre d’expansion économique
Doc Bordas.
Les fluctuations de la croissance française depuis 1950.
Source : INSEE. 2014.
1°) L’analyse de Kondratieff est-elle pertinente pour analyser les cycles longs de la croissance française
depuis 1950 ?
2°) Caractérisez les cycles courts de l’économie française ( évolution des prix, PIB) pendant et après les
« trente glorieuses ».
3°) Montrez que les analyses de Juglar sont moins pertinentes qu’au XIX°s pour analyser ces cycles.
La dépression dans un pays européen : la Grèce.
Doc Bordas.
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II) QUELLES SONT LES CAUSES DE L’INSTABILITE DE LA CROISSANCE ?
Rappel du BO « Il s’agit de présenter les idées directrices des principaux schémas explicatifs des
fluctuations : chocs d’offre et de demande, cycle du crédit, en insistant notamment sur les liens avec la
demande globale ».
Quels mécanismes économiques sont à l’œuvre dans l’apparition des fluctuations ?
Rappel de définition : La demande Globale :
A) Les explications par les chocs de demande
- L’irrégularité de la croissance effective trouve sa source principale dans les variations de la demande
globale ( cf définition) : lorsqu’une des composantes de la demande globale adressée aux producteurs se
modifie, on parle de « choc de demande ». Lorsque la demande globale est affectée par des chocs
positifs, sa hausse peut impulser une phase d’expansion. Inversement, si des chocs de demande négatifs
se produisent, ils peuvent provoquer une diminution de la demande globale et conduire à une récession.
Doc 1 :
« On appelle choc de demande un évènement qui déplace la courbe de demande globale, tel que la
modification des anticipations ou de la richesse ou l’utilisation de la politique budgétaire ou monétaire.
La crise de 1929 fut un choc de demande négatif et la dépression prit fin grâce à un choc de demande
positif- l’énorme augmentation des dépenses de l’Etat au cours de la seconde GM. En 2008, l’économie
américaine connut un autre choc de demande négatif important au moment où le marché immobilier passa
de la hausse à la baisse, amenant les consommateurs et les firmes à réduire leurs dépenses (…).
D’après Paul Krugman, Robin Wells,
Macroéconomie De Boeck Supérieur 2009. ( Manuel Magnard)
On appelle un évènement qui déplace la courbe de demande globale un choc de demande.
D’après le doc et la définition, expliquez pourquoi la crise de 1929 et celle de 2008 sont des chocs de
demande négatifs. Qu’en est il de la hausse des dépenses de l’Etat lors de la relance de 1981-1983 en
France ? Qu’en est il de la politique monétaire désinflationniste initiée en 1979 aux Etats Unis par
Paul Volker ?
Les causes de déplacement de la courbe de demande
1°) La variation du niveau de consommation :
Une augmentation de la demande de consommation à prix inchangé ( baisse des
taxes, hausse de la richesse des ménages) engendre un déplacement vers la droite de
la courbe de demande agrégée. Une diminution de la demande crée l’effet inverse.
2°) La variation du niveau d’investissement :
Une hausse de l’investissement des firmes à un niveau de prix donné ( vague
d’optimisme , baisse des taux d’intérêt résultant d’une politique monétaire
expansionniste) engendre un déplacement vers la droite de la courbe de demande
agrégée ( et inversement).
3°) La variation des dépenses publiques :
une augmentation des dépenses publiques de biens et services à prix inchangé
( guerre, politique budgétaire expansionniste) engendre un déplacement vers la
droite de la courbe de demande agrégée ( et inversement )
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- Représentez graphiquement les déplacements de courbe à la suite d’un choc de demande négatif
ou d’ un choc de demande positif :
- Un exemple de choc de demande positif : L’ouverture économique de la Chine Bordas p 49 .
- Les chocs de demande affectent particulièrement l’activité économique parce que l’investissement
surréagit ( effet accélérateur) aux variations de la demande finale. En outre, les mouvements de
l’investissement ont eux-mêmes des impacts sur les revenus distribués ( effet multiplicateur) , ce qui
affecte la consommation, autre composante de la demande globale.
- Les évolutions de la demande adressée aux entreprises sont un déterminant majeur de l’investissement
réalisé par ces firmes. Une progression de la demande provoque une hausse généralement plus
marquée de l’investissement. A l’inverse, il peut suffire que la hausse de la demande ralentisse pour
que l’investissement baisse. Cette surréaction de l’investissement aux variations de la demande
est appelée l’accélérateur.
- Le multiplicateur d’investissement :
Lorsque les entreprises investissent, le flux de dépenses qu’elles réalisent donne lieu à une distribution de
revenus. Par exemple, les salariés des entreprises fabriquant les biens de production reçoivent des revenus
qu’ils vont ensuite consommer ou épargner. On voit ainsi qu’une dépense initiale d’investissement se
traduit par une succession de flux de revenus et de dépenses. C’est-ce mécanisme que l’on appelle, à la
suite de KEYNES, le multiplicateur d’investissement. Il montre qu’en définitive, une dépense
d’investissement supplémentaire se traduit par une augmentation plus que proportionnelle du niveau de la
demande. L’effet multiplicateur est d’autant plus grand que la propension marginale à consommer est
forte - c’est-à-dire que les ménages consacrent à la consommation une fraction importante de leur
supplément de revenu - et que la propension marginale à importer est faible. Ainsi lors de la politique de
relance de 1981-1982, l’effet multiplicateur pour l’économie française a été réduit par l’accroissement des
importations. Il a finalement profité aux économies étrangères, particulièrement l’Allemagne, et le déficit
commercial s’est creusé.
Le principe du multiplicateur keynésien repose sur un effet de revenu.
La dépense d’un agent engendre un revenu pour un autre agent, qui va lui-même dépenser et ainsi de
suite.
Le supplément de revenu peut être soit consommé soit épargné et c’est cette répartition, par
l’intermédiaire de la propension marginale à consommer, qui détermine le niveau du multiplicateur
d’investissement. (…).
L’effet est d’autant plus grand que la propension marginale à consommer est importante.
L’ouverture de l’économie (…) a pour effet de réduire la valeur du multiplicateur.
Denizet a montré que si le supplément d’investissement n’est pas reproduit de période en période, alors
l’effet multiplicateur s’arrête rapidement.
Pierre-André Corpron
Comprendre l’économie- Cahiers Français- N° 315.
1°) Lorsque dans un pays l’investissement s’accroît, les revenus augmentent-ils seulement du montant de
cet investissement ?
2°) L’effet multiplicateur d’une hausse de l’investissement s’accroît-il ou diminue t-’il au fil du temps ?
3°) Pour favoriser cet effet multiplicateur, les revenus supplémentaires des agents doivent-ils être
dépensés ou épargnés ?
4°) Quel est l’effet à court terme d’une hausse de l’investissement sur la croissance économique
d’un pays ?
Les chocs de demande négatif dans la zone euro : doc Manuel Bordas.
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SYNTHESE.
LES EXPLICATIONS DES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES :
- CHOCS DE DEMANDE.
L’IRREGULARITE DE LA CROISSANCE EFFECTIVE
TROUVE SA SOURCE PRINCIPALE DANS LES
VARIATIONS DE LA DEMANDE GLOBALE.
- LORSQU’UNE DES COMPOSANTES DE LA
DEMANDE GLOBALE ADRESSEE AUX
PRODUCTEURS SE MODIFIE,ON PARLE DE « CHOC
DE DEMANDE ».
LORSQUE LA DEMANDE GLOBALE EST AFFECTEE
PAR DES CHOCS POSITIFS, SA HAUSSE PEUT
IMPULSER UNE PHASE D’EXPANSION;
INVERSEMENT, SI DES CHOCS DE DEMANDE
NEGATIFS SE PRODUISENT, ILS PEUVENT
PROVOQUER UNE DIMINUTION DE LA
DEMANDE GLOBALE ET CONDUIRE A UNE
RECESSION.
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- Les phases d’expansion et de crise résultent aussi de
phénomènes cumulatifs dans lesquels l’investissement
joue un rôle important en accentuant le cycle. Ainsi,
l’investissement accroît ou réduit plus que
proportionnellement la production par un effet
mutiplicateur.
Par ailleurs, il surréagit aux variations de la demande
finale ( effet accélérateur).
- Ces chocs de demande risquent d’avoir un impact
amplifié sur l’activité économique du fait du
comportement des entreprises en matière de stocks.
Lorsque la demande ralentit, la production peut
baisser beaucoup plus fortement si les entreprises
décident de réduire leurs stocks afin d’anticiper une
baisse plus marquée de la demande. La hausse du
chômage, la baisse du nombre d’heures travaillées
en général risquent alors de contribuer à accentuer
ce ralentissement.
Inversement, lorsque la hausse de la demande
s ‘accélère, les entreprises produiront d’autant plus
qu’elles devront reconstituer leurs stocks; la baisse
du chômage et la hausse du nombre d’heures
travaillées peuvent alors contribuer à entretenir
l’augmentation de la demande. De même que les
investissements réalisés par les entreprises pour
étendre leurs capacités de production.
-
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B) Les explications par les chocs d’offre
Les chocs d’offre sont des variations des conditions de la production; ils découlent notamment de la
productivité ou du prix des facteurs. Les chocs d’offre négatifs sont causés généralement par une hausse
du coût des matières premières ( chocs pétroliers de 1973 et 1979 par ex), par des augmentations de
salaires supérieures aux gains de productivité ( comme au cours des années 1970) ou par un
alourdissement de la fiscalité sur les entreprises. En cas de choc d’offre négatif, l’activité économique
devient plus coûteuse et les entreprises les moins productives et compétitives risquent d’être acculées à la
faillite. Inversement, lorsque des innovations permettent des gains de productivité et abaissent les coûts
unitaires de production, elles produisent un choc d’offre positif : en abaissant les prix des produits, elles
favorisent leur diffusion auprès des consommateurs et donc l’augmentation de la production. En cas de
choc d’offre positif, la situation des producteurs s’améliore par la diminution de leurs coûts de
production; ils peuvent dès lors éventuellement produire davantage et tirer la croissance économique.
Eduscol : juillet 2013.
On appelle choc d’offre un évènement qui déplace la courbe d’offre globale à court terme, tel qu’une
variation du prix des produits de base, des salaires nominaux ou de la productivité. Un choc d’offre
négatif augmente les coûts de production et réduit la quantité que les producteurs sont disposés à offrir
pour tout niveau général des prix donné, entraînant un déplacement vers la gauche de la courbe d’offre
globale à court terme. La plupart des économies ont connu un choc d’offre négatif important à la suite des
ruptures de l’offre mondiale de pétrole en 1973 et 1979.
En revanche, un choc d’offre positif réduit les coûts de production et augmente la quantité offerte pour
tout niveau général des prix donné, entraînant un déplacement vers la droite de la courbe d’offre globale à
court terme. Les EU ont connu un choc d’offre positif entre 1995 et 2000, au moment où la
généralisation de l’usage d’Internet et autres technologies de l’information entraîna une forte croissance
de la productivité.
Un évènement qui déplace la courbe d’offre globale à court terme est un choc d’offre.
Paul Krugman, Robin Wells.
Macroéconomie- DeBoeck 2013.
Les causes des déplacements de la courbe d’offre :
1) des variations du prix des produits de base : une augmentation du prix d’un produit de base comme
le pétrole augmente les coûts de production dans l’ensemble de l’économie et réduit la quantité de
produits agrégés offerts pour tout niveau général des prix donné, déplaçant la courbe d’offre globale vers
la gauche.
2°) Une variation des salaires nominaux : une augmentation des salaires ou cotisations sociales payées
par les employeurs induit une hausse des coûts de production et déplace la courbe d’offre globale à court
terme vers la gauche ( et inversement en cas de baisse).
3°) Des déplacements dus à la technologie ; une amélioration de la productivité conduit au déplacement
de la courbe d’offre agrégée vers la droite ( et inversement en cas de dégradation de la productivité).
par les employeurs
- Représentez graphiquement les déplacements de courbe à la suite d’un choc d’offre positif et d’un choc
d’offre négatif.
- Pourquoi la hausse du prix du pétrole est un choc d’offre négatif ?
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- Docts : Manuel Bordas p 50/51.
LES CRISES FINANCIERES ET LEURS EFFETS :
- I) L’ORIGINE DES CRISES FINANCIERES
Le rôle des innovations et de la spéculation. :
Le Krack de 1929 :
Crise de 1929 : La spéculation boursière conduit à l‘apparition de bulles d‘actifs.
On a souligné, pour la stigmatiser, la pratique des call loans qui permettait de spéculer sur des actions en
n‘en payant que 10%. Le mécanisme est simple : l ‘acheteur règle 10% du prix de l’action et emprunte
90% à l’agent de change; ce dernier se procure la somme auprès des banques, en empruntant de l’argent
au jour le jour (…). Supposons donc une action qui vaut 100, l’acheteur avance 10 et le courtier 90 que
lui prête la banque. Si les cours montent disons jusqu’à 110, il est possible de revendre l’action avec un
bénéfice de 10, que se partageront le courtier et son client. Avant de recommencer… Cette technique
d’achat « à la marge » a été largement utilisée en 1928-1929 et les prêts aux brokers, c’est-à-dire aux
courtiers, ont évolué de manière rapide de 4 milliards de dollars au 31 décembre 1927 à (…) 8,5 milliards
au 4 octobre 1929 (…). Le mécanisme des call loans ne fonctionne qu’à une seule condition, il faut que
les cours montent (…) L’euphorie caractéristique du « boom » spéculatif est en soi révélatrice d’une
escalade fragile, puisque la contrepartie « réelle » des actions - usines, machines, stocks de marchandises,
bénéfices réalisés- est délaissée.
Bernard Gazier, la crise de 1929, PUF, coll Que sais je ? 2011.
1°) A partir de l’exemple du texte, donnez une définition de la spéculation.
2°) Que signifie la phrase soulignée ?
3°) Quel est l’intérêt du mécanisme des call loans pour l’épargnant ?
4°) Que risque t’il de se passer pour les spéculateurs si les cours des actions baissent ?
La crise des subprimes
Document 1 : Des subprimes à la crise bancaire et boursière :
Les crédits subprimes sont des crédits immobiliers proposés à des ménages américains aux revenus
faibles et ne pouvant accéder aux emprunts normaux dits primes. Par rapport aux primes, les taux
d’intérêt sont plus élevés et les remboursements, étalés sur 25 ou 30 ans, s’élèvent au cours du temps. Ce
type de crédit représente 23% des nouveaux prêts immobiliers en 2006 et touche six millions de ménages.
Cet essor s’explique par l’absence de règles protégeant les emprunteurs vulnérables, le boom de
l’immobilier protégeant les créanciers, le développement de la titrisation. Les crédits subprimes sont
fractionnés et incorporés à d’autres titres pour être ensuite revendus sur les marchés financiers. Cette
opération permet de partager les risques entre de nombreux créanciers mais les dissémine dans l’ensemble
du système financier.
Au second semestre 2006, le retournement du marché immobilier provoque la hausse des défauts de
paiement et sème le doute sur la qualité des produits titrisés. Les institutions financières craignent des
faillites bancaires d’autant plus qu’il est difficile de connaître l’exposition réelle des banques aux produits
titrisés. Les conditions de la crise se trouvent réunies. Les banques arrêtent de se prêter entre elles. Pour
se procurer des liquidités, elles vendent les titres qu’elles détiennent sur le marché financier. A la crise de
liquidité s’ajoute une crise de solvabilité du fait de la dépréciation des actifs des banques et des pertes
dues aux défauts de paiement. La crise atteint son paroxysme quand la banque d’affaires Lehman
Brothers fait faillite le 12 septembre 2008 sans que les autorités américaines n’interviennent. Cette faillite
provoque des réactions en chaîne : chute des marchés financiers mondiaux, défiance réciproque des
banques, blocage du marché interbancaire.
Les pouvoirs publics réagissent soit en prenant des participations dans les banques, soit en leur octroyant
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Terminale ES
des prêts pour reconstituer leurs fonds propres.
Au total, entre juin 2007 et le début 2009, les banques ont perdu près de 700 milliards de dollars et les
principaux indices boursiers ont chuté de 40 à 60%.
D’après Nicolas Couderc, Olivia Montel-Dumont « Des subprimes à la crise mondiale ».
Cahiers Français n°359. La documentation Française. Novembre- Décembre 2010.
Marché interbancaire : marché sur lequel les banques se prêtent entre elles à court terme.
1°) Définissez : subprimes, titrisation.
2°) Comment expliquer le succès des crédits subprimes ?
3°) Par quels mécanismes le retournement du marché immobilier américain a-t-il provoqué une crise
bancaire et boursière ?
Le contexte des politiques conjoncturelles
Les politiques monétaires laxistes :
Crise de 1929 : l’essor du crédit dans les années 1920
Document 1 :
(…) D’autres ont insisté sur l’essor inconsidéré du crédit durant les années 1920. C’est le cas d’Irving
Fisher, qui mit l’accent sur la baisse des taux d’intérêt aux Etats Unis à partir de 1925, entraînant un
processus de surendettement dont une partie servit à acheter des titres et à alimenter la spéculation. C’est
aussi la position de Charles P Kindelberger qui attribue la responsabilité de la crise aux déséquilibres
monétaires internationaux et à l’instabilité du crédit, d’abord excessif puis rationné, poussant dans un
premier temps les entreprises à accroître leur production, puis les obligeant à baisser les prix pour écouler
leurs stocks en raison de la contraction de la demande.
Pierre Bezbakh - Les controverses autour de la grande DépressionProblèmes Economiques. Hors Série-novembre 2012.
La baisse des taux pratiquée par la FED au début des années 2000 :
Document 2 :
( A l’inverse), la politique monétaire trop laxiste est pointée comme une des causes de la crise financière
qui a débouché sur la grande Récession. Le niveau très bas des taux d’intérêt atteint suite à l’éclatement
de la bulle internet aux Etats-Unis et en Europe ( qui craignaient une spirale déflationniste à la japonaise)
a été maintenu trop longtemps, ce qui a pu alimenter la croissance d’une nouvelle bulle, immobilière cette
fois. Pour les nouveaux classiques, c’est parce que la politique monétaire a dévié par rapport à sa règle
que les bulles ont pu se développer et que les bilans des institutions financières se sont détériorés.
Les pouvoirs publics face aux crises : prévenir ou guérir ? Sophie Brana .
Problèmes Economiques- Hors série. Novembre 2012.
Pourquoi les politiques monétaires et le recours au crédit
spéculatives ?
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peuvent-ils favoriser la formation de bulles
Terminale ES
II) LE DECLENCHEMENT DE LA CRISE :
Le jeudi noir en 1929
La crise éclata le jeudi 24 octobre 1929 ( dit le « jeudi noir »), quand s’amorça un mouvement de vente
d’actions à la bourse new-yorkaise de wall street. Jusqu’au « mardi noir » 29 octobre, trente millions de
titres furent vendus, ce qui fit s’effondrer leur valeur en raison du petit nombre d’acheteurs, et ceci malgré
l’intervention de grandes banques ( comme la banque Morgan), sollicitées par les autorités économiques
pour tenter d’enrayer cette baisse et de rassurer les épargnants. Ainsi, en trois semaines, l’indice Dow
Jones, mesurant le cours moyen des principaux titres cotés, passa de l’indice 469 à 220 ( faisant perdre 30
milliards de dollars aux détenteurs de ces titres), et poursuivit sa baisse jusqu’en 1931, pour tomber à
l’indice 42.
La raison pour laquelle certains possesseurs d’actions se mirent à les vendre provient de la conjonction
de plusieurs facteurs : d’abord le fait que, même si la valeur d’un titre augmente, son détenteur ne réalise
une plus value boursière que le jour où il le revend, ce qu’il doit faire à un moment où à un autre ; ensuite,
il se produisit une baisse du bénéfice distribué par action, provenant de la forte hausse de la valeur des
titres qui avait eu lieu depuis les années 1920 dans le climat d’euphorie boursière qui régnait aux Etats
Unis
( l’indice global des actions cotées avait plus que doublé entre 1926 et septembre 1929); enfin, le
ralentissement de l’activité observé durant l’été avait rendu moins optimistes les agents bien informés,
anticipant un plafonnement dans la valeur des titres et une amplification de la baisse des dividendes
distribués aux actionnaires. A leurs yeux, l’heure de la revente des titres avait sonné.
Mais la « baisse appelle la baisse », car elle pousse les actionnaires qui observent le comportement des
autres à vendre à leur tour « avant qu’il ne soit trop tard », suivant un « comportement
moutonnier »décrit par Keynes, engendrant une panique que plus rien n’arrête et qui conduit à
l’effondrement des cours.
L’effet « boule de neige » fut accentué par le fait que de nombreux « brokers » ( agents de change )
avaient emprunté pour acheter des titres : le montant de leurs emprunts était passé de 3,3 milliards de
dollars fin 1926 à 8,5 milliards début octobre 1929. Mais dès que le cours des titres commença à baisser,
ils durent les revendre en catastrophe pour pouvoir rembourser leurs emprunts. Ainsi, la bulle éclata parce
que plus personne n’anticipait la remontée de la valeur des titres à plus ou moins brève échéance,
provoquant une baisse encore plus excessive que n’avait été la hausse.
Pierre Bezbakh. Les controverses autour de la Grande Dépression
Problèmes Economiques - Hors Série. Novembre 2012.
les défauts de paiement dans la crise des subprimes
La crise des subprimes éclate au premier semestre 2007 ( après plusieurs alertes en 2006), parce
qu’arrivent massivement à échéance des crédits consentis dans les années précédentes. Selon Didier
Marteau, la somme des crédits subprimes arrivant à échéance de la période avec teaser rate est de 1000
milliards de dollars sur les années 2007/2008. L’enchaînement devient inexorable : les défauts de
paiement se multiplient ( d’ordinaire, il y avait 10% de taux de défauts sur ces crédits, ce taux passe
brutalement à 15% à l’été 2007, pour s’établir à 25% fin 2008), ce qui conduit à une multiplication des
saisies, donc des ventes de maisons, avec pour conséquence ultime, la chute du prix des maisons. Or, la
hausse perpétuelle du marché immobilier américain constituait l’une des conditions sine qua none à la
survie de ce système des attributions de crédits subprimes. (…)
Reste le deuxième pilier qui soutenait ce système des subprimes, celui de la titrisation, qui s’effondre à
son tour. Au printemps 2007, des agences de notation, dont Moody’s revoient leur note AAA sur les titres
ABS,MBS, CDO. C’est le début d’une crise de la titrisation qui déclenche une crise bancaire et
financière. En avril 2007, une grande entreprise spécialisée dans le crédit subprime, est en faillite.
La crise bancaire et financière dite désormais des subprimes éclate réellement en juillet 2007, quand Bear
Sterns annonce la faillite de deux de ses hedge funds spécialisés dans les dérivés de crédit.
L’enchaînement est alors infernal et procède d’un effet domino. Le 31 juillet 2007, la banque publique
allemande KFW apporte 8 milliards d’euros pour soutenir IKB et le lendemain, le ministre allemand des
finances annonce un plan de sauvetage de 3,5 milliards pour éviter la faillite d’IKB.
La plupart des institutions financières constatant qu’elles détiennent de tels « titres pourris », une crise de
méfiance généralisée s’installe, dont la traduction paroxysmique est le blocage du marché interbancaire.
Comprendre la crise. Alexis Tremoulinas
Bréal 2009.
- Quels points communs peut-on établir entre la crise de 1929 et celle de 2007/2008 ?
14
Terminale ES
II) LES EFFETS DE LA CRISE
- Schéma de la crise de 1929.
Crise de 1929 : Krack à la Bourse de New-York le jeudi 24 octobre 1929, entraînant une crise bancaire
et précipitant les Etats-Unis, puis l’Europe dans la grande Dépression.
(…) La crise se propagea au reste de l’économie en raison des pertes de revenu et de patrimoine des
actionnaires ( dont de nombreux petits porteurs appartenant aux classes moyennes), qui réduisirent leurs
dépenses, et dont certains ne purent rembourser leurs dettes. De nombreuses banques firent faillite en
raison des retraits d’argent effectués par leurs clients, provoquant là aussi un effet de contagion au sein du
système financier qui ne bénéficiait pas d ‘un soutien de la Banque Centrale, ce qui eut pour effet de
restreindre les crédits accordés à l’économie. Comme dans le même temps les entreprises diminuèrent
leurs investissements et les ménages leur consommation, la demande globale s’effondra, entraînant la
baisse des prix, et donc celle des profits des entreprises, leur demande de machines, de matières premières
et de travail. La montée du chômage provoqua la baisse des salaires nominaux distribués, ce qui accentua
la récession.
En raison de la contraction des échanges internationaux et du rapatriement des capitaux américains placés
en Europe, la crise prit alors une dimension mondiale : pour une base de 100 en 1913, l’indice de la
production industrielle dans l’ensemble du monde passa de 153 en 1929 à 108 en 1932 et ne retrouvera le
niveau de 1929 qu’en 1935.
Les controverses autour de la Grande Dépression
Problèmes économiques. Hors Série Novembre 2012
1°) Définir la notion de dépression
2°) Faire un schéma expliquant les mécanismes de la crise de 1929.
- crise des subprimes :
La crise économique que l’on désigne désormais par le terme de « Grande Récession » est la plus longue
et la plus sévère depuis celle des années 1930 : en 2008-2009, la croissance a brutalement chuté ( 2,8% et
- 0,6% contre 5% par an environ depuis 2004) tandis que le commerce mondial s’est littéralement
effondré. Certes, les chiffres sont sans commune mesure avec la Grande Dépression, où il avait fallu, dans
la plupart des pays touchés, plus de 10 ans pour retrouver le niveau d’avant la crise.
- Les 3 principaux canaux de transmission de la crise sont les suivants :
- L’appauvrissement réel des ménages (essentiellement américains mais aussi britanniques et espagnols)
provenant de l’effondrement immobilier et boursier).
- Le canal du crédit : les banques commerciales, toutes à la reconstitution de leurs fonds propres et de
leurs marges, prêtent beaucoup moins.
- La crise de défiance.
Problèmes économiques-Hors série novembre 2012/ Comprendre la crise. Bréal 2009.
1°) Définir la notion de récession.
2°) Faites un schéma expliquant les mécanismes de la crise des subprimes.
Conclusion : LES LECONS DE LA CRISE
« Face à la grande crise de la finance mondiale qui s’est déclenchée à la mi-septembre 2008, les banques
Centrales et les gouvernements ont mené des opérations de sauvetage des banques en difficulté à hauteur
de plusieurs centaines de milliards de dollars ou d’euros. (…). Fallait-il sauver les banques alors même
que celles-ci portaient une lourde responsabilité dans la montée des fragilités financières et l’apparition de
la crise ? Oui, car sinon c’est tout le système financier qui se serait effondré, entraînant la paralysie de
l’économie mondiale.
André Cartapanis. Alternatives économiques Hors-série n°87.
Expliquez la phrase soulignée.
C) Le rôle du crédit dans l’analyse du cycle
15
Terminale ES
Dès le XIX°s, les économistes ont mis en cause l’excès ou l’insuffisance de crédit dans les crises. A partir
des années 1980, l’élargissement des possibilités de financement au niveau mondial accroît les risques
d’instabilité du système financier et renouvelle les analyses des crises financières.
Doc 1 : Le rôle du crédit dans le cycle : les analyses de C Juglar et de M Friedman.
Une première explication du cycle par excès de crédit a été proposée par C Juglar en 1862. Pour lui, la
genèse de la crise se situe dans la phase d’essor caractérisée par une confiance sans réserve dans l’avenir
qui conduit à des imprudences quant à l’octroi des crédits par les banques, et quant à la demande de crédit
des entreprises et des ménages. (…). Cette euphorie ( essor des affaires, accumulation rapide et aisée du
capital industriel et commercial, montée de la Bourse…) se traduit par une sous-estimation des risques et
une hausse du financement externe des agents ( recours au crédit) et la crise qui en résulte s’inscrit, alors,
comme la sanction d’une demande artificielle due à un abus du crédit et à la spéculation (1). (…)
Afin d’honorer leurs emprunts arrivant à l’échéance, les agents sollicitent à nouveau les banques, mais,
ces dernières, dorénavant conscientes (…) de leurs vulnérabilités face aux risques de défaillance des
emprunteurs, rationnent toute offre additionnelle de crédit ( et élèvent leurs taux d’intérêt). Face à cette
situation, les agents (…) sont contraints de réaliser (2), même à perte, les marchandises stockées et les
valeurs mobilières qu’ils détiennent : c’est « l’effroi qui s’empare de l’opinion publique ». (…) Durant la
phase de dépression, le désendettement s’amorce, accompagnant la résorption progressive de capacités de
production excédentaires, et les prix baissent jusqu’à ce qu’ils permettent un relèvement de la demande.
(…). La crise puis la phase de dépression joue un rôle de régulation par l’assainissement du système.
P Gilles., Histoire des crises et des cycles économiques, A Colin, 2004.
(1) : Consiste à tirer profit de l’évolution anticipée des prix en achetant par exemple une action à
crédit et en espérant la revendre à un prix supérieur à son prix d’achat.
(2). vendre.
- Pour M Friedman, si la crise de 1929 a pris cette dimension, c’est en raison d’une insuffisance de l’offre
de monnaie provenant du fait que la Réserve fédérale américaine n’a pas suffisamment prêté aux
banques commerciales quand celles-ci commencèrent à connaître des difficultés. Cela provoqua une
brutale contraction de la masse monétaire aux Etats-Unis, de 45 milliards de dollars en 1929 à 32
milliards en 1933.
P Bezbach, « les controverses autour de la Grande Dépression », Problèmes économiques. HS , nov 2012.
1°) Pourquoi les facilités de crédit sont-elles à l’origine de l’expansion ?
2°) Que signifie le passage souligné ?
3°) Comment M Friedman explique t-’il la crise de 1929 ? Cette explication est-elle en contradiction avec
l’analyse de Juglar ?
A partir des analyses de Juglar, Friedman et celle de Fisher ( cf dossier préparé), expliquez par un
schéma le rôle du crédit dans l’analyse du cycle.
C’est quand tout va bien que les risques se prennent. Ainsi s’exprime le fameux « paradoxe de la
tranquillité » qui est au cœur des travaux menés par l’économiste Hyman Minsky dans les années 1980
sur l’instabilité financière. Comme Fisher, Minsky défend l’idée que les crises se préparent dans les
phases hautes des cycles économiques. Par quels mécanismes ?
Doc 2 : Le paradoxe de la tranquillité de Minsky.
Une approche plus radicale, qualifiée d’ « hypothèse d’instabilité financière », a été proposée par H
Minsky (1) - 1982-. Pour H Minsky, disciple de JM Keynes, les crises sont endogènes au fonctionnement
de l’économie capitaliste. H Minsky raisonne dans le cadre d’une économie où (…) les comportements
financiers des agents sont « naturellement » déstabilisants. H Minsky relie la fragilité financière des
économies capitalistes au cycle des affaires et associe les crises financières au point de retournement de
celui-ci. Pendant la phase ascendante du cycle, les entreprises sont « euphoriques » : les opportunités de
profit vont stimuler leur recours à l’endettement pour soutenir leurs projets d’investissement.
Durant le boom de l’investissement, l’économie se déplace d’une structure financière robuste vers une
structure financière fragilisée par le surendettement et la spéculation. La forte demande de crédit entraîne
une hausse des taux d’intérêt , amplifiée par les autorités monétaires qui tentent de lutter contre une
création excessive de liquidités. Cette hausse du taux d’intérêt constitue le déclenchement endogène de
16
Terminale ES
la crise. En effet, les entreprises surendettées sont mises en difficulté : leurs actifs liquides deviennent
insuffisants pour payer les intérêts et rembourser les dettes. Il s’ensuit des ventes de détresse, un
effondrement des prix des biens et des actifs financiers, ainsi qu’un arrêt des investissements. On assiste
alors à une crise financière qui précipite le retournement du cycle économique. Le boom fait place à la
dépression. Ce cadre d’analyse semble particulièrement adapté à l’analyse de la crise des subprimes car
elle rend bien compte de l’enchaînement entre l’implosion de la bulle immobilière aux Etats-Unis et la
crise économique internationale observée à partir de 2008.
C Fenet, I Waquet. Economie, Sociologie, Histoire du monde contemporain, ECE 2° année, Dunod, 2013.
H Minsky ( 1919- 1996) : économiste américain, post-keynésien.
1°) Expliquez la phrase soulignée.
2°) Montrez que l’analyse de Minsky retrace parfaitement la formation de la bulle spéculative
immobilière et le déroulement de la crise des subprimes.
Pour compléter doc Bordas p 53 n°3
Si l’économiste américain Irving Fisher voit, dès les années 1930, le surendettement comme une dérive
inévitable des économies à monnaie de crédit, il insiste surtout sur les effets déflationnistes des dettes
accumulées dans la phase de croissance en mettant en évidence le mécanisme dit de « déflation par la
dette » en 1933.
Bordas p 53 doc 4.
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Terminale ES
SYNTHESE :
- Le cycle du crédit contribue à expliquer le caractère endogène de l’instabilité de la croissance.
En période d’expansion économique, surtout si la situation économique est saine ( faible taux d’intérêt,
faible inflation), le « paradoxe de la tranquillité » ( H Minsky) joue : les agents s’endettent, financent
des investissements ou une consommation à crédit, ce qui dynamise la demande et renforce la croissance,
donc l’optimisme général. Cependant, le taux d’endettement des agents augmente, des crédits sont
accordés à des agents moins solvables, des comportements spéculatifs se développent, des bulles peuvent
se former sur les prix de certains actifs. En fixant des taux d’intérêt trop bas en période d’expansion, les
BC peuvent amplifier ces comportements, tout comme les banques commerciales lorsqu’elles prêtent à
des agents économiques ayant des projets trop risqués.
Ces excès peuvent conduire à une crise financière et plonger l’économie réelle dans la crise par la
conjonction des effets de richesse négatifs sur les ménages, de la destruction des capitaux propres des
entreprises et des banques, du climat de pessimisme qui s’installe et qui peut entraîner l’effondrement de
la demande globale, de l’offre et de la demande de crédit. C’est ainsi que la dette conduit au « boom
économique » et que celui-ci conduit à la crise lorsqu’un évènement provoque le retournement des
anticipations et la contraction de l’offre de crédit des banques. Les mécanismes qui avaient accéléré la
croissance jouent alors dans le sens d’une amplification de la récession, voire de la dépression.
Les krachs boursiers peuvent ainsi s’accompagner de crises bancaires qui entravent le financement des
activités productives ( cycle du crédit). Cela peut conduire à une « déflation par la dette » ( I Fisher) : la
baisse des prix d’actifs donc de la richesse de ceux qui les détiennent, rend l’endettement excessif, la
fragilité, voire la destruction du système bancaire rend le crédit inaccessible aux PME qui, pour retrouver
de la liquidité, licencient et baissent leurs prix; la baisse des prix augmente le poids réel de la dette pour
les firmes endettées, les faillites se multiplient, ce qui aggrave en retour la situation des banques.
http://eduscol.education.fr/prog
La déflation, c’est-à-dire la contraction des grandeurs nominales ( prix, salaires, masse monétaire), qui
s’accompagne en général de celle des grandeurs réelles ( demande, production, emploi), pourrait assainir
l’économie si elle favorisait à long terme le redémarrage de cette dernière. Si elle élimine les
producteurs les moins efficaces, la déflation peut en effet créer les conditions de la reprise. La chute de
l’investissement pendant la déflation réduit la demande de capital et favorise la baisse des taux d’intérêt,
tandis que le chômage contribue à la diminution des salaires.
A un moment, le coût unitaire de production est si faible que l’activité des producteurs ayant survécu
reprend. Cependant, l’existence d’un tel phénomène de « régulation par la faillite » (J Rueff) a fait l’objet
d’une vive contestation par JM Keynes, qui souligne que seule l’intervention discrétionnaire de l’Etat
peut permettre un redémarrage de l’activité économique.
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Terminale ES
III) QUELLES SONT LES CONSEQUENCES DE L’INSTABILITE DE LA
CROISSANCE ?
A) Le risque de dépression et de déflation
Les dépressions et les fortes récessions ont des conséquences négatives sur l’activité économique : baisse
de la production et montée du chômage, inflation ou baisse des prix, chute du commerce mondial.
- Mobilisation du travail des élèves pour analyser la crise de 1929 ; un exemple de dépression et
pour analyser « La Grande Récession de 2008- 2009 ».
- Doc Manuel Bordas p 54-55.
19
Terminale ES
B) Après la crise, la reprise ?
Les crises ne permettent généralement pas aux pays qui les subissent de renouer rapidement avec la
croissance. Des politiques économiques adaptées à la nature des chocs sont indispensables.
Document 1 : Une reprise fragile.
Six ans après le déclenchement de la récession, peu de pays ont rattrapé le niveau d’activité de 2008. Le
double choc de la récession en 2008 et en 2009 et des politiques de consolidation budgétaire mises en
place à partir de 2010 pour réduire les déficits hérités de la première phase de la crise ont plongé les
économies dans un double dip ( I) dont-elles ne sont toujours pas sorties. Les politiques monétaires très
accommodantes se sont efforcées d’atténuer l’effet récessif des plans d’austérité, mais la zone euro,
confrontée à la violence des dettes souveraines n’a pas bénéficié de la stabilité financière des Etats Unis.
Les politiques de rigueur y ont provoqué une deuxième récession. (…).
Les objectifs initiaux de réduction des déficits n’ont pas été atteints, les marchés n’ont pas été rassurés et
les taux d’intérêt n’ont pas reculé. La rigueur a donc été accentuée (…).
En 2013, la zone euro est sortie de la récession. Mais la « vraie » reprise se fera attendre. En 2014 et
2015, la croissance restera molle de part et d’autre de l’Atlantique. D’abord, parce que les politiques
budgétaires resteront restrictives, même si elles le sont moins que par le passé. Ensuite, parce que le
ralentissement de l’inflation, et même la menace d’une entrée en déflation, réévaluent les taux d’intérêt
réels d’aujourd’hui et de demain.
Banques centrales, dernier rempart contre la déflation.
Revue de l’OFCE; mars 2014.
1: plongeon.
1°) De quel double dip l’auteur parle t-’il ?
2°) Pourquoi les politiques conjoncturelles engagées à partir de 2008 n’ont-elles pas permis une reprise
dans la zone euro ?
3°) Quels sont les risques sur les taux d’intérêt réels et la dette d’une entrée en déflation ?
Document 2 : Les conséquences négatives des crises financières
Les crises financières pèsent :
Sur le rythme d’accumulation du capital : La fréquence des faillites et la fermeture d’unités de
production accroît la dépréciation et la destruction du capital. De plus, le rationnement du crédit
réduit les capacités d’investissement des entreprises, ce qui limite le renouvellement du capital
productif et accroît son obsolescence.
Sur le marché du travail : La participation au marché du travail peut diminuer parce que des chômeurs
de longue durée peuvent se décourager et sortir totalement du marché du travail, mais, à l’inverse, la
diminution du revenu des ménages peut inciter un conjoint inactif à y entrer. En général, le résultat
de ces effets se révèle négatif. Les crises financières peuvent également entraîner une dépréciation de
l’expérience professionnelle car la multiplication des emplois de très courte durée
( moins d’un mois) peut conduire à un manque d’accumulation des connaissances et l’augmentation
du chômage de longue durée contribue à la dépréciation de l’expérience accumulée.
Sur le progrès technique : Les dépenses en recherche et développement se réduisent en période de crise
financière. En revanche, une crise peut amener les entreprises les plus performantes à se développer
au détriment des moins productives.
D’après Quel potentiel de rebond de l’économie française ? Note de conjoncture, INSEE, mars 2014.
1°) Pourquoi les crises financières réduisent-elles l’investissement ?
2°) Quelles sont les conséquences sur le marché du travail des crises financières ?
3°) Dans quelle mesure les crises financières freinent-elles le progrès technique ?
4°) Montrez par quelques chiffres que la crise financière a réduit la croissance potentielle et
particulièrement celle de la zone euro.
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Document 3 : Les leçons de la crise :
Une des leçons des crises du XX°s est que le coût de la crise est très élevé, en termes de croissance
durablement affaiblie, de chômage structurel, de détérioration budgétaire ou de marges de manœuvre
monétaires. (…) Les autorités doivent d’une part réagir vite et fortement en cas de choc dépressif de
demande, mais maintenir la stimulation juste le temps qu’il faut : un durcissement trop précoce peut
annuler la reprise, tandis qu’un durcissement trop tardif peut retarder les réformes structurelles
nécessaires et alimenter de nouveaux déséquilibres. Dans la phase de reprise, les politiques de demande
doivent laisser place à des politiques d’offre visant la réallocation des facteurs de production. (…).
Une des leçons que l’on peut tirer est que la politique économique doit devenir davantage
contra-cyclique, ce qui peut passer par l’instauration de règles contraignantes en période de croissance.
Les autorités doivent profiter de ces périodes pour retrouver des marges de manœuvre leur permettant de
réagir aux chocs négatifs, ce qui suppose de retrouver des excédents budgétaires, ou de retirer l’excés de
liquidité injecté durant la crise. (…). Les crises mettent en évidence l’échec de l’autorégulation des
marchés financiers et bancaires. Les autorités monétaires devront davantage s’attacher à prévenir ces
crises, que se contenter d’y répondre.
S Brana « Les pouvoirs publics face aux crises : prévenir ou guérir ? ».
Problèmes économiques. Comprendre les crises économiques. HS, nov 2012.
1°) Pourquoi les pouvoirs publics doivent-ils agir rapidement en présence d’une crise ?
2°) Expliquez la phrase soulignée.
3°) Pourquoi les autorités monétaires doivent-elles mener des politiques contra-cycliques et prévenir les
crises ? En quoi peut consister cette prévention ?
Complétez le texte suivant :
Une crise financière a trois effets négatifs : la dégradation du …… ……………………., la ……………..
des………………… et des dépenses de recherche et de développement. Les travailleurs perdent leurs
………………………….. , le rythme d’accumulation du capital diminue et les …………………….
sont retardés. Toutes ces conséquences réduisent la ………………………………. de l’économie qui
elle-même réduit la croissance effective.
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