Fiche concept : fluctuations économiques. Thème du programme : Croissance, fluctuations et crises. Extrait du BO n°21 du 23 mai 2013 Thèmes et questionnements 1.2 Comment expliquer l'instabilité de la croissance ? Notions Indications complémentaires Fluctuations économiques, crise économique, désinflation, dépression, déflation. L'observation des fluctuations économiques permettra de mettre l'accent sur la variabilité de la croissance et sur l'existence de périodes de crise. On présentera les idées directrices des principaux schémas explicatifs des fluctuations (chocs d'offre et de demande, cycle du crédit), en insistant notamment sur les liens avec la demande globale. On analysera les mécanismes cumulatifs susceptibles d'engendrer déflation et dépression économique et leurs conséquences sur le chômage de masse. Acquis de première : inflation, chômage, demande globale. Définition de la notion de fluctuation économique. Les fluctuations économiques représentent les mouvements de la croissance économique. Celle-ci peut connaître des phases d’accélération (expansion) ou de ralentissement (récession), voir même de dépression si la production baisse durablement. Les fluctuations économiques sont liées aux écarts entre croissance effective et croissance potentielle. L’observation du taux de croissance économique permet d’observer les fluctuations économiques. Celles-ci désignent donc, des alternances de périodes de forts ralentissements, voire de recul de l’activité pendant une période plus ou moins longue (récession ou dépression) et d’expansion. Document1 Page 1 sur 5 M. Gosse, Aix-Marseille Illustrer la notion de fluctuation économique par des exemples Le repérage de ces fluctuations s’opère grâce à des séries statistiques qui portent sur le volume de la production, les prix, le chômage, le niveau des stocks, etc. Deux visions s’opposent de l’analyse des fluctuations économiques. Une vision dualiste qui considère que les fluctuations économiques ont existé mais que les croissances keynésienne et fordiste les ont fait disparaître, et une vision intégrée pour laquelle la croissance s’accompagne de fluctuations. Exemples : - La période des Trente glorieuses qui se caractérise par une forte croissance économique (accélération de la croissance avec un taux de croissance annuel moyen de 5%), - À la stagflation de la fin des années 1970, succèdent de nombreuses crises financières (la bulle immobilière au Japon en 1990, la crise mexicaine en 1994, la crise asiatique en 1997, la crise des marchés obligataires en Russie en 1998, l’éclatement de la bulle internet en 2000, la crise Argentine en 2001, la crise du Brésil en 2002, la crise des subprimes en 2008), - A partir de 2009, on observe une récession, ralentissement de l’activité économique dans la zone euro. Les sous - notions et les notions liées La crise désigne au sens strict, le point de retournement à la baisse de l’activité économique ; au sens large, l’ensemble de la période au cours de laquelle l’activité est déprimée, le chômage élevé, etc. La récession survient lorsque la croissance est négative pendant au moins six mois consécutifs. Lorsque la baisse de la production se prolonge, sur plusieurs années, on assiste à un phénomène de dépression économique. Les crises à l’origine d’un ralentissement de l’activité économique peuvent entraîner une récession, et par effet d’enchainement cumulatif, une baisse des prix (déflation) menant à une dépression. Une croissance négative s’accompagne d’un chômage de masse et d’une baisse du revenu des habitants. La déflation a un effet récessif en déprimant la demande. Déflation : Baisse du niveau général des prix dans un pays. Les fluctuations économiques mesurent la différence entre croissance effective et croissance potentielle. La croissance de long terme dépend des quantités de facteurs de production disponibles dans une économie et de l’état des technologies. Cette croissance de long terme dessine la croissance potentielle d’une économie, c’est – à – dire le sentier de croissance de long terme que l’économie devrait suivre en l’absence de chocs exogènes et de tensions. La croissance économique potentielle est évaluée par le taux de croissance du PIB potentiel, c’est – à – dire le PIB maximal qui pourrait être réalisé grâce à la pleine utilisation des facteurs de production disponibles. La croissance effective est le plus souvent différente de la croissance potentielle, l’économie alterne des périodes de « surchauffe » et de ralentissement. Lorsque la croissance effective est supérieure à la croissance potentielle, cela conduit à des tensions inflationnistes (on parle de « surchauffe ») ; lorsque la croissance effective est inférieure à la croissance potentielle, on assiste à une montée du chômage. L’écart (« gap » en anglais) entre croissance effective et croissance potentielle permet donc Document1 Page 2 sur 5 M. Gosse, Aix-Marseille d’appréhender l’instabilité de la croissance. Face à une situation où la croissance est insuffisante pour assurer le plein emploi, il convient de déterminer si cela résulte d’une croissance effective inférieure à la croissance potentielle (ce qui relève d’une politique conjoncturelle) ou d’une croissance potentielle insuffisante (ce qui relève d’une politique structurelle). Les explications des fluctuations économiques Plusieurs analyses cherchent à expliquer l’instabilité de la croissance économique. Pour certains économistes, les cycles s’expliquent par des causes exogènes : des chocs positifs entraînant la croissance et des chocs négatifs, la récession. Il existe deux types de choc : le choc de la demande affectant la demande de biens et services et le choc d’offre qui influence les coûts de production. D’autres économistes montrent que les fluctuations résultent du cycle des affaires. Il s’agit alors d’explications endogènes. Cette analyse considère le cycle économique comme une caractéristique normale de l’activité économique. Le cycle des affaires est fortement lié au comportement des banques : c’est le cycle du crédit. Les fluctuations économiques peuvent être liées à des chocs d’offre ou des chocs de demande. « Un choc de demande est un événement qui déplace la courbe de demande globale »1. « On appelle choc d’offre un événement qui déplace la courbe d’offre globale à court terme, telle une variation du prix des produits de base, des salaires nominaux ou de la productivité »1. - Les chocs de demande se réalisent quand une des composantes de la demande se modifie. Lorsque la demande est affectée par des chocs positifs, sa hausse permet une phase d’expansion. A l’inverse, si des chocs de demande négatifs se produisent, ils peuvent provoquer une diminution de la demande globale et conduire à une récession. La demande globale est composée de la demande intérieure (consommation et investissement ) et de la demande extérieure ( les exportations). L’accroissement de la demande intérieure crée des débouchés aux entreprises et stimule l’activité économique. L’augmentation des exportations favorise également la croissance économique en offrant de nouveaux débouchés aux entreprises. Inversement, une baisse de la demande, est source de récession. Lorsque la consommation des ménages ralentit et que l’investissement des entreprises diminue, la croissance économique est freinée. Une baisse des exportations réduit les débouchés extérieurs et constitue un frein à l’activité économique. Exemples de chocs de demande : - La forte hausse des salaires en 1968 suite aux occupations d’usines, a provoqué un choc de demande (hausse des salaires a permis une forte croissance de la demande mais au prix d’une forte inflation), - La réunification allemande en 1989 a également provoqué un choc de demande positif, les salariés de l’ancienne RDA ont été payés en Deutschemark (pouvoir d’achat plus élevé). - Les chocs d’offre sont des variations des conditions de la production. Ils découlent de la hauuse ou de la baisse de la productivité ou du prix des facteurs de production. Document1 Page 3 sur 5 M. Gosse, Aix-Marseille Ils peuvent être négatifs: Ils sont causés, généralement par une hausse du coût des matières premières, des augmentations de salaires supérieures aux gains de productivité ou par un alourdissement de la fiscalité des entreprises. Les innovations permettent des gains de productivité et abaissent les coûts de production. Elles produisent des chocs d’offre positifs. La situation des producteurs s’améliore par la diminution des coûts de production, ce qui stimule la croissance économique. Exemples de chocs d’offre : « Les États-Unis ont connu un choc d’offre positif entre 1995 et 2000, au moment où la génération de l’usage d’internet et d’autres technologies de l’information entraîna une forte croissance de la productivité »1, la forte hausse des prix du pétrole en 1973-1974 a constitué un choc d’offre qui a fortement freiné l’économie mondiale. Le cycle du crédit contribuerait à expliquer le caractère endogène de l’instabilité de la croissance et les fluctuations économiques résulteraient du cycle des affaires. Ce cycle est lié au comportement des banques qui relâchent leurs conditions d’octroi du crédit en période d’expansion et qui les restreignent en période de récession. En période d’expansion, les agents économiques s’endettent pour consommer et investir, les banques accordent plus facilement des crédits En période de récession, les banques ont tendance à réduire les crédits qu’elles accordent (rationnement de crédit). Ce qui peut avoir des effets récessifs en déprimant la demande et en réduisant les capacités productives des entreprises qui peuvent moins investir. Ainsi les activités financières et monétaires peuvent engendrer des fluctuations économiques. Les banques centrales peuvent amplifier les comportements spéculatifs et d’endettement des agents économiques en pratiquant en période d’expansion des taux d’intérêt trop bas, les banques commerciales en prêtant à des agents économiques ayant des projets trop risqués. Une crise financière peut être la conséquence de ces excès et plonger l’économie réelle dans d’importantes difficultés. Les krachs boursiers peuvent s’accompagner de crises bancaires qui entravent le financement des activités productives (cycle du crédit). Cela peut conduire à une « déflation par la dette » (I Fisher) : la baisse des prix d’actifs, donc de la richesse de ceux qui les détiennent, rend l’endettement excessif ; la fragilité du système bancaire rend le crédit inaccessible aux PME qui pour retrouver de la liquidité licencient et baissent leurs prix, la baisse des prix augmentent le poids réel de la dette pour les firmes endettées ; les faillites se multiplient, ce qui aggrave la situation des banques. 1 Paul Krugman, Robin Wells, Macroéconomie, De Boeck supérieur 2009. Document1 Page 4 sur 5 M. Gosse, Aix-Marseille Synthèse Les conséquences de la déflation. À savoir : - définir et illustrer les fluctuations économiques. - Expliquer la relation croissance et fluctuations économiques. - Expliquer les causes des fluctuations économiques. - Distinguer les chocs d’offre, les chocs de demande et la théorie du cycle du crédit. Problématiques : - Comment les fluctuations économiques se manifestent – elles ? Comment expliquer la variabilité de la croissance économique ? Comment les variations de la demande peuvent – elles provoquer des fluctuations économiques ? Comment les chocs d’offre peuvent – ils générer des fluctuations économiques ? Comment les activités financières amplifient – elles les fluctuations économiques ? Bibliographie : P Artus « Croissance potentielle, croissance effective », Flash économie n°254, 19 novembre 2008. Bénassy-Quéré A, Coeuré B, Jacquet P, Ferry J, Politique économique, De Boeck, 2009. Gazier B, La crise de 1929, Que sais – je ?, 2011. Hautcoeur PC, La crise de 1929, La découverte 2009. 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