70e anniversaire de la libération de la ville - Saint-Leu-la

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70e anniversaire de la libération de la ville
MESSAGE DE MONSIEUR LE MAIRE DE SAINT-LEU-LA-FORÊT
Saint-Leu-la-Forêt --- Dimanche 14 septembre 2014
Madame le Maire de Taverny, chère Florence Portelli,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les présidents d’associations,
Mesdames et Messieurs les représentants du monde combattant et des corps constitués,
Chères Saint-Loupiennes, chers Saint-Loupiens,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Voilà soixante-dix ans, qu’en fin de matinée du 29 août 1944, un détachement de blindés
américains précédés de quelques éclaireurs, entrait dans Saint-Leu-la-Forêt, place de la
Forge. Après de brefs combats, notre ville était enfin libérée du joug de l’Occupant nazi et la
population acclamait ses libérateurs.
Rédigé le 2 septembre 1944 par le Capitaine Boudras, commandant les FFI de la Ville - le
compte-rendu des opérations qui a marqué la fin de l’Occupation et la libération de SaintLeu-la-Forêt, retranscrit l’évènement historique : « Le 29 août vers 9 heures, un détachement
de blindés américains stationne place de la Forge. Les éclaireurs du détachement américain
sont guidés jusqu’à la fontaine de Boissy où un groupe de cinq hommes reste en observation.
Vers 11 heures, l’ennemi tente une action offensive avec deux canons 25 mm et des
mitrailleuses. La mairie et le poste de secours de la Croix-Rouge sont copieusement mitraillés
ainsi que la grande rue et les abords de la mairie. Un blindé américain ouvre le feu et met
hors d’usage les canons de l’ennemi faisant en outre deux morts et deux blessés. L’ennemi se
retire abandonnant ses morts, ses canons et ses munitions. »
Relaté par l’historien Jean-Paul Lefebvre-Filleau, dans un ouvrage intitulé « Chronique d’une
libération, Paris et sa banlieue, 19-31 août 1944 », l’extrait suivant qui en ait tiré, appuie les
faits de la liberté retrouvée de notre commune : « Dans le même temps, des pièces antichars
allemandes déployées au sud de Taverny et une barricade en chicane barrent la route allant
vers Saint-Leu-la-Forêt. Cette barricade est tenue par des fantassins allemands porteurs de
lance-roquettes antichars. Un petit détachement l’a déjà franchi et progresse vers la mairie,
ignorant qu’à deux cent mètres de là, place de la Forge, débouchent des éclaireurs
américains. La population saint-loupienne n’est qu’enthousiaste que quelques instants.
L’arrivée inopinée de l’ennemi fait rentrer précipitamment ceux qui s’apprêtent à accueillir
les soldats de l’Oncle Sam. De part et d’autre, on ouvre le feu. Deux batteries allemandes de
canons légers sont anéanties. Leurs servants s’enfuient en direction de Taverny où expire leur
lieutenant atteint en pleine poitrine. »
Avec le débarquement du 6 juin en Normandie, nos côtes voyaient alors s’écrire la plus
grande histoire combattante terrestre, maritime et aérienne de notre époque
contemporaine. Les forces alliées partaient à l’assaut des positions allemandes et avançaient
mètre après mètre, d’abord sur les plages puis village après village jusqu’au cœur des
grandes villes : Cherbourg, Caen, Saint-Lô.... La fantastique bataille de Normandie
commençait à écrire ses plus beaux faits d’armes notamment grâce à l’action remarquée des
177 fusiliers marins français du Commando Kieffer (les seuls français du Jour-J) qui se sont
illustrés par la prise du casino d’Ouistreham.
Le 15 août, l’opération « Dragoon » vu le débarquement de Provence : de Toulon à Cannes,
les forces alliées fournissaient l’essentiel de l’effort par le sud de l’Hexagone où près de
450 000 hommes ont participé aux opérations le long des côtes méditerranéennes. Le vent
porté par la « Mer de la liberté » s’emparait de Fréjus, Saint-Tropez, Draguignan, Brignoles,
Hyères, Aix-en-Provence, Arles, Avignon, Salon-de-Provence ou encore Marseille…
Le 25 août 1944, Paris se libérait de l'Occupation allemande grâce au courage des résistants
de la capitale et de l’insurrection des Parisiens sous le commandement du Colonel RolTanguy et de Jacques Chaban-Delmas avec l'appui décisif de la 2ème Division Blindée du
Général Leclerc tandis que le Général Von Choltitz, gouverneur de la garnison du Grand
Paris, signait l’acte de capitulation.
Avant la signature de l’armistice le 8 mai 1945, les combats les plus violents se déroulent à
l’est au cours de la libération complète de l’Alsace. Entre novembre 1944 et février 1945,
les Allemands concentrent leurs dernières forces pour conserver Belfort, Mulhouse,
Strasbourg et Colmar. Les hommes de la 2ème DB honorent le serment de Koufra – le
23 novembre 1944 - en apposant le drapeau tricolore au sommet de la cathédrale de
Strasbourg tandis que les hommes de la 1ère Armée Française libèrent Colmar, le
2 février 1945 après de terribles et héroïques combats.
Je veux aussi saluer le courage de l’Armée Rouge qui loin d’ici, face à 150 divisions
allemandes, a été capable de refouler et de battre les forces de l’Axe…jusqu’à entrer dans
Berlin ! Tout un symbole ! Le IIIème Reich était alors pris dans un étau intenable.
Il y a 70 ans, la matinée du mardi 29 août 1944 voit la victoire des forces franco-américaines
dans notre secteur : Herblay, Sannois, Pierrelaye, Montigny-lès-Cormeilles, Cormeilles-enParisis, Beauchamp, Franconville, Ermont… La veille (28 août), les Allemands tenaient
farouchement la Patte-d’Oie d’Herblay et jusqu’à l’arrivée des renforts alliés, ce sont
uniquement les FFI-FTP qui menaient le combat depuis le 25 août. Beaucoup d’entre eux ont
perdu la vie, épris de leur idéal de liberté.
A cette occasion et d’après les éléments que nous avons pu réunir pour la circonstance
(grâce aux précieuses données communiquées par l’historien régional Bruno Renoult), je
tiens à exprimer publiquement l’hommage et la reconnaissance de notre ville - aux braves
hommes du 113ème groupe de cavalerie « Red Horse » du Colonel US William Biddle.
Fort d’un millier d’hommes, ce groupe, rattaché au XIXème corps US, était composé des
113ème et 125ème escadrons de reconnaissance de cavalerie. Parvenu à Saint-Germain-enLaye (78), le Colonel Biddle installe son poste de commandement à Sartrouville et lance les
escadrons motorisés à l’assaut d’Argenteuil, Franconville ou Ermont. Ils sont, avec d’autres
divisions US, entrés le 27 août dans le Val-d’Oise et ont été engagés dans de nombreux
combats locaux. D’après les cartes d’opérations militaires archivées, on peut affirmer que ce
sont eux qui sont entrés dans notre commune, place de la Forge (anciennement rue du
Plessis) où nous venons de dévoiler une plaque du souvenir.
Je veux évoquer ici le sacrifice du soldat de 2ème classe André Brémont dont un boulevard de
notre ville porte le nom. Ce combattant FFI, engagé volontaire dans une mission dangereuse
lors de la Libération de notre ville, a été mutilé puis tué en forêt par l’occupant, le 28 août
1944. Agé de 41 ans, il était marié et père de quatre enfants. Sur sa tombe située dans le
carré mixte de notre cimetière communal, est inscrite la mention « Mort pour la France ». Je
m’incline avec respect devant sa mémoire.
Souvenons-nous que miliciens et collaborateurs se réunissaient au « casino » de l’avenue de
la Gare, où se situe l’actuel foyer Clairefontaine tandis que la milice locale avait son quartier
général dans la maison réquisitionnée de Wanda Landowska.
Par ailleurs, mes pensées émues et reconnaissantes vont à de nombreuses figures
emblématiques ou anonymes saint-loupiennes : Robert Decamps, Emile Carpentier, Adrien
Sudaka, Marcel Brussiau, au Capitaine Boudras, à celles et ceux qui ont fait le Comité local de
Libération au lendemain de la guerre… Je pense aussi à mes prédécesseurs qui ont
administré la ville durant cette sombre période.
Au nom de la ville de Saint-Leu-la-Forêt et du Conseil municipal, je m’incline avec respect
devant le sacrifice et le courage de nos libérateurs. Je veux leur dire notre gratitude et notre
infinie reconnaissance.
Au cours de ce mois d’août 1944, au lieu-dit des Quatre-Chênes à Domont, 23 jeunes
hommes, résistants et otages civils ont été fusillés par les Allemands en guise de représailles.
Parmi eux, je pense à Pierre Alviset, un jeune résistant parisien. Membre de la jeunesse
étudiante chrétienne, il milite au mouvement « Défense de la France » et en 1943,
développe parmi les étudiants, le réseau de diffusion du journal résistant du même nom,
ancêtre de France soir.
Le 20 juillet 1944, à son poste en forêt de Carnelle, il précise dans son journal de bord : « une
seule chose compte : le combat ! Si je suis tué dans la bagarre, je veux qu’on sache qu’il ne
s’agit pas d’un risque pris à la légère. Pour répondre aux doutes et à la lâcheté de certains,
je ferai délibérément le sacrifice de ma vie pour la France. Si ce sacrifice ne présente pas
d’utilité immédiate, il servira au salut de l’âme de la France ».
Je pense à l’esprit « Glières », à l’esprit « Vercors », à cet idéal même de la résistance au
cœur de nos montagnes. « Ici commence le pays de la Liberté » : cette belle devise, cette
magnifique ambition, sera annonciatrice des terribles combats que ces gars mèneront face à
des milliers d’Allemands qui les massacreront au printemps et à l’été 1944. Les maquisards
étaient des frères d’armes et ils demeurent un exemple d’héroïsme et de sacrifice.
Je pense à ce 14 juillet 1940, où, au milieu d’une foule saisie par l’émotion, le Général de
Gaulle passe en revue les premiers détachements de Français Libres à Londres avant de
déposer une couronne de fleurs tricolores au pied de la statue du Maréchal Foch. Pour la
première fois, la France Combattante célébrait symboliquement et fièrement la fête
nationale !
Je pense à ce 25 août 1944 où dans la capitale encore occupée - sous les ordres du Capitaine
Sarniguet, un brave commando composé de cinq hommes du régiment des sapeurspompiers de Paris, hisse le drapeau tricolore au sommet de la Tour Eiffel !
Je pense à ces troupes au moral élevé, à l’endurance inégalable, au cran magnifique et à
l’allant irrésistible. Oui, je veux parler des hommes de la Première Armée Française du
Général de Lattre de Tassigny ! A ces valeureux tirailleurs, spahis, zouaves, tabors ou bien
goumiers… Ils font aussi notre fierté nationale !
Je pense enfin aux obscurs, aux anonymes, aux sans-grades de cette armée de patriotes,
souvent sans uniformes, dont les actions ont largement contribué à chasser l’ennemi de
notre pays dont ici au cœur de l’Ile-de-France. Sans cette insurrection locale et sans l’appui
décisif des unités américaines et de la 2ème Division Blindée du Général Leclerc, rien n’aurait
pu se jouer dans des conditions les plus favorables.
Mesdames et Messieurs, en ce 70e anniversaire de la Libération de la France et des
nombreux territoires occupés par les nazis dans le monde, nous nous sentons plus que
jamais héritiers de nos morts : de celles et ceux qui ont sacrifié leur vie, dans l’espoir d’une
grande et belle liberté retrouvée pour les générations futures.
Le 11 novembre 1941, le Général de Gaulle prononce un discours poignant diffusé à la radio
de Londres à l’occasion de l’anniversaire de l’armistice 1918. En voici, un extrait :
« Au fond de votre tombe vendéenne, aujourd'hui 11 novembre, Clémenceau, vous ne
dormez pas. Car, certainement, la vieille terre de France qui vous enterre pour toujours a
tressailli avec colère tandis que le pas insolent de l'ennemi et la marche feutrée des traîtres
foulaient le sol de la patrie. (…)
Père-la-Victoire ! Le soir du grand 11 novembre, quand la foule, ivre de joie, s'épuisait à
vous acclamer, vous avez crié les seuls mots qu'il fallait dire. Vous avez crié : « Vive la
France! » Eh bien! Vous n'avez pas crié pour rien! La France vivra et, au nom des Français,
je vous jure qu'elle vivra victorieuse. Quand la victoire sera gagnée et que justice sera faite,
les Français viendront vous le dire. Alors, avec tous les morts, dont est pétrie la terre de
France, vous pourrez dormir en paix. »
En paix… c’est bien en paix que nous pouvons vivre tous ensemble aujourd’hui. Nous
sommes les témoins de cette mémoire et de cette grande histoire collective. Inclinons-nous
à présent respectueusement devant la mémoire de tous les disparus.
Vive Saint-Leu-la-Forêt libérée !
Vive les héros tombés pour la libération de notre ville et de notre pays !
Vive la République !
Vive la France !
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